Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Christ Roi

  • : Christ Roi
  • : Blog d'informations royaliste, légitimiste, pour une France libre, indépendante et souveraine
  • Contact

Horloge

16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 15:17

Xavier Moreau sur Realpolitik.tv épingle "les inepties de la presse française" sur la Russie et notamment les arguments d'une "stupidité de Montesquieu" d'un Nicolas Baverez qui dans un article de l'hebdo "Le Point", publié ce jour, intitulé "Parier sur la Russie au-delà du despotisme" caricature une "Russie victime de préjugés", soumise au "pouvoir personnel" et au "culte de la personnalité" de son président Vladimir Poutine.

Dans une belle inversion accusatoire, Nicolas Baverez "transfère ici ses craintes atlantistes sur la Russie". Dans un miroir, on verrait qu'en évoquant un "peuple" (russe) "composé d'esclaves" et d'"autres esclaves ecclésiastiques" "seigneurs de ces esclaves", il parle en fait du peuple américain soumis à un certain Lobby qui n'existe pas.

Relevons en outre que dans une coïncidence curieuse (ou logique ?...), l'accusation "libérale" atantiste d'un "peuple" (russe) "composé d'esclaves" rejoint celle du gauchiste trotskiste franc-maçon Jean-Luc Mélenchon, le 2 novembre 2013, au sujet des Bonnets rouges qualifiés de "nigauds" et d''"esclaves" qui "manifesteront pour les droits de leurs maîtres"  et de "naïfs enrôlés de force".

Une réponse devait être faite.

Ci-dessous l'article de Nicolas Baverez, puis la réponse de Xavier Moreau.


 

L'éditorial

de Nicolas Baverez

 

Parier sur la Russie au-delà du despotisme

 

Par NICOLAS BAVEREZ

 

La démesure des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi, dont le coût s'élève à 51 milliards de dollars, symbolise le pouvoir personnel et le culte de la puissance qui sont au coeur de la Russie de Vladimir Poutine. Elle semble confirmer le jugement de Montesquieu, qui écrivait dans De l'esprit des lois : "La Moscovie voudrait descendre de son despotisme et ne le peut pas... Le commerce même contredit ses lois. Le peuple n'est composé que d'esclaves attachés aux terres, et d'autres esclaves qu'on appelle ecclésiastiques ou gentilshommes, parce qu'ils sont les seigneurs de ces esclaves. Il ne reste donc guère personne pour le tiers-état, qui doit former les ouvriers et les marchands."

 

Le paradoxe de Vladimir Poutine consiste à avoir lié la restauration de l'État à une politique économique orientée vers les Russes et vers l'émergence d'une classe moyenne. La Russie de Poutine est plus que jamais un aigle à deux têtes. D'un premier côté, la verticale du pouvoir fondée sur l'alliance des structures de force et des oligarques qui contrôlent le secteur des hydrocarbures et des matières premières. Du même côté, l'exacerbation des passions nationales et religieuses avec la fusion de l'État et de l'orthodoxie : elle se traduit par une intransigeance absolue sur la domination de l'espace russe, étendu à la Biélorussie et à l'Ukraine, et par une crainte obsessionnelle du déclassement face aux États-Unis et à la Chine. De l'autre, dans les années 2000, une croissance de 7 % par an tirée par la redistribution de la rente pétrolière, qui a permis une hausse des salaires de 15 % par an ainsi que le retour au versement régulier des pensions de retraite.

 

Le modèle russe a considérablement évolué dans les années 2000. D'abord, Vladimir Poutine, au moment même où il agissait de plus en plus en tsar avec la manipulation de l'élection présidentielle de 2012, a été déstabilisé par la nouvelle classe moyenne urbaine qu'il a contribué à créer et qui s'est soulevée contre le pouvoir personnel, la corruption et l'absence d'État de droit. Ensuite, la croissance a chuté pour revenir à 1,4 % en 2013 sur fond de blocage de l'investissement et de fuites massives de capitaux (70 milliards de dollars par an). À l'inverse, depuis 2012, la diplomatie russe a engrangé les succès : appui de Bachar al-Assad au nom des risques avérés de prise de contrôle de l'opposition par les djihadistes, puis initiative du compromis sur la destruction des armes chimiques détenues par le régime de Damas ; soutien actif de l'accord de Genève du 24 novembre 2013 entre les États-Unis et l'Iran ; asile accordé à Edward Snowden ; renflouement de l'Ukraine à hauteur de 15 milliards de dollars en contrepartie d'un accord commercial qui garantit l'un des rares débouchés pour les exportations russes. Le tout couronné par la double libération de Mikhaïl Khodorkovski dans le plus pur style de la guerre froide, puis des Pussy Riot, en guise de prologue à la cérémonie d'ouverture des Jeux de Sotchi.

