Jean-Baptiste Carrier, un des bourreaux que la Convention envoya à Nantes en octobre 1793 avec pour mission d'appliquer la destruction de la Vendée, inventa les "noyades de Nantes" qui firent périr des milliers de personnes dans les eaux de la Loire par noyade. "Nous ferons de la France un cimetière, plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière"(1), disait-il. Un autre moyen qu'il suggéra était de "faire empoisonner les sources d'eau", à l'arsenic. Il s'agit d'un projet de "guerre chimique" en 1793...
Projet de « guerre chimique » en 1793 pour éliminer les Vendéens
En 1933, le médecin et historien Paul Delaunay, dont l’académicien Jean Rostand dira de son œuvre qu’elle constitue « une source irremplaçable d’information et une haute leçon d’élégance achèvement, de rigueur et d’indépendance », s’intéresse à la « guerre chimique » imaginée en 1793 par Carrier et Santerre pour éliminer les Vendéens.
Le 9 novembre 1793, Jean-Baptiste Carrier, future figure emblématique de la Terreur responsable des « noyades de Nantes » qui débuteront une semaine plus tard, demandait de Nantes que l’on employât contre les Vendéens des procédés plus efficaces que les foudres des guerriers républicains :
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« Vous avez à délivrer le pays d'un chancre qui le dévore. Le poison est plus sûr que toute votre artillerie. Ne craignez donc pas de le mettre en jeu. Faites empoisonner les sources d’eau. Empoisonnez du pain que vous abandonnerez à la voracité de cette misérable armée de brigands, et laissez faire l’effet. Vous avez des espions parmi ces soldats qu’un enfant conduit. Lâchez-les avec ce cadeau et la partie sera sauvée. »
Les suggestions du proconsul avaient-elles été déjà entendues ? Il semble bien que l’on fit provision de toxiques : « Nous fûmes vraiment étonnés, écrivait Savin à Charette, le 25 mai 1793, de la quantité d’arsenic que nous trouvâmes à Palluau au commencement de la guerre. On nous a même constamment assuré qu’un étranger qu’ils avaient avec eux et qui fut tué à cette affaire, était chargé d’assurer le projet d’empoisonnement contre nous. » Au reste, il est des témoignages d’une autre nature. Le pharmacien Proust, d’Angers, avait fait, sur des moutons rassemblés dans le pré de la Baumette, des essais de boules puantes, qui d’ailleurs échouèrent.
Le 22 août 1793, le général Antoine-Joseph Santerre, qui commandait à Saumur - et déjà passé à la postérité sous le surnom de « général roulement » lorsqu’au moment de l’exécution de Louis XVI il avait ordonné un roulement de tambour pour couvrir la voix du souverain sur la guillotine -, conseillait au ministre de la guerre : « Des mines, des mines, des fumées soporifiques, et puis tomber dessus. »
Le 11 septembre, son collègue et émule Jean-Antoine Rossignol, réclamait du Comité de Salut public l’envoi du chimiste Antoine-François Fourcroy pour aider « à la destruction des brigands ». Le citoyen Fourcroy ne se dérangea pas, mais rédigea, à la demande de Robespierre, un rapport qu’il serait bien intéressant de retrouver.
Il ne semble pas, d’ailleurs, explique Delaunay, que le projet ait été retenu. Les généraux répugnaient à l’emploi de ces moyens, et Kléber, dit-on, mis au courant des propositions de Carrier, menaça de lui passer son sabre au travers du corps. Mais il est probable, ajoute-t-il, qu’on craignit surtout que les Sans-culottes et les Bleus ne fussent aussi, par mégarde, victimes du procédé...
Source: http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article5764
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(1) Jean-Baptiste Carrier cité in Mgr Delassus, La Conjuration antichrétienne, Le Temple maçonnique voulant s'élever sur les ruines de l'Eglise catholique, 1910, Réed. Expéditions pamphiliennes 1999, p. 288.
- République Française = premier régime génocidaire de l'histoire