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Christ Roi

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6 mars 2020 5 06 /03 /mars /2020 19:54
Distribution de la Communion en période d'épidémie : Réponse de la Congrégation pour le Culte divin (en 2009)

Lors de la grippe porcine de juin 2009, un catholique britannique avait demandé à la Congrégation pour le Culte divin quelles étaient les restrictions diocésaines contre la communion sur la langue en raison des inquiétudes liées à l'épidémie.

Dans sa réponse, la Congrégation avait alors réaffirmé que LES FIDELES ONT TOUJOURS LE DROIT de recevoir la sainte Communion sur la langue :

Distribution de la Communion en période d'épidémie : Réponse de la Congrégation pour le Culte divin (en 2009)
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1 mars 2020 7 01 /03 /mars /2020 15:40

... Le Saint-Sacrifice aboli ? (Daniel 8,11Matthieu 24,15)

 

Vendredi 28 février, Mgr Michel Dubost, Administrateur apostolique à Lyon, a recommandé de "ne pas être agent de la propagation du coronavirus (Covid-19)", appelle "les catholiques [...] à suivre scrupuleusement les consignes des autorités publiques" et demande "en ce qui concerne nos assemblées eucharistiques" "pour éviter tout risque de contamination" "que le « pain eucharistique » soit exclusivement donné dans les mains (et non dans la bouche) et qu’il n’y ait pas de communion des fidèles au sang du Christ. Ces mesures seront levées lorsque les risques de toute contamination auront disparu." 

Le même qui, arrivant dans le diocèse, s'étonnait, en s'en agaçant, du nombre de fidèles qui persistent à s'agenouiller. (Le Forum catholique)

 

L'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, a adressé une message urgent aux prêtres et aux diacres de la capitale. Il leur demande d'appliquer dès aujourd'hui plusieurs mesures pour éviter la propagation du coronavirus. À savoir :

 

- proposer la communion uniquement dans les mains des fidèles et refuser dans la bouche,

- ne pas proposer de communion au calice pour les fidèles,

- demander aux concélébrants de communier par intinction,

- demander aux fidèles de ne pas échanger de poignée de main en signe de paix pendant les messes,

- vider les bénitiers présents dans l’église. 

 

Mgr Aupetit a révélé qu'un prêtre du diocèse de Paris, rentré mi-février d'Italie, a été contaminé par le virus. Ce prêtre résidait à Rome et a rejoint la France en traversant l'Italie en voiture. (Le Figaro / Le Forum catholique)

Les messes sont suspendues jusqu'à nouvel ordre dans l'Oise.

Refuser de donner l'hostie dans la bouche des communiants, «vider les bénitiers» : à Paris, Rennes, Lille, Lyon ou Marseille, les archevêques ont demandé aux prêtres de leurs paroisses de prendre des mesures contre la propagation du nouveau coronavirus.

Dans l'Oise, [...] la célébration des messes (entendue dans le simple sens de célébration de l'eucharistie) est suspendue jusqu'à nouvel ordre dans les 41 paroisses du département. (Le Figaro)

 

Source: https://www.lefigaro.fr/flash-actu/coronavirus-les-messes-sont-suspendues-jusqu-a-nouvel-ordre-dans-l-oise-20200301

 

La contamination ne se fait pas seulement par les mains mais aussi par les gouttelettes de salive émises durant l’action de parler, il faudrait donc aussi interdire aux fidèles de répondre au prêtre, de chanter, et de parler entre eux à la sortie de la messe !

La suite servile bien plus que scrupuleuse des consignes des autorités publiques semble bien davantage être la ligne de l'Église-qui-est-en-France, laquelle préconise des consignes irrationnelles. La communion dans la main contient en effet beaucoup plus de risques de contagion que la communion directement dans la bouche, la paume de mains et les doigts du fidèle étant beaucoup plus contaminées que la bouche elle-même. De sorte que si l'on voulait vraiment lutter efficacement contre la contagion, c'est la communion dans la main qu'il faudrait logiquement proscrire. 

La sécurité totale serait de supprimer les messes en raison du risque de contagion lors des rassemblements de foules. On ne peut s'empêcher de penser qu'il y a donc comme un petit côté idéologique dans le fait de rendre obligatoire la communion dans la main à cause de l’épidémie.

D'autant que à l'issue du conseil extraordinaire des ministres ce matin consacré au coronavirus, Olivier Véran, ministre de la Santé (et médecin) a été particulièrement clair : "la contamination se fait par les mains. Donc, dit-il : on ne se serre plus la main etc." (Le Forum catholique)

Source: https://www.europe1.fr/societe/coronavirus-stop-aux-poignees-de-mains-3952398

Source: https://www.europe1.fr/societe/coronavirus-stop-aux-poignees-de-mains-3952398

Dans un point presse vendredi, le ministre de la Santé Olivier Véran a recommandé de ne plus se serrer la main, en raison de la diffusion du coronavirus sur le territoire français. [...] Olivier Véran affirmait vendredi que "l'essentiel des contaminations se faisait par les mains". (Europe 1)

Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Sainte-Marie à Astana (Kazakhstan), auteur d'un message sur la réception de la sainte communion en temps de pandémie, dénonce dans ces conditions, et assez logiquement, un "abus d’autorité" et un "manque de foi" :

 

"Personne ne peut nous contraindre à recevoir le Corps du Christ d'une manière qui comporte un risque de perte des fragments, et qui entraîne une diminution de la révérence, comme c’est le cas lorsqu’on reçoit la Communion dans la main. [...] La Communion dans la main n’est pas plus hygiénique que la Communion dans la bouche. En effet, elle peut être dangereuse sur le plan de la contagion. Du point de vue de l’hygiène, la main est porteuse d’une énorme quantité de bactéries. De nombreux agents pathogènes sont transmis par les mains. Que ce soit en serrant la main d’autres personnes ou en touchant fréquemment des objets, telles les poignées de porte ou les rampes et barres d’appui dans les transports en commun, les germes peuvent rapidement passer d’une main à une autre ; et les gens se portent alors souvent ces mains peu hygiéniques au nez et à la bouche. En outre, les germes peuvent parfois survivre pendant plusieurs jours à la surface des objets touchés. Selon une étude de 2006, publiée dans la revue “BMC Infectious Diseases”, les virus de la grippe et les virus similaires peuvent persister pendant quelques jours à la surface d’objets inanimés, comme par exemple les poignées de porte ou les rampes et les poignées dans les transports et les bâtiments publics. De nombreuses personnes qui viennent à l'église et reçoivent ensuite la sainte Communion dans leurs mains ont d’abord touché les poignées de porte ou les rampes et les barres d’appui dans les transports en commun ou dans d'autres bâtiments. Ainsi, des virus s’impriment sur la paume et les doigts de leurs mains. Puis, pendant la Sainte Messe, ils se touchent parfois le nez ou la bouche avec ces mains et ces doigts. Avec ces mains et ces doigts, ils touchent l’hostie consacrée, transférant ainsi le virus également sur l’hostie, et ils transporteront ainsi les virus par l’hostie dans leur bouche. La communion dans la bouche est certainement moins dangereuse et plus hygiénique que la communion dans la main. En effet, la paume et les doigts de la main, à défaut de lavage intense, contiennent indéniablement une accumulation de virus. L’interdiction de la Communion dans la bouche n’est pas fondée par rapport aux grands risques sanitaires de la Communion dans la main en temps de pandémie. Une telle interdiction constitue un abus d’autorité. De plus, il semble que certaines autorités ecclésiastiques utilisent la situation d’une épidémie comme prétexte. Il semble également que certaines d’entre elles éprouvent une sorte de joie cynique à propager de plus en plus le processus de banalisation et de désacralisation du très saint et divin Corps du Christ dans le sacrement eucharistique, exposant le Corps du Seigneur lui-même aux dangers réels de l’irrévérence (perte de fragments) et des sacrilèges (vol d’hosties consacrées).

"Il y a aussi le fait qu’au cours des 2000 ans d’histoire de l’Église, on ne connaît pas de cas avéré de contagion due à la réception de la Sainte Communion. 

"Dans l’Église byzantine, le prêtre donne même la Communion aux fidèles avec une cuillère, la même cuillère pour tous. Et ensuite, le prêtre ou le diacre boit le vin et l’eau avec lesquels il a purifié la cuillère, qui parfois avait même été touchée par la langue d’un fidèle lors de la réception de la sainte communion. De nombreux fidèles des Églises orientales sont scandalisés par le manque de foi qu'ils constatent chez des évêques et des prêtres de rite latin lorsque ceux-ci mettent en place l'interdiction de recevoir la Communion par la bouche, interdiction faite finalement par manque de foi dans le caractère sacré et divin du Corps et du Sang du Christ eucharistique.

"Si l’Église de notre temps ne s’efforce pas à nouveau avec le plus grand zèle d’accroître la foi, la révérence et les mesures de sécurité à l’égard du Corps du Christ, toutes les mesures de sécurité pour les êtres humains seront vaines.

"Si l’Église de nos jours ne se convertit pas et ne se tourne pas vers le Christ, en donnant la primauté à Jésus, et notamment à Jésus Eucharistique, Dieu montrera la vérité de Sa Parole qui dit : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent ; Si le Seigneur ne garde pas la cité, en vain la sentinelle veille à ses portes » (Psaume 126, 1-2)." (Fin de citation) (Source: Pro Liturgia, actualité du 29 février 2020)

 

Rappelons qu'en 590, lorsque saint Grégoire le Grand (540–604), Pape et docteur de l'Église, fut élu pape, prenant le nom de Grégoire Ier, "l'Italie se trouvait dans une situation déplorable : la peste et la famine avaient exterminé les populations." (Yvan GOBRY, Dictionnaire des Papes, Pygmalion, Paris 2013, p. 187). Entre 589 et 590, une violente flambée de peste, les terribles lues inguinaria, après avoir dévasté le territoire byzantin à l'est et les terres franques à l'ouest, sema la mort et la terreur dans la péninsule et frappa la ville de Rome. Les citoyens romains virent cette épidémie comme un châtiment divin en réponse à la corruption qui régnait dans la ville. La première victime que fit la peste à Rome fut le Pape Pélage II, mort le 5 février 590 et enterré dans la crypte de la Basilique Saint-Pierre. Le clergé et le Sénat romain élurent Grégoire en tant que son successeur qui, après avoir été praefectus urbis [Préfet de Rome], vécut dans sa cellule monastique à Monte Celio. À l'occasion de cette épidémie de peste à Rome, le saint Pontife s'illustra par sa foi comme le rapporte Grégoire de Tours (538-594), contemporain de ces événements et qui en fut le chroniqueur. Dans un sermon mémorable prononcé dans l'église de Santa Sabina, il invita le peuple romain à suivre — contrit et pénitent — l'exemple des habitants de Ninive :

 

"Puis le Pape exhorta [tout le peuple] à lever les yeux vers Dieu, Qui permet de si terribles châtiments dans le but de corriger Ses enfants. Pour apaiser le courroux divin, le Pape ordonna une « litanie en sept Chœurs », c'est-à-dire une procession de toute la population romaine, divisée en sept cortèges, selon le sexe, l'âge et la condition. La procession se déplaça depuis les différentes églises romaines en direction de la basilique Saint-Pierre au Vatican, chantant des litanies en chemin. C'est l'origine de ce que l'on appelle aujourd'hui les grandes Litanies de l'Église, ou Rogations, que nous prions pour que Dieu nous protège contre les adversités. Les sept cortèges traversèrent les bâtiments de la Rome antique, pieds nus, à pas lent, la tête couverte de cendres. Tandis que la multitude traversait la ville, dans un silence sépulcral, la peste atteignit un tel point de fureur qu'en l'espace d'une heure, quatre-vingts personnes tombèrent mortes au sol. Cependant, Grégoire ne cessa pas une seconde d'exhorter le peuple à continuer de prier et insista pour que l'image de la Vierge peinte par saint Luc et conservée à Santa Maria Maggiore soit portée en tête de procession. (Gregorio di Tours, Historiae Francorum, liber X, 1, in Opera omnia, a cura di J.P. Migne, Parigi 1849 p. 528)"

(Source: LifeSiteNews / Le forum catholique )

 

Voici les réactions pour le moment dans le monde catholique traditionnel francophone :

 

La communion sur la langue ayant été interdite dans le diocèse d'Amsterdam, la paroisse de la Fraternité Saint Pierre suspend la distribution de la communion jusqu'à Pâques. (Le forum catholique)

Par mandement en date du samedi 29 février 2020, l’archevêque de Bordeaux interdit la distribution de la Très Sainte Eucharistie directement sur la langue, afin de contribuer à la lutte contre l’épidémie de coronavirus. En raison de l’attachement de la Fraternité Saint-Pierre à la forme extraordinaire du rit romain qui ne prévoit aucun autre mode de distribution de la Sainte Eucharistie, et dans l’obéissance à leurs supérieurs, les prêtres de Fraternité Saint-Pierre à Bordeaux ne distribueront donc plus la Très Sainte Eucharistie et ce jusqu’à nouvel ordre. (Le Forum catholique)

 

Un canoniste consulté a fait la réponse suivante :

 

"De mon point de vue, un évêque ne peut demander à personne de recevoir dans la main. Même dans la forme ordinaire, la prescription est la communion sur la langue, avec le droit d'approcher et de recevoir dans la main. La norme est la norme, et elle est fondée sur le droit des fidèles de choisir comment adorer Dieu à un moment de la messe profondément personnel et non communautaire. Mon opinion est basée sur la jurisprudence répétée du Saint-Siège confirmant le droit d'un catholique de recevoir la communion sur la langue tout en s'agenouillant lors d'une messe OF, même si son évêque a émis une loi particulière à l'effet contraire. Ces lois sont considérées de nature suggestive et nullement contraignantes."

 

Quel que soit le cas avec la forme ordinaire de la messe, il faut comprendre que les évêques n'ont aucun pouvoir de modifier les rubriques de la forme extraordinaire, qui est régie par les rubriques et les lois en vigueur en 1962.

 

Le document législatif pertinent, l'Instruction Universae Ecclesiae, détermine ce qui suit:

24. Les livres liturgiques de la forme extraordinaire seront utilisés tels qu’ils sont. Tous ceux qui désirent célébrer selon la forme extraordinaire du rite romain doivent connaître les rubriques prévues et les suivre fidèlement dans les célébrations.

28. De plus, en vertu de son caractère de loi spéciale, le Motu Proprio Summorum Pontificum déroge, dans son domaine propre, aux mesures législatives sur les rites sacrés prises depuis 1962 et incompatibles avec les rubriques des livres liturgiques en vigueur en 1962.

 

À la forme extraordinaire, les laïcs doivent recevoir la communion sur la langue; il n'y a aucun autre moyen envisagé ou autorisé par la loi. Pour qu'une nouvelle coutume soit établie ( quod Deus avertat ), un évêque ou une conférence épiscopale devrait demander un rescrit à la Congrégation pour la doctrine de la foi, tout comme les évêques de différents pays devaient demander à Rome un rescrit pour permettre la communion dans la main il y a des décennies. Et même si un évêque obtenait ce rescrit, il resterait au choix du profane, à qui l'on ne peut refuser le Saint-Sacrement à moins qu'il ne soit un pécheur public notoire. Un prêtre qui, de sa propre initiative, a dit aux gens qu'ils devaient recevoir dans la main violerait la loi et entraînerait le peuple à la violer. (New Liturgical Movement)

 

 

Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif.

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6,35

Voici ce que nous pouvons dire sur ce blog cet après-midi.

Si la communion n'est pas une obligation, elle est nécessité pour notre vie spirituelle et notre croissance en tant qu'enfant de Dieu d'où émane la vie (Jean 6:35) et qui est le pain eucharistique. L'Eucharistie est notre nourriture spirituelle, elle est vitale pour nos âmes. Jésus est présent dans l'Eucharistie, c'est Lui qui donne la vie. Il ne peut pas apporter la maladie ! 

Et là, les évêques et les prêtres obéissants sont en train de nous dire que Jésus pourrait nous apporter la maladie, Lui qui guérissait les malades ! Et l'eau bénite également puisqu'il est demandé aux prêtres de vider l'eau des bénitiers ! 

 

Source: https://croire.la-croix.com/Definitions/Sacrements/Eucharistie/Jesus-present-dans-l-hostie

 

Lire : Comment expliquer que Jésus est présent dans l'hostie ?

 

Si la Communion reste autorisée mais obligatoirement dans la main, il nous semble moralement permis, voire nécessaire, de ne pas obéir à un tel ordre injustifié du fait de l'état actuel de la science (communiqués de presse du ministère de la santé quant à la propagation de la maladie essentiellement par les mains), et surtout injustifié théologiquement du fait que la communion dans la main expose le Corps du Christ à un risque sérieux de profanation.

D'autant que : 

- 91 [...] il n’est pas licite de refuser la sainte Communion à un fidèle, pour la simple raison, par exemple, qu’il désire recevoir l’Eucharistie à genoux ou debout.

- 92 - Tout fidèle a toujours le droit de recevoir, selon son choix, la sainte communion dans la bouche.

Instruction Redemptionis sacramentum § 91-92

La Fraternité Saint Pierre s'alignant déjà sur les consignes de leurs évêques, il s'agit de trouver des lieux de messes  dans la forme extraordinaire du rit romain (missel de 1962), en particulier dans la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. Site : 

https://laportelatine.org/district/lieux/lieux.php

Add. 01/03/2020 20:12. Curieusement en ce jour où l'on nous annonce la quasi suppression de la messe dans nombre de diocèses, nous fêtons un anniversaire providentiel, qui donne à réfléchir sur le sens de l'eucharistie. En effet : 

 

"nous nous trouvons actuellement entre deux anniversaires importants : d’une part, il y a cinquante ans, la nouvelle messe était promulguée et, avec elle, les fidèles se sont vu imposer une nouvelle conception de la vie chrétienne, adaptée aux soi-disant exigences modernes. D’autre part, nous fêtons cette année le cinquantième anniversaire de la fondation de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Il va de soi que ces deux anniversaires ont une relation étroite, car le premier événement demandait une réaction proportionnée. C’est de cela que je voudrais vous entretenir afin d’en tirer quelques conclusions valables pour le présent, mais en faisant d’abord un retour en arrière, car ce conflit qui s’est manifesté il y a cinquante ans a, en réalité, déjà commencé pendant la vie publique de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

 

En effet, lorsque Notre-Seigneur annonça pour la première fois aux Apôtres et à la foule qui l’écoutait à Capharnaüm le grand don de la Messe et de l’Eucharistie, un an avant sa Passion, certains se séparèrent de lui, tandis que d’autres s’attachèrent à lui de façon plus radicale. Cela est paradoxal, mais c’est l’idée-même de l’Eucharistie qui a provoqué le premier « schisme » et, en même temps, a poussé les Apôtres à adhérer définitivement à la personne de Notre-Seigneur.

 

Voici comment saint Jean rapporte les paroles de Notre-Seigneur et la réaction de ses auditeurs : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui. De même que le Père vivant m’a envoyé, et que, moi aussi, je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra aussi par moi. Voici le Pain qui est descendu du ciel. Ce n’est pas comme la manne, que vos pères ont mangée, après quoi ils sont morts. Celui qui mange ce Pain vivra éternellement. Il dit ces choses en enseignant dans la synagogue, à Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, l’ayant entendu, dirent : “Cette parole est dure, et qui peut l’écouter ?” (…) Dès lors beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec lui. » (Jn 6, 57-61, 67).

 

Essayons de répondre à trois questions qui s’appellent l’une l’autre. Pourquoi les Juifs se scandalisèrent et que refusèrent-ils dès lors ? Que refuse à son tour le chrétien moderne ? Que devons-nous faire pour ne pas tomber, nous aussi, dans cette erreur si ancienne ?

 

* * *

 

L’Evangile nous dit que les Juifs se scandalisèrent, car ils ne pouvaient pas comprendre comment Notre-Seigneur pouvait leur donner à manger sa chair. Et Notre-Seigneur, devant cette difficulté, au lieu de leur donner des explications rationnellement plus accessibles, insiste davantage, en réaffirmant plusieurs fois la nécessité de manger sa chair et de boire son sang pour avoir la vie éternelle. En fait, ce qui manqua aux Juifs, c’était la disponibilité et la confiance à se laisser guider par Notre-Seigneur, malgré le miracle dont ils venaient d’être témoins (cf. Jn 6, 5-14). En un mot, il leur manquait la foi par laquelle le Père introduit les âmes dans le mystère du salut : « La volonté de mon Père qui m’a envoyé, c’est que quiconque voit le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle ; et moi-même je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 40). Ce faisant, les Juifs refusaient déjà ce qu’ils allaient refuser définitivement une année plus tard : ils rejetteraient le sacrifice de la Croix, dont la Messe est la continuation, et la Sainte Eucharistie, le fruit. Ils refusaient par avance l’économie de la Croix, qui devient incompréhensible sans un regard de foi. Pour eux, la Croix serait un scandale, tout comme les paroles de Notre-Seigneur annonçant la Sainte Eucharistie les scandalisaient. Il s’agit donc de deux manifestations d’un seul et même « scandale ». En effet, l’on ne peut aimer l’Eucharistie si l’on n’aime pas la Croix, et l’on ne peut aimer la Croix si l’on n’aime pas l’Eucharistie.

 

* * *

 

Et que refuse, de son côté, le chrétien moderne ? Il rejette également d’entrer lui-même dans l’économie de la Croix, c’est-à-dire d’être incorporé au sacrifice de Notre-Seigneur, qui se renouvelle sur l’autel. Cette perspective le scandalise de nouveau aujourd’hui. Il ne parvient pas à comprendre comment Dieu pourrait lui demander une telle chose, car il ne comprend plus comment Dieu le Père a pu demander à Notre-Seigneur de mourir sur la Croix. Par-là, sa conception de la vie chrétienne change irrémédiablement. Il n’accepte plus l’idée de compléter en lui-même ce qui manque aux souffrances du Christ (cf. Col. 1, 24). Ainsi, graduellement, l’esprit de la Croix est remplacé par celui du monde. Le désir profond de voir le triomphe de la Croix laisse la place à un vague désir de voir un monde meilleur, une terre plus vivable, le respect de l’écosystème, une humanité meilleure, mais sans plus savoir dans quel but et par quel moyen. Ainsi, du moment que cette nouvelle perspective propre au chrétien moderne n’a pas de sens et conduit à l’indifférence, l’Eglise tout entière, avec sa hiérarchie et ses fidèles, perd sa raison d’être, entre dans une crise profonde et cherche alors désespérément à se donner dans le monde une nouvelle mission, car elle a abandonné la sienne propre, celle qui ne cherche que le triomphe de la Croix par la Croix. Immanquablement, dans cette nouvelle conception de la vie chrétienne et de l’Eglise, le saint sacrifice de la Messe n’a plus sa place, car la Croix elle-même ne l’a plus. Par conséquent, la chair et le sang du Christ, que les hommes sont censés manger et boire pour avoir la vie éternelle, vont revêtir une nouvelle signification. La nouvelle messe n’est pas seulement un nouveau rite, mais c’est la dernière expression de l’infidélité à la Croix, telle que Notre-Seigneur l’avait prêchée aux Juifs et telle que les Apôtres l’avaient prêchée à l’Eglise naissante. Nous avons ici, à la fois, la clef d’interprétation des derniers cinquante ans d’histoire de l’Eglise et celle de la plupart des erreurs et des hérésies qui l’ont menacée pendant deux mille ans.

 

* * *

 

Mais alors, que devons-nous faire en 2020 pour garder l’esprit de la Croix et un amour inconditionnel envers l’Eucharistie ? Car, tôt ou tard, la même tentation qui poussa les Juifs à s’éloigner de Notre-Seigneur, va nous atteindre par d’autres biais et Notre-Seigneur nous interrogera comme il a interrogé les Apôtres : « Et vous, est-ce que vous voulez aussi vous en aller ? » (Jn 6, 68) Comment pouvons-nous être toujours prêts à répondre comme saint Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Vous avez les paroles de la vie éternelle. Et nous, nous avons cru et nous avons connu que Vous êtes le Christ, le Fils de Dieu. » (Jn 6, 69-70) ?

 

La réponse à cette question primordiale se trouve dans la vraie participation au sacrifice de la Messe et dans une vie vraiment eucharistique. La sainte Messe renouvelle nos âmes dans la mesure où nous entrons dans le mystère de la Croix, où nous le faisons nôtre, non seulement en assistant à un rite exprimant notre foi dans le Sacrifice, mais en entrant nous-mêmes dans ce Sacrifice, de telle manière qu’il devienne parfaitement nôtre, tout en restant parfaitement celui de Notre-Seigneur. Pour y parvenir, pour s’offrir soi-même avec Notre-Seigneur, il est d’abord nécessaire d’accepter sincèrement la Croix, avec toutes ses conséquences. Il s’agit de nous détacher de tout pour être vraiment en mesure de tout offrir avec et par Notre-Seigneur : notre ego, notre volonté, notre cœur, nos aspirations, nos ambitions, nos affections, en un mot ce que nous sommes et ce que nous avons, et même nos frustrations.

 

Avec ces prédispositions, lorsque le Fils s’offre au Père, nous sommes aussi dans le Fils, car la Croix nous unit à lui et fusionne notre volonté avec la sienne. De cette façon, nous sommes prêts pour être offerts au Père avec lui. Nous ne pouvons pas nous offrir véritablement au Père si nous ne sommes pas un seul être avec le Christ. C’est seulement grâce à cette union à la divine Victime que l’offrande de nous-mêmes acquiert une grande valeur. Or cela peut se réaliser uniquement pendant et par la sainte Messe.

 

Et c’est après ce don total de nous-mêmes, renouvelé à chaque Messe, que nous sommes capables de recevoir le Tout en échange : c’est la sainte Eucharistie, fruit du Sacrifice, dans lequel le Fils s’offre et dans lequel nous nous offrons avec lui."

 

 

 

(Don Davide Pagliarani, Supérieur général de la FSSPX, Lettre du Supérieur général aux amis et bienfaiteurs, n° 89, 29 FÉVRIER, 2020, le 1er mars 2020, premier dimanche de Carême. Source: FSSPX.news )

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16 février 2020 7 16 /02 /février /2020 13:55
Querida Amazonia: Résumé et analyse (Par Adam Rasmussen / Where Peter Is)

Source: Querida Amazonia: Résumé et analyse

PAR ADAM RASMUSSEN

Where Peter is, 14 février 2020

 

[Entre crochets, dans la traduction, nos commentaires en orange.]

 

La réponse officielle du pape sur le Synode en Amazonie a été publiée mercredi. Intitulée Querida Amazonia ("Amazonie bien-aimée"), elle est censée plutôt compléter que remplacer le document final du synode (dont vous pouvez lire l'analyse ici) (QA 2). Le pape recommande à tout le monde de lire ce document dans son intégralité, et il dit qu'il le "présente officiellement" (QA 3). De plus, François dit qu'il a choisi de ne pas répondre à tout dans le document (QA 2). Cela ne signifie pas que ces parties ont été rejetées ou jugées sans importance. Ces parties dépendent plutôt de leur propre autorité.

 

Chapitre 1: Justice sociale

 

Le premier chapitre déplore l'injustice sociale et l'exploitation dont a souffert l'Amazonie, à la fois la terre et - plus important encore - les peuples autochtones. Les puissants ont saisi les ressources de l'Amazonie comme si elles n'appartenaient pas aux autochtones, et ont tué et asservi ces personnes (QA 12). Le pape souligne que cette exploitation, vol et violence sont souvent légales et perpétrées avec la complicité des gouvernements locaux. Néanmoins, "elles devraient être appelées pour ce qu'elles sont: l'injustice et le crime" (QA 14).

