1 mars 2008
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"[L]e totalitarisme est fils aîné de la Révolution française. C'est un régime neuf qui ne se classe pas dans la typographie aristotélicienne. Rien de commun avec la tyrannie : son ressort le plus notoire est même de lutter contre cette dernière. La tyrannie suppose le pouvoir d'un seul qui ramène tout à son bien particulier, c'est-à-dire à son arbitraire. ... Le totalitarisme, au contraire, c'est l'idéologie au pouvoir. Nul tyran ne lui est nécessaire. Il prétend s'appuyer sur des bases scientifiques. Il déclare n'avoir pour fin que le bonheur des masses. Vérité et bonté absolues sont avec lui, cette vérité fût-elle celle du relativisme, et sa bonté, celle de la tolérance. Aussi celui qui le contrarie jette sur soi l'arrêt de mort.
La terreur totalitaire ... procède de la planification d'un paradis terrestre [négation de la Chute]. Ce qui la motive, c'est cette pitié qui pousse à en finir pour toujours avec le mal [mythe rousseausite, Contrat social de Rousseau]. Ce qui la rend féroce, c'est de rendre effectif le pathétique "Plus jamais ça !". ... Le totalitarisme ne se présente jamais qu'en agitant l'épouvantail du totalitarisme d'hier ou d'en face. Son mal essentiel est de prétendre produire le bien total. Son problème majeur est de vouloir donner la solution : "Toute tentative pour résoudre la question sociale par des voies politiques mène à la terreur" (Hannah Arendt, Essai sur la Révolution, 1963, trad. Michel Chrestien, Paris, Gallimard, coll. Tel, p. 161).
Ce qui est emblématiquement vrai pour la "question juive". L'émancipation fut le prélude de l'extermination. Son effet, constate Arendt, fut seulement de rendre le juif plus "voyant" et de redoubler son statut de paria : pas entièrement assimilé à la nation française, et désormais étranger à ses propres traditions, il se trouve dans cette posture contradictoire d'avoir à "être et ne pas être un juif" (H. Arendt, La tradition cachée, VIII, Paris, Christian Bourgeois, 1993, p. 129). Comment ne deviendrait-il pas la figure de l'hypocrisie ? ... L'avenir a prouvé la mortelle ambiguïté du mot lancé par Clermont-Tonnerre en 1789 : "rien aux Juifs en tant que nation, tout aux Juifs en tant qu'individus". Cette émancipation fonde l'antisémitisme moderne, révolutionnaire et peut-être républicain : le juif en tant que juif, c'est-à-dire son appartenance à un peuple incompréhensible [Le même raisonnement est fait pour les musulmans qui doivent s'assimiler, mais aussi pour les Français eux-mêmes...] doit disparaître. Il faut qu'il s'assimile. Et s'il n'y parvient pas (les circonstance s'arrangent toujours pour l'en empêcher), s'il persiste dans l'irrationalisme d'une surnaturelle élection, il se met lui-même hors jeu. Il devient le parasite de l'universel et l'adversaire de l'égalité." (Fabrice Hadjadj, La terreur par la pitié : Hannah Arendt et la Révolution, in Le Livre noir de la Révolution française, Cerf, Paris 2008, p. 743-744).
À noter que le processus de fabrication de l'antisémitisme dans l'Etat moderne est semblable au processus d'isolation puis de discrimination des français de souche eux-mêmes qui doivent s'assimiler. Ce n'est plus les étrangers que l'on assimile, ce sont les Français qui sont sommés de s'assimiler. Si l'on veut donc s'éviter un nouvel holocauste (celui des Français ), il faudrait repenser l'assimilationisme comme solution républicaine, repenser l'idéologie égalitaire républicaine. Dans une France laïcisée, déchristianisée, le communautarisme des Français devient notre seul recours. C'est aussi le constat de Jean Raspail dans son éditorial La Patrie trahie par la république, au Figaro n° 18619, le 17 juin 2004, dans la série "Qu'est-ce qu'être français aujourd'hui?"
La terreur totalitaire ... procède de la planification d'un paradis terrestre [négation de la Chute]. Ce qui la motive, c'est cette pitié qui pousse à en finir pour toujours avec le mal [mythe rousseausite, Contrat social de Rousseau]. Ce qui la rend féroce, c'est de rendre effectif le pathétique "Plus jamais ça !". ... Le totalitarisme ne se présente jamais qu'en agitant l'épouvantail du totalitarisme d'hier ou d'en face. Son mal essentiel est de prétendre produire le bien total. Son problème majeur est de vouloir donner la solution : "Toute tentative pour résoudre la question sociale par des voies politiques mène à la terreur" (Hannah Arendt, Essai sur la Révolution, 1963, trad. Michel Chrestien, Paris, Gallimard, coll. Tel, p. 161).
