Une victoire à un contre dix.
Afin de pallier à la présentation déformée de la bataille de Montgisard par des profs gauchistes supplétifs de la déséducation nationale, je me servirai pour l'indication des effectifs de Régine Pernoud et pour la narration de René Grousset. Côté Franc, la première parle de 500 chevaliers, René Grousset de 400. "De fait, jamais plus belle victoire chrétienne n'avait été remportée au Levant".
Saladin est défait. "500 cavaliers contre les 30 000 hommes de l'armée de Saladin à Montgisard"
(Régine Pernoud, Les hommes de la Croisade, Taillandier, Mayenne 1977, p. 98).
"500 chevaliers auxquels se joignirent 80 Templiers (en tout 3000 combattants) contre 30 000 Mamelouks au moins groupés autour de Saladin"
(Régine Pernoud, Les hommes de la Croisade, Taillandier, Mayenne 1977, p. 156.)
"Son armée, prêtée au comte de Flandre, guerroyait bien loin, entre Antioche et Alep. Il (Badouin IV) n'avait sous la main que quatre cents hommes. Ramassant ce qu'il put rallier de gens, il se porta avec la Vraie Croix au-devant de l'envahisseur.
La situation des Francs paraissait si désespérée que Saladin, négligeant leur misérable petite armée dont la reddition ne semblait plus qu'une question d'heures, décida, en laissant devant elle, vers Ascalon, de simples rideaux de troupes, de marcher droit sur la Judée, peut-être même jusqu'à Jérusalem vide de défenseurs. Au passage, à travers la plaine qui s'étend d'Ascalon à Ramla, il brûlait les bourgs et pillait les fermes, en laissant ses escadrons s'enrichir de la rafle de tout le pays. Dans sa marche tiomphale et sans obstacle, il était arrivé près de Tell Djézer, le Montgisard des Francs, lorsque par stupéfaction, il vit surgir au-dessus de lui, du côté où il s'y attendait le moins, cette armée franque qu'il croyait réduite à l'impuissance derrière les murailles d'Ascalon (25 novembre 1177).
C'est qu'il avait compté sans Baudouin IV, qui au lieu de suivre l'ennemi sur la grande route de Jérusalem, avait fait un crochet vers le nord, le long de la côte, pour se rabattre ensuite droit au sud-est, sur la piste des Musulmans. Un vigoureux désir de vengeance animait la petite troupe en traversant les campagnes incendiées par les coureurs ennemis. En d'autres circonstances la chevalerie franque eût sans doute hésité devant son incroyable infériorité numérique, mais l'ardeur des premiers croisés animait le Roi lépreux.
Michel le Syrien relate ces instants avant la bataille :
"Dieu qui fait paraître sa force dans les faibles, inspira le roi infirme. Il (Baudouin IV) descendit de sa monture, se prosterna face contre terre devant la croix et pria avec des larmes. A cette vue le coeur de tous les soldats fut ému, ils jurèrent sur la croix de ne pas reculer et de regarder comme traître quiconque tournerait bride. Ils remontèrent à cheval et chargèrent."
Au premier rang se dressait la Vraie Croix, portée par l'évêque Aubert de Bethléem; elle devait, une fois de plus, dominer la bataille et plus tard les combattants chrétiens devaient avoir l'impression qu'au milieu de la mêlée elle leur était apparue immense, au point de toucher le ciel.
Les Musulmans qui pensaient d'abord les étouffer sous le nombre, commencèrent bientôt à perdre contenance devant la furie française. 'Le passage dit Le Livre des deux jardins, était encombré par les bagages de l'armée. Soudain surgirent les escadrons des Francs, agiles comme des loups, aboyant comme des chiens ; ils chargèrent en masse, ardents comme la flamme. Les Musulmans lâchèrent pied'. Saladin, le sultant d'Egypte et de Damas, avec ses milliers de Turcs, de Kurdes, d'Arabes et de Soudanais, fuyait devant les quatre cents chevaliers de l'adolescent lépreux...
Fuite éperdue. Jetant bagages, casques et armes, ils galopèrent à travers le désert d'Amalek, droit vers le ruisseau d'Egypte et le Delta. Pendant deux jours Baudouin IV ramassa sur toutes les pistes un butin prodigieux, puis il rentra à Jérusalem. De fait, jamais plus belle victoire chrétienne n'avait été remportée au Levant."
Source :
- René Grousset, L'épopée des Croisades, Perrin, Paris 1995, p. 77-178.
- Régine Pernoud, Les hommes de la Croisade, Taillandier, Mayenne 1977, p. 98).
Cette victoire éclatante permit de contracter un accord entre Saladin et Baudouin IV, permettant une paix relative pendant environ quatre ans.
* le livre de René Grousset L'épopée des Croisades en ligne format word et pdf