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Christ Roi

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Horloge

19 mars 2024 2 19 /03 /mars /2024 16:22

''[P]our le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.”


… Il dit enfin à l’homme : ''Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé le fruit de l’arbre que je t’avais interdit de manger : maudit soit le sol à cause de toi ! C’est dans la peine que tu en tireras ta nourriture, tous les jours de ta vie. … C’est à la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu proviens ; car tu es poussière, et à la poussière tu retourneras.''

… Alors le Seigneur Dieu le renvoya du jardin d’Éden, pour qu’il travaille la terre d’où il avait été tiré.

Genèse 3

La conséquence de cette désobéissance au commandement divin fut la Chute d'Adam et Eve, leur renvoi du jardin d'Eden et l'entrée dans le monde de la souffrance et de la mort, le contraire du mythe moderne de la "liberté" à l'état de nature. D'un côté le modèle du développement humain intégral recevant la grâce, celle du Rédempteur de l'homme (le Christ), de l'autre côté, le modèle inventé sans preuve du retour au Jardin d'Eden et d'un état de nature de liberté et d'égalité (l'homme-dieu sans la grâce divine). Ce débat anthropologique n'est jamais abordé nulle part, y compris dans le clergé, qui hélas, lui aussi, est largement sous influence du mythe moderne. Les "dissidents" ou "résistants" sont des petits dissidents ou des petits résistants, mais c'est ce qui leur permet d'être parfois invités dans certains medias, parce qu'ils ne remettent jamais en question le système lui-même dans ses racines profondes. Il s'agit toujours de la liberté du prisonnier de débattre mais uniquement dans le cadre des limites du débat fixé par les Philosophes des XVIIe et XVIIIe siècle, celui de l'État moderne garant des "droits"... Un auteur qui réfléchirait en-dehors des limites de cette prison n'est bien évidemment jamais invité dans les médias dits d'information. Il est temps donc pour tous les amoureux de la vérité, de déconstruire le récit.

Il dit enfin à l’homme : « Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé le fruit de l’arbre que je t’avais interdit de manger : maudit soit le sol à cause de toi ! C’est dans la peine que tu en tireras ta nourriture, tous les jours de ta vie. De lui-même, il te donnera épines et chardons, mais tu auras ta nourriture en cultivant les champs. C’est à la sueur de ton visage que tu gagneras ton pain.

(...) Alors le Seigneur Dieu le renvoya du jardin d’Éden, pour qu’il travaille la terre d’où il avait été tiré.
Il expulsa l’homme, et il posta, à l’orient du jardin d’Éden, les Kéroubim, armés d’un glaive fulgurant, pour garder l’accès de l’arbre de vie.

Genèse 3,17-24

La fiction diabolique anti-christique fondant la démocratie moderne, et son antidote

Depuis la Chute, dès le début de l'humanité, l'homme est en quête de nourriture, il doit lutter pour se nourrir et il n'a aucun droit sur un autre.

Par nature, l’homme n’a pas de pouvoir sur l’homme.

Saint Augustin

[C]hez S. Thomas, pas d'"état de nature" temporel; dès les origines (...), il existait entre les hommes des rapports d'assujétissements et de domination (Ia ques. 96, art. 3 et 4.) L'homme est naturellement social et même "politique", disait Aristote. Donc le contraire du mythe hobbien, lequel était défini par ce caractère, que tous les hommes y eussent été libres. (...) Les "droits de l'homme", raffinés par Locke, continueront au travers de toute la science politique moderne à tenir un rôle fondateur. Pas de "droits de l'homme" chez S. Thomas.

(...) Décidément, aucune des pièces de la Politique moderne, je ne l'ai trouvée chez S. Thomas : ni l'état souverain ni les droits de l'homme.

Michel Villey, La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne", p. 34-39; 45

Charles Péguy (1873-1914) disait ’’tout commence en mystique et finit en politique. (...) L’intérêt, la question, l’essentiel est que dans chaque ordre, dans chaque système la mystique ne soit point dévorée par la politique à laquelle elle a donné naissance...’’ (Extrait de Notre Jeunesse de Charles Péguy, 1910).

 

"Les philosophes qui passent pour être les fondateurs du système politique moderne, – Grotius, Hobbes, Locke ou Pufendorf – étaient des chrétiens, (...) tous avaient commis quelque ouvrage de théologie...", écrit Michel Villey dans son article, intitulé "La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne", Actes de la table ronde de Rome (12-14 novembre 1987, Publications de l'École Française de Rome  Année 1991, p. 32).

 

La vieille lubie maçonnique de "République universelle" est toujours bien vivace. Cf. https://twitter.com/SD_0101/status/1770529442135216247/photo/1

Et depuis la fondation de l'État moderne et sa vision, idéaliste et utopiste, à établir la paix sur terre en réglant le problème de la guerre par un moyen matériel, un moyen terrestre, via la constitution d'un État civil (entendez un État antichrétien, celui de Thomas Hobbes), système repris et synthétisé par la république des Lumières, tout commence en politique par une politique mensongère établie sans preuve, l'état de nature libre et égal. Ce système politique a besoin de symbolique et de mysticisme pour s'établir, il propose donc un messianisme au travers du mythe de l'âge d'or à redécouvrir (Fénelon, chevalier de Ramsay), comme si il n'y avait pas eu la Chute originelle. Il est au fondement de la liberté de notre socle politique (John Locke, Jean-Jacques Rousseau), du retour à un paradis perdu, un état à réintégrer (du Rose-Croix John Milton) et toutes les réintégrations au cosmos qui nous sont assénées partout aujourd'hui, le nouvel Eden ou "république universelle" à construire (des francs-maçons "chevalier", dit de Ramsay ou Anacharsis Cloots). C'est un projet politique religieux antichrétien et antichristique. Il faut le dire puisque ce système politique nie l'Incarnation et la Rédemption nécessaire au monde depuis la Chute. Autrement dit, nous avons là la mise en place d'un satanisme politique sans le dire. Projet collectiviste parce que relevant d'une métaphysique et d'une politique de confusion moniste (Dieu et les créatures sont confondues en un seul Être) et non une métaphysique dualiste comme dans le christianisme où il y a un Créateur d'un côté et la création de l'autre (dualisme qui respecte les différences, les cultures, les pays et les nations comme des créatures divines mais non confondues à lui). Projet de la franc-maçonnerie universaliste depuis le XVIIIe siècle, avec sa grande paix mondiale, le "bonheur" pour tous, le "Grand Tout" uniformisateur (niant les différences), le "gouvernement mondial" ou "Nouvel ordre mondial" censé régler tous les problèmes de l'humanité d'un coup de baguette magique... Projet totalitaire.

 

Il faudrait alors (au conditionnel) inverser la phrase de Péguy et dire que depuis la Renaissance et les temps modernes, la Grande inversion (l'homme à la place de Dieu) et la création de l'État moderne "laïque", ce Leviathan..., tout commence en politique et tout finit en religion. Mais nous avons écrit au conditionnel, car en réalité que tout commence en politique, il n'en est rien comme nous allons le voir. Il y a toujours un symbolisme, un mysticisme, y compris dans le mythe de l'état laïque moderne du Léviathan

Quand Adam et Eve ont mangé le fruit [défendu] en Eden, ils ont quitté la structure de l’autorité de Dieu et sont entrés dans la structure du pouvoir de Satan. Dès lors, chacun d’entre nous a été recruté pour cette guerre spirituelle.

Père Chad Ripperger, théologien, docteur en philosophie et psychologue Les exorcistes recensent une augmentation de l’activité diabolique | ZENIT - FrancaisLes exorcistes recensent une augmentation de l’activité diabolique | ZENIT - Francais

Contrairement à ce qu'a pu dire Charles Maurras ("Politique d'abord"), nous ne sommes en effet pas d'abord plongés dans des querelles d'ordre politique (républicains contre royalistes par exemple). Le politique ici est secondaire puisque tout est politique à la base... Et c'est le religieux qui devrait redevenir premier. Car en premier nous avons la Chute, l'Incarnation et la Rédemption. L'abandon du mystique (religieux), concrètement, est une erreur qui n'explique pas la progression du mal moral dans nos sociétés et qui ne voit pas la nécessité de la Rédemption. Le péché est pourtant une réalité de la vie morale. Le péché détruit la grâce divine en nos âmes, notre liberté intérieure régresse à cause du péché et nous tombons dans l'esclavage de la matière. Inversement, l'homme qui recherche et reçoit la grâce voit sa liberté intérieure progresser et celle du monde aussi, par ricochets. Demandons et nous recevrons... (Mt 7,1), dit le Christ. 

 

Or, « pour les modernes, l'État est voué à former une démocratie ; initiale chez Hobbes, et durable pour ses successeurs.

 

« Quel peuple aujourd'hui ne se dit démocrate ? Puisque l'État naît des libertés initiales des individus, par le biais du contrat social.

 

« (…) Le peuple entendu comme ensemble de particuliers, revendique la ''souveraineté''.

