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Extrait de Hervé Yannou, Benoît XVI place enfin l'environnement au coeur des priorités catholiques, Le Figaro, Publié le 13 septembre 2007Actualisé le 13 septembre 2007 : 08h12
Hervé Yannou, Correspondant du Figaro au Vatican.
Au cours des mille dernières années, l'Occident chrétien a en effet perdu son lien spirituel avec la nature. Il n'existe qu'un seul saint un peu écologiste : François d'Assise. C'est une exception. Les docteurs de l'Église sont restés quasi muets sur la question. La notion de respect de la Création a été presque totalement perdue au XVIIIe siècle, à la suite de Descartes, qui présentait l'homme comme « le maître et le possesseur de la nature ». Dès lors, la société moderne n'y a plus vu une oeuvre de Dieu à préserver, mais un milieu exploitable par l'homme capable de se substituer à son créateur. Les théologiens ne traitèrent donc pas du rapport de l'homme à son milieu. Au point que certains militants écologistes ont pu avancer l'idée que le saccage de la Terre était lié à la mentalité judéo-chrétienne. Ils défendaient la thèse que si l'homme détruisait son écosystème, c'était parce que la Bible affirmait qu'il devait dominer le reste du monde vivant.
Pour y répondre, Jean-Paul II commença donc à développer une réflexion catholique sur l'écologie. Reprenant ces arguments, il voulut montrer que dans la Bible, le sort de l'homme et celui de la nature sont intimement liés. Dans le jardin d'Éden, l'homme vivait en paix avec Dieu et en harmonie avec son environnement. Après qu'Ève eut mangé la pomme, l'homme perdit d'une part la connaissance de Dieu et d'autre part l'équilibre avec la nature.
Tout se détractait déjà. « Maudit soit le sol à cause de Toi ! À force de peines, tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie. Il produira pour toi épines et chardons et tu mangeras l'herbe des champs », lança Dieu au couple pécheur en le chassant du Paradis terrestre (Genèse, 3, 17-18). Le destin entre l'homme et la Terre existait donc bien.
En 1985, le pape polonais marqua son engagement en faveur de la préservation de l'environnement en expliquant à des jeunes réunis à Viterbe, au nord de Rome, que Dieu avait remis entre les mains de l'homme la maîtrise et la gérance de la Terre, créée pour lui, mais pas sa possession. Par la suite, il devait appeler les chrétiens à « une conversion écologique » et signer en 2002, à Venise, avec le patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomé Ier, une déclaration commune pour la sauvegarde de la Création qui n'eut alors que très peu d'échos.
Avec Benoît XVI, ce discours a pris une autre ampleur. Il y a certes la destruction de l'environnement, mais surtout les manipulations génétiques et embryonnaires. Loin du recours aux énergies alternatives, Benoît XVI insiste sur le fond même du respect de l'oeuvre de Dieu : celui de la vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle.
***
* Cantique du Frère Soleil ou des Créatures, qui nous dit J. Le Goff résume tout l'amour fraternel de François pour toute la création.
Hervé Yannou, Correspondant du Figaro au Vatican.
Au cours des mille dernières années, l'Occident chrétien a en effet perdu son lien spirituel avec la nature. Il n'existe qu'un seul saint un peu écologiste : François d'Assise. C'est une exception. Les docteurs de l'Église sont restés quasi muets sur la question. La notion de respect de la Création a été presque totalement perdue au XVIIIe siècle, à la suite de Descartes, qui présentait l'homme comme « le maître et le possesseur de la nature ». Dès lors, la société moderne n'y a plus vu une oeuvre de Dieu à préserver, mais un milieu exploitable par l'homme capable de se substituer à son créateur. Les théologiens ne traitèrent donc pas du rapport de l'homme à son milieu. Au point que certains militants écologistes ont pu avancer l'idée que le saccage de la Terre était lié à la mentalité judéo-chrétienne. Ils défendaient la thèse que si l'homme détruisait son écosystème, c'était parce que la Bible affirmait qu'il devait dominer le reste du monde vivant.
Pour y répondre, Jean-Paul II commença donc à développer une réflexion catholique sur l'écologie. Reprenant ces arguments, il voulut montrer que dans la Bible, le sort de l'homme et celui de la nature sont intimement liés. Dans le jardin d'Éden, l'homme vivait en paix avec Dieu et en harmonie avec son environnement. Après qu'Ève eut mangé la pomme, l'homme perdit d'une part la connaissance de Dieu et d'autre part l'équilibre avec la nature.
Tout se détractait déjà. « Maudit soit le sol à cause de Toi ! À force de peines, tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie. Il produira pour toi épines et chardons et tu mangeras l'herbe des champs », lança Dieu au couple pécheur en le chassant du Paradis terrestre (Genèse, 3, 17-18). Le destin entre l'homme et la Terre existait donc bien.
En 1985, le pape polonais marqua son engagement en faveur de la préservation de l'environnement en expliquant à des jeunes réunis à Viterbe, au nord de Rome, que Dieu avait remis entre les mains de l'homme la maîtrise et la gérance de la Terre, créée pour lui, mais pas sa possession. Par la suite, il devait appeler les chrétiens à « une conversion écologique » et signer en 2002, à Venise, avec le patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomé Ier, une déclaration commune pour la sauvegarde de la Création qui n'eut alors que très peu d'échos.
Avec Benoît XVI, ce discours a pris une autre ampleur. Il y a certes la destruction de l'environnement, mais surtout les manipulations génétiques et embryonnaires. Loin du recours aux énergies alternatives, Benoît XVI insiste sur le fond même du respect de l'oeuvre de Dieu : celui de la vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle.
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* Cantique du Frère Soleil ou des Créatures, qui nous dit J. Le Goff résume tout l'amour fraternel de François pour toute la création.