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Christ Roi

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3 juillet 2023 1 03 /07 /juillet /2023 00:00
 "Parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru ; heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru !" Jn 20,29

"Parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru ; heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru !" Jn 20,29

Il est resté le modèle des incrédules, de ceux qui veulent "voir" pour croire.

 

Appelé Didyme (le Jumeau), Thomas fait partie du petit groupe de ces disciples que Jésus a choisis, dès les premiers jours de sa vie publique pour en faire ses apôtres. Il est "l'un des Douze" comme le précise S. Jean (Jn 21). Le même Jean nous rapporte plusieurs interventions de Thomas, qui nous révèlent son caractère. Lorsque Jésus s'apprêta à partir pour Béthanie en Judée au moment de la mort de Lazare, il y avait danger et les disciples lui rappelèrent qu'on avait voulu le lapider là-bas : "Rabbi, tout récemment les Juifs cherchaient à te lapider." Jésus maintint sa décision et Thomas dit alors aux autres disciples: "Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui."

 

À la dernière Cène, quand Jésus dit à ses disciples : "Je vais vous préparer une place, et quand je serai allé et vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et vous prendrai près de moi, afin que là où je suis, vous aussi vous soyez", Tomas fit celui qui ne comprenait pas : "Seigneur, nous ne savons pas où vous allez, comment saurions-nous le chemin ?" Il s'attira cette merveilleuse réponse du Maître : "Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, personne ne va à mon Père, si ce n'est par moi." (Jn, 14, 6.)

 

Thomas était absent lors d'une des apparitions de Jésus ressuscité. Quand on lui raconta cette apparition, Thomas fut si étonné d'une telle merveille, qu'il en douta et dit vivement: "Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt à la place des clous et ma main dans son côté, je ne croirai point." (Jn 20, 25.) Voilà le second caractère de Thomas, esprit trop raisonneur. Mais son premier mouvement d'hésitation, en chose si grave, ne fut pas un crime et huit jours plus tard, Jésus apparut de nouveau et reprit les paroles même de l'Apôtre: "Mets ici ton doigt, et regarde mes mains; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté; et ne sois plus incrédule, mais croyant." (Jn, 20, 27.) Que fit alors Thomas? Nous le savons; il affirma alors sa foi : "Mon Seigneur et mon Dieu!"

 

Dieu permit l'hésitation de cet Apôtre pour donner aux esprits difficiles une preuve de plus en faveur de la résurrection de Jésus-Christ. Parmi les douze articles du Symbole, S. Augustin attribue à saint Thomas celui qui concerna la Résurrection.

L'Incrédulité de saint Thomas, Rembrandt, 1634.

L'Incrédulité de saint Thomas, Rembrandt, 1634.

On retrouvera Thomas dans le groupe de ceux qui verront Jésus ressuscité au bord du lac (Jn XXI,2.)

 

Thomas en Inde et en Chine

 

Quand les Apôtres se partagèrent le monde, les pays des Parthes et des Perses et les Indes furent le vaste lot de son apostolat.

Les chrétiens de l'Inde attribuent à S. Thomas leur évangélisation et se donnent eux-mêmes le nom de "chrétiens de saint Thomas", et prétendent en garder la tombe.

 

"La parole portée par saint Thomas en Inde [...] ne fait aucun doute pour l'Eglise d'Orient; [...] elle est attestée par maints auteurs des premiers siècles de notre ère; [...] elle est soutenue par la communauté chrétienne de l'Inde. [...] Saint Ephrem, [...] mort en 373, le confirme. [...] Saint Jean Chrysostome, S. Grégoire de Naziance, S. Jérôme, l'historien Eusèbe, lequel disait le tenir d'Origène (185-254), attestaient la présence de Thomas en Inde." (Pierre PERRIER, Xavier WALTER, Thomas fonde l'Église en Chine (65-68 ap. J.-C.), Asie Éditions du Jubilé, Mercuès 2008, p. 149-150.)