 

« Rien de tel dans la Somme de St Thomas. C'est spontanément, par nature, pour le service des biens communs, que poussent les communautés politiques. Et surgissent des régimes divers. (…) [L]a meilleure des constitutions ne souffre pas au-dessus d'elle un ''souverain''. Dès le commencement de son traité, Aristote blâme cette confusion où versent les barbares : ils ne savent pas encore discerner entre le dominus (qui dans la famille commande aux esclaves) et le gouvernement d'une cité. La cité ne reconnaît pas de maître. S. Thomas nomme le titulaire de l'autorité politique ''ille qui curam habet communicatis'' (celui qui se soucie de ceux qui partagent. Ia IIae, 9°, 3, etc.) La Politique est moins l'étude de ces pouvoirs, qui sont devenus la hantise des politologues, ni de leurs prétendus fondements, que d'offices, de fonctions.

 

« (…) Chez Aristote et dans la Somme, quelle mauvaise surprise de trouver toute différente des finalités du gouvernement : son office n'est pas de maximer la somme de nos plaisirs (comme dans les démocraties contemporainesNdlr.) et de nous pourvoir d'allocations. L'économie, la production et le contrôle de la consommation relèvent de la famille, et n'entrent pas (sinon à titre subsidiaire) dans le bien commun politique.

 

« Inexistence de l'État. (...)

« (...) Hobbes, qui d'ailleurs ne fait du terme qu'un usage parcimonieux, au frontispice de son Leviathan [nom d'un animal marin révolté dans la Bible dans Jb 3,8; Jb 40, 25-32; Is 27, 1; Ps 74,14 ; Ps 104,26 ; être maléfique associé au chaos primitif et objet de destruction pour tout ce qui est vivant, autrement dit le diable. Ndlr.], le représente sous la figure d'une personnage colossal, investi d'une force écrasante, "Dieu mortel" occupant le rôle qu'avait tenu Jahweh pour les Juifs.

 

« L'État moderne est l'héritage - quand même il prétend constituer une "démocratie" - dans un monde sécularisé, de l'ancienne monarchie sacrale. Ses racines sont théologiques. [tout commence en religion aussi avec l'État "laïque" moderne qui prétendait révoquer le religieux et convoquer le politique d'abord...]

 

« À l'exemple des anciens monarques qui se proclamaient de droit divin, représentants de Dieu sur la terre, il impose sa loi, il nous commande. (...) Sans doute n'est-il plus à l'instar d'un monarque, une personne physique. Mais les juristes le qualifient de "Personne morale" fictive. L'État moderne, lequel s'écrit avec un grand E – alors que dans l'usage ancien, là où il n'était encore question que de statum rei Romanae (l'état de l'empire romain), de la plus ou moins bonne situation de la république romaine, il se contentait d'une minuscule - constitue un sujet distinct, un Personnage rajouté au monde des êtres naturels par l'artifice des contractants (ou des philosophes modernes... Ndlr.) Un être en soi, quasi-substance créée par les Hommes.

 

« Ni Aristote ni S. Thomas ne connaissent l'État. Leur science porte sur autre choses : les communautés politiques. 

 

« (...) La communauté ne forme pas un être en soi : son unité est seulement une "unité d'ordre", écrit S. Thomas (in Eth. 5 Ia IIae 47, 3) (...) Pour Aristote et S. Thomas les communautés sont réelles, mais sans constituer de quasi substances. La science politique ne connaît qu'une seule espèce de substances, les individus. (...) et tout individu se trouve entrer avec d'autres en relation. (..) La communauté n'est pas chose extérieure aux individus, mais comme une partie d'eux-mêmes. (...) Elles conduisent à cette conséquence (...) : la négation du principe, si cher aux modernes, de la souveraineté. Ce n'est pas l'existence d'un souverain, mais les biens communs poursuivis ensemble qui font un groupe politique. » Que s'en suivra-t-il ?

 

« Limites du pouvoir

 

« (...) Alors que l'État selon la science politique moderne, est la seule puissance opposée aux individus, Puissance unique qui les écrase, les communautés sont plurielles - superposées les unes aux autres et mutuellement concurrentes. (...) Communautés apolitiques et même supra-politiques. » (Michel Villey,  "La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de   moderne", ibid., p. 39-42.)

 

Comprendre que le naturalisme du régime politique moderne est une théorie fictive aux racines théologiques fausses, dangereuses pour la liberté, autrement dit une impasse – une théorie politique qui ne peut conduire qu'à un renversement de la société est d’autant plus important que lorsque en lisant Saint Thomas d'Aquin, nous comprenons que "toute loi (...) est ordonnée au salut commun des hommes, et c'est seulement dans cette mesure qu'elle acquiert force et raison de loi ; dans la mesure, au contraire, où elle y manque, elle perd de sa force d'obligation..." (Somme Théologique, Ia IIae, Question 96, Article 6 Concliusion). 

 

"Aussi toute loi portée par les hommes n'a raison de loi que dans la mesure où elle dérive de la loi de nature. Si elle dévie en quelque point de la loi naturelle, ce n'est plus alors une loi, mais une corruption de la loi." (Somme théologique, Ia IIae, Question 95 La loi humaine, article 2 L'origine de la loi humaine.)

 

Ainsi, « sur un plan théologique, la république est illégitime car pécheresse, mais aussi illégale, car la loi ne mérite d’être appelé ainsi que si elle réalise le Bien commun. Ce n’est pas le cas.(…) Un catholique a non seulement le droit, mais le devoir de "désobéissance civile". » (Alain Pascal)

 

De même ‘’la science politique doit être ordonnée à la fin suprême des hommes, c'est-à-dire à la recherche et à la conquête de la suprême béatitude, "la fin ultime d’une multitude rassemblée en société" étant de "de vivre selon la vertu", mener "une vie bonne", en vue de la paix et de la tranquillité de la multitude. (De RegnoDu royaume, écrit au Roi de Chypre, 1266, Editions Louis Vivès, 1857).

 

C'est ce que remarque écrit Alexis Haupt Philosophie sur X : "Message au Christ. (...) Au fond, tu le sais mieux que moiil ne faut pas laisser le prince de ce monde sans surveillance ici-bas. Il faut le surveiller comme le lait sur le feu. Hélas, il est laissé seul et sans garde-fou depuis trop longtemps sur terre. Il lui faut un contre-pouvoir. Et au vu de tout ce qu'il se passe sur terre actuellement, ce contre-pouvoir, c'est toi : l'amour, la conscience, la vérité, la justice.

 

Pour qu'advienne la liberté authentique, celle de l'homme intérieur et celle du monde à l'extérieur, dans la communauté politique, le Christ doit régner dans la Paternité du Père Dieu premier servi disait Ste Jeanne d'Arc –, tout commence en religion jusque dans nos lois humaines qui doivent respecter la loi éternelle, dite naturelle. (ques 94, 2 La loi naturelle, pris à Cicéron et Aristote)

 

Une constitution affirmant l'état de liberté hypothétique de l'homme par nature nie par conséquent la nature humaine, nie la Chute et la nécessité de la Rédemption, c'est-à-dire la conquête de la liberté qui n'est pas une donnée de la nature mais un effort sur soi en s'identifiant au Christ Rédempteur. Il est curieux que nos évêques ne rappellent jamais cette réalité anthropologique pourtant essentielle ! La vertu naturelle (sans la grâce) en effet, ne peut parvenir à conduire harmonieusement l'humanité à sa fin (dans tous les domaines), sans recevoir la grâce. 

 

"Les rois sont soumis aux prêtres en tout ce qui touche au salut des âmes. L'autorité religieuse domine ainsi la société sans l'absorber comme la grâce domine la nature sans la détruire,’’ écrit Mgr H. Delassus dans La Mission posthume de la Bienheureuse Jeanne d’Arc, Le Règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ (1921, rééd. ESR.)

 

Or, depuis les temps modernes il s'est agi d'un autre programme, d'un autre récit que celui de la Bible. Différent, négateur même du plan divin, il écarte ce contre-pouvoir spirituel pour ne plus laisser place qu'à la domination brute et matérielle de l'état soit disant garant de la "liberté" et l'"égalité". Régime de l'homme face à l'homme sans contre-pouvoir spirituel.

 

Un ouvrage destiné aux étudiants d'histoire du droit constitutionnel suggère que dans la théologie catholique, "la soumission au pouvoir institué est apparue (...) comme fondamentalement conservatrice en ce sens que, quel que soit le pouvoir en place, elle interdit de le mettre en question par les moyens violents qui seraient seuls propres à le renverser" (sic) (p. 14). Nous venons de voir que c'est faux avec S. Thomas. La société traditionnelle construit un homme libre, soumis qu'à Dieu, et il est difficile aux détenteurs du pouvoir de le contrôler. Il faut donc le faire adhérer au mythe d'un État protecteur des "droits" pour qu'adhérant à cette mystification il soit plus aisément contrôlable. La "soumission" supposée de la société chrétienne au pouvoir institué est présentée comme négative et devant être dépassée par un autre modèle qui serait plus efficace et qui permettrait de renverser les pouvoirs par la violence (en dehors de tout contrôle spirituel donc). Nous avons là le socle moderne de la Révolution par la violence. Et c'est ce modèle que l'on nous présente comme le summum de la pensée et de la raison.  Cette matrice de la violence en politique sera soutenue par tout un courant philosophique qui deviendra dominant et fera naître l'État non plus de la volonté divine et de la grâce, mais de politiques machiavéliques et "d'un contrat conclu entre des volontés humaines", écrit Bernard CHANTEBOUT dans son introduction à son "Droit constitutionnel et Science politique" (1982, rééd. Armand Colin, Paris 1991, p. 14). Quel progrès !... Un pactum décorrélé de pouvoir spirituel, comme si la nature, elle-même, n'était pas soumise à la grâce; comme si Dieu n'existait pas, c'est bien pratique lorsqu'on entend bâtir la société immorale de la loi du plus fort. Dans l'échange on garantissait à l'homme le "bonheur"... Mais qui peut encore croire à cette farce ? Apparemment encore beaucoup de personnes !

