Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 novembre 2017 2 28 /11 /novembre /2017 19:09

Stéphane Courtois, l'historien du "Livre noir du communisme" traduit en 26 langues et à 10 millions d'exemplaires, était aujourd'hui l'invité de Tv-Libertés pour présenter son dernier livre "Lénine, l'inventeur du totalitarisme". Le récit glaçant d'un criminel, d'un monstre hors du commun. 100 ans après la naissance du communisme, la lecture de cet ouvrage qui mériterait le Goncourt est tout simplement indispensable.

Extrait

 

"(Le culte de la personnalité) C'est le propre des régimes totalitaires, qui sont créés, imaginés, menés par un leader charismatique et Lénine était ce leader charismatique initial. C'est lui qui a tout pensé. Quand il prend le pouvoir à St Petersbourg le 7 novembre 1917, cela fait trente ans qu'il y travaille, trente ans qu'il rumine sa vengeance contre le tsar. Donc quand il arrive il est prêt à appliquer sa doctrine absolument, qui est une doctrine collectiviste de suppression de la propriété privée, de renversement de la bourgeoisie et de l'extermination de tous les opposants. Donc il ne faut pas s'étonner de cette violence initiale que l'on trouve dans cette période 1917-1922. Quant à Staline, il est un des principaux lieutenants de Lénine bien avant 1917. C'est un révolutionnaire très dur, très conséquent, acharné, impitoyable. C'est pour cela que Lénine l'a d'ailleurs choisi."

 

Stéphane Courtois explique :

 

"Une grande partie de mon livre, c'est-à-dire jusqu'au 7 novembre 1917, c'est les trente années de l'histoire d'une radicalisation qui va en s'intensifiant en permanence. Cela démarre effectivement par un double choc psychologique. Un premier dans lequel le régime n'a rien à voir c'est la mort brutale de son père d'un avc à cinquante-trois ans, quand il a quinze ans, et l'année suivante, en 1887 c'est la condamnation à mort de son frère pour avoir participé à la préparation d'un attentat contre le tsar. Et là il y a un choc beaucoup plus important.

 

[...]

 

Vous avez employé le terme de 'monstre', moi c'est un mot que j'hésite à utiliser parce que l'idée de monstre semble indiquer que cette personne en réalité n'est pas un homme, il est hors de l'humanité. L'ennui est que ces gens-là sont des hommes - que ce soit Lénine, Staline - comme vous et moi. Simplement que s'est-il passé ? Qu'est-ce qui les a rendu aussi enragés, aussi violents, avec une telle haine ? Parce que ce sont des gens qui sont animés, vraiment, par une haine extraordinaire de la société, du régime en place, des bourgeois, etc. Ce sont aussi des gens animés par ce que j'appelle un hyper-narcissisme.

 

[...]

 

Sur la référence de Lénine à la Révolution française : 

 

"Lénine qualifie les bolchéviques, avant même 1917, de 'jacobins prolétariens'. Les jacobins de 1793 étaient des jacobins 'bourgeois' pour Lénine, lui il est 'jacobin prolétarien'. En fait, il ne connait pas les ouvriers, mais peu importe ! Le prolétariat chez Lénine n'est pas une notion sociologique, c'est une notion idéologique. Être prolétarien, en réalité, c'est être membre du parti de Lénine."

 

Sur la théorie des "contraintes des circonstances" (expliquant la violence...), (mais aussi voir "la fin justifie les moyens", théorisation de la violence...NdCR.)

 

"tarte à la crème de l'historiographie communiste française sur la Révolution française". En France, quand le roi convoque les Etats généraux en 1789 - parce que c'est le roi qui convoque les états généraux -, personne à ce moment-là n'imagine que trois ans plus tard tout aura sauté. Avec Lénine, c'est tout à fait différent, parce que comme je le disais, Lénine, depuis trente ans il prépare cela. Et donc il n'y a pas de circonstances, même si des circonstances il y en a toujours, il y a ici surtout une stratégie clairement établie dès 1905 ou en tout cas 1906 de prise du pouvoir par la force, dictature du prolétariat, guerre civile, extermination des ennemis !... Et instauration bien évidemment du... communisme. Parce que c'est quand même cela - le communisme - qui est l'idéologie porteuse." 

 

Comment peut-on arriver à un tel aveuglement, comment explique-t-on encore des avenues Lénine en France comme à deux pas des studios de Tv-Libertés ?

 

"Je crois que ce n'est plus de l'aveuglement. C'est simplement la protection de positions acquises, parce qu'évidemment ces gens-là sont en place, si ils admettent ce que les historiens racontent, tout leur récit et tout leur engagement s'effondre. Donc là c'est une espèce de position de survie personnelle, et de survie collective de tout un tas de gens qui ont participé à tous ces groupes depuis 1968, et bien avant. Il y a un homme qui en avait tiré les conséquences, c'est Robert Hue, qui avait été propulsé Secrétaire national du Parti communiste français et qui finalement a quitté ce parti. Et dans un colloque où je l'avais invité il avait clairement dit 'voilà, Staline, Lénine, ce n'est pas possible, il faut absolument couper avec cela.' Et il mettait même Marx en cause. Voilà un homme honnête entre guillemets qui reconnait les choses. Simplement, ce n'est pas un intellectuel. Le problème des intellectuels, surtout français, c'est qu'ils ne reconnaitront jamais qu'ils ont pu se tromper ! Il y a (de leur part) une arrogance phénoménale. Or, en principe, l'intellectuel devrait avoir des doutes, il devrait être capable de faire son autocritique ! Mais c'est la chose du monde la moins partagée dans ce pays !"

Partager cet article
Repost0

commentaires

Articles RÉCents