 

Au chapitre IV de l'ouvrage publié en 2016, "Les Apôtres en Inde", Ilaria Ramelli observe que le christianisme indien, qu’il s’agisse de ses rites, ses titres, ses coutumes, ses légendes, est pétri d’archaïsmes reconductibles à ce même christianisme syro-araméen primitif qui faisait de l’Évangile de Matthieu son texte central. Elle montre comment Thomas est lui-même fortement lié au christianisme syro-araméen pour avoir été à l’origine (en personne, ou à travers son disciple Thaddée) de l’évangélisation de la ville d’Édesse, de l’Osroène dont elle est la capitale, et de la Mésopotamie.

 

Au chapitre V, du même ouvrage, Cristiano Dognini examine la présence d’échos chrétiens dans les mythes spécifiques à la naissance de Krishna, qui font leur apparition dans le panorama de la littérature sanscrite autour du IIe siècle ap. JC. L’auteur constate que les emprunts de motifs tirés des Évangiles (tels que le Massacre des Innocents, la Fuite en Égypte, ou l’Annonciation…) sont indubitables; il en déduit que les récits chrétiens étaient assez connus en Inde pour que l’hindouisme se les approprie et les intègre au service de ses propres cycles mythiques.

Le même phénomène d'appropriation des mystères chrétiens sera l'objet du bouddhisme en Chine.

"L'évangélisation de l'Empire du Milieu a commencé dès le Ier siècle de l'ère chrétienne, et [...] a été le fait de l'apôtre Thomas en personne." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 9).

La doctrine bouddhiste ne touchant significativement la Chine qu'aux IIe et IIIe siècles ap. J.-C. (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 68), Pierre Perrier explique qu'il était "clair que la thèse bouddhiste avait situé au Ier siècle des évènements qui n'avaient pu avoir lieu que par la route de la soie au IIe siècle, et suite au préalable à la formulation du 'Grand Véhicule', postérieure à 135 dans la religion syncrétiste des Kouchans. [...] La récupération anachronique d'un évènement antérieur posait le problème du contenu originel qui avait permis au bouddhisme de passer du 'Petit véhicule' (école ancienne. Ndlr) au 'Grand véhicule'" (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 53), dont le corpus d'écritures canoniques (les sūtra) le représentant est achevé autour du IIe siècle après J.-C. "'Grand véhicule', lui-même source directe du bouddhisme Fo ou chinois (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 20.)

