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Christ Roi

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7 octobre 2018 7 07 /10 /octobre /2018 11:12
À propos du chant grégorien

Témoignage reçu d'un lecteur :

 

À propos du chant grégorien

 

J’ai assisté l’autre jour à un enseignement sur le chant grégorien lors d’une retraite de famille. Le moine nous parlait de l’histoire du chant grégorien. Le chant grégorien était à l’origine un chant aux intonations orientales mais depuis la révolution française, les partitions de ces chants ont été brûlées et perdues.

[L’église/les moines] a donc créé de nouveaux chants grégoriens inspirés par les premiers chants.

Nous avons ainsi deux sortes de chants grégoriens : les chants grégoriens orientaux ou grecs et les occidentaux.

Le moine a continué son enseignement en nous montrant comment on pouvait faire pour chanter ces chants, en paroisse, car ce chant est le chant par excellence de la liturgie. Les papes n’ont cessé de le rappeler, et pendant presque 2 000 ans le chant grégorien était le chant officiel de la liturgie.

Le moine a fait tenir à l’assemblée une note pendant que lui chantait un chant grégorien. Il nous a ainsi montré que peu de gens bien formés sur le chant grégorien pourraient animer le chant dans une paroisse.

Lorsque j’écoutais les chants grégoriens, durant cet enseignement, j’étais comme porté aux portes du Ciel, c’était ineffable, mais c’est ainsi que je l’ai ressenti.

Ensuite, j’en discutais avec mon épouse qui dit ne pas être très enthousiaste sur ce type de chant, qu’elle n’aimait pas vraiment. Elle est plus versée dans les chants à la Glorious un peu plus pop ou rock. Je me sens alors bien seul. J’ai réfléchi aux différences entre l’homme et la femme. Je pense que les femmes sont plus à agir et à penser avec le psychisme, le sensible et l’affectif. La femme donne la vie au bébé à naître et le fait de porter la vie en elle en fait une personne plus touchée par le message du Christ que l’homme. Mais pourtant, l’homme malgré sa nature moins sensible, est probablement un être plus spirituel et lorsqu’il se tourne vers Dieu, il n’a pas de demi-mesure. Le chant grégorien touche directement l’âme de la personne contrairement aux chants à la Glorious qui touchent la partie sensible de l’être et va nous rappeler des moments heureux ou des moments tristes. Pour le chant grégorien, il ne rappelle rien car est inchangé depuis 2 000 ans (sauf le changement suite à la révolution française qui n’a finalement pas changé grand-chose à ce chant), et le chanteur ou le compositeur, est souvent (ou presque toujours) anonyme, le chanteur s’efface devant le chant car la façon de le chanter est toujours la même.

Le lendemain, je parlais avec une personne que j’ai prise pour le moine qui nous avait parlé du chant grégorien la veille. Je ne peux m’empêcher de déplorer qu’aujourd’hui l’Église catholique (du moins en France) est à côté de la plaque. Le chant grégorien en paroisse à quasiment totalement disparu sauf dans certaines abbayes. Le prêtre me dit que ce n’est pas lui qui a fait l’enseignement de la veille. Il me dit que je suis un peu sévère car il existe de très beaux chants non grégoriens utilisés dans la liturgie. Je lui dis que je suis d’accord mais que le chant par excellence, le chant de prédilection, le chant qui a 10 sur 10 pour la liturgie est le chant grégorien. Même les très beaux chants non grégoriens sont inférieurs en pertinence pour la liturgie comme nous l’a expliqué le moine de la veille. Le prêtre que j’avais pris pour le moine de la veille a fini par acquiescer en disant que j’avais raison. Je n’ai pu m’empêcher de penser que tous les prêtres fidèles à la tradition savent que le chant grégorien est le chant par excellence de la liturgie mais préfèrent pour la majorité d’entre eux (et je ne parle pas des prêtres modernistes) laisser chanter des chants au mieux très beaux mais non liturgiques, au pire les chants les plus mièvres et parfois hérétiques qui restent pendant au moins un mois dans la tête avant d’en sortir.

