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Christ Roi

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Horloge

26 février 2015 4 26 /02 /février /2015 09:13

Un Conseil des ministres « particulier ». On pourrait dire historique. Nous assistons en direct à la mise à mort de la loi de 1905, sans le dire.

 

Dans les faits, les mesures annoncées par le gouvernement - et dont on n'a pas fini d'entendre parler -, dans le cadre de la « réforme de l'islam de France » aboutissent à une remise en question de la loi de 1905, sur la laïcité, concernant la « séparation des Eglises et de l'Etat », et notamment la disposition stipulant (article 2) « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » Il s'agissait en 1905 de mettre fin à la rémunération du Clergé et le financement du culte catholique. Aujourd'hui, marche arrière toute, il est question, selon les propres mots de Manuel Valls, de « financements pour construire des mosquées ». Mais qui dit financement des mosquées dira aussi financement des églises et cathédrales, à égalité. Et financement des autres édifices pour les bouddhistes, les hindouïstes, les shintoïstes, et tous les autres cultes possibles et inimaginables, au nom de l'égalité. Cela va immanquablement devenir compliqué et intenable pour le gouvernement Leviathan de financer des édifices des cultes du monde entier.

 

« Les attentats ont précipité le mouvement », nous dit-on ce matin sur la radio RMC.

 

Ces attentats mettent à mal en effet la narrative républicaine du Vivre ensemble.

 

« Le gouvernement vient de lancer la réforme de l'islam de France. [...] Officiellement, pas de reprise en main. On n'est pas là pour dire qui sont les gentils musulmans, nous précise-t-on au ministère de l'intérieur », selon RMC (à partir de 36:25 dans le podcast de l'émission).

 

A la question - juste et pertinente - du journaliste (et pour laquelle j'ai consacré hier un article sur l'Etat Leviathan « Religion de la république »™ ou l'absorption de l'islam par le politique ) : « Enfin il y a tout de même une volonté affichée de fixer de nouveaux cadres. Est-ce que ce c'est à l'Etat français de faire cela ? », nous avons eu deux réponses, ce matin sur RMC. La première réponse est venue de Mohammed Chirani, imam des prisons, auteur de « Réconciliation française: notre défi du Vivre ensemble » (2014), et la seconde du Premier ministre Manuel Valls, en concordance, sur cette même radio quelques minutes plus tard :

 

« Normalement dans un monde idéal, c'était aux responsables du CFCM de prendre les devants, d'agir, de réformer. Mais ils en ont été incapables en raison de guerres politico-politiciennes à l'intérieur du CFCM, en raison aussi de l'"islam des consulats", c'est-à-dire dirigé par des pays étrangers, ... et aussi en raison d'une certaine déconnection entre ce que l'on appelle la première vague d'immigration, les darons, les parents, les chibani, qui, eux, aujourd'hui représentent l'islam de France, et une jeunesse avec laquelle ils n'arrivent plus à parler, ou discuter, ou ils ne trouvent plus les mots. Et donc, ayant perdu la prise sur cette jeunesse-là, c'est sur ce vide, idéologique, qu'avance le salafisme radical et djihadiste », a déclaré ce matin sur RMC, Mohammed Chirani.

 

- « L'Etat reprend en main le dialogue, ce sont peut-être les imams qui peuvent le rétablir, sur le terrain. Ce sont eux qui sont au plus près des croyants. L'idée de Bernard Cazeneuve, c'est de réformer la formation. En réalité, le gouvernement veut inciter - ce sera facultatif - les imams à suivre des formations, un diplôme universitaire, formation civique et civile. Il y a six universités qui proposent déjà des cours. L'idée serait de doubler ce chiffre. Arriver à douze d'ici septembre prochain. [...] C'est facultatif, ce n'est pas religieux. Est-ce que c'est utile, ou n'est-ce pas un peu de la poudre aux yeux », a demandé le journaliste. 

 

- M.C. : «Biensûr que c'est utile. [...] Les radicaux, ou cette secte hérétique, aujourd'hui, qui se propage ou avance comme un rouleau compresseur, - les néo-salafistes (c'est-à-dire une idéologie importée qui quand elle vient, exportée à l'étranger, est porteuse de germes de radicalisation et de violence. En Arabie Saoudite, c'est l'environnement naturel, c'est conservateur, mais ce n'est pas exportable en France -. Cela veut dire, qu'exporté à l'extérieur, c'est juste pas possible parce que c'est ultra-conservateur et même porteur de germes de radicalisations et de violence. Ils (les néo-salafistes) ont certains arguments. Ils se basent sur certains versets du coran, sur ses hâdiths, dits du Prophète. Il faut des formations qu'il faut faire à notre niveau, nous musulmans, de démanteler leurs argumentaires théologiques. Il faut couper l'herbe sous le pied de ces intégristes. Je vous donne un exemple. Le ministre de la justice a décidé, dans les prisons, d'isoler les idéologues radicaux. Les prisionniers qui se sont autoproclamés imams, on les bloque. Alors que cela, c'est une mauvaise solution parce qu'ils vont apparaître aux yeux des autres prisonniers comme des héros, des martyrs: regardez ils ont raison, c'est pour ça qu'on les cache. Ces prisonniers, ces idéologues, n'ont pas d'argumentaires. Il faut démanteler leurs argumentaire idéologique, [...] théologique. » indique Mohammed Chirani.