La découverte d'une tombe chrétienne (et non pas bouddhique) à Xuzhou, jadis Pengcheng et capitale de la province maritime de l'Empire, [...] d'une époque proche de la mission de Thomas, puisqu'elle n'en est postérieure que d'une vingtaine d'années [...], cette chambre funéraire, destinée à des dignitaires de l'Empire, affichait dans l'iconographie de ses bas-reliefs des thèmes déjà apparus comme spécifiquement chrétiens à un chercheur de la Chine ancienne Wang WEIFAN, auquel toutefois on s'était empressé d'opposer un argumentaire bouddhiste propre à refuser toute origine chrétienne à des motifs et des scènes qui, à l'évidence, appelaient une explication biblique. (Musée de Xuzhou, Xuzhou Han Stone Carving, The Han Dynasty Stone Relief in Buining County). Cette sépulture collective renfermait les restes de personnes de qualité, ayant de ce fait sans doute été de l'entourage du gouverneur de Pengcheng, Ying, le demi-frère de l'empereur Mingdi. A été montrée l'origine chrétienne des sculptures de 'Port-touche-nuage'. Le Pr. Wang se convainquit du substrat biblique permettant de mieux interpréter les scènes représentées. [...] Or, [...] force est de reconnaître plusieurs figurations de Vierge à l'Enfant, d'une part, et d'autre part, de la prédication de l'Apôtre. Son iconographie vient confirmer que la prédication apostolique était complète, détaillée, comprenant des références à l'Ancien Testament et aux Évangiles, dans leur forme encore de 'mémoires des apôtres'. [...] À ces pièces capitales, il faut joindre la coupe yi (un vase rituel) trouvée près de Xuzhou également, dans une tombe. Elle [...] porte deux poissons séparés, cinq pains ronds stylisés les accompagnent. [...] Certes, les poissons rappellent un motif chinois ancien présent dans des coupes, à deux poissons aussi, gage de bonheur. Mais ceux-ci figurent accolés et symétriques entre eux. On ne manquera pas, en revanche, de rapprocher le yi de Xuzhou des couples plates utilisées en Palestine pour les repas. De toute évidence, les poissons et les cinq pains ronds stylisés de ce yi trahissent une influence liturgique chrétienne. Peut-on ne pas penser aux cinq pains d'orge et aux deux poissons de la multiplication des pains (Mt 15, 32-39) ? [...] La figuration de deux poissons [...) dans la symbolique judéo-chrétienne, il s'agit de la mémoire des annonces du Messie par les rouleaux des psaumes et des prophètes qui complètent l'enseignement des cinq pains-volumes de la Torah. Ce signe est très spécifique à l'Église judéo-chrétienne, car il renvoie au début de l'enseignement par des enfants d'Israël du mystère de l'Eucharistie selon le Collier (aide-mémoire) du Pain de Vie, qui est le cœur de la première forme d'enseignement des apôtres selon les mémoires de Pierre et Jean." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 43 et 112; 115.)

"La découverte de porcelaines fines à décor judéo-chrétien des deux poissons et cinq pains, mémoire du début du 'collier' du Pain de Vie, donc à usage liturgique, montre que les communautés fondées étaient structurées autour de la célébration de la messe et des sacrements." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 144.)

"D'autres traces de cette prédication nous sont offertes dans les musées chinois, par divers objets provenant de gisements archéologiques différents : ce sont essentiellement des croix ou des figures incluant des croix. (voir dessin 19.1 in P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 114. Photo ci-dessous.) [...]

Pierre PERRIER, Xavier WALTER, Thomas fonde l'Église en Chine (65-68 ap. J.-C.), Asie Éditions du Jubilé, Mercuès 2008

Pierre PERRIER, Xavier WALTER, Thomas fonde l'Église en Chine (65-68 ap. J.-C.), Asie Éditions du Jubilé, Mercuès 2008

D'autres représentations existent, qui présentent notamment un fidèle priant au pied de la croix. Les nombreuses croix relevées recouvrent un espace qui, du nord au sud, s'étend sur près de mille kilomètres à partir du Fleuve jaune; de même d'Est en Ouest. Cela représente une bonne partie de l'Empire du Milieu et permet d'affirmer que, la plupart des croix étant datées du IIe siècle au début du IIIe, l'imprégnation chrétienne atteignit une grande partie de la Chine, avant la fin de la période Han (220). [...] On a même retrouvé une croix du début du IIIe siècle qui portait un très beau poème de lettré chrétien." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 114.) [...] L'église de Chine commencera à connaître la persécution [...] à la fin du IIe et durant le IIIe siècle." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 145.)

"[...] et des traces (archéologiques et littéraires) d'une église ! (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 116.)

 

Thomas emprunta "la route de la mer et les ports de l'Inde méridionale. Son projet allait être couronné de succès : Lianyungang, Xuzhou, Luoyang en offrent des preuves archéologiques. [...] Thomas [...] partait à l'aventure, [...] mais sans doute avait-il déjà reçu, à Meilapoutram (Madras) quelques informations." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 53).

 

Thomas mena sa mission vers l'Est en compagnie de S. Barthélémy. "Ils prirent  part à la réunion de l'année 37, probablement à la Pentecôte, à Antioche, d'où les apôtres persécutés en Palestine décidèrent d'entreprendre l'évangélisation du monde extérieur. Ils partirent alors dans toutes les directions, par les routes maritimes ou terrestres." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 139).

