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7 janvier 2024 7 07 /01 /janvier /2024 00:00
Domingos Sequeira, Adoration des mages (1828)

Domingos Sequeira, Adoration des mages (1828)

[Épiphanie, du grec "manifestation".] C'est-à-dire la manifestation de Dieu.

 

Le livre des Nombres annonçait l'astre issu de Jacob, sceptre levé, issu d'Israël: 

Ce héros, je le vois – mais pas pour maintenant – je l’aperçois – mais pas de près : Un astre se lève, issu de Jacob, un sceptre se dresse, issu d’Israël. Il brise les flancs de Moab, il décime tous les fils de Seth(Nb 24:17)

 

Le Psaume 71, 1-11 annonçait ce Fils de roi dont le règne devait gouverner avec justice, faire droit aux malheureux, et durer sous le soleil et la lune de génération en génération: 

Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice. Qu'il gouverne ton peuple avec justice, qu'il fasse droit aux malheureux ! Montagnes, portez au peuple la paix, collines, portez-lui la justice ! Qu'il fasse droit aux malheureux de son peuple, qu'il sauve les pauvres gens, qu'il écrase l'oppresseur ! Qu'il dure sous le soleil et la lune de génération en génération !

[...] Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront. Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie.

 

Le livre de Michée 5,1 annonçait que de Bethléem, "le plus petit des clans de Juda", devait sortir celui qui devait gouverner Israël, et dont les origines remontent à l'antiquité, aux jours d'autrefois.

 

Le livre d'Isaïe 60, 1-6 annonçait que la lumière et la gloire du Seigneur devait se lever sur Jérusalem et que tous les gens de Saba devaient y venir, apporter l'or et l'encens et annoncer les exploits du Seigneur.

 

Isaïe 63, 9 annonçait que ce ne devait être "ni un messager ni un ange", mais la "face" du Seigneur qui les sauverait. 

 

Le livre d'Isaïe 7, 14, encore, annonçait qu'"une Vierge", "enceinte", enfanterait "un Fils", qu'elle devait appeler Emmanuel (c'est-à-dire Dieu-avec-nous).

 

Isaïe 35, 4 précise  qu'il viendra "lui-même" pour nous "sauver".

 

L'Évangile selon S. Matthieu, 2, 1-15 raconte la la visite des rois mages à l'Enfant-Jésus, Sauveur promis au monde, guidés par une étoile (l'astre de Nb 24:17) vers le lieu de naissance prophétisée du Christ (Bethléem selon Mi 5, 1) en passant par Jérusalem où ils annoncèrent à Hérode la naissance du "roi des Juifs" (Mt 2:1-2 et 8-10.

 

 

L'Apôtre Matthieu décrit "des mages d’Orient" qui n'étaient pas juifs mais qui "arrivèrent à Jérusalem" et  "dirent" : "où est le roi des Juifs qui vient de naître? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer." Il ne qualifie pas les mages de "rois", mais les Écritures hébraïques, elles, prédisaient l'hommage des roisPsaume 71 (72),10 : "Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents. Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande."; Et Isaïe 60,3-6 annonce : "Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. En grand nombre, des chameaux t’envahiront, de jeunes chameaux de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens ; ils annonceront les exploits du Seigneur." 

 

On trouve le récit de l'étoile guidant les mages venus d'Orient dans le Protévangile de Jacques (IIe siècle) qui y ajoute celui de "l'astre le plus lumineux" dans le ciel.

 

Tout l'Évangile selon Saint Matthieu présente Jésus comme un nouveau Moïse qui conduirait son peuple hors de sa condition vers une nouvelle liberté.

 

Cette fête commémore donc cet évènement historique qui vit Dieu venir lui-même sauver son peuple.

 

Le thème de l'Adoration devient rapidement populaire dès les premiers développement des communautés chrétiennes et le demeure pendant des siècles. Il apparait dès les débuts de l'art chrétien et figure régulièrement sur les sarcophages et les murs des catacombes romaines, ainsi qu'en témoigne une célèbre représentation dans la catacombe de Priscille à Rome datée du IIIe siècle.