Je me suis dit que faute de pouvoir influer mon prêtre sur le sujet (je me promets qu’un jour je lui en parlerai au moment opportun même si ça fait grincer des dents), ma façon de témoigner sur ce sujet est d’ignorer les répétitions de chants qui rompent le silence avant la messe, et de ne pas chanter ces même chants anti-liturgiques pendant la messe.

Si demain tous les fidèles ignorent et ne chantent plus tous ces chants non grégoriens, cela préparera les prêtres à instaurer le chant grégorien. Amen

(Fin de citation)

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Petite histoire du chant grégorien :

 

Grégoire Ier (590 - † 604)

Un mélange de musiques païennes, juives, grecques, et romaines, a engendré la musique officielle de l'Église Catholique Romaine, rassemblée et codifiée sous Grégoire Ier, d'où le nom de chants Grégoriens.

Les manuscrits occupent des pans entiers de bibliothèques. Le chant grégorien connaît de nombreuses modifications au fil du temps, mais les mélodies originales, simples et sacrées ont survécu et constituent la base de la musique rituelle de l'Église latine.

Le récent succès mondial de l'enregistrement Chants grégoriens fait par les moines bénédictins de Sancto Domingo de Silos en Espagne, illustre le regain d'intérêt non seulement au sein de l'Église, mais également dans le monde séculier pour les chants grégoriens. Beaucoup de personnes apprécient ces mélodies nobles sans avoir besoin de comprendre les paroles. Ce son enchanteur et mystique semble porteur d'une transcendance qui va bien au-delà de la signification du texte sacré.

 

De nombreuses maisons de disques ont participé à la résurrection de ces mélodies médiévales, ce qui permet au chant grégorien de retentir également dans les foyers et plus seulement dans les églises. 

Les racines du chant grégorien sont antérieures au christianisme. Les mélodies et la structure sont le résultat d'un amalgame de styles de chants païens, juifs, grecs et romains utilisés jusqu'en 590, que l'Église a récupérés pour ses chants rituels. Ainsi, le chant grégorien existe depuis les origines de l'Église. La Synagogue utilisait déjà une forme de chant grégorien. Dans l'Ancien Testament – et et S. Paul précise même qu'il était un pharisien converti au judaïsme –, il a dit qu'on chantait des chants et des cantiques. Il y avait toujours une lecture des saintes Écritures, quelques commentaires sur leurs significations, puis des chants. Et l'Église a réutilisé cette forme de culte. N'oubliez pas que les premiers convertis étaient juifs. Avec l'essor du christianisme, les Juifs se sont dispersés. Ils étaient déjà convertis, ou bien c'étaient les Apôtres qui partaient. Paul, en particulier était un grand voyageur. Les musiques des différents pays furent intégrées dans le culte. Le chant grégorien n'avait d'unique que son caractère de musique sacrée. C'était un style de musique ordinaire utilisé pour accompagner des textes sacrés. Nous avons perdu le lien avec la musique séculaire qui a continué une évolution propre. Par exemples, la plupart des miracles étaient accompagnés par une musique chantée qui était la musique à la mode, c'était un moyen d'instruire les gens illettrés. (Père Sayles, historien et moine bénédictin, dans le documentaire "Sanctus! The History, Spirit, and Music of The Gregorian Chant", Recherche historique Marc Retish, Musique additionnelle Jon Menell, 1994.)  

 

À l'origine du chant grégorien, il y a les 150 psaumes dont la composition est attribuée au roi David (env. 1000 avant J.C.) Ces psaumes, qui sont des "prières poétiques" pour diverses circonstances, ont eu une place très importante dans la liturgie des Juifs. Jésus lui-même en cite régulièrement des passages et l'on sait que sur la croix, il a récité le Psaume 21: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné..." Les premières liturgies chrétiennes - qui se déroulent avant que les Évangiles n'aient été mis par écrit - reprennent elles-mêmes les textes des psaumes.

Lorsque les Évangiles sont composés (fin premier siècle), la liturgie chrétienne en saisit certains passages pour les ajouter aux textes déjà connus des psaumes. Ces passages sont choisis en respectant deux grands critères: soit on choisit un passage narratif qui rappelle un épisode de la vie du Christ ou qui reprend une parole tirée de son enseignement, soit on choisit un passage qui exprime une démarche intérieure de foi ou une attitude extérieure capable d'exprimer cette démarche.