 

Thomas "enseigna sur la côte orientale de l'Inde, en fondant les églises du Kérala qui, coupées du reste de la chrétienté par les invasions musulmanes, surent pendant des siècles conserver, méditer et surtout transmettre intactes les traditions léguées par les missionnaires judéo-chrétiens. C'est grâce à elles que nous avons connaissance du martyre de Saint Thomas et de la mission qu'il fit en Chine, et que vient aujourd'hui confirmer, avec une évidence éclatante, l'attribution au christianisme des bas-reliefs de la paroi de Kong Wang." (Pierre PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 10-11).

Les bas-reliefs "racontent (c'est notoire) l'histoire rapportée par la Chronique des Hans postérieurs, du songe qu'eut en 64 l'empereur Mingdi des Han. Il 'lui fit voir un homme blond, grand et dont le sommet de la tête était auréolé', à la suite de quoi l'empereur 'dépêcha un envoyé au pays de Tianzhu (l'Inde orientale) qui s'informa des préceptes de l'illuminé'." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 13).

Situés dans l’enceinte de l’ancienne ville portuaire de Lianyun (Est du pays) sur la mer de Chine, ces bas-reliefs s’étalent sur 20 mètres de roche; la frise se compose d’un ensemble de plus d’une centaine de sculptures, gravées entre l’an 58 et 75 de notre ère.

"Ces figures |...] sont identifiables comme représentant l'apôtre Thomas, son diacre interprète, et la Vierge Mère et l'Enfant. Elles partagent le pan rochaux avec une centaine de personnages. [...] Mingdi endormi (première figure importante) [...] face à une silhouette auréolée, est à quelques mètres de Thomas (image dominante à gauche)." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 13).

À l’occasion d’un colloque interdisciplinaire sur l’histoire des premiers siècles de l’Église organisé du 27 au 29 octobre 2021 à proximité du Vatican, intitulé "Enquête sur l’histoire des premiers siècles de l’Église", initié par le Comité pontifical des Sciences historiques en collaboration avec l’Université Catholique de Lyon, le scientifique Shueh-Ying Liao a fait part de ses recherches sur l’origine de la célèbre fresque de Kong Wang Shan. Les bas-reliefs chinois, considérés pendant des siècles comme d’origine bouddhiste [...] pourraient en réalité témoigner de la présence des tout premiers chrétiens en Chine, explique le chercheur de l’université Bordeaux-Montaigne. 

Véritable trésor archéologique, admirablement conservée, la frise sculptée aurait été commandée par le prince Liu Ying, demi-frère de l'empereur Han Mingdi.

Selon Shueh-Ying Liao, "c’est la plus ancienne frise conservée en Chine actuellement», qui "n’a pas son équivalent archéologique ou littéraire» aujourd’hui."

"Une origine bouddhiste 'peu probable'

"Les bas-reliefs de Kong Wang Shan ont fait l’objet d’études successives de la part d’archéologues et chercheurs depuis les années 1980. Si la majorité des chercheurs chinois pense toujours que cette frise signe l'arrivée du bouddhisme en Chine, une autre hypothèse est aujourd’hui avancée. C’est d’ailleurs "le vide laissé par la recherche dans ce domaine", qui a poussé Shueh-Ying Liao à approfondir l’hypothèse d’une origine chrétienne de la célèbre frise.

"Le chercheur Pierre Perrier, dans son ouvrage L'apôtre Thomas et le prince Ying, a été un des premiers à remettre en question l'attribution bouddhiste ou taoïste des bas-reliefs de Kong Wang Shan. La logique des figures gravées dans la pierre, avance-t-il, ne devient compréhensible que lorsque l'on prend en considération le judéo-christianisme et la culture parthe. 

