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Christ Roi

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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 13:29

Mis à jour le 23/02/2016.

Au risque d'oublier un grand évènement, ou de passer sous silence un fait ou une explication importante, il est difficile de faire le résumé de notre épopée nationale. Mais, nous pensons important de tenter d'en faire un, même succint ou incomplet. Voici donc la légende de Tolbiac, la conversion de Clovis et les fleurs de lys, l'origine de la France officiellement chrétienne.

La conversion de Clovis, les fleurs de lys, l'origine de notre histoire

Clovis recevant la fleur de lys - XVe siècle, Bedford Book of Hours, 1423, illustrant la légende du Roi Clovis recevant les fleurs de lys de son épouse sainte Clotilde. Au XIVe siècle, l'armorial français montre Clovis arborant des fleurs de lys. Lorsque Clovis se bat contre son ennemi et le tue près de la tour Montjoie, celui-ci confesse la Trinité et fonde l'abbaye de Joyenval qui accueille alors le bouclier comme relique.

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Bataille de Tolbiac, fresque du Panthéon (Paris) de Paul-Joseph Blanc vers 1881 conjointement à d'autres fresques

 

Lors de la bataille de Tolbiac contre les Alamans, Clovis fit le voeu de se convertir s'il emportait la bataille. À l'occasion de cette bataille, les fleurs de lys, symbole de pureté virginale, lui furent données par son épouse sainte Clotilde à qui un ermite de la forêt de Marly avait remit un bouclier où figurait trois fleurs de lys, en référence à la sainte Trinité (Père, Fils et Saint-Esprit). L'ermite affirma l'avoir reçu d'un ange pour que le roi s'en serve durant la bataille à la place de ses armes ornées de trois croissants ou de trois crapauds. Selon l'ermite, ce bouclier devait lui assurer la victoire.


La bataille de Tolbiac vient sceller la nouvelle vision du monde initiée par l'empereur Constantin (306-337) et chez nous, l'alliance des Gallo-Francs avec le Christ. Après Tolbiac tous les peuples reçoivent tour à tour le baptême, et ceux qui étaient ariens renoncent à leurs erreurs pour redevenir catholiques.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/b5/Labarum.svg/117px-Labarum.svg.pngLe peuple romain était resté sourd à l'appel du Christ et de ses apôtres, les merveilles du Pont Milvius ne l'avaient pas éclairé. Les successeurs de Constantin, Constance, Julien l'Apostat et Valens, se livrèrent à l'hérésie ou à l'impiété et persécutèrent l'Eglise. En vain le grand Théodose fit-il renaître un instant les jours de Constantin (édit de Milan de 313 accordant à chacun la liberté de culte) et offrit-il l'admirable exemple de la pourpre impériale s'humiliant devant saint Ambroise, la coupe d'iniquité était pleine. L'empire n'existait plus. Après avoir été persécutée par lui pendant trois siècles, l'Eglise se tenait debout sur ses ruines...

 

Ce furent d'abord les Wisigoths qui franchirent le Rhin et les Alpes, ravagèrent les Gaules et pénétrèrent en Italie. Une force inconnue poussait leur chef : "Une voix intérieure, disait-il, me crie sans cesse : Marche et va saccager Rome!". En 410 la ville éternelle fut prise et pillée. Plus heureux qu'Annibal, le chef barbabre Alaric entra dans la cité de Romulus. L'empereur Honorius, indigne fils de Théodose, s'enfuit à Ravenne..., et Rome fut mise à feu et à sang, dépouillée de ses statues païennes qui lui restaient. Certaines furent même fondues pour financer la défense de la ville, vaine on le sait. Mais le pape, saint Innocent qui fut pape de 401 à 417 resta à son poste à Rome. Les barbares s'inclinèrent devant la majesté du souverain pontife.

 

Nulle part on ne voit de personnalité païenne défendre la société romaine contre les Barbares avec efficacité. Partout cette défense est assurée par les évêques qui seront ainsi les derniers représentants authentiques de la romanitas, de saint Aignan à Orléans, à saint Loup à Troyes, à saint Sidoine Apollinaire en Auvergne, au pape saint Léon à Rome... Quel plus typique représentant de la romanitas de l'extrême fin de l'Empire que cet évêque de Gaule, Sidoine Apollinaire (432-489), lui qui n'a cessé de proclamer "Nôtre est César" ? De même, un peu plus tard, alors que l'Empire avait disparu en Occident, la contre-attaque victorieuse de l'Empire romain d'Orient sous l'empereur Justinien au VIe siècle vint d'un empereur catholique, la romanité ne fut rétablie seulement que dans les zones de christianisme majoritaire. La romanité n'était plus défendue que par le christianisme.

