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16 avril 2010 5 16 /04 /avril /2010 16:52

Article d'abord publié sur a-rebours.fr puis repris dans L'Action française 2000.

 

 Eric Zemmour vient de consacrer un livre à l'histoire de France sous le titre Mélancolie française. Il y reconnaît à plusieurs reprises la valeur des idées de l'Action française (il vante avec beaucoup de chaleur les analyses géopolitiques de Maurras dans Kiel et Tanger et celles de Bainville sur le traité de Versailles dans Les Conséquences politiques de la paix). On appréciera aussi la grande indépendance d'esprit de l'essayiste, qui ne cherche visiblement pas à complaire à telle ou telle famille politique ou idéologique. La manière dont il commente les succès et les échecs, les brillantes intuitions comme les fourvoiements les plus complets du général De Gaulle est une preuve décisive de cette absence de parti pris qui est sans doute la plus grande qualité d'Eric Zemmour.

Trois thèses


    On pourrait résumer l'essentiel de Mélancolie française en trois thèses : la première consiste à affirmer, à rebours de l'opinion commune (néo-républicaine comme maurrassienne d'ailleurs) que la France a toujours aspiré à l'empire ; la seconde, que l'on peut dire de l'histoire de France ce que Clemenceau affirmait de la Révolution, à savoir qu'elle est un bloc, qu'entre la formation du territoire par la monarchie et les guerres révolutionnaires et impériales, il n'y a pas rupture mais continuité ; la troisième, que la France a échoué à devenir une grande puissance moderne, soit continentale soit maritime, en raison, d'une part, de l'acharnement contre elle de l'ennemi héréditaire anglais (puis anglo-américain) et de ses alliés objectifs que furent, de tous temps, les pacifistes ou les tenants du renoncement national et, d'autre part, de la faiblesse ancienne et toujours actuelle de notre démographie. Ces trois thèses sont séduisantes et partagent incontestablement le mérite de nous donner à penser en bousculant certains de nos repères. Cela dit, elles partagent aussi le défaut d'être avant tout de brillants paradoxes qui demandent à être soumis à un examen critique.

La nouvelle Rome


    Pour la première thèse, il convient de distinguer la dimension intérieure et extérieure de l'aspiration à l'imperium. Il ne fait pas de doute que la France a toujours été éminemment romaine sur le plan de la civilisation, des arts et lettres et de la conception de l'Etat. Ronsard écrit sa Franciade sur le modèle de l'Enéide de Virgile, le roi de France se prétend « empereur en son royaume » et ses légistes n'auront de cesse de se référer au droit romain. C'est le sens de ces beaux alexandrins de Maurras : « Notre Paris jamais ne rompit avec Rome / Paris d'Athènes en fleur a recueilli le fruit ». Sur le plan extérieur, les choses sont plus complexes. Quand Vauban conseille à Louis XIV de préférer un « pré carré » à des extensions territoriales plus grandes mais moins défendables militairement, il exprime toute la sagesse de l'ancienne France, – celle d'avant 1789 –, qui sait conquérir patiemment pour conserver durablement.

 

 Suite

 

via E-Deo

 

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