"Pierre Perrier défend depuis la thèse suivante : le thème de la frise est la prédication évangélique initiale de l'apôtre Thomas. Arrivé dans l’Empire impérial par la mer de Chine, depuis le sud de l'Inde, il aurait été accueilli par le Prince Ying. Des propos que corrobore, de son côté, Shueh-Ying Liao." 

SOURCES: 

(1) https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2021-10/frise-bas-relief-chine.html

(2) Shueh-Ying Liao - CNRS https://hal.science/hal-03409683

La représentation d'une Vierge à l'Enfant est "une trace associée à une miséricorde absente du Petit véhicule. [...] Le récit de la Nativité est d'abord une authentique glorification de l'Incarnation de Miséricorde, dont le grand mouvement, selon la terminologie des textes les plus chers aux judéo-chrétiens, culmine à la Croix de la Passion. Or, la Miséricorde, totalement absente du 'Petit véhicule' - appellation péjorative du bouddhisme initial par les tenants du Mahayana - est précisément l'un des points clés qu'introduira (en réaction à la Miséricorde chrétienne ? Ndrl.), à compter au IIe siècle, le 'Grand Véhicule', en la personne du bodhisattva Avalokitesvara, lequel prendra dans le bouddhisme chinois la figure féminine de Guanyin..." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine,  ibid., p. 57), "la Déesse de miséricorde [...] figurée souvent avec un enfant..." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine,  ibid., p. 105.)

Il s'agit de "la plus ancienne représentation iconographique de la Vierge à l'Enfant que nous ayons, et elle est chinoise. Gravée sur la falaise près du port où l'apôtre aborda la Chine." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine,  ibid., p. 147.)

 

Les bas-reliefs de la paroi intègrent une signature judéo-chrétienne. Ils figurent deux formes visibles de croix, l'une en haut du poteau vertical de la grande croix en X qui domine et réunit deux personnages, l'autre une croix en + taillée devant le premier personnage montre sans erreur possible des inscriptions grecques de l'art paléo-chrétien, un signe rho – le R grec – proche par sa forme du P latin, mais le X ( XP sont les deux premières lettres du mot XPistos, Christ) était absent. En fait, ce P, rho grec, il s'agit d'un qof et non d'un rho. Les distinguer est facile, grâce aux deux inflexions portée sur la demi-lune tracée en haut et à droite du trait vertical. Ce qof était une lettre-signe des judéo-chrétiens ; les multiples graffitis du Ier et du IIe siècle en Palestine le montrent. Les judéo-chrétiens l'emploient seule ou avec la barre horizontale, sous la demi-lune et formant croix. La barre fait de qof le serpent d'airain resplendissant au désert, lové sur son pilier et portant salut à ceux qu'ont mordus les reptiles. […] Jésus avait pris cette image de la tentation du peuple hébreu au désert pour montrer à ses disciples comment Lui-même aurait à être élevé aux yeux de tous sur la croix pour apporter le pardon des péchés. 

Les judéo-chrétiens voulaient aussi charger la croix de référence à la Trinité, afin de rappeler que c'était Dieu Lui-même en Son Fils qui avait souffert sur la croix : aussi ajoutaient-ils à l'extrémité des branches de la croix des triangles qui, chacun, rappelaient la présence de la Trinité dans le sacrifice divin. On peut noter que ces triangles des extrémités de la croix, ajustés deux à deux, forment l'étoile à six branches de David. D'autres signes s'y expriment, qui évoquent le tétragramme Yod – He – Vav – He, YHVH, pour Yaveh. Nous sommes ici en pleine symbolique judéo-chrétienne, incompréhensible à un non-hébreu.

La croix aux extrémités dotées de triangle et portant la signature, en haut de pilier vertical, du serpent d'airain brillant, les judéo-chrétiens l'appelaient ''croix glorieuse'' ou ''croix de la Résurrection''. (Pierre PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine,  ibid., p. 77-82).

