Marion Sigaut :
"Je n'ai pas étudié les corporations dans leurs constitutions mais dans leurs fins, dans la mort des corporations, car elles correspondaient à la période que j'étudiais. Et je l'ai fait à partir du travail excellentissime de Steven Kaplan, et absolument incontournable dès que l'on veut comprendre la fin de l'Ancien Régime. Steven Kaplan s'est fait une spécialité d'expliquer comment le libéralisme a tué l'Ancien Régime. Et sans lire Steven Kaplan, on ne peut vraiment pas comprendre ce qui s'est passé. Il y a vraiment un avant et un après.
"Dans l'Ancien Régime, les décisions sont prises de bas en haut. C'est-à-dire que les décisions à la base sont prises par le peuple, pour le peuple. Et on ne montre en hiérarchie que pour tout ce qui n'est pas (de la compétence) des décisions de la base [principe de subsidiarité : la responsabilité d'une action publique, lorsqu'elle est nécessaire, revient à l'entité compétente la plus proche de ceux qui sont directement concernés par cette action. NdCR.]. L'idée par exemple sous l'Ancien régime d'un ministère de l'éducation, c'est complètement aberrant. Cela n'a pas de sens. Pourquoi ? Parce que les maîtres d'école dans les villages sont choisis (élus) par les communautés. Dans ce système, qu'est-ce qu'un ministre de l'éducation nationale va faire ? C'est-à-dire que le village décide à la base pour lui-même et les 36 000 communes. À l'heure actuelle, c'est juste l'inverse. C'est l'exact opposé de ce qui avait lieu jusqu'à la Révolution française.
"Donc la démocratie dans les villages, c'est ce que je viens de vous dire.
"Mais dans les métiers, c'était la même chose ! Les gens étaient organisés en métiers, et chaque métier était organisé pour lui-même. Et ce qu'on appelait 'privilèges' c'était ce qu'une corporation qui se constituait obtenait du roi.
"Par exemple, ce nouveau métier des informaticiens apparaît. Les informaticiens vont se réunir entre eux et discuter de la formation nécessaire pour devenir informaticien, de l'éthique professionnelle à laquelle ils veulent se référer, des moyens qu'ils veulent mettre en commun pour se constituer en corporation et vont présenter au roi (les statuts) de ce nouveau métier et demander au roi d'organiser le 'privilège' de ce métier. Voilà quels sont nos statuts, voilà ce que nous voulons faire. Et à ce moment-là, le roi accorde le privilège, c'est-à-dire le droit privée pour faire fonctionner la corporation des informaticiens, qui ne concerne pas les autres corporations. Et l'abolition des privilèges à la Révolution, c'est d'abord et avant tout l'abolition de toutes les règles qui concernaient les corporations...
"Donc, (sous l'Ancien Régime) les métiers étaient organisés de bas en haut.
"[...] L'abolition des corporations (en 1789) a consisté à vouloir briser tous ces liens, toutes ces règles, toutes ces normes et à jeter le monde du travail dans ce que j'appelle la barbarie économique. Un contrat de travail, c'est un contrat libre entre un employeur libre et un ouvrier libre, c'est-à-dire un renard libre dans le poulailler.
"Il était difficile de réussir la formation et d'intégrer la corporation mais une fois qu'on y était on avait toujours du travail. Il n'y avait pas de chômage dans la corporation.
"Les corporations assuraient à ses membres la Sécurité sociale, l'assurance veuvage, l'assurance chômage, l'assurance, l'assurance invalidité, la retraite.
"On dit que la république a inventé la sécurité sociale : en fait il a fallu d'abord la supprimer pour la réinventer 150 ans après !
[La gauche n’a rien inventé, elle a recopié et appliqué les lois sociales royalistes, qu’elle avait depuis la Révolution refusé aux ouvriers. Si cet été vous avez pu poser vos fesses sur le sable cet été, c'est grâce aux catholiques royalistes au XIXe siècle !]
