20 janvier 2009
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"Le premier homme à s’être exprimé sur la question sociale en la comprenant en tant que telle, fut, selon toute vraisemblance, le Père Félicité de Lammenais, Dans les colonnes du journal légitimiste Le Drapeau Blanc, en 1821. Mais son évolution progressive vers le libéralisme ne peut permettre de le ranger dans un camp royaliste, encore aujourd’hui. Après cela, s’il faut bien admettre que nombre de catholiques sociaux sont royalistes, comme le préfet Villeneuve Bargemont, d’autres, d’un catholicisme pourtant irréprochable, sont des «socialistes-chrétiens » assez proches des socialistes utopiques de la même période. Ceux qui rêveront des mondes parfait taillés au centimètre. A tout seigneur tout honneur, ces premier catholiques sociaux, qu’ils soient légitimistes ou socialistes chrétiens, furent les premiers à théoriser le revenu minimum, l’assurance chômage, l’assurance maladie, l’optimisation des jachères, etc. De petites révolutions, en somme, à l’époque où des enfants de 6 ans poussaient des wagonnets dans les mines. Le mouvement socialiste chrétien va quasiment disparaître en 1848. Proche des milieux démocrates ou révolutionnaires, le pouvoir les jugera suspect et obtiendra leur dispersion progressive. Resteront alors les légitimistes, quelques catholiques libéraux et les prêtres à l’origine des conférences St Vincent de Paul. C’est sur cette nouvelle base que se reconstruira le catholicisme social.
L’hégémonie des royalistes légitimistes dans la pensée catholique sociale après 1870 ne peut pas non plus être niée, mais elle s’explique en partie par les événements précédents. Quoi qu’il en soit, Albert de Mun et René de la Tour du Pin, pères du catholicisme social de l’après 1870, avec Frédéric Le Play, ne doivent pas leur action au comte de Chambord, semble-t-il. Les deux premiers se sont « convertis » au catholicisme social durant leur captivité en Allemagne, en lisant les ouvrages du père du catholicisme social allemand, Mgr Ketteler. Le troisième, polytechnicien, se situe plutôt dans la ligne d’un Villeneuve Bargemont et des catholiques sociaux légitimistes de l’avant 1848, dont certains pourraient être vus comme les lointains ancêtres des mouvements « planistes » de l’entre deux guerre, tant leur volonté organisatrice et planificatrice était forte.
Dans tout cela, on doit, bien sûr, parler de la pensée sociale ducomte de Chambord, qui est réelle. Le comte de Chambord est peut-être l’un des premiers, si ce n’est le premier prince d’Europe à s’être prononcé avec intérêt sur la question sociale. De même, il est, avec Napoléon III, l’un des premiers français authentiquement influents à s’être penché sur cette question et à avoir voulu y apporter une solution constructive. Enfin, il est vrai que les lettres du comte de Chambord, sur le sujet, correspondent, avant la lettre, à des fondamentaux de la Doctrine Sociale de l’Eglise. En somme, le comte de Chambord est un précurseur de Rerum Novarum. Mais ce serait pécher par omission que d’en faire le seul inspirateur. Si les catholiques sociaux légitimistes de l’après 1870 furent très heureux de trouver une oreille ouverte chez leur prince, ils ont médité leurs systèmes indépendamment de ses manifestes. Et leur influence sur la gestation de la DSE est autrement plus forte.
Donc, oui, rendons au comte de Chambord son engagement social, souvent ignoré, rendons lui également son influence, car le soutien d’un prince n’a pu qu’être utile aux catholiques sociaux, mais n’en faisons pas non plus, comme le font certains royalistes, le quasi père du catholicisme social moderne, ce serait un mensonge historique." (Gabriel Dubois inRdv du Forum catholique, 2009-01-20 18:33:23)
SiteComte de Chambord
L’hégémonie des royalistes légitimistes dans la pensée catholique sociale après 1870 ne peut pas non plus être niée, mais elle s’explique en partie par les événements précédents. Quoi qu’il en soit, Albert de Mun et René de la Tour du Pin, pères du catholicisme social de l’après 1870, avec Frédéric Le Play, ne doivent pas leur action au comte de Chambord, semble-t-il. Les deux premiers se sont « convertis » au catholicisme social durant leur captivité en Allemagne, en lisant les ouvrages du père du catholicisme social allemand, Mgr Ketteler. Le troisième, polytechnicien, se situe plutôt dans la ligne d’un Villeneuve Bargemont et des catholiques sociaux légitimistes de l’avant 1848, dont certains pourraient être vus comme les lointains ancêtres des mouvements « planistes » de l’entre deux guerre, tant leur volonté organisatrice et planificatrice était forte.
Dans tout cela, on doit, bien sûr, parler de la pensée sociale ducomte de Chambord, qui est réelle. Le comte de Chambord est peut-être l’un des premiers, si ce n’est le premier prince d’Europe à s’être prononcé avec intérêt sur la question sociale. De même, il est, avec Napoléon III, l’un des premiers français authentiquement influents à s’être penché sur cette question et à avoir voulu y apporter une solution constructive. Enfin, il est vrai que les lettres du comte de Chambord, sur le sujet, correspondent, avant la lettre, à des fondamentaux de la Doctrine Sociale de l’Eglise. En somme, le comte de Chambord est un précurseur de Rerum Novarum. Mais ce serait pécher par omission que d’en faire le seul inspirateur. Si les catholiques sociaux légitimistes de l’après 1870 furent très heureux de trouver une oreille ouverte chez leur prince, ils ont médité leurs systèmes indépendamment de ses manifestes. Et leur influence sur la gestation de la DSE est autrement plus forte.
Donc, oui, rendons au comte de Chambord son engagement social, souvent ignoré, rendons lui également son influence, car le soutien d’un prince n’a pu qu’être utile aux catholiques sociaux, mais n’en faisons pas non plus, comme le font certains royalistes, le quasi père du catholicisme social moderne, ce serait un mensonge historique." (Gabriel Dubois inRdv du Forum catholique, 2009-01-20 18:33:23)
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