 

Pierre PERRIER, Xavier WALTER, Thomas fonde l'Église en Chine (65-68 ap. J.-C.), Asie Éditions du Jubilé, Mercuès 2008

"Il est significatif que, si les ouvrages sur l'histoire chinoise évoquent volontiers la première apparition du bouddhisme à la suite du songe de Mingdi, ils s'accordent tous pour ne parler d'apports iconographiques et plastiques qu'à compter de la fin du IIe siècle, au plus tôt, citant plus volontiers les siècles ultérieurs pour les créations significatives, la pénétration s'étant opérée par l'Ouest, c'est-à-dire la Route de la Soie. Cf Jacques GERNET, Le Monde chinois, Armand Colin, 1972; William WATSON, L'Art de l'ancienne Chine, Mazenod, 1979. Mais il y avait des sculptures de personnages à Xi'an et à Lianyungang avant le bouddhisme !" (Pierre PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine,  ibid., p. 89).

 

"Il est clair que les gravures bouddhistes sont bien postérieures, que ce soit les deux gravures gréco-bouddhistes de missionnaires (x61, x87), et surtout le grand bouddha placé le plus haut, donc en retrait mais en position dominante (x68). Elles sont contemporaines des premières représentations analogues datées du début du IVe siècle, quand les Wei du nord adoptent le bouddhisme comme religion officielle." (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine,  ibid., p. 106).

 

La tradition prétend que Thomas rencontra les mages, les premiers adorateurs de Jésus parmi les Gentils, qu'il les instruisit, leur donna le Baptême et les associa à son ministère. Partout, sur son passage, l'Apôtre établissait des chrétientés, ordonnait des prêtres, consacrait des évêques.

 

Parmi les écrits apocryphes que les chrétiens n'ont pas retenus dans les livres saints, on rencontre les Actes de Thomas, une Apocalypse et un Évangile.

 

Les Actes, écrits au début du IIIe siècle en syriaque, à Édesse, portent la trace des croyances manichéennes. Plus tard, les artistes puiseront dans ces récits légendaires et imagés. Selon les Actes de Thomas, devant le refus de l'Apôtre de partir en Inde lorsque les Douze se partagèrent les régions du monde à évangéliser, Jésus le vendit comme esclave à un marchand qui cherchait un architecte pour le roi indien Gondaphorus. Pendant le voyage, Thomas prit part aux noces du fils du roi d'Andropolis. L'échanson le gifla et Thomas prédit alors qu'un chien déchirerait sa main. Ce qui ne manqua pas d'arriver, à la stupeur générale. L'apôtre fut invité à prier pour les nouveaux époux et il les exhorta à la chasteté. Thomas repartit avec le marchand et parvint enfin chez le roi Gondaphorus, qui lui confia la construction d'un palais. Mais Thomas distribuait l'argent aux pauvres, et Gondaphorus apprit que le chantier n'avait pas commencé. Gad, le frère du roi, en mourut alors de chagrin. Mais son âme, au ciel, vit un palais magnifique : c'était celui qu'avait construit Thomas. L'Apôtre ressuscita aussi un jeune homme, libéra une femme très belle de l'emprise du démon et guérit beaucoup de malades.

 

L'Évangile de Thomas, appelé parfois "Pseudo-Thomas", ou "Thomas l'Israélite", a été écrit, sans doute d'abord en syriaque au IIe ou IIIe siècle. Il raconte l'enfance de Jésus, ses miracles extraordinaires pour montrer sa puissance et comment il n'a pas besoin de fréquenter l'école pour disposer de la connaissance. Le récit s'achève au moment où ses parents le retrouvent au Temple avec les docteurs. Cet évangile n'a rien de commun avec le livre gnostique des Paroles cachées que Jésus le Vivant a dites et qu'a transcrites Didyme Jude Thomas, recueil appelé aussi souvent l'Évangile de Thomas écrit en Syrie durant le second siècle, en langue copte.

