Dans un article "Ethiquement correct : les mots pour le dire", Pierre-Olivier Arduin, responsable de la Commission Bioéthique et Vie humaine pour le diocèse de Fréjus-Toulon, met en garde contre ce qu'il appelle le novlangue. Le novlangue a pour but est de réduire le domaine de la pensée en appauvrissant les concepts et en manipulant les idées. La culture de mort est de fait le vecteur de nouveaux mots, d’un discours obligé et conformiste, qui camouflent des pratiques et des ordres implacables, dans l’espoir que ce qui n’est pas nommé ne sera pas défendu et cessera rapidement d’exister. Ce nominalisme idéologique établit un nouveau lexique se substituant à la réalité pour mieux l’asservir. Ce nouveau code moral qui prend sa source dans des sociétés qui se proclament libres et tolérantes, sécrétera des lois qui condamneront les propos inconvenants : délit d’entrave à l’IVG, discrimination homophobe,… l’Église nous invite – c’est bien tout l’objet du Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques qu’elle a fait publier il y a quelque temps – à ne pas nous soumettre à cette discipline de parole et à proclamer avec courage la vérité. Une vigilance de tous les instants s’impose en effet pour scruter et ausculter ce langage conventionnel et convenu afin de dévoiler les intérêts obscurs auxquels il collabore. Le Salon Beige dresse une liste de cette novlangue se rapportant à l'éthiquement correct :
- le clonage embryonnaire deviendrait une transposition nucléaire, voire un transfert nucléaire somatique,
- l’embryon cloné -dont les scientifiques doutent de l'humanité, serait appelé artefact, unité embryoïde voire blastocystes de transfert nucléaire,
- ainsi l’interruption volontaire de grossesse a remplacé l'avortement – on interrompt la vie d’un enfant comme si elle pouvait reprendre un peu plus tard,
- mourir dans la dignité désigne l’euthanasie (les Hollandais préférent interruption volontaire de la vie),
- la pilule du lendemain masque un avortement chimique,
- le préembryon ou amas cellulaire préimplantatoire qualifie le jeune être humain pour le donner plus facilement à la science,
- les diagnostics prénatal et préimplantatoire occultent des pratiques eugénistes massives,
- la transposition nucléaire n’est bien que l’autre nom du clonage,
- la réduction embryonnaire n’est ni plus ni moins que l’élimination d’un jumeau dans le sein de sa mère suite à une procréation artificielle,
- la santé reproductive est le cheval de bataille des agences internationales onusiennes pour diffuser l’avortement au cœur des pays en voie de développement jugés trop féconds.
Le novlangue est ce que déjà au XIXe siècle, les maîtres contrerévolutionnaires dénonçaient, cette inversion du langage, que les révolutionnaires (aujourd'hui la "culture de mort"), pratiquent, il s'agit pour le catholique de réflechir sur le sens nouveau donné par les révolutionnaires à certains mots et d'appliquer le sens catholique, traditionnel, pour restituer la vérité.
"Ce qu'il y a de plus funeste pour les peuples, après la Révolution, écrit Blanc de Saint-Bonnet, c'est la langue qu'elle a créée. Ce qu'il y a de plus redoutable après les révolutionnaires, ce sont les hommes qui emploient cette langue dont les mots sont autant de semences pour la Révolution... Ne jetons plus aux foules des termes dont on ne leur explique point le sens théologique et vrai. Ils ne cessent d'engendrer les idées qui tiennent les masses en ébullition et les arrachent au devoir de la vie" (Antoine Blanc de Saint-Bonnet, La Légitimité, 1873, p. 281-284, ouvrage honoré d'un Bref personnel de Pie IX, cité in Jean Ousset, ibid.,, p. 155).
La perversion des mots et des idées, n'est-ce pas encore le péril entrevu par saint Grégoire-le-Grand, quand, dans son "Commentaire du Livre de Job", il parle de ces chrétiens qui, vers la fin des temps, "obéissant à une fausse politique, seraient lâches et timides dans la défense de la vérité, et, par une coupable tolérance, se tairaient devant les violations des lois divines et humaines. Ils prêcheront la sagesse et la politique mondaine, et ils pervertiront, par leurs sophismes et leur faconde, l'esprit des simples" (Jean ousset, Pour qu'Il règne, DMM, Niort 1998, p. 297).
Tous les maîtres chrétiens qui ont traité du discernement des esprits (Exercices spirituels de Saint-Ignace de Loyola, donnés par la Très Sainte Vierge) se sont plus à désigner comme piège très ordinaire de l'ennemi infernal, le style fumeux, l'ambiguïté, les expressions vagues, doubles, le flou, le mal défini et le ténébreux dans la rédaction et la pensée... Il faut rendre aux mots leur vraie signification"... "Manque de clarté, de logique et de vérité", et, par là-même, "ne relevant pas du génie catholique et français", voilà ce que, dès le premier paragraphe de sa lettre, Pie X reprochera au "Sillon".
- Subversion du langage : Un poème d'Armand Robin qui explique le programme des deux derniers siècles