Sainte Geneviève, patronne de Paris, naquit au village de Nanterre, vers l'an 422. Elle est la fille de l'officier franc, Severus, qui converti au christianisme nicéen (catholicisme) a servi dans l'armée romaine en Gaule, et de Gerontia, gauloise, fille de Gerontius, maître de cavalerie et ami personnel de Constantin III, qui tentait de préserver une partie de la Gaule de l'installation des Germains.
Ses parents possédaient des terres cultivables du côté de Melun et de Meaux où poussait le blé.
Elle était âgée de sept ans quand saint Germain, évêque d'Auxerre, traversa le village de Nanterre, où elle habitait. Éclairé par une lumière divine, le Saint discerna cette modeste enfant parmi la foule accourue sur ses pas :
"Béni soit, dit-il à ses parents, le jour où cette enfant vous fut donnée.
"Sa naissance a été saluée par les anges, et Dieu la destine à de grandes choses."
Puis, s'adressant à la jeune enfant, il la confirma dans son désir de se donner tout à Dieu :
"Ayez confiance, ma fille, lui dit-il, demeurez inébranlable dans votre vocation ; le Seigneur vous donnera force et courage."
Sainte Geneviève bénie par S. Germain, par J.-N. JOUY (1845), église Saint Nicolas-des-Champs - Paris
Un dimanche que Geneviève s'habillait pour accompagner sa mère aux offices, Gérontia dit à sa fille avec rudesse : "reste à la maison, Genovefa ; je ne veux pas que tu ailles à l'église."
La pauvre enfant, tout en larmes, répliqua :
"mais ma mère, il faut que je tienne la promesse que j'ai faite à Dieu et au saint Évêque Germain ! Il faut que je sois assidue aux offices pour mériter de devenir l'épouse du Christ."
Pour toute réponse, Gérontia leva la main sur sa fille et lui donna un soufflet. Le châtiment céleste suivit de près la faute. À peine Geneviève eut-elle été frappée que, subitement, Gérontia perdit l'usage de la vue ; tout devint ténèbres autour d'elle, et cela pendant près de deux ans. Mais Dieu qui voulut la punition permit aussi le miracle ; c'est là une des plus jolies pages de le vie de la douce enfant de Nanterre.
Depuis que sa mère était devenue aveugle, Geneviève l'amenait chaque jour dans la prairie où elle gardait son troupeau, elle lui décrivait ce qu'elle voyait autour d'elle, lui parlait de Dieu, de sa joie de s'être consacrée à lui, de la paix qui remplissait son cœur depuis la promesse faite à Germain d'Auxerre. Et Gérontia, qui comprenait maintenant les desseins de la Providence, écoutait l'enfant en silence et priait. Un soir, au soleil couchant, Gérontia élève la voix et, appelant sa fille, lui dit : "Prends le vase à puiser de l'eau, mon enfant, va au puits et rapporte-moi l'eau fraîche que tu auras tirée."
Il y a une si grande tristesse dans l'accent avec lequel ces paroles sont prononcées que Geneviève se hâte d'obéir. Au moment de porter la cruche à Gérontia, elle joint les mains et adresse au ciel une ardente supplication. Elle demande cette chose, en apparence irréalisable, la guérison de sa mère. Cependant l'aveugle renouvelle sa demande : "Apporte mois l'eau du puits, Génovefa." Geneviève s'approche de l'infirme, élève la cruche à portée de ses mains et fait un signe de croix sur l'eau. Avec une grande foi, l'aveugle prend du bout des doigts un peu d'eau bénite par sa fille et s'en baigne les yeux. Au premier attouchement, le voile qui obscurcit sa vue semble moins épais, au deuxième il disparaît presque entièrement, au troisième, la lumière se fait, définitive.
Et c'est là le premier miracle de la petite vierge de Nanterre qui, plus tard, rendra la santé à tant d'infirmes, la vue à tant d'aveugles, la foi à tant d'âmes égarées. Le puits ou Genovefa puisa l'eau miraculeuse existe encore à Nanterre et les pèlerins y affluent comme aux premiers siècles de la chrétienté.
Extrait de l'ouvrage Les Saintes Patronnes de France, éditions Voxgallia.
Geneviève reçut le voile à quatorze ans, des mains de l'archevêque de Paris, et, après la mort de ses parents, elle quitta Nanterre pour se retirer à Paris même, chez sa marraine, où elle vécut plus que jamais saintement.
Malgré ses austérités, ses extases, ses miracles, elle devint bientôt l'objet de la haine populaire, et le démon jaloux suscita contre elle une guerre acharnée. Il fallut un nouveau passage de saint Germain de Nanterre pour rétablir sa réputation : "Cette vierge, dit-il, sera votre salut à tous."
Bientôt, en effet, le terrible Attila, roi des Huns (434-453), surnommé le Fléau de Dieu, envahissait la Gaule ; mais Geneviève prêcha la pénitence, et, selon sa prédiction, Paris ne fut pas même assiégé.