 

[Qa 13 "Les pauvres restent toujours pauvres, et les riches deviennent toujours plus riches." (S. Paul VI, Lett. enc. Populorum progressio (26 mars 1967), n. 57 : AAS 59 (1967), p. 285.)]

 

Face à cela, les chrétiens devraient se sentir outragés, à l'imitation de Dieu:

 

"Nous devons ressentir l'indignation, comme Moïse l'a fait (cf. Ex 11, 8), comme Jésus l'a fait (cf. Mc 3, 5), comme Dieu le fait face à l'injustice (cf. Am 2, 4-8; 5: 7-12; Ps 106: 40)."

 

Les nombreuses citations bibliques ici sont révélatrices. Le pape réfute une erreur pernicieuse qui s'est développée au sein de l'Église: le quiétisme. C'est la conviction selon laquelle parce que le monde est plein de péchés, la personne spirituelle devrait chercher à s'en échapper par la paix et la foi intérieures. Plutôt que d'essayer d'affronter le péché et de corriger l'injustice, elle devrait plutôt se retirer dans la prière et la méditation, en se concentrant sur le Royaume de Dieu, où tout ira bien. Après tout, le péché est la condition humaine; rien ne peut être fait à ce sujet, sauf pour chercher votre propre salut et vous échapper. En fait, devenir bouleversé et indigné par la misère et l'exploitation humaines menacerait votre paix intérieure, indiquant une préoccupation déplacée, voire dangereuse pour les choses temporelles! Il est arrogant de penser que vous pouvez y faire quelque chose: seul Dieu peut éliminer le mal. Ceux qui prétendent faire du monde un meilleur endroit se considèrent comme des dieux, se vénérant au lieu de faire confiance au calendrier de Dieu pour éliminer le mal lors de la seconde venue du Christ. Les chrétiens devraient rester concentrés sur les choses éternelles et prier pour que la fin arrive. Lorsque les chrétiens se préoccupent de justice sociale, ils deviennent "mondains", "laïcs" et "politiques". Ils devraient plutôt porter leur attention sur le "salut des âmes", qui passe par la foi et les sacrements, et non par l'action politique.

 

Comme toutes les hérésies, le quiétisme prend une vérité et la souffle hors de proportion avec l'exclusion des autres vérités. Toutes les choses que les quiétistes apprécient, comme la prière, les sacrements, la méditation sur le Royaume de Dieu, sont bonnes et nécessaires. Mais elles n'excluent ni ne minimisent l'action sociale ou les œuvres de miséricorde. C'est plutôt l'inverse: elles sont le fondement de l'action sociale de la personne spirituelle, sans laquelle nous ne pouvons pas être sauvés (cf. Matt 7:21; 25: 31-46). La colère est une réponse naturelle à l'injustice et en tant que telle est une bonne chose (cf. St. Thomas d'Aquin, Summa Theologiae I-II, q. 46, a. 2). Comme le pape le mentionne, les gens de la Bible se mettent en colère lorsqu'ils sont témoins d'une grave injustice. Supprimer cet outrage est égoïste, en ce que vous mettez votre propre désir de contentement avant les besoins des affligés. Dieu nous a donné de la colère pour nous inciter à demander justice.

 

Le pape reconnaît la complicité historique de l'Église dans l'exploitation de l'Amazonie, car les missionnaires catholiques faisaient souvent partie du système d'exploitation, bien que certains aient essayé de protéger les indigènes (QA 18-19). François demande à l'Église de la région d'examiner la provenance des dons financiers, car ceux-ci ont souvent constitué de la corruption: tant que les puissants faisaient un don à l'Église, l'Église ignorait leurs crimes (QA 25).

 

Le chapitre conclut en disant que l'objectif principal à l'avenir est le dialogue avec les autochtones: "Et la grande question est: "Quelle est leur idée de 'bien vivre' pour eux-mêmes et pour ceux qui viendront après eux?"" (QA 27). Aucune proposition pour la région amazonienne ne peut être faite sans leur permission explicite (QA 26).

 

Chapitre 2: Culture

 

Dans le deuxième chapitre, le pape François déclare que les cultures particulières de la région amazonienne doivent être préservées et respectées. Il y a ici un motif théologique:

 

Dans chaque pays et ses caractéristiques, Dieu se manifeste et reflète quelque chose de sa beauté inépuisable. Chaque groupe distinct, puis, dans une synthèse vitale avec son environnement, développe sa propre forme de sagesse. Ceux d'entre nous qui observent cela de l'extérieur devraient éviter les généralisations injustes, les arguments simplistes et les conclusions tirées uniquement sur la base de nos propres mentalités et expériences. (QA 32)

 

Il y a deux modes de révélation ici. Premièrement, la création est le miroir de la beauté de Dieu. Lorsque nous examinons la beauté naturelle, nous voyons l'œuvre de Dieu (cf. Rm 1, 19-20). Regarder l'Amazonie et ne voir que les ressources à saisir et à vendre est gravement diabolique.

 

Deuxièmement, les cultures de l'Amazonie contiennent la sagesse divine. La référence du pape à la sagesse évoque l'ancienne théologie chrétienne des "semences du Verbe". Cela signifie que Dieu a révélé sa vérité ou sa Parole, non seulement dans les Écritures, mais partout dans le monde, au moins sous une forme fragmentaire. Ces révélations partielles préparent et trouvent leur accomplissement dans le Verbe incarné, Jésus-Christ. Ce n'est pas une compétition mais un achèvement. Cette idée profonde a d'abord été exprimée par l'apologiste du deuxième siècle, St. Justin Martyr:

 

"Il semble y avoir des graines de vérité parmi tous les êtres humains. (Première apologie 44 [tr. Roberts-Donaldson])

 

"Chaque [philosophe] parlait bien en proportion de la part qu'il avait du mot spermatique, en voyant ce qui s'y rapportait. [...] Tout ce qui a été dit à juste titre parmi tous les êtres humains est la propriété de nous chrétiens. Car à côté de Dieu, nous adorons et aimons la Parole, qui vient du Dieu non engendré et ineffable [...]. Car tous les écrivains ont été capables de voir les réalités de façon obscure à travers la semence du Verbe implanté qui était en eux." (Deuxième Apologie 13)

 

 

La Parole de Dieu est dans l'Ancien Testament appelée la Sagesse de Dieu (par exemple, Prov 8: 22-31). Alors que les Pères de l'Église se sont surtout penchés sur les écrits de Platon, parce qu'il était une lumière de leur propre culture, le principe est universel. Lorsque le pape dit que les peuples de l'Amazonie ont également la sagesse, il parle en accord avec la tradition chrétienne. Les Occidentaux qui trafiquent des stéréotypes désobligeants à propos des peuples amazoniens et méprisent leur sagesse comme "non civilisés" (cf. QA 29), pensant que leur propre culture est supérieure, ne parviennent pas à penser avec la tradition chrétienne et la théologie saine.

 

Une menace pour la préservation des cultures est "une vision consumériste des êtres humains, encouragée par les mécanismes de l'économie mondialisée d'aujourd'hui" (Laudato Si' 144; QA 33). C'est un thème commun du pape François: la mondialisation menace de réduire chaque culture et chaque être humain à rien d'autre qu'aux consommateurs, dont la seule valeur réside dans leur pouvoir d'achat. Ceux qui n'ont pas ce pouvoir sont jetables. Il appelle souvent cela "culture du déchet".

 

Il ne s'agit pas d'un rejet général de ce que les nationalistes appellent le "mondialisme". Le pape François, peu de temps avant le synode, a dénoncé les dangers du nationalisme et de l'isolationnisme, affirmant, par exemple, qu'"un pays doit être souverain, mais pas fermé." Ici, il cite Jean-Paul II: "Le défi, en somme, est d'assurer une mondialisation solidaire, une mondialisation sans marginalisation" (QA 15). Nous voulons que les personnes et les cultures travaillent ensemble sans effacer les identités individuelles et culturelles.

 

Il est bon que les nations et les cultures travaillent ensemble et partagent; ce n'est pas le danger:

 

"L’identité et le dialogue ne sont pas ennemis. La propre identité culturelle s’approfondit et s’enrichit dans le dialogue avec les différences, et le moyen authentique de la conserver n’est pas un isolement qui appauvrit." (QA 37)

 

Le nationalisme et l'isolationnisme prétendent offrir la préservation de la culture et de l'identité. Ce sont de bons objectifs, mais ils y parviennent en méprisant les autres cultures avec une supériorité qui se manifeste par la violence et le racisme. Ce que le pape François propose comme antidote au globalisme, c'est plutôt un dialogue interculturel dans lequel les cultures ne sont pas statiques mais sont enrichies par l'autre. Le "mélange" des cultures est une bonne chose et quelque chose qui ne peut en aucun cas être empêché. Il s'agit de construire des ponts, pas des murs , un autre thème de sa papauté.

 

Chapitre 3: Écologie

 

Le troisième chapitre s'inspire largement de la lettre encyclique de François Laudato Si' de 2015. Le point principal, qui vient à l'origine du pape Benoît XVI (le "pape vert"), est que l'écologie naturelle doit être intégralement unie à l'écologie humaine et sociale (QA 41). Il ne suffit pas seulement de prendre soin de la nature; cette tâche est inextricablement liée à la prise en charge des êtres humains pour qui la terre a été faite pour être notre maison commune (QA 42). Donc:

 

"Abuser de la nature c'est abuser des ancêtres, des frères et sœurs, de la création et du Créateur, en hypothéquant l'avenir."(QA 42)

 

Le pape François prend une note libératrice quand il compare le cri des pauvres et de la terre elle-même (les deux cris sont unis) au cri des Israélites en Égypte, qui a incité Dieu à se souvenir de son alliance (Exode 2: 23-25; 3: 7; QA 52).

 

Un fondement biblique pour prendre soin de la terre est la parole de Jésus selon laquelle Dieu se souvient même des moineaux (Luc 12: 6; QA 57). J'ajouterais à cela la préoccupation explicite de Dieu pour les animaux, énoncée dans Jonas 4:11. (Et, bien sûr, Genèse 1 et 2!)

 

Le Pape François dit que nous pouvons même "entrer en communion avec la forêt" et ainsi offrir une prière de louange et de chant au Créateur de tous (QA 56)! Cela remonte au célèbre Cantique du Soleil de Saint François d'Assise, dans lequel Dieu est loué ("Laudato si") à travers la nature. Notez bien qu'il n'y a rien ici comme adoration de la nature ou idolâtrie. Nous n'adorons pas plus la forêt ou la rivière que saint François n'adorait le soleil et la lune; nous adorons Dieu en vantant et en contemplant toutes ses merveilleuses créations, dont le fleuve Amazone et la forêt en sont les meilleurs exemples!

 

Dans ce chapitre, le Saint-Père réitère le danger du consumérisme, qui ne voit la nature que comme quelque chose à utiliser plutôt que la création de Dieu et un instrument de louange (QA 58-59).

 

Chapitre 4: Mission et évangélisation

 

Le quatrième chapitre concerne l'Église elle-même et ce qu'elle doit faire pour évangéliser et prospérer dans la région amazonienne. C'est là que se trouvent les problèmes brûlants qui ont été tellement examinés par les médias catholiques et laïques.

 

Proclamation

Le Pontife romain définit d'abord quelle est la mission fondamentale de l'Église: proclamer le kérygme (Grec pour proclamation), qui est que Dieu "aime infiniment chaque être humain, qui a manifesté pleinement cet amour dans le Christ crucifié pour nous et ressuscité dans nos vies" (QA 64). Les chrétiens doivent revenir sur cette fondation encore et encore et ne jamais la perdre de vue (QA 65). Comme le pape a mis en garde contre l'indifférence à l'égard de la souffrance (quiétisme), il met maintenant en garde contre l'erreur inverse: réduire le christianisme à un "message social" ou à un "code moral" et réduire l'Église à "une ONG de plus" (QA 63- 64). C'est quelque chose qu'il a déjà dit. Comme d’habitude, le catholicisme est à la fois/et, pas l'un ou l'autre. Nous devons à la fois lutter pour la justice sociale et le changement politique - atténuer la misère humaine et protéger la terre - et proclamer le salut au nom de Jésus le Sauveur. Ceux-ci ne sont pas opposés. C'est précisément notre foi en Jésus-Christ qui nous motive, chrétiens, à prendre soin des pauvres, des étrangers, des orphelins et des veuves - en un mot, des marginalisés. En eux, nous trouvons Jésus lui-même (Mt 25, 37-40). Si nous ne le trouvons pas là, nous ne le trouverons pas non plus dans le Pain et le Vin.

 

Inculturation

Pour que l'évangélisation réussisse, dit le pape, l'Évangile doit être inculturé. Il doit s'adapter et s'intégrer dans les formes, les schémas de pensée et les coutumes de chaque culture (QA 66-67). Dans l'Église primitive, cela a été si réussi dans la culture gréco-romaine que de nombreux termes philosophiques grecs ont fait leur chemin dans le vocabulaire du dogme chrétien (par exemple, prosopon, ousia, hypostase). En fait, il a presque réussi, car il peut être difficile de séparer l'essence de la religion de formes gréco-romaines et médiévales particulières. C'est un danger constant pour les missionnaires, qui finissent par essayer d'imposer la culture occidentale plutôt que de proposer l'Évangile (QA 69). François cite Jean-Paul II disant que "l'inculturation engage l'Église dans un voyage difficile mais nécessaire" (Discours du 17/01/87).

 

L'inculturation est une voie à double sens de dialogue interculturel (QA 68-69). Non seulement une culture reçoit l'Évangile, mais l'Église apprend alors de cette culture: "L'Église elle-même vit un chemin de réception qui l'enrichit de ce que l'Esprit a déjà semé mystérieusement dans cette culture" (QA 68). Cela renvoie à cette sagesse culturelle que Justin Martyr appelait les "graines de vérité". L'Église découvre ce que Dieu avait déjà révélé à cette culture et intègre cette sagesse dans sa propre compréhension de la révélation. François cite encore JP II: "Le Saint-Esprit orne l'Église, lui montrant de nouveaux aspects de la révélation et lui donnant un nouveau visage" (Vita Consecrata 116). Cette compréhension de l'œuvre missionnaire en tant qu'échange interculturel la libère du fléau du colonialisme. François cite un document de conférence épiscopale (comme c'est son habitude) qui énumère certaines des choses que l'Église peut apprendre et embrasser de la culture amazonienne:

 

"l’ouverture à l’action de Dieu, le sens de la reconnaissance pour les fruits de la terre, le caractère sacré de la vie humaine et la valorisation de la famille, le sens de la solidarité et la coresponsabilité dans le travail commun, l’importance du cultuel, la croyance en une vie au-delà de la vie terrestre, et beaucoup d’autres valeurs." (QA 70)

 

Le pape François fait également allusion à la controverse "Pachamama". (Les catholiques conservateurs prétendaient qu'une statuette d'une femme enceinte au synode était une idole de la déesse Pachamama.) Comme beaucoup d'entre nous à l'époque, le pontife défend la pratique catholique traditionnelle d'incorporer des éléments religieux indigènes:

 

"Ne décrivons pas rapidement comme superstition ou paganisme certaines pratiques religieuses qui naissent spontanément de la vie des peuples. […] Il est possible de reprendre un symbole indigène d'une certaine manière, sans nécessairement le considérer comme de l'idolâtrie. Un mythe chargé de sens spirituel peut être utilisé à son avantage et n'est pas toujours considéré comme une erreur païenne. Certaines fêtes religieuses ont un sens sacré et sont des occasions de rassemblement et de fraternité, bien qu'elles aient besoin d'un processus graduel de purification ou de maturation. (QA 78-79, emphases ajoutées)

 

Un exemple précoce de cela dans l'histoire de l'Église est lorsque saint Grégoire le Grand a conseillé que les temples et festivals païens en Angleterre, plutôt que d'être détruits, soient absorbés et transposés dans le christianisme, même s'il a fallu du temps pour purifier complètement les anciennes manières (Bede, History of the English Church and People, 86-87, cité dans l'excellent article de Henry Karlson, "Christian Missions, Inculturation and the Amazon Synod"). Le pape François a dit à l'époque que l'affichage de la figure de "Pachamama" n'avait aucune "intention idolâtre". Étant donné tout ce que l'Église enseigne sur la protection de la nature et sa révérence à l'égard de la Vierge Marie en tant que Mère universelle, l'adoption de "Pachamama" est un exemple classique de "prendre [un] symbole autochtone".

 

Ensuite, François écrit sur la nécessité d'inculturer la liturgie et les sacrements eux-mêmes (QA 81-84). Il est dans la nature des sacrements, étant des moyens matériels de grâce surnaturelle, de nous inculquer une appréciation du monde matériel (QA 81). Il cite son encyclique Laudato Si' selon laquelle les sacrements encouragent l'intendance environnementale et réfutent toute tentation de "fuir le monde" (quiétisme encore!) (QA 82). Sans entrer dans des propositions spécifiques, il rappelle que Vatican II a appelé à l'inculturation de la liturgie (Sacrosanctum Concilium 37-40, 65, 77, 81). Cela signifie plus que simplement traduire le latin (et encore moins d'une manière servilement littérale). François déplore que "plus de cinquante ans se sont écoulés et nous avons fait peu de progrès dans ce sens" (QA 82). Si l'Église va grandir en Amazonie, elle aura besoin d'une vie liturgique pleinement inculturée.

 

Clergé et laïcs

Nous arrivons enfin à la question qui est devenue si importante dans les médias qu'elle a menacé d'engloutir le synode: autoriser ou non les diacres mariés à être ordonnés prêtres dans les régions reculées. Le synode a demandé cela dans le document final:

 

"Nous proposons que des critères et des dispositions soient établis par l'autorité compétente, dans le cadre de Lumen Gentium 26, pour ordonner comme prêtres des hommes de la communauté convenables et respectés avec une famille légitimement constituée et stable, qui ont eu un diaconat permanent fructueux et reçoivent une formation adéquate pour le sacerdoce, afin de soutenir la vie de la communauté chrétienne à travers la prédication de la Parole et la célébration des sacrements dans les régions les plus reculées de la région amazonienne." (111)

 

Le pape François a choisi de ne pas répondre directement à cette proposition dans ce document. Au lieu de cela, il appelle à une augmentation du nombre de diacres et à ce qu'ils, avec les religieuses et les laïcs, "assument régulièrement des responsabilités importantes pour la croissance des communautés" (QA 92). Il dit que le besoin de plus de prêtres doit être considéré dans le contexte plus large d'un besoin de renouvellement de la vie spirituelle de l'ensemble des communautés avec des ministres laïcs (QA 93).

 

Beaucoup ont déjà mal interprété sa décision de ne pas répondre comme l'équivalent d'une réponse négative. C'est une erreur parce que le pape François a ouvert son document en disant que le document final reste valable en soi, que son exhortation ne le remplace pas et qu'il "présente officiellement" le document final. Par conséquent, la proposition du synode d'ordonner des diacres mariés comme prêtres reste ouverte. Le cas a été confirmé explicitement par le cardinal Michael Czerny lors de la conférence de presse présentant l'exhortation.

 

Je pense que François a refusé de décider pour le moment comme un moyen de lutter contre le récit selon lequel ce synode était entièrement consacré aux prêtres mariés. (Ce n'est pas seulement la faute des médias, car les opposants de François dans l'Église ont toujours affirmé que tout le synode n'était qu'un subterfuge pour abolir la loi du célibat sacerdotal.) Le pape a déjà dit à certains évêques américains qu'il était frustré par le réaction des médias à son exhortation à se focaliser sur la question du célibat. Les synodes familiaux ont été également submergés par la discussion de savoir si certains catholiques remariés seraient autorisés à recevoir à nouveau la communion. Apparemment pour lutter contre cela, le pape a relégué la décision de l'autoriser "dans certains cas" à une note de bas de page. Mais plutôt que de se concentrer sur d'autres questions, cela a provoqué l'indignation des catholiques conservateurs qui pensaient qu'il essayait de faire des changements en catimini. Cette fois, il a séparé la question des prêtres mariés, qui n'a jamais été au centre du synode, des préoccupations plus larges de la région amazonienne. François estime que les préoccupations plus générales - injustice et exploitation sociales, effacement des identités autochtones et destruction de l'environnement - sont plus urgentes. La question des prêtres mariés est devenue une distraction (tout comme l'affaire "Pachamama"), tout comme la question des catholiques divorcés distrait du problème plus large du ministère de l'Église auprès des familles.

 

Femmes diacres

Enfin, de nombreux évêques du synode amazonien ont proposé d'ordonner des femmes diacres: "Dans un grand nombre de ces consultations, le diaconat permanent des femmes a été demandé" (Document final 103). Ils ont jugé cela possible parce que

 

1) Les femmes diacres sont mentionnées dans le Nouveau Testament (Rom 16: 1-2; 1 Tim 3: 8-11).

2) Il y avait un bureau de diaconesse dans l'Église primitive, avec un rituel d'ordination par l'évêque (par exemple, Constitutions apostoliques 8, 19-20).

3) Les décisions du magistère romain contre l'ordination des femmes au XXe siècle (Inter Insigniores et Ordinatio Sacerdotalis) ne concernent que l'ordination sacerdotale, tandis que les diacres sont ordonnés au service, pas la prêtrise.

 

Un examen attentif du libellé exact utilisé par François dans cette section (QA 99-103) révèle qu'ici aussi, il n'a pas répondu directement et explicitement à la demande. Comme pour la proposition de prêtres mariés, elle est toujours techniquement "sur la table". Je ne joue pas avec les mots; le pape a déjà rouvert la commission théologique sur les femmes diacres pour une étude plus approfondie. S'il avait déjà réglé le problème magistralement, il ne l'aurait pas fait. Du point de vue d'une doctrine définie, les femmes diacres restent une question ouverte.

 

Cela étant dit, cependant, François s'oppose clairement à l'ordination des femmes et le dit. Cela a déjà causé à certains catholiques de la déception, de la douleur et de la colère. Selon François, ordonner des femmes équivaudrait à les "cléricaliser" et constituerait une réponse étroite aux problèmes actuels (QA 100). Cela ne devrait pas être trop surprenant à entendre, car il a prévu son opinion sur cette question juste après la fin du synode.

 

François est sensible à la critique selon laquelle l'exclusion des femmes du ministère ordonné garde le pouvoir dans l'Église entre les mains des hommes; que c'est sexiste. Il a deux réponses: premièrement, que le sacerdoce n'est pas principalement un exercice de pouvoir. Il ne nie pas que les prêtres exercent un pouvoir hiérarchique, mais il insiste pour que ce pouvoir soit compris comme le pouvoir de sanctifier (QA 87), principalement en célébrant l'Eucharistie et la confession (QA 88). Ce sont les seuls aspects du ministère sacerdotal qui ne peuvent pas être délégués aux laïcs. En revanche, les femmes ont beaucoup contribué à l'Église d'Amazonie, notamment en baptisant (en l'absence de prêtres), en catéchisant, en priant et en agissant comme missionnaires (QA 99). Il appelle ces rôles "le genre de pouvoir qui est typiquement le leur" (QA 101, je souligne). Ces rôles ne devraient pas être informels ou ad hoc, mais commandés publiquement par l'évêque en tant que ministères laïques stables (QA 103). Grâce à ces ministères officiels, les femmes "auraient un impact réel et efficace sur l'organisation, les décisions les plus importantes et l'orientation des communautés" (AQ 103, je souligne). "Une Église aux caractéristiques amazoniennes nécessite la présence stable de dirigeants matures et laïcs dotés d'autorité" (QA 94, italiques ajoutés). En donnant aux ministres laïcs un véritable pouvoir de décision et en définissant le pouvoir de la prêtrise comme étant plus sacramentel qu'administratif, il envisage une Église dans laquelle le clergé n'est pas le seul à prendre des décisions. Au contraire, ils exerceraient leur pouvoir sacramentel aux côtés de nombreuses formes de ministère laïc qui exercent également un véritable pouvoir.

 

De l'aveu même de François, le cléricalisme est un énorme problème dans l'Église; il l'attaque constamment. Par conséquent, faire du rêve du pape ici une réalité me semble très éloigné. Aux États-Unis, les catholiques considèrent généralement le prêtre comme "le patron" de tout, même lorsqu'il y a des ministres laïcs et des conseils paroissiaux. Amener les catholiques et les prêtres eux-mêmes à repenser les ministères sacerdotaux et laïques de cette manière serait un changement radical. (Et cela signifierait probablement aussi réécrire des parties du droit canonique.) Cependant, en Amazonie, il y a peu de prêtres, donc cela pourrait arriver si les évêques le soutenaient activement. Le pape indique que c'est déjà de facto le cas dans une certaine mesure. Selon Austen Ivereigh : "Presque toutes les communautés catholiques de la région sont dirigées par des laïcs, dont 60% de femmes; seule une infime proportion a un clergé résident."

 

François estime que les réponses divergentes aux problèmes de l'Église (telles que ces débats sur les femmes diacres et les prêtres mariés) sont mieux résolues en "transcendant les deux approches et en trouvant d'autres voies meilleures, peut-être même pas encore imaginées" (QA 104). En d'autres termes, il ne veut pas qu'une partie gagne et que l'autre perde, mais que tout le problème soit transcendé de manière créative. Cela ne se fera pas du jour au lendemain et cela semble presque impossible dans notre société fortement polarisée. "Mais avec Dieu, tout est possible" (Matthieu 19:26). Le pape insiste sur le fait que chercher une réponse transcendante "cela ne veut assurément pas dire qu’il faille relativiser les problèmes, les fuir ou laisser les choses comme elles étaient. Les vraies solutions ne sont jamais atteintes en affaiblissant l’audace, en se soustrayant aux exigences concrètes ou en cherchant les culpabilités chez les autres." (QA 105). Il s'attend à être critiqué pour "laisser les choses rester telles qu'elles sont" et "se dérober" aux "exigences concrètes" du synode envers les femmes diacres et les prêtres mariés! Il attend une réponse plus élevée qui permettra aux deux côtés de l'Église de "s'intégrer à l'autre dans une nouvelle réalité" (QA 104).

 

Le chapitre conclut en disant que l'Église doit engager sa mission dans le contexte du dialogue interreligieux et œcuménique (QA 106-10). Nous, chrétiens, ne devons pas nous concentrer autant sur ce qui nous divise, mais sur ce qui nous unit (QA 108). Cela n'a rien à voir avec un affaiblissement de la doctrine ou un obscurcissement de notre propre identité catholique (QA 106). Comme il l'a déjà dit: le dialogue et l'identité ne sont pas des ennemis (QA 37)! Comme pour les autres documents papaux, l'exhortation se termine par une prière à Marie.

 

Dernières pensées

Le document est puissant. Il est regrettable que notre guerre culturelle sans fin, qui afflige même le Corps du Christ, ait réduit ce processus synodal et ses documents au débat vieux de 60 ans sur les prêtres mariés et l'ordination des femmes. Les questions soulevées dans les trois premiers chapitres sont des questions de vie ou de mort. Je ne veux pas minimiser l'importance des propositions des évêques pour la réforme du ministère, qui sont également graves pour l'Église, mais elles ne doivent pas éclipser tout le reste comme elles l'ont fait. Que le pape François a placé la section controversée comme le dernier chapitre dit quelque chose; il a fait de même avec Amoris Laetitia après les synodes familiaux. J'espère que les catholiques prendront le temps de lire ce document et, plus important encore, de donner suite à ses paroles sur la justice sociale, la préservation et le dialogue culturels et l'écologie.

