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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 14:22
Le libéralisme, ça s'empêche !

L'écrivain Gaspard Koenig, ex-employé de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), agrégé de philosophie, président du think-thank "Génération libre", nous est présenté comme "l'homme le plus libéral de France", alors qu'il n'est qu'un étatiste qui nous refourgue la vieille camelote jacobine sous le nom de "libéralisme". Il est partisan du fameux "revenu universel" qui avait été imaginé par Milton Friedman, afin que les individus ne soient pas inquiets de leur survie, dont certains disent qu'il entraînera au contraire des réductions de salaires voulues par le patronat et un accroissement mécanique de l'étatisme fiscal.

Dans son nouvel essai, "Le révolutionnaire, l'expert et le geek" (éd. Plon), G. Koenig prône une nouvelle philosophie politique fondée sur l'"autonomie individuelle". Or cette "nouvelle philosophie politique" n'est pas nouvelle, elle est même ancienne, c'est celle de la Révolution française et des francs-maçons du "Grand Orient de France" version Vincent Peillon. Gaspard Koenig est donc un conservateur, le conservateur de la société atomisée et détruite issue de 1789.

Invité de "France 24" en avril 2015, il a expliqué quelques aspects de son "libéralisme" et de cette "autonomie de l'individu" qui avait été réalisée par les "libéraux" de 1789. C'est-à-dire un individu coupé de ses racines naturelles comme le sexe (théorie du genre qui rejoint ici le projet "libéral"), la famille, le village, le métier, un individu hors-sol, qui est aussi l'individu désiré par le franc-maçon Vincent Peillon qui avait demandé d'"arracher les enfants à tous les déterminismes familiaux, ethnique, social, intellectuel." [1]. Bref, un individu tel que désiré par la Commission de Bruxelles et les multinationales...

Gaspard Koenig commence par accuser le gouvernement de Vichy d'avoir réalisé "une énorme rupture dans la tradition libérale française". Vichy qui "a complétement changé nos manières de penser l'Etat", dit-il. Ce gouvernement était, il est vrai, plus interventionniste dans l'économie et moins envahissant dans la définition de nos appartenances naturelles.

Extrait :

 

"La Révolution française, à travers même l'analyse qu'en avait Marx dans La Question juive, a posé les bases de ce que devait être le droit et le marché. Pour les révolutionnaires français, lutter contre les privilèges politiques (Ndlr. entendez les droits des gens, des communes, des corporations, leurs libertés) c'était exactement la même chose que briser les rentes économiques. Et le personnage d'Isaac Le Chapelier dans la Révolution française, un député du Tiers-Etat breton, président de l''Assemblée nationale' pendant la nuit du 4 août, a fait voter les décrets d'abolition des privilèges, a fait exactement la même chose deux ans après dans le domaine économique (Ndlr. Ce que ne vous dira pas Gaspard Koenig, c'est que Le Chapelier est "aux sources de la prolétarisation des ouvriers" comme l'a montré l'historienne Marion Sigaut.)"

"Clairement, la Révolution française est d'inspiration libérale, poursuit-il. Encore une fois, c'est Marx qui le dit et Marx dit que le but de tout cela - et ca s'applique à l'économique, au social, au politique, on ne peut pas distinguer -, c'est de rendre l'individu autonome, d'en faire, dit Marx, une monade, un ensemble auto-suffisant, qui peut prendre ses propres décisions, qui n'a pas besoin de ses semblables pour exister."

"Et en ce sens, c'est cela le progrès de la civilisation", explique le philosophe. "L'homme a toujours été sous la pression de pouvoirs extérieurs à lui, ou sous la tutelle de groupes. Et en France, on s'est dit la Révolution française a voulu émancipé l'homme de ses tutelles." (Ndlr. Comme si aujourd'hui l'homme n'était pas sous la tutelle de groupes, d'Etats entiers même... et des multinationales que ces Etats servent. Il s'agit là du coeur du projet libéral depuis les "Lumières" et la Révolution dite "française", qu'un franc-maçon comme Vincent Peillon a pu rappeler en affirmant qu'il fallait être capable d'"arracher les enfants à tous les déterminismes familiaux, ethnique, social, intellectuel." [1]

 

Lire la Lettre ouverte du Père Jean-Régis Fropo aux dirigeants français

 

Projet proprement totalitaire qui a pu laisser place au totalitarisme communiste au XXe siècle, qui a lui aussi entendu créer un homme nouveau, l'homo sovieticus, aux antipodes de tout libéralisme sainement compris, qui ne prétend pas arracher l'individu à son environnement immédiat, mais qui au contraire entend lui donner toutes les libertés de s'épanouir dans son milieu naturel. 

Projet poursuivi aujourd'hui par l'Union européenne qui consiste à "livrer un espace sans nation, sans gouvernement, sans démocratie, sans limite territoriale, et le livrer au marché planétaire de masse, sous clé américaine" (Philippe de Villiers, entretien à Tv-Liberts, 22 octobre 2015). Un libéralisme qui vise à "abattre les frontières, les Etats, les souverainetés, pour créer un marché planétaire de masse",  "avec deux buts. 1. anéantir les souverainetés, 2. couper les attachements vitaux, c'est-à-dire fabriquer l'homme nomade." (Philippe de Villiers, entretien à Radio Courtoisie, 9 octobre 2015)

 

"...Et en cela, le libéralisme à la française est très lié à l'existence de l'Etat", explique Gaspard Koenig, qui avoue là, à demi-mots, les liens entre l'étatisme "libéral" et le verrouillage de l'Etat en vue d'accomplir le bonheur des individus par les tenants de ce type de "libéralisme" issu de 1789.

