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1 septembre 2016 4 01 /09 /septembre /2016 07:18
L'Espagne musulmane et le mensonge de la cohabitation heureuse

De 711 à 1492, l’Espagne a été occupée par les musulmans.

 

Aujourd’hui, nos historiens idéologisés voudraient faire passer cette période de plus de 700 ans comme une ère de cohabitation heureuse, d’échanges culturels et de paradis multiculturel.

 

En réalité, les conquérants musulmans ont multipliés les persécutions à l’encontre des chrétiens et juifs non-convertis, et ont établi un régime de terreur et de ségrégation. En se basant sur les travaux d’un historien espagnol délaissé, Christopher Lannes pour TV-Libertés revient avec un nouvel épisode de La Petite Histoire consacré à Al-Andalus, l’Espagne sous domination musulmane.

Extrait :

 

"Rafael Sanchez Saus, considéré comme l’un des meilleurs spécialistes de l’Espagne médiévale, estime que les musulmans ont installé un régime très pervers qui n'a eu de cesse d'humilier et de persécuter les Juifs et les Chrétiens.

 

Un autre historien a fait un travail remarquable sur le sujet. Il s'agit de Serafin Fanjul, professeur de littérature arabe à l'Université autonome de Madrid, membre depuis 2011 de l'Académie royale d'histoire. Pour lui, le régime mis en place par les musulmans en Espagne (Al-Andalous) est un régime qui s'apparente à l'Apartheid en Afrique du Sud.

 

[Serafín Fanjul définit la société du royaume de Grenade (1238-1492) comme "une société monoculturelle, avec une seule langue, une seule religion. Une société terriblement intolérante, par instinct de survie, puisqu'elle était acculée à la mer". "Plus le pourcentage (des musulmans) était important, moins la société était tolérante". Les concessions sont toujours octroyées à des groupes. L'individu, lui, n'est jamais mis sur le même pied que les musulmans. Serafin Fanjul montre contrairement aux interprétations d'un Arnold Toynbee que cette société est loin d'être affranchie des préjugés raciaux. La pression religieuse est constante : "Les pouvoirs religieux d'al-Ándalus cherchèrent toujours l'islamisation totale et il y eut des exodes massifs de chrétiens vers le nord, jusqu'au XIIe siècle." (Serafín Fanjul, entretien, « Le « mythe d'Al-Ándalus », La Nouvelle Revue d'Histoire, no 62, septembre-octobre 2012, p. 31-34.) NDCR.]

 

Pour Serafin Fanjul, il s'agissait d'une période terrifiante pour les minorités en terre d'islam, en terre nouvellement conquise. Cet historien prend à rebrousse-poil l'idéologie dominante qui veut nous montrer Al-Andalous comme une terre riche, pacifique, raffinée, qui a en plus apporté toute la culture du Moyen-Âge. Et cette civilisation supérieure aurait chuté à partir du moment où les royaumes chrétiens du nord (ces barbares incultes), auraient repris possession de ces terres.

 

De 711 à 756, il s'agit pour l'historien d'une véritable orgie de sang, et pas seulement envers les Juifs et les Chrétiens, mais entre musulmans. Il y a des tensions et des rixes entre la caste arabe, qui est minoritaire mais qui a le pouvoir et les Berbères, qui sont majoritaires mais qui ont été écartés de ce pouvoir. Et concernant les quatre à cinq millions d'Hispanos-romains et d'Hispanos-wisigoths, ils ont très vite détesté l'envahisseur qui a dû faire face à de nombreuses révoltes.

 

[Quelques martyrs chrétiens victimes de l'islam Al-Andalous: les saints Olive, Euloge de Cordoue, Rodrigue et Salomon, Nathalie, Aurèle et leurs compagnons, Parfait de Cordoue, Flora et Maria, Laure de Cordoue, Fandilas. NDCR.]

Saint Euloge de Cordoue, martyr en 859

Saint Euloge de Cordoue, martyr en 859

Le ton va se durcir crescendo à chaque fois, suite à l'arrivée de croyants plus fondamentalistes, qui reprochaient à ceux déjà sur place de ne pas avoir assez islamisé le pays. On a eu les Omeyyades en 756, les Almoravides en 1086 et les Almohades en 1145. Et sous le règne de tous ces dirigeants "éclairés", on peut citer de nombreuses persécutions antichrétiennes comme à Cordoue au IXe siècle, le massacre des Frères missionnaires qui avaient osé pénétré dans Grenade pour précher la parole du Christ, la déportation des chrétiens en Afrique et les pogroms lancés contre les Juifs.

 

Et si on se réfère aux chroniques de l'époque, tant musulmanes que chrétiennes, on nous parle de guerres permanentes. Et aujourd'hui, par magie, c'est devenu un état de paix, un modèle de "vivre ensemble".

 

Le plus étonnant dans tout cela est que l'on nous présente Al-Andalous comme un état multiconfessionnel, multiculturel, alors qu'il était avant tout et surtout un état musulman de langue arabe. Les juifs et les chrétiens restés sur place étaient islamisés de force, tolérés ou acceptés selon les circonstances. Un royaume de paix absolue.

 

La majorité de la population d'Al-Andalous qui était islamisée pour 90% d'entre eux au XIIe siècle, et concernant les minorités, certes ils avaient le droit à l'existence en fonction des circonstances, mais une ségrégation de fait était placée entre les musulmans et eux. Le vivre ensemble est derrière le mur.

 

S'agissant des droits des chrétiens, ce sont des droits tout à fait honorables et pas du tout discriminatoires. Le musulman avait le droit de se déplacer à cheval alors que le chrétien était lui monté sur un âne. L'église, quand elle n'était pas rasée, devait être plus petite que la mosquée, le chrétien, dhimmi, devait payer un impôt supérieur (jizya) et les amendes qui le touchaient étaient également supérieures (elles étaient inférieures de moitié pour les musulmans). Les mariages mixtes étaient interdits, et un chrétien qui tuait un musulman (même en cas de légitime défense) était condamné à mort (par contre un musulman qui tue un chrétien, là pas de problème). Un chrétien n'avait pas le droit non plus d'avoir une maison plus haute que celle d'un musulman, et il devait se lever quand un musulman entrait dans une pièce (c'était la moindre des choses !)

Saint Fandila, peinture du début du XIXe siècle

Saint Fandila, peinture du début du XIXe siècle

Voilà le portrait de la société multiculturelle où règne le vivre ensemble et l'harmonie que nous vantent nos idéologues aujourd'hui.

 

Pour Serafin Fanjul,

 

"qu'on le veuille ou non, sur le plan religieux, l'Europe n'a pratiquement rien pris de l'islam, ni les dogmes, ni des arguments théologiques ni des références textuelles. Elle n'a rien pris plus non plus dans le domaine juridique, institutionnel ou politique. Quant à la culture populaire traditionnelle espagnole à laquelle on a prêté de nombreuses influences musulmanes, ces influences ont été tout à fait marginales."

 

Elles ont été marginales surtout par rapport à l'immense héritage latin et chrétien qui constitue la majorité de ces sources.

A lire également, la Provence musulmane, mais là il n'y a pas encore de mensonge officiel : les Sarrasins en Provence (889-975).

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