 

Adam Rasmussen

 

Le Dr Rasmussen est chargé de cours au Département de théologie de l'Université de Georgetown. Il a un doctorat. en théologie et études religieuses de l'Université catholique d'Amérique, spécialisée en théologie historique et au début du christianisme. Ses recherches portent sur Saint-Basile, Origène et l'interface entre la théologie et la science dans leurs écrits.

 

Source : (Traduction) Querida Amazonia: Summary and Analysis, Adam Rasmussen, Where Peter Is, 14/02/2020

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13 février 2020 4 13 /02 /février /2020 09:07

Le document de François "Querida Amazonia" porte un regard positif sur le rôle des laïcs dans la mission amazonienne de l'Église, et élargit leur domaine de  compétence vu comme une présence accrue et un rôle approfondi qui doit être étendu aux femmes.

Mais le cœur de la lettre du Pape est son appel à une plus grande inculturation. Le message de l'Église "doit constamment résonner en Amazonie", écrit François, "à travers l'écoute et le dialogue avec le peuple, les réalités et l'histoire des terres dans lesquelles elle se trouve".

Le document papal appelle ainsi à une estimation plus importante du "mysticisme indigène" vu comme "l'interconnexion et l'interdépendance de l'ensemble de la création", une "gratuité qui aime la vie comme un cadeau", un "émerveillement sacré devant la nature et toutes ses formes de vie."

"Le Concile Vatican II a appelé à cet effort pour inculturer la liturgie parmi les peuples autochtones; plus de cinquante ans se sont écoulés et nous avons encore beaucoup à faire dans ce sens."

"Les entreprises, nationales et internationales" "ne respectent pas le droit des peuples originels à la terre et à ses frontières, à l'autodétermination et au consentement préalable." Les actes d'irrespect envers la région "devraient être appelés pour ce qu'ils sont: l'injustice et le crime." Les gouvernements nationaux doivent faire preuve d'un "plus grand sens des responsabilités", car nombre d'entre eux sont largement responsables de la déforestation de la région.

La mondialisation ne peut pas risquer de devenir "une nouvelle version du colonialisme", avertit François.

Querida Amazonia : un appel pour une authentique inculturation

Cité du Vatican - Dans sa dernière exhortation apostolique, Querida Amazonia, le pape François appelle à une inculturation "authentique" en Amazonie, afin de permettre la création d'une Église qui porte véritablement les caractéristiques de la région et la culture de son peuple.

 

Dans le dernier document du Pape, publié le 12 février, François établit un "cadre bref" pour la présence de l'Église dans la région. En réfléchissant au synode qui eut lieu en octobre 2019, le pontife latino-américain exhorte l'Église à prendre au sérieux la réalité et "l'appel" de la région amazonienne et à ne pas recourir à une "nouvelle version du colonialisme".

 

"Nous, croyants, rencontrons dans la région amazonienne un lieu théologique", écrit le pape François, "un espace où Dieu lui-même se révèle et convoque ses fils et ses filles".

 

Au début de la lettre, François souligne qu'il ne "remplacera" ni "dupliquera" le document final du synode d'octobre 2019, mais "voudrait le présenter officiellement". Cela fait de Querida Amazonia le tout premier document papal reconnaissant l'enseignement autoritaire inhérent - c'est-à-dire la nature magistrale - au processus synodal.

 

Le document final du Synode sur l'Amazonie appelait l'Église dans la région à porter un "visage amazonien" et cherchait à revigorer son "option préférentielle pour les pauvres".

 

Le document proposait également d'autoriser l'ordination de diacres mariés - ce que l'on appelle les viri probati - un point qui fut adopté par la majorité des deux tiers des pères synodaux.

 

Malgré les attentes de beaucoup, Querida Amazonia ne traite pas de la question du célibat, même si le silence de François sur la question ne doit pas être considéré comme une réponse définitive - ou, du reste, une réponse du tout.

 

Cependant, le document fait des pas vers l'élargissement de la compétence des ministères laïcs dans la région. "Une église aux caractéristiques amazoniennes nécessite la présence stable de dirigeants matures et laïcs", écrit François, "dotés d'autorité et familiers avec les langues, les cultures, l'expérience spirituelle et le mode de vie communautaire dans les différents endroits".

 

Dans un langage qui rappelle les critiques du pape à l'égard du cléricalisme, il appelle "à faire confiance, et à permettre concrètement, la croissance d'une culture ecclésiale spécifique qui est distinctement laïque".

 

La présence accrue et le rôle approfondi des laïcs dans la mission amazonienne de l'Église doivent également être étendus aux femmes. François reconnaît la participation des femmes de la région, l'un des thèmes clés du Synode sur l'Amazonie: "Nous devons continuer à encourager ces cadeaux simples et directs qui ont permis aux femmes de la région amazonienne de jouer un rôle si actif dans la société."

 

François ajoute que cette présence des femmes nécessite "l'émergence d'autres formes de service et de charismes propres aux femmes" et écrit "qu'il convient de noter que ces services impliquent stabilité, reconnaissance publique et commission de l'évêque".

 

Cela implique une imposition des mains au nom des évêques de la région, l'envoi de femmes laïques pour servir davantage la région et l'église amazonienne d'une manière institutionnellement reconnue.

 

Cependant, le cœur de la lettre du Pape est son appel à une plus grande inculturation, qui a été longuement débattu par les pères synodaux en octobre 2019.

 

Le message de l'Église "doit constamment résonner en Amazonie", écrit François, "à travers l'écoute et le dialogue avec le peuple, les réalités et l'histoire des terres dans lesquelles elle se trouve".

 

"Pour que l'Église parvienne à une inculturation renouvelée de l'Évangile dans la région amazonienne", souligne encore le Pape, "elle doit écouter sa sagesse ancestrale, écouter à nouveau la voix de ses aînés, reconnaître les valeurs présentes dans la voie de la vie des communautés d'origine et retrouver les riches histoires de ses habitants."

 

Querida Amazonia place l'inculturation et le désir de l'Église au cœur de son rôle missionnaire dans la région. "L'inculturation élève et accomplit", dit le document, "nous devons estimer le mysticisme indigène qui voit l'interconnexion et l'interdépendance de l'ensemble de la création, le mysticisme de la gratuité qui aime la vie comme un cadeau, le mysticisme d'un émerveillement sacré devant la nature et toutes ses formes de vie."

 

Lors du Synode sur l'Amazonie, beaucoup de participants - et le document final lui-même - ont évoqué l'importance de puiser dans le sensus fidei, l'instinct de foi, déjà présent dans les traditions de la région. Dans le document final du synode, il était écrit que "nous devons donner une réponse authentiquement catholique à la demande des communautés amazoniennes, adapter la liturgie en valorisant sa vision du monde, ses traditions, ses symboles et ses rites originaux qui incluent des dimensions transcendantes, communautaires et écologiques".

 

La compréhension du sensus fidei avec lequel les pères synodaux travaillaient est basée sur le document du Concile Vatican II Lumen Gentium, qui le définit comme un "sentiment de foi surnaturel", qui doit ensuite être guidé par l'Église et ses ministres.

 

L'appel, porté par le Concile Vatican II, est repris par François dans Querida Amazonia lorsqu'il écrit: "Le Concile Vatican II a appelé à cet effort pour inculturer la liturgie parmi les peuples autochtones; plus de cinquante ans se sont écoulés et nous avons encore beaucoup à faire dans ce sens."

 

Mais la transformation pastorale que réclame François ne s'arrête pas seulement aux questions d'ecclésiologie. L'état de la région amazonienne nous appelle à avoir un "sain sentiment d'indignation" pour le tort qui lui est fait.

 

"Les entreprises, nationales et internationales", écrit François, "ne respectent pas le droit des peuples originels à la terre et à ses frontières, à l'autodétermination et au consentement préalable." Les actes d'irrespect envers la région "devraient être appelés pour ce qu'ils sont: l'injustice et le crime."

 

La responsabilité politique de ceux qui contrôlent la région - qui comprend neuf États d'Amérique latine, dont environ 60 % de la forêt tropicale humide se trouve à l'intérieur des frontières du Brésil - est également mise en avant dans Querida Amazonia.

 

Les gouvernements nationaux doivent faire preuve d'un "plus grand sens des responsabilités", car nombre d'entre eux sont largement responsables de la déforestation de la région.

 

Sous le président d'extrême droite du Brésil, Jair Bolsonaro, la déforestation a explosé en Amazonie, les critiques affirmant que ses politiques et sa rhétorique encouragent également les activités illégales dans la région.

 

En octobre 2019, Bolsonaro a accusé le Vatican, et le Synode sur l'Amazonie en particulier, de chercher à "internationaliser" la région, la soustrayant ainsi au "contrôle souverain" du Brésil. Bien que les fonctionnaires du Vatican aient nié à plusieurs reprises cette allégation, et qu'aucune preuve d'un tel plan n'ait jamais fait surface, les critiques et les personnalités proches de Bolsonaro au sommet de l'Église n'ont pas cédé.

 

Dans Querida Amazonia, François mentionne explicitement ce point : "La réponse ne se trouve donc pas dans "l'internationalisation" de la région amazonienne".

 

Mais François met également en garde contre une plus grande culture de la "corruption" qui entoure la région, et qui est la source de beaucoup de ses problèmes. "Les puissants ne se satisfont jamais des profits qu'ils font, et les ressources du pouvoir économique augmentent considérablement grâce aux progrès scientifiques et technologiques", écrit François. De plus, il prévient que la mondialisation ne peut pas risquer de devenir "une nouvelle version du colonialisme".

 

Ce qui émerge de Querida Amazonia est l'appel de François à proposer une approche pastorale de la région amazonienne qui supprime les simplifications et les comportements d'exploitation inhérents au "colonialisme" et, à la place, "apprendre à contempler la région amazonienne" afin de "l'aimer, pas simplement l'utiliser, avec pour résultat que l'amour peut éveiller un intérêt profond et sincère."

 

François cite ensuite Laudato Si, son encyclique de 2015 sur l'écologie, appelant l'Église à "ne pas regarder le monde de l'extérieur mais de l'intérieur, consciente des liens avec lesquels le Père nous a liés à tous les êtres".

 

C'est seulement ainsi que "nous pourrons nous sentir intimement partie prenante et non seulement la défendre ; alors la région amazonienne redeviendra comme une mère pour nous", poursuit François dans Querida Amazonia.

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10 février 2020 1 10 /02 /février /2020 09:00

Merci à Famille chrétienne du 3 février 2020 (n° 2195) pour cette merveilleuse nouvelle : l'édition du Missel français 2021 « à paraître en novembre prochain » réintroduit les mentions du missel rénové de 1969 (missel de Paul VI) selon lesquelles à certains moments le prêtre doit se tourner vers l’assemblée, et que donc la messe doit se célébrer ad orientem. Traduisez « tournés vers Dieu ». Célébrer la messe face au peuple est une simple permission :

Source: https://www.famillechretienne.fr/vie-chretienne/liturgie/ils-celebrent-la-messe-vers-l-orient-269032

Source: https://www.famillechretienne.fr/vie-chretienne/liturgie/ils-celebrent-la-messe-vers-l-orient-269032

Ces prêtres qui célèbrent en français tournés vers l'Orient

 

Joseph Ratzinger

• « La prière vers l’orient est de tradition depuis l’origine du christianisme, elle exprime la spécificité de la synthèse chrétienne, qui intègre cosmos et Histoire, passé et monde à venir dans la célébration du mystère du Salut. »

• « Dans la prière vers l’orient, nous exprimons donc notre fidélité au don reçu dans l’Incarnation et l’élan de notre marche vers le second avènement. »

 

Extraits de L’Esprit de la liturgie, Ad Solem, 2001.

 

Des prêtres diocésains disent parfois la messe en direction de l’est. Ils nous expliquent les raisons de ce choix.

 

lls ne sont pas « tradis », n’ont pas adopté la forme extraordinaire du rite romain, mais célèbrent pourtant de temps à autre la messe ad orientem. Traduisez « tournés vers Dieu ». D’aucuns disent « dos au peuple » 

 

« Je célèbre habituellement la messe face au peuple, mais j’ai toujours considéré que c’était naturel de célébrer vers l’orient », indique l’abbé Vincent de Mello, aumônier du patronage du Bon Conseil à Paris. « Je le fais systématiquement pour certaines messes : celle de l’aurore, à Noël, celle de l’Ascension, pour signifier que nous sommes tournés vers le Christ monté en gloire et que notre vocation est d’aller au Ciel, et lorsque c’est la fête d’un saint représenté sur la mosaïque placée derrière l’autel de la chapelle. » Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, déclare célébrer « assez régulièrement » la messe ad orientem dans les églises de son diocèse, selon l’emplacement de l’autel qui s’y trouve :

 

« À travers cette disposition, je signifie que le prêtre et la communauté sont dirigés dans la même direction qu’est le Christ. »

 

Tandis que, pour prier, les juifs et les musulmans se tournent vers un lieu spirituel (Jérusalem, La Mecque), les chrétiens ont pris l’habitude de se tourner vers l’orient, d’où, selon les Écritures, le Christ est venu sur Terre et d’où Il reviendra. « Comme l’éclair part de l’orient et brille jusqu’à l’occident, ainsi sera la venue du Fils de l’homme », nous dit saint Mathieu (24, 27).

 

Sur la base notamment d’une interprétation de la « participation active » des fidèles, souhaitée par Vatican II (Constitution sur la sainte liturgie Sacrosanctum Concilium, 1963), cette pratique de célébrer la messe vers l’orient a été très largement abandonnée dans l’Église catholique après le Concile.

 

Abandonnée, mais pas abolie, nuance l’abbé de Mello. « Après le concile, l’Église n’a pas absolutisé une manière de faire.

 

Célébrer face au peuple est une permission.

 

Dans le missel rénové de 1969, les rubriques précisent qu’à certains moments le prêtre doit se tourner vers l’assemblée, ce qui signifie que la messe doit être célébrée dos au peuple. Ce sont les éditions françaises successives du missel romain qui ont supprimé ces mentions, mais je constate qu’elles ont été réintroduites dans l’édition du missel à paraître en novembre prochain. »

 

Fondateur de la communauté Aïn Karem et auteur d’une Initiation à la liturgie romaine (Ad Solem), le Père Michel Gitton explique que la célébration ad orientem est très ancienne et que les premières églises étaient déjà orientées vers l’est. « Cela a été remis en cause dans les années 1930 par le Mouvement liturgique sur la base d’études sans doute incomplètes montrant que le prêtre était tourné vers le peuple dans les premiers temps de l’Église. Certains ont alors commencé à célébrer face au peuple. Le concile Vatican II n’a pas tranché cette question, mais cette nouvelle pratique s’est généralisée dans les années qui l’ont suivi, avant que l’on retrouve, notamment sous l’influence du cardinal Joseph Ratzinger, l’importance de la célébration versus dominum. »

 

En 2016, le cardinal Robert Sarah, préfet pour la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, a invité les prêtres à « retourner aussi vite que possible à une orientation [...] vers l’est ou du moins vers l’abside [...] dans toutes les parties du rite où l’on s’adresse au Seigneur ».

 

Source: Diakonos.be facebook / Famille Chrétienne

 

Note du blog Christ-Roi. En 1992, le Cardinal Ratzinger rédigea une préface pour le livre de Mgr Klaus Gamber «Tournés vers le Seigneur», dans laquelle il écrit :

 

« L'orientation de la prière commune aux prêtres et aux fidèles - dont la forme symbolique était généralement en direction de l'est, c'est-à-dire du soleil levant - était conçue comme un regard tourné vers le Seigneur, vers le soleil véritable. Il y a dans la liturgie une anticipation de son retour; prêtre et fidèles vont à sa rencontre. Cette orientation de la prière exprime le caractère théocentrique de la liturgie; elle obéit à la monition : Tournons-nous vers le Seigneur !»

 

 

L'édition du Missel français 2021 réintroduit les mentions du missel rénové (Paul VI) de 1969 selon lesquelles à certains moments le prêtre doit se tourner vers l’assemblée
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3 février 2020 1 03 /02 /février /2020 23:11

En raison des nombreux cas signalés de déshonneur envers l'Eucharistie qui ont été associés à la réception de l'Eucharistie dans les mains, il est temps de revenir à la méthode la plus respectueuse de recevoir l'Eucharistie, à savoir sur la langue.

Mgr Lwanga, archevêque catholique de Kampala

Il s'agit de Mgr Lwanga, et cela se passe en Ouganda!

 

''L'archevêque catholique de Kampala, Mgr Cyprian Kizito Lwanga, a ordonné qu'aucun catholique n'était autorisé à recevoir la Sainte Communion dans la main.

 

(…)

 

Les directives sont contenues dans un décret qu'il a publié ce samedi, le 1er février 2020, à la suite d'une réunion de haut niveau avec le clergé et les comités de direction des paroisses de la cathédrale de Rubaga à Kampala. (…)

 

Auparavant, les catholiques recevaient l'Eucharistie sur la paume de la main ou directement dans la bouche. Mais, en vertu du nouveau décret, le prêtre ne sera autorisé à distribuer la Sainte Eucharistie que dans la bouche. L'archevêque Lwanga a déclaré que la mesure est conforme aux normes liturgiques et canoniques de l'Église universelle en vertu du droit canonique.

 

''Désormais, il est interdit de distribuer ou de recevoir la Sainte Communion dans les mains. La Mère Église nous enjoint de célébrer la Très Sainte Eucharistie avec la plus grande révérence (Can. 898). En raison des nombreux cas signalés de déshonneur envers l'Eucharistie qui ont été associés à la réception de l'Eucharistie dans les mains, il est temps de revenir à la méthode la plus respectueuse de recevoir l'Eucharistie, à savoir sur la langue'', lit-on en partie dans la lettre du décret.

 

(…)

 

L'archevêque Lwanga met également en garde ceux qui cohabitent car ils ne peuvent pas recevoir la sainte communion.

 

«En suivant les normes claires du Can. 915, il faut réaffirmer que ceux qui vivent en cohabitation illicite et ceux qui persistent dans un péché grave et manifeste ne peuvent être admis à la sainte communion. De plus, afin d'éviter le scandale, l'Eucharistie ne doit pas être célébrée dans les foyers des personnes qui vivent dans une telle situation », lit-on en partie dans sa lettre.

 

Il a également été demandé aux prêtres d'éviter de permettre aux laïcs de distribuer la sainte communion pendant la messe.

 

«Selon la loi de l'Église, le ministre ordinaire de la Sainte Communion est l'évêque, le prêtre ou le diacre (Can. 910: 91). Compte tenu de cette norme, il est interdit à un membre des fidèles qui n'a pas été désigné comme ministre extraordinaire de la Communion (Can. 910§2) par l'autorité ecclésiastique compétente de distribuer la Sainte Communion. De plus, avant de distribuer la sainte communion, le ministre extraordinaire doit d'abord recevoir la sainte communion du ministre ordinaire (…).

 

Voici le texte (en anglais) du décret:

 

Source: ICI

En français : Le Forum catholique 

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20 octobre 2019 7 20 /10 /octobre /2019 20:30
"Una Voce France" vient de faire paraître un annuaire des choeurs liturgiques grégoriens

Una Voce France vient de faire paraître un annuaire des choeurs liturgiques grégoriens sur son site web.

 

Cet annuaire a pour buts :

– de faire connaître les chorales existantes à celles et ceux qui veulent prier en chantant le chant propre de la liturgie de l’Église catholique romaine

– de faciliter le recrutement de choristes par les chefs de chœur

– de permettre l’entraide entre chefs de chœur.

 

1 – Vous dirigez un chœur liturgique grégorien et souhaitez figurer dans cet annuaire ?

 

2 – Votre chœur est déjà inscrit et vous souhaitez corriger des informations ?

Indiquez le n° de département, le nom du lieu de culte, et ajoutez les informations à rectifier.

 

3 – les chœurs éligibles sont ceux qui chantent chaque dimanche tout le Kyriale et au moins une pièce du Propre. Il n’y a pas de nombre minimum de choristes.

 

Cet annuaire est encore loin d'être complet, mais nous souhaitons qu'il le devienne. Tous les chefs de chœur liturgique grégorien sont bienvenus à figurer dans l'annuaire.

 

Source: Una Voce FranceLe Forum Catholique

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26 septembre 2019 4 26 /09 /septembre /2019 10:40
Démolisseurs de la liturgie, pervertisseurs et fossoyeurs de la vérité catholique

Pendant longtemps, il y a eu au sein de l’Eglise, et particulièrement parmi les membres du clergé le plus influent, des fidèles qui n’étaient pas d’accord avec les exigences de la doctrine catholique et qui, pour des raisons personnelles, assez souvent d’ordre moral, ne supportaient pas le poids de ces exigences. Cependant, ces fidèles souhaitaient coûte que coûte demeurer au sein de l’Eglise afin, pensaient-ils, de pouvoir la changer de l’intérieur, de pouvoir la « faire évoluer » - comme ils disaient - de pouvoir en faire une organisation flasque dans laquelle tout comportement et toute idée présentée comme novatrice pourraient devenir acceptable, c’est-à-dire considérés comme « catholique ».

Le concile Vatican II a donné à ces fidèles l’occasion inespérée de mettre leurs projets corrosifs en œuvre. En annonçant que « la liturgie était le sommet et la source de la vie de l’Eglise » (§ 10), l’Eglise donnait aux pervertisseurs et aux fossoyeurs de la vérité catholique l’outil dont ils avaient besoin, auquel ils rêvaient. Ceux-ci comprirent très vite qu’il leur suffirait de s’engager dans les structures pastorales afin de pouvoir librement travailler à fausser la liturgie, à travestir les rites, à dissocier la « lex orandi » de la « lex credendi », à plier les célébrations eucharistiques aux exigences de leurs lubies pour que la « source » soit polluée et que le « sommet » soit arasé. Il leur suffisait de tirer sur le bon bout pour réussir à « détricoter » déconstruire tout l’édifice ecclésial. « Minons la liturgie, le reste s’écroulera morceau par morceau. » C’est ce qu’ils firent et c’est ce qui se passa : abandon du sacré, négligence de la vie sacramentelle, discrédit jeté sur tout ce que l’Eglise avait enseigné durant deux millénaires, inobservance des règles liées à l’exercice du ministère sacerdotal, mystification des fidèles par des effets d’annonces, abêtissement des assemblées paroissiales par l’usage de chants doucereux et l’adoption de comportements infantiles ... Tout pouvait s’enchaîner à des fins de démolition.

Et tout s’est effectivement enchaîné avec la complaisance d’évêques qui n’osaient rien dire au sujet de cet empilement de fadaises pastorales, de peur de passer pour d’indécrottables « has been ». Une fois tout mis par terre, on pouvait en toute impunité mettre en place n’importe quelle pratique, n’importe quel enseignement. Ubu pouvait se proclamer père de l’Eglise.

Le résultat de ce silence des évêques - pour ne pas dire de cette « poltronnerie épiscopale » - qui aura duré des années est aujourd’hui sous nos yeux : des enfants qui ne vont à l’église que pour faire leur communion solennelle au cours de célébrations théâtralisées de façons grotesques pour faire plaisir aux parents munis d’un smartphone dernier cri ; une pratique dominicale qui ne concerne plus que 2 ou 3% des fidèles et, dans certaines régions, encore moins ; des séminaires vides ; des maisons religieuses ressemblant à des EHPAD en raison de l’absence de vocations ; un délabrement spirituel de certains pasteurs ; des prêtres sans arrêt au bord du « burn out » à force de s’employer à faire survivre 20, 30 clochers composant des « secteurs paroissiaux » ingérables ; des messes qui ne signifient plus rien de précis - du moins plus rien de vraiment catholique - pour celles et ceux qui les fréquentent ; une génération de prêtres dont personne ne souhaite la compagnie tellement leurs conversations sont sans intérêt ; des scandales de clercs s’achevant par des mises en examens ou, bien plus douloureux, par des suicides. Et à présent, la cerise sur le gâteau : un synode sur l’Amazonie qui, aux yeux des naïfs sera la réalisation de leurs fantasmes tandis qu’aux yeux des plus clairvoyants il viendra officialiser l’émergence de cette Eglise qui ne sera plus ni une mais plurielle, ni sainte mais douteuse, ni catholique mais fuligineuse, ni apostolique mais relativiste. Bref, une Eglise qui pourra se satisfaire de tous les schismes internes qui la mèneront, elle et ses fidèles, à l’égarement complet.

 

Source : Pro Liturgia, Actualité mercredi 25 septembre 2019

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30 août 2019 5 30 /08 /août /2019 05:46
Main ou langue: le débat sur la réception eucharistique

Par André Levesque 28 août 2019

 

One Peter Five

 

Lorsque nous fouillons dans la Parole de Dieu, ce sont souvent ces petits détails qui nous procurent des surprises. Considérez la réaction de la plupart des personnages bibliques lors d’une rencontre avec des créatures divines telles que des anges, sans parler du Créateur lui-même. Reconnaissant qu'ils ont rencontré le surnaturel, ils tombent presque invariablement et immédiatement au sol dans une prostration [1]. Cela nous donne quelques idées. Premièrement, dans les cultures anciennes, il était de coutume de se prosterner ou de se prosterner devant une autorité supérieure en signe de respect et de soumission [2]. De plus, cela révèle la connaissance innée dans notre âme que nous sommes faits pour notre Créateur et désirons nous unir à Lui, mais que nous sommes infiniment indignes de Lui. Nos âmes reconnaissent notre indignité, et la manifestation de cette reconnaissance est notre face à la terre, en adoration.

 

Mettre les Œillères?

Quelle est notre réaction lorsque nous rencontrons Dieu? Rencontrons-nous même le Dieu trine de la même manière que les personnages bibliques ?

 

Chaque catholique fidèle reconnaîtrait que nous le rencontrons pleinement dans l’Eucharistie au moins une fois par semaine. Dans ce cas, il semblerait que nous ayons suffisamment de preuves expérimentales pour déterminer la disposition des catholiques aujourd'hui lorsqu'ils rencontrent Jésus face à face. Dans la plupart des paroisses nord-américaines, vous voyez la plus grande partie des participants se tenant devant le prêtre ou les ministres extraordinaires de la Sainte Communion, tendant leurs mains pour recevoir Jésus. C'est un contraste frappant avec ce que nous voyons dans la Bible.

 

Maintenant une question se pose. Ces personnages bibliques se plient-ils à leurs anciennes normes sociales ou expriment-ils une dulie réservée aux créatures ayant la vision béatifique et, d'une manière plus importante encore, la latrie due à Dieu? Il semblerait qu'ils exprimaient leur respect, leur culte. Pourquoi les catholiques aujourd'hui n'accordent-ils pas le même niveau d'adoration à notre Sauveur incarné dans l'Eucharistie?

 

Le changement à la main

Pourquoi l'Église a-t-elle institué la pratique de la communion dans la main? Comment a-t-elle pris le contrôle de toute l’Église, en si peu de temps?