 

 

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Au berceau de la royauté française, comme du temps de nos ancêtres les Gaulois,

"le Roi franc était à l'origine élevé sur le Pavois."

(Jean Favier, Charlemagne, Texto, Le Goût de l'histoire, lonrai 2013, p. 36-37.)

 

 

En 481, un jeune homme de quinze ans, Clovis fils de Childéric, était élu roi des Francs saliens et montait sur le pavois. La grande vertu des Francs était la fidélité aux traditions nationales, et ces traditions relevaient toutes du culte d'Odin. Abandonner devant les guerriers qui tant de fois avaient versé leur sang pour sa gloire, les dieux scandinaves, et se courber devant le dieu des chrétiens, c'était, aux yeux de Clovis, renier les ancêtres, s'aliéner le coeur des Francs et le soutien de son armée.

Pour raconter Tolbiac, il suffirait presque de traduire Grégoire de Tours. L'objectivité et la sincérité de cet historien qui écrivait déjà vers 580 est admise et reconnue aussi bien par les adversaires que par les amis de l'Eglise : "Une guerre éclata, dit-il, entre les Alamanni et les Francs. Clovis fut alors contraint par les évènements de faire ce qu'il avait toujours refusé jusque-là.

 

Bataille-de-Tolbiac.jpg

 

Au moment où les deux armées étaient aux prises, les troupes franques furent repoussées en tel désordre, que les bataillons refoulés les uns sur les autres se donnaient mutuellement la mort. A ce spectacle, Clovis ne put retenir ses larmes. Le coeur brisé, il leva les yeux au ciel et s'écria :

 

"Jésus-Christ, vous que Clotilde appelle le Fils du Dieu vivant, s'il est vrai que vous protégez ceux qui vous invoquent et donnez la victoire à vos serviteurs, j'implore votre assistance. Si vous me faites triompher de mes ennemis, si vous étendez sur moi cette puissance, dont votre peuple reconnaît l'efficacité, je jure de croire en vous et de me faire baptiser en votre nom. J'ai prié mes dieux : ils ne m'ont point écouté. J'en ai la preuve. A vous de m'arracher au péril !"

 

 

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La Bataille de Tolbiac par Ary Scheffer (1795-1858), peinture du 19e siècle


A peine eut-il parlé ainsi, que le combat changea de face. Les Francs reprirent une ardeur nouvelle. Bientôt les Alamans plièrent et se mirent en pleine déroute. Leur roi fut tué. Les vaincus implorèrent alors la clémence du roi des Francs. "Faites cesser le massacre, lui dirent-ils. Nous sommes prêts à reconnaître votre autorité et à devenir votre peuple". Clovis donna aux siens l'ordre de cesser le carnage et ramena ses troupes sous la tente. Au retour, il raconta à la reine comment il devait la victoire à l'invocation du nom de Jésus-Christ. Dans ce récit si simple et si plein de grandeur est renfermée toute la tradition française. C'est tout ce qui nous reste de l'un des plus graves évènements qu'ait vus l'histoire; mais ces quelques lignes suffisent pour nous permettre de louer à jamais le Dieu des Armées, Deus Sabaoth, qui exauça les prières de Clotilde et prêta l'oreille au cri du chef barbare.

C'est depuis ce jour et cette heure que nous sommes une nation chrétienne et que notre patrie, la patrie qui donna à Constantin les légions gauloises du Pont Milvius, est devenue la fille aînée de l'Eglise.

