9 juillet 2008
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Par Guillaume de Thieulloy in Mythes et Polémiques de l'histoire, Le retour de la dispute, Studyrama perspectives, France 2008, p. 150-155.
Ce livre doit être acheté par tout bon contre-révolutionnaire et être mis en bonne place dans sa bibliothèque aux côtés des livres de Jean Sévillia, Jacques Heers, Régine Pernoud, René Sédillot, Jean Dumont et d'autres. Entre autres contre-informations: le mythe des croisades, la légende noire de la croisade contre les Albigeois, le mythe du droit de cuissage, la légende noire de l'Inquisition, la légende noire des Conquistadors, pourquoi révoquer l'Edit de Nantes?, la légende noire de l'esclavage, le mythe de la Révolution égalitaire, la légende noire de la colonisation, etc.
Je reproduis ici quelques éléments développés par Guillaume de Thieulloy qui confirment mon article de février 2007 sur les catholiques royalistes premiers défenseurs des ouvriers dans notre pays, et l'imposture de la 'gauche' et de la franc-maçonnerie 'sociale' . Merci à Guillaume de Thieulloy pour cette contribution à la démystification d'une belle imposture qui a toujours cours.
"... [B]on nombre de nos lois sociales les plus importantes ont été écrites entre 1815 et 1944 par des hommes aussi éloignés du libéralisme que du socialisme, en un temps où 'libéral' signifiait 'de gauche' ou, plus précisément, attaché aux idéaux de 89.
Contre le 'libéralisme' (économique, politique, religieux, c'est tout un, à cette époque), naît un courant antilibéral, marqué à la fois par son attachement à la monarchie légitime (contre les Orléans, princes libéraux), par son attachement à l'Eglise, et par son rejet des principes de 89.
Et ce légitimisme emporte de belles victoires législatives. Emmené par des grands ténors, comme Alban de Villeneuve-Bargemont, Armand de Melun, Albert de Mun, René de la Tour du Pin, ou, plus tard, Hyacinthe de Gailhard-Bancel, il obtient le vote de maintes lois sociales.
Citons pêle-mêle:
- la limitation du travail des enfants (1840)
- l'institutionnalisation du repos dominical (1814, aboli en 1880 par des parlementaires anticléricaux et rétabli en 1906),
- l'interdiction du travail de nuit pour les femmes (1892)...
A chaque fois, c'est une nouvelle pierre dans le jardin de la révolution 'libérale' ... les grands bénéficiaires de 89 se voient ainsi imposer des limites à leurs égoïsmes et le moderne esclavage né de la révolution industrielle trouve dans ces lois un peu de modération.
Aucune des lois sociales du XIXe siècle n'émane du mouvement qui commence à naître à la gauche des 'libéraux', le socialisme; toutes sont l'oeuvre conjuguée de la hiérarchie catholique et des vieilles élites légitimistes. C'est sans doute la raison pour laquelle ces lois sociales n'ont pas toujours l'heure de plaire aux militants 'socialistes' qui en connaissent l'histoire: ils accusent alors souvent le mouvement légitimiste social de 'paternalisme' et de donner par charité ce que l'ouvrier devrait exiger en justice. ... Si aujourd'hui nous nous interrogeons sur ces motivations, nous constatons qu'en réalité, il s'agissait autant de justice que de charité.
... [I]l est au moins une preuve évidente du fait que la quête de justice n'était en aucune façon étrangère au catholicisme social: il s'agit de l'effort poursuivi tout au long du siècle pour arracher l'autorisation de se réunir en groupements professionnels. Cet effort,... porta ses fruits en 1884, avec la loi sur la liberté syndicale.
... Notons d'ailleurs que la loi sur la 'liberté syndicale' est une loi inachevée. Ce que visaient les légitimistes sociaux, c'était la pleine liberté d'association, c'est-à-dire non seulement le droit pour les ouvriers de s'associer entre eux, mais également le droit de s'associer par métier, ouvriers et employeurs ensemble. Or, la 'liberté' syndicale s'accompagne d'une interdiction formelle de ce type d'association - interdiction qui a perduré jusqu'à nos jours. Il est intéressant de constater que cette interdiction, non seulement évite une trop lourde entorse aux principes de la Révolution 'libérale' (entorse qui eût été décisive si les groupements de métier ainsi constitués avaient eu, selon le voeu des légitimistes sociaux, un véritable pouvoir législatif en matière sociale), mais également satisfait aux impératifs socialistes de 'lutte des classes'. Ainsi peut-il se faire que 'libéraux' et 'socialistes' s'accordent CONTRE l'intérêt de l'ouvrier...