 

Ce changement a été provoqué par la négligence des évêques néerlandais peu après Vatican II. La communion debout et dans la main était jusque-là une idée protestante implantée pendant la Révolution. Après Vatican II, la pratique commença à être utilisée dans les paroisses catholiques de toute la Hollande et n'a pas été arrêtée par la Conférence des évêques. Cet abus s'est étendu à l'Allemagne, à la France et à la Belgique. Comme il se généralisait, le pape Paul VI a chargé les évêques du monde entier de répondre aux questions concernant cette pratique. Au retour des évêques, le pape promulgua l'Instruction Memoriale Domini (29 mai 1969). Cette instruction comprenait les éléments suivants:

 

- Les évêques du monde étaient pour la plupart contre l'innovation.

- La manière traditionnelle de distribuer la Sainte Communion doit être conservée.

- L'innovation pourrait conduire à l'irrévérence, à la profanation et à l'adultération de la doctrine correcte.

 

En conclusion du document, il a même exhorté les évêques du monde à conserver l'ancienne pratique pour le bien de toute l'Église.

 

Il est donc étonnant que le pape Paul VI ait ensuite autorisé, pour des raisons "pastorales", un indult pour cette pratique. Les pays ayant déjà cette pratique et une majorité des deux tiers pourraient demander cet indult. Il fut immédiatement accordé aux Pays-Bas, à la France, à l'Allemagne et à la Belgique et, à la fin des années 1970, il se répandit essentiellement dans le monde entier comme moyen normatif de recevoir la communion dans l'Église catholique.

 

Le principal argument avancé pour défendre ce changement de pratique est le "ressourcement" - notion selon laquelle l’Eglise est en train de revenir à la pratique des premiers chrétiens. Examinons cet argument.

 

La réception de l'Eucharistie dans l'histoire de l'Église

L'église primitive

Comment les premiers chrétiens recevaient-ils l'Eucharistie? C'est une question difficile. L'église primitive (avant 313) a été proscrite et persécutée pendant longtemps. Ce n’est que lorsque Constantin publia l’édit de Milan que l’Église primitive jouit d’une relative stabilité. Même alors, les chrétiens étaient encore largement persécutés. Pour cette raison, il n’y eut pas beaucoup de documents survivants ou existants sur les pratiques liturgiques des premiers chrétiens. La Didache (96 ap. J.-C.) ne mentionne pas la façon de la réception, mais seulement celle qu'ils reçurent le jour du Seigneur. Cependant, il existe des indices intéressants que nous pouvons découvrir lorsque nous examinons l'Ancien Testament. Ces indications pourraient fournir des indications utiles sur la manière dont les premiers chrétiens auraient pu la recevoir.

 

Pour commencer, les trois principaux prophètes de l'Ancien Testament ont tous été nourris de la Parole de Dieu dans leur bouche au début de leur ministère [3]. De plus, les Juifs ne savaient pas s’approcher de ce qui était saint. L'histoire d'Oza me vient à l'esprit [4]. Seuls les Lévites, qui étaient consacrés par Dieu, pouvaient toucher l'Arche de l'Alliance [5]. Sachant cela, il semble légitime de demander si les apôtres, les consacrés de Jésus (évêques), auraient laissé des membres non consacrés de l'Église toucher le corps, le sang, l'âme et la divinité de notre Seigneur dans l'Eucharistie. Bien que cet argument ne soit pas définitif, cela prouve qu'il est raisonnable de penser que les premiers chrétiens auraient pu recevoir l'Eucharistie sur la langue [6] .

 

Ères patristique et médiévale

En entrant dans la patristique et dans les époques médiévales, où nous avons une documentation plus complète, nous pouvons établir de manière plus définitive le mode de réception de l’Eucharistie pratiqué dans l’Église. Les citations suivantes montrent que la communion sur la langue était la norme dans l'Église:

 

Le concile de Saragosse (380): Excommuniait tous ceux qui osaient continuer à recevoir la Sainte Communion à la main. Décision confirmée par le synode de Tolède (400).

Le pape saint Léon le Grand (440-461): "hoc enim ore sumitur quod fide tenetur" se traduit par "Ceci est effectivement reçu au moyen de la bouche, à quoi nous croyons par la foi" [7] .

6 ème concile œcuménique, à Constantinople (680-681): Interdit aux fidèles de prendre l'Armée sacrée entre leurs mains, en menaçant les transgresseurs d'excommunication.

Le Synode de Cordoue (839): a condamné la secte de "Casiani" pour son refus de recevoir la Sainte Communion directement dans la bouche [8].

Le Synode de Rouen (878) a déclaré: "L'Eucharistie ne peut jamais être confiée à un laïc, ni à une femme, mais doit seulement être donnée à la bouche".

 

De manière plus indirecte, les citations suivantes prouvent également la pratique de la communion sur la langue dans l'Église. Il découle de la prémisse que si les vases et les mains du prêtre touchant l'Eucharistie devaient être consacrés, elle ne serait pas par la suite remis entre les mains du profane.

 

Le pape saint Sixte Ier (vers 115): "Les Mystères Sacrés ne doivent pas être manipulés par des personnes autres que celles consacrées au Seigneur" [9] .

 

Saint Thomas d'Aquin (1225–1274): "Par respect pour ce sacrement [la Sainte Eucharistie], rien ne le touche, sauf ce qui est consacré. c'est pourquoi le corporal et le calice sont consacrés, ainsi que les mains du prêtre, pour toucher ce sacrement " [10] .

 

La contre position

Toute personne plaidant en faveur d'un élément de religion, de morale ou de tradition devrait plaider avec force en faveur de sa contre-position afin de ne pas souffrir de partis pris pour la confirmation ou de plaider contre un homme de paille. J'aimerais donc examiner quelques-uns des textes utilisés pour soutenir la communion dans la main en ce qui concerne le ressourcement, puisqu'il s'agit généralement du principal argument en faveur de la communion dans la main.

 

Saint Cyrille de Jérusalem (350)

"Quand tu iras pour communier, ne va pas les poignets tendus, ni les doigts séparés, mais place ta main gauche comme un trône à ta droite, qui doit recevoir un si grand roi, et reçois dans le creux de la paume le corps du Christ en disant: Amen" [11].

 

À première vue, cette citation semble constituer un argument de poids pour la pratique de la communion à la main à l'ère patristique. Cet extrait provient d'un des cinq Conférences de Pâques (mystagogies) attribuées à saint Cyrille. Ses 18 conférences de catéchumènes préparant au baptême sont incontestables, mais on se demande si ces cinq conférences de suivi ont bien été attribuées au grand saint. Le Dr. Taylor Marshall est un érudit qui en doute. Il pose que certains manuscrits n'attribuent pas ces conférences à saint Cyrille [12]. En outre, il écrit que cette même citation continue en mentionnant que le corps de Christ devrait être porté aux yeux et au front et que le communicateur devrait toucher ses lèvres avec le sang précieux de notre Seigneur [13].

 

De plus, la même Catéchèse mystagogique propose des textes apparemment déroutants aux partisans de la communion:

 

"Ne tendez pas les mains, mais en vous inclinant dans une posture d'adoration et de respect ..."

 

“… Veillez à n'en perdre aucune partie [le Corps du Seigneur]. Une telle perte serait la mutilation de votre propre corps. Pourquoi, si on vous avait donné de la poussière d'or, ne prendriez-vous pas le plus grand soin de la retenir, en ne laissant pas un grain glisser entre vos doigts, de peur que vous ne deveniez autant plus pauvre? Avec plus de soin, ne vous garderez-vous donc de la perte d'une miette de ce qui est plus précieux que l'or ou les pierres précieuses?” [14] .

 

Il semble raisonnable de douter de la légitimité de cette citation, car elle contient des déclarations confuses et étranges sur la réception de l'Eucharistie et certains érudits doutent qu'elle ait été attribuée à juste titre à Saint Cyrille de Jérusalem. Néanmoins, je suis prêt à concéder son authenticité.

 

Saint Basile (330–379)

Saint Basile est souvent utilisé comme source pour prouver l'existence de la communion dans la main à l'ère patristique. Néanmoins, il déclare clairement que recevoir la communion de sa propre main n'est autorisé qu'en cas de persécution ou, comme c'était le cas pour les moines dans le désert, lorsque aucun diacre ou prêtre n'était disponible pour la donner [15].

 

Autres travaux

Saint Athanase (298–373), Saint Cyprien (210–258), Saint Jean Chrysostome (349–407) et Théodore de Mopsuestia (350–428) peuvent tous témoigner de la pratique de la communion dans la main. Saint Athanase parle de se laver les mains avant de la recevoir. Saint Cyprien, Saint Jean Chrysostome et Théodore de Mopsuestia mentionnent des choses similaires, comme recevoir dans la main droite puis l'adorer et l'embrasser [16].

 

Il n'est pas clair quelle fut la pratique largement utilisée depuis les temps apostoliques jusqu'à la publication de l'édit de Milan (313). De ces œuvres, on peut clairement voir que la communion dans la main a été pratiquée dans la première partie de l'ère patristique de l'Église (environ 313–400). Cependant, il semble qu'à la fin des années 300, la communion sur la langue devenue populaire, devint le moyen normatif de la réception. La communion entre les mains s'était donc considérablement réduite à la fin de l'ère patristique et encourut finalement des conséquences graves, telles que l'excommunication.

 

Pourquoi ce changement de pratique à la fin de l'ère patristique? Des textes comme ceux de saint Cyrille de Jérusalem et de Théodore de Mopsuestia peuvent nous donner un bon aperçu. Ils mentionnent le contact du corps eucharistique et du sang de notre Seigneur avec les yeux, les lèvres et le front [17]. L'Eglise, sous l'inspiration du Saint-Esprit, a jugé bon de changer la pratique pour quelque chose de plus approprié à une adoration appropriée de notre Seigneur. Le charbon en feu des séraphins [18] constituait désormais la base d'une réception liturgique correcte de l'Eucharistie. Les autres facteurs qui ont été clairement pris en compte sont la possible dispersion des particules eucharistiques et la possibilité de voler les hosties. L’Eucharistie étant «la source et le sommet de la vie chrétienne» [19], il s’ensuit que sa protection aurait été la préoccupation première et primordiale de l’Église. Enfin, dans la pratique de la communion à genoux et sur la langue, l'Église a trouvé un moyen d'accroître la confiance en la présence réelle substantielle de notre Seigneur dans l'Eucharistie. Un bon moyen de confirmer cette affirmation est de regarder la révolution protestante. Zwingli et Calvin ont nié la présence réelle et leur solution pour réduire la croyance dans ce principe central de la foi était d'introduire la communion debout et dans la main [20] .

 

Que peut-on faire?

Il n’est pas étonnant que la croyance en la présence réelle ait chuté depuis Vatican II. L'indice des principaux indicateurs catholiques de Kenneth C. Jones montre une diminution de toutes les principales catégories statistiques de l'Église catholique de la fin des années 50 au milieu des années 60 et jusqu'en 2000. On peut dire que ces chiffres sont encore pires vingt ans plus tard. En outre, l'étude du nouveau centre de recherche Pew sur la croyance des catholiques en la présence réelle est renversante. Je sais que cette crise ne peut pas être mise uniquement sur le changement du mode de réception de la communion, mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'elle y est pour quelque chose. Lex orandi, lex credendi ne peut pas être plus manifeste que dans ce cas particulier.

 

La question semble avoir une réponse évidente: abolir la communion debout et dans la main pour une communion nettement plus respectueuse et plus appropriée, à genoux et sur la langue. Ramener les rails de l'autel! Le cardinal Sarah pense que l'une des priorités absolues de Satan serait certainement d'attaquer la croyance en la présence réelle. Il est difficile de discuter une telle assertion.

 

Comme les indults donnés par le Saint-Siège à partir de 1969 ne sont pas infaillibles par nature, ils pourraient facilement être révoqués. Il faudrait un peu d'humilité pour admettre que le retour à la communion dans la main était une erreur imprudente. La tradition de l'église soutiendrait une telle révocation. Biensûr, même la documentation actuelle du Vatican soutient la communion sur la langue plutôt que la communion dans la main.

 

En guise de dernière remarque, considérons l’une des révélations privées les plus populaires de l’Église catholique. Fatima est bien connue pour son secret en trois parties, révélé par Notre-Dame. Ce qui l'est moins, c’est son traitement de l’Eucharistie.

 

Quand l'ange leur apparut à Loca do Cabeço, il tenait «un calice dans ses mains, surmonté d'une hostie d'où des gouttes de sang tombaient dans le vaisseau sacré». L'Ange laissa le calice et l'hostie suspendus en l’air, se prosterna sur le sol avec les enfants et pria avec eux à trois reprises la prière suivante:

 

"Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément et je vous offre le corps, le sang, l'âme et la divinité les plus précieux de Jésus-Christ, présents dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, des sacrilèges et de l'indifférence avec laquelle il est Lui-même offensé. Et à travers les mérites infinis de son Cœur le plus sacré et du Cœur Immaculé de Marie, je vous prie de convertir les pauvres pécheurs. Amen."

 

L'ange se leva ensuite et, prenant l'hostie, la donna à Lucie, ainsi qu'à Jacinthe et à Francisco, il donna le contenu du calice en disant: "Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ, horriblement outré par hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu." Puis il se prosterna encore une fois avec les enfants et répéta trois fois la prière à la Très Sainte Trinité, puis il disparut.

 

L'Ange et les enfants se prosternent devant le corps, le sang, l'âme et la divinité de Notre-Seigneur pour faire un acte d'adoration en priant pour la réparation des péchés du monde. Le témoignage de Lucie et les œuvres d'art traditionnelles de cette scène montrent l'ange donnant la communion aux enfants dans la bouche, alors qu'ils sont encore à genoux. Ils font ensuite des actions de grâces. Quel beau témoignage d'un bon mode de réception de l'Eucharistie.

 

Alors que l’Église nous invite à imiter les anges et les saints, ne devrions-nous pas écouter son invitation et recevoir l’Eucharistie comme l’ange nous le montre?

 

Pour un traité plus complet sur le sujet, je recommande l'excellent travail de Monseigneur Athanasius Schneider intitulé «Dominus Est».

 

Notes

 

[1] Une étude rapide du Nouveau Testament et de l'Ancien Testament a révélé plusieurs cas où cela était vrai.

 

Nb. 22:31 (Balaam qui vit l’ange du Seigneur posté sur le chemin, son épée dégainée à la main. Balaam s’inclina et se prosterna sur son front.)

Is. 6: 2 (Même les séraphins se couvrent le visage devant Dieu)

Mt. 2:11 (Les hommes sages rencontrant l'Enfant Jésus)

Mt. 28: 9 (Marie-Madeleine voyant Jésus ressuscité des morts)

Apoc. 5:14 (Les anciens dans le ciel se prosternèrent)

11:16 (24 anciens qui étaient assis sur des trônes, se jetant face contre terre, se prosternèrent devant Dieu)

Ap. 1:17 (Jean voyant Jésus tomba à ses pieds comme mort)

Mt. 28: 4 (Les gardes romains apercevant Jésus ressuscité au tombeau tremblèrent et devinrent comme morts)

 

[2] Le terme approprié pour cette notion est Proskynesis.

 

[3] Est. 6: 7, Jer. 1: 9, Ez. 2: 8 à 9; 3: 1–3

 

[4] 2 Sam. 6: 7

 

[5] 1 Chro. 15: 2

 

[6] Par souci d'intégrité, je tiens à noter que dans Apocalypse 10:10, l'ange donne le livre à Jean pour qu'il le mange et Jean le lui prend des mains.

 

[7] "Le minerai" est ici dans l'ablatif; dans le contexte, cela désigne l'instrumentation. La bouche est donc le moyen par lequel la Sainte Eucharistie est reçue.

 

[8] Mgr Athanasius Schneider, «Dominus Est», p.47.

 

[9] Liber Pontificatis, éd. DUCHESNE, I (Paris, 1886), 128

 

[10] Summa Theologica, partie III, Q.82, art. 3, Rep. Obj.8.

 

[11] Catéchèse mystagogie V, xxi-xxii, Migne Patrologia Graeca, 33.

 

[12] Michael Davies est un autre érudit de ce type. Vous pouvez lire son traitement de cette question dans son travail: Communion dans la main et autres fraudes similaires, P.8

 

[13] https://taylormarshall.com/2011/01/did-church-fathers-practice-communion.html

 

[14] Mgr Athanasius Schneider, «Dominus Est», p. 23, 26 (citant Catechesis Mystagogica V, ii, xxii).

 

[15] Saint Basile, Lettre 93

 

[16] Mgr Athanasius Schneider, «Dominus Est», p.29.

 

[17] Cette pratique peut également être mentionnée dans des œuvres de Theodoret, évêque de Cyrrhus et de saint Jean de Damas.

 

[18] Is. 6: 7

 

[19] CEC 1324

 

[20] Mgr Athanasius Schneider, «Dominus Est», p. 37–38.

Note du blog Christ-Roi. Rappelons que la réception de la communion sur la langue et à genoux est un droit de tout catholique et qu'un prêtre n'a pas le droit de la refuser.

Au sujet de la distribution de la sainte Communion, il faut se rappeler que «les ministres sacrés ne peuvent refuser les sacrements aux personnes qui les leur demandent opportunément, sont dûment disposées et ne sont pas empêchées par le droit de les recevoir». Ainsi, tout baptisé catholique, qui n’est pas empêché par le droit, doit être admis à recevoir la sainte Communion. Par conséquent, il n’est pas licite de refuser la sainte Communion à un fidèle, pour la simple raison, par exemple, qu’il désire recevoir l’Eucharistie à genoux ou debout.

Tout fidèle a toujours le droit de recevoir, selon son choix, la sainte communion dans la bouche.

Instruction “Redemptionis Sacramentum”, § 91-92

Les fidèles ont le droit d’obtenir que l’autorité ecclésiastique gouverne la sainte Liturgie totalement et d’une manière efficace, afin que celle-ci n’apparaisse jamais comme «la propriété privée de quelqu’un, ni du célébrant, ni de la communauté dans laquelle les Mystères sont célébrés»

Instruction “Redemptionis Sacramentum”, § 18

Tous les fidèles du Christ disposent du droit de bénéficier d’une véritable liturgie - et cela vaut tout particulièrement pour la célébration de la sainte Messe - qui soit conforme à ce que l’Église a voulu et établi, c’est-à-dire telle qu’elle est prescrite dans les livres liturgiques et dans les autres lois et normes. De même, le peuple catholique a le droit d’obtenir que le Sacrifice de la sainte Messe soit célébré sans subir d’altération d’aucune sorte, en pleine conformité avec la doctrine du Magistère de l’Église.

Instruction Redemptionis Sacramentum

Enfin, la communauté catholique a le droit d’obtenir que la très sainte Eucharistie soit célébrée de telle manière que celle-ci apparaisse vraiment comme le sacrement de l’unité, en excluant complètement toutes sortes de défauts et d’attitudes, qui pourraient susciter des divisions et la formation de groupes dissidents dans l’Église.

Instruction Redemptionis Sacramentum, § 12

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20 août 2019 2 20 /08 /août /2019 09:04
Seul un tiers des fidèles affirment que l’Eucharistie est le Corps et le Sang du Christ

Mardi, 20 août 2019. Au cours des années 1970-90, un certain nombre de théologiens bien en vue - certains enseignant dans des université catholiques - se sont moqués des fidèles qui croyaient qu’après la consécration, à la messe, le pain et le vin étaient réellement devenus le Corps et le Sang du Christ. Si l’on en croit les récentes statistiques, seul un tiers des fidèles affirment que l’Eucharistie est le Corps et le Sang du Christ. Deux tiers pensent que pendant la messe, le pain (et éventuellement le vin) donnés à la communion « ne sont que des symboles du Corps et du Sang de Jésus-Christ », des « moyens d’affirmer une convivialité entre les participants à une célébration commune. »

On a là le résultat d’une catéchèse qui fut longuement défaillante ajoutée à des liturgies désacralisées par leur adaptation systématique aux prétendus « goûts des fidèles » relevant plus de la subjectivité que de la foi catholique.

L’Eglise est donc confrontée à un réel problème : les catholiques ont une idée appauvrie ou fausse de ce qu’est l’Eucharistie et, par contrecoup, de ce qu’est le sacerdoce.

Une grande partie de la théologie qui aborde les questions relatives à l’Eucharistie - en particulier l’enseignement catholique sur la « transsubstantiation » - remonte au XIIIe siècle, une époque durant laquelle les fidèles communiaient rarement au cours des messes. Ils n’allaient souvent à l’église que pour adorer le Christ présent dans l’Eucharistie, la messe elle-même n’ayant pour seul objectif que la transformation du pain en Corps du Christ pour susciter l’adoration. Sur le plan purement dévotionnel, la messe n’était alors pas si différence qu’une adoration du Saint-Sacrement, lorsque l’hostie est placée dans un ostensoir afin de pouvoir être vue du plus grand nombre.

Pour expliquer comment ce qui ressemblait à du pain pouvait être réellement le Corps du Christ, les théologiens du XIIIe siècle ont utilisé une philosophie qui, à l’époque, passait pour « progressiste » : l’aristotélisme.

Dans la Grèce antique, Aristote avait décrit la réalité qui nous entoure en utilisant les concepts d’accident (la forme visible de la matière) et de substance (ce qui est « sous » la forme visible). En utilisant ces catégories de la philosophie aristotélicienne les théologiens catholiques pouvaient expliquer que la « substance » du pain - sa réalité fondamentale - était transformée en Corps du Christ, tandis que les « accidents » - les apparence que pouvaient avoir le pain - demeuraient inchangés. Pour qualifier ce mode de présence réelle du Christ dans le pain consacré, on a utilisé le mot « transsubstantiation » qui indique un changement de la « substance » du pain. A des enfants, on peut expliquer ces choses-là d’une façon peut-être plus simple et qui leur sera plus parlante : on peut leur montrer des photos de leur grand-père à des âges différents... Ça, c’est ton grand-père faisant sa première communion ; ça, c’est ton grand-père le jour de son mariage ; ça, c’est ton grand-père qui part à la pêche avec ton papa... C’est toujours « substantiellement » le même grand-père. Mais « accidentellement », on ne peut pas nier qu’il a changé ! Les « accidents » - les apparences - sont donc autre chose que la « substance » - ce que nos yeux ne voient pas mais qui cependant existe. Dans le cas de l’Eucharistie, de la « transsubstantiation », nous ne voyons que les apparences du pain, de l’hostie, mais nous croyons de foi catholique que la substance du pain a comme « cédé la place » à la réalité du Corps du Christ. Notons au passage que cette théologie faisait problème : le courant dit « nominaliste » prendra ses distances d’avec la conception de la « transsubstantiation » et aboutira, via Guillaume d’Occam et Gabriel Biel, à la théologie de l’ « impanation » professée par Martin Luther et selon laquelle le Christ est présent « dans » le pain tant que les membres d’une assemblée s’accordent pour y croire chacun à sa façon. Une fois l’assemblée dispersée, le pain retrouve ses simples qualités de pain ordinaire.

Utiliser au XXIe siècle les concepts aristotéliciens pour expliquer aux fidèles catholiques ce qu’est véritablement l’Eucharistie s’apparente, pour un prêtre ou un simple catéchiste, à un parcours d’obstacles. À quand remonte la dernière fois que, dans un séminaire catholique, des candidats au sacerdoce ont entendu un professeur leur expliquer clairement l’Eucharistie sur les bases de la philosophie aristotélicienne et thomiste ? Il est toutefois certain que quand Jésus a dit à ses disciples : « Ceci est mon Corps... Ceci est mon Sang... », il n’avait pas à l’esprit une philosophie particulière et faisait appel plus à la solidité de la foi permettant d’adhérer à un mystère qu’à une savante démonstration intellectuelle.

Quoi qu’il en soit, Jésus n’a pas dit « ceci est mon Corps : adorez-le » mais « ceci est mon Corps, prenez-le et mangez-le. » Il faudra attendre le XXe siècle pour que, grâce au pape Saint Pie X, la communion retrouve sa place et son sens dans l’Eglise catholique.

L’Eglise a également parlé de la liturgie eucharistique - la messe - comme étant l’acte qui rend présent et efficace le sacrifice du Christ sur la croix. Mais malgré cette précision, la notion de sacrifice est restée assez mal comprise. Au point qu’au synode de 2005, les évêques se demandaient encore si l’Eucharistie était un sacrifice ou un repas communautaire. Le pape Benoît XVI a dû intervenir et expliquer aux évêques que cette question relevait de ce qu’ils auraient dû apprendre au cours de leurs premières leçons de théologie sacramentelle. Le contexte de la dernière Cène est également essentiel pour comprendre ce que Jésus instituait. Benoît XVI a donc expliqué que la dernière Cène était un repas de la Pâque permettant aux Juifs de faire mémoire de l’Exode et de remercier Dieu d’avoir renouvelé son alliance avec son peuple.

Par conséquent, la messe, qui a ses racines dans la Pâque juive, doit être vue comme un repas sacrificiel nous permettant de rendre grâce à Dieu, en particulier pour le don de son fils, et de renouveler notre alliance avec Lui : nous nous attachons à Dieu par son Fils unique réactualisant sur l’autel son sacrifice auquel nous nous unissons.

La messe ne consiste donc pas à adorer Jésus, ni même à prier Jésus : au cours de la Prière eucharistique dite par le prêtre, nous prions le Père par et avec le Christ. Nous remercions et louons Dieu pour ses actions merveilleuses, en particulier pour nous avoir envoyé Jésus pour nous sauver.

La Prière eucharistique demande à ce que l’Esprit nous transforme pour que nous puissions devenir comme le Christ ou, comme l’a dit saint Augustin, « nous devenions semblables à Celui que nous recevons ». En fin de compte, la messe concerne moins le fait que le pain devienne le Corps du Christ que le fait que nous puissions devenir des membres à part entière du Corps mystique du Christ. L’Eucharistie a pour objectif premier de nous rendre plus semblables au Christ afin que nous puissions continuer sa mission qui est de conduire tous les hommes dans le Royaume de Dieu. Le souci de la justice et la paix, bien qu’étant important, n’est que secondaire puisqu’il a été très clairement annoncé que ce monde passera et que nous y demeurons que pendant un laps de temps plus ou moins court.

 

Source: Pro Liturgia, mardi 20 août 2019

Seul un tiers des fidèles affirment que l’Eucharistie est le Corps et le Sang du Christ
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12 août 2019 1 12 /08 /août /2019 08:05
Enquête choc: les catholiques ne savent pas ce qu'est l'Eucharistie

Source: Giuliano Guzzo, Inchiesta-choc: i cattolici non sanno cosa sia l'Eucaristia

La Nuova Bussola Quotidiana, 12/08/2019 

 

Un rapport du Pew Research Center révèle que seulement un tiers des catholiques américains croient que la communion est le corps et le sang du Christ. Au lieu de cela, 69% croient que le pain et le vin ne sont que des symboles et beaucoup sont également convaincus qu'il s'agit là de l'enseignement de l'Église. Des données inquiétantes, qui ne concernent pas seulement les États-Unis, en effet: il y a plusieurs éléments qui permettent de penser qu'en Europe, et aussi en Italie, les résultats seraient pires encore. C’est là la véritable urgence pour l’Eglise, dont les pasteurs devraient s'occuper. Tout le reste vient beaucoup plus tard.

 

Depuis quelques années maintenant, il semble que le problème numéro un de l'Église est de s'assurer que tout le monde, indistinctement, puissent communier, sans exclure personne. Mais combien de fidèles sont aujourd'hui conscients de la valeur et du sens du sacrement de l'Eucharistie? Il est logique de se le demander, étant donné que le père Pio di Pietrelcina (1887-1968), présumant une certaine ignorance à cet égard, avait jugé à son époque que si l'on connaissait la valeur réelle de la Sainte Messe, il faudrait les Carabiniers pour coordonner la foule qui se ruerait là.