Valérie Bugault :
"Dans ce système-là, chacun a sa place, alors que nous vivons dans une société dans laquelle de moins en moins de personnes ont leur place. Et c'est une anomalie politique.
Marion Sigaut :
"Ce n'est pas du tout une anomalie, c'est un plan ! L'isolement de l'individu était considéré par les corporations comme une déchéance morale. Les corporations considéraient l'individu comme incorporé, c'est-à-dire qu'il avait une famille. Et la nouveauté en 1789, au moment de l'abolition des corporations est que l'on dit que l'isolement de l'individu sera la base de l'initiative individuelle qui va permettre l'intérêt général. C'est-à-dire que l'isolement de l'individu est un programme assumé. On va isoler les individus et une fois qu'ils seront isolés, tout marchera pour le mieux !... La loyauté de l'incorporé devait aller non pas à sa famille mais à l'État, c'est-à-dire ce qui est le plus éloigné. Ce fut déjà une abolition du sentiment d'appartenance, voulu, planifié. L'individu doit être roi et plus il est isolé et plus il sera roi de lui-même.
Valérie Bugault :
"Les planifications actuelle datent de cette époque-là."
Eric Montana :
"Les corporations favorisaient la cohésion sociale. Et le fait de les supprimer favorise l'individualisme, et l'isolement, et l'isolement de l'individu favorise la fragilité des individus."
Valérie Bugault :
"Il y a une différence entre la réalité des corporations d'Ancien Régime et les corporations que je propose et qui seront le monde de demain.
"Donc la réforme (des institutions) que je propose est une fusion de ce qui a marché dans l'Ancien Régime avec ce qui a marché dans le régime qui a suivi.
Christophe Clairet :
"Le point commun entre ce que décrivait Marion et ta réforme des institutions c'est de remettre l'être humain au sein d'un groupe qui le représente et le protège.
"Il s'agit d'intégrer tous les domaines d'activité et non pas simplement que les métiers, d'intégrer toutes les tranches de la société et toutes les personnes de la société quelque soit leur domaine d'activité, et ainsi pouvoir les intégrer à un groupe qui va les défendre et les représenter."
Valérie Bugault :
"C'est aux gens à réinventer leur propre mode de fonctionnement. Chacun doit adopter son propre mode de fonctionnement à ses problématiques. Ce qui ne peut pas être anticipé d'en-haut.
Marion Sigaut :
"D'où à mon sens l'aberration de vouloir rerédiger une constitution, cela est à mon sens la dernière chose à faire. D'abord, on reconstitue la base et une fois que la base sera constituée, la constitution, il n'y aura plus besoin de l'écrire : la constitution coulera de source !"
Valérie Bugault :
"[...] J'ai remplacé la constitution par une charte des valeurs intangible de la France. Et cette charte est un guide, la ligne directrice des valeurs fondamentales. Indépendamment de cette charte, c'est open bar pour l'organisation autonome. Les deux seules choses que j'impose c'est le principe de subsidiarité, qui est ce qu'a expliqué Marion à propos des corporations d'Ancien Régime et appliqué aux groupements d'intérêt. C'est-à-dire que toutes les décisions qui sont prises par la base ne doivent pas remonter. Elles sont prises au niveau où elles doivent être prises.
"Et deuxièmement, c'est évidemment le mandat impératif. C'est-à-dire que quelque soit la façon dont on a désigné, tiré au sort, nommé ou élu un représentant, ce représentant a une mission particulière à remplir. Et s'il déroge de cette mission il est automatiquement révoqué.
Marion Sigaut :
"C'était le travail du syndic dans les communautés villageoises (avant 1789). Et on ne se battait pas pour être syndic. [...] Le maire d'Ancien Régime n'existait pas en tant que tel (il a été inventé après). La communauté villageoise était souveraine et le syndic était son représentant."
Valérie Bugault :
"Le syndic aujourd'hui pourrait être l'équivalent du conseil municipal ou du maire.
Marion Sigaut :
"Le syndic protège la décision communale vis-à-vis de l'intendant ou de l'autorité publique."
