"MAIS où est donc le baptistère de Clovis ?"
Mille fois répétée par les touristes de passage dans la cathédrale Notre-Dame, la sempiternelle question avait jusque-là bien du mal à trouver une réponse. Eh bien dans quelques semaines, les guides et les Rémois pourront emmener les touristes ou leurs hôtes à la hauteur de la cinquième travée de l'édifice, pas loin de la chaire. C'est là que le père Guerlin, curé de la paroisse, vient d'être autorisé par la Direction régionale des affaires culturelles à faire graver une inscription sur le pavé sous lequel se trouvent les quelques vestiges du baptistère dans lequel Clovis se serait fait baptiser et découverts en juin 1995 par l'équipe de Walter Berry et Robert Neiss. Une autorisation capitale puisqu'elle authentifie enfin la découverte faite voilà plus de dix ans.
Le baptistère de Clovis n'ayant que de rares fois fait l'objet d'écrit, il faut remonter au XIXe siècle jusqu'à Louis Demaison, archiviste de la ville pour avoir quelques éléments sur son éventuelle localisation.
Les premières investigations sérieuses furent conduites par Henri Deneux, chargé de la restauration de la cathédrale après la Première Guerre mondiale. Entre 1919 et 1930, il pensait avoir trouvé ce baptistère sur le flanc Nord de la cathédrale primitive, une découverte mise en doute par les spécialistes.
"Grâce aux études stratigraphiques permettant de repérer et de dater les couches archéologiques lors de récentes fouilles à Reims, on s'est aperçu que le baptistère soi-disant découvert par Deneux appartenait en fait aux thermes gallo-romains datant de l'époque de Constantin (IVe siècle), à une profondeur bien plus grande que celle où aurait pu être le vrai baptistère."
Il fallut attendre les fouilles archéologiques menées juste avant la célébration du XVe centenaire du baptême de Clovis avec la venue de Jean-Paul II pour rouvrir le dossier.
"Les archéologues Berry et Neiss, utilisant les carnets de fouilles de Deneux légués par sa famille à la bibliothèque Carnegie, ont rouvert une tranchée côté Nord de la cathédrale rue Robert-de-Coucy », explique aujourd'hui l'historien Patrick Demouy. "Ils savaient en reprenant les notes de Deneux et Demaison que le baptistère se trouvait en face de la façade de la cathédrale primitive attribuée en 400 à saint Nicaise. Comme cela existe à Florence ou Rome."
À quelques mètres où Deneux avait pensé trouver le baptistère, les archéologues ont découvert un système d'adduction d'eau confirmant l'utilisation du site pour des baptêmes avec une cuve traversée par de l'eau vive symbolisant le Jourdain. Une fois baptisé, le chrétien pouvait ensuite rentrer dans l'église et recevoir l'eucharistie. Aujourd'hui, il reste les traces d'un bassin sous la forme d'un rectangle de 2,75m sur 3m avec deux marches intérieures bien conservées.
Après de nombreuses études comparatives menées notamment par Charles Bonnet, un éminent archéologue européen, il semble établi aujourd'hui que ce baptistère a bien vu Clovis.
Source: Lunion.presse.fr, 8 mars 2009