31 janvier 2009
6
31
/01
/janvier
/2009
21:46
Le Bulletin d'André Noël
SYNTHESE HEBDOMADAIRE
des problèmes politiques français et internationaux
N°2127 Maisons-Alfort, semaine du 26 janvier au 1er février 2009
Le pape a résisté aux manoeuvres de dernière minute visant à le faire renoncer à la levée de l’excommunication latae sententiae qui a frappé les évêques ordonnés par Mgr Lefebvre en 1988. A défaut de pouvoir avancer des arguments convaincants pour dissuader le Saint Père de poser cet acte de réconciliation ecclésiale, ses détracteurs ont donc brandi l’épouvantail sensible et inusable de l’antisémitisme.
Dès la semaine dernière, la mesure était donnée comme acquise au Vatican. Le décret était prêt, ne manquait plus que la signature du Souverain Pontife. Lequel souhaitait sans doute que cet acte de réconciliation intervienne symboliquement au cours de la Semaine pour l’Unité des chrétiens (du 18 au 25 janvier chaque année). Avant de rechercher l’unité avec nos « frères séparés », il est de bonne méthode et d’une charité judicieuse de la restaurer d’abord entre catholiques, plus frères que séparés…
Et puis, il s’est murmuré que le Pape a hésité, à cause de déclarations « négationnistes » faites par l’un de ces évêques, Mgr Williamson, à la télévision suédoise. On peut s’étonner que les propos qu’il a tenus surgissent maintenant, au moment précis où Benoît XVI allait lever son excommunication, car ils datent de… novembre 2008 et n’avaient pas fait l’objet de commentaires étendus à l’époque ! Curieuse « coïncidence »…
Certes, on peut désapprouver ce que le prélat a dit, on peut même s’en montrer choqué, mais cela n’a pu empêcher sa réintégration dans l’Eglise, ni même la différer. Sinon, cela aurait signifié que l’affirmation selon laquelle 6 millions de juifs sont morts dans des fours crématoires est fondamentale pour appartenir, ou réappartenir, à l’Eglise catholique. En somme, ce serait un « dogme » supplémentaire qu’il faudrait professer ou, à tout le moins, ne pas contester. Oui ! cette affirmation aurait donc le statut de dogme, de vérité révélée, alors que la Révélation est close depuis la mort du dernier apôtre...
Cela ne peut donc prétendre être autre chose qu’une vérité historique dont le fondement ne doit reposer que sur la base des études – profanes et faillibles – des historiens.
La manoeuvre a donc fait long feu et, désormais, les évêques, hier « schismatiques », sont à nouveau dans la pleine communion de l’Eglise. Il n’empêche ! Les adversaires du pape n’ont pas désarmé, au point que le site de « L’Express » n’hésite pas à titrer : « Le pape réhabilite l’évêque qui nie l’holocauste » !
Sur le fond, on ne peut que se réjouir de la décision du pape. Nous n’allons pas rouvrir la querelle complexe sur le bien-fondé juridique et théologique des sacres opérés par Mgr Lefebvre. Pour notre part, nous considérons que l’on doit admettre a minima que le prélat, et les évêques par lui ordonnés, ne sont pas moins catholiques que les trop nombreux prêtres, théologiens, voire évêques, qui contestent la morale catholique, défendent des théories incompatibles avec la Révélation ou qui ont des pratiques pastorales contraires aux directives romaines.
Ceux-là, pourtant, ne sont que rarement condamnés.
La levée de l’excommunication prolonge et couronne la libéralisation du rit tridentin, amorcée par Jean-Paul II et pleinement accomplie par son successeur. Benoît XVI, en déclarant que l’ordo de S. Pie V n’a « jamais été aboli », a reconnu ipso facto qu’il était légitime de dire la messe dans ce rit alors même qu’on le prétendait abrogé et interdit.
Ceux qui ont continué à célébrer la messe tridentine n’ont donc pas désobéi. Le pape les a réhabilités. Parmi les raisons qui ont conduit Mgr Lefebvre à ordonner des évêques, il y avait, pour lui, la nécessité morale de perpétuer la célébration de la messe traditionnelle. Il redoutait, non sans raison, qu’après la mort des prêtres la célébrant, comme lui l’a toujours fait, l’ancien rit ne disparaisse à jamais. Ce qui aurait été certainement le cas. Or, pour justifier la levée de la pseudo-interdiction de la messe dite de S. Pie V, Benoît XVI a invoqué l’attachement de certains fidèles à celle-ci. Sans Mgr Lefebvre, elle aurait sans doute été définitivement abandonnée et peut-être que le « schisme » aurait été évité car il ne nous semble pas, en effet, que les critiques du prélat d’Ecône à l’égard du concile Vatican II auraient pu, à elles seules, le conduire à l’ordination contestée des évêques. Dès lors, la levée de l’excommunication apparaît comme la suite logique de la libéralisation de la messe traditionnelle, réhabilitant ceux qui l’ont maintenue dans l’adversité.