 

- « Faut-il plus insérer l'islam dans la république aujourd'hui ? », demande le journaliste.

 

- M.C. : «Mais biensûr », répond Mohammed Chirani.

 

- « Alors ces formations serviront-elles à cela, seront-elles utiles à cela ? »

 

- « Alors il y a les formations sur laïcité. Sans laïcité, il n'y a pas de liberté de culte. Cela il faut l'expliquer. La laïcité est protectrice des religions; c'est toute une notion à apprendre. [...] Il y a plein de réformes à aborder. La guerre, elle est aussi idéologique. Quand on a le ministère de l'intérieur qui dit on bloque les videos youtube, on bloque les sites internet, cela veut dire que nous abdiquons face à des argumentaires primaires, cela veut dire que l'on n'a pas assez d'arguments, et de valeurs pour pouvoir contrer ce pseudo djihad, perverti de haine. Parce que face à cette perversion, il faut brandir un djihad citoyen, du Vivre ensemble et de la fraternité. C'est sur le terrain idéologique qu'il faut mener ce combat.

[...] Moi, quand je vais dans les mosquées que je ne connais pas, au bout de deux-trois minutes, je sais de quelle tendance est l'imam. Et des fois, quand c'est un néo-salafiste, au bout de deux minutes, par son langage, par sa façon de parler, par les versets ou hâdiths, dits du Prophète, qu'il choisit, je comprends directement qu'il est un radical salafiste. Et quand je regarde autour de moi et que je vois des jeunes, je me dis ho mon Dieu, de futurs radicalisés avec de mauvaises compréhensions de l'islam », explique M. Chirani.

 

- « Et face à ces imams-là on fait quoi ? » [1]

 

- « Face à ces imams-là, il faut les combattre idéologiquement. C'est vrai que le mieux, ce serait aussi de fermer ces lieux de culte quand on sait, que c'est avéré, que c'est des néo-salafistes. » termine M. Chirani.

 

Si ils ferment une mosquée pour enseignements déviants, ils pourront aussi fermer la liberté religieuse, la liberté de culte et la liberté de conscience. Autant fermer tout de suite la république « française » et revenir à une société accordant à la religion toute sa place dans la sphère publique et non plus l'enfermer dans la « sphère privée », comme c'est encore - théoriquement - le cas aujourd'hui.

 

Or, la pratique d'une laïcité visant à enfermer la religion dans la sphère privée, rappelons-le, n'est pas de laïcité, c'est du laïcisme. La laïcité étant la distinction des deux pouvoirs temporel et spirituel, avec une vie autonome propre, sans ingérence du temporel dans les affaires religieuses ni ingérence du spirituel dans les affaires laïques temporelles. De même, comme a pu l'expliqué l'historienne Marion Sigaut, la pratique des rapports de la religion catholique et de l'état de 1801 à 1905 (régime concordataire) n'était pas de la laïcité puisque le clergé était soumis à l'état et était financé par l'état :

 

« On n'a pas séparé l'Eglise de l'Etat à la Révolution française : on a soumis l'Eglise à l'Etat... Avant la Révolution l'Eglise était autonome. Par le biais de la dîme qu'elle percevait et dont elle restituait les bénéfices en terme de tous les services qu'elle rendait à la population, elle était indépendante de l'Etat. À la Révolution française on a fait la Constitution civile du Clergé : on a soumis l'Eglise à l'Etat. Donc on n'a pas séparé les pouvoirs (temporel et spirituel), on a lié les pouvoirs à la Révolution, on a fait l'inverse.

 

[...] Comme il y a eu la guerre civile (la Guerre de Vendée, il y a eu des soulèvements partout) Napoléon a dit on va arrêté le truc (la déchristianisation forcenée, le calendrier révolutionnaire, le decadi, le génocide en Vendée) on va faire un Concordat, c'est-à-dire qu'il est allé chercher le pape, on lui a mis un fusil sur la tempe et on lui a dit vous allez signer là. On ne vous rendra pas tout ce qu'on vous a volé, mais en échange on vous laisse l'éducation. Et pour le reste, toute l'Eglise est soumise à l'Etat : le choix des prélats, la rémunération des prêtres, c'est l'Etat qui s'en charge. Ce n'était pas comme ça avant ! Donc avant la Révolution française il y a séparation de l'Eglise et de l'Etat et après la Révolution française il y a soumission de l'Eglise à l'Etat ! Et en 1905 on arrive et on dit 'on va venir à bout de siècles et de siècles de domination de l'Eglise' ! Mais de rien du tout... D'un siècle de Concordat obtenu par la violence... Il faut le dire. »

 

Marion Sigaut, Video sur le 18e siècle, On nous cache tout, mars 2013

 

