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29 avril 2024 1 29 /04 /avril /2024 00:00

Sainte Catherine naquit à Sienne en 1347. Dès l'âge le plus tendre, elle fit le voeu de virginité, et ne montrait de goût que pour la prière et la mortification. Ses parents, qui voulaient la marier, s'y prirent de toutes les manières pour rompre sa résolution, la contrariant dans ses exercices de piété, et la chargeant des soins les plus pénibles du ménage. Bien que vertueux, ils se firent longtemps ses persécuteurs et entravèrent, autant qu'il leur fut possible sa vocation religieuse. Catherine, soumise et obéissante, sut se créer une solitude intérieure, où elle trouvait toujours son Bien-Aimé, dont rien ne pouvait l'empêcher de jouir.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380), patronne de l’Italie, co-patronne de l'Europe

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380), patronne de l’Italie, co-patronne de l'Europe

Enfin les préventions cessèrent et on lui permit d'entrer dans le tiers ordre de S. Dominique. Ce fut alors que ses austérités n'eurent plus de bornes et qu'elle s'éleva à cette sublime contemplation dont on voit la preuve dans ses écrits, et mieux encore au milieu des vertus héroïques qu'elle pratiqua.

 

"Quand un exorciste ne parvenait pas à libérer une personne, il l'envoyait à sainte Catherine de Sienne, pas parce qu'elle était exorciste, encore moins parce qu'elle était prêtre, mais parce qu'elle était sainte. Parce que la condition sine qua non de la réussite d'un exorcisme est la foi.

 

[...] la foi de celui qui prie, et de la foi de celui qui reçoit la prière."

(Gabriele AMORTH, J'ai rencontré Satan, Le Combat du plus célèbre exorciste, Entretiens avec Slawomir Sznurkowski, Traduti de l'italien par Quentin Petit, EdN, Vendôme 2016 , p. 142; 149.)

Sainte Catherine de Sienne exorcisant une femme possédée, Girolamo di Benvenuto, 1500-10, musée d'art de Denver

Sainte Catherine de Sienne exorcisant une femme possédée, Girolamo di Benvenuto, 1500-10, musée d'art de Denver

« Lorsque sainte Catherine de Sienne disait : "Au nom de Marie, va-t-en !", elle le faisait avec foi, et c'est cela qui rendait sa parole efficace.» (Gabriele Amorth, ibid., p. 197.)

Sainte Catherine obtient du Christ la libération de sa sœur Palmerina de son pacte avec le diable avant de mourir, Girolamo di Benvenuto (1470-1524), Cambridge (Ma), Fogg Art Museum

Sainte Catherine obtient du Christ la libération de sa sœur Palmerina de son pacte avec le diable avant de mourir, Girolamo di Benvenuto (1470-1524), Cambridge (Ma), Fogg Art Museum

Sa charité pour les pauvres, sa patience dans les calomnies dont on payait ses services, son ardeur et son talent pour la conversion des pécheurs, son zèle pour la paix de l'Eglise et des Etats, en firent la gloire de son ordre, l'ornement de son pays et la merveille de son siècle. Catherine, toujours supérieure à sa réputation par son humilité, elle préférait la couronne d'épines du Sauveur à tout le reste.

 

Dans une de Ses apparitions, le Sauveur ôta le coeur de la poitrine de Sa servante et mit le Sien à sa place. Une autre fois, elle reçut les stigmates du divin Crucifié. Souvent, au moment de la Communion, l'Hostie s'échappait des mains du prêtre pour voler vers la bouche de Catherine. Sa vie entière fut un miracle.

 

Dieu permit qu'elle exerçât une immense influence sur son époque, et qu'elle contribuât pour beaucoup à la cessation du grand schisme d'Occident (crise de l'Eglise au tournant des XIVe et XVe siècles (1378 - 1417), divisant pendant quarante ans la chrétienté catholique en deux courants rivaux.)

 

Lorsque la chrétienté occidentale fut divisée entre plusieurs papes, elle soutint Urbain VI et déploya des trésors d'activité et de diplomatie pour rassembler l'Eglise autour de lui. Elle écrivit au pape en Avignon, une lettre brûlante où elle le pressait de revenir à Rome. Elle alla même le chercher. Elle envoya de nombreuses lettres aux princes et cardinaux, pour promouvoir l'obéissance au pape Urbain VI et défendre ce qu'elle nomme le "vaisseau de l'Église".

Sainte Catherine de Sienne portant sur son voile la couronne d'épines, tenant un crucifix et une fleur de lys

Sainte Catherine de Sienne portant sur son voile la couronne d'épines, tenant un crucifix et une fleur de lys

Elle voyagea inlassablement comme médiatrice dans le nord de l'Italie et le sud de la France. Pourtant cette activité débordante n'était pas le tout de Catherine. Ce n'était que la face apparente d'une intense vie mystique, avec des extases durant lesquelles ses disciples copiaient les prières qui s'échappaient de ses lèvres.

 

Cette sainte nous a laissé des ouvrages qui paraîtront précieux à quiconque estime le langage de la vraie piété. Ce sont six traités en forme de dialogues, un discours sur l'Annonciation de la très-sainte Vierge, et trois cent soixante-quatre lettres qui portent l'empreinte de son génie supérieur.

