Dans un entretien à ProRussia.tv publié aujourd'hui, le président de la Commission des Affaires étrangères de la Douma, Alexeï Poukov, explique pourquoi la Russie pense qu'il s'agit d'un coup d'Etat en Ukraine.
Monsieur Pouchkov dit des médias occidentaux que "c'est comme s'ils étaient devenus les médias de l'Union soviétique" :
« Il y a un grand changement dans les médias occidentaux. C'est comme s'ils étaient devenus les médias de l'Union soviétique d'une certaine manière. C'est la propagande surtout. C'est le détournement de faits. C'est aussi la distorsion. Le secrétaire du Conseil de Sécurité et de Défense de l'Ukraine est un des fondateurs du parti social-nationaliste de l'Ukraine qui maintenant est appelé "le Parti de la Liberté" (Svoboda). Tout de même, si un des chefs du nouveau gouvernement, dans le domaine de la sécurité, est un des fondateurs d'un parti néo-nazi, est-ce que cela compte ou cela ne compte pas ? Non, on n'en parle pas parce que c'est quelque chose qui pourrait donner une fausse image de cette révolution dite démocratique en Ukraine, qui n'est pas démocratique du tout. Le Maïdan avait un élément démocratique très important, mais il a été manipulé, utilisé à des fins politiques, pour renverser Ianoukovitch quoiqu'on en dise -je ne pense que c'est un personnage sympathique - mais il est un président légitime et il y a eu une procédure pour le destituer et cette procédure n'a pas été suivie, absolument pas été suivie. Et on n'en entend jamais parlé dans les médias occidentaux où l'on dit qu'il a fui le pays, mais ce n'est pas vrai. À dix heures du matin, le président de la Rada a dit qu'on a informé Ianoukovitch qu'il doit signer des documents qu'on lui a envoyé de la Rada. À 10h51, cinquante minutes, il a dit on ne peut pas trouver Ianoukovitch, donc cinquante minutes, il ne peut pas remplir ses fonctions de président, il n'est plus président; On vote pour le destituer. Et Ianoukovitch n'a même pas quitté le pays : il était à Kharkov; Et je le dis parce que je le sais très bien, j'étais aussi à Kharkov le 22 février. Et à Kharkov, à 4 heures de l'après-midi, il a donné une interview à une chaine ukrainienne et il a dit qu'un coup d'Etat s'est passé en Ukraine. Donc, est-ce qu'on peut vraiment dire que ce président - qu'il soit sympathique ou non - élu démocratiquement et reconnu dans le monde entier, s'il fait une déclaration à partir du territoire ukrainien, il n'a pas quitté le pays et il on l'a destitué en cinquante minutes. C'est quoi ? Et donc c'est pour cela qu'on dit que c'est un coup d'Etat anticonstitutionnel. Mais la presse occidentale n'en parle pas parce que cela sape les fondements d'une certaine politique envers l'Ukraine.
L'affaire des snipers qui a été dévoilée par un ministre européen, ministre des Affaires étrangères de l'Estonie, monsieur Paet, dans sa conversation avec madame Ashton, quand il a dit qu'il y a de plus en plus d'évidences que les snipers qui ont tiré sur les forces de l'ordre et aussi les manifestants du Maïdan étaient probablement des gens qui avaient des liens avec l'opposition, qui faisent cela pour créer un chaos sanglant et aider l'opposition à arriver au pouvoir. Que s'est-il passé ? L'Union européenne ne dit rien. Les médias occidentaux, je n'ai pas remarqué que c'est vraiment discuté. On en parle en Russie. Monsieur Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russes en a parlé au Conseil de sécurité. Il en a aussi parlé à ses collègues européens. Ils ont dit qu'ils n'avaient pas de commentaires."
"Mais tout de même, s'étonne Alexeï Poukov, il y a des gens qui ont tité sur la foule pendant ces évènements. Ces gens, ils étaient payés par qui ? Ils représentaient qui ? D'où sont-ils venus ? Dans n'importe quelle société démocratique ce serait l'objet d'une enquête approfondie. Mais il n'y a pas d'enquête à Kiev. Il n'y a pas d'enquête au Conseil de l'Europe. Il n'y a pas d'enquête dans l'Union européenne. On se tait sur ca. Comme cela a aidé l'opposition à arriver au pouvoir. Cela n'a pas d'importance.
Et d'ailleurs, ajoute Alexeï Pouchkov, le nouveau chef de l'administration du président par interim de l'Ukraine, a été remarqué avec un fusil à lunettes dans le coffre de sa voiture un jour avant cette tuerie. Mais au moins on pourrait essayer de lier ces deux choses. Non non, on ne parle seulement que de la démocratie, et du renouveau démocratique de l'Ukraine. Un renouveau démocratique avec un fusils à lunettes qui a tiré sur des démocrates qui combattaient Ianoukovitch, moi je pense que c'est une version assez douteuse. Je ne l'a trouve pas dans les médias occidentaux et je ne m'en réjouis pas parce que cela veut dire que la majorité des médias occidentaux ont sombré dans la propagandre et que vraiment on ne peut pas se fier. »
On notera avec amusement que ce 16 mars, un référendum sur l'indépendance et l’autodétermination des peuples à disposer d’eux même, aura lieu non seulement en Crimée, mais aussi à… Venise.
En effet, les habitants de la ville et de ses environs, constituant la province de la Vénétie, souhaitent s’exprimer sur leur appartenance à l'Italie, à l'Union Européenne et à l'OTAN. Le vote se déroulera pendant 5 jours, du 16 au 21 mars. La loi sur le vote a été adoptée par les autorités locales en 2006. Les organisateurs affirment que 68 % des 5 millions d’habitants de Venise et des zones environnantes, soutiennent l’indépendance. En cas de succès, immédiatement après le vote, des partisans de l'indépendance demanderont d'arrêter de virer les impôts perçus à Rome. On pourrait bien sûr aussi parler de l’Écosse, mais aussi de la Bretagne, de la Corse, de la Savoie, de la Catalogne ou de la Flandres… En organisant le démantèlement de l’Ukraine pour piller ses ressources et amener l’OTAN aux portes de la Russie, il n’est pas sûr que l’Occident ait compris la portée de son geste…
Après tout, pour 100 millions de dollars par an, les Bretons pourraient aussi louer le port de Brest à la Marine russe… comme Sébastopol ?
. Union européenne, le nouveau soviet ? (Dissident soviétique V. Bukovski sur l'Union européenne)
. Vladimir Bukovsky - Union Européenne le nouveau Soviétisme