 

Ainsi, l’Essai sur le gouvernement civil de John Locke (1690) « répondait aux partisans des Stuarts qui accusaient d’usurpation la dynastie nouvelle ; (…) c’est une véritable théorie politique, qui à la grâce oppose la souveraineté de la nation, et établit les bases du gouvernement ‘libre et représentatif’... » (Dictionnaire encyclopédique d'histoire, de biographie, de mythologie et de géographie, par Louis Grégoire, Garnier Frères éditeurs, Paris 1871, p. 1218.) Naissance d'une caste ploutocratique.

 

Et « l’ouvrage de Locke ‘Du Gouvernement civil’ (1690) a beaucoup servi à J.-J. Rousseau pour son Contrat social et ses Lettres ou Pensées sur l’éducation n’ont pas été non plus inutiles au philosophe de Genève dans son Emile.‘’ (Dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes. » (F.-X. de Feller 1735-1802, tome quatre, Outhenin-Chalandre Editeur 1838, p. 158.)

 

Or, « le politique de Locke (Cf. Sa dernière œuvre ''Le christianisme raisonnable'', 1695, est une tentative de rapprochement entre le naturalisme et ce qu'il considère le christianisme primitif, mais imaginaire, puisque le christianisme primitif des protestants est celui de la pseudo église de Jean, et des imposteurs qui prétendent lui succéder...) dissimule un naturalisme qu'il tient des Rose-Croix, ce pourquoi il aura tant d'admirateurs parmi les littérateurs-philosophes francs-maçons du XVIIIe siècle. » (Alain Pascal, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des philosophes, **, éd. Cimes, Paris 2018, p. 411-412; 419.)  

 

C'est que « la philosophie moderne entend (...) le rationalisme dans un sens tout à fait différent (du sens de S. Thomas et de la loi naturelle dérivée de la loi éternelle Ndlr.). Le moderne a foi dans une raison qui est ''la connaissance naturelle en tant qu'elle s'oppose à la connaissance révélée.'' C'est la bonne définition du philosophe Lalande. En effet, le naturalisme philosophique s'entend tel une 'connaissance naturelle', c'est-à-dire interne à un Naturalisme, affirmation - sans preuves - qu'il n'y a pas de surnaturel, ni donc de Raison divine supérieure à la raison humaine.» (Alain Pascal, Les sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à  la théosophie, La Conspiration des philosophes *, éd. Cimes, Paris 2017, p. 29.) 

 

« En philosophie (..) le naturalisme (...) nie l'existence d'un (...) surnaturel qui serait la cause de l'Être. (...) La philosophie maçonnique est fondée sur la gnose naturaliste. (...) Le Grand Architecte de l'Univers ou l'Être suprême sont internes à l'Être, et donc le spiritualisme des loges est un naturalisme. (...) Athéisme, matérialisme, panthéisme et spiritualisme sont tous des monismes sur le plan métaphysique parce qu'ils nient la transcendance.'' (Alain Pascal, La Trahison des initiés, 3è édition, éd. Cimes, Paris 2013, p. 196.)

 

« Dans son étude sur les sociétés secrètes (Puf 1952), Serge Hutin (que l'on ne saurait taxer d'anti-maçonnisme...) écrit (...) que, dans le passage (des loges opératives. Ndlr.) au spéculatif, "ce furent surtout les Rose-Croix anglais qui jouèrent un rôle décisif : vers 1650 les disciples de Robert Fludd (1574-1637) étaient puissamment organisés à Londres. L'un de ceux-ci, l'alchimiste Elias Ashmole (1617-1692) avait été admis comme 'maçon accepté'" (p.63). Or, selon Hutin, c'est lui qui organise "dans le local des Maçons" une société secrète, l''invisible collège', dans le but de 'bâtir la Maison de Salomon, temple idéal des sciences' (sic)., ce que sera la Royal Society. Le Temple de Salomon désignant les Rose-Croix.

 

« (...) Roland Edighoffer (1923-2017), professeur à l'université Paris III (Sorbonne nouvelle), "spécialiste de l'hermétisme et du rosicrucianisme", écrit dans "Les Rose-Croix" (Puf 1982) (...) (p. 82) qu'Ashmole constitue à Londres en 1646 "une société dans laquelle les initiés s'occupaient des secrets de la nature et devaient bâtir spirituellement le Temple de Salomon". Confirmation du naturalisme et de la référence au Temple de Salomon de la légende Rose-Croix. » (Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des philosophes, tome 2, éd. Cimes, Paris 2018, p. 357.)

 

« Le GADLU (Grand Architecte de l'Univers) n'est pas le Dieu trinitaire. La "religion" maçonnique n'est donc pas la Religion révélée... Le GADLU (...) n'est pas le Dieu chrétien, il est le Diable, puisque "le porteur de Lumière" des Rose-Croix. C'est le summum de l'inversion. (...)  La Maçonnerie s'inscrit donc dans la mythique tradition primordiale hermétique. Ce n'est pas du tout anodin, puisque nous sommes là à l'origine directe (et peu contestée) de la philosophie des Droits de l'homme."

 

« Autrement dit, les quatre vieilles loges de Londres qui n'avaient plus d'opératives que le nom ont servies de coquilles vides pour abriter les Rose-Croix et les maçons spéculatifs anti-catholiques (puisque tel est le sens caché du mot free mason, libre), lesquels se sont réunis en 1717 en une Grande Loge de Londres, puis ont adopté des Constitutions dont le but était de faire passer les mentalités une philosophie moderne qui semble tolérante, réconciliatrice, etc., mais est tout le contraire, puisqu'elle est gnostique et kabbalistique, donc ancienne et intolérante à l'égard du catholicisme. »  (Alain Pascal, Le Siècle des Ténèbres, la Conspiration des Philosophes, ***, éd. Cimes, Paris 2019, p. 220-221; 225)

 

« Les francs-maçons sont les nouveaux ouvriers du Grand Architecte Hiram. Dans la Bible, Salomon, fils de David, a recours à Hiram, le roi de Tyr, ville phénicienne aux croyances idolâtres, pour construire le Temple de Jérusalem. (...) Les Rose-Croix reprennent cet épisode en créant une légende du Grand Architecte Hiram, (...) car les francs-maçons ont fait d'Hiram l'ancêtre de leur Grand Architecte de l'Univers - un personnage central de l'initiation maçonnique -, alors que, pour les Rose-Croix, Hiram est un Fils de Caïn, c'est-à-dire un représentant de l'esprit de Lucifer. Le grand ancêtre maçonnique n'est donc pas le roi de Tyr, mais un des noms secrets du Diable. Selon les Rose-Croix, Salomon n'est pas capable de construire le Temple, parce qu'il est de la race de Seth, ce pourquoi il doit faire appel au constructeur Hiram Abiff qui, lui, est de la race de Caïn et donc a "le pouvoir et le signe" qui lui donnent l'autorité des ouvriers.  » (Alain Pascal, Les Sources occultes de la Philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, La Conspiration des Philosophes *, éd. Cimes, Paris 2017, Hiram est p. 257-258.)

 

« Les Francs-maçons se nomment eux-mêmes "Fils de la Veuve" (Cf. Voir l'ouvrage de Jean-Claude Lozac'hmeur, "Fils de la veuve"... pour comprendre d'où vient cette expression). Dans la Genèse, l'humanité se perpétue sur terre après la Chute. Adam et Ève enfantent Abel et Caïn, puis, après le meurtre d'Abel par Caïn, Seth. La légende Rose-Croix est très différente, Ève est créée la première et elle est séduite avant l'existence d'Adam par un esprit luciférien, Samaël, qui, s'unissant à elle, lui engendre Caïn. Caïn est donc l'aîné d'Abel, et il n'est plus fils d'Adam, mais du Diable ; il n'est donc pas un fils d'homme, mais "semi-divin", écrit Max Heindel (1865-1919) dans Franc-maçonnerie et catholicisme, éd. Maison rosicrucienne, (qui dévoile quel est son camp, car il devrait dire semi-diabolique).

 

« Si le diable envoie Samaël féconder Ève, c'est parce qu'il faut "libérer l'esprit captif de la lumière". Par Samaël, Caïn hérite du Feu de Lucifer, dont il est le Fils spirituel. Quand Jéhovah chasse Samaël du Paradis, Ève et Caïn sont abandonnés sur terre, où Caïn devient le premier "Fils de la veuve", la Veuve du Diable ! Jéhovah crée alors, et alors seulement, Adam - qui n'a donc pas connu le paradis -, et qui est un simple être humain. Adam s'unit à son tour à Ève, laquelle enfante Abel, qui est donc un simple enfant d'humain, c'est-à-dire inférieur à Caïn. (...) (Alors que) le premier "Fils de la Veuve" (Caïn) possède le secret de la "science", l'alchimie, mais aussi la "sagesse", qui n'est pas de Dieu, mais du serpent. La "théosophie" Rose-Croix est donc décidément diabolique.

