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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 15:15

Le mouvement de retour à la religion en Russie se poursuit et s'intensifie sous Medvedev.

Fini les ménages endettés, les automobilistes récalcitrants, les personnes rétives au paiement de la pension alimentaire... Ils vont être "sermonnés" et "culpabilisés" par des prêtres orthodoxes devenus auxiliaires des huissiers. L'effet est "sensationnel" et "immédiat".

Depuis l'effondrement du communisme, la Russie connaît un
fort renouveau religieux. Comment lutter contre les mauvais payeurs ? La Fédération russe des huissiers de justice s'en remet à l'Eglise.

Un accord de coopération a été signé mercredi 24 juin entre la Fédération et la branche du patriarcat orthodoxe chargée des liens avec l'armée et la police. "Des représentants de l'Eglise vont exercer une influence spirituelle sur les mauvais payeurs, leur dire qu'il est inacceptable de vivre dans l'endettement", a déclaré le patron des huissiers, Artour Parfentchikov, cité par le quotidien Kommersant (édition du 24 juin). 

L'Eglise est l'institution la plus respectée des Russes, qui, en revanche, ont une confiance très limitée envers le percepteur ou le policier. Là où l'Etat échoue à se faire entendre, le pouvoir spirituel va l'épauler. Dans un premier temps, les mauvais payeurs seront convoqués pour un sermon individuel. Les cas de conscience feront le reste. "Ne pas payer ses dettes équivaut, selon les préceptes de l'Eglise, à prendre ce qui ne vous appartient pas, c'est-à-dire à voler", stipule le texte de l'accord

Artour Parfentchikov, le patron des huissiers, est un infatigable pourfendeur de l'endettement. En 2006, ce camarade d'université du président russe, Dmitri Medvedev, s'était distingué en ordonnant la publication sur le Web de la liste des insolvables, sans résultats. Cette fois-ci, l'alliance entre les huissiers et les prêtres s'annonce plus fructueuse.

L'Eglise orthodoxe a récupéré ses lieux de culte, son faste, ses ouailles. Son influence est grande : dans les restaurants, où des menus "jeûne" sont disponibles au moment du carême, dans les boîtes aux lettres, où des prospectus proposent des bénédictions de bureaux, d'appartements, de voitures.
En avril 2009, à Tosno, une petite ville des environs de Saint-Pétersbourg, les habitués du non-paiement de la pension alimentaire ont été convoqués pour une petite conversation avec un batiouchka (prêtre). L'effet a été "sensationnel", a confié le service de presse des huissiers. Et immédiat : "L'un est allé chercher l'argent dans la foulée, deux autres ont repris la vie commune avec leur famille, les autres encore ont promis de régler leur dû à la première occasion."

Comme la Russie est multiconfessionnelle, des expériences similaires ont été menées chez les bouddhistes de Bouriatie (Sibérie orientale), de Kalmoukie (Caucase) et chez les musulmans du sud de la Fédération. Avec succès, paraît-il. Bonzes et imams n'ont pas ménagé leurs efforts pour convaincre leurs fidèles
. Le non-paiement d'une dette n'est pas sans conséquences : il expose le musulman à être privé de hadj (le pèlerinage à La Mecque), il alourdit le karma du bouddhiste.

Jusque-là, l'alliance du pouvoir temporel et spirituel séduit. La police de la route veut en être. A Penza et à Samara, des officiers de police et des membres du clergé ont patrouillé ensemble.

Les prêtres orthodoxes patrouillent désormais sur les routes en Russie, au côté des policiers, pour remettre les chauffards sur le droit chemin,
a rapporté le quotidien russe Novyé Izvestia. À Kouznetsk dans la région de Penza (700 km au sud-est de Moscou), lorsque la police de la route arrête un contrevenant, elle ne lui donne plus d'amende, mais laisse le prêtre discuter avec lui. «L'effet a dépassé toutes nos attentes», s'enthousiasme le chef du département de la police routière de Kouznetsk, Sergueï Logov, assurant que le nombre d'accidents a chuté de 33% depuis le lancement de cette initiative.

À Tchita (Sibérie orientale), des prêtres offraient fin novembre aux conducteurs des icônes de Saint-Nicolas, le patron des voyageurs.
Au Kamtchatka, dans l'Extrême-Orient russe, ils ont organisé une action baptisée «Il n'est jamais trop tard pour rejoindre le Bon Dieu», aspergeant d'eau bénite les carrefours dangereux et conduisant des processions religieuses.

«C'est un cri du coeur (...) J'espère que cette action ouvrira les yeux des gens», a souligné le chef de la police routière du Kamtchatka, Alexandre Martynenko.

À Tioumen (Sibérie occidentale), le père Viatcheslav Gorchkov a parcouru la ville en voiture en conviant par haut-parleur passants et conducteurs à respecter le code de la route et en alternant ces appels avec des prières.

Sources :

- La religion, opium des polices, par Marie Jégo

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