Sur la "liberté de penser" éternelle rengaine que nous adresse les républicains, il serait bon de faire un point. Maurice Dantec donne quelques éléments de réponse dans le journal de la Commission Trilatérale (Claude Imbert), Le Point n° 1790, jeudi 4 janvier 2007, p. 76. Cela nous donne l'occasion de rappeler la pensée de quelques auteurs sur ce sujet et des enseignements pontificaux. Citations :
"On alphabétise beaucoup dans les dictatures communistes, c'est à se demander pourquoi. La liberté n'est pas un « droit ». Elle ne s'octroie pas. La Liberté est un état qui se conquiert. Aussi, la « recherche de l'autonomie humaine » n'est pas une invention de la pseudo-« Renaissance », elle date de bien avant, des Grecs, tout comme des scholastiques médiévaux. Ce qui est nouveau, avec la modernité, justement, c'est que cette « autonomie humaine » est désormais détachée de toute puissance transcendante, elle n'est plus cette « liberté au service d'une liberté plus grande », elle est désormais autocentrée et devient dès lors une niche pour tous les nihilismes idéologiques qui travestiront Dieu, sous toutes les formes possibles." Maurice Dantec in Le Point, no. 1790 Idées, jeudi, 4 janvier 2007, p. 76, Polémique, Dantec en croisade contre l'Occident maso, élisabeth Lévy
Le Christianisme est la religion de la Liberté (conçue comme ACTE DE VOLONTÉ PURE) illuminée par la Grâce. L'athée est "immoral" au sens où il se sépare aussi bien de la vie que de l'esprit et que, de fait, il les sépare l'un de l'autre, son "immoralité" recoupe un refus de toute transcendance (liberté surnaturelle/loi naturelle) qui serait supérieure à sa petite autonomie individuelle, un refus du Monde Créé ("tabula rasa" révolutionnaire), un refus de toute éthique articulée sur la foi. Il est tout bonnement pathétique, à l'image de l'époque." Maurice G. Dantec, via le Forum catholique
"la liberté de penser et de publier ses pensées, soustraite à toute règle, n'est pas de soi un bien dont la société ait à se féliciter; mais c'est plutôt la source et l'origine de beaucoup de maux. La liberté, cet élément de perfection pour l'homme, doit s'appliquer à ce qui est vrai et à ce qui est bon." Léon XIII, Immortale Dei, 1888
"Ce qui ne répond pas à la vérité et à la loi morale n'a objectivement aucun droit à l'existence, ni à la propagande, ni à l'action". Pie XII, Allocution Ci riese du 6 décembre 1953.
"Il n'y a pas d'espoir pour ces sociétés qui abandonnent le culte austère de la vérité pour l'idolâtrie de l'esprit. Derrière les sophismes viennent les révolutions, et derrière les révolutions les bourreaux". Donoso Cortès, Essai sur le catholicisme, etc., p. 8 et 9 cité in Mgr Gaume, Traité du Saint-Esprit, 1865, troisième édition, Gaume et Cie Editeurs, 3 rue de l'Abbaye, tome II, Paris 1890, p. 427.
"Le terme « liberté de conscience » est d'abord un terme équivoque. Ce n'est pas une invention des modernes, quoi qu'on en pense. Cette liberté-là l'Ancien Régime la respecte. Le fameux Chevalier de la Barre par exemple, dont le procès pour blasphème défraya la chronique au XVIIIème siècle, on ne lui reprochait pas ce qu'il pensait, mais ses provocations extérieures. L'adage de droit français est traditionnellement le suivant : Foris ut mos est, infus ut libet. Ut tibet ! Comme on veut […] je ne suis pas d'accord avec la Constitution de 1958, qui, à l'instigation de Pierre Pfimlin, maire de Mulhouse, avait fait de la surenchère par rapport à celle de la IVème République : « La France est une République laïque (...) Elle respecte toutes les croyances » est-il indiqué. Mais la République n'a pas à respecter toutes les croyances, même si elle doit respecter tous les croyants." Emile Poulat - Propos recueillis par l’abbé G. de Tanoüarn, Nouvelle revue Certitudes - avril-mai-juin 2003 - n°14.
Un prétexte au service de la Secte : "Voyez ce que la secte fait elle-même pour empêcher la vérité de désiller les yeux du peuple. Par-tout où les adeptes règnent, demandez ce que c'est aujourd'hui que cette liberté de penser, de parler & d'écrire." Augustin Barruel, Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme, P. Fauche Libraire, Hambourg 1799, t. V, p. 289-291.