Dans l'ordre spirituel, les pontifes romains de la deuxième moitié du siècle, ... surtout à partir de 1848, Pie IX, puis Léon XIII, explicitèrent dans de très nombreux documents les principes de la 'doctrine sociale de l'Eglise'. Cette doctrine, tout comme celle des légitimistes sociaux, n'est ni libérale, ni socialiste; elle est à la fois hostile à l'individualisme et à l'étatisme. Conformément à la Loi naturelle (et notamment à la nature sociale de l'homme), elle vise à restaurer dans toutes leurs prérogatives les corps intermédiaires, niant radicalement les principes de 89 pour lesquels rien n'existe entre l'individu et le Léviathan étatique...
... Au plan temporel, ces catholiques sociaux se rangeaient sous la bannière du comte de Chambord, petit-fils de Charles X. ... Ce prince fut l'un des hommes les plus attachés à résoudre la question ouvrière qu'il traita notamment dans sa Lettre aux ouvriers (1865).
Par la suite, une forme d'alliance entre royalisme et syndicalisme commença à se nouer dans les dernières années du XIXe siècle. L'exemple le plus fameux en est sans doute les cercles Proudhon, nés dans la mouvance de la Jeune Action française, et dont Bernanos fut un acteur éminent.
... Seuls quelques érudits et passionnés de la 'question sociale' se souviennent encore que les plus grandes de nos lois sociales sont dues, non aux socialistes, maix aux antilibéraux de droite, aux fidèles du comte de Chambord.
Et par un clin d'oeil mélancolique, la gauche de gouvernement, sous le ministère de Lionel Jospin notamment, commença à défaire ce que le royalisme social avait fait, en levant l'interdiction de travail de nuit des femmes (novembre 2000). Après avoir mis les plus faibles en esclavage au nom de la la liberté, voici que l'on brisait leurs protections au nom de l'égalité et de la parité..."
Guillaume de Thieulloy
Orientations bibliographiques
* J.B. Duroselle, Les Débuts du catholicisme social en France (1822-1870), Paris 1951.
* R. de la Tour du Pin, Vers un Ordre social chrétien : jalons de route (1882-1907), Paris 1908.
* E. de Beau de Loménie, Les Responsabilités des dynasties bourgeoises, Paris, 1943-1973, 5 vol.
* H. de Bourbon, comte de Chambord, Textes politiques : Lettres et Manifestes, Paris, 1995.
Ce livre doit être acheté par tout bon contre-révolutionnaire et être mis en bonne place dans sa bibliothèque aux côtés des livres de Jean Sévillia, Jacques Heers, Régine Pernoud, René Sédillot, Jean Dumont et d'autres. Entre autres contre-informations: le mythe des croisades, la légende noire de la croisade contre les Albigeois, le mythe du droit de cuissage, la légende noire de l'Inquisition, la légende noire des Conquistadors, pourquoi révoquer l'Edit de Nantes?, la légende noire de l'esclavage, le mythe de la Révolution égalitaire, la légende noire de la colonisation, etc.
Je reproduis ici quelques éléments développés par Guillaume de Thieulloy qui confirment mon article de février 2007 sur les catholiques royalistes premiers défenseurs des ouvriers dans notre pays, et l'imposture de la 'gauche' et de la franc-maçonnerie 'sociale' . Merci à Guillaume de Thieulloy pour cette contribution à la démystification d'une belle imposture qui a toujours cours.
"... [B]on nombre de nos lois sociales les plus importantes ont été écrites entre 1815 et 1944 par des hommes aussi éloignés du libéralisme que du socialisme, en un temps où 'libéral' signifiait 'de gauche' ou, plus précisément, attaché aux idéaux de 89.
Contre le 'libéralisme' (économique, politique, religieux, c'est tout un, à cette époque), naît un courant antilibéral, marqué à la fois par son attachement à la monarchie légitime (contre les Orléans, princes libéraux), par son attachement à l'Eglise, et par son rejet des principes de 89.
Et ce légitimisme emporte de belles victoires législatives. Emmené par des grands ténors, comme Alban de Villeneuve-Bargemont, Armand de Melun, Albert de Mun, René de la Tour du Pin, ou, plus tard, Hyacinthe de Gailhard-Bancel, il obtient le vote de maintes lois sociales.
Citons pêle-mêle:
- la limitation du travail des enfants (1840)
- l'institutionnalisation du repos dominical (1814, aboli en 1880 par des parlementaires anticléricaux et rétabli en 1906),
- l'interdiction du travail de nuit pour les femmes (1892)...