Paradoxalement, sur ce point du non financement de la religion, 1905 est bien une oeuvre de « laïcité », dans ce sens où l'état a laissé plus ou moins à la religion le soin de s'organiser et de se financer par ses propres moyens. [2]

Or, c'est cette pratique-là qui, virtuellement, avec cette « réforme de l'islam de France », fera retourner le pays à une pratique d'avant 1905, de concordat et donc de subordination de la religion à l'état Leviathan. Tout serait finalement plus simple si on revenait à l'édit de Milan de Constantin, dont on a fêté en 2013 le 17e centenaire, qui accordait à tous les croyants la liberté de culte, réelle, sans intervention aucune de l'état. Ce qui n'empêcherait pas non plus de reconnaître à l'église catholique qui a façonné nos moeurs et notre histoire - ce qu'on fâcheusement tendance à nier les négationnistes du fait religieux -, d'avoir une place privilégiée.

 

Manuel Valls, était invité ce matin sur RMC. « Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a lancé hier les pistes pour lancer un islam, je cite, "compatible avec la république",» a expliqué la journaliste, ce matin sur RMC. [3]

 

« Est-ce que c'est à l'état de trier entre les bons musulmans et les mauvais musulmans? » , a demandé à Manuel Valls Apolline de Malherbe.

 

« C'est à l'état d'assumer ses responsabilités. Le président de la république, à l'occasion de sa dernière conférence de presse, moi-même dans mon discours du 13 janvier à l'Assemblée nationale, nous l'avions dit. Nous ne pouvons pas laissé les musulmans de France qui, dans leur immense majorité, vivent tranquillement et de manière apaisée leur culte, leur religion, dans la situation qu'ils connaissent. Donc, c'est à l'état de prendre ses responsabilités. [Il y a bien ici une volonté du temporel de s'immiscer dans les affaires doctrinales internes à une religion, en l'occurence la religion musulmane. NDLR.]

 

- « Y compris en faisant cette espèce de tri qui paraît pas forcément des responsabilités laïques de l'état ? », s'est interrogée justement la journaliste.

 

- M. Valls: « Mais que demande les imams de France ? Ils demandent tout simplement que l'on forme des imams, que l'on forme des aumôniers, qui parlent français, qui soient français, qui ne viennent pas de l'étranger, qui demandent des financements pour construire des mosquées, qui soient transparents et ne viennent pas de l'étranger.

C'est cela que demande les français de confession ou de culture musulmane.

Mais c'est cela au fond que demande l'ensemble de nos compatriotes. [Ah bon, les Franças ont été consultés sur ce sujet du financement public des mosquées ? Où, quand ? NDLR]

[...] Et nous allons en effet, pour cela, instaurer une instance de dialogue où il y aura non seulement le culte français musulman mais il y aura aussi des intellectuels, des chercheurs, qui permettent, au fond, aux musulmans de France de faire leur propre exament de conscience, et de les aider, eux-mêmes, à faire le tri par rapport à ceux qui prônent un islam radical aux antipodes non seulement des valeurs de la république, mais de ce qu'est aussi profondément l'islam de France.

C'est un défi considérable. Et c'est vrai qu'hier, cétait un Conseil des ministres particulier. Car il est rare dans un Conseil des ministres de la république on parle d'une religion. Mais laisser les musulmans dans cette situation n'aurait pas été responsable. », a répondu Manuel Valls.

 

Ne doutons pas une seconde que ce « défi considérable » a été longuement et mûrement débattu en loges, avant d'être présenté au public... Mais ne doutons pas non plus une seconde que ces bâtisseurs de ruines échoueront lamentablement dans la construction, incohérente et intenable d'une maison où la pierre d'angle a été ôtée... et en dehors de laquelle tout s'écroule.

 

Notes

 

[1] http://direct-radio.fr/popup_podcast?nid=2699

[2] Après 1905, il reste que le Clergé est soumis à l'impôt, la nomination des évêques est soumise à l'approbation du gouvernement qui intervient donc dans le choix des pasteurs, en ce qui touche leur profil politique et non spirituel, nous dit-on.

Depuis 1921 le Vatican consulte le gouvernement français sur les nominations d'évêques. (Sébastien Gué « La France et ses relations avec le Saint-Siège, 1958-1969 », Relations internationales 2/2005, n° 122, p. 33-46). Le nonce apostolique à Paris soumet donc les nominations d'évêques de plein droit, et d'évêques coadjuteurs au ministère des affaires étrangères. Les objections du gouvernement ne peuvent avoir qu'un caractère politique et non religieux.

Fonctionnaire rémunéré par l'État en tant qu'« aumônier en chef du culte catholique placé auprès du chef d'état-major des armées » (Arrêté de nomination de Mgr Luc Ravel, 10 novembre 2009), l'évêque aux armées est « nommé par le Saint-Siège en accord avec le gouvernement français » (Statuts canoniques du diocèse aux armées françaises).

Les évêques d'Alsace-Moselle sont nommés par le gouvernement en vertu du régime concordataire français.

[3] Podcast Bourdin RMC : 26/02 - L'invité de Bourdin Direct : Manuel Valls http://direct-radio.fr/popup_podcast?nid=2699

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