Devant l'effondrement de son modèle totalitaire et des grandes idéologies issues de la matrice révolutionnaire au XXe siècle (contrat social, nationalisme, socialisme, libéralisme, vivre ensemble etc.), la franc-maçonnerie prend peur devant le mouvement pour la vérité qui se lève et éprouve le besoin de justifier son bilan. C'est le signe que les observateurs rationnels avaient raison.
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La franc-maçonnerie, ses valeurs et la crise
LE MONDE | 26.08.09 | 14h52 • Mis à jour le 26.08.09 | 14h52
Le Grand Orient de France d'une volonté singulière : allier la démarche initiatique qui est une quête d'émancipation individuelle et de sagesse laïque et l'engagement citoyen en faveur d'une société "plus juste et plus éclairée". Nous sommes attachés à un Grand Orient fier de cette histoire, de son histoire. Etroitement associé aux conquêtes de la République indivisible, laïque, démocratique et sociale, fort de ses valeurs communes, au premier rang desquelles la liberté absolue de conscience, il est riche de la diversité de ses loges, de la pluralité de ses rites, de ses pratiques démocratiques, de l'engagement civique de ses membres.
Nous défendons un Grand Orient engagé par l'action de ses Frères comme par l'affirmation de ses engagements collectifs décidés par les convents successifs.
Nous souhaitons un Grand Orient plus uni et plus dynamique, conscience de la République, préparant l'avenir afin que les nouvelles conquêtes de la science (nouvelles technologies, énergies ou thérapies) et la maîtrise du vivant, dans le respect de l'environnement, soient mises au service de toutes les femmes et de tous les hommes et non d'intérêts particuliers. A cette fin, nous attendons du Grand Orient qu'en amont de la politique et dans le respect de la liberté d'opinion de chacun de ses membres, il contribue aux grands débats de société par l'élaboration de propositions concrètes visant à promouvoir la liberté et l'égalité des droits entre tous les citoyens.
La crise économique et sociale qui creuse dangereusement les inégalités à l'échelle de la planète ; les effets désastreux d'un système qui considère l'homme comme un moyen et non comme une fin détériore les liens civiques et aiguise les égoïsmes ; le retour des peurs, des obscurantismes, des haines xénophobes, antisémites, racistes, sexistes, la montée des menaces sur la paix internationale : tout fait devoir aux francs-maçons de réaffirmer l'éthique républicaine, de défendre et d'étendre la démocratie.
L'effondrement des modèles, l'échec le plus souvent dramatique des grandes utopies politiques du XXe siècle donnent à certains le sentiment du vide, de dilution des repères, de perte de sens, de "désenchantement du monde".
L'Europe de la citoyenneté et des droits sociaux que nous appelions de nos voeux se révèle principalement un espace de libre-échange pour les marchands. La République, pour qui toutes les femmes et tous les hommes, quelles que soient leurs origines, leur sexe, leur couleur, leurs convictions religieuses, philosophiques, politiques, naissent et demeurent libres et égaux en droit, se fragilise en doutant de son identité, de ses valeurs, de son indivisibilité. La laïcité est partout attaquée et l'Organisation des Nations unies est devenue le champ clos d'offensives visant à contester les libertés garanties par la Déclaration universelle des droits de l'homme, à nier la liberté de croire ou de ne pas croire et de critiquer une religion, à censurer la liberté pour tout être humain, en particulier les femmes, à disposer de soi-même.
Partout, la société se crispe et laisse place, comme hier, à l'émergence de populismes et d'extrémismes. L'histoire nous enseigne que sur ce terreau prennent racine les pouvoirs autoritaires et parfois totalitaires. Cette situation ne peut nous laisser indifférents : le risque est mortel pour les valeurs que nous défendons.
Nous avons parfois été en désaccord, adversaires d'un moment ou d'un mandat, mais nous avons toujours placé le Grand Orient et ses principes au-dessus de nos divergences.
Anciens grands maîtres, nous ne tirons aucune vanité particulière de l'exercice de nos fonctions, mais n'avons aucune honte à assumer les responsabilités de nos bilans, largement validés par les votes des délégués à nos convents. Notre devoir est de rester à la disposition de notre obédience, de ses membres, de ses loges, de ses institutions et de ses élus au service de notre idéal commun.
Pour cela nous souhaitons un Grand Orient fédération de loges libres, fidèle à son éthique humaniste et laïque, à sa tradition initiatique, capable d'évoluer avec le monde. Une obédience qui gère démocratiquement l'ensemble de ses questions internes, les réformes nécessaires de son fonctionnement mais aussi les questions de la mixité (alors que les loges ont ouvert leurs portes aux soeurs depuis si longtemps) avec l'exigence de sauvegarder la liberté des loges et l'unité de l'obédience. Une obédience fière de sa recherche d'ouverture aux autres obédiences : tels sont les principaux objectifs que les signataires ont en commun.
C'est dans les périodes de crise et de doute que la franc-maçonnerie trouve tout son sens, sa raison d'être. Refusant la résignation, le Grand Orient doit contribuer à l'intérieur comme à l'extérieur à l'indispensable nouveau souffle des Lumières. S'il ne veut pas trahir son rôle séculaire, il doit donc s'opposer fermement à toute transformation préjudiciable des acquis sociaux qui n'auraient pas pour but une préservation de leur existence, mais au contraire un retour à des conceptions idéologiques révolues et rétrogrades.
