Dans un entretien au JDD du 2 septembre 2012, le ministre de l'Education dite "nationale", le franc-maçon Vincent Peillon, indique qu'il souhaite restaurer l'enseignement de morale laïque à l'école républicaine dès la rentrée 2013, "de la primaire jusqu’à la terminale", et procéder à un retour des "valeurs". On ne sait pas lesquelles ! Hormis dit-il, 'la connaissance, le dévouement, la solidarité', ou encore 'l’égalité des garçons et des filles, la "sanction" comme faisant "partie de l'écucation", ou la "dignité humaine".
On ne voit pas que ces "valeurs" qui seront enseignées en cours de "morale laïque" soient le propre de la morale "laïque" républicaine ! L'école catholique et royaliste d'un Charlemagne ou d'un Louis XIV défendait tout aussi bien ces valeurs, même s'il s'agissait davantage de complémentarité plutôt que d'égalité entre garçons et filles. La sanction, elle-même, c'est une valeur religieuse laïcisée, celle de la rétribution de nos actes, l'apprentissage de limites à ne pas dépasser et de sanctions en cas d'infraction. La sanction, mais aussi la censure, qui n'est pas encore dans le programme de Peillon... c'est la civilisation.
Quant à la dignité humaine, c'est une invention du christianisme qui le premier s'est opposé à l'esclavage d'autres hommes, et en France particulièrement, c'est à la monarchie mérovingienne et à sainte Bathilde, épouse de Clovis II, que l'on doit l'abolition de l'esclavage antique, au VIIe siècle.
La morale 'laïque', dit-il "c’est comprendre ce qui est juste, distinguer le bien du mal". Distinguer le bien du mal : on croyait savoir que c'était là le propre de la religion !
La "laïcité intérieure", ajoute-t-il, c'est aussi : "le sens de l’existence humaine", "le rapport à soi, aux autres", "ce qui fait une vie heureuse ou une vie bonne".
[...] "Si la république ne dit pas quelle est sa vision de ce que sont les vertus et les vices, le bien et le mal, le juste et l’injuste, d’autres le font à sa place",... "les marchands" et "les intégristes de toutes sortes", précise-t-il.
"Tout ne se vaut pas": on croyait que la franc-maçonnerie qui se targue d'avoir soit-disant inventer la laïcité" - alors qu'il s'agit comme distinction des deux sphères du temporel et du politique d'une invention du Christ ("Rendez à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César") -, était relativiste et "adogmatique" ? Il faudrait savoir... On dirait que devant la force de la réalité les frères trois points sont en train de revoir leurs copies !... Et oui, tout ne se vaut pas, il y a une vérité et il y a une erreur... Il y a un bien et il y a un mal...
Peillon précise alors sa pensée dogmatique :
« la morale 'laïque' ne doit pas s'apparenter à l''ordre moral' ou à l''instruction civique': le but de la morale laïque, est de permettre à chaque élève de s'émanciper, car le point de départ de la laïcité c'est le respect absolu de la liberté de conscience. Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d'arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix. »
Bref, pour Vincent Peillon, avec la rentrée 2012 il s’agit de la "première rentrée du changement"... (1) Ou plutôt dirait-on, le changement dans la continuité de l'école maçonnique !
Et si on commençait par arracher l'élève au déterminisme de la morale laïque maçonnique, en séparant la franc-maçonnerie de l'Etat ?