 

Quant à l'Apocalypse de Thomas, elle évoque la détresse du monde à l'approche de la fin des temps et décrit les signes qui précéderont durant sept jours l'événement ultime. Cet écrit est difficile à dater: on le situe généralement entre le IVe et le IXe siècle.

 

Quand au XVIe siècle, les Européens s'emparèrent des Indes orientales, ils trouvèrent dans les traditions des peuples de ce vaste pays des souvenirs chrétiens, et en particulier celui de saint Thomas.

Un miracle de l'Apôtre, traînant avec un faible lien une poutre énorme que les éléphants n'avaient pu remuer, fut l'occasion d'innombrables conversions.

 

Cependant les prêtres des faux dieux, jaloux de tant de succès, jurèrent la mort de l'Apôtre: il a été percé d'une lance par derrière alors qu'il priait dans une grotte devant une Croix, le 3 juillet de l'an 72 à Meliapouram, sur la côte méridionale est de l'Inde (aujourd'hui Madras). 

 

Près de Saint-Thomas de Mailapur à proximité de Madras, on peut voir une croix avec une inscription du VIIe siècle en ancien persan qui marquerait le lieu du martyre de Thomas.


Évangélisateur des Indes, c’est pour avoir construit un palais pour un roi que Thomas, patron des architectes, des maçons et des tailleurs de pierre, est représenté avec une équerre. Il est parfois également représenté avec la lance qui fut l’instrument de sa mise à mort.

 

Son tombeau ravagé par les musulmans, restauré par les Portugais, gardait encore quand on l'a ouvert au XXe siècle, des restes de ses os et le fer de la lance qui l'avait frappé, ainsi que des monnaies du règne de Néron. (P. PERRIER, Thomas fonde l'Église en Chine, ibid., p. 146.)

Au XVIe siècle, Jean III, roi de Portugal, fit chercher le corps de saint Thomas dans une chapelle ruinée qui était sur son tombeau, hors des murs de Méliapour (Inde). On creusa la terre en 1523 et on découvrit une voûte construite en forme de chapelle. On y trouva les ossements du saint apôtre, avec une partie de la lance qui avait servi à son martyre, et une fiole teinte de son sang. On les renferma dans un vase richement orné. Les Portugais bâtirent auprès de cet endroit la nouvelle ville qu'ils appelèrent Saint-Thomas ou San-Thomé.

 

L'incrédule entre les incrédules porta la Croix jusqu'au point du monde le plus éloigné du tombeau vide de Jérusalem. Tandis que S. Jacques allait jusqu'en Espagne à l'extrémité occidentale de l'Empire romain, il atteignait l'extrémité des terres orientales.

 

L'incrédulité de S. Thomas, Le Guerchin, 1621

L'incrédulité de S. Thomas, Le Guerchin, 1621

Sources générales : (1); (2); (3); (4) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 358 ; (5) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, 176 ; (6) Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, pp. 1135-1136.