On peut aussi trouver des textes plus tardifs qui sont des compositions ecclésiastiques plus ou moins inspirées de textes bibliques.

On aboutit ainsi à la constitution d'un corpus de textes qui possède deux caractéristiques: premièrement, certains textes sont "adaptés" à la liturgie et ne reprennent pas exactement le texte biblique original, et deuxièmement, les "organisateurs" de ces textes sont - à quelques rares exceptions près -anonymes.

Le chant qui est l'ancêtre du grégorien - et au sujet duquel nous ne savons pour ainsi dire rien - n'a pu naître que lorsque l'Église a employé la langue latine. Sans latin, pas de chant grégorien...

Au cours des premiers siècles, la liturgie se fait en grec qui est la langue ordinairement comprise dans le bassin méditerranéen. C'est au cours du IIIe siècle que l'on passe assez rapidement du grec au latin. Mais, contrairement à ce qui a souvent été dit, l'usage du latin ne se fait pas pour permettre aux fidèles qui parlent cette langue de comprendre la liturgie. Car le latin qui va être utilisé par l'Église n'est pas le latin qui est parlé dans la rue et que les gens comprennent: en liturgie, c'est un latin spécial qui va être utilisé dans le but de donner à la chrétienté un outil linguistique pouvant garantir la justesse des notions théologiques. Pour les chrétiens, ce ne sont pas tellement les mots de la liturgie qu'il faut absolument comprendre, mais la liturgie elle-même: c'est par son mouvement, par son déroulement harmonieux qu'elle crée un "climat" capable d'entraîner le fidèle dans la prière. La liturgie s'adresse donc plus à l'oeil qu'à l'ouïe; d'où l'utilité de sa ritualisation et de mise en valeur de sa beauté intrinsèque. Et il en sera ainsi jusqu'au XXè siècle... jusqu'à l'installation des micros et des hauts-parleurs dans les églises qui vont conduire à donner de l'importance à ce qui s'entend - et donc doit être compris des fidèles, alors même que ça ne s'adresse pas à eux directement - au détriment de ce qui doit se voir.

L'histoire du chant grégorien se divise en quatre périodes. Une période de formation entre le début de l'Église et environ 590 ap. J.-C. Il s'est développé plus particulièrement après la fin des persécutions contre les chrétiens en 313, où ils acquirent la liberté de culte (édit de Milan). Cette période marque pour toute la chrétienté une sorte d'éclosion printanière à la fois théologique et liturgique. Dans le même temps, les cinq Eglises-mères (les Patriarcats apostoliques de Jérusalem, Antioche, Alexandrie, Rome et Constantinople) doivent combattre ensemble les premières grandes hérésies gnostiques (S. Irénée de Lyon) afin de maintenir la vraie foi, l'"orthodoxie". C'est toujours le respect de la liturgie reçue des "Anciens" qui va garantir la fidélité à la vraie foi. Ainsi donc, au moment où la liturgie passe du grec au latin au IIIe siècle, puis pendant tout le premier millénaire, l'unité de la foi sera maintenue en même temps que l'unité de la prière liturgique. Unité dans la variété (et non dans l'uniformité), si l'unité liturgique demeure bien marquée, elle n'exclut jamais des différences légitimes, principalement dans les formes et les expressions extérieures du culte. La liturgie de l'Église présente des visages variés avec une grande variété de rites, chacun ayant son chant propre.  

Parmi ces chants existe le "romain", propre à la liturgie romaine. On sait peu de choses à son sujet. Probablement n'était-il pas très démonstratif, très orné: à Rome, on se voulait plus attentif aux textes sacrés qu'aux mélodies. À Jérusalem, puis à Antioche, à Alexandrie, à Rome, et plus tard à Byzance, le même enseignement évangélique, la même filiation apostolique et la même prière liturgique, unissent toutes les communautés chrétiennes tant orientales qu'occidentales. Le noyau central de la liturgie - la "fraction du pain" - est sensiblement le même partout. Mais autour de la prière eucharistique qui constitue le coeur de la liturgie (offrande, récit de la Cène, consécration et communion), s'ajoutent peu à peu d'autres éléments (lectures de lettres des Apôtres, d'extraits de l'Évangile, prières d'intercessions, processions, proclamation du Symbole des Apôtres, de la "Prière de Jésus", prières d'action de grâces... etc.) dont l'agencement va donner la forme spécifique de chaque rite.