[Derrière le projet des libéraux de 1789 se cache en réalité un messianisme quasi religieux, négateur des dogmes chrétiens et en particulier du péché originel, qui entend remplacer le règne social de Jésus-Christ et de la nécessité de l'homme de se sauver.]

"Parce que c'est l'Etat qui va aider l'individu à se libérer, à s'émanciper", poursuit G. Koenig. - Des privilèges, des corporations (d'Ancien Régime), précise la journaliste. [Ndlr. Privilèges qui, précisons-le, fonctionnaient en réalité comme autant de corps intermédiaires entre l'Etat et l'individu, qui lui assuraient une protection bien plus sûre et efficace que le vide laissé entre l'Etat et l'individu après 1789, où l'individu se retrouve seul, sans rien pour le défendre face au leviathan... Et c'est cette protection qui était une barrière à l'appétit des puissants, qu'il fallait faire sauter en 1789. Vous noterez que l'on retrouve la même frénésie chez les libéraux actuels qui entendent encore abattre les rares protections sociales que le droit français laisse subsister (code du travail qu'il s'agit de démanteler, barrières sociales, culturelles, douanières, tarifaires, qu'il s'agit d'abattre dans le Traité transatlantique afin de donner tout pouvoir aux multinationales et aux banques).]

"... et sur l'ensemble des champs de la vie en société", ajoute G. Koenig. "Et c'est ce qui fait dire à Pierre Rosanvallon, qui est un historien dont l'oeuvre m'a vraiment fasciné, que finalement la tradition française c'est le jacobinisme libéral", à la différence du libéralisme anglo-saxon." En disant cela G. Koenig, reconnaît une différence entre le libéralisme jacobin intolérant laïciste issu de 1789 et le libéralisme anglo-saxon, porteur d'une laïcité plus tolérante.

 

"Vous dites vous-mêmes que Léon Blum est un héritier de Guizot [adepte lui-même de la formule de Vincent de Gournay (1712-1759) "laisser faire laisser passer", dans le domaine économique. Ndlr.], qui est un personnage qui incarne ce libéralisme à la française, vous le réhabilitez totalement dans votre livre ? Le fameux "enrichissez-vous", demande la journaliste.

 

"On retrouve ce discours libéral jusqu'à Léon Blum", explique G. Koenig, "qui se revendiquait d'un certain libéralisme, qui s'opposait à l'idée du planisme de la troisième voie qui a été imaginé dans les années trente [Ndlr. Planisme qui inspira aussi bien la S.F.I.O que les pétainistes, représenta pour l'historien hongrois Karl Polanyi une révolte de la société contre le marché, inspira après la Grande Dépression des années 1930 aussi bien les communistes que les sociaux-démocrates ou les fascistes, mais aussi les futurs démocrates-chrétiens, et dont beaucoup des idées se retrouvèrent dans le Programme du Conseil national de la Résistance. On peut dire qu'il a intellectuellement inspiré la Reconstruction d'après 1945 et le fordisme à la française.]

 

"Et donc on s'aperçoit qu'il y a en France une vraie tradition libérale qui est restée, au moins jusqu'à la Seconde Guerre mondiale", poursuit G. Koenig. "Et dont on voit encore quelques filaments aujourd'hui et qu'il faudrait réhabiliter, revenir à nos racines révolutionnaires. D'ailleurs, c'est ce que disait Guizot, 'il faut terminer la Révolution.' Finalement, être libéral, c'est être bien français, c'est être bien révolutionnaire."

 

"Le libéralisme, ne paye-t-il pas ses excès avec le règne de l'argent ?; demande la journaliste.

 

"Je ne pense pas que ce soit le libéralisme qui a commis des excès, c'est le capitalisme qui a commis des excès et il faut bien distinguer les deux notions [Ndlr. sauf que depuis 1789 c'est bien la finance qui assure le fonctionnement du dit libéralisme jacobin qui a donné tout pouvoir à la banque (suspension des interdits concernant l'usure...)]

"Dans un monde libéral, l'Etat régule les marchés, l'Etat s'assure qu'il n'y ait pas d'oligopoles, et que les gens puissent entreprendre. Et au contraire, l'Etat donne le pouvoir aux plus faibles en leur permettant de faire concurrence aux plus forts", ose répondre G. Koenig. [Ndlr. en totale déconnection avec la réalité et la vie réelle des citoyens du monde entier où nulle part l'on ne voit des faibles avoir un quelconque poids face aux multinationales, ni faire concurrence aux plus forts (Exemple: la fermeture des petits magasins devant l'ouverture des supermarchés), et où au contraire le libéralisme fait que les gros et les riches deviennent de plus en plus gros, riches et puissants, les pauvres de plus en plus pauvres et faibles, avec des écarts de richesse qui ne cessent d'augmenter et non de se réduire.]

 

"Donc, c'est le libéralisme qui est vecteur de justice sociale", conclut sans rire Gaspard Koenig. Il faut revenir à la définition originelle !.."

C'est le même type de raisonnement irréaliste que celui des communistes après la chute de l'Urss, refusant la réalité : "il n'y a pas d'échec du communisme, il faut plus de communisme et revenir au vrai communisme!" La réalité et le retour du tragique dans l'histoire se chargera d'emporter ces idéologues là aussi.

En attendant, empêchez le jacobinisme libéral, avons-nous envie de dire à la fin de cette video ! Il n'y a pas de liberté sans règle, le libéralisme, ça s'empêche !

 

Notes

 

 

[1] Peillon : "Je veux qu'on enseigne la morale laïque", JDD, 1 septembre 2012 | Mise à jour le 4 septembre 2012.

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