Pour nous, ce n'est pas négociable. L'histoire sociale, comme celle du progrès des idées, est une marche en avant ; elles ne peuvent être une régression. Nous demeurerons indéfectiblement attachés à la défense de la liberté de conscience individuelle et de la laïcité sociale dont nous avons été souvent les promoteurs ; elles ont assuré la paix religieuse depuis plus d'un siècle dans notre pays.
Nous sommes disposés à participer à toute discussion, voire à toute collaboration, qui va dans le sens d'une meilleure société. Mais, fidèles à notre histoire et à la philosophie qui est la nôtre depuis trois siècles, nous ne pourrions que nous opposer à toute entorse aux droits de l'homme et à tout recul du progrès de la société républicaine et démocratique.
Gilbert Abergel, Alain Bauer, Bernard Brandmeyer, Paul Gourdot (mort le 24 juin), Philippe Guglielmi, Patrick Kessel, Jacques Lafouge, Jean-Robert Ragache,anciens grands maîtres du Grand Orient de France.
Article paru dans l'édition du 27.08.09
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Nos commentaires
On ne voit pas bien en quoi une société où les écarts de richesses et où les égalités n'ont fait que croître serait une société "plus juste et plus éclairée" ?
Les soit-disant "conquêtes de la République indivisible, laïque" auxquelles sont associés les francs-maçons ne sont qu'un accaparement oligarchique du pouvoir par une petite minorité mafieuse et corrompue par le serment de secret et d'entraide, la franc-maçonnerie se définissant elle-même comme "l'Eglise de la république".
La soit-disant "liberté absolue de conscience" dans la république est la liberté de penser comme la franc-maçonnerie l'exige ou la prison; elle est un prétexte mensonger totalitaire qui permet d'écraser tout ce qui lui serait opposé "au nom de la liberté", condamnations judiciaires à la clé.
La franc-maçonnerie est riche de la diversité de ses loges ouvertes à tout le monde, de la pluralité de ses rites dont la très pluraliste et ouverte loge B'Naï B'rith, bien connue pour ses pratiques démocratiques. Le serment du secret prononcé au moment de l'"initiation" et l'échange de la promesse d'entraide sont d'éminents signes d'une telle société préoccupée d'ouverture et de démocratie. L'engagement "civique" de ses membres via le népotisme et le clientélisme sont des "acquis sociaux".
La vision de l'"homme" amputé de sa part spirituelle et de son âme, réduit à sa part matérielle animale, supprime la liberté de l'homme, son libre arbitre, et supprime en particulier toute chance de développement humain intégral, social et économique. Ainsi, la crise économique et sociale mondiale, le "retour des peurs", la détérioriation des liens civiques, l'accroissement des égoïsmes sont les conséquences directes de cette vision amputée de l'homme.
Les francs-maçons sont des apprentis sorciers pyromanes qui après avoir mis le feu crient au feu.
L'effondrement des modèles, l'échec le plus souvent dramatique des grandes utopies politiques du XXe siècle donnent à certains le sentiment du vide, de dilution des repères, de perte de sens, de "désenchantement du monde". Mais à qui la faute ? Qui n'a cessé de mettre en garde contre la vision d'un monde coupé de Dieu ? Qui n'a cessé de critiquer la vision de l'homme amputé de sa part spirituelle ?
L'Europe de la citoyenneté et des droits sociaux que les francs-maçons appelaient de leurs voeux se révèle "un espace de libre-échange pour les marchands". A qui la faute ?
Si "la République, pour qui toutes les femmes et tous les hommes, quelles que soient leurs origines, leur sexe, leur couleur, leurs convictions religieuses, philosophiques, politiques, naissent et demeurent libres et égaux en droit, se fragilise en doutant de son identité, de ses valeurs, de son indivisibilité" (sic), n'est-ce pas en raison d'une lacune au fondement même d'une prétendue "société" bâtie sur le vide relativiste et le sable ? L'idéologie maçonnique et son irréalisme ?
Si "la laïcité est partout attaquée", c'est que cette soit-disant laïcité n'en est pas une, mais une théocratie de droit occulte qui mérite toutes les critiques et toutes les attaques. Quant à la censure de la liberté en particulier pour les femmes "à disposer de soi-même", cette censure c'est celle de la civilisation qui dit "tu ne tueras point."
Si la société se crispe et laisse place à l'émergence de "populismes" et d'"extrémismes", l'histoire nous enseigne que sur le terreau de tels extrémismes est l'idéologie déshumanisante qui a prétendu éliminer Dieu de la société. "Dans la mentalité des Lumières,... le grand drame de l'histoire du Salut avait disparu. L'homme était resté seul: seul comme créateur de sa propre histoire et de sa propre civilisation; seul comme celui qui décide de ce qui est bon et de ce qui est mauvais... Si l'homme peut décider par lui-même, sans Dieu, de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, il peut aussi disposer qu'un groupe d'hommes soit anéanti... Des décisions analogues furent prises sous le IIIe Reich,... par le parti communiste de l'union Soviétique et des pays soumis à l'idéologie marxiste" (Jean-Paul II, Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion, Mayenne 2005, p. 23-24).
Il est toujours bon de rappeler ces quelques vérités aux frères tri-ponctés totalitaires franc-maçonniques.