 

En 590, Grégoire Ier fut élu pape après avoir été moine, puis abbé. Il a donné son nom au chant grégorien bien qu'il soit improbable qu'il ait composé quoique ce soit, mais il a organisé des mélodies qui existait déjà, les a ressemblées dans des livres pour qu'elles soient facilement accessibles, et aussi attribué des textes et des mélodies au divers actes du culte. Il a en fait organisé tout un ensemble de musiques qui existaient depuis des siècles. Et aussi il a créé des écoles de chants. (Père Sayles.)

L'introït (procession d'entrée), l'offertoire et la communion, les chants les plus importants de la messe, n'ont été écrits que des années après la mort de S. Grégoire.

S. Augustin de Cantorbéry

Avec la diffusion du christianisme dans toute l'Europe, les chants utilisés au cours des cérémonies variaient d'une région à l'autre. Le pape Grégoire envoya l'abbé bénédictin Augustin (fondateur de l'église anglo-saxonne, † 605) accompagné de quarante moines romains en Angleterre pour convertir les Anglo-Saxons. Ils traversèrent les Alpes et la France et eurent l'occasion au cours de ce voyage d'assister à des services bien différents de ceux auxquels ils étaient habitués à Rome. Cette découverte leur ouvrit de nouvelles perspectives, et lorsqu'ils s'installèrent en Angleterre, Augustin envoya un messager demander au pape quelle forme de musique et de prière liturgique ils devaient utiliser, la romaine ou la gauloise. Le pape lui donna la permission d'utiliser les prières et la musique que préféraient les fidèles, et susceptibles de plaire à Dieu. 

Chaque école possède sa propre originalité. Vous avez l'école romaine sous le règne de Pépin et de son fils Charlemagne. Ils ont pensé qu'adopter ce type de musique pour le culte pouvait unifier l'empire. Ils ont donc encouragé Pierre, qui était diacre et qui connaissait parfaitement le grégorien à généraliser son utilisation. Ils l'ont fait venir en France, puis voyager pour apprendre aux gens le chant grégorien. Des manuscrits apparurent avec du texte et des gribouillis. Il y a donc une école romaine et une école gallicane ou française. Il y a également l'école ambrosienne (rite ambrosien) antérieure à l'école romaine. La forme du chant diffère du chant romain, elle est influencée par les Arabes qui envahirent le sud de l'Espagne

Le chant grégorien se caractérise par l'absence de rythme. Il semble flotter dans l'air sans effort et n'est interrompu par aucune pause. Il transporte les gens dans un autre monde.

Quand on écoute le chant grégorien, on ressent quelque chose de fort même si on ne comprend pas ce qui se dit. Le son de la musique suffit à nous transcender au-delà de nous, à un niveau plus élevé, spirituel. La musique du chant grégorien comprend des accents aigus caractéristiques, légers et courts, et pourtant forts. Ils apportent ce côté aérien qui fait que les pensées et les sentiments sont plus proches du surnaturel que du monde terrestre.

Il existe essentiellement deux types de mélodies pour les plains-chants, la syllabique (où chaque syllabe est portée par une seule note) et la mélismatique (où chaque syllabe est portée par plusieurs notes).

Le chant syllabique était un type de chant simple dans lequel à chaque syllabe correspond une seule note, parfois plusieurs à certains endroits. Dans le chant mélismatique, les syllabes sont chantées sur plusieurs notes.

 

Aujourd'hui, l'originalité et la simplicité de ces chants ont traversé les âges et procurent toujours le même sentiment de sérénité et de plénitude.

Dans les communautés qui observent la forme de Paul VI, certaines parties de l’ordinaire de la messe (Kyrie, Gloria, Credo, Pater noster, Sanctus, Agnus Dei) sont chantées en latin sur les airs traditionnels grégoriens, mélangés aux chants liturgiques en langue vernaculaire.