 

Au IIIe siècle également, Origène (185-254) dans ses Homélies sur la Genèse fixe leur nombre à trois; Tertullien qualifie les mages de “presque rois” et à sa suite, plusieurs Pères de l'Église, comme Cyprien de Carthage et Ambroise de Milan ainsi que des auteurs comme Césaire d'Arles, confèrent aux mages le titre de "roi" (Robert FÉRY, Jours de fêtes : histoire des célébrations chrétiennes, Seuil, 2008, p. 35.)

 

Les noms des mages apparaissent dans un écrit apocryphe qui ne semble pas antérieur au VIe siècle, l’Évangile arménien de l'Enfance, qui les appelle Balthazar, Melkon et Gathaspar. Des fouilles archéologiques aux Kellia, au nord-ouest du delta du Nil, livrent un graphite peint de la fin du VIIe siècle qui propose les noms de "Gaspar, Belkhiōr et Bathēsalsa".

 

Le pape S. Grégoire le Grand (pape 590-604), dans son Homélie sur l'Epiphanie, prononcée le jour de l'Épiphanie 6 janvier 591 devant le peuple, dans la Basilique de saint Pierre explique que:

 

"Les mages offrent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

"L’or convenait bien à un roi ; l’encens était présenté à Dieu en sacrifice ; et c’est avec la myrrhe qu’on embaume les corps des défunts.

"Les mages proclament donc, par leurs présents symboliques, qui est celui qu’ils adorent. Voici l’or : c’est un roi ; voici l’encens : c’est un Dieu ; voici la myrrhe : c’est un mortel.

"Il y a des hérétiques qui croient en sa divinité sans croire que son règne s’étende partout. Ils lui offrent bien l’encens, mais ne veulent pas lui offrir également l’or. Il en est d’autres qui reconnaissent sa royauté, mais nient sa divinité. Ceux-ci lui offrent l’or, mais refusent de lui offrir l’encens. D’autres enfin confessent à la fois sa divinité et sa royauté, mais nient qu’Il ait assumé une chair mortelle. Ceux-là lui offrent l’or et l’encens, mais ne veulent pas lui offrir la myrrhe, symbole de la condition mortelle qu’Il a assumée." 

 

Toutes les nations se prosterneront devant le Seigneur (Ps 71). Pense-t-on à cela en partageant la galette des rois ?

Fête de l'Épiphanie. Jésus nommé ou... manifesté

"L'étoile vient de s'arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l'Enfant. C'est pourquoi les mages, quand ils virent l'étoile, éprouvèrent une très grande joie. (Mt 2, 9-10)

 

"Accueillons nous aussi cette grande joie dans nos cœurs. Car c'est de la joie que les anges annoncent aux bergers. Adorons avec les mages, rendons gloire avec les bergers, dansons avec les anges ! Il nous est donné aujourd'hui un Sauveur, qui est le Messie, le Seigneur (Lc 2,11). C'est Dieu, le Seigneur qui nous illumine (Ps 117,27), non pas sous la forme de Dieu, pour ne pas épouvanter nos faiblesses, mais sous la forme du serviteur, afin de donner la liberté à ceux qui étaient réduits en servitude.

 

"Qui donc a un cœur assez endormi, qui donc est assez ingrat pour ne pas se réjouir, exulter et rayonner devant un tel événement ?" (S. Basile le Grand, Homélie sur Noël, 2, dans Les Pères de l'Église commentent l'Évangile, Abbaye de Clervaux, Brepols, 1991, p. 29.)

 

"Dans tout l’univers, le Seigneur a fait connaître son salut
 

...La miséricordieuse providence de Dieu a voulu, sur la fin des temps, venir au secours du monde en détresse. Elle décida que le salut de toutes les nations se ferait dans le Christ.

C’est à propos de ces nations que le saint patriarche Abraham, autrefois, reçut la promesse d’une descendance innombrable, engendrée non par la chair, mais par la foi; aussi est-elle comparée à la multitude des étoiles, car on doit attendre du père de toutes les nations une postérité non pas terrestre, mais céleste.

