Il (Hérode Agrippa Ier) supprima Jacques, frère de Jean, en le faisant décapiter.
Saint Jacques le Majeur, fils de Zébédée et de Salomé, était frère de saint Jean l'Évangéliste.
On le surnomma le Majeur, pour le distinguer de l'Apôtre du même nom surnommé le Mineur (fête le 3 mai), qui fut évêque de Jérusalem.
Jacques était de Galilée et vint au monde douze ans avant Jésus-Christ. Il exerçait la profession de pêcheur, ainsi que son père et Jean, son frère. Un jour qu'ils nettoyaient leurs filets dans une barque sur les bords du lac de Génésareth, Jésus appela les deux frères; à l'instant, quittant leur barque et leur père, ils se mirent à Sa suite et furent bientôt agrégés au collège des Apôtres.
Le choix que Jésus fit des deux frères pour être, avec Pierre, témoins de Sa Transfiguration, et plus tard de Sa prière au Jardin des Oliviers, montre assez l'affection dont Il les honorait. Après la dispersion des Apôtres, Jacques le Majeur vint en Espagne, dont Dieu le destinait à faire la conquête. Il la parcourut en tous sens et la féconda de ses sueurs; mais il ne put convertir que neuf disciples. N'est-ce pas un sujet de consolation pour les prédicateurs dont les efforts ne sont pas toujours couronnés de succès? Dieu Se plaît ainsi à éprouver Ses envoyés; ils sèment, d'autres recueilleront la moisson.
Du reste, Jacques eut une grande consolation: la Sainte Vierge, vivante encore, lui apparut et lui demanda de construire, en Son honneur, une chapelle qui serait une protection pour l'Espagne. La Sainte Vierge a maintes fois prouvé depuis aux Espagnols qu'ils étaient sous Sa sauvegarde.
Saint Jacques revint à Jérusalem, y prêcha la foi de Jésus-Christ et convertit beaucoup de personnes. L'Apôtre gagna à Jésus-Christ deux magiciens qui avaient cherché à le confondre par leur art diabolique.
Un jour qu'il prêchait, une émeute, préparée à l'avance, se souleva contre lui; on le conduisit au gouverneur Hérode, en disant: "Il séduit le peuple, il mérite la mort." Hérode Agrippa Ier, homme sans conscience, visant avant tout à plaire, commanda de trancher la tête au saint Apôtre.
Saint Jacques le Majeur, fêté le 25 juillet, est le premier apôtre martyr, décapité sur l'ordre d'Hérode Agrippa vers 41 (Ac. 12, 1-2) lors des premières grandes persécutions contre les communautés chrétiennes à Jérusalem
Eusèbe, d'après Clément d'Alexandrie, raconte que ce martyre fut l'occasion de la conversion du dénonciateur de Jacques, qui soutenant l'accusation devant le tribunal, fut bouleversé par le courage de l'apôtre, se convertit sur l'heure et se déclara chrétien. Conduit au supplice avec sa victime, il le supplia de lui pardonner. Jacques réfléchit un instant. "La paix soit avec toi, dit-il. Et il l'embrassa." (1) Le dénonciateur s'appelait Josias. (Source: Clément d'Alexandrie cité par Eusèbe, Historia Ecclesiastica)
Le privilège de l'épithète "majeur" lui vient de sa plus grande ancienneté parmi les appelés du Christ. (2) Ayant repéré Jacques et Jean, son frère, qui rangeaient leurs filets dans leur barque, Jésus leur dit : "Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d'hommes." (Mt, IV, 18-19;)
Une tradition fit de Jacques l'évangélisateur de l'Espagne, avant sa mort ou par ses reliques. Sa dépouille mortelle y fut conduite par quelques disciples. Il n'est peut-être pas au monde un ancien pèlerinage plus célèbre que celui de Saint-Jacques de Compostelle.