 

Le Père Sayles, dans le documentaire "Sanctus! The History, Spirit, and Music of The Gregorian Chant" (Recherche historique Marc Retish, Musique additionnelle Jon Menell, 1994) indique que le chant grégorien peut être chanté dans les langues vernaculaires. Selon lui: 

"si le chant grégorien n'est pas traduit dans les langues parlées, il va disparaître. Plus personne ne l'utilisera. Aux États-Unis, peu de personnes le font. Certaines y sont opposées. Je chante parfois en anglais. Cela gêne les personnes qui ont un sens poétique, particulièrement les hymnes parce qu'elles ne riment pas. Dans le texte latin des hymnes, il n'y a aucune volonté de rimes, ce n'était pas le style de l'époque l'époque. Mais biensûr il existait une métrique définie. Ce que fait Soeur Cécile (elle est très forte pour cela et je l'aide pour la traduction), elle ne transpose pas exactement le latin, mais les idées selon la métrique latine. Il n'y a donc pas de décalage entre l'anglais et la musique des chants."

 

« "Au troisième congrès de musique sacrée, qui s'est tenue à Paris en 1957, Joseph Samson a dit en substance : "Si entendre ou chanter du chant grégorien ne mène pas à une vie spirituelle plus intense, rien ne sert de chanter. Si la prière n'apporte pas d'aide, autant se taire. Si elle ne calme pas le tumulte intérieur, autant ne rien faire. Si elle n'a pas le même pouvoir que le silence qu'elle brise, place au silence. Et si le chant grégorien n'encourage pas le silence, il est inutile." C'est une pensée très profonde.

« [...] Ce qu'il est essentiel de retenir, c'est que le chant grégorien est (par-dessus tout) une prière chantée. » (Père Sayles, historien et moine bénédictin, dans le documentaire "Sanctus! The History, Spirit, and Music of The Gregorian Chant", Recherche historique Marc Retish, Musique additionnelle Jon Menell, 1994.)

C'est pour cette raison que les cérémonies religieuses et les actes de foi sont un moment idéal pour l'exécution de ces mélodies sans âge. Il n'existe nulle part dans le monde d'oeuvres musicales aussi anciennes, aussi vastes et pourtant aussi pures que le chant grégorien.

 

Un proverbe bulgare dit que le silence irrite le diable.

Nombre de célébrations liturgiques sont si peu propices au silence que le malin pourrait s’y sentir à l’aise.

Une liturgie faite de silence est souvent le dernier refuge du croyant. Malheureusement, on trouve aujourd’hui trop peu de prêtres qui savent cela. (Source: Pro Liturgia - Actualité du jeudi 19/05/2016 )

 

"Le vrai et bon silence appartient toujours à celui qui veut sa place aux autres, et surtout à tout autre, à Dieu." (Cardinal R. Sarah)

 

 

LireDans la liturgie, Dieu parle à son peuple, le bruit l'en empêche

 

« Le chant grégorien n'est plus audible par celui qui, relativiste, n'admet que ce qu'il comprend ou ressent. Or la liturgie chantée en grégorien nous apprend à déjouer cette prétention: elle nous fait approcher Dieu en shuntant le circuit usé de la connaissance sceptique ou sensuelle (pour reprendre ici une expression du P. Diradourian). Le chant grégorien conserve cette possibilité de connecter l'homme directement au mystère de Dieu qui ne se révèle pas "aux sages et aux intelligents" mais qui se fait "sensible au coeur". Ainsi le chant grégorien, né de la contemplation des mystères divins, est-il une théologie mise à la portée des plus humbles. Voilà pourquoi le concile Vatican II, dans sa Constitution Sacrosanctum concilium sur la liturgie, a jugé nécessaire d'en rappeler toute la valeur. » (Source: Pro Liturgia )

PRO LITURGIA, Vendredi 10/4/2015 : Quelques conseils pour chanter le grégorien...