 

« (...) Et (...) les descendants d'Hiram sont, comme leur ancêtre Caïn, des Fils de la Veuve... » (Alain Pascal, Les Sources occultes de la Philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, La Conspiration des Philosophes *, éd. Cimes, Paris 2017, Hiram est p. 255-256.)

 

« En 1884, dans l'encyclique Humanum genus, le pape Léon XIII dénonçait cette ''guerre faite à Dieu et à son Eglise.'' (...) Le pape prévient donc le XXe siècle de ce qui va arriver. En effet, par le naturalisme, les francs-maçons ''frayent le chemin à d'autres sectaires plus nombreux et plus audacieux, qui se tiennent prêts à tirer de ces faux principes des conclusions plus détestables.'' Le pape vise les socialistes : ''La secte des francs-maçons n'a pas le droit de se dire étrangère à leurs attentats puisqu'elle favorise leurs desseins et que, sur le terrain des principes, elle est entièrement d'accord.'' Aussi conclut-il : ''Arrachez à la Franc-Maçonnerie le masque dont elle se couvre et faites-la voir telle qu'elle est, une société retournée dont le but est d'exercer une suzeraineté occulte sur la société reconnue» (Alain Pascal, La Trahison des initiés, ibid., p. 93-94.)

 

À l'opposé du naturalisme matérialiste hédoniste maçonnique, dans l'Évangile selon S. Jean 12, 23-26 Jésus annonce symboliquement sa mission: sa mort et sa résurrection, sa Gloire prochaine et la Rédemption de l'Humanité en sa personne, à son imitation : "L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera."

 

" Car le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit. (Premier Épître de Saint Pierre — Chapitre 3, 18

 

Dans le fourre-tout disponible sur internet, tous les sites qui évoquent ce mouvement du XVIIe siècle, à l'origine du naturalisme antichristique des loges franc-maçonniques, n'évoquent jamais le lien entre rosicrucisme et satanisme, mais le site "Vigi-Sectes", qui se définit comme "Association chrétienne internationale d'information sur les sectes et les mouvements religieux", en produit une bonne synthèse :

 

L’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix

Si, pour se renseigner sur la Rose-Croix, on va visiter des sites rosicruciens, on est convié à adhérer au mouvement A.M.O.R.C. : “Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix”.

On nous explique que cette organisation remonte à la plus haute antiquité égyptienne ; qu’elle est en mesure de faire connaître une sagesse précieuse, communiquée jadis par des “maîtres” et transmise de génération en génération par des initiés. Parente de la Franc-Maçonnerie, la Rose-Croix serait plus ancienne que cette dernière. L’emblème de l’ordre est une croix portant en son centre une rose rouge.

« Les Rose-Croix usurpent la référence au cœur chrétien, puisqu'ils placent la Rose ésotérique au centre de la Croix, ce qui est un blasphème, l'éviction du Coeur du Christ par le Féminin oriental. » (Alain Pascal, Le Siècle des Ténèbres, la Conspiration des Philosophes, ***, éd. Cimes, Paris 2019, p. 89)

 

« La légende Rose-Croix est une Cosmogénèse (un processus de création interne au Cosmos), (...) une négation de la Genèse. Le dieu des Rose-Croix n'est pas Dieu, leur ''Christ'' n'est pas le Christ. (...) Un chrétien ne doit pas avoir peur des symboles, mais doit se méfier des symbolistes (surtout contemporains, car leur principale activité semble de retourner les symboles chrétien en leur contraire...) » (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des philosophes tome 2, éd. Cimes, Paris 2018, p.45)

 

« La Création y résulte (...) d'un affrontement entre les forces du Bien et du Mal, dialectique qui est typiquement manichéenne (donc gnostique).» (Alain Pascal, Les Sources occultes de la Philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, La Conspiration des Philosophes *, éd. Cimes, Paris 2017, p. 248.)

 

« Le symbole était celui du Roman de la Rose (pré-théosophique), il est repris dans les Manifestes Rose-Croix et il sous-tend leur théosophie, qui est une pré-philosophie.» (Alain Pascal, Le Siècle des Ténèbres, la Conspiration des Philosophes, ***, éd. Cimes, Paris 2019, p. 89.)

 

« La Rose des rosicruciens est la même que celle du Roman de la Rose, c'est-à-dire la ''Rosée céleste'' de l'islam. Pour Mahomet, l'homme est créé à partir d'un caillot de sang et les ismaélites en ont fait une ''rosée céleste'' (Cf. Islam et Kabbale, p. 47); La Rose des alchimistes est aussi une ''osée'' qui viendrait du ciel - John Dee emploiera l'expression ''rosée du ciel'', ce pourquoi Yates écrit qu'il faut ''reconsidérer l'ancienne théorie qui soutient que le mot 'rosicrucien' n'est pas dérivé de Rose et de Croix, mais de Ros (rosée) et de Crux, et que sa signification alchimique est liée à la rosée qui était un (supposé) solvant de l'or, et à la croix qui représentait la lumière'' (p. 68). Yates ne dit pas que les Rose-Croix tiennent cet ésotérisme de l'islam, cependant confirme l'héritage de Dante et du Roman de la Rose. (...) Or, Dante et Meung tenaient cet ésotérisme de l'islam.» (Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des philosophes tome 2, éd. Cimes, Paris 2018, p.45-46.)

 

« [L]a religion du cœur des Rose-Croix va avoir d'immenses répercussions en Allemagne. Dans l'Europe entière, les sectes rosicruciennes étaient en contact, les loges maçonniques le seront aussi, et elles utiliseront des mouvements littéraires à des fins politiques. Ce n'est pas un hasard. C'est un complot.. » (Alain Pascal, Le Siècle des Ténèbres, la Conspiration des Philosophes, ***, éd. Cimes, Paris 2019, p. 98)

 

Il existe des “loges rosicruciennes” dans la plupart des pays du monde, de nombreuses publications rosicruciennes, et une “Université Rose-Croix Internationale”. Il est recommandé de fréquenter une loge ; mais pour un débutant, une bonne partie de la formation peut être assurée par correspondance, en-dehors de tout regroupement. L’organisation se présente comme un mouvement fraternel et philosophique, mais non religieux. La page d’accueil du site www.rose-croix.org comporte cette devise :

Connais-toi toi même, et tu connaîtras l’univers et les dieux

Le rosicrucianisme implique toute une série d’initiations occultes ; selon ses propres termes, il propose “un art de vivre pour le cœur et l’esprit”, et promet à ses adeptes la connaissance des lois de l’univers et de la nature. Il leur promet aussi la pleine compréhension du sens de l’existence, l’éveil de leur créativité et de tout leur potentiel humain.

Parmi les “membres illustres” qui auraient appartenu au mouvement, on trouve Pythagore, Platon, Aristote, Thomas d’Aquin, Copernic, Descartes, Leibnitz, Swedenborg, Balzac… Jésus, qualifié de “grand penseur”, figure aussi parmi ces “membres illustres”. Les rosicruciens précisent toutefois qu’il ne faut pas le confondre avec “le Christ”, qui est pour eux “un être extrêmement évolué qui s’est incarné plusieurs fois et a connu plusieurs existences terrestres différentes”. Ce faux “Jésus” n’est ni Dieu, ni Fils unique de Dieu ; il est un simple philosophe, qui prend place à côté de Mahomet, de Bouddha, de Lao-Tseu, et de Moïse. Cette doctrine n’a rien de nouveau ; elle existait déjà au premier siècle.

Pour mettre les chrétiens en garde, l’apôtre Jean écrivait alors:

« Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là est l’antichrist, qui nie le Père et le Fils. Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père. » (1 Jean 2:22-23).

Le rosicrucianisme est pour une petite élite, pour des “initiés”. Le salut biblique est pour tous ceux qui s’approchent avec foi de Jésus le Messie, le Fils unique de Dieu, l’Agneau de Dieu, le Ressuscité qui a reçu de Dieu l’autorité suprême. Le salut biblique est pour tous ceux qui se reconnaissent pécheurs et se confient en Jésus seul pour être sauvés.

Le rosicrucianisme enseigne que les êtres humains doivent passer par un grand nombre d’incarnations sur la terre pour parvenir enfin à être “absorbés en Dieu”. Ils parlent d’une “illumination”, d’une “fusion à jamais consciente dans le tout cosmique”. (sic) 

La Bible, elle, nous enseigne :

« il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement » (Hébreux 9:27).

Le salut, d’après les rosicruciens, s’obtient par nos propres efforts, par un long travail pour se purifier soi-même de ses tendances mauvaises, afin d’atteindre si possible des “états supérieurs de la conscience”, puis “l’illumination suprême”. La Bible nous enseigne qu’il est illusoire et vain d’essayer d’améliorer nous-mêmes notre vieille nature ; la solution de Dieu est de nous appeler à nous repentir, de nous identifier à son Fils mort et ressuscité, et de faire de nous, par la foi, « une nouvelle création » en Christ.