"[...] Je tiens à dire ici et là encore je tiens à rendre hommage à l'excellentissime Steven Kaplan, c'est que les arguments qui ont été avancés pour supprimer les corporations étaient mensongers. On a fait pour supprimer les corporations comme on a fait pour supprimer la police des grains. On a menti, menti, menti. Les Lumières, c'est la fabrique du mensonge. On a menti auprès du roi quand on lui a dit 'Majesté, le peuple des campagnes réclame la suppression de la police des grains.' Il a répondu 'ha bon ?' Et quand on a expliqué à Louis XVI qu'il fallait supprimer les corporations car 'le peuple réclamait la liberté'. 'Comment cela ? Le peuple n'est pas libre de travailler ?' 'Non, on l'empêche. On empêche le peuple de travailler. Il est obligé de s'incorporer, le peuple réclame la liberté...'
"Avec des grands mots comme 'la liberté de', on arrive à convaincre qui veut.
"L'économie (le mot) est née à ce moment-là. C'est-à-dire une espèce de science nouvelle. Mais c'était avant tout une idéologie et un diktat. On a réussi à renverser tous les systèmes qui étaient pour le bien commun et la protection des plus humbles à coups de mensonges, de mensonges et de mensonges. Il y avait une fabrique de mensonges. Et contre les corporations, c'était gratiné. On a fait des pamphlets, on a fait des comptes que l'on distribuait à droite et à gauche, on a inventé des personnages fictifs qui racontaient comment la situation était épouvantable.
Exemple de mensonge colporté : les corporations sont odieuses parce qu'elles favorisaient les fils de maître. C'est-à-dire que les maîtres sont tous fils de maître. Si on est pas fils de maître, on ne sera jamais maître. Et bien il y avait 30% des maîtres qui étaient fils de maîtres. Cela faisait 70% qui ne l'étaient pas ! Cela, c'est un chiffre et une réalité historique. Dire donc que pour être maître, il faut être fils de maître, c'est un mensonge.
Valérie Bugault :
"Cela nous rappelle quelque chose, car le mensonge est une méthode de gouvernement qui n'a jamais cessé depuis cette époque ! Aujourd'hui on nous a imposé l'injection en nous faisant croire que tout le monde allait mourir d'un virus fabriqué. Le mensonge est à tous les étages. Le mensonge selon lequel il faut détruire la famille parce que les enfants sont les plus malheureux chez eux et ils seront plus heureux quand l'État s'occupera d'eux... On connaît toutes ces tyrannies et ces dictatures fondées sur une appréciation fallacieuses de la réalité fondée sur le mensonge d'État, collectif, général. Et c'est la raison pour laquelle les gens doivent se réveiller, parce qu'ils sont (constamment) endoctriné par du mensonge. Tout ce qu'on nous raconte est du mensonge. Il faut arrêter de croire ce que l'on nous raconte !"
Marion Sigaut :
"Cela fait partie des biens fondamentaux. La vérité est un bien. La vérité, c'est un absolu."
[...]
Eric Montana :
"Combien de Français savent que leurs ancêtres ont fait la 'Révolution' pour établir l'usure ? Les Français doivent savoir cette vérité. La première loi votée par la Constituante cela a été la légalisation de l'usure. On est passé de sujets du roi, à esclave des banquiers. Et en 232 ans notre situation d'être humain n'a fait que s'aggraver. Ce simple détail-là devrait être su et diffusé par le plus grand nombre. Cette Révolution de 1789 était une révolution colorée qui fait d'eux aujourd'hui les esclaves des banquiers.
Valérie Bugault :
"J'ai clairement identifié qui était à la direction de ce processus. Ce sont les grands banquiers internationaux coalisés déjà dès le XVIe, XVIIe siècles.
"Depuis l'avènement de l'empire britannique, ces banquiers-là ont trouvé leur quartier général à la City de Londres. C'est eux qui contrôlent la City de Londres. C'est un mélange de vieilles familles régnantes, de nouveaux banquiers enrichis grâce à la révolution industrielle mais qui étaient déjà relativement puissants auparavant. Mais je dirais que donner des noms aujourd'hui n'a qu'un intérêt limité. Car ce qui nous asservi, ce ne sont pas ces personnes-là, c'est le système qu'ils ont mis en place.