 

1. CONTRÔLER SA VOIX.

Souvent, nous perdons le contrôle de notre voix dès que nous chantons : nous nous mettons à chanter fort, plus fort que les autres, quand nous pensons bien connaître un chant, ou quand une pièce nous plaît particulièrement, ou encore quand l’accompagnement de l’orgue est trop fort, ou que la puissance des micros de l’église est mal réglée et que celui qui chante à l’ambon incite à chanter... encore plus fort que lui.

Souvenons-nous que même si nous avons à remplir le volume d’un sanctuaire, Dieu n’est pas sourd ! Il nous faut donc sans cesse garder le contrôle de ce que nous chantons, de la façon dont nous chantons. Et garder aussi un bon “tempo” : un chant ne devient pas plus “religieux” parce qu’il est chanté avec lenteur.

Chacun doit donc apprendre à garder le contrôle de sa propre voix : le célébrant à l’autel, le chantre à l’ambon, le choriste à la tribune, le fidèle dans la nef. Pour cela, avant de vouloir chanter à tout prix, il faut apprendre à écouter et à respecter le silence du sanctuaire dans lequel se déploie la louange. Ecouter : c’est essentiel !

 

2. NE JAMAIS CHANTER UNE SUCCESSION DE NOTES.

Le grégorien n’est pas un chant constitué d’une succession de notes, mais d’inflexions vocales. N’oublions jamais que le chant grégorien a été composé et a été chanté en des siècles où les notes n’existaient pas.

Le grégorien est d’abord une parole chantée ou, si l’on préfère, une “parole qui chante”, une “parole devenue chant”. C’est donc bien le mot latin qu’il faut faire chanter ; et au-delà du mot, toute la phrase. Ce qui n’est pas la même chose que chanter une succession de notes et de syllabes sans y mettre le moindre relief !

 

3. APPRENDRE À ARTICULER.

Le respect de la valeur des syllabes - valeur élastique même quand elle est traduite par un simple “punctum” dans les livres de chant - de la couleur des voyelles, du timbre des consonnes... est essentiel.

Chaque mot doit être correctement articulé pour pouvoir être correctement chanté et clairement entendu. C’est ainsi qu’il aura sa propre vie au sein de la phrase grégorienne.

Le latin est une langue qui ne connaît pas les liaisons. Il faut donc éviter de “coller” la fin d’un mot au début du mot suivant. Par exemple, pour “Agnus Dei”, le “s” de “Agnus” achève le mot “Agnus” et ne doit pas coller au mot “Dei”. Il ne faut donc pas entendre “Agnu - sdei” ou encore, comme c’est si souvent le cas dans Messe XVII pour l’Avent et le Carême, “A - gnusde - i”. Même chose dans le “Credo” où l’on entend trop souvent “Patre - momnipotentem”...

 

4. BIEN ACHEVER LES MOTS ET LES PHRASES.

Tout mot latin, toute phrase, a une syllabe finale qui a autant d’importance que l’ensemble du texte de la pièce qu’on chante. Les finales doivent être particulièrement soignées, posées sans heurts et non pas brusquement rompues ou appuyées.

La finale d’un mot achève l’épanouissement de l’accent réalisé sur la syllabe importante de ce mot (= l’accent verbal indiqué par un accent aigu dans les livres de chants : exemple “iustificatiónibus”). Le développement de la syllabe finale d’une phrase met en relief l’atmosphère qui se dégage de l’ensemble de la pièce : son traitement mérite donc un soin particulier.

 

5. NE PAS CHANTER DE FAÇON DISTRAITE.

Il est important de toujours chanter en faisant attention en même temps à ce qui est écrit dans le livre et aux indications données par le maître de chœur.

Ce n’est pas parce qu’on croit bien savoir une pièce grégorienne qu’il faut relâcher son attention : les chantres qui sont sûrs d’eux parce qu’ils connaissent une pièce par cœur sont souvent ceux qui répètent inlassablement les mêmes erreurs. Croyant pouvoir se dispenser de faire attention, ils ne tiennent pas compte des indications données par le maître de chœur et souvent même entraînent les autres choristes dans leurs fautes... C’est ce qui explique que les pièces les plus courantes sont généralement les moins réussies : la fameuse “Messe des Anges” et le populaire “Credo III” sont souvent exécutés d’une façon fort peu... “grégorienne”.