 

 

Une blague, celle du saint, qui a décrit une situation alarmante il y a des décennies, imaginons alors aujourd'hui. Ceux qui n'ont pas trop pensé la situation actuelle et ont essayé d'examiner la situation actuelle de près, c'est le Pew Research Center, qui du 4 au 19 Février de cette année, a effectué une enquête au sujet des connaissances religieuses dans le peuple américain, compilant ce qui a été découvert dans 70 pages d'un rapport intitulé avec éloquence Ce que les Américains savent sur la religion.

 

Si les données recueillies dans ce document sont multiples et stimulantes, il en est une choquante. Cela concerne la connaissance que possèdent les catholiques de l'Eucharistie. Il est apparu que seulement un tiers des catholiques américains pensent que la communion est le corps et le sang du Christ, tandis que 69% pensent que le pain et le vin ne sont que des symboles. Et ce n'est pas fini. Beaucoup de catholiques qui croient que le pain et le vin sont des symboles sont également convaincus qu'il s'agit là de l'enseignement de l'Église.

 

Si d'un côté il y a une petite partie des catholiques (3%) qui déclarent croire à la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie tout en ignorant l'enseignement de l'Église sur la transsubstantiation, d'un autre côté un sur cinq parmi ceux qui savent ce qu'est la transsubstantiation, rejette cet enseignement comme non fondé. Globalement, qualifier ce tableau d'inquiétant serait un euphémisme.

 

À tel point par exemple que Mgr Robert Emmet Barron, évêque auxiliaire de Los Angeles, informé de ces données, a publiquement exprimé, sur Twitter, son incrédulité scandalisée: "Il est difficile de décrire combien je suis mécontent de ce qui est ressorti de la dernière étude du Centre de recherche Pew. Cela devrait être un signal d'alarme pour nous tous dans l'Église. Nous sommes tous coupables." En effet, il est difficile de ne pas voir des responsabilités claires de la part des pasteurs américains dans ces profondeurs de l'ignorance religieuse et l'ignorance sacramentelle.

 

Et en Italie ? Quelle est la situation? Malheureusement, ou peut-être heureusement - cela dépend de votre point de vue - nous n'avons pas de recherches aussi précises que les recherches américaines. Cependant, celles qui sont encore effectuées dans notre pays ne révèlent pas de scénarios très optimistes. Il suffit de penser à ce qui est ressorti d'une étude réalisée en 2007 par Famiglia Cristiana parmi 800 baptisés de 48 ans en moyenne, donc matures, du moins sur le papier.

 

On a découvert que seulement 5% des catholiques pratiquants lisaient les évangiles (sans parler des non-pratiquants) et à la question "comment cultiver la spiritualité ? 63% ont répondu "en aidant les autres" et 35% "en faisant du bénévolat", tandis que beaucoup moins ont répondu "en priant" (22%) et "en allant à la messe" (14%). Or, si l'on considère que tel était le scénario il y a une douzaine d'années, lorsque Benoît XVI régnait, il est facile d'imaginer - surtout à la lumière de l'étude américaine citée et de la philanthropie qui pendant des années a désorienté de nombreux croyants - quel niveau désastreux de connaissance de l'Eucharistie, même en Italie, nous avons atteint aujourd'hui.

 

Il s'ensuit que plutôt que de se perdre dans des priorités autres que celle-là, soucieux de plier la doctrine au sentiment commun nos pasteurs - à commencer par les plus hautes hiérarchies de l'Église - devraient faire un sérieux examen de conscience, décidant une fois pour toutes de revenir former leur troupeau. Parce qu'il n'y a pas aujourd'hui de travail de plus haute charité que l'évangélisation d'un peuple chrétien qui, malheureusement, est en train de se paganiser et de se perdre dans les méandres de la modernité. C'est vraiment une priorité. Tout le reste vient plus tard, beaucoup plus tard.

 

L’Eucharistie sera l’un des thèmes  abordés lors de la prochaine journée de la Boussole intitulée "Jusqu'au bout du monde" qui se déroulera le 6 octobre à Milan. Sœur Gloria Riva (Adoratrices perpétuelles du Saint Sacrement), le Père Roberto Coggi op (auteur de nombreux ouvrages consacrés à l'Eucharistie), le docteur Franco Serafini (auteur de "Un cardiologue visite Jésus - Les miracles eucharistiques à l'épreuve de la science ) en parleront.

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8 août 2019 4 08 /08 /août /2019 12:54
La réforme liturgique et l'abandon de l'apologétique ne permettent plus à une majorité de fidèles de comprendre et de croire ce qui se passe à la Messe

Dans son ouvrage en anglais, Exode massif: Désaffiliation catholique en Grande-Bretagne et en Amérique depuis Vatican II, le théologien Stephen Bullivant décrit un effondrement stupéfiant de la pratique de la confession et des autres sacrements.

 

Après l'année 1960 et la Révolution tranquille au Québec, on s'attendait à l'effondrement décrit par Bullivant au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. En 1960, nous assistions à une messe dominicale de 85% des catholiques sur l'Île de Montréal; au milieu des années 1970, la pratique planait autour de la vingtaine; aujourd'hui, elle se situe quelque part entre 2 et 4%. 

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17 juillet 2019 3 17 /07 /juillet /2019 20:00

Monseigneur Nicolas Bux, théologien ancien consultant auprès de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sous le pontificat de Benoît XVI, alerte sur l'Instrumentum laboris, le document préparatoire du synode sur l'Amazonie, où une proposition du document de travail vise à adapter le rite de la messe aux coutumes locales amazoniennes.

Il s'agit d'une tentative de "créer une autre église" en "démolissant" la véritable Église de l'intérieur, une "tentative de modification génétique de l'Église remettant en question la foi et l'unité du rite romain qui l'exprime";  "une apostasie"; "une attaque contre les fondements de la foi, qui réduit la religion catholique à un pur subjectivisme. Il semble presque que c'est Jésus-Christ qui doive se convertir à la nouvelle divinité amazonienne." (sic)

 

Un théologien: le Synode Amazonien tente de "démolir" l'Église de l'intérieur

Source: Diane Montagna

Theologian: Amazon Synod attempting to ‘demolish’ the Church from within

LifeSitenews, Jul 17, 2019 - 11:39 am EST

 

Synode Amazonien, Instrumentum Laboris, Nicola Bux, Pape François

 

ROME, 17 juillet 2019 ( LifeSiteNews ) - Un autre théologien respecté sonne l'alarme à propos du prochain Synode sur l'Amazonie, affirmant qu'il s'agit d'une tentative de "créer une autre église" en "démolissant" la véritable Église de l'intérieur.

 

Monseigneur Nicola Bux, théologien et ancien consultant auprès de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sous le pontificat de Benoît XVI, a déclaré dans un entretien récent que "nous sommes confrontés à une tentative de modification génétique de l'Église."

 

Quand on lui a demandé pourquoi il croyait que le document de travail [Instrumentum laboris] du prochain synode avait été si vivement critiqué, Mgr. Bux, qui sert maintenant de consultant théologien auprès de la Congrégation pour la cause des saints, a déclaré que "dans un certain sens, la réponse a été donnée récemment par le pape Benoît XVI [dans un essai publié après le sommet sur les abus sexuels au Vatican]: c'est encore une tentative 'créer une autre Église, une expérience déjà tentée et qui a échoué'."


 

"Ces clercs ne se posent pas la grande question à la base du christianisme: qu'est-ce que Jésus nous a vraiment apporté si - comme nous pouvons le voir - il n'a pas apporté la paix mondiale, le bien-être de tous et un monde meilleur?", dit Mgr Bux.

 

"Jésus-Christ est venu amener Dieu sur la terre, afin que l'homme puisse trouver le chemin du ciel: c'est pourquoi il a fondé l'Église", a déclaré le prélat italien. "Au lieu de cela, les clercs d'aujourd'hui prennent soin de la terre comme s'il s'agissait du foyer permanent et durable de l'homme. Quel est le symptôme? Ils ne parlent pas de l'âme et donc de son salut."


 

Mgr Bux a en outre noté que les idées autrefois dénoncées par Joseph Ratzinger (en tant que préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi) sont en train de "mûrir" avec le Synode amazonien.

 

"L'Église n'est plus considérée comme le Corps mystique du Christ et du Peuple de Dieu orienté vers le salut, mais comme un phénomène sociologique ; elle doit donc s'occuper d'économie, d'écologie et de politique, où elle ne peut intervenir que pour un jugement moral ", a dit Mgr Bux.

 

Il a ajouté que, sous l'influence du modernisme, les partisans de ces idées affirment que "les temps ont changé" et qu'avec eux, "un nouveau dogme" est nécessaire. Pourtant, il a fait remarquer que "cela ne répond pas aux questions : qui a décidé que les temps ont changé ? Et le changement, est-il toujours bon ?"

 

Dans l'entretien, qui a été republié sur Pan-Amazon Synod Watch, Mgr Bux a également dit sa préoccupation au sujet du fait que le document de travail minimise la nécessité de la foi en Christ pour être sauvé. 

 

"Les doutes sur le fait que le Seigneur Jésus est le seul Sauveur de l'humanité se sont répandus dans l'Église depuis la période post-conciliaire", a expliqué Mgr Bux. "Pour certains secteurs de l'Église, l'évangélisation a été inversée pour devenir 'évangélisée', ce qui a conduit beaucoup de "paroisses et séminaires" à inviter "des penseurs athées ou douteux" à parler "plutôt que des catholiques clairs et précis".

 

Mgr. Selon Bux, "cela a conduit à la confusion et à la désorientation", en particulier compte tenu de la faible catéchèse reçue par de nombreux catholiques au cours des dernières décennies.


Si ce n’était pas le cas, a t-il noté, "on ne pourrait pas expliquer le spectacle de vices et de corruption qui sévit dans la société italienne et européenne". On ne pourrait pas non plus expliquer comment chacun est invité à "recevoir la communion à la messe, qu’ils soient ou non "en état de grâce" ou même catholique.


 

"Les pasteurs de l'Église doivent énoncer leur doctrine selon la forme apostolique dans laquelle elle leur a été confiée (Romains 6:17)", a déclaré le théologien. "Comme l'a récemment déclaré Monseigneur Carlo Maria Viganò dans un entretien [avec le Washington Post]: "Ceux qui sont présumés rebelles sont ceux qui prétendent briser ou changer la tradition éternelle de l'Église".

 

Parlant de l'utilisation de l'inculturation dans le document de travail, Mgr Bux a dit qu'elle est présentée à l'envers : l'intention est de ramener l'Église amazonienne à l'animisme et au spiritualisme, la faisant se retirer de la Parole qui lui a été annoncée par l'évangélisation. "Une religion naturelle avec un masque chrétien", comme l'a dit le cardinal Brandmüller dans sa récente déclaration."

 

Interrogé sur les éloges du document de travail pour la "cosmovision" des peuples autochtones, Mgr Bux a déclaré que cela représentait un "brouillage de la raison" et un retour à la "religion naturelle" et au "spiritualisme".

 

Pourtant, la nature a de précieuses leçons à nous apprendre sur l'Église, a affirmé le théologien italien. 

 

"Le développement même de la nature, qui se fait de manière organique (de sorte que ce qui est faux hier ne peut être vrai aujourd'hui) devrait nous aider à comprendre que l'enseignement de l'Église est un corpus doctrinal et organique", a-t-il dit. 

 

"Au lieu de cela, les clercs sont infectés par une sorte de darwinisme qui aboutit, comme l'a écrit le cardinal Brandmüller, à un évolutionnisme doctrinal et moral, exactement le contraire du développement organique d'un sujet qui reste fidèle à son identité propre", a-t-il observé. 

 

"Seul ce corps peut être appelé Église, du moins sur la base des Constitutions de Vatican I et II, Dei Filius, Lumen Gentium et Dei Verbum," a-t-il déclaré.

 

Mgr Bux, qui est aussi liturgiste, a dit que les signes de cette infection darwinienne peuvent être vus dans le traitement des sacrements, en particulier des Ordres sacrés, qui est décrit dans le document de travail. 

 

"Après tout le débat préconciliaire et le post-conflit sur l'inséparabilité du pouvoir de l'ordre et de la juridiction, dit-il, l'Instrumentum Laboris propose le contraire afin de justifier le ministère ordonné pour les femmes. Ainsi, nous nous éloignons davantage des Églises orientales." 

 

"L'identité épiscopale, sacerdotale et diaconale doit être donnée de Dieu qui appelle et l'Église la confirme par l'ordination ; pas de la communauté, comme si l'Église était une démocratie. 

 

Rejetant la proposition du document d'ordonner des hommes mariés, ou viri probati, Mgr Bux a dit que "l'histoire de l'Église enseigne que la crise des vocations sacerdotales est résolue par une foi vivante : là où la foi est vivante, des vocations missionnaires naissent, jusqu'à l'émergence d'instituts pour la formation du clergé autochtone. Le Seigneur appelle toujours les hommes à le suivre !"
 

En ce qui concerne la proposition du document de travail visant à adapter le rite de la messe aux coutumes locales amazoniennes, Mgr Bux a observé que le rite romain avait été transmis à divers peuples du monde et constituait "une expression de la communion de tous les croyants en Christ, au-delà de la langue, de la nation et de la race".


"Tout en respectant les cultures, la liturgie les invite à se purifier et à se sanctifier", a-t-il déclaré. "En vérité», dit-il, le traitement de la liturgie dans le document de travail "est une question d'opposition mal cachée à l'Église de Rome».

 

Mgr Bux a dit qu'il était "étrange" qu'ils veuillent faire cela après des siècles d'évangélisation du continent américain et l'adoption du rite romain. "Qui a informé les Amérindiens qu'ils étaient nus", c'est-à-dire sans leur propre rite?, a-t-il demandé.

 

Il a déclaré que l'adoption proposée de coutumes non chrétiennes dans la liturgie était "incompatible" et "contradictoire" avec le rite romain, à moins que l'on ne veuille s'engager dans "l'hybridation et le syncrétisme qui conduisent les fidèles à l'erreur".

 

"Nous sommes confrontés à une tentative de modification génétique de l'Église, remettant en question la foi et l'unité du rite romain qui l'exprime (cf. Sacrosanctum Concilium nn 37-38)", a-t-il déclaré.


 

Dans l'entretien, Mgr. Bux a également déclaré qu'il trouvait "incroyable" que l'Amazonie soit considérée comme un "lieu théologique", c'est-à-dire une source particulière de révélation.

 

Souscrivant à la critique de l'Instrumentum laboris faite par le cardinal Walter Brandmüller, Mgr Bux a déclaré qu'en remettant en question la Révélation divine, le document "se détache de la vérité de la foi catholique" et constitue "une apostasie".


Mgr Bux a noté que "l'Instrumentum laboris" avait reçu "l'approbation enthousiaste - et peut-être même les conseils - de Leonardo Boff, ancien prêtre franciscain, représentant historique de la théologie de la libération qui, dans les années 1970, avait été admonesté par la Congrégation pour la doctrine de la foi. "

 

Le théologien respecté a conclu l'entretien en disant:

 

Il n'y a pas de libération sans conversion au Christ. L'Instrumentum Laboris ne mentionne jamais ce terme, qui est au début de l'Évangile de Jésus-Christ, mais, comme les cardinaux, les prêtres et les fidèles l'ont déjà observé, contredisant en des points décisifs l'enseignement impératif de l'Église - c'est-à-dire auquel tout vrai catholique est lié - il peut être considéré comme hérétique. Une attaque contre les fondements de la foi, qui réduit la religion catholique à un pur subjectivisme. Il semble presque que c'est Jésus-Christ qui doive se convertir à la nouvelle divinité amazonienne. Mais est-ce là "la foi catholique transmise par les Apôtres", comme nous prions dans le Canon Romain ?

***

Sur la proposition du Vatican de changer en Amazonie le pain de la sainte Eucharistie par le yucca, un arbuste originaire d'Amérique du sud, lire : 

 

Une proposition du Vatican de changer l'eucharistie créerait une «nouvelle religion»

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28 juin 2019 5 28 /06 /juin /2019 15:10
Pour la première fois en 50 ans, une messe en latin pour l'Académie de la marine marchande des États-Unis

Source: Pour la première fois en 50 ans, une messe en latin pour l'Académie de la marine marchande

One Peter Five, Joe Terlisner 27 juin 2019

 

Samedi 18 mai 2019, une grande messe solennelle a été célébrée dans la chapelle commémorative des marins, sur le campus de l'Académie de la marine marchande des États-Unis (USMMA), la première messe traditionnelle en latin célébrée depuis cinquante ans. Ce qui suit est une interview de l’aspirant Brian Rainwater, 1 / C, qui a organisé et coordonné cet événement historique.

 

Parlez-moi de vous et comment vous avez été présenté à la messe en latin.

 

J'ai grandi à Lawrenceville, en Géorgie, près d'Atlanta, et j'ai fréquenté le lycée St. Pie X. Je suis un aspirant de première classe (un supérieur) à l'USMMA et, après l'obtention de mon diplôme, je compte servir comme officier de guerre de surface en service actif dans la marine.

 

Ma première participation à la liturgie traditionnelle a été une messe célébrée au rite melkite à laquelle j'ai assisté au collège. J'ai été frappé par le respect, la richesse du symbolisme et l'adhésion à une tradition ininterrompue. C'était un avant-goût de ce que je recherchais dans la messe traditionnelle latine avant même d'avoir entendu dire qu'une telle chose existait.

 

Quelque temps après, j'ai lu Le Concile en question de Moyra Doorly et du P. Aiden Nichols, OP. Cela m'a ouvert les yeux sur la nature de la messe. Je me souviens d'avoir lu la critique selon laquelle le Novus Ordo aurait omis de souligner le caractère sacrificiel de la messe, et je me suis dit que je ne savais même pas que le La messe était un sacrifice du tout! Surtout, cela m'a montré à quel point il me manquait.

 

Plus tard cette année-là, j'ai trouvé une chapelle à Oyster Bay, NY, qui offrait la messe traditionnelle en latin. Un groupe d'entre nous du club Newman de l'Académie a fait là-bas une excursion d'une journée. Ce que nous n'avions pas compris, c'est que la chapelle que nous avions trouvée était gérée par la Fraternité Saint-Pie V. Ils ont demandé à voir la preuve que nous étions catholiques et, lorsque nous ne pouvions produire aucun document, ils nous ont refusé la Sainte Communion. C'était peut-être providentiel. Après cette expérience, j'ai fait un peu plus de recherches et j'ai découvert la paroisse Saints Innocents à New York et j'ai commencé à assister à la messe en latin chaque semaine.

 

C'est à ce moment que tout s'est mis en place. J'ai réalisé que la messe n'était pas une simple case à cocher tous les dimanches. Toute ma mentalité a changé. J'ai commencé à faire plus de lecture spirituelle et à prier le chapelet. Tout à coup, je me suis rendu compte que la vie spirituelle n'est pas simplement un accessoire de l'existence; l'existence est pour la vie spirituelle. Le sens de la vie est de louer Dieu et d’aller au paradis, et tout ce qui n’y est pas ordonné est une perte de temps. Une fois que vous réalisez que tout dans votre vie doit être orienté vers le ciel, les choses changent. Comme l'a dit Fulton Sheen: "Aujourd'hui, la plupart des gens veulent une religion qui convienne à leur façon de vivre, plutôt qu'une religion qui leur impose des exigences. La religion devient alors un luxe comme un opéra, pas une responsabilité comme la vie."

 

D'autre part, il est difficile de prendre au sérieux une mauvaise liturgie, car il est difficile de trouver un sens sans signification. Quand j'étais plus jeune et que je n'avais fait que fréquenter le Novus Ordo, je voyais la messe comme un peu parascolaire, alors qu'elle est désormais au centre de ma vie.

 

Qu'est-ce que la US Merchant Marine Academy?

 

L’académie de la marine marchande, également connue sous le nom de Kings Point, est probablement la moins connue des cinq académies de service américaines (les autres étant l’académie militaire américaine, l’académie navale, l’académie de l’armée de l’air et l'académie de la garde côtière). Notre mission est "d'éduquer et de former des leaders de caractère exemplaire inspirés à servir la sécurité nationale, le transport maritime et les besoins économiques des États-Unis en tant qu'officiers de la marine marchande titulaires de licence et officiers des forces armées. Nous obtenons un permis de garde côtière des États-Unis en tant que 3 e second ou 3 e ingénieur assistant sur des navires de tonnage illimité, un diplôme d'officier en service actif ou dans les réserves de toute branche des forces armées (selon le choix de carrière de l'aspirant) et un Baccalauréat dans une discipline du transport maritime ou du génie maritime.

 

Quelques autres choses notables à propos de l’Académie: elle a été dédiée en 1943 à la constitution d’officiers pour les navires construits pour la Seconde Guerre mondiale, qui était à son apogée à cette époque. Notre formation a toujours consisté en partie à obtenir le temps nécessaire pour obtenir une licence de la Garde côtière sur des navires de commerce naviguant activement. Pendant la guerre, ces navires naviguaient dans des eaux infestées de sous-marins et beaucoup d'entre eux ont été coulés avec des cadets [i] à bord. Cent quarante-deux cadets sont morts pendant la guerre à la suite du torpillage de leurs navires. Pour cette raison, USMMA est la seule académie de service à avoir obtenu le droit de porter un drapeau de bataille lors d’un défilé.

 

Quels sont certains des défis auxquels un catholique est confronté à Kings Point?

 

[...] Je sais que les marins ont la réputation d'être particulièrement immoraux, mais avec les gens, les apparences peuvent être trompeuses. Les marins peuvent sembler être une foule plus rugueuse, mais n'est-ce pas le cas de nos jours? Les possibilités d'évangélisation sont nombreuses: si vous vivez une bonne vie, les gens le remarqueront et vous en parleront. Ils vous surprendront souvent par leur réceptivité! J'ai eu beaucoup de bonnes conversations sur la foi sur le pont, et j'ai remarqué des Bibles ouvertes sur des bureaux assez improbables lors de l'inspection de gilets de sauvetage dans des cabines.

 

À l'école, le plus gros défi est probablement la gestion du temps. Il est déjà assez difficile de respecter toutes les rigueurs académiques et régimentaires de Kings Point, mais il est encore plus difficile de maintenir sa vie spirituelle au milieu d'eux. Le psaume 126 dit: "En vain tu devances le jour, tu retardes le moment de ton repos, tu manges un pain de douleur." Si nous ne menons pas nos vies pour Dieu, nous les conduisons pour rien. Il est bien sûr important d’être productif en fonction de son état de vie, mais nous devons également garder le but à l’esprit.

 

Quels sont les avantages de devenir un catholique Kings point ?

 

Il y a un grand lien entre la mer et l'Église. Au moins quatre des douze apôtres et probablement davantage, y compris saint Pierre lui-même, étaient des marins. Notre-Dame a longtemps été vénérée sous le titre de Stella Maris, l'étoile de la mer, et l'Église est la barque de Pierre.

 

Debout sur le pont et observant les tempêtes, les levers et les couchers de soleil, la majesté de la mer est un aperçu de l’éternité. Lorsqu’un navire aux allures gigantesques est submergé par les vagues lors d’une tempête, ou lorsque vous ne regardez rien et que vous ne voyez rien, pas même un autre navire au-dessus de l’horizon et que vous réalisez qu’il n’y a personne d’autre à des centaines de milles, vous obtenez un véritable sentiment de bien-être. L'immensité de la création et la petitesse de l'homme. C'est humiliant et orientant. Dans une ancienne cathédrale, le regard est tiré vers le haut et vers l'extérieur pour donner une impression de majesté de Dieu, et il en va de même pour la mer.

 

À l'école, l'accent est mis sur la discipline. Bien que, à proprement parler, Kings Point ne soit pas une école militaire, nous menons le même genre de vie disciplinée que celle que l’on pourrait espérer trouver dans une école militaire, notamment des manœuvres et formations quotidiennes, des inspections de salles, le maintien de normes uniformes, etc. Cela encourage les aspirants à développer des habitudes d'autodiscipline qu'ils peuvent emporter après l'obtention de leur diplôme, ce qui est une nécessité dans le monde d'aujourd'hui. Aujourd'hui, beaucoup de gens recherchent la liberté sans discipline, mais il ne s'agit que d'une anarchie et cela conduira la société à l'effondrement.

 

Cette habitude de la discipline contribue également au développement de la vie spirituelle qui, sans discipline, dégrade en dissipation et en mondanité. De même, la structure hiérarchique de l'autorité que nous avons à l'école reflète la hiérarchie de l'Église. Au cours de l’endoctrinement dans la plèbe (les trois premières semaines à l’académie, qui sont essentiellement une forme de camp d’entraînement bien raccourcie), les anciens instructeurs d’exercices de midshipman affirment souvent qu’ils ne sont pas vos amis. Au contraire, ils sont là pour diriger, et dirigent sans partialité. Il me semble que la même chose devrait être vraie pour un évêque et non seulement pour certains membres de son troupeau; sinon, son autorité se dégrade. Au contraire, ils doivent être des meneurs.

 

Il s'agissait de la première messe traditionnelle latine à Kings Point depuis presque exactement 50 ans! Dites-moi comment cela s'est concrétisé.

 

Honnêtement, c'était la Divine Providence. Tout a commencé avec un message dans le groupe Facebook de notre club Newman. J'ai demandé si quelqu'un connaissait ou connaissait des images de la messe traditionnelle en latin qui avait été dite dans la chapelle de notre école avant la sortie du Novus Ordo. Un ancien élève a commenté, demandant pourquoi ne pas en avoir un maintenant, alors ça m'a mis cette idée en tête, et après cela, j'étais à l'affût d'une opportunité. Plus tard, j'ai entendu parler de la messe traditionnelle latine célébrée à West Point. Un de mes amis d'école secondaire, cadet de West Point, lui a demandé s'il connaissait le capitaine Randy Shed, qui avait coordonné la messe de West Point. Il s'est avéré que le capitaine Shed était son officier de compagnie et j'ai pu y entrer, participer avec lui. Le capitaine Shed était très heureux d'avoir de mes nouvelles et a déclaré qu'il priait pour quelque chose d'autre à faire pour diffuser la messe traditionnelle alors qu'il était toujours affecté à West Point. Il m'a mis en contact avec le P. Donald Kloster, assistant du prêtre à St. Mary's à Norwalk, dans le Connecticut. Après une correspondance avec le P. Kloster, nous avons pu fixer une date et à partir de là, nous avons pris des dispositions avec les aumôniers et l'administration de l'Académie et avons obtenu l'approbation nécessaire de l'archidiocèse des services militaires.

 

Parlez-moi de la messe elle-même.

 

C'était merveilleux! Nous avions des serveurs, une petite schola et un organiste venu de St. Mary's à Norwalk. Le Fr. Kloster a célébré la messe avec le P. Michael Novajosky, pasteur de la cathédrale Saint-Augustin à Bridgeport, Connecticut, le diacre Sean Connely, prêtre adjoint de la paroisse Immaculée Conception et Assomption à Tuckahoe, NY, agissant en tant que sous-diacre.

 

Une soixantaine de personnes ont assisté à la messe, composée d'aspirants, d'enseignants, d'habitants de Long Island, du capitaine Shed et de deux cadets de West Point. La messe a eu lieu le 18 mai, en la fête de saint Venantius, martyr romain du IIIe siècle. Comme l'un des serveurs était pris dans le trafic, j'ai eu l'occasion de servir ma première messe traditionnelle latine en tant que porteur de la flamme.