Saint Rémi l'attendait à Reims avec Clotilde. "Père saint, lui dit Clovis, je suis prêt. Pourtant une considération me retient encore. Le peuple qui me suit ne veut pas qu'on abandonne ses dieux. Je vais convoquer les Francs, et je leur parlerai dans le sens de vos instructions". L'assemblée eut lieu. Sans doute le projet royal était connu de tous, car avant même que Clovis eût pris la parole, aussitôt qu'on le vit paraître, une acclamation générale se fit entendre :

"Pieux roi, dirent les Francs, nous abjurons le culte des dieux mortels, nous voulons servir le Dieu immortel que Remi adore!" Le bienheureux évêque, en apprenant la décision nationale, fut rempli d'une grande joie, et prépara tout pour le baptême solennel.

Le jour choisi pour le baptême était le jour de Noël 496. Rémi, pendant qu'il parlait, une lumière céleste éclata soudain dans l'église, effaçant la lueur des cierges allumés, et une voix se fit entendre qui disait : "La paix soit avec vous ! C'est moi, ne craignez point. Persévérez dans mon amour". Après ces paroles, la lumière surnaturelle disparut et un parfun d'une suavité céleste se répandit dans l'enceinte. Le roi et la reine se précipitèrent aux genoux du saint pontife, en versant des larmes d'émotion et de joie. L'homme de Dieu, illuminé lui-même par l'esprit prophétique,
s'écria :
"Apprenez, mon Fils, que le royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense de l'Église romaine qui est la seule véritable Église du Christ ...
"Ce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes, il embrassera les limites de l'empire romain et il soumettra tous les peuples à son sceptre... Il durera jusqu'à la fin des temps !
"Il sera victorieux et prospère tant qu'il sera fidèle à la foi Romaine, mais il sera rudement châtié toutes les fois où il sera infidèle à sa vocation. " (d'après Flodoard, Historia Ecclesiae Remensis)

La prière de l'évêque de Reims à l'autel de Marie est gravée dans la mémoire nationale : regnum Galliae, regnum Mariae ! Royaume de France Royaume de Marie. Nos plus chères traditions sont établies sur ces journées de décembre 496.


Source: Ferdinand Hervé-Bazin, Les Grandes Journées de la Chrétienté, Librairie Victor Lecoffre, Paris, 1887, rééd. Editions Saint-Rémi.



Le christianisme en France. Deux mille ans d'histoire

 

Blason de Saintes-Maries-de-la-MerC'est sainte Madeleine abordant au Ier siècle aux Saintes-Maries-de-la-Mer (en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, NdCR.) avec sa soeur  Marthe, son frère Lazare et sa servante Sarah, et se fixant la première à la Sainte-Baume, la seconde à Tarascon, Lazare le ressuscité à Marseille, tandis que sainte Sarah demeurait au rivage où l'avait portée la barque miraculeuse.

 

[Sous le vocable de saintes Maries  ou Trois Maries, la tradition catholique désigne trois femmes disciples de Jésus : Marie-Madeleine, Marie Salomé et Marie Jacobé, qui serait les trois femmes au pied de la croix dans les évangiles synoptiques. Elles étaient accompagnées de Marthe, son frère Lazare le ressuscité, Maximin, l'un des soixante-douze disciples de Jésus, Sidoine l'aveugle qui deviendra saint Restitut et Joseph d'Arimathie, porteur du Saint Graal : chassés de Palestine et placés dans une barque sans voile ni rame, la Providence les poussa par les courants vers le delta du Rhône où ils échouèrent.]

 

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Marie Salomé et Marie Jacobé sur leur barque dans l'église des Saintes-Maries-de-la-Mer

 

Ce serait saint Martial , l'un des disciples fixé à Limoges, Zachée, celui que sa taille trop exiguë empêchait de voir passer le Christ et qui pour l'apercevoir grimpa sur un sycomore, qui aurait évangélisé Rocamadour (en région Midi-Pyrénées) et, fixée à Soulac, sainte Véronique qui essuya la face du Christ.

 

... Chose curieuse, (en Gaule) ce sont ces mêmes centres officiels dans lequels étaient entretenu le culte païen de l'Etat qui voient se propager les premiers la religion nouvelle : Lyon en particulier, Autun, Bordeaux, etc....

 

Souvent les nouvelles églises s'élèvent dans des lieux où se trouvaient des sources ou des arbres sacrés; or l'on sait que le culte des sources et des arbres était essentiellement celtique. Du vivant même de saint Martin (IVe siècle), certains arbres reçurent des autels, et, de nos jours encore, on a signalé de nombreuses sources auprès des sanctuaires et dans quelques cas comme à Nohanent, dans l'église elle-même.