Il faut donc se concentrer et, à la fin d’une pièce, ne pas bouger tant que le maître de chœur n’a pas fait signe qu’on peut poser son livre de chant et tant que le silence qui suit la dernière note chantée n’est pas total. Même le chant d’un “amen” demande de la concentration et de l’application : le “amen” le plus simple se chante sur deux notes. Existe-t-il beaucoup de chorales capables de respecter ces deux notes ? Non. Car en général, par manque de concentration, d’attention, on se laisse entraîner à doubler, à tripler la valeur de ces deux notes, ce qui a pour effet de produire un “amen” pâteux, lent... Surtout si l’organiste croit utile d’accompagner cette acclamation en plaquant deux accords. On entend alors : “aaaaaaaaa - meeeeeeeen”.

 

6. NE PAS RALENTIR LE CHANT.

Le ralentissement est un phénomène naturel : une foule a toujours tendance à ralentir le chant. Il faut donc que les choristes veillent à ne pas chanter lentement, surtout au démarrage des pièces. Le grégorien doit demeurer un chant souple, léger, vivant : évitons de le traîner sous prétexte qu’il est un “chant sacré” et qu’un chant sacré est nécessairement lent (ce que l’on prétendait au XIXe siècle).

Certes, chaque pièce possède sont propre “tempo” et l’on ne chante pas un graduel comme on chante un introït. On ne chante pas non plus un “Credo” - qui est une proclamation - comme on chante un “Sanctus”, qui est une louange où nos voix sont associées à celles des anges (cf. Préfaces).

Enfin, pour ce qui concerne la vitesse du chant, il faut tenir compte de deux autres facteurs importants : l’acoustique de l’église et le nombre de choristes. Une acoustique généreuse impose un “tempo” plus lent. Ceci pour éviter que le chant ne devienne une véritable “soupe”. Une schola composée de 5 ou 6 choristes chevronnés, habitués à chanter ensemble, permet un chant plus souple, plus allant, qu’une chorale de 30 personnes. De ce fait - pour ne prendre que cet exemple - un verset d’ “Alleluia” chanté par 5 chantres (ce qui est suffisant) devra être plus fluide que l’ “Alleluia” orné de son “iubilus”. Il ne faut pas hésiter à marquer ces contrastes pour respecter le style de chaque pièce.

 

7. RESPIRER CALMEMENT.

La respiration est d’autant plus importante que le grégorien impose parfois de chanter de longues successions de notes : des mélismes.

Pour réussir à chanter une longue phrase musicale, mieux vaut ne pas attendre le dernier moment pour reprendre son souffle : mieux vaut respirer souvent - et surtout calmement - pour bien remplir ses poumons. Cette façon de faire permet d’aller plus loin dans la phrase suivante.

Pour bien respirer, il faut “quitter le chant” doucement - ce qui ne peut se faire que si l’on n’est pas déjà à court d’air -, continuer à chanter dans sa tête pour ne perdre ni le “tempo” ni le texte, puis revenir dans le chant en fondant sa voix dans le chœur sans attaquer brutalement la note sur laquelle on repart. De cette façon, il n’y aura pas de “trou” dans le chant... ce qui se produit généralement quand tous les chantres attendent consciencieusement d’être à bout de souffle pour respirer et reprennent inévitablement de l’air tous au même moment.

 

8. AVOIR UNE BONNE TENUE.

Pour bien chanter, il est nécessaire d’avoir une bonne tenue : être bien droit et avoir une bonne assise sur les deux jambes... sans être raide.

Il faut tenir son livre des deux mains et à hauteur de la poitrine, ce qui permet de suivre le texte et les notes tout en gardant toujours un œil sur les indications gestuelles données par le geste du maître de chœur.

La tête doit rester droite : ce sont les yeux qui travaillent et qui bougent pour suivre la direction du maître de chœur, et non le cou ou la nuque. Il faut absolument s’interdire tout geste, tout mouvement qui conduirait à faire sa propre direction du chant, indépendante de celle du maître de chœur. Dom Cardine, à Solesmes, disait que même emporté par le chant, le choriste n’a le droit que de remuer discrètement un orteil dans sa chaussure... Enfin, il ne faut jamais regarder ailleurs que devant soi, même si le voisin fait une fausse note ou s’il y a un bruit distrayant quelque part : la pratique du chant grégorien n’est pas difficile en elle-même, mais elle exige toujours une certaine discipline.