St Jacques a été souvent le défenseur de l'Espagne contre les Sarrasins. Il y est particulièrement vénéré sous le nom de Santiago.
Son corps aurait été découvert en 813 grâce à une étoile dans un champ, d’où le nom de "Compostelle".
alors que St Jacques devient le patron de la Reconquête sur l'islam.
On l'a vu apparaître, en 844, au fort de la bataille de Clavijo, pour conduire l'épée à la main, les armées de la chrétienté contre celle de l'Infidèle. St Jacques est le Matamore, celui qui vainc les Maures."(3)
"L'an 844 est, ... selon la tradition, l'année de la bataille de Clavijo où l'apôtre saint Jacques apparaît pour aider les chrétiens à battre les musulmans."(4)
Mais dès 776, dans les Commentaires de l'Apocalypse de Beatus, un personnage influent de la cour des Asturies.(5)
Le pèlerinage vers St Jacques de Compostelle a été le grand pèlerinage depuis le Moyen Age, et les "jacquets" marchent toujours vers le champ de l’étoile.
Au lendemain de l'invasion de la péninsule Ibérique par les troupes arabo-imazighennes musulmanes, des nobles chrétiens wisigoths refusèrent la domination musulmane et fondèrent le royaume des Asturies en 718.
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En 844, alors que Ramire Ier, Roi des Asturies, dixième descendant de Pelayo, venait de subir une sévère défaite à Albelda, face à l'armée d'Abd al-Rahman II, il remporta une victoire sur son opposant. S'étant retiré sur la proche colline de Clavijo pour passer la nuit, saint Jacques lui apparut en songe, l'encouragea à reprendre les armes le lendemain et l'assura de sa protection. Au cours de ce nouveau combat, monté sur un destrier étincelant de blancheur, l'apôtre prêta main forte à ses protégés, qu'il mena à la victoire, et libéra du tribut les cent vierges que l'émir percevait chaque année depuis le règne de Mauregat des Asturies (783-788) pour les harems de Cordoue, et qui devait comprendre un certain nombre d'esclaves.(6).
Le 25 mai 844, en signe de gratitude, le roi Ramire Ier institua la Voto de Santiago, un tribut dû à la cathédrale de Compostelle, renouvelable chaque année, sur les céréales, par les agriculteurs du Nord de la péninsule Ibérique. Ce tribut ne fut aboli qu'en 1812 par les Cortès de Cadix. Il s'agit de la première manifestation historique de saint Jacques en matamore.
Clavijo, ermitage : Santiago, tableau Matamore. A Clavijo, dans l'ermitage, sur la montagne où se retira le roi Ramire avant la bataille, un tableau commémore sa victoire.
Image de l'apôtre Santiago Matamoros (le Matamore, tueur de Maures) brandissant une grande épée, sur son cheval et combattant l'ennemi de l'Europe comme le décrivent les chroniques médiévales. Ce qui est étrange, c'est que depuis le changement moderniste de l'Église catholique, dans les sculptures et les peintures de ce saint, les Maures dont la tête est coupée par l'apôtre n'apparaissent généralement pas. Même lors des processions, si la figure du Maure existe, on tente de le cacher parmi des kilos de fleurs comme cette image. L'apôtre Santiago "el Matamoros" est une figure prépondérante pour l'Europe chrétienne attaquée par les musulmans mais surtout pour l'essence de l'Hispanité chrétienne catholique.
Vers 1130, dans le miracle XIX du Livre des miracles de saint Jacques, saint Jacques lui-même se présente, annonçant la victoire de Coïmbra au Portugal (1064), à l'embouchure du Mondego, lorsque le roi Ferdinand Ier de Léon (1029-1065) prendra la ville aux musulmans : "Je suis chevalier du Christ, secoureur de chrétiens. (…) je marche en tête des armées chrétiennes contre les Sarrasins."