 

Fr. Michael Novajosky a prêché une merveilleuse homélie liant la liturgie et le martyre de Saint Venantius à la devise de l'Académie, Acta non Verba, des actes et non des paroles. Bien qu'il soit vrai que la messe se compose de mots parlés et chantés, il est crucial de savoir comment ces mots sont dits et chantés. Ce que nous faisons est l'expression de ce qui est à l'intérieur. Il est crucial d’avoir une liturgie enracinée dans une tradition également bien exécutée. De même, dire ce que vous croyez est une chose, mais le vivre est une autre. Ce sont ses actes, pas ses paroles, qui ont valu à saint Venantius la couronne du martyre.

 

Comment la messe a-t-elle été reçue et comment la voyez-vous influencer la communauté sur le campus?

 

Elle a été très bien reçue par ceux qui y ont assisté. Le moment était particulièrement bien choisi pour les élèves de première classe, car il suivait immédiatement notre examen final et était une bouffée d’air frais avant de nous préparer à nos examens d’agrément de la Garde côtière. L'âme aspire à la beauté, ce qui a ramené sur le campus une beauté que l'on n'a pas vue ici depuis des décennies. Le thème de la journée semblait être l'exposition. Parmi les aspirants présents, plusieurs protestants ont eu un aperçu unique de la foi catholique et beaucoup se sont par la suite interrogés sur la foi. Pour la plupart des aspirants catholiques qui ont assisté à la cérémonie, il s'agissait de leur première messe traditionnelle en latin. C'était aussi une bonne exposition pour l'Académie elle-même auprès des habitants qui assistaient à la messe.

 

Personnellement, je n'aurais jamais été exposé à l'ancienne liturgie sans tomber dessus. Je suis très heureux d'aider à partager ce qui a changé ma vie pour le mieux avec les autres. Nous ne gagnerons pas beaucoup de convertis du protestantisme si le catholicisme cherche simplement à imiter ce que font les protestants. D'autre part, la messe traditionnelle latine a quelque chose de vraiment extraordinaire. Le Novus Ordo est si banal qu'il est accepté comme banal et ordinaire, mais la messe n'est pas censée l'être. La messe traditionnelle en latin brise la monotonie de la vie quotidienne parce qu'elle la transcende. C'est extraordinaire au sens littéral du terme.

 

Je pense qu’aujourd’hui, il y a une recherche de réalisation, en particulier du côté spirituel des choses. L'essor de choses comme le yoga et la spiritualité du nouvel âge tente de combler un vide qui existe chez tous les individus, qu'ils le reconnaissent ou non. Les gens ont toujours des besoins spirituels et un équilibre dans la vie spirituelle est essentiel pour équilibrer d'autres aspects de la vie. La messe latine remplit ce vide et constitue l'onguent pour nos âmes douloureuses. Les gens aspirent à ce que cela fournit parce que finalement, cela fournit Dieu.

 

Y a-t-il des projets pour de futures messes latines sur le campus?

 

Il n'y a rien de précis pour le moment, mais toutes les personnes impliquées étaient intéressées à en faire un événement plus régulier. Le Fr. Kloster est prêt à revenir, et il y a plusieurs paroisses ici à Long Island qui ont des messes latines, alors nous pourrons peut-être aussi les contacter. C'est ma dernière année ici, mais plusieurs élèves de quatrièmes (étudiants de première année) sont intéressés par le retour de la messe en latin et, espérons-le, ils pourront porter le flambeau une fois mon diplôme obtenu.

 

Un mot d'adieu?

 

J'ai été époustouflé par l'utilité des médias sociaux lorsqu'ils étaient utilisés correctement. J'ai fait du réseautage avec des gens de toute la ville, des États et même des parents qui sont venus du Maryland ! Les médias sociaux peuvent présenter de nombreux pièges, mais ils peuvent certainement être utilisés pour le bien. Je suis aussi agréablement surpris par le nombre d'anciens élèves de Kings Point qui rôdent dans la communauté traditionaliste.

 

Le P. Kloster m'a dit que maintenant qu'il a fréquenté deux des cinq académies, il est déterminé à se rendre au moins à l'Académie navale et à l'Académie de la Garde côtière, et peut-être que l'Académie de la Force aérienne pourra s'envoler !

 

St. Venantius, ora pro nobis !

 

St. Brendan le Navigateur, ora pro nobis !

 

J'ai été époustouflé par l'utilité des médias sociaux lorsqu'ils sont utilisés correctement. J'ai établi des réseaux avec des personnes de toute la ville, des États et même des parents venus du Maryland! Les médias sociaux peuvent comporter de nombreux pièges, mais ils peuvent certainement être utilisés pour de bon. Je suis également agréablement surpris par le nombre d'anciens élèves de Kings Point qui se cachent dans la communauté traditionaliste.

 

Fr. Kloster m'a dit que, maintenant qu'il était dans deux des cinq académies, il était déterminé à se rendre au moins dans les académies de la marine et des garde-côtes, et peut-être que l'Académie de la Force aérienne pourrait s'envoler!

 

Saint Venantius, ora pro nobis!

 

Saint Brendan le navigateur, ora pro nobis!

 

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21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 09:35

Dieu soit béni de nous avoir donné un tel Cardinal qui sache nommer le mal qui ronge l'Eglise. Le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements, est le défenseur de la divine liturgie catholique célébrée dignement. Il voit en effet dans l'incendie de la cathédrale de Paris un "symbole", le symbole d'un "feu", d'"un incendie qui ravage l'Eglise." "Une Eglise qui ne serait pas orientée vers Dieu est une Eglise qui meurt et s’effondre" ! Le rapport à la divine liturgie saute aux yeux :

Incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris : le Cardinal Robert Sarah y voit un "symbole" d'un "feu qui ravage l'Eglise"

« […] Il y a quelques heures j’étais à la cathédrale Notre-Dame de Paris. En entrant dans cette église éventrée, en contemplant ses voûtes effondrées, je n’ai pu m’empêcher d’y voir un symbole de la situation de la civilisation occidentale et de l’Eglise en Europe. Oui, aujourd’hui de tout côté, l’Eglise semble être en flamme. Elle semble ravagée par un incendie bien plus destructeur que celui de la cathédrale Notre-Dame. Quel est ce feu ? Il faut avoir le courage de lui donner son nom. Car, « mal nommer les choses, c’est augmenter le malheur du monde. 

 

« Ce feu, cet incendie qui ravage l’Eglise tout particulièrement en Europe, c’est la confusion intellectuelle, doctrinale et morale ; c’est la couardise de proclamer la vérité sur Dieu et sur l’homme et de défendre et transmettre les valeurs morales et éthiques de la tradition chrétienne ; c’est la perte de la foi, de l’esprit de foi, la perte du sens de l’objectivité de la foi et donc la perte du sens de Dieu.

« [...] Une Eglise qui ne serait pas orientée vers Dieu est une Eglise qui meurt et s’effondre. La flèche de la cathédrale de Paris s’est effondrée : ce n’est pas un hasard ! Notre-Dame de Paris symbolise tout l’Occident. A force de se détourner de Dieu, l’Occident s’effondre. Elle symbolise la grande tentation des chrétiens d’Occident : à force de ne plus être tournés vers Dieu, à force de se tourner vers eux-mêmes, ils meurent.

« Je suis persuadé que cette civilisation vit une crise mortelle. Comme à l’époque de la chute de Rome, les élites d’aujourd’hui ne se soucient que d’augmenter le luxe de leur vie quotidienne et les peuples sont anesthésiés par des divertissements de plus en plus vulgaires. Comme évêque, je me dois de prévenir l’Occident ! L’incendie de la barbarie vous menace ! Et qui sont les barbares ? Les barbares sont ceux qui haïssent la nature humaine, Les barbares sont ceux qui bafouent le sens du sacré, Les barbares sont ceux qui méprisent et manipulent la vie et veulent « augmenter l’homme » !

« [...] La civilisation occidentale est en profonde décadence et en ruine, malgré ses succès scientifiques et technologiques fantastiques et les apparences de prospérité ! Comme la cathédrale Notre-Dame : elle vacille. Elle a perdu sa raison d’être : montrer Dieu et conduire à Dieu.

« [...] Si Dieu perd son caractère central et son primat, l’homme perd sa juste place : il ne trouve plus sa place dans la création, dans les relations avec les autres. Le refus moderne de Dieu nous enferme dans un nouveau totalitarisme : celui du relativisme qui n’admet aucune loi si ce n’est celle du profit. Il faut briser les chaînes que cette nouvelle idéologie totalitaire veut nous imposer ! Si l’homme refuse et se coupe de Dieu, il ressemble à un fleuve immense et majestueux, mais coupé de sa source, tôt ou tard, il sèchera et disparaîtra.

« [...] La crise spirituelle que je décris concerne le monde entier. Mais elle a sa source en Europe. Le rejet de Dieu est né dans les consciences occidentales. L’effondrement spirituel a donc des traits proprement occidentaux. […] »

* * * *

Source: Extraits de la conférence prononcée le 25 mai à Paris par le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la discipline des Sacrements, Pro Liturgia, Actualité du Vendredi, 21 juin 2019.

* * * *

Note du blog Christ-Roi

 

 

Rappelons - signe divin et liturgique majeur ? -, que l'autel qui a été ravagé par l'incendie, la flèche s'étant écroulée sur lui, est l'autel du rite moderne où le prêtre tourne le dos à Dieu pour se tourner vers l'homme..., tandis que l'autel qui a été retrouvé intact et où la messe en latin a été célébrée pendant 800 ans, est le maître-autel, ou autel du rite ancien où le prêtre et l'assemblée sont tournés vers l'Orient, vers la Croix, vers Dieu. Ce qui n'est pas du tout la même chose.

Le Clergé de France ferait donc bien (pour une fois !) de méditer et de s'inspirer des paroles de ce sage Pontife pour songer à redresser l'Eglise-qui-est-en-France plutôt qu'à organiser d'xèmes "rencontres", comités théodule et autres "expériences" d'"équipes liturgiques", qui n'ont jamais réussi finalement qu'à faire baisser le nombre des personnes qui viennent à la messe et donc à détruire la foi.

« En Occident, depuis plusieurs siècles déjà, on ne considère plus la liturgie que sous l’angle pastoral et utilitaire : elle n'est rien de plus qu’un 'outil pastoral' au service de l’évangélisation (voir les messes "fast food" qui devait attirer les jeunes, les messes pour les jeunes, les retournement des autels, les chants “qui plaisent aux gens”, etc. NdCR.), et non le culte objectif et gratuit que l’Eglise rend au Père 'en esprit et en vérité', comme l’enseigne la Tradition. 

« Le 'compromis wojtylien' est cette illusion qui a consisté à croire qu’il était possible de maintenir une doctrine et une morale traditionnelles tout en ayant une liturgie faisant la part belle au modernisme (messes pour les jeunes, retournement des autels, chants “qui plaisent aux gens”, etc.) Ce fut la ligne plus ou moins officieusement (mais non officielle) non pas encouragée mais tacitement acceptée par les papes depuis le Concile, surtout sous les pontificats de Paul VI et Jean-Paul II.

« Les autorités religieuses, soucieuses de ramener l’homme moderne à la foi, ont cru qu’en tolérant une liturgie modernisée et adaptable, on pourrait convertir les hommes d’aujourd'hui à la foi traditionnelle. Or, il faut bien le reconnaître aujourd’hui : ça ne marche pas et ça ne marchera jamais, n’en déplaise à nos experts diocésains en pastorale. 

« Le silence, la tenue, l’orientation de la célébration, le sens du sacré, l’humilité devant le Mystère, la contemplation et la participation intérieure » sont les traits principaux de la nécessaire restauration d’une liturgie traditionnelle. » (Pro Liturgia, D'après Samuel N. Actualité du vendredi 21 juin 2019.)

Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît.

Evangile selon S. Matthieu 6,33

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18 novembre 2018 7 18 /11 /novembre /2018 13:43
La grande majorité des messes font aujourd’hui office de narcotiques

La grande majorité des messes font aujourd’hui office de narcotiques.

Transformées en simples occasions d’activisme et de bavardage, ces prétendues messes, tels des soporifiques spirituels, nous poussent à nous échapper de la profondeur de notre être afin de nous rendre peu à peu étrangers à la présence de Dieu.

Certes, en participant à de telles liturgies, nous restons encore dans l’Eglise ; mais c’est dans une Eglise sans Dieu et sans foi ; une Eglise où les célébrations liturgiques, vidées de leur sens, sont remplacée par un culte du « moi » par lequel les célébrants et leurs groupies imaginent encore susciter un quelconque intérêt de la part des fidèles qui y assistent.

***

« L’une des manifestations de la vie liturgique postconciliaire dont on puisse se réjouir, c’est qu’il y a toujours plus de fidèles à vouloir célébrer pleinement l’Eucharistie en recevant le Corps du Seigneur, communiant avec lui et en lui avec l’Eglise de Dieu tout entière.

Cependant, parfois, en voyant des communautés aller communier en masse, on ne peut s’empêcher d’être gagné par un secret malaise : trouve-t-on ici encore ce que saint Paul exigeait avec tant d’insistance des Corinthiens - « discerne-t-on » encore le Corps du Seigneur (1 Co 11,29) ?

On a quelquefois l’impression que la communion est considérée comme faisant partie du rituel, et qu’elle se déroule comme un rite qui ne ferait qu’exprimer l’appartenance à la communauté. Il faut que l’on comprenne beaucoup plus nettement que l’Eucharistie n’est pas sans valeur parce qu’on ne communie pas. En communiant sans discernement, nous ne nous élevons pas vers les hauteurs de la communion, mais nous ravalons le don du Seigneur à la banalité de ce qui relève de notre bon plaisir, du quotidien.

Parce que l’Eucharistie n’est pas un repas rituel, mais la prière commune de l’Eglise, au cours de laquelle le Seigneur prie avec nous et se communique à nous, elle demeure précieuse et grande, elle demeure don véritable, même si nous ne pouvons communier. Si nous comprenions à nouveau mieux cela, et qu’ainsi nous comprenions à nouveau plus exactement ce qu’est l’Eucharistie elle-même, certains problèmes de pastorale, tels que la situation dans l’Eglise des divorcés remariés, perdraient d’eux-mêmes beaucoup de leur lourde pesanteur. »

 

Cardinal Joseph Ratzinger

 

Source: PRO LITURGIA, Actualités du dimanche 18 novembre 2018

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7 octobre 2018 7 07 /10 /octobre /2018 11:12
À propos du chant grégorien

Témoignage reçu d'un lecteur :

 

À propos du chant grégorien

 

J’ai assisté l’autre jour à un enseignement sur le chant grégorien lors d’une retraite de famille. Le moine nous parlait de l’histoire du chant grégorien. Le chant grégorien était à l’origine un chant aux intonations orientales mais depuis la révolution française, les partitions de ces chants ont été brûlées et perdues.

[L’église/les moines] a donc créé de nouveaux chants grégoriens inspirés par les premiers chants.

Nous avons ainsi deux sortes de chants grégoriens : les chants grégoriens orientaux ou grecs et les occidentaux.

Le moine a continué son enseignement en nous montrant comment on pouvait faire pour chanter ces chants, en paroisse, car ce chant est le chant par excellence de la liturgie. Les papes n’ont cessé de le rappeler, et pendant presque 2 000 ans le chant grégorien était le chant officiel de la liturgie.

Le moine a fait tenir à l’assemblée une note pendant que lui chantait un chant grégorien. Il nous a ainsi montré que peu de gens bien formés sur le chant grégorien pourraient animer le chant dans une paroisse.

Lorsque j’écoutais les chants grégoriens, durant cet enseignement, j’étais comme porté aux portes du Ciel, c’était ineffable, mais c’est ainsi que je l’ai ressenti.

Ensuite, j’en discutais avec mon épouse qui dit ne pas être très enthousiaste sur ce type de chant, qu’elle n’aimait pas vraiment. Elle est plus versée dans les chants à la Glorious un peu plus pop ou rock. Je me sens alors bien seul. J’ai réfléchi aux différences entre l’homme et la femme. Je pense que les femmes sont plus à agir et à penser avec le psychisme, le sensible et l’affectif. La femme donne la vie au bébé à naître et le fait de porter la vie en elle en fait une personne plus touchée par le message du Christ que l’homme. Mais pourtant, l’homme malgré sa nature moins sensible, est probablement un être plus spirituel et lorsqu’il se tourne vers Dieu, il n’a pas de demi-mesure. Le chant grégorien touche directement l’âme de la personne contrairement aux chants à la Glorious qui touchent la partie sensible de l’être et va nous rappeler des moments heureux ou des moments tristes. Pour le chant grégorien, il ne rappelle rien car est inchangé depuis 2 000 ans (sauf le changement suite à la révolution française qui n’a finalement pas changé grand-chose à ce chant), et le chanteur ou le compositeur, est souvent (ou presque toujours) anonyme, le chanteur s’efface devant le chant car la façon de le chanter est toujours la même.

Le lendemain, je parlais avec une personne que j’ai prise pour le moine qui nous avait parlé du chant grégorien la veille. Je ne peux m’empêcher de déplorer qu’aujourd’hui l’Église catholique (du moins en France) est à côté de la plaque. Le chant grégorien en paroisse à quasiment totalement disparu sauf dans certaines abbayes. Le prêtre me dit que ce n’est pas lui qui a fait l’enseignement de la veille. Il me dit que je suis un peu sévère car il existe de très beaux chants non grégoriens utilisés dans la liturgie. Je lui dis que je suis d’accord mais que le chant par excellence, le chant de prédilection, le chant qui a 10 sur 10 pour la liturgie est le chant grégorien. Même les très beaux chants non grégoriens sont inférieurs en pertinence pour la liturgie comme nous l’a expliqué le moine de la veille. Le prêtre que j’avais pris pour le moine de la veille a fini par acquiescer en disant que j’avais raison. Je n’ai pu m’empêcher de penser que tous les prêtres fidèles à la tradition savent que le chant grégorien est le chant par excellence de la liturgie mais préfèrent pour la majorité d’entre eux (et je ne parle pas des prêtres modernistes) laisser chanter des chants au mieux très beaux mais non liturgiques, au pire les chants les plus mièvres et parfois hérétiques qui restent pendant au moins un mois dans la tête avant d’en sortir.

Je me suis dit que faute de pouvoir influer mon prêtre sur le sujet (je me promets qu’un jour je lui en parlerai au moment opportun même si ça fait grincer des dents), ma façon de témoigner sur ce sujet est d’ignorer les répétitions de chants qui rompent le silence avant la messe, et de ne pas chanter ces même chants anti-liturgiques pendant la messe.

Si demain tous les fidèles ignorent et ne chantent plus tous ces chants non grégoriens, cela préparera les prêtres à instaurer le chant grégorien. Amen

(Fin de citation)

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Petite histoire du chant grégorien :

 

Grégoire Ier (590 - † 604)

Un mélange de musiques païennes, juives, grecques, et romaines, a engendré la musique officielle de l'Église Catholique Romaine, rassemblée et codifiée sous Grégoire Ier, d'où le nom de chants Grégoriens.

Les manuscrits occupent des pans entiers de bibliothèques. Le chant grégorien connaît de nombreuses modifications au fil du temps, mais les mélodies originales, simples et sacrées ont survécu et constituent la base de la musique rituelle de l'Église latine.

Le récent succès mondial de l'enregistrement Chants grégoriens fait par les moines bénédictins de Sancto Domingo de Silos en Espagne, illustre le regain d'intérêt non seulement au sein de l'Église, mais également dans le monde séculier pour les chants grégoriens. Beaucoup de personnes apprécient ces mélodies nobles sans avoir besoin de comprendre les paroles. Ce son enchanteur et mystique semble porteur d'une transcendance qui va bien au-delà de la signification du texte sacré.

 

De nombreuses maisons de disques ont participé à la résurrection de ces mélodies médiévales, ce qui permet au chant grégorien de retentir également dans les foyers et plus seulement dans les églises. 

Les racines du chant grégorien sont antérieures au christianisme. Les mélodies et la structure sont le résultat d'un amalgame de styles de chants païens, juifs, grecs et romains utilisés jusqu'en 590, que l'Église a récupérés pour ses chants rituels. Ainsi, le chant grégorien existe depuis les origines de l'Église. La Synagogue utilisait déjà une forme de chant grégorien. Dans l'Ancien Testament – et et S. Paul précise même qu'il était un pharisien converti au judaïsme –, il a dit qu'on chantait des chants et des cantiques. Il y avait toujours une lecture des saintes Écritures, quelques commentaires sur leurs significations, puis des chants. Et l'Église a réutilisé cette forme de culte. N'oubliez pas que les premiers convertis étaient juifs. Avec l'essor du christianisme, les Juifs se sont dispersés. Ils étaient déjà convertis, ou bien c'étaient les Apôtres qui partaient. Paul, en particulier était un grand voyageur. Les musiques des différents pays furent intégrées dans le culte. Le chant grégorien n'avait d'unique que son caractère de musique sacrée. C'était un style de musique ordinaire utilisé pour accompagner des textes sacrés. Nous avons perdu le lien avec la musique séculaire qui a continué une évolution propre. Par exemples, la plupart des miracles étaient accompagnés par une musique chantée qui était la musique à la mode, c'était un moyen d'instruire les gens illettrés. (Père Sayles, historien et moine bénédictin, dans le documentaire "Sanctus! The History, Spirit, and Music of The Gregorian Chant", Recherche historique Marc Retish, Musique additionnelle Jon Menell, 1994.)  

 

À l'origine du chant grégorien, il y a les 150 psaumes dont la composition est attribuée au roi David (env. 1000 avant J.C.) Ces psaumes, qui sont des "prières poétiques" pour diverses circonstances, ont eu une place très importante dans la liturgie des Juifs. Jésus lui-même en cite régulièrement des passages et l'on sait que sur la croix, il a récité le Psaume 21: "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné..." Les premières liturgies chrétiennes - qui se déroulent avant que les Évangiles n'aient été mis par écrit - reprennent elles-mêmes les textes des psaumes.

Lorsque les Évangiles sont composés (fin premier siècle), la liturgie chrétienne en saisit certains passages pour les ajouter aux textes déjà connus des psaumes. Ces passages sont choisis en respectant deux grands critères: soit on choisit un passage narratif qui rappelle un épisode de la vie du Christ ou qui reprend une parole tirée de son enseignement, soit on choisit un passage qui exprime une démarche intérieure de foi ou une attitude extérieure capable d'exprimer cette démarche.

On peut aussi trouver des textes plus tardifs qui sont des compositions ecclésiastiques plus ou moins inspirées de textes bibliques.

On aboutit ainsi à la constitution d'un corpus de textes qui possède deux caractéristiques: premièrement, certains textes sont "adaptés" à la liturgie et ne reprennent pas exactement le texte biblique original, et deuxièmement, les "organisateurs" de ces textes sont - à quelques rares exceptions près -anonymes.

Le chant qui est l'ancêtre du grégorien - et au sujet duquel nous ne savons pour ainsi dire rien - n'a pu naître que lorsque l'Église a employé la langue latine. Sans latin, pas de chant grégorien...

Au cours des premiers siècles, la liturgie se fait en grec qui est la langue ordinairement comprise dans le bassin méditerranéen. C'est au cours du IIIe siècle que l'on passe assez rapidement du grec au latin. Mais, contrairement à ce qui a souvent été dit, l'usage du latin ne se fait pas pour permettre aux fidèles qui parlent cette langue de comprendre la liturgie. Car le latin qui va être utilisé par l'Église n'est pas le latin qui est parlé dans la rue et que les gens comprennent: en liturgie, c'est un latin spécial qui va être utilisé dans le but de donner à la chrétienté un outil linguistique pouvant garantir la justesse des notions théologiques. Pour les chrétiens, ce ne sont pas tellement les mots de la liturgie qu'il faut absolument comprendre, mais la liturgie elle-même: c'est par son mouvement, par son déroulement harmonieux qu'elle crée un "climat" capable d'entraîner le fidèle dans la prière. La liturgie s'adresse donc plus à l'oeil qu'à l'ouïe; d'où l'utilité de sa ritualisation et de mise en valeur de sa beauté intrinsèque. Et il en sera ainsi jusqu'au XXè siècle... jusqu'à l'installation des micros et des hauts-parleurs dans les églises qui vont conduire à donner de l'importance à ce qui s'entend - et donc doit être compris des fidèles, alors même que ça ne s'adresse pas à eux directement - au détriment de ce qui doit se voir.

L'histoire du chant grégorien se divise en quatre périodes. Une période de formation entre le début de l'Église et environ 590 ap. J.-C. Il s'est développé plus particulièrement après la fin des persécutions contre les chrétiens en 313, où ils acquirent la liberté de culte (édit de Milan). Cette période marque pour toute la chrétienté une sorte d'éclosion printanière à la fois théologique et liturgique. Dans le même temps, les cinq Eglises-mères (les Patriarcats apostoliques de Jérusalem, Antioche, Alexandrie, Rome et Constantinople) doivent combattre ensemble les premières grandes hérésies gnostiques (S. Irénée de Lyon) afin de maintenir la vraie foi, l'"orthodoxie". C'est toujours le respect de la liturgie reçue des "Anciens" qui va garantir la fidélité à la vraie foi. Ainsi donc, au moment où la liturgie passe du grec au latin au IIIe siècle, puis pendant tout le premier millénaire, l'unité de la foi sera maintenue en même temps que l'unité de la prière liturgique. Unité dans la variété (et non dans l'uniformité), si l'unité liturgique demeure bien marquée, elle n'exclut jamais des différences légitimes, principalement dans les formes et les expressions extérieures du culte. La liturgie de l'Église présente des visages variés avec une grande variété de rites, chacun ayant son chant propre.  

Parmi ces chants existe le "romain", propre à la liturgie romaine. On sait peu de choses à son sujet. Probablement n'était-il pas très démonstratif, très orné: à Rome, on se voulait plus attentif aux textes sacrés qu'aux mélodies. À Jérusalem, puis à Antioche, à Alexandrie, à Rome, et plus tard à Byzance, le même enseignement évangélique, la même filiation apostolique et la même prière liturgique, unissent toutes les communautés chrétiennes tant orientales qu'occidentales. Le noyau central de la liturgie - la "fraction du pain" - est sensiblement le même partout. Mais autour de la prière eucharistique qui constitue le coeur de la liturgie (offrande, récit de la Cène, consécration et communion), s'ajoutent peu à peu d'autres éléments (lectures de lettres des Apôtres, d'extraits de l'Évangile, prières d'intercessions, processions, proclamation du Symbole des Apôtres, de la "Prière de Jésus", prières d'action de grâces... etc.) dont l'agencement va donner la forme spécifique de chaque rite.

 

En 590, Grégoire Ier fut élu pape après avoir été moine, puis abbé. Il a donné son nom au chant grégorien bien qu'il soit improbable qu'il ait composé quoique ce soit, mais il a organisé des mélodies qui existait déjà, les a ressemblées dans des livres pour qu'elles soient facilement accessibles, et aussi attribué des textes et des mélodies au divers actes du culte. Il a en fait organisé tout un ensemble de musiques qui existaient depuis des siècles. Et aussi il a créé des écoles de chants. (Père Sayles.)

L'introït (procession d'entrée), l'offertoire et la communion, les chants les plus importants de la messe, n'ont été écrits que des années après la mort de S. Grégoire.