La Parole de Dieu précise bien :

« Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. » (Ephésiens 2:8-9).

 

(…)

 

Jean 3: 5 :

 

« Si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut pas entrer dans le Royaume de Dieu ».

 

Pour un rosicrucien, il ne s’agit pas de mourir à nous-mêmes pour avoir part à une vie nouvelle et éternelle, la Vie de Résurrection de Jésus-Christ. Il s’agit simplement “d’éveiller les vertus de l’âme humaine : humilité, générosité, tolérance.” Le rosicrucien ne voit aucunement la nécessité d’un Sauveur pour racheter l’homme et pour le remplir du Saint Esprit : le sacrifice par lequel Jésus a expié nos péchés n’a, dans ce système, aucune place, aucune raison d’être.

 

Or la Bible nous enseigne :

 

« Il n’y a pas de juste, même pas un seul ” (Romains 3:10).

 

« Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ Jésus. C’est lui que Dieu a destiné comme moyen d’expiation pour ceux qui auraient foi en son sang, afin de montrer sa justice. » (Romains 3:23-25).

 

Le rosicrucianisme enseigne qu’il est possible, dans certains cas, de communiquer avec des êtres chers qui sont décédés, “à condition de nous élever vers eux, et de ne pas les faire descendre vers nous”. Ce ne serait plus, alors, du spiritisme !

 

La Bible dit clairement :

 

« Qu’on ne trouve chez toi… personne qui consulte ceux qui évoquent les esprits, personne qui interroge les morts. En effet, quiconque se livre à ces pratiques est en horreur à l’Eternel. » (Deutéronome 18:11-12).

 

Les rosicruciens voient dans la Bible un livre estimable, mais ils ne lui attribuent aucune autorité particulière. Elle a pour eux sa place à côté du “Livre des Morts” égyptien et des autres “grands textes sacrés de l’humanité”. Le dieu des rosicruciens est partout, il fait partie de tout, il est “la Beauté incrée”, “l’Intelligence Universelle”, le “Grand Architecte”, mais il n’est pas possible de le connaître. Le Dieu de la Bible, Lui, Se donne à connaître, par Sa Parole écrite, et par Son Fils Unique, la Parole Vivante.

 

Pour les rosicruciens, il n’y a ni paradis, ni enfer, ni Satan. Leur philosophie, disent-ils, “intègre les principes fondamentaux du yoga”. Il est important pour eux de cultiver “la pensée positive”, car “la pensée est vibratoire et agit sur l’environnement”. Il s’agit, chaque jour, de diriger des pensées positives vers le monde entier afin de “neutraliser les influences négatives” qu’on y rencontre.

 

Cette philosophie-là est totalement incompatible avec l’Évangile du salut en Jésus-Christ, que l’apôtre Pierre résume ainsi :

 

« Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés : et vous recevrez le don du Saint-Esprit ». (Actes 2:38).

 

La philosophie rosicrucienne recommande l’astrologie, pratique que le Dieu vivant condamne sans appel. (Voir à ce sujet Deutéronome 17:2-7 et Esaïe 47:13-15 cités à la fin de cet article). Les rosicruciens pratiquent la “projection astrale”, c’est-à-dire la sortie du corps en esprit, ils cultivent la “perception extra-sensorielle”, la transmission de pensée, l’hypnotisme, l’alchimie, et bien d’autres techniques occultes. Sans exception aucune, la Parole de Dieu appelle ces choses : “des abominations”.

 

Certains rosicruciens voudraient conserver l’appellation de “chrétiens” ; mais il suffit d’être un tant soit peu renseigné sur la philosophie et les pratiques rosicruciennes pour comprendre qu’entre foi chrétienne biblique et rosicrucianisme, il y a incompatibilité totale. Il est absolument impossible d’être rosicrucien et chrétien en même temps. De plus, aucun vrai chrétien ne se laissera éblouir par cette prétendue “sagesse” rosicrucienne.

 

Il sait bien qu’à moins de se repentir et de croire à l’Évangile, ceux qu’elle a séduits s’en vont vers

 

« une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force » (2 Thessaloniciens 1:9).

 

Un vrai chrétien ne sera ni séduit, ni impressionné par ce système philosophique ! En effet, la Bible lui révèle dès maintenant la splendeur éternelle du Fils Unique de Dieu, le Christ des Écritures, le Messie d’Israël, « en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Col 2,3). S’il est vrai qu’aujourd’hui nous ne connaissons qu’imparfaitement, nous Le verrons un jour face à face, et nous connaîtrons comme nous avons été connus (1 Corinthiens 13:12). Quelle espérance bienheureuse !

Le Discours sur la Servitude intellectuelle, De la soumission intellectuelle au déni de tyrannied'Alexis Haupt, décrit bien encore ce nouveau système :

 

"Les personnes soumises intellectuellement s’en prendront toujours à celles qui remettent en question la doxa de l’époque après y avoir identifié des failles. Elles les traiteront de fous, d’esprits dérangés. Pourquoi cela ? Eh bien parce que ces personnes souveraines intellectuellement leur tendent un miroir qui leur montre deux choses. D’abord, ce qu’elles sont : des personnes timides et soumises intellectuellement. Ensuite, ce qu’elles sont incapables de faire : remettre en question le récit de l’autorité et en soutenir les failles du regard. Regarder dans ce miroir les incommode, elles s’en prennent donc tout naturellement à ceux qui sont capables de faire preuve de ce qu’elles sont quant à elles incapables : d’audace intellectuelle."

Ce que les adeptes du naturalisme rosicrucien ne voient pas c'est que la faiblesse apparente de celui qui met son orgueil dans le dieu mort sur une croix et ressuscité est ce qui fait sa force et sa vie éternelle. Le Christ offre le véritable contre-pouvoir, celui de l'homme intérieur, par la pénitence, l'amour, la conscience, la vérité et la justice qui obtiennent bien plus que l'usage de la force brute.

Le règne du magique, de la folie, de l'irrationnel,... Et de la barbarie, malheureusement, sont des traits caractéristiques des démocraties contemporaines. 

 

Comme le dit le docteur Guillaume Barucq, sur X, "Il y a 4 ans, toutes les plages étaient fermées de façon autoritaire.

 

" Considéré de tout temps comme un espace de santé grâce à la pureté de son air, on se demande encore comment le bord de mer a pu être interdit de manière prolongée.

 

On se demande également comment dans les espaces purs de nos montagnes les randonneurs ont pu être traqués! 

La fiction diabolique anti-christique fondant la démocratie moderne, et son antidote
La fiction diabolique anti-christique fondant la démocratie moderne, et son antidote

Sophiste nominaliste matérialiste et épicurien, le théoricien de l'''État'' moderne, Hobbes écrit : ‘’Il n’y a point  de différence entre le juste et l’injustice." Celle qui se trouve entre le vice et la vertu ne prend sa source que dans les lois que les hommes ont faites ; et avant ces lois, un homme n’était obligé à aucun devoir à l‘égard d’un autre homme. (...) Quant aux principes qu’il a établis dans ses ouvrages, ils sont affreux. (…) [T]ous ses principes se rapportent à une idée principale, la ‘’doctrine de la force‘’; toute la philosophie de Hobbes est employée à légitimer la ‘’force‘’, à la diviniser, à justifier tout par la force : (…) selon lui (…) ‘’la justice n’est que la puissance, la loi n’est que la volonté du plus fort, le devoir que l’obéissance du plus faible‘’, etc. Ces (…) maximes ont été consignées dans 42 ouvrages dont on peut voir la liste complète dans les Dictionnaires de Chauffepié et de Chalmers. Les principaux sont : Elementa philosophica seu politica de Cive, Amsterdam en 1649. L’auteur donne trop à l’autorité du monarque. Il en fait un despote. (…) Il y suppose tous les hommes méchants, non-seulement par un penchant d’origine vers le mal. (…) L’auteur était plus grand sophiste que grand philosophe. On peut le regarder comme le précurseur de Spinosa.’’ (Dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom, F.-X. de Feller 1735-1802, tome trois, Outhenin-Chalandre Editeur, 1838, p. 546.). Locke, Rousseau, Kant, et les socialistes suivirent ses traces. Ils ont adopté la trame du mythe de l'état de nature, à travers leur "contrat social" et l'État moderne. "Elle survit en notre inconscient", écrit Michel Villey dans son article "La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne", Actes de la table ronde de Rome (12-14 novembre 1987,ibid., p. 38). Or, nous ne trouvons dans la Somme de S. Thomas d'Aquin aucune des pièces de ce système mais son antithèse...

 

En effet, « (Somme théologiqueIa IIae ques. 104 et 108 : de la loi divine révélée ne saurait s'induire une politique qui fût spécifiquement ''chrétienne''... Ni de la loi ancienne mosaïque édictant pour le peuple juif des préceptes dits ''judiciaux'', mais qui ont cessé d'être en vigueur : parce que l'avènement du Christ eut cet effet de les abroger (ques. 104). Ni de la 'loi nouvelle' ou évangélique : sa mission est autre. Elle concerne la vie 'intérieure'. Dieu laisse le soin d'organiser ces institutions temporelles à notre raison naturelle (ques. 108). C'est mieux ainsi, pour que les règles du droit et de la politique soient communes à tous les hommes. Il convenait qu'elles fussent désacralisées.