 

La Russie de 2014 se révèle très différente de son image. L'autocratie et la politique de puissance sont en réalité fragilisées. La démographie reste sinistrée : la population russe va s'effondrer de 140 à 107 millions d'habitants d'ici à 2050, tandis que la Sibérie est majoritairement peuplée de Chinois. L'économie demeure dépendante de la rente des hydrocarbures, qui génère 60 % des recettes budgétaires mais se trouve menacée par le pétrole et les gaz non conventionnels. L'entrée à l'OMC en 2012 est prise à contrepied par les dysfonctionnements du marché et de la justice, la multiplication des mesures protectionnistes, la chute du rouble. La hausse des budgets de la défense et de la police ne parvient pas à restaurer la sécurité et à éradiquer le terrorisme dans le Caucase, comme le rappellent les attentats de Volgograd. Enfin, Vladimir Poutine, brouillé avec Medvedev, est de plus en plus isolé face à la classe moyenne, qui n'a plus peur de manifester, mais aussi au sein de l'appareil d'État ou du groupe des oligarques.

 

Dans le même temps, la société russe s'émancipe. La Russie compte 66 millions d'internautes et 92 millions de téléphones mobiles ; elle voit apparaître des réseaux sociaux, à l'image de Vkontakte, et développe une industrie des start-up et du capital-risque. La classe moyenne, forte de 90 millions d'habitants, n'entend ni sacrifier ses aspirations à une politique de grandeur ni désarmer pour obtenir la réduction des inégalités, le renforcement de l'État de droit et une lutte active contre la corruption, notamment dans la police. Une nouvelle génération de dirigeants apparaît, nationaliste et religieuse, mais nullement hostile à l'Occident, où elle a souvent été formée.

 

La Russie reste victime de préjugés, qui l'analysent au seul prisme de son passé soviétique ou des excès du culte de la personnalité de Vladimir Poutine. La France et l'Europe n'ont aucune raison de se montrer complaisantes face à lui ; mais elles doivent avoir une politique russe. À l'image de l'Allemagne, qui mêle la franchise qui lui a permis de jouer un rôle décisif dans la libération de Mikhaïl Khodorkovski et les accords autour du gaz russe, vital pour la transition énergétique.

 

La Russie est un partenaire majeur pour la France et pour l'Europe. Comme au début du XXe siècle, elle est un grand émergent, fournisseur d'énergie et de matières premières, mais aussi marché pour les biens de consommation et les technologies. D'un point de vue stratégique, elle occupe une position clé pour la stabilisation du continent comme pour la lutte contre le terrorisme, ainsi que le reconnaissent les États-Unis. Voilà pourquoi l'Europe devrait ouvrir des négociations pour la création d'un grand marché de l'Atlantique au Pacifique, qui représente également la solution logique à la crise ukrainienne. Voilà pourquoi la France doit relancer un partenariat avec la Russie qui donnera du poids à ses prises de position sur les droits de l'homme. La France dispose d'excellents atouts pour répondre aux besoins de la Russie en matière d'infrastructures, de modernisation des villes, de protection de l'environnement, de technologies. Le meilleur antidote à l'autocratie demeure le progrès. À terme, la société russe liquidera le poutinisme comme la Russie a liquidé le communisme.

 

Source : http://www.lepoint.fr/editos-du-point/nicolas-baverez/parier-sur-la-russie-au-dela-du-despotisme-16-01-2014-1780758_73.php

 

 

La réponse de Xavier Moreau :

 

Pauvre Nicolas Baverez. Par Xavier Moreau

 

 

Publié par Xavier Moreau le 16 janvier 2014 dans Éditoriaux

 

Pauvre Nicolas, par Xavier Moreau

 

L’éditorial de Nicolas Baverez dans le Point vient de démontrer deux faits importants. D’une part, que l’on peut être énarque, docteur en Histoire et être un parfait ignorant ; d’autre part, que concernant le journalisme, on a trop tendance à surestimer la malice et à sous-estimer la bêtise et la paresse.

 

 

Tâchons donc de faire l’inventaire de ces âneries. Pour paralyser les défenses de son lecteur, l’auteur commence par asséner une stupidité de Montesquieu sur la Russie. Le philosophe, comme certainement Baverez, n’y a d’ailleurs jamais mis les pieds. Quitte à citer Montesquieu sur les Russes, le journaliste aurait pu ajouter que ces derniers « ne sont pas incommodés de l’usage de l’eau de vie » à cause de leur « sang fort épais » et que « les femmes moscovites aiment à être battues ». Mais trêve de lieux communs.

La liste des idioties de Nicolas Baverez est exceptionnelle, car elle est parvenue à nous surprendre, malgré nos 15 années à lire les inepties de la presse française. Mais voyons plutôt.


- Ânerie n°1. « La verticale du pouvoir est fondée sur l’alliance des structures de forces et des oligarques qui contrôlent le secteur des hydrocarbures et des matières premières. » C’est exactement l’inverse qui s’est produit, la première condition de la verticalité du pouvoir fut la soumission des oligarques et la reprise du contrôle des industries de matière première.