Cette réintégration, apparemment, est sans condition. Il est vrai que, dans la parabole de l’enfant prodigue, le père admirable ne demande pas, au fils qu’il accueille à nouveau, de faire amende honorable ou de se rétracter. Néanmoins, Mgr Fellay, (Supérieur général de la Fraternité Saint Pie X) un des évêques relevé de sa condamnation, a tenu à « exprimer sa gratitude filiale au Saint Père », n’émettant que de simples « réserves » à l’égard du concile Vatican II ; d’autres évêques, progressistes ceux-là, ont fait également des réserves sur ce Concile, mais pour d’autres motifs…
L’excommunication étant annulée, les traditionalistes ne devraient pas être les seuls à s’en réjouir ! Cela devrait être le cas de tous les catholiques mais plus encore des… progressistes. Comment cela, me direz-vous ? N’aspiraient- ils pas depuis toujours à l’avènement d’une Eglise où l’on ne condamne plus, n’exclut plus, n’excommunie plus, une Eglise bienveillante et ouverte à tous ? Le concile – disaient-ils – nous a fait passer « de l’anathème au dialogue ». Un concile qui, contrairement aux précédents, n’a pas formulé de condamnation, un concile sans inquisition et qui devait reléguer au musée de l’histoire le Saint-Office avec son juridisme, ses tribunaux etc.
On devrait donc s’attendre à ce qu’ils applaudissent la levée de l’excommunication des évêques sacrés par Mgr Lefebvre ! Une Eglise qui revient sur une condamnation, qui ouvre les bras à ses fils, tous ses fils, au lieu de les fermer, voilà qui devrait combler leurs voeux !
Nous rêvons, bien sûr… Leurs premières réactions face à cette réconciliation ne vont pas dans ce sens. N’ont-ils pas tout fait, bien au contraire, pour éviter qu’elle n’advienne ? Ils n’ont pas changé. Quand Mgr Lefebvre fut excommunié, ces bons apôtres d’une Eglise fraternelle, qui ne condamne ni n’excommunie plus, furent les premiers et les plus bruyants à se réjouir de cette mise à l’écart. Liberté pour eux, coup de crosse pour les autres…
Via Le Forum catholique
SYNTHESE HEBDOMADAIRE
des problèmes politiques français et internationaux
N°2127 Maisons-Alfort, semaine du 26 janvier au 1er février 2009
Le pape a résisté aux manoeuvres de dernière minute visant à le faire renoncer à la levée de l’excommunication latae sententiae qui a frappé les évêques ordonnés par Mgr Lefebvre en 1988. A défaut de pouvoir avancer des arguments convaincants pour dissuader le Saint Père de poser cet acte de réconciliation ecclésiale, ses détracteurs ont donc brandi l’épouvantail sensible et inusable de l’antisémitisme.
Dès la semaine dernière, la mesure était donnée comme acquise au Vatican. Le décret était prêt, ne manquait plus que la signature du Souverain Pontife. Lequel souhaitait sans doute que cet acte de réconciliation intervienne symboliquement au cours de la Semaine pour l’Unité des chrétiens (du 18 au 25 janvier chaque année). Avant de rechercher l’unité avec nos « frères séparés », il est de bonne méthode et d’une charité judicieuse de la restaurer d’abord entre catholiques, plus frères que séparés…
Et puis, il s’est murmuré que le Pape a hésité, à cause de déclarations « négationnistes » faites par l’un de ces évêques, Mgr Williamson, à la télévision suédoise. On peut s’étonner que les propos qu’il a tenus surgissent maintenant, au moment précis où Benoît XVI allait lever son excommunication, car ils datent de… novembre 2008 et n’avaient pas fait l’objet de commentaires étendus à l’époque ! Curieuse « coïncidence »…
Certes, on peut désapprouver ce que le prélat a dit, on peut même s’en montrer choqué, mais cela n’a pu empêcher sa réintégration dans l’Eglise, ni même la différer. Sinon, cela aurait signifié que l’affirmation selon laquelle 6 millions de juifs sont morts dans des fours crématoires est fondamentale pour appartenir, ou réappartenir, à l’Eglise catholique. En somme, ce serait un « dogme » supplémentaire qu’il faudrait professer ou, à tout le moins, ne pas contester. Oui ! cette affirmation aurait donc le statut de dogme, de vérité révélée, alors que la Révélation est close depuis la mort du dernier apôtre...
Cela ne peut donc prétendre être autre chose qu’une vérité historique dont le fondement ne doit reposer que sur la base des études – profanes et faillibles – des historiens.