En 1175, les statuts de l’Ordre de Santiago montrent le saint patron comme un pourfendeur d’Infidèles, selon les paroles du pape Alexandre III (1159-1181) demandant aux chevaliers "qu’ils participent à la défense de la chrétienté et fassent la guerre aux Sarrasin." La bannière des chevaliers porte le saint cavalier brandissant son épée.(7)
Des routes de pèlerinage s'inscrivent sur la carte de l'Europe
Ce sont les routes que les pèlerins se conseillent mutuellement, celles que leur indiquent les monastères. Ce sont aussi les routes où les pèlerins sont assurés de trouver gîte, soins et assistance en des hospices conçus pour eux et financés à cette fin par la charité publique. Les hôtels-Dieu sont des lieux sacrés, des maisons de Dieu, qui procurent le réconfort aux pèlerins, le repos aux indigents, la consolation aux malades, le salut aux morts et l'aide aux vivants.
Les plus célèbres de ces "chemins" sont ceux de Compostelle, dont le réseau étendu sur toute l'Europe organise la convergence et facilite les aménagements logistiques.
Les Chemins de St Jacques de Compostelle au Moyen Âge. Image extraite du livre de Jean FAVIER, "Les Grandes découvertes, d'Alexandre à Magellan", Fayard, Paris 1991, p. 124-125.
Il y a le "Chemin" par excellence, le Camino, dont le tronçon final atteint Compostelle depuis Saint-Jean-Pied-de-Port et le Val de Cize par le col de Roncevaux, Pampelune, Logrono, Burgos et Leon.
https://www.senderismoenasturias.es/caminsa.htm
Une route littorale par Bayonne, Bilbao, Santander et Oviedo double le "Chemin".
Vers ces passages des Pyrénées convergent en France quatre grandes routes.
1- L'une vient de la Loire et de l'Aquitaine. C'est celle des pélerins regroupés à Paris, où le départ se donne traditionnement à Saint-Jacques-de-la-Boucherie et où les premiers soins sont donnés en haut de la rue St Jacques, à l'établissement tenu par les frères Hospitaliers de Saint-Jacques-du-Haut-Pas.
Par Orléans, Tours, Poitiers, Saint-Jean-d'Angély, Saintes et Bordeaux, elle gagne Ostabat et la montée vers le Col.
Quelques-uns préfèrent à Poitiers, abandonner la route traditionnelle et passer par Charroux et Angoulême. Pour l'essentiel, cette "route de Tours" est celle qui permet de prier sur la tombe de l'Apôtre des Gaules : saint Martin est à peu près aussi célèbre que saint Jacques. En 732, devant l'invasion des Arabes, le monde franc eut peur pour son sanctuaire de Tours où est le tombeau de St Martin. Pouvoir conjuguer les deux pélerinages ne laisse personne indifférent.
D'autres, les Normands et les Bretons, partent du Mont-Saint-Michel; par Nantes ou par Angers, ceux-là rejoignent le gros des pélerins à Poitiers ou à Saint-Jean-d'Angély.
2- L'autre part de Vézelay. Elle en tire une grande renommée. Ste Marie-Madeleine va protéger le pélerin au long de sa route (en 882 le moine Badilon apporta de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume à Vézelay, des reliques de Marie-Madeleine.) C'est la "route limousine", celle des pélerins venus de Champagne et de Lorraine; voire d'Allemagne. Dès le départ, elle offre une "option" : on peut, avant de prendre la route du sud-ouest, faire une excursion à Avallon et Cluny, voir Autun ou Tournus. De Vézelay, on gagne Neuvy-Saint-Sépulcre, soit par le nord, c'est-à-dire par La Charité, Bourges et Châteauroux, où l'on se repose à l'abbaye de Déols, soit par le sud, c'est-à-dire parNevers, Saint-Amand et La Châtre. Les deux cheminements de la route limousine se joignent à Neuvy-Saint-Sépulcre, d'où la plupart des pélerins gagnent Saint-Léonard-de-Nobat, Limoges, Périgueux. On prie Saint Léonard de Noblat, contemporain de Clovis, célèbre pour avoir fait libérer des prisonniers, saint Martial, évêques des Gaules, et saint Front, et l'on admire par la même occasion, les trésors de reliquaires qui font la réputation de l'émail limousin aussi bien que les extraordinaires coupoles des églises périgourdines. On fait la provision de médailles. Le Musée de Cluny conserve de ces médailles de plomb, comme celle où, sur une silhouette de château crénelé, on voit Léonard briser en levant la main les chaînes d'un prisonnier. La médaille protégera des mauvaises rencontres.