- Ânerie n°2. « La fusion de l’État et de l’orthodoxie. » Où diable Baverez est-il allé chercher une stupidité pareille ?


- Ânerie n°3. « La crainte obsessionnelle du déclassement face aux États-Unis et à la Chine ». Le pauvre Nicolas transfère ici ses craintes atlantistes sur la Russie qui n’a cure d’entrer en compétition avec les États-Unis alors qu’elle n’a qu’à suivre tranquillement l’effondrement politique, économique et militaire de l’ex-puissance mondiale. Quant à la Chine, c’est désormais le premier partenaire de la Russie.


- Ânerie n°4. « La manipulation de l’élection présidentielle de 2012 » et Poutine « déstabilisé par la nouvelle classe moyenne ». Le pauvre Nicolas ignore vraisemblablement que PERSONNE n’a remis en cause l’élection présidentielle de 2012. En outre si 1 millions de Français dans la rue n’ont pas déstabilisé la présidence française, comment quelques dizaines de milliers de privilégiés défilant à Moscou auraient pu déstabiliser le Kremlin ? La classe moyenne si chère à notre pauvre Nicolas est derrière Poutine et constitue son principal soutien contre la « high class » et ses défilés insignifiants.


- Ânerie n°5. La fameuse « fuite des capitaux ». Notre Nicolas mélange ici fuite et sortie de capitaux, c’est sans doute de l’incompétence mais c’est aussi de la paresse, car il aurait évité cette ânerie en lisant simplement l’article d’Hélène Clément sur ce mythe atlantiste.


- Ânerie n°6. L’Ukraine « un des rares débouchés pour les exportations russes ». Mais non Nicolas ! C’est exactement l’inverse, c’est la Russie qui est un des principaux débouchés pour l’Ukraine, et c’est là l’enjeu de la crise actuelle. Les principaux débouchés de la Russie sont l’Union européenne, la Chine, l’Inde… ce qui n’est pas négligeable comme clientèle.


- Ânerie n°7. « La population russe va s’effondrer de 140 à 107 millions d’habitants d’ici à 2050, tandis que la Sibérie est majoritairement peuplée de Chinois. » Encore une fois, non Nicolas ! C’est exactement l’inverse, la population russe augmente depuis 2010 et bénéficie désormais d’un solde naturelle positif. Elle est à 143,6 millions et pourrait croître jusqu’à 150 millions en 2030. [NdCR. Lire aussi : « Démographie russe : Première augmentation naturelle de la population russe depuis 1991 »] Quant aux Chinois majoritaires en Sibérie… Où diable, Nicolas est-il allé chercher une invention pareille ?


 

Economie - gauche et droite : une opposition factice pour des résultats identiques

- Ânerie n°8. Ou plutôt lieu commun. S’il est vrai que la Russie dépend encore des hydrocarbures, c’est bien moins grave que de dépendre de la dette comme la quasi-totalité des économies occidentales.


- Ânerie n°9. L’augmentation du budget de la défense ne vise pas à éradiquer le terrorisme dans le Caucase mais à moderniser l’armée russe. Malgré l’instabilité endémique dans cette région, la Russie maîtrise son territoire, rien de comparable donc avec les années 90.


- Ânerie n°10. « Une nouvelle génération de dirigeants apparaît, nationaliste et religieuse, mais nullement hostile à l’Occident, où elle a été formée ». Du même acabit que les Chinois de Sibérie et du mythe de la classe moyenne hostile à Poutine… Où diable, Nicolas est-il allé chercher des inventions pareilles ?


- Ânerie n°11. Non Nicolas ! l’Allemagne est aussi conciliante que la France, vis-à-vis de la Russie. Exception faite de la lutte pour le contrôle de l’Ukraine, mais c’est de la politique, pas de la morale.


Cette énumération laborieuse de contre-vérités prend son sens à la lecture de la conclusion de l’éditorial. Comme souvent chez les fanatiques, Baverez est condamné à tordre la réalité pour l’adapter à son idéologie. Le rêve de notre pauvre Nicolas ne se réalisera d’ailleurs jamais, car tous les faits sur lesquels il construit son modèle sont faux. Ce sont les sociétés européennes qui vont liquider le modèle occidental et l’Union Européenne, comme la société russe a liquidé l’Union Soviétique.

Xavier Moreau


Source: http://www.realpolitik.tv/2014/01/pauvre-nicolas-baverez-par-xavier-moreau/

 

 

. La solution à la russe pour tous !

. Oligarques: pas de confiscation des biens mal acquis ! (Poutine)

. Brève histoire de l'oligarchie en Russie, Par Xavier Moreau (12 novembre 2010)

 

Partager cet article
Repost0

commentaires