"Ayez confiance, priez et Dieu vous écoutera". C'est ce que Ste Geneviève dit aux Parisiens lors du Conseil municipal qui se réunit pour débattre de l'évacuation de la ville devant l'invasion d'Attila.
Mais on ne l'écouta pas. Les prêtres eux-mêmes se détournaient d'elle et commencèrent à entasser les trésors de l'église S. Etienne sur des barques que les nautes avaient amarrées au port et où magistrats, marchands, artisans, commerçants commencaient à s'installer avec leurs biens. Les hommes pressaient leurs épouses et leurs enfants de partir avec eux. Sur des chariots étaient amassés des meubles, de l'argent, des vivres, des troupeaux, des animaux domestiques. Tout le monde voulait s'échapper de Lutèce, fuir par le fleuve, par les routes et les sentiers. On partait, on quittait Lutèce, on abandonnait les toits. Geneviève courut alors d'un endroit à un autre de l'Île, et même traversa à plusieurs reprises le pont pour tenter d'arrêter le flot des exilés. Elle osa sur le port s'adresser aux hommes et elle les exhorta à ne pas abandonner leur ville. Comme ils proférèrent des injures et finirent par la bousculer, elle fit appel à leur patriotisme gaulois. Elle évoqua l'antique cité lorsqu'elle était habitée par des hommes farouches et libres avant l'occupation romaine... et la défaite de Camulogène devant Labienus, lieutenant de César. Elle parla de ces précédentes invasions auxquelles toute la population de la cité sut résister en s'enfermant dans l'Île, en fortifiant les plus vastes de ses monuments. Elle s'étonna que soudain ils abdiquaient, alors que leurs pères et leurs aïeux leur avaient donné tant d'exemples de courage et d'abnégation. Geneviève se réfugia dans le baptistère S. Jean-en-Rond et là, au cours de la journée, bon nombre d'épouses, de mères ou de jeunes filles vinrent la rejoindre pour soutenir son action. Elles finirent par se retrouver nombreuses dans le baptistère et par s'y enfermer à l'abri des imprécations de leurs époux qui n'osaient quitter la ville sans elles. Elles s'agenouillèrent avec Geneviève et commencèrent des prières, des suppliques, pour demander à Dieu d'écarter Attila du chemin de Lutèce. Après avoir pris Orléans, Attila décida de lever le siège d'Orléans et de rebrousser chemin en direction de Troyes. L'affrontement des armées eu lieu aux Champs Catalauniques (451). Attila défait, Geneviève était rassurée en apprenant qu'il franchit les Alpes et s'apprêtait à entreprendre la conquête de l'Italie: ne l'avait-t-elle pas prédit ? Elle ne douta pas que le Hun se perdrait dans cette nouvelle aventure après la défaite qu'il venait d'essuyer. (Joël SCHMIDT, Sainte Geneviève, La Fin de la Gaule romaine, Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 1997)
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La sainte mourut à quatre-vingt-neuf ans, le 3 janvier 512.
D'innombrables miracles ont été opérés par son intercession.
Son tombeau est toujours entouré de vénération dans l'église de Saint-Étienne-du-Mont, à Paris.
Le reliquaire contenant les restes de la Sainte situé dans une crypte de l'église Sainte Geneviève comportait une grande quantité d'or et d'argent ainsi que des pierres précieuses qui avaient été données par des nobles. Il sera hélas fondu avec avidité en 1793 par la Commune de Paris, et une partie de ses reliques furent brûlées par les barbares avant d'être jetées dans la Seine en 1793. L'église Sainte Geneviève, confisquée en 1791 avec l'abbaye dont elle dépendait, fut abattue de 1801 à 1807... Ce ne sera hélas pas le seul exemple de profanations de symboles et de monuments chrétiens lors de la Révolution.
Mais la pierre tombale qui supportait le corps de la Sainte depuis 512 avait été épargnée en 1793 par manque d'intérêt et s'est mélangée au milieu des débris de l'église : elle sera retrouvée en 1802 avant d'être transférée de l'église Sainte Geneviève vers l'église Saint-Etienne-du-Mont. Une chapelle lui est dédiée en 1852 :
- la pierre tombale sera recouverte d'une châsse, véritable manteau d'orfèvrerie,
- une copie de la statue qui ornait l'ancienne église Sainte Geneviève a été intégrée dans l'autel,
- trois reliquaires comportant les dernières reliques de la Sainte, qui avaient été distribuées à d'autres paroisses, sont déposés au pied de la statue.
Encore aujourd'hui, de très nombreux cierges sont allumés par des personnes souhaitant obtenir quelque grâce par l'intercession de la sainte et à la suite de la fête de Ste Geneviève début janvier, de très nombreux fidèles s'y retrouvent en pèlerinage pour prier.
Sources : Les saints du jour ; Sainte Geneviève et l'église de Saint-Etienne-du-Mont; wikipedia 1, 2; Sainte-Geneviève.net ; Joël SCHMIDT, Sainte Geneviève, La Fin de la Gaule romaine, Perrin, Mesnil-sur-l'Estrée 1997 ; Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 80; ChristianFourré Twitter