3- La troisième route vient du Puy. Elle passe par Figeac et Cahors. Elle offre la possibilité de vénérer à Conques les reliques de sainte Foy, l'une des martyres les plus renommées de la France médiévale, morte cuite sur un lit d’airain et décapitée à l’âge de douze ans, à Agen en Gaule, en 303. On peut aussi trouver à l'abbaye de Moissac l'occasion de prier et de se faire panser. Sur cette route cheminent les pélerins venus de Lyon, de Vienne et de l'au-delà, du Dauphiné comme de la comté de Bourgogne et de tout l'Empire. C'est la "route des Teutons". Elle comporte une variante par Brioude, Aurillac et Souillac. Mais le pélerin peut aussi rejoindre à Clermont la route de Tulle et de Souillac.
4- Une quatrième route ne rejoint le "Chemin" qu'au-delà des Pyrénées: c'est la "route de Saint-Gilles" qui, de Provence, atteint l'hospice d'Oloron-Sainte-Marie et le col du Somport en visitant Arles, Saint Gilles-du-Gard, Saint-Guilhem-le-Désert et Toulouse. Les pélerins venus d'Italie, voire d'Orient, l'empruntent avec les Provençaux et les languedociens.
Par cette route, ils peuvent prier devant les restes de Saint Trophime, fondateur de l'église d'Arles au IIIe siècle, Saint-Gilles, moine ermite du VIIe siècle, et Saint-Sernin, martyr du IIIe siècle, mais on peut aussi flâner aux Alicamps et rêver là aux héros des chansons de geste, puis faire le détour par les Saintes-Maries-de-la-Mer.
Au Mexique, dans une petite ville du Michoacán, Santiago est le saint patron. Il est représenté avec son cortège de Maures défaits. De nombreux indigènes portent le nom de Santiago. Il y a toujours des processions de Maures et de Chrétiens.
À Santiago de Gualaceo, une ville de la province d'Azuay en Équateur, la procession de motos et de chrétiens se poursuit encore aujourd'hui.
En Colombie, à Santiago de Cali, ville fondée le 25 juillet 1536, il y avait dans l'une des nefs de la cathédrale une statue équestre de Santiago avec le Maure tombé au combat, qui a été enlevée il y a plusieurs années.
Le combat était de sauvegarder la foi chrétienne, qui aurait été anéantie dans le monde entier. Mais alors que tout était contre elle, elle a été sauvée.
(1) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome II Les Apôtres et les Martyrs, Librairie Arthème Fayard, Paris 1965;
(2) Xavier BARRAL I ALTET, Compostelle, Le Grand chemin, Découvertes Gallimard, p. 14;
(3)
Serafin FANJUL, Al-Andalus, L'Invention d'un mythe, La réalité historique de l'Espagne des trois cultures, L'Artilleur, Condé-sur-Noireau 2017, p. 35;
Xavier BARRAL I ALTET, Compostelle, Le Grand chemin, Découvertes Gallimard, p. 19-20;
(6) Adeline RUCQUOI, Histoire médiévale de la Péninsule ibérique, éditions du Seuil, coll. Points histoire, Paris, 1993, p. 163.
(7) https://www.citoyens-et-francais.fr/2019/07/25-juillet-saint-jacques.mais-pourquoi-matamore.html