 

Son "Dialogue" sur la Divine Providence, qui est aussi un des classiques de la langue italienne, retrace ces entretiens enflammés avec le Christ. Ils auraient été composés en cinq jours d'extase, du 9 au 14 octobre 1378. 

La doctrine du pont : Catherine de Sienne et le "libre arbitre"

 

Dans son ouvrage Le Dialogue, Catherine développe un traité de christologie à travers ce qui est appelé la "doctrine du pont". Ce traité se veut une démonstration de la place centrale du Christ dans le rôle de médiateur entre l'homme et Dieu.

 

Au cours d'une image qu'elle développe, Catherine décrit l'importance du Christ comme un pont qui permet de traverser un fleuve où tout le monde se noie. Ce fleuve empêche d'accéder à l'autre rive, celle qui est décrite alors comme le paradis, le lieu de l'union à Dieu. Le pont qui permet de traverser ce fleuve est le Christ, avec trois marches. Ces trois marches représentent les trois étapes de la vie chrétienne, mais aussi les principales plaies du Christ en croix : les pieds sont les premières marches du pont, mais ils représentent le désir de Dieu qui conduit l'âme à vouloir connaître et mieux aimer Dieu. La deuxième marche du pont est le cœur du Christ, lieu de l'union à Dieu et de la connaissance de soi et de Dieu. La dernière marche est la bouche du Christ, symbole de l'union à Dieu et de la paix intérieure. Le pont n'est accessible qu'à travers la connaissance de soi, la pratique des vertus, mais aussi la miséricorde de Dieu.

 

La pratique de la connaissance de soi et des vertus est le seul moyen de passer le pont. Ceux qui ne suivent pas cette voie sont alors emportés par les flots des divers désirs désordonnés comme l'avarice, la concupiscence charnelle, l'orgueil, l'injustice et le mensonge qui conduisent à l'enfer. Le libre arbitre a une place primordiale dans cette doctrine du pont. Pour Catherine, l'homme étant libre et à l'image de Dieu, c'est par sa volonté et le désir de Dieu que l'homme peut Le choisir ou non en succombant aux tentations :

 

"Personne ne peut avoir peur d'aucune bataille, d'aucun assaut du démon, parce que j'ai fait de tous des forts. Je leur ai donné une volonté intrépide, en trempant dans le sang de mon Fils. Cette volonté, ni démon, ni aucune puissance créée ne peut l'ébranler. Elle est à vous, uniquement à vous, c'est Moi qui vous l'ai donnée avec le libre arbitre. C'est donc à vous qu'il appartient d'en disposer, par votre libre arbitre, et de la retenir ou de lui lâcher la bride suivant ce qu'il vous plait. La volonté, voilà l'arme que vous livrez vous même aux mains du démon : elle est vraiment le couteau avec lequel il vous frappe, avec lequel il vous tue. Mais si l'homme ne livre pas au démon ce glaive de la volonté, je veux dire s'il ne consent pas aux tentations, à ses provocations, jamais aucune tentation ne pourra le blesser et le rendre coupable de péché : elle le fortifiera au contraire lui faisant comprendre que c'est par amour que je vous laisse tenter, pour vous faire aimer et pratiquer la vertu." (Extrait du livre Le Dialogue, chapitre XIII (43)

Dieu la favorisa, pendant sa vie, de la connaissance des choses cachées.

 

Catherine avait une grande vénération pour sainte Agnès de Montepulciano (1268-1317).

 

Les peines qu'elle se donna pour le bien de l'Eglise la conduisirent au tombeau à l'âge de trentre-trois ans, le 29 avril 1380. La dévotion autour de Catherine de Sienne se développe rapidement après sa mort. Elle est canonisée en 1461, déclarée sainte patronne de Rome en 1866, et de l'Italie en 1939.

 

Le 4 octobre 1970 elle est proclamée docteur de l'Eglise en même temps que Ste Thérèse d’Avila (1515-1582) par Paul VI (titre que l’Église d’Angleterre lui reconnaît aussi), et co-patronne de l'Europe par Jean-Paul II en 1999, avec Ste Brigitte de Suède (1302-1373) et Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix (1891-1942) : 

 

"Sainte Catherine entra avec un regard sûr et des paroles de feu dans le vif des problèmes sociaux et politiques qui ont déchiré l'Europe de son époque." (Jean Paul II, Lettre apostolique Spes aedificandi, 02/10/1999)


Sainte-Catherine de Sienne est la patronne des infirmières.

 

Elle est aussi la sainte protectrice des journalistes, des médias, et de tous les métiers de la communication, en raison de son œuvre épistolaire en faveur de la papauté.

 

Elle est invoquée par les personnes qui craignent de subir un échec.

 

Sources

(1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 120; (2), (3), (4), (5) ; (6) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 38.

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commentaires

M
Le site «  Je suis Français » ( site, certes orléaniste..) a relayé fort opportunément ce triste anniversaire de l’expulsion des Chartreux le 29 avril 1903 par la « force des baïonnettes ». Cela vaudrait peut-être un petit article...<br /> <br /> https://fr.wikipedia.org/wiki/Expulsion_des_congr%C3%A9gations_(1902-1903)
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