Ce qui est emblématiquement vrai pour la "question juive". L'émancipation fut le prélude de l'extermination. Son effet, constate Arendt, fut seulement de rendre le juif plus "voyant" et de redoubler son statut de paria : pas entièrement assimilé à la nation française, et désormais étranger à ses propres traditions, il se trouve dans cette posture contradictoire d'avoir à "être et ne pas être un juif" (H. Arendt, La tradition cachée, VIII, Paris, Christian Bourgeois, 1993, p. 129). Comment ne deviendrait-il pas la figure de l'hypocrisie ? ... L'avenir a prouvé la mortelle ambiguïté du mot lancé par Clermont-Tonnerre en 1789 : "rien aux Juifs en tant que nation, tout aux Juifs en tant qu'individus". Cette émancipation fonde l'antisémitisme moderne, révolutionnaire et peut-être républicain : le juif en tant que juif, c'est-à-dire son appartenance à un peuple incompréhensible [Le même raisonnement est fait pour les musulmans qui doivent s'assimiler, mais aussi pour les Français eux-mêmes...] doit disparaître. Il faut qu'il s'assimile. Et s'il n'y parvient pas (les circonstance s'arrangent toujours pour l'en empêcher), s'il persiste dans l'irrationalisme d'une surnaturelle élection, il se met lui-même hors jeu. Il devient le parasite de l'universel et l'adversaire de l'égalité." (Fabrice Hadjadj, La terreur par la pitié : Hannah Arendt et la Révolution, in Le Livre noir de la Révolution française, Cerf, Paris 2008, p. 743-744).
"L'essence profondément tragique d'une approche individualiste du judaïsme, explique le philosophe Michaël Bar Zvi, est à l'origine de tous les malentendus modernes sur la 'question juive'.
Projeter les Juifs dans cet universalisme moderne en le coupant de ses fondements nationaux [processus également à l'oeuvre contre les Français] allait s'avérer la source tragique du renouveau d'une haine antique à l'égard des fils d'Israël, ou bientôt des Israélites.
L'émancipation des Juifs à partir de la Révolution s'accompagne de deux fléaux jusqu'alors inconnus... : l'assimilation et l'antisémitisme moderne. L'acquisition de droits et de devoirs implique des changements de comportement et d'aspect. Désormais le judaïsme va se décliner sur les modes de l'identité et de la communauté et non plus sur ceux de la nation et de l'appartenance. ... L'esprit des Lumières revendique une société humaine universelle fondée sur l'égalité et sur ce que l'on appelle une 'fraternelle alliance', venant se substituer à l'ancienne alliance, ... établir la fraternité entre tous les peuples. ... La régénération du juif est sa dissolution dans une totalité abstraite [Le même discours est à l'oeuvre à l'encontre des Français sommés d'accepter la "discrimination positive", la "France plurielle", le métissage, le "vivre ensemble", la société multiculturelle, la "France d'après", etc.].
... L'attitude de l'empereur est pour le moins ambiguë, car à côté de la fameuse proclamation de 1799 où il s'érige en précurseur du sionisme politique, il ne cesse de manifester une grande suspiscion à l'égard de la communauté juive et de ses dirigeants... [I]l rassemble, en 1807, le "Grand Sanhédrin", du nom de l'aéropage de rabbins qui statuait à l'époque du Talmud sur l'application de la loi. Le but de cette réunion est de soumettre toutes les lois religieuses à l'autorité de l'Etat [dès lors, où est la "liberté religieuse" ?] ... Seuls certains juifs allemands, déjà préparés par le mouvement intellectuel des Lumières, la Haskala, acceptèrent l'émancipation avec enthousiasme.
Les milieux juifs orthodoxes rejetaient l'émancipation annonciatrice pour eux de la déjudaïsation, car elle s'inscrivait dans une vaste entreprise de sécularisation inhérente à la modernité.
... S'assimiler sur le plan politique prend la forme d'une adhésion à une conception du monde rejetant la tradition au profit de l'esprit de réforme. Le processus d'assimilation accompagne en politique l'idée du progrès, qui sera le moteur des théories universalistes du XIXe siècle."
