Paul VI a été béatifié dimanche 19 octobre par le pape François. Qualifié de « grand timonier du Concile », Paul VI voient néanmoins ses enseignements toujours inappliqués, la liturgie faslifiée, au point qu'« il est certain que l’auteur de la restauration liturgique conciliaire n’y reconnaîtrait pas les fruits de "Sacrosanctum Concilium" » (constitution sur la Sainte Liturgie). (Denis Crouan, Association Pro Liturgia.)
Paul VI est béatifié. « Cet homme a beaucoup souffert », vient de dire Mgr Defois qui traduit la pensée de bien de nos pasteurs diocésains.
Mais qui l’a fait souffrir ? Cette question n’engendre que le silence.
Alors rappelons brièvement quelques faits qui ne concerneront ici que la liturgie.
En 1963 Paul VI demande que « personne ne porte atteinte aux normes de la prière officielle de l’Eglise en introduisant des réformes privées ou des rites particuliers. » Et l’année suivante, il rappelle qu’ « absolument personne, fût-il prêtre, ne peut de sa propre initiative, ajouter ou retrancher ou modifier quoi que ce soit en matière de liturgie. »
Il suffit d’assister aujourd’hui à une messe célébrée dans n’importe quelle paroisse, dans n’importe quelle cathédrale de France, pour constater que la majorité des célébrants modifient la liturgie au gré de leur inspiration du moment.
Toujours en 1964, parlant du chant grégorien, Paul VI souligne qu’il « rehausse la splendeur des rites, favorise l’unanimité de l’assemblée des fidèles et la dispose à une plus parfaite louange divine. »
Dans le même temps, il rappelle que « l’application exacte de la Constitution Liturgique requiert (...) que toutes choses, nouvelles et anciennes, soient justement et harmonieusement fondues ensemble » et insiste pour « que le souci de la nouveauté ne dépasse pas la mesure, que la valeur du patrimoine de la tradition liturgique ne soit pas négligée, et surtout qu’elle ne soit pas oubliée. » Car « s’il en était autrement, il ne faudrait plus parler de rénovation, mais plutôt de destruction de la Sainte Liturgie. »
En France, le souci d’une volonté débridée prendra largement le dessus et les prêtres respectant la liturgie en donnant toute sa place au chant grégorien seront systématiquement mis sur la touche par leurs évêques respectifs.
En 1965, le Souverain Pontife insiste pour la partie rituelle de la liturgie - la plus visible – soit « tout spécialement soignée » et rappelle que « celui qui improvise s’avance sur des sentiers instables et dangereux. »
On n’ose pas imaginer ce que penserait Paul VI s’il voyait nos messes paroissiales : elles contiennent tout ce que le pape entendait écarter de la liturgie. Et il est certain que l’Auteur de la restauration liturgique conciliaire n’y reconnaîtrait pas les fruits de « Sacrosanctum Concilium ».
Enfin, pour finir ce rapide tour d’horizon des désobéissances épiscopales, rappelons qu’en 1974, à la demande expresse de Paul VI lui-même, la Congrégation des Cultes publie un livret, le « Iubilate Deo », dans lequel « sont rassemblées quelques-unes des mélodies les plus simples que les fidèles devront chanter ensemble. » Il est demandé à chaque évêque de largement diffuser l’opuscule dans les paroisses pour permettre aux fidèles de conserver et de pratiquer un minimum de grégorien. D’un seul cœur, les évêques de France ignoreront superbement la demande de Paul VI…
Paul VI un pape incompris ? Disons franchement que l’épiscopat français - entre autres - s’est appliqué à ne pas vouloir le comprendre et à faire en sorte que ses enseignements soient passés sous silence où volontairement déformés. C’est particulièrement évident en liturgie puisque, redisons-le, les célébrations paroissiales actuelles ne sont toujours pas conformes à ce que le Concile avait demandé et qui trouve son expression dans le missel actuel que seuls de très rares prêtres respectent.
Source : PRO LITURGIA, Lundi 20/10/2014 http://www.proliturgia.org/