 

« Par conséquent, en ces matières, brisant avec la tradition de l'''augustinisme politique'', la théologie de la Somme va procéder des philosophes et juristes païens. D'Aristote, qui (…) fut parmi les philosophes grecs le politologue par excellence. (...) Cela seul est un évènement : rien de moins que l'acte de naissance en Europe de la science politique. Dégagée de la morale, elle y retrouve son autonomie. (...) Il ne s'agit plus d'une pastorale coulant de la Parole divine, mais d'une science d'observation.

 

« (...) Il (S. Thomas) exclut qu'une science politique doive être tirée de l'Ecriture sainte. Et l'expérience (vu les messianismes dans l'histoire. Ndlr.) lui donne raison ; elle a montré que la Politique tire argument de l'Écriture tant pour l'anarchisme, le socialisme, le conservatisme, le fascisme, que pour la ''démocratie chrétienne''. (...) La politique est laissée "à l'arbitre de l'homme", ecrit Michel Villey, dans La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne" (ibid., p. 34-37.)

 

« (…) Or il est faux que S. Thomas ait part à son invention (la science politique de l'État moderne) ; elle fut l'œuvre de ses adversaires. (…) Eclosion des œuvres de Scot – et l'on trouve déjà chez Duns Scott le schéma du contrat social – de Guillaume d'Occam, nominaliste, fondateur de la Via Moderna. Avec ces deux auteurs émerge le moderne individualisme. (…) Le scotisme et le nominalisme domineront les facultés de théologie du Bas Moyen Âge. Et la Seconde Scolastique, bien qu'elle affectât de restaurer l'enseignement de S. Thomas, n'a pas échappé à leur influence. Nous ne sommes pas sans en porter encore aujourd'hui les stigmates. De l'avis de nombreux politologues la charpente du nouveau système ne se dessine nulle part plus clairement que chez Thomas Hobbes, lequel entreprit de détruire la Politique d'Aristote. (…) Nominaliste ayant appris la logique d'Occam, il est aussi féru d'Euclide et du mot geometricus : le trait le plus original (car lui veut être original) de son œuvre fut de fonder la Politique sur des axiomes ; alors que S. Thomas, excluant que le droit et la politique puissent être traités sur ce mode, pratiquait l'ancienne méthode, aujourd'hui morte, de la quaestio (Cf. Michel Villey, Questions de saint Thomas sur la politique et le droit, Paris, 1987)

 

« (…) Inexistence chez S. Thomas des droits naturels de l'individu. Qui pour Hobbes sont le Fondement. Il part de l'hypothèse de l'état de nature. Thème qui me paraît procéder de sources surtout théologique, puisque la Genèse évoque un état d'innocence.

 

(...) Mais chez S. Thomas, pas d'"état de nature" temporel; dès les origines (...), il existait entre les hommes des rapports d'assujétissements et de domination (Ia ques. 96, art. 3 et 4.) L'homme est naturellement social et même "politique", disait Aristote. Donc le contraire du mythe hobbien, lequel était défini par ce caractère, que tous les hommes y eussent été libres. D'une liberté que Hobbes qualifie - au Leviathan chapitre XIV, chapitre charnière - "le droit naturel de chaque homme" (each man). Les "droits de l'homme", raffinés par Locke, continueront au travers de toute la science politique moderne à tenir un rôle fondateur. Pas de "droits de l'homme" chez S. Thomas. » (Michel Villey, La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne", p. 34-39.)

 

Au XVIIe siècle, une controverse illustre le propos de S. Thomas selon lequel "de la loi divine révélée ne saurait s'induire une politique qui fût spécifiquement chrétienne'' : Jacques Ier qui voyait dans le roi l'élu direct de la divinité, et affirmant son "droit divin" avait institué un serment d'allégeance, auquel le cardinal Bellarmin, défenseur de l'opinion traditionnelle, avec les jésuites Persons, Suarez, s'opposa, car il soutenait l'origine populaire du pouvoir royal. (Cf. Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd. Albin Michel, Paris 1994, p. 747.)

 

Dans la Somme de S. Thomas, « [p]uisqu'aucune loi ne mérite son nom qu'à la condition d'être juste, ce qui voulait dire participer de la loi éternelle, la loi civile ne signifiait pas ce fait scientifique rigide qui procède de la volonté des pouvoirs publics. Elle procédait aussi de la recherche effectuée par les philosophes, de l'ordre prévu par Dieu sur sa création. J'en conclurais que la Somme défend les libertés individuelles. Non la liberté des modernes, cette indépendance radicale de l'homme séparé de ''l'état de nature'', dont nos droits de l'homme sont la nostalgie. Comme il n'a jamais existé d'autonome totale de l'homme, en quoi consiste la liberté ? À ne point dépendre tout entier de la communauté politique : "l'individu n'y est ordonné que par une partie de son être" (Ia IIae, 21, 4 ad. 3.) Être libre consiste à jouer de la multitude des ensembles auxquels tous les hommes appartiennent. Mais pour la reconnaître (la liberté) il fallait la vision encyclopédique que s'était donné sur le monde l'auteur de la Somme : elle fait défaut aux spécialistes des sciences politiques modernes. 

 

« Décidément, aucune des pièces de la Politique moderne, je ne l'ai trouvée chez S. Thomas : ni l'état souverain ni les droits de l'homme.

 

« (...) L'œuvre de S. Thomas (...) peut servir d'antidote à la science politique moderne. (...) Quant aux droits de l'homme, si nous les prenions à la lettre, ils entraîneraient la destruction de la communauté politique (Cf. Michel Villey, Le droit et les droits de l'homme, Paris, 1983), de l'État lui-même.

 

« Notre littérature politique, déchirée entre ces deux excès incompatibles, l'infinité du pouvoir souverain et l'infinité des droits de l'homme, se condamne à l'incohérence.

 

« Saint Thomas vous offre un remède aux impasses de la théorie politique moderne. (…) Ce remède a toujours servi. (…) Car sans doute la théologie de saint Thomas fut condamnée dès la fin du XIIIe siècle, puis dénaturée par les maîtres de la Seconde Scolastique. N'empêche que le texte de la Somme a toujours gardé des lecteurs. L'enseignement de la philosophie ancienne ne s'est pas arrêté en 1637, quand parut le Discours de la Méthode. L'Europe moderne s'est nourrie de la Politique d'Aristote : Montesquieu, Spinoza, Hegel. Et plus encore une quantité d'obscurs professeurs, plus ou moins tombés dans l'oubli, parce que l'historiographie a choisi de les ignorer. (…) Ainsi les ''droits de l'homme'' ? Historiquement ils sont sortis du mythe hobbien et rousseauiste de l'état de nature : ''Les hommes sont égaux et libres''. Ceci reste inscrit dans le texte de nos Déclarations. (…) Mais que veut-on dire par ces mots ? Ne nous flattons pas de l'illusion qu'il s'agisse de droits effectifs. Qu'en pensent les chômeurs ? Est-ce qu'ils jouissent du prétendu ''droit au travail'', et les moribonds du ''droit à la vie'' ? Ou (…) est-ce que vous avez vraiment le droit de vous fabriquer votre morale et vos croyances ''métaphysiques'', sans que le gouvernement s'en même ? Croyez-vous que le Ministère de l'éducation nationale, le Ministère de la culture, et l'école laïque, et la télévision d'Etat, s'abstiennent d'édicter une morale ? Pas la même qu'au temps de S. Thomas. Nous sont prêchés le culte de l'homme, la Religion de la Démocratie, et l'usage des préservatifs : ce qui plaît au vulgaire. Nous avons seulement sacrifié le rapport de la loi civile à l'ordre de la création. L'État n'a pas cessé de punir. Non l'idôlatrie, l'adultère, l'usure. Mais nos prisons sont plus remplies que ne l'était la Bastille. Il y a beaucoup d'hypocrisie dans le libéralisme moderne.

 

« Quant au verbiage dont on nous berce (…) sur les droits de l'homme, il trahit la réalité. Aux droits dont nous jouissons en fait – celui des malades aux prestations de la Sécurité sociale, de certains chômeurs à toucher le minimum vital, ou des citoyens à voter dans un isoloir – manque l'infinité propre aux ''droits de l'homme''. Ce sont des droits circonstanciés, calculés aussi en fonction de l'intérêt des autres, subordonnés au Bien commun ; tels que les définit la doctrine d'Aristote et de S. Thomas (Cf. Michel Villey, Le droit et les droits de l'homme, Paris, 1983).

 

« (…) Qu'est l'État moderne ? (…) Ainsi que l'écrit Georges Burdeau, personne n'a jamais vu l'État, ''idée'' confuse dont on s'épuise à chercher la définition. Existent aujourd'hui comme en Grèce, des communautés politiques. Le mot État est malléable. La littérature de l'Ancien Régime par exemple Corneille, La Fontaine, Molière, Beaumarchais – s'en servait le plus volontiers à la manière du Digeste (D. I. 1,3 ad statum Rei romanae) pour signifier le bien commun, l'intérêt de la communauté. Et Hobbes lui-même, qui s'est voulu démolisseur de la tradition, n'échappait pas à son emprise : il use du terme de Commonwealth. En fait, jusqu'au XVIIIe siècle, ce furent les classiques qui occupèrent le rôle principal dans l'éducation de l'Europe. Et nos institutions réelles ne sont pas sans porter la marque de leur influence. Oui, la Politique d'Aristote, réexhumée par S. Thomas, est une des sources de la science de l'Etat moderne tel qu'il est. » (Michel Villey, La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne", p. 45.)