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<br /> Bonjour à tous,<br /> <br /> <br /> Grands compliments pour votre blog, on y trouve des informations, des propos, des approches des hommes, des faits et des événements d'une grande qualité, de finesses, de sagesse et de<br /> prudence tout à fait bienvenus.<br /> <br /> <br /> Au sujet de saint Thomas, je voulais signaler que, de très bonnes sources, on lui attribue la rédaction d'un évangile apocryphe peu connu: L'Évangile selon Thomas, c'est d'ailleurs le titre d'un<br /> livre de 24 pages d'introduction, plus 354 pages, paru en décembre 1974 (ou début 1975) aux Éditions MÉTANOÏA (aujourd'hui sans doute disparues ou fondues dans d'autres éditions),<br /> dont j'ai très bien connu le fondateur, directeur et auteur de ce livre, Émile Gillabert (1914-1995), un homme d'une grande probité, pas assez connu, auquel, on peut le souhaiter, l'on<br /> rendra hommage plus tard. Selon l'Introduction de cet ouvrage reproduisant cet Évangile directement traduit du copte (langue égyptienne, ici copte sahidique) en français, L'Évangile selon<br /> Thomas fut découvert en 1945 en Haute-Égypte près de la localité de Nag- Hammadi. Des paysans exhumèrent fortuitement d'une galerie rocheuse servant de cimetière, une jarre qui contenait 12<br /> manuscrits reliés en cuir, écrits en langue copte sur papyrus et remontant au IIIème ou IVème siècle de notre ère. Il commence ainsi: Voici les paroles cachées que Jésus-le-Vivant a dites et<br /> qu'a transcrites Didymes Judas-Thomas.<br /> <br /> <br /> Il contient 114 logia (97 pages du livre), ou Paroles de Jésus, dans une forme littéraire qui en révèle dès l'abord son caractère archaïque. En effet, contrairement aux Évangiles traditionnels<br /> qui veulent donner une vue globale de l'activité messianique de Jésus, l'Évangile selon Thomas nous livre les Paroles de Jésus sans aucun commentaire. Toutes les logias sont exactement<br /> reproduites, selon les documents originaux trouvés à Nag-Hammadi en pages de gauche, et le texte français se trouve en pages de droite. Tandis que: Synopse, Commentaires et Notes,<br /> Lexique et Précis grammatical, Notes de traduction, Bibliographie, occupent les 251 pages suivantes. C'est là un travail absolument remarquable et magistral de Philippe de Suarez qui a<br /> consacré plusieurs années à l'étude de manuscrit égyptien. Philippe de Suarez est l'un des rares spécialistes du dialecte dans lequel cet évangile est écrit, le copte sahidique. Les travaux<br /> d'Émile Gillabert et de Philippe de Suarez sont d'une valeur inappréciable.<br /> <br /> <br /> Je vous confie ces données à vous, car connaissant à peu près votre blog, je crois que vous méritez la confiance. Car cet Évangile apocryphe, d'un intérêt exceptionnel, et à peu près intact<br /> lors de sa découverte, ainsi que la justesse à peu près certaine de sa datation, et la qualité hors série des travaux de Philippe Suarez, pourraient être utilisés être "mal utilisés"<br /> par certains qui chercheraient, une fois de plus, à nuire à l'Église Catholique et semer la confusion qu'ils recherchent... Car cet évangile est dit: évangile gnostique. Or le terme<br /> gnostique comporte plusieurs significations portant à la confusion. Certains milieux seraient capables d'utililser cet évangile dit gnostique pour jusfifier la pensée gnostique, la<br /> gnose combattue historiquement et à juste titre par l'Église. Une précision, cet Évangile selon Thomas ne comporte que les Paroles de Jésus ici transcrites. Il n'y est pas question de la<br /> Passion de Jésus Christ. D'ailleurs, et c'est seulement mon avis personnel, la "substance" de cet évangile, si l'on en saisit un minimum de sens, n'est centré - que - sur la Parole Vivante<br /> et Éternelle de Jésus-Christ. Il serait dommage que, dans cet évangile, l'absence de récit de la Passion de Jésus-Christ fasse délaisser stupidement l'intérêt énorme, et à plus d'un<br /> titre, de cet Évangile selon Thomas. La Passion de Jésus-Christ, Sa mort et Sa Résurrection comporte le Sens d'une réalité exemplaire prouvant pour tous les<br /> hommes Son immortalité, tandis que l'Évangile selon Thomas apporte particulièremement l'essence spirituelle si l'on peut dire de Jésus-Christ Vivant à jamais. <br /> <br /> <br /> Votre dévoué<br /> <br /> <br /> Renaud<br /> <br /> <br />  <br />
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