Sources:
(1) Peillon : "Je veux qu'on enseigne la morale laïque", Le JDD, 1 septembre 2012 | Mise à jour le 4 septembre 2012
Rappelons en effet que pour Vincent Peillon, la "laïcité" version franc-maçonnique est "la religion de la République'' (sic) :
Dans cet entretien filmé pour Le Monde des religions, le 1er mars 2010, intitulé "Vincent Peillon: vers une république spirituelle?", il déclare :
«La Révolution française a échoué. Elle a échoué d'abord en 1793-95, donc on a le retour: l'Empire, la Contre-Révolution. Et puis une deuxième république en 1848. Celle-ci va échouer aussi terriblement dans les journées de juin, et le retour de l'Empire, etc. Les républicains exilés s'interrogent: pourquoi on y arrive pas en France ? Pourquoi le modèle démocratique, républicain qui est le nôtre échoue ? Et ils se disent, dans notre pays l'Eglise, dans le fond, détient le pouvoir spirituel et un formidable pouvoir d'opinion et de conscience. Et nous avons échoué. Nous avons fait des révolutions, mais des révolutions matérielles, et nous avons laissé les esprits, mais aussi tout ce qui est de l'ordre charnel dans l'existence, de ritualisations (le baptême, l'enterrement, etc.) être géré par l'Eglise catholique. Dans un certains nombre de démocraties modernes, ils ont réussi à instaurer leur démocratie – ou leur république – c'était un modèle au XIXe siècle (c'est l'Angleterre, les Etats-Unis, les Pays-Bas) - parce qu'ils ont la religion protestante, qui est une religion qui correspond à la république, à la modernité, parce qu'elle est une religion de libre examen. Mais en France, certains ont tenté d'ailleurs des vagues de conversions au protestantisme (Eugène Sue). Jean Baubérot racontre très bien cela dans ses ouvrages. Cela ne marche pas. Parce que le pays est catholique... Donc il faut que nous inventions pour établir la république, une spiritualité, voire une religion, spécifique. Cela germe dans les milieux républicains, beaucoup dans les milieux francs-maçons sous le Second empire. Se constitue d'ailleurs une Alliance religieuse universelle dans laquelle on va trouver à la fois des catholiques libéraux, des protestants libéraux, des juifs libéraux, puisque toutes les religions, les dogmatismes sont un peu en crise, mais en même temps des athées, des matérialistes, etc., portant un projet de religion universelle, de religion éclairée.
Et donc, ceux qui vont construire en grande partie, en tout cas l'école de la république, mais jouer un rôle déterminant dans la république (c'est le cas de Ferdinand Buisson), sont des gens qui sont venus à la république, d'abord en étant des croyants, mais deuxièmement, avec un projet spirituel, c'est-à-dire que la république, pour s'établir, a besoin de former sa propre religion, qu'ils vont appeler d'ailleurs, la laïcité. »
Le virage moral opéré par le franc-maçon Vincent Peillon et le gouvernement socialiste, rejetant le relativisme moral franc-maçonnique, pose une question plus profonde : l'introduction d'une incise morale dans la sphère politique annule-t-elle les conditions de la démocratie ou les fondent-elles ?
La thèse selon laquelle le relativisme moral est le corrélat indispensable du pluralisme politique est notamment développée par le juriste juif Hans Kelsen dans son livre sur La Démocratie, sa nature, sa valeur : Kelsen, dont la pensée est fortement influencée par Kant et Hume. Cette thèse prétend décrire objectivement tout système juridique, sans faire appel à des valeurs morales. Hans Kelsen estime que toute conception métaphysique explicite dans la sphère politique conduit, selon son expression, à l''autocratie'.
Parlant de l'attitude relativiste, ... Kelsen la rapproche en ces termes de l'esprit démocratique :
'... L'idée démocratique suppose une philosophie relativiste. La démocratie estime la volonté politique de tous égale, de même qu'elle respecte également les croyances, toutes les opinions politiques, dont la volonté politique est simplement l'expression' (Hans Kelsen, La Démocratie, sa nature, sa valeur, trad. Ch. Eisenmann, prés. de M. Troper, Economica, Paris 1988, p. 92., cité in Lucien Jaume, Le Discours jacobin et la démocratie, Fayard, Saint-Amand-Montrond 1989, p. 416.)
Si l'on suit la thèse positiviste moderne selon laquelle le relativisme moral fonde la démocratie pluraliste, alors il faut reconnaître que le projet de Vincent Peillon et du gouvernement socialiste consistant à établir des cours de morale (laïque ou pas) à l'école serait un premier signe de craquement des utopies et des idéologies gauchistes qui ont tenu la dragée haute depuis au moins mai 68...
Si au contraire on tient la thèse inverse selon laquelle la morale (résumée par le "tout ne se vaut pas" de Peillon) doit fonder la démocratie, sans quoi nous tombons dans la barbarie..., on en arrive quand même au résultat que c'est également tout le socle soixante-huitard qui est éliminé ! Voire tout le socle démocratique de vaciller. Quoiqu'il en soit, dans les deux cas, mai 68 est définitivement enterré. Et la "démocratie" vacille. Pas trop tôt !
- Franc-maçonnerie "religion de la république" : Vincent Peillon jette le masque (21 mai 2012)
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