"Si vous démontez le système qu'ils ont mis en place, c'est-à-dire l'anonymat, la rupture du lien entre le pouvoir et la responsabilité, vous démontez leur système et leur mensonge, ils ne sont plus rien. Ces gens-là n'existent déjà plus.
"Donc l'intérêt n'est pas d'identifier telle ou telle personne, surtout qu'il s'agit de familles à ramifications variées. Certains membres de la famille ont plus ou moins de responsabilité dans le système d'ensemble et cette responsabilité, de toute façon, elle est sur plusieurs générations. Comment voulez-vous attraire en responsabilité l'arrière-arrière grand-père qui a organisé (l'ensemble) ?
"À un moment il faudra mettre un terme à cela en mettant des noms sur les personnes qui ont fait les mal façons, c'est vrai. Mais je dirais qu'au point où nous en sommes aujourd'hui, nous n'en sommes pas là.
"Ce qui est le plus important pour nous, c'est de démonter le système et de rendre leurs armes inopérantes. Si vous les désarmez, ils ne sont plus rien. Et après vous pouvez les attraire aux responsabilités. Le mouvement inverse n'est pas possible parce qu'ils ont élaboré un système qui les protège définitivement et ce système est pervers et létal pour nous, les populations.
"Donc moi je propose la chose suivante : on démolit leur système, et après on s'occupera des responsabilités.
"[...] C'est la raison pour laquelle j'ai proposé cette réforme des institutions, qui à mon avis, est beaucoup plus puissante que de donner des noms précis, pour aller mettre des potences sur une ou deux personnes."
(Fin de citation)
Bravo à Valérie Bugault pour sa remarquable proposition de réforme concrète des institutions.
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Note du Blog Christroi. En 2012, nous avions eu dans l'article "Contre le Nouvel Ordre mondial : en finir avec la révolution (IIIe partie)" une réflexion voisine de cette réforme que propose aujourd'hui Valérie Bugault. S'agissant de la représentation politique, nous écrivions :
"L'idée est d'affranchir la "représentation" des principes révolutionnaires hérités de 1789 [...] et de permettre à tous les corps de la nation de participer réellement à la vie politique suivant leurs poids réels dans la société.
[...] La séparation de la franc-maçonnerie et de l'Etat est déjà une première étape nécessaire si l'on veut courcircuiter la menace d'une direction occulte de la "représentation". Cette séparation permettra de retrouver une juste délibération sans qu'une oligarchie cachée y mette son nez. Le souci de transparence démocratique doit être mis en avant, contre le despotisme de l'oligarchie.
Dans un deuxième temps on réfléchira à la manière de doter les députés, comme sous l'Ancien Régime, de mandats impératifs. Il s'agit de supprimer les mandats indirects organisés par l'arrêté du 17 juin 1789 qui transformait les Etats généraux composés de mandataires des trois ordres dotés de mandats impératifs, en une assemblée 'représentant' soit-disant la nation et de députés dotés de mandats non-impératifs.
Dans cette étape, il s'agit de réfléchir à la manière de revenir à une représentation organique, plus réelle et concrète des Français, réalisée non plus par têtes (représentation individualiste) mais par poids des corps dans la société (poids des cadres, employés, ouvriers, familles, fonctionnaires, artisans, professions libérales, étudiants, etc.)."
Et dans la première partie, nous écrivions également :
"Deuxièmement, l'information et la recherche de la vérité : "Vous connaîtrez la vérité, et la verité vous rendra libres" (Jn, VIII, 32) doivent être un de nos soucis permanents. Les mensonges de la "révolution" installent l'homme dans la facilité, la sensualité et finalement la passivité qui contrôle les citoyens-électeurs : ces techniques de manipulation, de domination et de conditionnement élaborées par les "Lumières"."