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Christ Roi

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29 décembre 2006 5 29 /12 /décembre /2006 18:32

Les origines religieuses du mondialisme

  

(2è partie) 

A propos du livre d'Hervé Ryssen, Les Espérances planétariennes.

 

 

Entretien avec Hervé Ryssen, paru dans les revues Réfléchir et Agir N° 22 et Tabou N° 10 ( juin 2006).

 

 

 

 

 

 

La volonté d’instaurer un gouvernement mondial n’est donc pas un délire d’ « illuminés », comme le dirait Taguieff ?

HR : Il est bien certain que tout est mis en œuvre pour nous faire renier nos racines, nos traditions, notre histoire, nos familles et nos patries, afin de mieux nous faire accepter la société « ouverte » chère aux esprits cosmopolites et l’idée d’un gouvernement mondial.

 

Alain Finkielkraut a insisté sur ce point : « Le Mal, écrit-il, vient au monde par les patries et par les patronymes (10). »

 

L’homme post-moderne doit cesser de « pourchasser les traces du passé en lui-même comme dans les autres. » Son titre de gloire, « c’est d’être cosmopolite, et de partir en guerre contre l’esprit de clocher (11). »  

 

A partir de là, on peut enfin admettre l’idée d’une « confédération planétaire », comme le souhaite le sociologue Edgar « Morin » dans tous ses livres, ou mieux encore, œuvrer pour l’instauration du gouvernement mondial, ainsi que l’exprime Jacques Attali : « Après la mise en place d’institutions continentales européennes, apparaîtra peut-être l’urgente nécessité d’un gouvernement mondial. » (Dictionnaire du XXIe siècle).

 

Tout cela, bien évidemment, n’empêchera pas le célèbre trappeur antifasciste Pierre-André Taguieff de s’indigner des élucubrations antisémites et de prétendre que l’idée domination mondiale est une aberration ou une « supercherie ».

On ne peut nier cependant que les juifs ont connu d’atroces persécutions au fil des siècles. Comment eux-mêmes expliquent-ils leurs malheurs ?


HR : C’est probablement le chapitre le plus étonnant de la question. Sur ce point, là encore, les explications sont tous concordantes et reposent la plupart du temps sur la théorie du « bouc-émissaire », qui voudrait qu’en période difficile, le gouvernement ou le peuple se retournent contre une victime toute désignée que l’on charge de « toutes » les fautes « passées, présentes ou à venir ».

Mais les principaux intéressés manifestent souvent aussi une incompréhension totale du phénomène

  

Ainsi, pour Clara Malraux (l’épouse de l’écrivain) la haine antisémite « est moins dure à supporter quand on la sait totalement et absolument injustifiée et que, de ce fait, l’ennemi se transforme en ennemi de l’humanité (12). » L’ennemi des juifs est l’ennemi de l’humanité toute entière. C’est aussi ce qu’exprime Elie Wiesel, qui écrit dans le tome 2 de ses Mémoires : « C’est ainsi et l’on n’y peut rien : l’ennemi des Juifs est l’ennemi de l’humanité… En tuant les Juifs, les tueurs entreprenaient d’assassiner l’humanité tout entière (13).»

 

En effet, tuer un juif, pour ainsi dire, par nature innocent, c’est forcément s’en prendre à toute personne innocente ou à tout autre communauté. C’est donc bien se définir comme l’ennemi de l’humanité.

 

Il y a aussi une autre interprétation, plus classique, qui se base sur l’idée que les juifs seuls se définissent comme l’humanité, les autres nations n’étant, selon une soi-disant formule du Talmud, que « la semence du bétail. »

Dans son livre intitulé Le Discours de la haine, paru en 2004, le philosophe André Glucksmann assure que « la haine des Juifs est l’énigme entre les énigmesLe juif n’est aucunement la source de l’antisémitisme ; il faut penser cette passion en elle-même et par elle-même, comme si ce juif qu’elle poursuit, sans le connaître, n’existait pas… Deux millénaires que le juif embarrasse. Deux millénaires qu’il est une question vivante pour son entourage. Deux millénaires qu’il n’y est pour rien (14). »

 

Vous l’avez compris, « le juif » est toujours innocent.