... Le phénomène de l'antisémitisme moderne... si l'on s'interroge sur ses fondements, on ne peut pas faire l'économie du lien avec la philosophie des Lumières. Arthur Hertzberg, dans son livre The French Enlightenment and the Jews montre que l'antisémitisme moderne n'est pas une réaction à la Révolution mais en est une partie intégrante et qu'il doit plus à la doctrine de Voltaire, d'Holbach ou Marat qu'à la théologie chrétienne..." (Michaël Bar Zvi, Les Juifs et la Révolution française, in Le Livre noir de la Révolution française, Cerf, Paris 2008, p. 403-407).
Projeter les Juifs dans cet universalisme moderne en le coupant de ses fondements nationaux [processus également à l'oeuvre contre les Français] allait s'avérer la source tragique du renouveau d'une haine antique à l'égard des fils d'Israël, ou bientôt des Israélites.
L'émancipation des Juifs à partir de la Révolution s'accompagne de deux fléaux jusqu'alors inconnus... : l'assimilation et l'antisémitisme moderne. L'acquisition de droits et de devoirs implique des changements de comportement et d'aspect. Désormais le judaïsme va se décliner sur les modes de l'identité et de la communauté et non plus sur ceux de la nation et de l'appartenance. ... L'esprit des Lumières revendique une société humaine universelle fondée sur l'égalité et sur ce que l'on appelle une 'fraternelle alliance', venant se substituer à l'ancienne alliance, ... établir la fraternité entre tous les peuples. ... La régénération du juif est sa dissolution dans une totalité abstraite [Le même discours est à l'oeuvre à l'encontre des Français sommés d'accepter la "discrimination positive", la "France plurielle", le métissage, le "vivre ensemble", la société multiculturelle, la "France d'après", etc.].
... L'attitude de l'empereur est pour le moins ambiguë, car à côté de la fameuse proclamation de 1799 où il s'érige en précurseur du sionisme politique, il ne cesse de manifester une grande suspiscion à l'égard de la communauté juive et de ses dirigeants... [I]l rassemble, en 1807, le "Grand Sanhédrin", du nom de l'aéropage de rabbins qui statuait à l'époque du Talmud sur l'application de la loi. Le but de cette réunion est de soumettre toutes les lois religieuses à l'autorité de l'Etat [dès lors, où est la "liberté religieuse" ?] ... Seuls certains juifs allemands, déjà préparés par le mouvement intellectuel des Lumières, la Haskala, acceptèrent l'émancipation avec enthousiasme.
Les milieux juifs orthodoxes rejetaient l'émancipation annonciatrice pour eux de la déjudaïsation, car elle s'inscrivait dans une vaste entreprise de sécularisation inhérente à la modernité.
... S'assimiler sur le plan politique prend la forme d'une adhésion à une conception du monde rejetant la tradition au profit de l'esprit de réforme. Le processus d'assimilation accompagne en politique l'idée du progrès, qui sera le moteur des théories universalistes du XIXe siècle."
... Le phénomène de l'antisémitisme moderne... si l'on s'interroge sur ses fondements, on ne peut pas faire l'économie du lien avec la philosophie des Lumières. Arthur Hertzberg, dans son livre The French Enlightenment and the Jews montre que l'antisémitisme moderne n'est pas une réaction à la Révolution mais en est une partie intégrante et qu'il doit plus à la doctrine de Voltaire, d'Holbach ou Marat qu'à la théologie chrétienne..." (Michaël Bar Zvi, Les Juifs et la Révolution française, in Le Livre noir de la Révolution française, Cerf, Paris 2008, p. 403-407).
À noter que le processus de fabrication de l'antisémitisme dans l'Etat moderne est semblable au processus d'isolation puis de discrimination des français de souche eux-mêmes qui doivent s'assimiler. Ce n'est plus les étrangers que l'on assimile, ce sont les Français qui sont sommés de s'assimiler. Si l'on veut donc s'éviter un nouvel holocauste (celui des Français ), il faudrait repenser l'assimilationisme comme solution républicaine, repenser l'idéologie égalitaire républicaine. Dans une France laïcisée, déchristianisée, le communautarisme des Français devient notre seul recours. C'est aussi le constat de Jean Raspail dans son éditorial La Patrie trahie par la république, au Figaro n° 18619, le 17 juin 2004, dans la série "Qu'est-ce qu'être français aujourd'hui?"
Publié par Ingomer
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dans
Résistance - Reconstruction -Reconquête - Renaissance
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