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Christ Roi

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24 août 2008 7 24 /08 /août /2008 13:28

Au § 22 de sa deuxième encyclique, Spe salvi, Benoît XVI parle de la nécessité pour le christianisme "de revenir toujours de nouveau à ses racines", quitte à pratiquer "une auto-critique" de son évolution historique.

Propos d'intellectuel ? On va bien plus loin que la repentance de Jean Paul II. Il ne s'agit pas de mettre en cause tel ou tel événement malheureux, dans lequel l'Eglise aurait une forme de responsabilité. Qui diura les affres de l'historien scrupuleux lorsqu'il s'agit de mettre en lumière les causes d'un événement quel qu'il soit. Benoît XVI propose avec raison une autre démarche, celle qui consiste à distinguer le vrai modèle du christianisme "conformément aux Ecritures" et les caricatures ou les déplacements d'accents, qui, en particulier depuis trois siècles, depuis la crise de la conscience européenne dont parlait Paul Hazard (il donnait pour cette crise les années 1680 à 1715) ont fleuri dans la culture occidentale. il y a quantité d'images du Christ, mise en circulation durant ces années là qui ne concordent pas avec l'Ecriture et qui sont donc des images fausses. Un examen attentif de tout ce qu'a produit le XIXème siècle, depuis le Christ douceâtre de saint-Sulpice jusqu'au Christ révolté de Vigny, serait certainement passionnant.

Je proposerai simplement ici trois grandes catégories, à travers lesquelles historiquement le christianisme a évolué de différentes façons. Parmi ces trois catégories, qui permettraient de regrouper les diverses approches du Christ qui ont eu cours ces dernières décennies, une seule me semble viable. Une seule demeurera, celle que l'on peut nommer à juste titre catholique, parce qu'elle est vraiment universel selon le sens du mot catholique en grec.

Le modèle viable du Christ est celui que l'homme a conscience de tirer des Ecritures. Si le Christ ne vient pas des Ecritures et des Ecritures seules (sola Scriptura, dit déjà en ce sens thomas d'Aquin dans la dernière leçon de son Commentaire de l'Evangile de Jean), s'il est un produit de la conscience humaine (idea Christi) comme le pensait Fichte, il se transforme en une mythologie qui n'a pas d'autre nécessité que le fantasme de l'homme qui se croit Dieu. Sicut scriptum est. Sicut dixit. La théologie chrétienne n'a pu envisager le Christ autrement que comme l'Ecriture le présente. Et c'est cette vérité de l'Ecriture, reçue dans la foi, qui rend l'homme libre de toutes les addictions engendrées par le besoin ou par le désir. La foi provient dans l'homme de l'esprit de Dieu et là où est l'esprit de Dieu dit saint Paul, là est la liberté.

Le modèle catholique consiste à chercher la vérité du Christ en dehors de la conscience humaine, qui ne nous en dit rien, parce qu'elle n'en sait rien. C'est la parole reçue (de Dieu), c'est la parole donnée (par Dieu) qui nous installe dans la vérité. Et parce que cette vérité est surplombante, parce que, comme le dit quelque part Jean Chrysostome, elle ne vient pas de notre terre, elle représente pour nous un point fixe, le point fixe sur lequel s'appuie notre liberté. C'est le principe du levier d'Archimède : donnez moi un point fixe et je soulèverai le monde. La foi est ce point fixe dans la mesure justement où elle n'est pas une émanation de la conscience humaine.

A côté du modèle catholique (la vérité vous rendra libre Jean, VIII), il y a un modèle libéral, qui est exactement à l'inverse. Au lieu de dire que la vérité rend libre, le libéral explique que la liberté rend vrai. Laissez les libres et ils iront au vrai ! C'est le cri de tous les utopistes, de tous ceux qui voient dans l'autorité une atteinte au droit des personnes sur lesquelles elle s'exerce. C'est la tendance spontanée d'un certain humanisme chrétien : notre religion est tellement belle qu'il suffit de laisser à l'homme une authentique liberté religieuse pour qu'il finisse par y venir. Qui saura dire les ravages de l'utopie libérale. Avec les meilleures intentions du monde, en matière religieuse, un libéral de principe est un destructeur. L'Evangile nous avait prévenu : c'est la vérité qui rend libre et pas la liberté qui rend vrai.

Enfin, à côté de ce modèle utopique qu'est le modèle libéral, il y a le modèle réaliste, théorisé par Locke dans son Traité de la tolérance et reçu par la maçonnerie anglaise, celle des Constitutions d'Anderson. Dans cette perspective, il s'agit surtout de chercher les moyens d'un consensus humain sur la foi. On trouve dans cette vision des relents du vieil unitarisme socinien, né à la fin du XVIème siècle, dans la cervelle d'un Italien, Fausto Socin, comme un enfant monstrueux et non voulu de la crise protestante. Débarrassons nous des dogmes qui portent sur des mystères (comme celui de la trinité) et contentons nous de cultiver un christianisme irréfutable, le christianisme pratique, celui de l'amour du prochain et du pardon des injures.

Ce que n'ont pas vu les adeptes de cette vision, si largement répandue aujourd'hui, du christianisme, c'est que sans crier gare, à force de chercher le consensus et donc le plus petit commun dénominateur, on est sorti de la religion. La recherche du consensus accouche de ce christianisme purement moral que saura critiquer Nietzsche, un christianisme qui n'a plus la force d'une religion, un christianisme destiné à mourir.

Le monde ne voudra jamais se passer du Christ. il a cherché simplement à éviter son regard. il n'a pas voulu le regarder en face. S'il est vrai (comme Dostoievsky en a eu l'intuition fulgurante et douloureuse) que le monde ne se passera jamais du Christ (plutôt de la vérité que du Christ dit Aliocha Karamazov), alors poser ces trois modèles, c'est me semble-t-il démontrer que l'avenir est forcément à l'orthodoxie catholique. Non à ses caricatures.

Abbé G. de Tanoüarn

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