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Christ Roi

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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 18:58

L'histoire revisitée : le cas d'Auguste

 

http://www.fait-religieux.com/images/pages/blogs/prima_porta.jpgIl n'est de mémoire que sélective. D'autant plus quand cela concerne la religion en France. Paris célèbre avec faste, par une très belle exposition au Grand Palais, le bimillénaire de la mort de l'empereur Auguste (63 av. J.-C. - 19 août 14 ap. J.-C.). Cependant, nous avons totalement oublié, en 2013, de célébrer l'édit de Milan promulgué par les empereurs Constantin Ier et Licinius en avril 313 [Pas sur Christ-Roi : "6 octobre 2013 - Commémorations du 17e centenaire de l'édit de Milan"]. Cet édit de tolérance, appelé Edit de Constantin, proclamait que chacun était libre d'« adorer à sa manière la divinité qui se trouve dans le ciel ». Il rendait possible la liberté de culte à toutes les religions et permit aux chrétiens de ne plus devoir vénérer l'empereur comme un dieu. Ces 1700 ans-là ont été oubliés par notre mémoire contemporaine. Choc des dates, entrechoquement de nos valeurs : la force au détriment de la tolérance, l'exemple de l'expansion au détriment de la liberté. Avec l'exposition sur Auguste, c'est la puissance, l'unité politique qui est valorisée. Tandis que la pacification, la liberté religieuse et la tolérance, elles, sont oubliées.

 

 

Le mythe d'Auguste : la mort des mythes

 

Néanmoins, l'exposition oublie un autre aspect de cet empereur : pourquoi le nom d'Auguste a-t-il marqué les consciences européennes à l'époque du christianisme triomphant de la Renaissance et de la période moderne ? Il y a eu d'autres empereurs qui ont su imposer grandeur, pacification et construction, comme par exemple le Macédonien Alexandre le Grand. Or, Auguste marque l'ère chrétienne car au moins trois aspects du mythe qui lui sont associés prendront un essor particulier.

 

D'une part, cet empereur sera lié au retour de l'Age d'or. Virgile, dans les Églogues célèbre cet empereur : « Voici César, et toute la descendance de Jules, qui un jour apparaîtra sous l'immense voûte céleste. Oui, c'est lui, voici le héros, dont si souvent on te répète qu'il t'est promis ; Auguste César, né d'un dieu, fondera un nouveau siècle d'or ; régnant sur les terres où régnait autrefois Saturne, il étendra son empire au-delà des Garamantes et des Indiens » (VI, v. 789-795). Ce mythe de l'Age d'or constitue le grand projet de l'Europe jusqu'à la Première Guerre mondiale.

 

 

D'autre part, Auguste est l'empereur sous le règne duquel est né Jésus Christ. Aucune section n'aborde cette question dans l'exposition du Grand Palais, même si sont évoquées la plupart des régions de l'Empire - l'Egypte, la Grèce et l'Asie mineure notamment - sauf les terres d'Israël sous domination romaine.

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/4c/Sibilla_Tiburtina_Chiesa_S_Giovanni_Evangelista_Tivoli.jpg/394px-Sibilla_Tiburtina_Chiesa_S_Giovanni_Evangelista_Tivoli.jpg

La Sibylle de Tibur, fresque dans l'église Saint-Jean-Évangéliste à Tivoli, 1483.

 

Enfin, le mythe chrétien d'Auguste n'a pas retenu l'attention des commissaires de l'exposition. En effet, le récit d'Auguste et de la Sybille de Tibur, née dans les Mirabilia Urbis Romae, sorte de guide de la Rome du milieu du XIIe siècle, évoque que l'empereur Auguste interroge la Sibylle de Tibur, dans le temple à Tivoli près de Rome, pour savoir s'il existait un être supérieur à lui. Une vierge apparaît alors dans une grande splendeur sur l'autel du temple de Junon, tenant un enfant dans ses bras, et d'une voix céleste lui dit : « Voici la vierge qui va concevoir le sauveur du monde ». Puis, « celle-ci est la chère fille de Dieu ». Dans le syncrétisme culturel et religieux de l'époque moderne, le mythe d'Auguste est ainsi associé au mythe de l'Age d'or et à la venue du Sauveur universel. Et c'est bien pour cette double raison que l'histoire d'Auguste a tant marqué l'histoire européenne. Et c'est bien pour cela que ce mythe est aujourd'hui mort et n'apparaît plus dans une exposition célébrant le bimillénaire du décès de l'empereur.

 

En définitive, l'exposition sur Auguste ne retient que la dimension purement historique, oubliant la question mythique qui a pourtant fondé la conscience européenne. Comme pour Constantin, on préfère choisir la neutralité de l'historicité pour ne pas heurter les non-croyants.

 


Exposition
Moi, Auguste, empereur de Rome...
Jusqu'au 13 juillet au Grand Palais
Paris
Commissaires : Cécile Giroire, Daniel Roger, Eugenio La Rocca, Annalisa Lo Monaco, Claudio Parisi-Presicce
Catalogue : RMN

 

 

Source: http://www.fait-religieux.com/nos-blogs/sacre-artistes/2014/04/02/l-histoire-revisitee-le-cas-d-auguste

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