 

Ainsi la nouvelle religion s'insérait dans les coutumes ancestrales du peuple celte qui continuait à revenir aux endroits jadis honorés, mais pour un culte purifé et d'une tout autre essence.

 

Il ne s'agissait pas d'imposer brutalement les nouvelles façons de voir, ni de recourir à ces mesures artificielles qu'avaient adoptées la Rome des empereurs élevant des villes et des autels pour le culte officiel, mais bien de transfigurer les croyances existantes et de faire épanouir les possibilités latentes dans ce peuple celte que César déclarait entièrement tourné vers la religion.

 

Dans la suite des temps, l'histoire du christianisme en Gaule se confond avec l'histoire même du peuple français. Quelques îlots du paganisme subsistaient aux Ve et VIe siècles, mais on peut considérer que toute trace en avait disparu définitivement à la fin du VIIe siècle.

 

Regine-Pernoud--Histoire-du-peuple-francais--Des-origines.jpg

 

Régine Pernoud, Histoire du peuple français, Des origines au Moyen Âge, Nouvelle Librairie de France, Paris 1951.

 

 

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Le baptême de Clovis

 

Le baptême de Clovis en 496 constitue traditionnellement dans l'histoire de France, le baptême de la France "Fille aînée de l'Eglise". Il constitue l'acte de naissance de ce que l'on nomme la France. Ce fait-là est un acquis, on ne peut pas l'effacer, faire comme s'il ne s'était jamais produit.

 

Les ennemis de l'Eglise (la franc-maçonnerie) ont alors imaginé de biaiser en enseignant aux enfants français qu'en réalité la France n'était pas née en 496, car d'abord ce baptême aurait été réalisé par Clovis à des fins disent-ils "politiques" (ce qui ôte l'élément religieux dans la naissance de la France) et qu'ensuite, la France se serait construite "petit à petit" (ils affirment que l'espace géographique de la France de Clovis était bien moindre que celui d'aujourd'hui alors qu'en réalité c'est le contraire.) Il s'agit donc pour eux de faire croire aux petits français que leur pays n'est pas né avec le baptême de Clovis. C'est tout l'enjeu : il faut remplacer 496 par 1789, effacer de la mémoire nationale ce baptême, faire comme s'il ne s'était jamais produit.

 

Seulement, l'histoire de France et les faits historiques sont têtus. L'on ne peut faire comme si ce baptême ne s'était jamais produit et on ne peut gommer d'un trait de plume plus de treize siècles d'histoire de France, sans apparaître pour ce que l'on est : un petit kapo de la pensée unique et du terroriste intellectuel.

 

C'est pourquoi, en ces temps de déclin, de décadence pour beaucoup, nous devons garder espoir et espérance, car les ennemis de l'Eglise ne pourront jamais faire que la France ne soit pas née en 496.

 

 

"Épris de la fière Burgonde [Clotilde], dont l'âme était aussi haute que la sienne, il [Clovis] lui donna une large part d'influence dans les affaires publiques. Elle régna véritablement avec lui, aux applaudissements des Francs, qui admiraient son intelligence, son énergie, son caractère résolu. Les Gaulois se réjouirent de voir assise sur le trône du glorieux Sicambre une femme de ce mérite; ils se prirent à espérer que Chlodowig [Clovis] subirait jusqu'au bout l'ascendant que sa noble épouse obtenait sur lui, et qu'il finirait, instruit à son école, par confesser la foi du Christ..."

 

(C. Guenot, Le Fils aîné de l'Eglise, Épopées de l'histoire de France, Vve H. Casterman, Tournai 1883, p. 49).

 

 

 

"On situe traditionnellement la date du baptême de Clovis à Reims avec 3000 guerriers par Saint Rémi, évêque de Reims, le 25 décembre 496 ou 498, voire 506" (Pierre Chaunu, Éric Mension-Rigau, Baptême de Clovis, baptême de la France, De la religion d'État à la laïcité d'État, Éditions Balland, Mayenne 1996, p. 23).

 

"L'estimation la plus prudente situe l'évènement entre 496 et 498" (Régine Pernoud, La femme au temps des cathédrales, Stock, Évreux 1980, p. 16).