 

Dans l'Antiquité, le sophisme de la loi du plus fort fut celui de l'immoraliste Calliclès contre Socrate ("Si le plus fort domine le moins fort et s'il est supérieur à lui, c'est là le signe que c'est juste...")C'est ce système qui fonde les régimes totalitaires modernes et contemporains niant les exigences de justice et de liberté individuelles supérieures à tout droit conventionnel (Décalogue, ou Déclaration universelle des droits de l’homme) dont on a vu que l'État Leviathan se moque pourvu que loi soit celle du plus fort. L'argument de Hobbes se retourne contre lui-même. En voulant justifier le droit d'esclavage, il justifie à son insu le droit de révolte / rébellion qui n'est pas un droit puisque si dans un cas précis je me rebelle contre le plus fort et que je le vaincs, le plus fort n'aurait aucun droit sur moi puisque j'aurais réussi à le battre. Le ''droit'' n'a, ainsi, rien à voir avec la force. Supposons par exemple qu'on ait le ''droit'' d'exterminer les vaincus après l'armistice, faire des esclaves, cela serait prolonger l'état de guerre. Ce serait postuler implicitement que le vaincu a lui aussi le droit de recourir à la violence (force) contre le vainqueur. En voulant justifier le droit d'esclavage, on justifie à son insu le droit de révolte / rébellion. Supposons encore qu'on est le droit d'imposer des injections dites vaccinales aux citoyens qui n'en veulent pas, cela revient à supprimer les déclarations de droits et la liberté à la base de ces déclarations. Cela serait supposerait que l'injecté aurait le droit lui aussi d'user de la force contre les injecteurs... De même, si la force fait le droit (hypothèse), si on parvient impunément (sans être puni) à échapper à cette force, alors c'est que dans ce cas précis, on s'est montré le plus fort, donc (d'après l'hypothèse) c'est qu'on a le droit de vaincre cette force, d'où l'absurdité d'un droit qui se retourne en son contraire... Donc l'expression ''la force fait le droit'' ne veut rien dire; le mot droit n'ajoutant rien au concept de force, n'a rien à voir avec la force. Or, dans l'État moderne, la fin (politique) justifiant les moyens, c'est la force du plus fort (machiavélisme). Dans la doctrine catholique, au contraire, la fin ne justifie pas l'emploi de moyens mauvais...

 

La thèse nouvelle de l'''État'', censée être le summum de ce que peut produire la pensée politique, ignore encore simplement la doctrine chrétienne médiévale qui permet le renversement du tyran lorsque celui-ci a gouverné "non au bien commun de la multitude", mais à son "bien privé", lorsqu'il a empêché "les biens spirituels de la multitude", lorsqu'il s'est opposé "à ce qu’aucun pacte d’amitié ne s’affermisse" entre les sujets..., lorsqu'il a semé la discorde entre les sujets...; ou encore lorsqu'il a régné "par la crainte"... (De RegnoDu royaume, écrit au Roi de Chypre, 1266, Editions Louis Vivès, 1857.)

 

« Le genre humain constitue une communauté. On a fait gloire à Vitoria d'en avoir été l'inventeur. Mais il s'agit d'une notion familière aux Stoïciens, déjà présente chez Aristote ; plus présente encore à l'esprit de l'auteur de la Somme, parce qu'elle évoque le thème chrétien du royaume des cieux. Dieu qui la gouverne est aussi notre suprême ''bien commun'' (Ia IIae 103, 9 ad. 2 – IIa Iiae 152, 4 ad. 3, etc.) Voilà, direz-vous qui relève de la théologie. Mais ce morceau de théologie – pas exclusivement chrétienne – concerne aussi la Politique.

 

« Car retournons au traité de la Loi humaine (Ia Iiae ques. 95), où se trouve le noyau de l'enseignement de S. Thomas sur la Politique. On l'interprète à contre-sens, coupé de son contexte. La Somme avait auparavant présenté la Loi éternelle, terme repris à S. augustin, mais pas du tout ignoré en Grèce ni à Rome (Aristote-Sophocle-Cicéron). Qu'est cette Loi ? ''La Raison de Dieu'' gouvernant l'Univers – la communauté englobante du monde (ques. 93). Bien sûr, la formule de cette Loi demeure inaccessible à l'homme, les pensées de Dieu n'étant pas les nôtres. Mais une connaissance indirecte, et très incomplète peut en être acquise, ''par ses effets'', si l'on observe le spectacle de la création. Aux philosophes ou plus tard aux jurisconsultes incombe la tâche de déchiffrer l'ordre de la nature, et de couvrir les principes les plus généraux de la loi dite naturelle (94,2 – pris à la fois à Cicéron et Aristote).

« Or, tout droit dépend de cet ordre. C'est ensuite seulement que la Somme vient traiter de la ''Loi humaine'', pour la dire d'abord ''dérivée'' de la loi naturelle (Ia Iiae ques. 95,2 L'Origine de la loi humaine. ). À l'intérieur de chaque cité, l'œuvre du législateur consiste à définir, mettre en formule, accommoder aux circonstances les implications de la loi naturelle – et inventer les moyens de la mettre en œuvre, constituant le ''droit positif'' (ibid.) Ce n'étaient pas là des paroles vaines. Il en résultait l'exclusion de notre ''positivisme juridique''. S. Thomas invitera à tenir pour nulles les lois injustes et les citoyens à enfreindre au besoin les ordres du pouvoir. Lex esse non videtur quae justa non fuerit (Il ne semble pas y avoir de loi qui n'ait pas été juste) (Ia IIae qu. 95 art. 4II IIae De judicio art 5.) Il est resté fidèle aux thèses philosophiques grecques sur la résistance aux tyrans (Ia IIae 5 et 6 ad IIa IIae, De seditione, 2 et 3.) 

 

« (...) La loi civile ne signifiait pas ce fait scientifique rigide, qui procède de la volonté des pouvoirs publics. Elle procédait aussi de la recherche effectuée par les philosophes, de l'ordre prévu par Dieu sur sa création. » (Michel Villey, La théologie de Thomas d'Aquin et la formation de l'État moderne", p. 44-45.)

 

Pour S. Thomas d'Aquin, face à un pouvoir injuste (non conforme à la loi naturelle dérivée de la loi éternelle), la capacité insurrectionnelle est toujours présente quand un tel gouvernement opprime la multitude. "Le renversement" (du régime tyrannique) "n'est pas une sédition, car c'est le tyran qui est séditieux et nuit au peuple (IIa IIae q. 42, art. 2, s.3). Seulement, pour Saint Thomas, le tyrannicide par un individu n'est pas moral. Il réserve cette possibilité à "l'autorité publique" : "Si l’excès de la tyrannie devenait intolérable, quelques-uns ont cru qu’il reviendrait au courage des hommes qui s’en sentent la force de tuer le tyran et de s’exposer à des périls mortels pour la libération du peuple. […] Mais cela n’est pas conforme à la doctrine des Apôtres (I Pet. ii, 18). […] Ce serait en effet dangereux pour le peuple et ses chefs si des hommes, par leur action privée (privata præsumptione) entreprenaient de tuer les gouvernants, fussent-ils des tyrans. […] Si chacun pouvait, à son gré, attenter à la vie d’un roi, il y aurait plus de danger à sacrifier un roi qu’il n’y aurait d’avantage dans la mort d’un tyran. On voit donc mieux que contre la malfaisance des tyrans, ce n’est pas par les entreprises de quelques particuliers qu’il faut procéder, mais par l’autorité publique" (De Regimine principum, I, 6).

 

Voici comment l'on peut résumer l'antidote :

Dieu, étant la cause première et la fin dernière de l’homme et de l’univers, la société est un moyen naturel pour l’homme d’atteindre sa fin et le pouvoir dans la société venant de Dieu, il est ordonné à lui. Le pouvoir se fonde avec le consentement implicite ou explicite de la société. Aucune constitution politique ne s’impose. Le pouvoir séculier et le pouvoir ecclésiastique sont distincts. L’État a pour fin le bien commun temporel, l’Église a pour fin le salut des âmes. L’État s’ordonne à l’Eglise dans la mesure où la fin temporelle s’ordonne à la fin éternelle. (Abbé Bernard Roland-Gosselin - La doctrine politique de saint Thomas d'Aquin, 1928).

 

Saint Thomas d'Aquin prend soin de préciser qu'avant la constitution de la société, un seul homme ne pouvait pas, par lui-même, "s’assurer les moyens nécessaires à la vie." Il est donc dans la nature de l’homme qu’il vive en société."  (De RegnoDu royaume, écrit au Roi de Chypre, 1266, Editions Louis Vivès, 1857, p. 4.

 

"Toute loi (...) est ordonnée au salut commun des hommes, et c'est seulement dans cette mesure qu'elle acquiert force et raison de loi ; dans la mesure, au contraire, où elle y manque, elle perd de sa force d'obligation." (Somme Théologique, Ia IIae, Question 96, Article 6).