Que l’universalité des nations entre donc dans la famille des patriarches; que les fils de la promesse reçoivent la bénédiction en appartenant à la race d’Abraham, ce qui les fait renoncer à leur filiation charnelle. En la personne des trois mages, que tous les peuples adorent le Créateur de l’univers; et que Dieu ne soit plus connu seulement en Judée, mais sur la terre entière afin que partout, comme en Israël, son nom soit grand (Ps 75, 2).

Mes bien-aimés, instruits par les mystères de la grâce divine, célébrons dans la joie de l’Esprit le jour de nos débuts et le premier appel des nations. Rendons grâce au Dieu de miséricorde qui, selon saint Paul, nous a rendus capables d’avoir part, dans la lumière, à l’héritage du peuple saint; qui nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, et nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé (Col 1, 12-13).

Ainsi que l’annonça le prophète Isaïe: Le peuple des nations, qui vivait dans les ténèbres, a vu se lever une grande lumière, et sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi (Is 9, 1).

Le même prophète a dit à ce sujet: Les nations qui ne te connaissaient pas t’invoqueront; et les peuples qui t’ignoraient accourront vers toi (Is 55, 5). Ce jour-là, Abraham l’a vu, et il s’est réjoui (Jn 8, 56) lorsqu’il découvrit que les fils de sa foi seraient bénis dans sa descendance, c’est-à-dire dans le Christ; lorsqu’il aperçut dans la foi qu’il serait le père de toutes les nations; il rendait gloire à Dieu, car il était pleinement convaincu que Dieu a la puissance d’accomplir ce qu’il a promis (Rm 4, 20-21).

Ce jour-là, David le chantait dans les psaumes:

Toutes les nations, toutes celles que tu as faites, viendront t’adorer, Seigneur, et rendre gloire à ton nom (Ps 85, 9).



Et encore:

Le Seigneur a fait connaître son salut, aux yeux des païens et a révélé sa justice (Ps 97, 2).

 

Nous savons bien que tout cela s’est réalisé quand une étoile guida les trois mages, appelés de leur lointain pays, pour leur faire connaître et adorer le Roi du ciel et de la terre. Cette étoile nous invite toujours à suivre cet exemple d’obéissance et à nous soumettre, autant que nous le pouvons, à cette grâce qui attire tous les hommes vers le Christ.

Dans cette recherche, mes bien-aimés, vous devez tous vous entraider afin de parvenir au royaume de Dieu par la foi droite et les bonnes actions, et d’y resplendir comme des fils de lumière; par Jésus Christ notre Seigneur, qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen."

(S. Léon, pape, Sermon 14 [Migne: 33], 3° pour l’Épiphanie 1.3-5 ; cf. SC 22bis, 226-237.)

Fête de l'Épiphanie. Jésus nommé ou... manifesté

Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.

Ephésiens 3,6

Fête de l'Épiphanie. Jésus nommé ou... manifesté
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commentaires

V
<br /> L'épiphanie à Brest, c'est sans couronne... Pour respecter la laïcité... <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> http://www.blogactualite.org/2014/01/des-enfants-prives-de-couronne.html<br />
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T
<br /> <br /> Plus précisément "Théophanie" pour "manifestation de Dieu".<br /> <br /> <br /> Les Arméniens fêtentc e jour là la Nativité, en même temps que le baptème du Christ.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> Merci, Ingomer, pour ce très bel article commémorant l'Epiphanie.<br /> A l'auteur du premier commentaire, je dirai une seule chose : on est toujours "imbuvable" pour quelqu'un. Ceci dit, le blogue d'Ingomer n'est pas "imbuvable" à ceux qui aiment et respectent la<br /> France éternelle, celle de nos rois dont nous espérons que la dynastie reviendra sur le trône de France à travers l'Aîné des Capétiens, Louis XX, héritier présomptif de la Couronne de France.<br /> Ce blogue n'est pas "imbuvable" à ceux qui n'ont pas renié la foi catholique qui fait partie de l'identité de la France et qui sont ses racines depuis le baptême de Clovis.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
je viens da passer quelques minutes sur votre blog, qui je dois l'avouer est très bien fait même s'il défend des idées auquelles je n'adhère absolument pas.Vu qu'il s'agit dun blog militant je comprend bien la nature du propos mais j'ai tout de même du mal, car cela reste pour moi imbuvable tant certains articles sont orientés politiquement et culturellement.
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