 

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La Sainte Ampoule dans son reliquaire originel

 

"Par la sainte Ampoule (qui aurait servi au baptême de Clovis NdCR.) se trouve symbolisée la doctrine chrétienne, selon laquelle tous les hommes étant égaux, aucun d'eux ne peut exercer l'autorité sur ses semblables si ce n'est par une délégation de Dieu, à qui il devra des comptes. D'ailleurs, l'expression, 'par la grâce de Dieu roi de France', telle qu'on l'employait aux temps féodaux, n'est pas autre chose qu'une forme d'humilité" (Georges et Régine Pernoud, Le tour de France médiévale, Stock, Évreux 1982, p. 63).

 

 

 

Marche Royale pour le Sacre de Charles VI de France (1380-1422) par Jordi Savall, musique médiévale

 

"Lors de la cérémonie du sacre, le roi jure de défendre l'Église et de conserver à chacun des évêques la loi et la justice qui lui sont dues; il jure également de rendre au peuple la justice à laquelle il a droit.

À cet instant, les voûtes de la cathédrale retentissent de cris: ce sont les seigneurs et le peuple qui, par trois fois, crient ensemble en latin: 'Nous approuvons, nous voulons qu'il en soit ainsi!' Ces cris, qu'on appelle, l''acclamation', rappellent au roi qu'il reste l'élu du peuple."

 

 Georges et Régine Pernoud, Le tour de France médiévale , Stock, Évreux 1982, p. 64.

 

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Sous Charlemagne, la loi est "intangible" parce qu'elle "appartient au peuple", le roi ne peut y "toucher quant au fond" (Jean Favier, Charlemagne, Texto, Le Goût de l'histoire, Lonrai 2013, p. 334-335).

 

"Plus tard en 1789, NdCR.) les révolutionnaires, en s'acharnant sur Clovis avec une fureur dévastatrice (son sarcophage est profané, sa basilique est détruite, la Sainte Ampoule est solennellement brisée neuf mois après la mort de Louis XVI) le consacrent malgré eux comme le fondateur de la royauté sacrée. L'affrontement parfois violent au cours du XIXe s., des deux France [la France catholique et la 'France' républicaine] lui donne un nouveau souffle : comparé à Charlemagne, saint Louis ou Jeanne d'Arc, il (Clovis) devient le symbole de la France chrétienne et royaliste, opposée aux républicains laïcs (Pierre Chaunu, Éric Mension-Rigau, Baptême de Clovis, baptême de la France, De la religion d'État à la laïcité d'État, Éditions Balland, Paris 1996, p. 12. Un livre intéressant écrit par deux grands historiens protestants).

  

En 869, Hincmar, archevêque de Reims, nous dit que Rémi, immédiatement après le baptême de Clovis, l’avait sacré et oint avec une huile « envoyée du ciel dans la sainte ampoule » par le truchement d’une colombe venue se poser sur l’autel même de l’Eglise. Cette histoire plaisant fort au peuple, sera reçue comme un symbole par presque tous. Or, l'histoire telle qu'on l'enseigne aujourd'hui nous dit que "le premier monarque franc à avoir été sacré fut Pépin le Bref en 751 par Saint Boniface et en 754 par le pape". Il s'agit d'une thèse avancée par la maçonnerie pour ruiner l'origine baptismale de la France. Car si l'on en croit Hincmar, et nous ne voyons pas pour quelle raison on devrait écarter a priori son témoignage..., Clovis fut sacré et oint avec une huile sainte, ce qui est resté dans la tradition historique comme le premier sacre (de droit divin) de nos rois.

 

Voici maintenant la narration du baptême de Clovis tel qu'il se produisit, suivi de la présentation du serment de saint Rémi :

 