 

9. APPRENDRE À “ECOUTER LA PARTITION” AVEC LES YEUX.

Avant de vouloir chanter, il convient d’avoir une vue d’ensemble de la partition musicale, de la pièce : il faut donc, avant tout, avoir préalablement repéré les notes essentielles, les formules mélodiques qui reviennent en plusieurs endroits, les montées et les descentes importantes, les mots soulignées par des notes particulières ou des mélismes, les phrases musicales qui se répondent ou s’opposent... etc.

Quand l’œil a bien fait ce premier travail de déchiffrage, alors l’ “oreille intérieure” se met à l’ouvrage à son tour : elle permet d’entendre déjà en soi-même, grosso modo, la mélodie de la pièce. Certaines subtilités apparaissent alors et se mettent déjà en place : en travaillant la pièce avec les autres choristes, on ne sera plus surpris par tel ou tel passage délicat.

Quand l’oreille intérieure a correctement achevé son travail, c’est alors la voix qui entre en action. A ce moment, il faut bien s’écouter soi-même et prendre conscience de ce que l’on fait : il faut contrôler si ce que l’on chante correspond bien à ce que l’on avait entendu intérieurement et se souvenir qu’une bonne exécution d’une pièce grégorienne résulte d’un subtil dosage de 20% de chant... et de 80% d’écoute attentive.

Enfin, le maître de chœur corrige, achève et parfait le travail.

 

10. L’ORGANISTE.

L’organiste donne le ton d’une pièce sans faire de fioritures.

Il accompagne le plus discrètement possible en veillant à être dans le mode de la pièce. (Un bel exemple d’accompagnement qui ne respecte habituellement pas le mode d’une pièce est celui du “Credo I” : dans les livres d’accompagnements, il est systématiquement donné en majeur alors que le 4e mode dans lequel il est écrit impose le mineur).

Aux respirations, l’organiste devance très subtilement les choristes afin que ceux-ci ne soient pas hésitants à la reprise de la note qui débute la phrase musicale suivante.

L’organiste ne traîne pas, surtout lorsqu’il s’agit d’accompagner une assemblée qui a l’habitude de ralentir. Il s’abstient d’utiliser des jeux de 2’ ou des fournitures, lesquelles ont généralement pour effet de faire “brailler” les assemblées qui, à ce moment, ne font plus attention à la façon dont elles chantent.

 

11. LE MAÎTRE DE CHŒUR.

Il reste un mot à dire à propos du maître de chœur. Ou plutôt de sa direction. Partons du principe qu’il connaît les bases de l’interprétation du chant grégorien : l’importance de l’accent latin, le sens à donner à chaque épisème en fonction de sa place dans le texte, le rôle joué par les “coupures neumatiques” qui structurent les pièces ornées ainsi que les mélismes... etc. Ne donnons donc ici que quelques conseils - ou “trucs” - qui aideront à obtenir la meilleure interprétation possible du chant. Il conviendra surtout :

- d’éviter une direction à deux temps ou qui fait des “moulinets” ;

- d’éviter une direction faite de gestes trop “morcelés” qui conduiraient à briser l’unité des mots et des phrases ;

- de donner de l’élan au chant, surtout dans les passages ascendants ; et pour cela mieux vaut s’interdire de faire comme des vagues en agitant les bouts des doigts ; mieux vaut toujours “porter” le chant en le dirigeant paumes des mains dirigées vers le haut ;

- d’éviter de laisser tomber - ou mourir - les fins de phrases (même là, la paume de la main est dirigée vers le haut afin de faire sentir que la dernière syllabe doit être correctement posée) ;

- de préparer le bon tempo d’une pièce afin que l’interprétation ne donne pas l’impression de démarrer de façon “poussive” et de n’atteindre sa “vitesse de croisière” qu’après échauffement des choristes.

 

 

Source: http://www.proliturgia.org/

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