La manoeuvre a donc fait long feu et, désormais, les évêques, hier « schismatiques », sont à nouveau dans la pleine communion de l’Eglise. Il n’empêche ! Les adversaires du pape n’ont pas désarmé, au point que le site de « L’Express » n’hésite pas à titrer : « Le pape réhabilite l’évêque qui nie l’holocauste » !
Sur le fond, on ne peut que se réjouir de la décision du pape. Nous n’allons pas rouvrir la querelle complexe sur le bien-fondé juridique et théologique des sacres opérés par Mgr Lefebvre. Pour notre part, nous considérons que l’on doit admettre a minima que le prélat, et les évêques par lui ordonnés, ne sont pas moins catholiques que les trop nombreux prêtres, théologiens, voire évêques, qui contestent la morale catholique, défendent des théories incompatibles avec la Révélation ou qui ont des pratiques pastorales contraires aux directives romaines.
Ceux-là, pourtant, ne sont que rarement condamnés.
La levée de l’excommunication prolonge et couronne la libéralisation du rit tridentin, amorcée par Jean-Paul II et pleinement accomplie par son successeur. Benoît XVI, en déclarant que l’ordo de S. Pie V n’a « jamais été aboli », a reconnu ipso facto qu’il était légitime de dire la messe dans ce rit alors même qu’on le prétendait abrogé et interdit.
Ceux qui ont continué à célébrer la messe tridentine n’ont donc pas désobéi. Le pape les a réhabilités. Parmi les raisons qui ont conduit Mgr Lefebvre à ordonner des évêques, il y avait, pour lui, la nécessité morale de perpétuer la célébration de la messe traditionnelle. Il redoutait, non sans raison, qu’après la mort des prêtres la célébrant, comme lui l’a toujours fait, l’ancien rit ne disparaisse à jamais. Ce qui aurait été certainement le cas. Or, pour justifier la levée de la pseudo-interdiction de la messe dite de S. Pie V, Benoît XVI a invoqué l’attachement de certains fidèles à celle-ci. Sans Mgr Lefebvre, elle aurait sans doute été définitivement abandonnée et peut-être que le « schisme » aurait été évité car il ne nous semble pas, en effet, que les critiques du prélat d’Ecône à l’égard du concile Vatican II auraient pu, à elles seules, le conduire à l’ordination contestée des évêques. Dès lors, la levée de l’excommunication apparaît comme la suite logique de la libéralisation de la messe traditionnelle, réhabilitant ceux qui l’ont maintenue dans l’adversité.
Cette réintégration, apparemment, est sans condition. Il est vrai que, dans la parabole de l’enfant prodigue, le père admirable ne demande pas, au fils qu’il accueille à nouveau, de faire amende honorable ou de se rétracter. Néanmoins, Mgr Fellay, (Supérieur général de la Fraternité Saint Pie X) un des évêques relevé de sa condamnation, a tenu à « exprimer sa gratitude filiale au Saint Père », n’émettant que de simples « réserves » à l’égard du concile Vatican II ; d’autres évêques, progressistes ceux-là, ont fait également des réserves sur ce Concile, mais pour d’autres motifs…
L’excommunication étant annulée, les traditionalistes ne devraient pas être les seuls à s’en réjouir ! Cela devrait être le cas de tous les catholiques mais plus encore des… progressistes. Comment cela, me direz-vous ? N’aspiraient- ils pas depuis toujours à l’avènement d’une Eglise où l’on ne condamne plus, n’exclut plus, n’excommunie plus, une Eglise bienveillante et ouverte à tous ? Le concile – disaient-ils – nous a fait passer « de l’anathème au dialogue ». Un concile qui, contrairement aux précédents, n’a pas formulé de condamnation, un concile sans inquisition et qui devait reléguer au musée de l’histoire le Saint-Office avec son juridisme, ses tribunaux etc.
On devrait donc s’attendre à ce qu’ils applaudissent la levée de l’excommunication des évêques sacrés par Mgr Lefebvre ! Une Eglise qui revient sur une condamnation, qui ouvre les bras à ses fils, tous ses fils, au lieu de les fermer, voilà qui devrait combler leurs voeux !
Nous rêvons, bien sûr… Leurs premières réactions face à cette réconciliation ne vont pas dans ce sens. N’ont-ils pas tout fait, bien au contraire, pour éviter qu’elle n’advienne ? Ils n’ont pas changé. Quand Mgr Lefebvre fut excommunié, ces bons apôtres d’une Eglise fraternelle, qui ne condamne ni n’excommunie plus, furent les premiers et les plus bruyants à se réjouir de cette mise à l’écart. Liberté pour eux, coup de crosse pour les autres…
Via Le Forum catholique