 

Là encore, ce ne sont pas de témoignages isolés, et cette attitude semble être celle d’une majorité des intellectuels juifs. Emmanuel Lévinas a aussi exprimé cette opinion, tout comme un autre philosophe juif, Shmuel Trigano pour qui le phénomène antisémite est « resté inexpliqué malgré une bibliothèque immense sur le sujet (15). »

On entend aussi souvent dire que l’antisémitisme est une maladie mentale…

HR : Puisque le phénomène est inexpliqué, et que les juifs sont innocents, le problème ne peut logiquement venir que des goys. Ecoutons ce témoignage de Yeshayahu Leibowitz, philosophe des religions, trouvé dans le livre intitulé Portraits juifs : « C’est un phénomène qui est historiquement incompréhensible. L’antisémitisme n’est pas pour moi le problème des Juifs mais des goyim (16) ! »
Dans le premier tome de ses Mémoires, Elie Wiesel écrit lui aussi : « Je n’étais pas loin de me dire : c’est leur problème, pas le nôtre (17). »

L’explication par le dérangement mental des antisémites se retrouve très fréquemment sous la plume des intellectuels juifs. Le livre de Raphaël Draï, Identité juive, identité humaine, publié en 1995, reprend cette idée : « L’antisémite prête au Juif les intentions qu’il nourrit lui-même à son endroit… La dimension psychopathologique d’une telle construction doit retenir l’attention… Les Juifs mis en scène sont des Juifs projectifs ; l’image “judaïsée” est propre au délire des antisémites (18). »

L’écrivain russe Vassili Grossman, a exprimé la même idée : « L’antisémitisme, dit-il, est le miroir des défauts d’un homme pris individuellement, des sociétés civiles, des systèmes étatiques. Dis-moi ce dont tu accuses les Juifs et je te dirai ce dont tu es toi-même coupable. Le national-socialisme, quand il prêtait à un peuple juif qu’il avait lui-même inventé des traits comme le racisme, la volonté de dominer le monde ou l’indifférence cosmopolite pour sa patrie allemande, a en fait doté les Juifs de ses propres caractéristiques (19). » En somme, vous l’avez compris, l’antisémite rejette sur les Juifs ses propres tares. A ce niveau-là, cela relève effectivement du domaine de la psychothérapie. Reste à savoir si c’est vraiment le goy qui en a le plus besoin !

 

 

notes

 

(1) David Banon, Le Messianisme, Presses universitaires de France, 1998, pp. 15-16.

(2) Edgar Morin, Un nouveau commencement, Seuil, 1991, p. 9.

(3) Jacques Attali, L’Homme nomade, Fayard, 2003, Livre de poche, p. 34.

(4) Elie Wiesel, Mémoires 2, Editions du Seuil, 1996, pp. 144, 146, 152.

(5) George Steiner, De la Bible à Kafka, 1996, Bayard, 2002, pour l’édition française.

(6) Emmanuel Lévinas, Difficile liberté, Albin Michel, 1963, éditions de 1995, p. 299.

(7) J.-L. Talmon, Destin d’Israël, 1965, Calmann-Lévy, 1967, p. 18.

(8) Pierre Paraf, Quand Israël aima, 1929, Les belles lettres, 2000, p. 19.

(9) Camille Marbo, Flammes juives, 1936, Les Belles Lettres, 1999.

(10) Alain Finkielkraut, L’Humanité perdue, p.154.

(11) Alain Finkielkraut, Le Mécontemporain, Gallimard, 1991, pp. 174-177.

(12) Clara Malraux, Rahel, Ma grande sœur…, Editions Ramsay, Paris, 1980, p. 15.

(13) Elie Wiesel, Mémoires 2, Editions du Seuil, 1996, p. 72, 319.

(14) André Glucksmann, Le Discours de la haine, Plon 2004, pp. 73, 86, 88.

(15) Shmuel Trigano, L’Idéal démocratique… à l’épreuve de la shoah, Editions Odile Jacob, 1999, p. 17.

(16) Herlinde Loelbl, Portraits juifs, L’Arche éditeur, Francfort, 1989, 2003 pour la version française.

(17) Elie Wiesel, Mémoires, tome I, Le Seuil, 1994, pp. 30, 31

(18) Raphaël Draï, Identité juive, identité humaine, Armand Colin 1995, pp. 390-392.

(19) Vassili Grossman, Vie et destin, 1960, Ed. Julliard, Pocket, 1983 pour la traduction française, pp. 456-8.

Les Espérances planétariennes, 2005, 432 pages, 26 euros et Psychanalyse du judaïsme, 2006, 400 pages, 26 euros

 

source

 

Réfléchir et Agir N° 22 et Tabou N° 10 ( juin 2006)

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