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2 janvier 2023 1 02 /01 /janvier /2023 00:00
 Saint Grégoire de Naziance, dit le Jeune, ou encore Grégoire le Théologien, Patriarche de Constantinople, Docteur de l'Église (+ 390)

Si quelqu'un ne croit pas que la Sainte Vierge Marie est la Mère de Dieu, celui-là est un étranger à la Divinité.

Saint Grégoire naît dans le foyer de Grégoire l'Ancien, un juif converti en 325 qui deviendra évêque.(1)

 

Lors d'un voyage entre Alexandrie et Athènes, son bateau est pris dans une tempête au cours de laquelle il pense mourir. Cet événement marque un tournant dans sa vie : Grégoire redoutant de mourir non baptisé, fait la promesse de se consacrer à Dieu s'il survit, comme il l'explique dans ses écrits : "À toi j'étais auparavant, tien je suis maintenant. Pour toi je vivrai si j'échappe à ce danger ! Ton disciple est tombé dans la tempête : dissipe ce songe, ou viens marchant sur l'eau et que cette horreur cesse."(2)

 

Il rencontre Basile de Césarée à Athènes en 350, lors de leurs études. C'est leur foi en Dieu dans une école où de nombreux païens étaient présents et un même désir de perfection qui désormais lient ces deux étudiants d'une grande amitié. Durant ces premières années d'études à Athènes, Grégoire joue probablement un rôle de tuteur ou de professeur auprès de Basile.(3)

 

Grégoire assiste Basile de Césarée dans la rédaction des règles morales et ascétiques qui sont à la base de la législation monastique de l'Église orthodoxe.

 

Il garde durant toute sa vie la conviction que le christianisme et la culture ne s'opposent pas, mais sont parfaitement conciliables.  Il s'oppose ainsi vivement à l'empereur Julien qui, dans un édit, interdit aux grammairiens et rhéteurs chrétiens d'enseigner les lettres classiques. Pour Grégoire, la sagesse et la culture sont universelles, elles n'appartiennent pas à une civilisation, aux Égyptiens ou aux Grecs, mais viennent à tous puisqu'elles viennent de Dieu. Les chrétiens doivent donc "dérober", acquérir et assimiler toutes les richesses des cultures grecques ou égyptiennes en rejetant ce qui relève de l'idolâtrie. L'attitude de Julien, qui vise à exclure les professeurs chrétiens de l'enseignement et donc à marginaliser l'apprentissage, est fermement dénoncée.

 

Il est ordonné contre son gré évêque de Sasimes par Basile (372), mais il est empêché de prendre possession de son siège épiscopal par l'évêque arien de Tyane, Anthime ; il reste chez son père, devenant ainsi le premier évêque auxiliaire de l'Église.

 

À la mort de son père en 374, il décide de se retirer pour mener une vie cénobitique à Séleucie d'Isaurie, à plus de cinq cents kilomètres de Nazianze. Il y mène pendant quatre ans une vie cénobitique.

 

Il est invité à Constantinople, où il prend part à la lutte contre l'arianisme et contre les divisions de l'Église de Constantinople. Partisan de la doctrine du concile de Nicée (325), il cherche à défendre la place de l'Esprit Saint dans la théologie orthodoxe. Après un temps de réflexion, il décide de renoncer à la vie anachorétique : "J'étais possédé par le désir des livres divins et par la lumière de l'Esprit qui réside dans la contemplation de la Parole, chose qui ne s'accomplit pas dans le désert et son calme."

 

Le premier janvier 379, Basile de Césarée meurt. Grégoire écrit alors une lettre célèbre au frère de son ami, Grégoire de Nysse, où il dit son émotion. Il prononcera plus tard un éloge funèbre, dans lequel il donne une description détaillée de Basile.

 

L'empereur Théodose Ier impose Grégoire de Nazianze comme évêque de Constantinople.

 

Il préside le concile de Constantinople (381). Le concile de Nicée en 325 avait omis de parler de la nature divine de l'Esprit Saint ; or, cette question fait débat entre les évêques, surtout pour Grégoire de Nazianze qui veut que l'on reconnaisse la nature divine du Saint Esprit. Sa position doctrinale repose sur la formule de l’homoousios (consubstantialité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, selon le credo de Nicée). En analysant les Écritures, Grégoire de Nazianze affirme que l'Esprit Saint est de nature divine dans la mesure où il est défini comme un être actif. Cette définition implique donc qu'il ne soit pas considéré comme un attribut de Dieu, comme le prétendent certains théologiens de l'époque. Comme l'Esprit Saint parle, sépare, agit, cela signifie donc qu'il est essence. Comme il n'est pas une créature de Dieu, et que les chrétiens affirment être baptisés en Lui, cela implique donc que nous sommes baptisés en Dieu, donc que l'Esprit Saint est Dieu.(4) Les évêques au concile utilisent une autre formule, l’ekporeuomenon (expression selon laquelle l'Esprit Saint procède du Père). Cette formule est une vision minimaliste, qui pouvait être fragilisée par certains théologiens ariens. Cependant, même si la formule de Grégoire n'est pas consacrée, le concile de Constantinople reconnaît ouvertement, même si c'est de façon minimaliste, la divinité de l'Esprit Saint. 