"Dans la nuit de Noël 496, au jour anniversaire et à l'heure même de Sa naissance, le Christ – lors de la naissance spirituelle de notre France et de nos Rois – voulut, par un miracle éclatant, affirmer la Mission providentielle de notre pays et de notre race Royale, au moment même où saint Rémi va proclamer cette Mission au nom du Tout-Puissant, pour sanctionner solennellement les paroles (divinement inspirées) de Son Ministre. À minuit, alors que le Roi, la Reine et leur suite sont dans l'Église Saint-Pierre où l'Archevêque les a convoqués, "soudain, raconte Hincmar (Migne, Patrologie Latines, tome CXXV, p. 1159. Hincmar, Vita Sancti Remigii, chap. XXXVI), une lumière plus éclatante que le soleil inonde l'Église! Le visage de l'évêque en est irradié! En même temps retentit une voix: La paix soit avec vous ! C'est moi! N'ayez point peur! Persévérez en ma dilection! Quand la voix eut parlé, ce fut une odeur céleste qui embauma l'atmosphère. Le Roi, la Reine, toute l'assistance épouvantée, se jetèrent aux pieds de saint Rémi qui les rassura et leur déclara que c'est le propre de Dieu d'étonner au commencement de Ses visites et de réjouir à la fin.

 

Puis soudainement illuminé d'une vision d'avenir, la face rayonnante, l'œil en feu, le nouveau Moïse s'adressant directement à Clovis, Chef du nouveau Peuple de Dieu, lui tint le langage – identique quant au sens – de l'ancien Moïse à l'ancien peuple de Dieu : "Apprenez, mon fils, que le royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense de l'Église romaine, qui est la seule véritable Église du Christ. ... Ce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes et il embrassera toutes les limites de l'Empire romain ! Et il soumettra tous les peuples à son sceptre ! Il durera jusqu'à la fin des temps ! Il sera victorieux et prospère tant qu'il sera fidèle à la foi romaine. Mais il sera rudement chatié les fois qu'il sera infidèle à sa vocation (Migne, Patrologie Latines, tome CXXXV, p. 51, Flodoard, Historia Ecclesiae Remensis, Lib. I, chap. XIII).

 

Bapteme-de-Clovis.jpg 

 

D'un point de vue politique, le choix par Clovis du catholicisme associé à l'Empire romain, faible et lointain, plutôt que celui de l'arianisme (peuplades barbares voisines) n'était certainement pas le choix le plus facile, le plus sûr pour son royaume, ni le plus logique. Au moment du baptême de Clovis, à la fin du Ve s., l'Eglise et les fidèles sont opprimés de tous côtés par des princes hérétiques. "L'empereur Anastase, en Orient, est livré aux Eutychiens; Theodorick, roi d'Italie, Alarik, roi des Wisigoths en Espagne et en Aquitaine, Gondebald, roi des Burgondes, Trasamond, roi des Vandales en Afrique, professent les erreurs d'Arius" (C. Guenot, Le Fils aîné de l'Eglise, Épopées de l'histoire de France, Vve H. Casterman, Tournai 1883, p. 77.) Il restait à Clovis à convertir ses 3000 guerriers, dont la majorité étaient païens... et s'assurer que les peuples barbares ne bougeraient pas. Par son baptême, Clovis se mettait le monde à dos. Tous les peuples vaincus de l'Empire romain étaient catholiques, mais toutes les nations barbares et victorieuses étaient ariennes, en Gaule, en Espagne, en Italie, en Afrique. Il fallait donc au Roi se séparer de tous les peuples amis, issus de la même origine, pour adopter la religion des peuples de race étrangère et ennemie ! C'était la vraie difficulté. Le prince avait vu s'introduire l'arianisme jusque dans sa propre famille. Sa sœur Alboflède, qu'il aimait beaucoup, et qui sans doute exerçait une grande influence sur son esprit était arienne. Cependant, l'épouse de Clovis, Clotilde était catholique. Elle était de plus l'ennemie personnelle des ariens qui avaient assassiné ses propres parents et tous ses frères. Si Clovis avait été astucieux et rusé (comme certains historiens le prétendent) il aurait feint la conversion, se réservant de revenir plus tard à ses convictions, quand sa domination eût été assurée; il ne le fit pas. Réduire son baptême à des "raisons politiques" est donc grotesque. Ses guerriers eurent tout aussi bien pu se révolter, les peuples barbares y trouver une raison de l'attaquer, et c'était tout le pouvoir de Clovis qui vacillait. On est donc loin d'une conversion par calcul politique telle qu'on l'enseigne aujourd'hui, puisque cette conversion entrainait mécaniquement un effet contraire au calcul politique : l'hostilité de tous les rois barbares alentour et la probable hostilité même des soldats ! Pour surmonter ces faits, il fallut donc que se trouve chez Clovis une véritable foi qui ne pouvait s'accomoder d'une quelconque tergiversation ou d'un quelconque calcul politique.

