Le culte de ce militaire romain est très ancien puisqu'on construisit en 415, à Marseille, un monastère portant son nom. Il aurait été un brillant officier, mais il refusa de trahir le Christ. Saint Victor naquit vers le milieu du IIIè siècle, d'une noble famille de Marseille. Ses parents en firent un chrétien, et quand il fut en âge de choisir une profession, il choisit le métier des armes, où il servit les empereurs avec honneur et vaillance. Le co-empereur , les mains encore fumantes du sang de la légion thébaine, et de celui de plusieurs autres martyrs qu'il avait répandu en divers provinces des Gaules, vint à Marseille, où il y avait une église florissante. Victor ayant appris l'arrivée de l'empereur à Marseille pour persécuter les chrétiens, au lieu de cacher sa foi, il sentit s'accroître en lui son zèle pour la défendre. Il parcourait hardiment les rangs de ses compagnons chrétiens pour les encourager à ne pas faiblir. Jour et nuit il se rendait de maison en maison, exhorter les fidèles à souffrir généreusement pour Jésus-Christ; il allait même accompagner les martyrs jusque dans leurs supplices, pour les fortifier dans le combat suprême.
Trahi par son zèle, il fut chargé de chaînes et conduit à l'empereur lui-même. Maximien employa successivement les promesses et les menaces pour l'engager à sacrifier aux dieux; le Saint, inébranlable, confondit le tyran en démontrant la vanité des idoles et la divinité de Jésus-Christ. On lui lia les bras dans le dos et on le traîna dans la cité. L'empereur crut qu'une grande humiliation pourrait triompher de Victor; il le fit poursuivre par les coups et les huées de la populace païenne. Après ce premier tourment, Victor répondit aux nouvelles questions: "Je ne sacrifierai pas ; cela est dû au Créateur, non à une créature." Frappé à coups de gourdin et suspendu pour être flagellé, il console les frères : "Refusez d'être tristes pour moi. [...] lorsque j'étais suspendu et flagellé au fouet de cuir, je vis près de moi un homme très beau, tenant en main une croix qui me disait d'une voix lente : 'C'est moi, Jésus, qui subit les outrages et les tourments, en la personne de mes confesseurs.'" À ces mots, on l'étendit sur un chevalet, on lui trancha son pied coupable, et son corps fut affreusement déchiré. Pendant ce supplice, Jésus-Christ lui apparut la Croix à la main, en lui promettant une immortelle couronne, et cette vision adoucit le sentiment de ses douleurs.
La nuit suivante, dans sa prison, il fut visité par les Anges. Trois gardiens, frappés de voir le cachot resplendir d'une miraculeuse clarté, se convertirent, furent baptisés et reçurent le martyre avant Victor lui-même.
Trois jours après, Maximien rappela Victor devant son tribunal et lui ordonna d'adorer une idole de Jupiter. Il donna un coup de pied à l'autel et le renversa : "Je suis chrétien, je méprise vos dieux et je confesse Jésus-Christ." Le tyran, pour venger son dieu, fit couper le pied au vaillant chrétien. Victor offrit ce membre à Jésus-Christ comme les prémices de son sacrifice. Ensuite, il fut placé sous la meule d'un moulin pour être broyé, mais la machine se brisa; il fallut, pour achever la victime, lui trancher la tête. En ce moment, une voix céleste fit entendre ces paroles: "Victor, Victor, tu as vaincu!"
Les chrétiens dérobèrent son corps et le cachèrent. Au XIVe siècle, Urbain V confiera le pied de Victor à l'abbaye parisienne qui l'avait pour saint Patron.
Le saint est représenté auprès d'une meule, avec épée et palme, attributs du soldat martyr.
Victor figure au propre du diocèse de Marseille comme fête patronale de la ville.
PRATIQUE. Ayons constamment les yeux fixés sur Dieu, notre souverain bien.