S. Augustin de Cantorbéry

Avec la diffusion du christianisme dans toute l'Europe, les chants utilisés au cours des cérémonies variaient d'une région à l'autre. Le pape Grégoire envoya l'abbé bénédictin Augustin (fondateur de l'église anglo-saxonne, † 605) accompagné de quarante moines romains en Angleterre pour convertir les Anglo-Saxons. Ils traversèrent les Alpes et la France et eurent l'occasion au cours de ce voyage d'assister à des services bien différents de ceux auxquels ils étaient habitués à Rome. Cette découverte leur ouvrit de nouvelles perspectives, et lorsqu'ils s'installèrent en Angleterre, Augustin envoya un messager demander au pape quelle forme de musique et de prière liturgique ils devaient utiliser, la romaine ou la gauloise. Le pape lui donna la permission d'utiliser les prières et la musique que préféraient les fidèles, et susceptibles de plaire à Dieu. 

Chaque école possède sa propre originalité. Vous avez l'école romaine sous le règne de Pépin et de son fils Charlemagne. Ils ont pensé qu'adopter ce type de musique pour le culte pouvait unifier l'empire. Ils ont donc encouragé Pierre, qui était diacre et qui connaissait parfaitement le grégorien à généraliser son utilisation. Ils l'ont fait venir en France, puis voyager pour apprendre aux gens le chant grégorien. Des manuscrits apparurent avec du texte et des gribouillis. Il y a donc une école romaine et une école gallicane ou française. Il y a également l'école ambrosienne (rite ambrosien) antérieure à l'école romaine. La forme du chant diffère du chant romain, elle est influencée par les Arabes qui envahirent le sud de l'Espagne

Le chant grégorien se caractérise par l'absence de rythme. Il semble flotter dans l'air sans effort et n'est interrompu par aucune pause. Il transporte les gens dans un autre monde.

Quand on écoute le chant grégorien, on ressent quelque chose de fort même si on ne comprend pas ce qui se dit. Le son de la musique suffit à nous transcender au-delà de nous, à un niveau plus élevé, spirituel. La musique du chant grégorien comprend des accents aigus caractéristiques, légers et courts, et pourtant forts. Ils apportent ce côté aérien qui fait que les pensées et les sentiments sont plus proches du surnaturel que du monde terrestre.

Il existe essentiellement deux types de mélodies pour les plains-chants, la syllabique (où chaque syllabe est portée par une seule note) et la mélismatique (où chaque syllabe est portée par plusieurs notes).

Le chant syllabique était un type de chant simple dans lequel à chaque syllabe correspond une seule note, parfois plusieurs à certains endroits. Dans le chant mélismatique, les syllabes sont chantées sur plusieurs notes.

 

Aujourd'hui, l'originalité et la simplicité de ces chants ont traversé les âges et procurent toujours le même sentiment de sérénité et de plénitude.

Dans les communautés qui observent la forme de Paul VI, certaines parties de l’ordinaire de la messe (Kyrie, Gloria, Credo, Pater noster, Sanctus, Agnus Dei) sont chantées en latin sur les airs traditionnels grégoriens, mélangés aux chants liturgiques en langue vernaculaire.

 

Le Père Sayles, dans le documentaire "Sanctus! The History, Spirit, and Music of The Gregorian Chant" (Recherche historique Marc Retish, Musique additionnelle Jon Menell, 1994) indique que le chant grégorien peut être chanté dans les langues vernaculaires. Selon lui: 

"si le chant grégorien n'est pas traduit dans les langues parlées, il va disparaître. Plus personne ne l'utilisera. Aux États-Unis, peu de personnes le font. Certaines y sont opposées. Je chante parfois en anglais. Cela gêne les personnes qui ont un sens poétique, particulièrement les hymnes parce qu'elles ne riment pas. Dans le texte latin des hymnes, il n'y a aucune volonté de rimes, ce n'était pas le style de l'époque l'époque. Mais biensûr il existait une métrique définie. Ce que fait Soeur Cécile (elle est très forte pour cela et je l'aide pour la traduction), elle ne transpose pas exactement le latin, mais les idées selon la métrique latine. Il n'y a donc pas de décalage entre l'anglais et la musique des chants."

 

« "Au troisième congrès de musique sacrée, qui s'est tenue à Paris en 1957, Joseph Samson a dit en substance : "Si entendre ou chanter du chant grégorien ne mène pas à une vie spirituelle plus intense, rien ne sert de chanter. Si la prière n'apporte pas d'aide, autant se taire. Si elle ne calme pas le tumulte intérieur, autant ne rien faire. Si elle n'a pas le même pouvoir que le silence qu'elle brise, place au silence. Et si le chant grégorien n'encourage pas le silence, il est inutile." C'est une pensée très profonde.

« [...] Ce qu'il est essentiel de retenir, c'est que le chant grégorien est (par-dessus tout) une prière chantée. » (Père Sayles, historien et moine bénédictin, dans le documentaire "Sanctus! The History, Spirit, and Music of The Gregorian Chant", Recherche historique Marc Retish, Musique additionnelle Jon Menell, 1994.)

C'est pour cette raison que les cérémonies religieuses et les actes de foi sont un moment idéal pour l'exécution de ces mélodies sans âge. Il n'existe nulle part dans le monde d'oeuvres musicales aussi anciennes, aussi vastes et pourtant aussi pures que le chant grégorien.

 

Un proverbe bulgare dit que le silence irrite le diable.

Nombre de célébrations liturgiques sont si peu propices au silence que le malin pourrait s’y sentir à l’aise.

Une liturgie faite de silence est souvent le dernier refuge du croyant. Malheureusement, on trouve aujourd’hui trop peu de prêtres qui savent cela. (Source: Pro Liturgia - Actualité du jeudi 19/05/2016 )

 

"Le vrai et bon silence appartient toujours à celui qui veut sa place aux autres, et surtout à tout autre, à Dieu." (Cardinal R. Sarah)

 

 

LireDans la liturgie, Dieu parle à son peuple, le bruit l'en empêche

 

« Le chant grégorien n'est plus audible par celui qui, relativiste, n'admet que ce qu'il comprend ou ressent. Or la liturgie chantée en grégorien nous apprend à déjouer cette prétention: elle nous fait approcher Dieu en shuntant le circuit usé de la connaissance sceptique ou sensuelle (pour reprendre ici une expression du P. Diradourian). Le chant grégorien conserve cette possibilité de connecter l'homme directement au mystère de Dieu qui ne se révèle pas "aux sages et aux intelligents" mais qui se fait "sensible au coeur". Ainsi le chant grégorien, né de la contemplation des mystères divins, est-il une théologie mise à la portée des plus humbles. Voilà pourquoi le concile Vatican II, dans sa Constitution Sacrosanctum concilium sur la liturgie, a jugé nécessaire d'en rappeler toute la valeur. » (Source: Pro Liturgia )

PRO LITURGIA, Vendredi 10/4/2015 : Quelques conseils pour chanter le grégorien...

 

1. CONTRÔLER SA VOIX.

Souvent, nous perdons le contrôle de notre voix dès que nous chantons : nous nous mettons à chanter fort, plus fort que les autres, quand nous pensons bien connaître un chant, ou quand une pièce nous plaît particulièrement, ou encore quand l’accompagnement de l’orgue est trop fort, ou que la puissance des micros de l’église est mal réglée et que celui qui chante à l’ambon incite à chanter... encore plus fort que lui.

Souvenons-nous que même si nous avons à remplir le volume d’un sanctuaire, Dieu n’est pas sourd ! Il nous faut donc sans cesse garder le contrôle de ce que nous chantons, de la façon dont nous chantons. Et garder aussi un bon “tempo” : un chant ne devient pas plus “religieux” parce qu’il est chanté avec lenteur.

Chacun doit donc apprendre à garder le contrôle de sa propre voix : le célébrant à l’autel, le chantre à l’ambon, le choriste à la tribune, le fidèle dans la nef. Pour cela, avant de vouloir chanter à tout prix, il faut apprendre à écouter et à respecter le silence du sanctuaire dans lequel se déploie la louange. Ecouter : c’est essentiel !

 

2. NE JAMAIS CHANTER UNE SUCCESSION DE NOTES.

Le grégorien n’est pas un chant constitué d’une succession de notes, mais d’inflexions vocales. N’oublions jamais que le chant grégorien a été composé et a été chanté en des siècles où les notes n’existaient pas.

Le grégorien est d’abord une parole chantée ou, si l’on préfère, une “parole qui chante”, une “parole devenue chant”. C’est donc bien le mot latin qu’il faut faire chanter ; et au-delà du mot, toute la phrase. Ce qui n’est pas la même chose que chanter une succession de notes et de syllabes sans y mettre le moindre relief !

 

3. APPRENDRE À ARTICULER.

Le respect de la valeur des syllabes - valeur élastique même quand elle est traduite par un simple “punctum” dans les livres de chant - de la couleur des voyelles, du timbre des consonnes... est essentiel.

Chaque mot doit être correctement articulé pour pouvoir être correctement chanté et clairement entendu. C’est ainsi qu’il aura sa propre vie au sein de la phrase grégorienne.

Le latin est une langue qui ne connaît pas les liaisons. Il faut donc éviter de “coller” la fin d’un mot au début du mot suivant. Par exemple, pour “Agnus Dei”, le “s” de “Agnus” achève le mot “Agnus” et ne doit pas coller au mot “Dei”. Il ne faut donc pas entendre “Agnu - sdei” ou encore, comme c’est si souvent le cas dans Messe XVII pour l’Avent et le Carême, “A - gnusde - i”. Même chose dans le “Credo” où l’on entend trop souvent “Patre - momnipotentem”...

 

4. BIEN ACHEVER LES MOTS ET LES PHRASES.

Tout mot latin, toute phrase, a une syllabe finale qui a autant d’importance que l’ensemble du texte de la pièce qu’on chante. Les finales doivent être particulièrement soignées, posées sans heurts et non pas brusquement rompues ou appuyées.

La finale d’un mot achève l’épanouissement de l’accent réalisé sur la syllabe importante de ce mot (= l’accent verbal indiqué par un accent aigu dans les livres de chants : exemple “iustificatiónibus”). Le développement de la syllabe finale d’une phrase met en relief l’atmosphère qui se dégage de l’ensemble de la pièce : son traitement mérite donc un soin particulier.

 

5. NE PAS CHANTER DE FAÇON DISTRAITE.

Il est important de toujours chanter en faisant attention en même temps à ce qui est écrit dans le livre et aux indications données par le maître de chœur.

Ce n’est pas parce qu’on croit bien savoir une pièce grégorienne qu’il faut relâcher son attention : les chantres qui sont sûrs d’eux parce qu’ils connaissent une pièce par cœur sont souvent ceux qui répètent inlassablement les mêmes erreurs. Croyant pouvoir se dispenser de faire attention, ils ne tiennent pas compte des indications données par le maître de chœur et souvent même entraînent les autres choristes dans leurs fautes... C’est ce qui explique que les pièces les plus courantes sont généralement les moins réussies : la fameuse “Messe des Anges” et le populaire “Credo III” sont souvent exécutés d’une façon fort peu... “grégorienne”.

Il faut donc se concentrer et, à la fin d’une pièce, ne pas bouger tant que le maître de chœur n’a pas fait signe qu’on peut poser son livre de chant et tant que le silence qui suit la dernière note chantée n’est pas total. Même le chant d’un “amen” demande de la concentration et de l’application : le “amen” le plus simple se chante sur deux notes. Existe-t-il beaucoup de chorales capables de respecter ces deux notes ? Non. Car en général, par manque de concentration, d’attention, on se laisse entraîner à doubler, à tripler la valeur de ces deux notes, ce qui a pour effet de produire un “amen” pâteux, lent... Surtout si l’organiste croit utile d’accompagner cette acclamation en plaquant deux accords. On entend alors : “aaaaaaaaa - meeeeeeeen”.

 

6. NE PAS RALENTIR LE CHANT.

Le ralentissement est un phénomène naturel : une foule a toujours tendance à ralentir le chant. Il faut donc que les choristes veillent à ne pas chanter lentement, surtout au démarrage des pièces. Le grégorien doit demeurer un chant souple, léger, vivant : évitons de le traîner sous prétexte qu’il est un “chant sacré” et qu’un chant sacré est nécessairement lent (ce que l’on prétendait au XIXe siècle).

Certes, chaque pièce possède sont propre “tempo” et l’on ne chante pas un graduel comme on chante un introït. On ne chante pas non plus un “Credo” - qui est une proclamation - comme on chante un “Sanctus”, qui est une louange où nos voix sont associées à celles des anges (cf. Préfaces).

Enfin, pour ce qui concerne la vitesse du chant, il faut tenir compte de deux autres facteurs importants : l’acoustique de l’église et le nombre de choristes. Une acoustique généreuse impose un “tempo” plus lent. Ceci pour éviter que le chant ne devienne une véritable “soupe”. Une schola composée de 5 ou 6 choristes chevronnés, habitués à chanter ensemble, permet un chant plus souple, plus allant, qu’une chorale de 30 personnes. De ce fait - pour ne prendre que cet exemple - un verset d’ “Alleluia” chanté par 5 chantres (ce qui est suffisant) devra être plus fluide que l’ “Alleluia” orné de son “iubilus”. Il ne faut pas hésiter à marquer ces contrastes pour respecter le style de chaque pièce.

 

7. RESPIRER CALMEMENT.

La respiration est d’autant plus importante que le grégorien impose parfois de chanter de longues successions de notes : des mélismes.

Pour réussir à chanter une longue phrase musicale, mieux vaut ne pas attendre le dernier moment pour reprendre son souffle : mieux vaut respirer souvent - et surtout calmement - pour bien remplir ses poumons. Cette façon de faire permet d’aller plus loin dans la phrase suivante.

Pour bien respirer, il faut “quitter le chant” doucement - ce qui ne peut se faire que si l’on n’est pas déjà à court d’air -, continuer à chanter dans sa tête pour ne perdre ni le “tempo” ni le texte, puis revenir dans le chant en fondant sa voix dans le chœur sans attaquer brutalement la note sur laquelle on repart. De cette façon, il n’y aura pas de “trou” dans le chant... ce qui se produit généralement quand tous les chantres attendent consciencieusement d’être à bout de souffle pour respirer et reprennent inévitablement de l’air tous au même moment.

 

8. AVOIR UNE BONNE TENUE.

Pour bien chanter, il est nécessaire d’avoir une bonne tenue : être bien droit et avoir une bonne assise sur les deux jambes... sans être raide.

Il faut tenir son livre des deux mains et à hauteur de la poitrine, ce qui permet de suivre le texte et les notes tout en gardant toujours un œil sur les indications gestuelles données par le geste du maître de chœur.

La tête doit rester droite : ce sont les yeux qui travaillent et qui bougent pour suivre la direction du maître de chœur, et non le cou ou la nuque. Il faut absolument s’interdire tout geste, tout mouvement qui conduirait à faire sa propre direction du chant, indépendante de celle du maître de chœur. Dom Cardine, à Solesmes, disait que même emporté par le chant, le choriste n’a le droit que de remuer discrètement un orteil dans sa chaussure... Enfin, il ne faut jamais regarder ailleurs que devant soi, même si le voisin fait une fausse note ou s’il y a un bruit distrayant quelque part : la pratique du chant grégorien n’est pas difficile en elle-même, mais elle exige toujours une certaine discipline.

 

9. APPRENDRE À “ECOUTER LA PARTITION” AVEC LES YEUX.

Avant de vouloir chanter, il convient d’avoir une vue d’ensemble de la partition musicale, de la pièce : il faut donc, avant tout, avoir préalablement repéré les notes essentielles, les formules mélodiques qui reviennent en plusieurs endroits, les montées et les descentes importantes, les mots soulignées par des notes particulières ou des mélismes, les phrases musicales qui se répondent ou s’opposent... etc.

Quand l’œil a bien fait ce premier travail de déchiffrage, alors l’ “oreille intérieure” se met à l’ouvrage à son tour : elle permet d’entendre déjà en soi-même, grosso modo, la mélodie de la pièce. Certaines subtilités apparaissent alors et se mettent déjà en place : en travaillant la pièce avec les autres choristes, on ne sera plus surpris par tel ou tel passage délicat.

Quand l’oreille intérieure a correctement achevé son travail, c’est alors la voix qui entre en action. A ce moment, il faut bien s’écouter soi-même et prendre conscience de ce que l’on fait : il faut contrôler si ce que l’on chante correspond bien à ce que l’on avait entendu intérieurement et se souvenir qu’une bonne exécution d’une pièce grégorienne résulte d’un subtil dosage de 20% de chant... et de 80% d’écoute attentive.

Enfin, le maître de chœur corrige, achève et parfait le travail.

 

10. L’ORGANISTE.

L’organiste donne le ton d’une pièce sans faire de fioritures.

Il accompagne le plus discrètement possible en veillant à être dans le mode de la pièce. (Un bel exemple d’accompagnement qui ne respecte habituellement pas le mode d’une pièce est celui du “Credo I” : dans les livres d’accompagnements, il est systématiquement donné en majeur alors que le 4e mode dans lequel il est écrit impose le mineur).

Aux respirations, l’organiste devance très subtilement les choristes afin que ceux-ci ne soient pas hésitants à la reprise de la note qui débute la phrase musicale suivante.

L’organiste ne traîne pas, surtout lorsqu’il s’agit d’accompagner une assemblée qui a l’habitude de ralentir. Il s’abstient d’utiliser des jeux de 2’ ou des fournitures, lesquelles ont généralement pour effet de faire “brailler” les assemblées qui, à ce moment, ne font plus attention à la façon dont elles chantent.

 

11. LE MAÎTRE DE CHŒUR.

Il reste un mot à dire à propos du maître de chœur. Ou plutôt de sa direction. Partons du principe qu’il connaît les bases de l’interprétation du chant grégorien : l’importance de l’accent latin, le sens à donner à chaque épisème en fonction de sa place dans le texte, le rôle joué par les “coupures neumatiques” qui structurent les pièces ornées ainsi que les mélismes... etc. Ne donnons donc ici que quelques conseils - ou “trucs” - qui aideront à obtenir la meilleure interprétation possible du chant. Il conviendra surtout :

- d’éviter une direction à deux temps ou qui fait des “moulinets” ;

- d’éviter une direction faite de gestes trop “morcelés” qui conduiraient à briser l’unité des mots et des phrases ;

- de donner de l’élan au chant, surtout dans les passages ascendants ; et pour cela mieux vaut s’interdire de faire comme des vagues en agitant les bouts des doigts ; mieux vaut toujours “porter” le chant en le dirigeant paumes des mains dirigées vers le haut ;

- d’éviter de laisser tomber - ou mourir - les fins de phrases (même là, la paume de la main est dirigée vers le haut afin de faire sentir que la dernière syllabe doit être correctement posée) ;

- de préparer le bon tempo d’une pièce afin que l’interprétation ne donne pas l’impression de démarrer de façon “poussive” et de n’atteindre sa “vitesse de croisière” qu’après échauffement des choristes.

 

 

Source: http://www.proliturgia.org/

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14 septembre 2018 5 14 /09 /septembre /2018 15:27

Depuis quelques semaines, à l’église Saint-Joseph de Biarritz (ancien couvent des dominicains), desservie par les prêtres de la Communauté saint Martin, les messes de semaine sont célébrées versus orientem à l’autel du saint sacrement. Un exemple à suivre.

 

Source: Pro Liturgia, Actualité du 14 septembre 2018

Église Saint-Joseph de Biarritz : Messe versus orientem
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6 septembre 2018 4 06 /09 /septembre /2018 15:21

On dit, avec raison, que dans la liturgie, Dieu parle à son peuple.

Mais si, au cours des célébrations liturgiques, le peuple ne s’emploie plus qu’à chanter, à remuer, à faire des commentaires... alors, le bruit qu’il fait ne permet plus à Dieu de se faire entendre. Et le peuple, tout occupé qu'il est à s'exprimer, ne peut plus écouter Dieu.

On dit qu’il faut « animer » les célébrations liturgiques. Réfléchissons : « animer » signifie « donner une âme ». Si donc il faut « animer » les célébrations, c’est que les messes n’ont plus d’âme... Quand une messe n’a plus d’âme, elle devient morte, ennuyeuse, pénible. Voilà pourquoi certains célébrant essaient de trouver un « truc » qui rendra la célébration moins rebutante : rondes, fabrication de panneaux, mots d’accueil et souhaits de bon dimanche... Il faut bien trouver des occupations pour passer le temps en attendant le « allez dans la paix du Christ » libérateur.

 

Source: Pro Liturgia, Actualité du jeudi 6 septembre 2018

Dans la liturgie, Dieu parle à son peuple, le bruit l'en empêche
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20 juin 2018 3 20 /06 /juin /2018 21:06
Témoignage d'un organiste

Témoignage d’un fidèle :

« Bien qu’étant organiste, je ne suis attaché à aucune paroisse. Le dimanche, je ne joue nulle part. Ce qui m’évite de devoir accompagner des célébrations sans intérêt du fait que le célébrant s’attache davantage à suivre le programme élaboré par l’équipe liturgique locale que le missel romain. Et puis, restant dans la nef au lieu d’être sur une tribune, il m’est plus facile de quitter les lieux lorsque la célébration devient indigente au point d’être insupportable.

N’ayant pas de service dominical régulier à assurer, il m’arrive assez régulièrement de recevoir des appels téléphoniques : « Nous ne trouvons pas d’organiste pour dimanche prochain ; est-ce que vous accepteriez de nous dépanner ? » Comme je fais partie de cette génération d’organistes qu’on a “gentiment” évincés dans les années 1970-80 au motif que pour attirer les jeunes à l’église il fallait faire des “messes rythmées” au cours desquelles les guitares et les batteries devaient remplacer l’orgue, j’ai parfois envie de répondre : « Vous devriez plutôt faire appel à des membres des anciens groupes de rock qui ont pris la place de nos anciennes chorales. » Je m’abstiens, bien sûr, et je demande plutôt quel “type de messe” il s’agit d’accompagner. Et là, j’obtiens généralement deux sortes de réponses : soit il s’agit d’accompagner une messe “de S. Pie V”, soit il s’agit d’accompagner une messe paroissiale “ordinaire”.

Lorsqu’on me précise qu’il est question d’accompagner une messe “de S. Pie V”, j’accepte. Les choses sont simples : il suffit d’arriver à l’heure à l’église, de monter à la tribune, de se mettre aux claviers de l’orgue, d’ouvrir le “paroissien romain” (le missel) à la bonne page et... d’accompagner la messe. Pas besoin d’aller chercher un programme de chants à la sacristie ; pas besoin de demander au célébrant ce qu’il fera et comment il fera... Tout juste est-il nécessaire de prévoir, avant la messe, une demi-heure de répétition avec les choristes afin d’accorder le chant avec l’accompagnement. Quant à la messe, elle se déroule toujours comme elle doit se dérouler : il n’y a ni mauvaises surprises, ni fantaisies du célébrant.

Lorsqu’on me précise qu’il s’agit d’accompagner une messe paroissiale “ordinaire”, je me risque habituellement à demander : « Qu’est-ce que vous chantez ? Quel est le programme ? » Et là, les réponses varient du tout au tout d’une paroisse à l’autre avec, cependant, un point commun : le grégorien ne subsiste plus, dans le meilleur des cas, que pour le “Credo”.

Récemment, lorsque j’ai demandé à la personne qui me téléphonait quel était le “programme”, il m’a été répondu : « Nous chantons ce qui se chante dans les autres paroisses. » « C’est-à-dire ? » ai-je demandé. Et là, j’ai eu droit au programme concocté par l’équipe liturgique locale : en guise de pièces du Propre, les rengaines habituelles et en guise de l’Ordinaire, des machins en français qui ne respectaient pas les textes officiels et dont les refrains rappelaient l’air de la poule sur un mur qui picotte du pain dur. Bien entendu j’ai répondu à la personne que j’avais au bout du fil que je n’accompagnais pas ce genre de messe parce qu’elle ne respectait pas la liturgie de l’Eglise catholique. J’ai alors senti que ce que je venais de dire là passait à des années-lumières de mon interlocuteur, les explications que je tentais de donner me faisant passer pour un indécrottable “traditionaliste qui refuse les messes conciliaires”. “Traditionaliste” ? J’assume de porter cette étiquette qui fait bien rire les personnes qui me connaissent.

Parfois, lorsque le “programme” de la messe paroissiale “ordinaire” me paraît relativement classique et que je sais que le célébrant n’est pas spécialement un innovateur en liturgie, j’accepte de venir dépanner. Mais même dans ce cas, il faut que je m’attende tout au long de la célébration, à des variations plus ou moins insolites auxquelles je devrai m’adapter : ici, c’est le “Je confesse à Dieu” qui passe à la trappe ; là c’est l’embolisme qui suit le “Notre Père » qui est systématiquement omis ; ailleurs le pain et le vin sont offerts ensemble au moment de l’offertoire... Et presque partout, il faut subir un animateur qui, sans aucune formation musicale, fait traîner une assemblée ne sait plus s’il faut le suivre lui ou s’il faut se caler sur l’orgue. Presque partout le service d’autel d’une liturgie minimaliste est assurée par deux ou trois fillettes obligées de donner des coups de tête pour remettre leur queue de cheval en place. Presque partout, les lectures sont assurées par des dames qui, arrivée à l’ambon, commencent par mettre sur le nez leurs lunettes à verres progressifs... Partout ces mêmes tics, ces mêmes mauvaises habitudes qui donnent aux célébrations paroissiales cette désagréable impression d’être défectueuses sur le plan liturgique.

Mais surtout, ce je vois surtout et c’est ce qui est inquiétant, c’est que les jeunes pour lesquels on organise des messes-spectacles à l’occasion des communions solennelles ou des confirmations ne sont pas là : pas un seul ! Ces messe paroissiales “pauvrettes” font systématiquement le vide autour d’elles.

Telles sont les choses que je constate quand il m’arrive d’accepter d’accompagner à l’orgue une messe dominicale. Service qui, bien souvent, se limite à n’être plus qu’une B.A. dominicale qui, sur le plan, de la foi ne m’apporte vraiment pas grand-chose. »

 

Source: Pro Liturgia, Actualité du mardi 19 juin 2018

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20 juin 2018 3 20 /06 /juin /2018 20:51
Comment notre monde a cessé d'être chrétien ?