A chaque fois, c'est une nouvelle pierre dans le jardin de la révolution 'libérale' ... les grands bénéficiaires de 89 se voient ainsi imposer des limites à leurs égoïsmes et le moderne esclavage né de la révolution industrielle trouve dans ces lois un peu de modération.
Aucune des lois sociales du XIXe siècle n'émane du mouvement qui commence à naître à la gauche des 'libéraux', le socialisme; toutes sont l'oeuvre conjuguée de la hiérarchie catholique et des vieilles élites légitimistes. C'est sans doute la raison pour laquelle ces lois sociales n'ont pas toujours l'heure de plaire aux militants 'socialistes' qui en connaissent l'histoire: ils accusent alors souvent le mouvement légitimiste social de 'paternalisme' et de donner par charité ce que l'ouvrier devrait exiger en justice. ... Si aujourd'hui nous nous interrogeons sur ces motivations, nous constatons qu'en réalité, il s'agissait autant de justice que de charité.
... [I]l est au moins une preuve évidente du fait que la quête de justice n'était en aucune façon étrangère au catholicisme social: il s'agit de l'effort poursuivi tout au long du siècle pour arracher l'autorisation de se réunir en groupements professionnels. Cet effort,... porta ses fruits en 1884, avec la loi sur la liberté syndicale.
... Notons d'ailleurs que la loi sur la 'liberté syndicale' est une loi inachevée. Ce que visaient les légitimistes sociaux, c'était la pleine liberté d'association, c'est-à-dire non seulement le droit pour les ouvriers de s'associer entre eux, mais également le droit de s'associer par métier, ouvriers et employeurs ensemble. Or, la 'liberté' syndicale s'accompagne d'une interdiction formelle de ce type d'association - interdiction qui a perduré jusqu'à nos jours. Il est intéressant de constater que cette interdiction, non seulement évite une trop lourde entorse aux principes de la Révolution 'libérale' (entorse qui eût été décisive si les groupements de métier ainsi constitués avaient eu, selon le voeu des légitimistes sociaux, un véritable pouvoir législatif en matière sociale), mais également satisfait aux impératifs socialistes de 'lutte des classes'. Ainsi peut-il se faire que 'libéraux' et 'socialistes' s'accordent CONTRE l'intérêt de l'ouvrier...
Dans l'ordre spirituel, les pontifes romains de la deuxième moitié du siècle, ... surtout à partir de 1848, Pie IX, puis Léon XIII, explicitèrent dans de très nombreux documents les principes de la 'doctrine sociale de l'Eglise'. Cette doctrine, tout comme celle des légitimistes sociaux, n'est ni libérale, ni socialiste; elle est à la fois hostile à l'individualisme et à l'étatisme. Conformément à la Loi naturelle (et notamment à la nature sociale de l'homme), elle vise à restaurer dans toutes leurs prérogatives les corps intermédiaires, niant radicalement les principes de 89 pour lesquels rien n'existe entre l'individu et le Léviathan étatique...
... Au plan temporel, ces catholiques sociaux se rangeaient sous la bannière du comte de Chambord, petit-fils de Charles X. ... Ce prince fut l'un des hommes les plus attachés à résoudre la question ouvrière qu'il traita notamment dans sa Lettre aux ouvriers (1865).
Par la suite, une forme d'alliance entre royalisme et syndicalisme commença à se nouer dans les dernières années du XIXe siècle. L'exemple le plus fameux en est sans doute les cercles Proudhon, nés dans la mouvance de la Jeune Action française, et dont Bernanos fut un acteur éminent.
... Seuls quelques érudits et passionnés de la 'question sociale' se souviennent encore que les plus grandes de nos lois sociales sont dues, non aux socialistes, maix aux antilibéraux de droite, aux fidèles du comte de Chambord.
Et par un clin d'oeil mélancolique, la gauche de gouvernement, sous le ministère de Lionel Jospin notamment, commença à défaire ce que le royalisme social avait fait, en levant l'interdiction de travail de nuit des femmes (novembre 2000). Après avoir mis les plus faibles en esclavage au nom de la la liberté, voici que l'on brisait leurs protections au nom de l'égalité et de la parité..."
Guillaume de Thieulloy
Orientations bibliographiques
* J.B. Duroselle, Les Débuts du catholicisme social en France (1822-1870), Paris 1951.
* R. de la Tour du Pin, Vers un Ordre social chrétien : jalons de route (1882-1907), Paris 1908.
* E. de Beau de Loménie, Les Responsabilités des dynasties bourgeoises, Paris, 1943-1973, 5 vol.
* H. de Bourbon, comte de Chambord, Textes politiques : Lettres et Manifestes, Paris, 1995.