 

Face aux théologiens ariens qui nient la divinité de l'Esprit Saint dans la mesure où il n'y a pas d'affirmation de la divinité de l'Esprit Saint dans la Bible, Grégoire défend l'existence d'une révélation progressive des dogmes dans la période post-apostolique (5), et montre qu'il existe dans la Bible de nombreux passages parlant de la présence de l'Esprit Saint, tant dans la liturgie que dans la narration (Isaie Chapitre 11, verset 2-3 : "L'Esprit de l'Éternel reposera sur lui : Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Éternel." ; Psaumes 142, 10 ; 50,12-14 ; Épître aux Romains 8,9 ; Première épître aux Corinthiens 2, 16, Ex 61,1, 2 Co 3, 17 ; Actes des apôtres 2, 3.)

 

Face à l'impossibilité de pouvoir influencer davantage les pères du concile, Grégoire démissionne alors que les débats sont loin d'être achevés (381). En partant, il écrit un discours virulent contre les membres du concile de Constantinople et sur l'importance donnée à l'apparence(6) :  "J'ignorais qu'il fallût rivaliser avec les consuls, les préfets et les généraux... J'ignorais qu'il me fallût prendre le bien des pauvres pour vivre dans le luxe et la bonne chère... et porter aux autels l'odeur des festins. J'ignorais qu'il fallût me montrer sur les chars... promener par la ville un grand train et forcer la foule craintive à se ranger des deux côtés de ma route, comme elle le fait au passage des bêtes!"(7)

 

Chassé de Constantinople, il retourne à Nazianze, où il écrit de nombreuses lettres et discours en faveur notamment de la thèse qui considère l'Esprit Saint comme l'une des personnes de la Trinité. Il défend avec beaucoup d'ardeur la divinité du Verbe, ce qui lui vaut d'être appelé le Théologien. La théologie trinitaire n'étant pas alors bien définie, le rôle de Grégoire de Nazianze est extrêmement important, car il a permis de la définir et de la développer. 

 

Il finit solitaire, composant d'admirables poèmes que la liturgie utilise encore. 

 

Il meurt le 25 janvier 390.

 

Grégoire est très vite considéré comme un saint, même s'il n'y a jamais eu de canonisation, cette procédure naît au Xe siècle. Il est reconnu comme l'un des grands théologiens qui sont encore actuellement vénérés tant par les Églises orthodoxe que catholique et à ce titre honoré du titre de "Docteur universel". Il est considéré avec Basile de Césarée et Grégoire de Nysse comme l'un des trois "pères cappadociens". Les orthodoxes lui ont donné l'un de ses titres les plus prestigieux, celui de "Grégoire le Théologien". 

 

Il est enfin considéré comme un Père de l'Église et est proclamé "Docteur de l'Église" par le pape Pie V en 1578.

 

Grégoire de Nazianze, Docteur de l'Église, est le premier après saint Jean à avoir été surnommé le "Théologien" pour la profondeur de ses discours sur Dieu.

 

Dans le calendrier liturgique catholique, la fête de Grégoire de Nazianze est célébrée le 2 janvier. 

PRATIQUE : Demandons la grâce d'une foi forte en la virginité de Marie.(8)

 Saint Grégoire de Naziance, dit le Jeune, ou encore Grégoire le Théologien, Patriarche de Constantinople, Docteur de l'Église (+ 390)

Sources : (1) ; (2) Mgr Hilarion ALFEYEV (traduit du russe par Alexandre Siniakov), Le chantre de la Lumière, Introduction à la spiritualité de saint Grégoire de Nazianze, Paris, Édition du Cerf, coll. Théologies, août 2006, p. 17 ; J.-P. MIGNE, Patrologiae cursus completus, coll. Series graeca, 37, 1043 ; (3) ; (4) Jean BERNARDI, Saint Grégoire de Nazianze, Paris, Édition du Cerf, coll. Initiations aux pères de l'Église, mars 1995, p. 226 ; (5) Mgr Hilarion ALFEYEV, ibid., p. 229 ; (6) Mgr C. LAGIER, L'orient chrétien, Des apôtres jusqu'à Photius, Paris, L'Œuvre d'Orient, 1935-1950, réimpr. deuxième édition, p. 175 ; (7) Discours 42-43, Paris, Éditions du Cerf, coll. Sources chrétiennes, septembre 1992 ; (8)

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