Seuls 3% des fidèles catholiques vont à la messe le dimanche. Les séminaires sont pratiquement vides. Le nombre de jeunes refusant d’aller au catéchisme et d’être confirmés est en augmentation. Les statistiques sont là, implacables. On nous dit que cette situation n’est pas imputable à nos évêques : ils ont fait ce qu’ils ont pu mais leurs directives n’ont pas été suivies. Vraiment ? Que celui ou celle qui se souvient d’avoir entendu un évêque rappeler les normes liturgiques et avoir ouvertement soutenu ses prêtres qui respectaient le missel romain lève le doigt. Personne ? En fait, les évêques ont été - et sont encore, à deux ou trois exceptions près - les grands responsables de la situation que nous connaissons aujourd’hui et qui vient de ce que les directives qu’ils ont données allaient toutes dans des directions opposées à celle indiquée par l’Eglise, comme le montre le sociologue Guillaume Cuchet dans « Comment notre monde a cessé d’être chrétien » (éd. du seuil, 2018) et comme l’a laissé entendre Mgr Gaidon dans « Un évêque français entre crise et renouveau de l’Eglise » (éd de l’Emmanuel) ou encore l’académicien André Frossard dans « Le parti de Dieu ; lettre ouverte aux évêques » (éd. Fayard). Voici pêle-mêle ce qui fut fait au cours des années 1970-90 (les plus anciens s’en souviennent) avec la bénédiction de nos pasteurs diocésains et qui a aura conduit, sans faire de bruit, à la situation calamiteuse qui se prolonge actuellement :


 

1. Liturgie :

- retournement des autels et généralisation des « messes face au peuple » ;

- suppression des messes en latin (nous parlons ici uniquement de la « forme ordinaire ») et limitation drastique du chant grégorien ;

- suppression de la confession individuelle au profit d’absolutions collectives célébrées les veilles de grandes fêtes (Noël, Pâques, Toussaint) ;

- suppression des agenouilloirs afin que les fidèles ne puissent plus exprimer un sentiment d’adoration ;

- obligation de rester debout pour recevoir la communion et de prendre l’hostie dans les mains ;

- encouragements à chanter « par Lui, avec Lui et en Lui... » avec le célébrant à la fin de la prière eucharistique ;

- suppression du « Je confesse à Dieu » et du rite du lavement des mains à l’offertoire ;

- obligation de truffer la messe de mots d’accueil, de bienvenue et de souhaits de « bon dimanche » ;

- liberté laissée aux célébrants de modifier ou d’ « adapter » tel rite, telle oraison ;

- liberté laissée aux prêtres de ne pas revêtir la chasuble pour célébrer la messe ;

- appel lancé aux fillettes pour servir la messe ;

- systématisation de la distribution de la communion par des laïcs ;

- messes épiscopales célébrées dans des cirques, des aut-tamponneuses, des salles de sport, des salles de spectacles...

- liturgies « revisitées » par des « équipes d’animation pastorale » regroupant des laïcs qui n’ont jamais lu ni les textes conciliaires ni la Présentation Générale du Missel romain.


 

2. Catéchèse.

- publication de parcours catéchétiques (le plus bel exemple étant « Pierres vivantes ») passant sous silence les connaissances de base de la doctrine catholique ;

- catéchèses paroissiales assurées par des laïcs peu formés et parfois même non-pratiquants ;


 

3. Séminaires ; formation des candidats au sacerdoce.

- aucune formation liturgique solide ;

- discrédit jeté sur les candidats au sacerdoce qui veulent mettre en application des enseignements du Concile.


 

4. Clergé.

- obligation faite aux prêtres d’abandonner l’habit ecclésiastique, le costume-cravate de « cadre légèrement supérieur » devenant le signe distinctif des évêques.

- obligation de passer sous silence des documents magistériels tels que le « Directoire pour le ministère et la vie des prêtres », l’ Exhortation « Sacramentum Caritatis », l’Instruction « Redemptionis Sacramentum »...


 

Nous récoltons aujourd’hui ce qui fut semé hier par nos évêques...

 

Source: Pro Liturgia, Actualité du mercredi 20 juin 2018

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3 juin 2018 7 03 /06 /juin /2018 14:20

Viens Esprit de sainteté, viens, Esprit de lumière

 

R. Viens, Esprit de sainteté,

viens, Esprit de lumière,

Viens, Esprit de feu,

viens, nous embraser.

 

1. Viens, Esprit du Père, sois la lumière,

Fais jaillir des cieux ta splendeur de gloire.

 

2. Viens, onction céleste, source d'eau vive,

Affermis nos cœurs et guéris nos corps.

 

3. Esprit d'allégresse, joie de l'Eglise,

Fais jaillir des cœurs, le chant de l'Agneau.

 

4. Fais-nous reconnaître l'amour du Père,

Et révèle-nous la face du Christ.

 

5. Feu qui illumines, souffle de la vie,

Par toi resplendit la croix du Seigneur.

 

6. Témoin véridique, tu nous entraînes

A proclamer : Christ est ressuscité !

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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 14:44

Source: Aurelio Porfiri

La Nuova Bussola Quotidiana

14-05-2018

La beauté de la liturgie comme instrument de conversion

La bellezza della liturgia come strumento di conversione, La Nuova Bussola Quotidiana

 

Il fut un temps où l'on pensait que la pleine beauté des rites liturgiques de l'Église catholique était un instrument efficace de conversion. Après tout, Benoît XVI a également dit que les deux grandes preuves de la vérité du catholicisme sont la beauté et la sainteté. Cela était connu par le frère Jean de Marignol (Giovanni de Marignolli), envoyé en mission dans l'empire chinois (alors dominé par la dynastie Yuan d'origine mongole). Déjà ici d'autres frères franciscains étaient actifs, tels que Jean de Montecorvino (Giovanni da Montecorvino), Jean de Plan Carpin (Giovanni da Pian del Carpine) et Odoric de Pordenone (Odorico da Pordenone), entre autres. Mais la mission chinoise sera toujours parmi les plus difficiles, pour diverses raisons.

 

Giovanni de Marignolli était probablement d'origine florentine, sa famille était active dans le village de San Lorenzo. En 1338, il fut chargé d'une mission spéciale: "Après avoir pris l'habit franciscain de Sainte Croix à Florence, il fut lecteur à l'étude de Bologne, où deux documents attestent sa présence entre mars et décembre 1332. En 1338, il était à Avignon. d'où il est parti avec un grand groupe de confrères pour une mission diplomatique décidée par le Saint-Siège dans l'empire mongol du khan Togan Temur (décembre 1338). Le but de la mission était de répondre aux pressions répétées de la cour mongole et des dignitaires chrétiens y travaillent pour rétablir une présence franciscaine après la mort de l'archevêque de Pékin, Giovanni da Montecorvino, décédé dix ans plus tôt. Le prélat n'a pas encore été remplacé bien que Jean XXII, le 18 septembre 1333, ait nommé le successeur en la personne du frère mineur Nicolò, qui est décédé l'année suivante avant d'arriver à cet endroit.

Pour des raisons non précisées, le chef de la délégation nommée en 1338 par Benoît XII, Nicolas Bonet, doit rapidement revenir à Avignon et M. prend sa place, même s'il n'y a pas eu de disposition officielle pour le sanctionner. Déjà à Constantinople, en mai 1339, il tenta un rapprochement avec le patriarche grec Jean (XIV) Calecas. Le 24 juin, M., passant par Caffa et Azov, arriva à Saraj, accueilli par Uzbek Khan qui lui fournit des chevaux et des vivres. En 1340, la mission atteignit Almalyk, dans le territoire de Khazko, où se trouvait déjà un important peuplement franciscain détruit par Ali Sultan qui, contrairement à son prédécesseur Kazan Khan, avait banni toutes les religions non musulmanes du Khanat. La mission, n'ayant pas respecté l'édit de proscription, avait été dévastée et trois frères, un tertiaire, deux convertis, un marchand et l'évêque Riccardo de Burgundia avaient été tués l'année précédant l'arrivée de Marignolli. Après la mort d'Ali Sultan, M. a été en mesure de rétablir de bonnes relations avec les nouveaux dirigeants et de financer et reconstruire la communauté, l'achat de terres pour de nouveaux logements et la construction d'une nouvelle église.

Quelques frères de la délégation s'arrêtèrent ainsi à Almalyk pour reprendre le travail des frères tués. En 1342, M. atteint Pékin, après avoir traversé le désert de Gobi. Accueillis en audience solennelle par Togan Temur le 12 août, les trente-deux frères ont remis les lettres du pape et ont repris l'activité d'assistance spirituelle aux chrétiens résidant à la cour. Le khan fournissait directement aux mineurs, en leur fournissant également des sommes substantielles (que M. estimait à environ 4000 marks), comme coutume des tribunaux mongols, coutumier d'accorder aux frères frères, c'est-à-dire des vitalités et des subsides impériaux" (Paolo Evangelisti, Giovanni de Marignolli, Dictionnaire biographique des Italiens, Volume 70, 2008).

Bref, le bon frère Jean avait réussi à rétablir une relation qui n'était pas facile compte tenu des différentes distances, non seulement géographiques, mais aussi culturelles, qui étaient peut-être encore plus importantes. Là où Jean, m'intéresse particulièrement ici, c'est lorqu'il nous donne ce beau témoignage dans sa Relatio de sa rencontre avec le Khan: "Nous avons été admis en présence du Khan, je portais les vêtements sacrés, j'étais précédé d'une belle croix et accompagné de bougies et de l'encens, en chantant le Credo in unum Deum en présence du Khan, qui attendait dans son glorieux palais. Quand le chant fut fini, je lui donnai ma bénédiction solennelle, qu'il reçut avec humilité" (dans Jean Pierre Charbonnier, Chrétiens en Chine, Ignatius Press, 2007, ma traduction). Comme il est bon de penser que l'annonce faite par le frère italien est partie de la beauté de la liturgie, des vêtements sacrés, des bougies et de l'encens, de la solennité du latin, du chant liturgique. Le Khan l'a reçu avec beaucoup de respect, même s'il ne s'est pas converti personnellement. Mais comme dit, les distances culturelles entre les deux mondes étaient certainement énormes.

J'aime à penser que la "diversité catholique" fortement affirmée à travers sa liturgie a certainement mérité ce respect et ce soutien de l'empereur mongol, une étape dans une histoire qui verra alors beaucoup de lumières et d'ombres.

 

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 05:10
La cohérence de la liturgie est indispensable

Source: Pro Liturgia, Actualité du samedi 10 février 2018

 

Dans certaines paroisses, on trouve des messes célébrées dans le respect du missel romain. Il ne manque rien ; tout est à sa place. On ne peut faire aucun reproche au célébrant. Et pourtant... certaines de ces messes sont comme “fades”, “atones”. Elles se déroulent dans un climat qui n’a rien ou pas grand-chose de réellement convaincant, d’attirant.

 

Peut-être manque-t-il tout de même quelque chose à ces messes impeccables sur le plan du rituel ? A y regarder de plus près, on s’aperçoit que ce qui fait défaut est la “cohérence”. Tout y est mais... sans “cohérence”.

 

Que doit-on entendre par “cohérence” ? En latin, “cohaere” signifie “être étroitement uni, faire corps avec, être en concordance avec, former un tout uniforme”.

Pour le terme “cohérent”, le dictionnaire Larousse donne comme définition : “qui se compose de parties unies, harmonisées entre elles”.

 

 

Il peut donc arriver que, lors de messes où le rituel est parfaitement respecté, on sente que les différentes parties ou étapes de la liturgie ne sont pas parfaitement harmonieusement unies entre elles. La célébration liturgique apparaît alors non plus comme un tout se déroulant selon un processus de continuité allant du signe de croix initial à l’ “ite missa est final”, mais plutôt comme un ensemble de “morceaux” venant s’ajouter les uns aux autres.

Le mot “cohérent” se rapporte à l’ “aptitude à être en interférence” ou encore à la “faculté de corrélation des interdépendances réciproques”. Autrement dit, au cours d’une célébration, chaque élément composant la liturgie ne devrait pas être pris pour lui-même mais être mis en œuvre en respectant les interactions qu’il entretient avec l’ensemble des rites.

C’est cette cohérence qui donne vie à une célébration, qui permet qu’une liturgie puisse être autre chose que la simple mise en œuvre de rites successifs (chants, déplacements, gestes...)

Le problèmes, c’est que la “cohérence” ne s’apprend pas : elle se ressent ; elle se vit ; elle s’expérimente à travers l’ “ars celebrandi”, lequel ne peut germer et grandir que dans la prière et le silence.

Il y a des prêtres - et une majorité de fidèles - qui sont insensibles à l’ “incohérence” de certaines messes où pourtant, le célébrant fait exactement ce qu’il doit faire. Ces prêtres-là et ces fidèles-là déploreront - à juste titre - que ces messes “bien célébrées” n’attirent pas grand monde le dimanche. Ils ne verront pas que le problème vient du manque de “cohérence” qui peut tenir à peu de choses : au dessin d’une chasuble, à la pièce que va jouer l’organiste, au ton de voix du célébrant, à l’agencement du chœur...

Une liturgie ne peut être attirante et ne peut subjuguer que s’il elle apparaît comme un tout formées de parties proportionnées et harmonieuses s’enchaînant selon un rapport logique excluant toute irrégularité touchant aux formes, aux couleurs, aux sons, aux attitudes, au temps.

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1 février 2018 4 01 /02 /février /2018 04:32
Une pétition mondiale aux évêques: nous demandons des agenouilloirs pour les fidèles qui veulent recevoir la communion à genoux

Aujourd'hui, nous voulons relancer une initiative qui nous semble à la fois légitime et souhaitable, à un moment où le sens du sacré est continuellement érodé, également au sein de l'Église, par d'autres préoccupations et priorités, souvent liées aux modes passagères. Nous reproduisons ici une lettre que l'ex-préfet de la Congrégation pour le Culte divin, le cardinal Canizares, aujourd'hui archevêque de Valence, a envoyée à ses prêtres en janvier, et que l'on peut trouver à Nuova Bussola Quotidiana. Entre autres choses, se référant à une lettre pastorale d'il y a quelque temps, l'archevêque a écrit :

 

"Dans cette même lettre je me suis rappelé comment échanger le signe de la paix et comment recevoir la communion. Je vous avoue qu'il y a des moments où je suis en colère de voir comment certaines personnes s'avancent, sans aucun souvenir ni dévotion, sans aucun geste d'adoration, comme si elles prenaient un biscuit ou quelque chose de semblable. J'insiste sur ce que j'ai dit dans cette lettre sur l'Eucharistie: on peut recevoir la communion directement dans la bouche, ou avec la main pour ensuite placer le Corps du Christ dans la bouche. Mais je dois ajouter que la forme la plus conforme au mystère du Corps du Christ que l'on reçoit est de le recevoir agenouillé et dans la bouche. En disant cela, je ne remets pas l'horloge en marche; Je dis simplement ce qui est en accord avec [la nature de] la communion."

 

Et précisément ces jours-ci, une demande a été faite, à tous les évêques catholiques, à laquelle n'importe qui peut montrer son soutien en la signant. C'est le texte.

 

Lettre adressée aux évêques de l'Église catholique

 

Nous demandons des agenouilloirs pour les fidèles qui souhaitent recevoir l'Eucharistie à genoux; une pétition promue par le "Comité uni au Jésus eucharistique à travers les très saintes mains de Marie".

Nous demandons prie-dieu pour les fidèles qui désirent recevoir Jésus eucharistie à genoux; une pétition promu par le “Comité d'Organisation de la célébration Eucharistique, Jésus, par la très Sainte Mains de Marie.”

 

Sur la réception de la communion dans la main

 

Afin de comprendre l'importance de la manière dont la Sainte Communion est reçue, il est nécessaire de commencer par une brève réflexion sur la signification de la Messe, au cours de laquelle le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Christ. Le document Sacrosanctum Concilium du Concile Vatican II affirme deux choses centrales: la Messe en tant que sacrifice et la Présence réelle. En outre, la formulation du Catéchisme de l'Église catholique, sous la direction du [Cardinal] Ratzinger, a réaffirmé ces connotations catholiques concernant l'Eucharistie. C'est le pape même qui conclut le Concile, Paul VI, qui se sentait même enclin à publier une lettre encyclique dans laquelle il réaffirmait le caractère sacrificiel de la messe et la validité légitime de l'adoration eucharistique par les fidèles en dehors de la messe.

 

Entre-temps, les conférences épiscopales nationales ont eu la faculté d'accorder un indult pour la réception de l'Eucharistie dans la main, les bancs de communion et les prie-Dieu ont été éliminés, les tabernacles ont été déplacés du centre des églises, nonobstant le fait que le Catéchisme (toujours en 1992) a réaffirmé que le tabernacle devait être situé "dans un endroit particulièrement digne dans l'église et devrait être construit de telle façon qu'il souligne et manifeste la vérité de la Présence Réelle du Christ dans le Saint Sacrement." Concernant la question de la réception de l'Eucharistie, il faut surtout se rappeler que dans les documents conciliaires - y compris ceux qui font les déclarations les plus progressistes concernant les innovations les plus significatives proposées dans la liturgie - on ne parle pas de la communion dans la main. Et pourtant, elle est considérée comme quelque chose que le Concile voulait, même si le Concile ne l'a même pas abordé. En réalité, la réception de la Sainte Eucharistie dans la main reste seulement un indult du Siège Apostolique. Lorsque les évêques italiens ont approuvé la communion dans la main (avec une majorité de deux voix seulement), il y avait ceux, comme le Président de la Conférence épiscopale qui était évidemment contre et très inquiet, qui avaient inséré une recommandation aux fidèles, en particulier aux enfants et aux adolescents, qu'ils doivent être sûrs que leurs mains étaient propres. Au lieu d'arrêter l'abus, ils ne se sont préoccupés d'abord que d'essayer de limiter l'ampleur de la profanation. C'est précisément cette génération de jeunes catholiques, élevée dans les années 80 et 90 qui (hormis la contre-tendance des groupes de prière liés à la Tradition ou aux apparitions de Medugorje) manifestent un certain désintérêt pour le dévouement et l'adoration de la Sainte Eucharistie, n'ayant aucune perception de Qui est reçu. Le document en question - l'Instruction sur la Communion Eucharistique - est celui de mai 1989, suivi du décret de la Conférence Épiscopale Italienne qui le contient, daté du 19 juillet 1989 et entré en vigueur le 3 décembre de la même année, le Premier Dimanche de l'Avent.

 

Le texte de l'Instruction sur la Communion Eucharistique concernant cette nouvelle manière de recevoir l'hostie consacrée explique: "Il semble particulièrement approprié de se présenter processionnellement à l'autel et de recevoir l'Eucharistie debout, avec un geste de révérence, professant avec un "Amen" "la foi dans la présence sacramentelle de Christ." Nous rappelons que nous avons ici affaire à un indult. Par l'intermédiaire de l'Instruction Memoriale Domini promulguée par la Sacrée Congrégation pour le Culte Divin le 29 mai 1969, le Saint-Siège a autorisé les conférences épiscopales individuelles à demander à la faculté d'introduire la pratique de la communion dans la main. Une possibilité n'oblige pas! Pourtant, ce n'est pas une question non pertinente, car elle ne concerne personne d'autre que la présence réelle de Jésus. Ce n'est donc pas une simple pratique des traditionalistes; c'est plutôt l'affaire centrale de toute l'Église qui, avant de s'occuper des questions écologiques, ou de la question des immigrés, doit garder et protéger le Seigneur eucharistique avec cet amour et cette fidélité avec lesquels saint Joseph protégeait l'Enfant Jésus. Dans l'Eucharistie, en effet, par amour pour les âmes, Jésus se rend vulnérable comme il était quand il était petit enfant, attaqué par la haine meurtrière d'Hérode.

 

Cet aspect a été configuré par Mgr Schneider comme ius Christi, c'est-à-dire la loi du Christ. Récemment, commentant cette intuition de Schneider, le cardinal Burke, reconnaissant de cette intuition, a déclaré: "rappelant l'humilité totale de l'amour du Christ qui se donne à nous dans la petite Hostie, fragile par nature, Mgr Schneider rappelle notre attention à l'obligation grave de protéger et d'adorer Notre Seigneur. En effet, dans la sainte communion, il est ému par son amour incessant et incommensurable pour l'homme, il se fait le plus petit, le plus faible, le plus délicat d'entre nous. Les yeux de la Foi reconnaissent la Présence Réelle dans les fragments, même les plus petits, de l'Armée Sacrée, et nous conduisent ainsi à aimer l'Adoration." Comme saint Thomas d'Aquin l'a enseigné, Jésus est réellement présent dans son moindre fragment d'Hostie consacrée. Le grand théologien dominicain a affirmé que l'Eucharistie est sacrée et ne peut donc être touchée que par des mains consacrées; il a fait référence à la pratique de recevoir la communion seulement sur la langue, de sorte que la distribution du Corps du Seigneur ne serait faite que par le prêtre consacré. Il en est ainsi pour plusieurs raisons, parmi lesquelles le Docteur Angélique mentionne aussi le respect envers le Sacrement, qui "ne doit pas être touché par tout ce qui n'est pas consacré: et donc le corporal, le calice, et aussi les mains du prêtre sont consacrés, afin de pouvoir toucher ce sacrement. Il n'est permis à personne d'y toucher en dehors des cas de nécessité: si, par exemple, il doit tomber sur le sol, ou dans d'autres situations similaires."

 

Une expérience menée aux États-Unis a démontré que, en plaçant la communion dans la main, divers fragments, difficiles à voir à l'œil nu, restent d'abord imprimés dans la paume de la main, puis tombent au sol. En outre, avec le risque de profanation continue, il y a aussi le problème des "messes noires" et des cercles sataniques qui, presque étonnés de la nouvelle pratique, peuvent maintenant plus facilement voler l'hostie et l'emporter. Récemment, diverses voix isolées mais significatives ont été soulevées dans l'Église, appelant à une réflexion sur les dommages causés et les risques de communion dans la main. Le travail pluriannuel de Mgr Schneider, évêque auxiliaire d'Astana, qui, dans plusieurs essais traduits en plusieurs langues, a courageusement dénoncé les grands dangers de la communion dans la main mérite une mention particulière. De même, Benoît XVI, bien qu'il se soit prononcé en faveur des deux pratiques (à la fois agenouillées et à la main), a toujours voulu privilégier la pratique de l'agenouillement lors des messes pontificales. Plus récemment, le Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin (qui signifie l'homme n ° 1 de la liturgie catholique!) a parlé à Milan avec des mots sans équivoque sur les dangers de la communion dans la main. Aussi digne de mention en Italie est le fr. Giorgio Maffei qui se bat depuis longtemps sur ce sujet. Il a fait de nombreux appels, tous tombant dans l'oreille d'un sourd, dans lequel, avec un zèle sacerdotal authentique, il a fait appel à ses frères prêtres, comme par exemple dans une de ses diverses contributions sur ce thème: "avec la pratique de la communion dans la main, les fragments restent sur les mains des fidèles, qui habituellement ne les regardent même pas, ne s'en soucient même pas ou ne s'en aperçoivent pas, de sorte que les fragments finissent au sol où ils sont piétinés, emportés et profanés. Ceci est bien connu, et tous les prêtres le savent bien, car comme on l'a dit, ils en ont une expérience quotidienne.

 

Aussi les jeunes prêtres, qui ont été chargés de donner la communion et de ne pas utiliser le plateau de communion, connaissent aussi ce problème particulier de perdre des fragments de l'Hostie, même quand on ne la touche pas. Les fidèles ont moins d'expérience et sont moins coupables que les prêtres." Ce prêtre traditionaliste bien connu a également favorisé au moins la réintroduction du plateau de communion, argument pour lequel il a subi l'humiliation et le ridicule d'un prêtre jugé démodé qui ne comprend pas ce que sont les "vrais problèmes". Cependant, le fr. Maffei a fermement soutenu que l'utilisation du plateau de communion peut réduire de manière significative le risque concret de fragments tombant au sol lors de la Communion. A plusieurs reprises, non sans raison, ce prêtre de Bologne a même exprimé son inquiétude quant au risque d'excommunication pour ceux qui ont permis la profanation des fragments de l'Hostie par la pratique de la communion dans la main, car, a-t-il dit, un péché commis contre Dieu et son Christ est un signe avant-coureur d'excommunication, et quel péché plus sérieux pourrait-il y avoir que celui d'un outrage contre les espèces eucharistiques? Parmi les mystiques, nous rappelons le témoignage de l'Autrichienne Maria Simma, qui avait un rapport exclusif avec les âmes du Purgatoire, qui lui révéla que tous les pasteurs de l'Église qui avaient approuvé la communion dans la main, s'ils mouraient en l'état de grâce resterait néanmoins au purgatoire jusqu'au jour où l'Église révoquerait l'indult le permettant.

 

Il est possible de penser que cette innovation, qui ne provenait pas du Concile Vatican II, du moins pas directement, est née du mouvement [après Vatican II] qui s'est infiltré dans les rangs des Conférences épiscopales nationales, en particulier celles de l'Europe du Nord. Ce mouvement prétendait revenir à la pratique de l'ancienne foi, mais cherchait en fait à délégitimer toutes les réformes faites par le Concile de Trente. Je vais essayer de m'expliquer mieux. Tous les cercles qui demandaient la communion dans la main étaient liés de façon radicale à la théologie progressiste avec son origine dans le modernisme. En réalité, le slogan d'un retour souhaité aux sources patristiques (aussi attrayantes et méritoires que cela puisse paraître) signifiait de la part de ces personnes le discrédit de l'époque du Concile de Trente. Et pourquoi? Car le discrédit de l'époque du Concile de Trente permettrait la réhabilitation de Martin Luther. C'était une considération de Ratzinger, le théologien, juste après le Concile. Et ainsi, en tout cas, la réforme liturgique s'orientait unilatéralement dans la direction de l'ère patristique, mais comme un rejet voilé de l'ère tridentine. Comme pour dire, oui, les cinq premiers siècles sont normatifs, ne faites pas attention au reste. Cette thèse d'une opposition inexistante [entre la pratique de l'ancienne Église et les réformes du Concile de Trente], même voilée, accompagnait la réforme liturgique trafiquée par les modernistes. Ils tenaient en haute estime la pratique en usage dans les premiers siècles du christianisme, abondamment attestée par les Pères de l'Église, de recevoir l'Eucharistie dans les mains.

 

Dans les premières communautés chrétiennes, il était normal de recevoir directement le Corps du Christ dans les mains; à cet égard, il existe de nombreux témoignages, tant dans l'Église orientale que occidentale: beaucoup de Pères de l'Église (Tertullien, Cyprien, Cyrille de Jérusalem, Basile, Théodore de Mopsuestia), divers canons juridiques pendant les synodes et les conciles (le Synode de Constantinople de 629, les Synodes des Gaulois entre les VIe et VIIe siècles, le Concile d'Auxerre qui eut lieu entre 561 et 605), jusqu'aux témoignages du VIIIe siècle de Saint Bède le Vénérable et de Saint Jean Damascène: tout cela témoigne de la même tradition largement pratiquée. Et il était certainement utile de reconnaître cette pratique. Mais à ce stade, il faut se demander ce qui s'est passé - en termes de légitimation théologique et liturgique - comme la prochaine étape de la foi de l'Église. Lorsque, dans la période médiévale, certaines écoles de théologie ont commencé à discuter de la modalité de la présence réelle du Christ dans le Très Saint Sacrement - certaines finissant en le définissant seulement comme un signe vide qui rappelle vaguement la réalité substantielle du Seigneur présent parmi nous [seulement spirituellement] - la réaction de la communauté ecclésiale était de souligner fortement la vénération et l'adoration donnée aux espèces eucharistiques, au point d'introduire le nouveau rite de la Communion directement dans la bouche en s'agenouillant, précisément pour souligner la grandeur de la Présence Réelle du Corps du Christ. S'il n'y avait pas eu une telle intervention, il y aurait eu le risque réel que l'Eucharistie aurait été complètement profanée.

 

Nous voudrions ajouter, humblement, que d'un point de vue hygiénique, il vaut mieux que l'Hostie ne soit touchée que par le prêtre et ne passe pas entre des mains qui n'ont peut-être pas été lavées avant la messe. Mains comme les miennes, qui [sur le chemin de la messe] ont manipulé une bicyclette, ou conduit une voiture et utilisé des clés et des serrures, qui ne sont certainement pas les choses les plus hygiéniques... de toute façon, voici le lien.

 

Traduit par Giuseppe Pellegrino. Publié à l'origine sur MarcoTosatti.com et édité pour 1P5.

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