 

Il reste néanmoins vrai que la Gaule des campagnes était déjà à ce moment largement acquise au catholicisme. La conversion lui ouvrit sans doute des portes dans les provinces et affermit davantage son autorité. Mais il reste qu'à l'extérieur, voire même tout prêt des frontières du royaume franc (Burgondie, Espagne, Allemagne, Italie), les autres princes ne partageaient pas la foi catholique.

 

"Le roi des Francs, chose rare en ces temps de redoutable souvenir, possédait l'affection des peuples. Francs et Gaulois soumis à sa domination, proclamaient sans cesse leur amour pour l'illustre guerrier. Cette main si terrible dans les combats, était légère dans l'administration intérieure; tous bénissaient le sceptre étendu comme une protection sur les têtes. Les Gallo-Romains de l'Est et du Sud supplient Chlodowig de les ranger au nombre de ses sujets; il s'empresse de remplir leurs vœux. Les évêques assis au berceau du nouveau peuple, n'élèvent jamais en vain leur voix respectée; leurs ambassadeurs obtiennent la liberté des vaincus de Tolbiac, celle des prisonniers de Voulon; un prêtre sollicite le pardon des révoltés de Verdun, et il est exaucé.

 

L'Orient s'associe à l'admiration de l'Occident pour le Fils des Sicambres, et l'empereur de Constantinople [Anastase Ier (491-518)]lui envoie les insignes de la dignité suprême [510: pour le remercier de sa victoire sur les Barbares, l'empereur d'Orient lui offre les insignes de consul honoraire de Rome, ce qui le fait considérer par les évêques comme le successeur des empereurs romains, avec le titre d’ 'Auguste' ("nouveau Constantin")]. "Remigius (Rémi), le saint évêque de Reims, vient l'entretenir des devoirs d'un roi chrétien, et il est docilement écouté… Chlodowig a bien compris sa mission, qui est celle de la France; il est le fils aîné de l'Église

 

(C. Guenot, Le Fils aîné de l'Eglise, Épopées de l'histoire de France, Vve H. Casterman, Tournai 1883, p. 146-147).

 

"Que célèbre-t-on en 1996 ? Moins le 1500e anniversaire de Clovis – pour quelle raison célébrer le baptême d'un homme ? – que celui d'un mythe au sens le plus noble du terme: "le baptême de la France" ( Pierre Chaunu, Éric Mension-Rigau, ibidem., p. 11).

 

 

Retrouvez sur Christ-Roi :

 

- La cinématographie "Clovis, la France et la chrétienté" sur la vie de Clovis , le fondateur de la monarchie française civilisationnelle (alliance du Trône et de l'Autel conformément à l'union de l'Eglise et de l'Etat sous l'empire romain qui datait de 392, chacun, Eglise comme Etat étant autonomes dans sa sphère d'autorité propre) sans les habituelles boursouflures, déformations et falsifications historiques des mythographes républicains. Au Roi incombe la tâche de diriger les laïcs, à l'évêque… appartient la responsabilité de dire le Bien divin pour tous.  

 

- Le film "Clovis et son temps" de Jacques Barsac (conseiller historique Michel Rouche, Professeur à la Sorbonne) aux riches documents iconographiques et images de synthèse, France 3 Production 1997. Au Roi incombe la tâche de diriger les laïcs, à l'évêque… appartient la responsabilité de dire le Bien divin pour tous. Cette alliance des deux pouvoirs doit conduire au Bien commun, notion de théologie catholique.
Tels étaient les conséquences du baptême de Clovis. Distinguer l'activité des laïcs du rôle spirituel des clercs (comme le dit Jean-Paul II dans ses Mémoires, "distinction n'est pas 'séparation'…, mais saine collaboration". On est loin de la confusion des deux autorités dans la république d'un Vincent Peillon...

