Le Conseil représentatif des institutions juives de France se dit "scandalisé", vendredi 2 mars, par les propos de l'ancien premier ministre Raymond Barre, qui, dans une interview sur France-Culture, a défendu Maurice Papon et Bruno Gollnisch, et parlé de "lobby juif capable de monter des opérations indignes".
L'ancien premier ministre Raymond Barre (à droite) et son ministre du budget, Maurice Papon, à l'Elysée en octobre 1979.
Raymond Barre était invité pour parler de son livre L'Expérience du pouvoir, dans l'émission "Le rendez-vous des politiques" enregistrée le 20 février et diffusée jeudi. Après les questions sur son arrivée au gouvernement, la campagne électorale en cours, il a été interrogé sur Maurice Papon, qui fut son ministre du budget de 1978 à 1981. A la question de savoir si Maurice Papon aurait dû démissionner de ses fonctions à la préfecture de la Gironde, Raymond Barre répond : "Quand on a des responsabilités essentielles dans un département, une région ou à plus forte raison dans le pays, on ne démissionne pas. On démissionne lorsqu'il s'agit vraiment d'un intérêt national majeur. (...) Ce n'était pas le cas car il fallait faire fonctionner la France." L'ancien premier ministre estime que Maurice Papon a été "un bouc émissaire".
"LE LOBBY JUIF EST CAPABLE DE MONTER DES OPÉRATIONS INDIGNES"
Concernant les propos qu'il a tenus après l'attentat de la rue Copernic en 1980 – "un attentat odieux qui voulait frapper les juifs se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic" –, Raymond Barre rappelle que "dans la même déclaration", il a dit que "la communauté juive ne peut pas être séparée de la communauté française".
Il a parlé de "Français innocents", parce que "les Français n'étaient pas du tout liés à cette affaire". Et il ajoute qu'il y a eu à ce moment "une campagne (...) faite par le lobby juif le plus lié à la gauche". "Je considère que le lobby juif – pas seulement en ce qui me concerne – est capable de monter des opérations indignes, et je tiens à le dire publiquement", a-t-il insisté.
A propos de Bruno Gollnisch, élu FN au conseil municipal de Lyon, condamné pour propos négationnistes, Raymond Barre a maintenu sa position : "J'ai dit en parlant de Bruno Gollnisch que je blâmais ce qu'il avait dit mais que pour le reste, je l'avais connu et que c'était un homme bien."
Vox Galliae précise avec raison qu'il s'agit là de "termes suicidaires que les lois actuelles ne tolèrent plus sous peine de poursuites et de lourdes sanctions, y compris même quand on est un ancien premier ministre."
Le Salon Beige indique : "Interrogé jeudi sur France Culture, l’ancien Premier ministre a déclaré que Maurice Papon a été «un grand Commis de l'Etat» et "un bouc émissaire", tandis que Bruno Gollnisch est «un homme bien» et «un bon conseiller municipal». A propos des fonctionnaires de Vichy, Raymond Barre a déclaré : "ils ont essayé tant bien que mal de limiter ce drame qu'a été la persécution des Juifs. Et n'oublions pas quand même qu'en France, c'est le pays où le nombre de Juifs sauvés a été le plus élevé. Je vous ai parlé très franchement. Que vous me fassiez passer pour un antisémite, pour quelqu'un qui reconnaît pas la Shoah, j'ai entendu cela cent fois et cela m'est totalement égal». Pour lui, Gollnisch a été un bon conseiller municipal à Lyon, où Raymond Barre était maire de 1995 à 2001. On a envie de dire : enfin un homme politique parle! A 83 ans, Raymond Barre a sa vie politique derrière lui, il peut maintenant se permettre une liberté de ton et d'expression que n'ont plus les autres hommes politiques français. Sera-t-il lui aussi poursuivi ?
commenter cet article …