 

 ***

 

. 6 octobre 2013 - Commémorations du 17e centenaire de l'édit de Milan

. Le baptistère de Clovis enfin localisé (10 mars 2009)

. "Francia" : les origines de la France

. Histoire du peuple français

 

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<br /> je vis outre-ocean, un bien ou un mal, je ne sais... mais j'ai des antennes en France, et l'une m'a ecrit :<br /> <br /> <br /> " Mais finalement, il n'y a rien eu de spécial : à la fin de la Manif, lorsque l'avocat Frédéric Pichon a pris la parole après<br /> Béatrice Bourges et a dit aux personnes "merci" et de rentrer chez elles, alors que les différents intervenants au micro ont fait monter la pression.  Béatrice Bourges a annoncé qu'elle<br /> faisait désormais une grève de la fin et allait planter sa tente à l'assemblée nationale. Je m'attendais à la fin à un "suivez-moi", "TOUS au palais bourbon, "TOUS à l'assemblée nationale". Un<br /> article 65 de la constitution permettrait de destituer le président. Mais finalement non, "rentrez chez vous". J'ai été déçu. Je pensais que ça y est après 30 ans d'attente ce serait le grand<br /> jour et puis rien."<br /> <br /> <br /> Rien qu'un peuple de pantouflards, de planques, de pleutres, de vendus...<br /> <br /> <br /> Je vous insulte ?? Non je donne les mots VRAIS a un etat de faits.<br /> <br /> <br /> Vous avez le parfait president que vous meritez. Comme nous avons le meme ici.<br /> <br /> <br /> PRIEZ avant qu'il ne soit trop tard :<br /> <br /> <br /> « Seigneur, merci pour la foi.<br /> Protège ma foi, fais-la grandir.<br /> Que ma foi soit forte, courageuse.<br /> Et aide moi dans les moments où,<br /> comme Pierre et Jean,<br /> je dois la rendre publique.<br /> Donne-moi le courage ».<br /> <br /> <br /> Pape Francois<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> ne negligez pas cette Priere quotidienne ; si Pape Francois nous a demande de la reciter TOUS les jours, c'est que - par l'Esprit Saint - Il sait comment nous<br /> sommes.<br /> <br /> <br />  <br />
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<br /> vous voyez, j'avais raison ! vous etes tous vautres comme des veaux dans votre mediocre confort...<br /> <br /> <br /> La police a reçu l'ordre d'empêcher Béatrice Bourges de faire son jeûne pour la France....Béatrice Bourges, et une autre personne...<br /> Malgré cela, elles ont toutes deux...<br /> <br /> <br /> et vous les hommes, vous etiez ou ?????? les beaux parleurs, les faiseurs de faux discours, les redacteurs en chef de... Honte a vous !<br /> <br /> <br /> avez-vous bouge, bonnets rouges, bonnets blancs, bonnets bleus ??? dont tous ceux qui vont a la messe, meme tous les matins, comme le planque de<br /> londres..<br /> <br /> <br /> NON vous etes tous completement AVACHIS !!!<br /> <br /> <br /> VOUS etes fin prets au prochain diKtateur, et ne vous inquietez pas, pour sur, vous allez l'avoir.....<br /> <br /> <br /> c'est dans lesTRES  grandes souffrances, que l'on apprend la VERITE et la VIE.<br /> <br /> <br /> Bon courage !<br />
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<br /> Belle retrospective tres bien illustree. Maintenant, il faudrait que les incredules aient le courage de tout lire et de bien comprendre. Tout est dit dans ces quelques lignes.<br /> <br /> <br /> "Apprenez, mon Fils, que le royaume de France est prédestiné par Dieu à la<br /> défense de l'Église romaine qui est la seule véritable Église du Christ ...<br /> "Ce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes, il embrassera les limites de l'empire romain et il soumettra tous les peuples à son sceptre... Il durera jusqu'à la fin des<br /> temps !"Il sera victorieux et prospère tant qu'il sera fidèle à la foi Romaine, mais il sera rudement châtié toutes les fois où il sera infidèle à sa<br /> vocation. " (d'après Flodoard, Historia Ecclesiae Remensis)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> il faudra bien que TOUS les Francais le comprennent, et les autres peuples aussi... Encore<br /> quelques souffrances encore ?? pour supplier DIEU a genoux, dans la Foi Catholique ?? Tel est le choix qu'ils ont... tant pis s'ils souffrent : on apprend beaucoup a travers les<br /> epreuves.<br />
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