 

"Aussi toute loi portée par les hommes n'a raison de loi que dans la mesure où elle dérive de la loi de nature. Si elle dévie en quelque point de la loi naturelle, ce n'est plus alors une loi, mais une corruption de la loi." (Somme théologique, Ia IIae, Question 95 La loi humaine, article 2 L'origine de la loi humaine.)

 

"La densité politique de la pensée de l'Aquinate" a permis à l'Église catholique d'"adopter plusieurs de ses thèses révolutionnaires, sur la tyrannie, l'ignorance invincible, la prévalence de la conscience sur les lois", explique le journaliste et écrivain Frei Betto.

 

Ne pouvant pas compter sur la fidélité, le tyran règne par la crainte. S’il n’y a pas excès de tyrannie, il est plus utile de tolérer pour un temps une tyrannie modérée, que d’être impliqué, en s’opposant au tyran, dans des dangers multiples, qui sont plus graves que la tyrannie elle-même. Il peut en effet arriver que ceux qui luttent contre le tyran ne puissent l’emporter sur lui, et qu’ainsi provoqué, le tyran sévisse avec plus de violence encore. Que si quelqu’un peut avoir le dessus contre le tyran, il s’ensuit souvent de très graves dissensions dans le peuple, soit pendant l’insurrection contre le tyran, soit qu’après son renversement, la multitude se sépare en factions à propos de l’organisation du gouvernement. La multitude peut se défaire du roi ; mais selon quelle procédure ?  Une fois établi cette nuance de supporter le tyran pour cause de fidélité à l’évangile, pour Saint Thomas, "c’est l’autorité publique qui doit supprimer le tyran. [I]l semble que contre la cruauté des tyrans il vaut mieux agir par l’autorité publique que par la propre initiative privée de quelques-uns. » (Saint Thomas d’Aquin)

 

Or, la thèse nouvelle de l'''État'' contractuel prétend fonder un contrat social tout vient de l'État et tout revient à l'État. N'est-ce pas le propre de la tyrannie ? N'est-ce pas une exagération de la parole du Christ qui aboutit à rendre tout à César, et qui ignore la distinction opérée par le christianisme entre deux souverainetés autonomes, également légitimes, et non réductibles à une seule (une souveraineté temporelle autonome et une souveraineté spirituelle autonome) ? Cette distinction avait été faite par le christianisme seul. Seule elle a permis dans l'histoire de créer un chemin au respect des consciences personnelles et donc un développement de l'individu en dehors de tout cadre étatique terrestre ou national... L'Antiquité païenne ou juive ne connaissait pas cette distinction : une seule souveraineté englobait le temporel et le spirituel... Une telle distinction des souverainetés" dans le christianisme mettait fin aux pouvoirs coercitifs du prince dans le domaine religieux, pouvoir que paradoxalement les temps modernes ressuscitent ... pour le donner ... au prince... c'est-à-dire à l'État.

L'Eglise antique, de façon naturelle, a prié pour les empereurs et pour les responsables politiques, en considérant cela comme son devoir (cf. 1 Tm 2, 2); mais, tandis qu'elle priait pour les empereurs, elle a en revanche refusé de les adorer, et, à travers cela, a rejeté clairement la religion d'Etat. Les martyrs de l'Eglise primitive sont morts pour leur foi dans le Dieu qui s'était révélé en Jésus Christ, et précisément ainsi, sont morts également pour la liberté de conscience et pour la liberté de professer sa foi, - une profession qui ne peut être imposée par aucun Etat, mais qui ne peut en revanche être adoptée que par la grâce de Dieu, dans la liberté de la conscience.

Discours du pape Benoît XVI à la curie romaine à l'occasion de la présentation des vœux de Noël, Jeudi 22 décembre 2005

Pour parer à cette erreur de l'État moderne Léviathan où n'existe aucune distinction du temporel et du spirituel, le pape Léon XIII, dans la Lettre encyclique Libertas (1888) écrit :  "c'est absolument dans la loi éternelle de Dieu qu'il faut chercher la règle et la loi de la liberté, non seulement pour les individus, mais aussi pour les sociétés humaines. Dans une société d'hommes, la liberté ne consiste pas à faire tout ce qui nous plaît : ce serait dans l'État une confusion extrême, un trouble qui aboutirait à l'oppression ; la liberté consiste en ce que, par le secours des lois civiles, nous puissions plus aisément vivre selon les prescriptions de la loi éternelle. Pour ceux qui gouvernent, la liberté n'est pas le pouvoir de commander au hasard et suivant leur bon plaisir: ce serait un désordre non moins grave et souverainement pernicieux pour l'Etat ; mais la force des lois humaines consiste en ce qu'on les regarde comme une dérivation de la loi éternelle et qu'il n'est aucune de leurs prescriptions qui n'y soit contenue, comme dans le principe de tout droit. (...) Supposons donc une prescription d'un pouvoir quelconque qui serait en désaccord avec les principes de la droite raison et avec les intérêts du bien public ; elle n'aurait aucune force de loi, parce que ce ne serait pas une règle de justice et qu'elle écarterait les hommes du bien pour lequel la société a été formée. (...) Le pouvoir légitime vient de Dieu, et celui qui résiste au pouvoir, résiste à l'ordre établi de Dieu; c'est ainsi que l'obéissance acquiert une merveilleuse noblesse, puisqu'elle ne s'incline que devant la plus juste et la plus haute des autorités. Mais, dès que le droit de commander fait défaut, ou que le commandement est contraire à la raison, à la loi éternelle, à l'autorité de Dieu, alors il est légitime de désobéir, nous voulons dire aux hommes, afin d'obéir à Dieu. Ainsi, les voies à la tyrannie se trouvant fermées, le pouvoir ne rapportera pas tout à soi; ainsi sont sauvegardés les droits de chaque citoyen, ceux de la société domestique, ceux de tous les membres de la nation ; et tous enfin participent à la vraie liberté, celle qui consiste, comme nous l'avons démontré, en ce que chacun puisse vivre selon les lois et selon la droite raison".

« L'Eglise refuse à la fois le capitalisme et le socialisme parce que les deux aliènent la liberté de la personne. Car l'être humain ne doit sa liberté qu'à Dieu affirmée par le dogme chrétien. S'il se soumet à la philosophie maçonnique, capitaliste ou socialiste, l'individu perd sa dignité et sa liberté parce que dans cette philosophie "les principes fondamentaux et les lois sont empruntés au naturalisme." Sans rapport avec la transcendance, "surnaturel", il n'y a jamais eu de liberté individuelle dans l'histoire », résume bien Alain Pascal dans La Trahison des initiés (3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 93).

 

Pourtant, malgré tous ces avertissements, pour les tenants de la théorie moderne de l'État, ce n'est plus dans la loi éternelle de Dieu qu'il faille chercher la règle et la loi de la liberté mais dans l'homme (fait Dieu...) et la "théorie contractuelle du pouvoir"...

 

« Tandis que le peuple s'époumone au travail ou se rue sur le drapeau rouge qu'on lui agite, les dompteurs le plument. » (Alain Pascal dans La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 94).

 

L'"état de nature" des "philosophes", où l'homme serait heureux, libre et égal est un naturalisme religieux antichrétien et irrationnel, où malgré son prétendu bonheur initial, l'homme déciderait, par ingéniosité ou par utilité pratique, d'abandonner une partie de sa liberté naturelle pour faire un "contrat" avec l'État chargé de le protéger. Cette théorie est absurde et incohérence : si l'homme est libre et égal à l'état de nature, pour quelle raison chercherait-il à faire un pacte avec le Léviathan pour le protéger ?

 

La constitutionalisation de cette fiction dans le droit moderne est une autre incohérence : on n'écrit pas ce qui est naturel et logique mais on écrit "ce qui n'est pas naturel et a besoin de cet écrit pour exister..." (J.M. POTIN, Liberté, Egalité Fraternité, in Le Livre noir de la Révolution française, Cerf, Condé-sur-Noireau 2008, p. 421.)

 

« La loi écrite ne donne pas au droit naturel son autorité et par conséquent ne peut ni diminuer, ni supprimer cette autorité, car la volonté de l'homme ne peut pas changer la nature. C'est pourquoi, si la loi écrite contient quelque prescription contraire au droit naturel, elle est injuste et ne peut obliger... » (S. Thomas, Somme théologique, Secunda secundae, IIa IIae, Deuxième partie, II, ques. 60 art. 5)

 

"L’État a pour fin le bien commun temporel, l’Église a pour fin le salut des âmes. L’État s’ordonne à l’Eglise dans la mesure où la fin temporelle s’ordonne à la fin éternelle." (Abbé Bernard Roland-Gosselin - La doctrine politique de saint Thomas d'Aquin, 1928).

 

Les dits "droits naturels et imprescriptibles de l'homme" dans la déclaration de 1789 ne sont là que comme caution à la farce.

 

« Une société secrète révolutionnaire détournant la Démocratie.  (...) Il est établi que la Maçonnerie s'est servie de la Démocratie dans l'intérêt de quelques-uns. On peut en effet parler de ploutocratie, gouvernement par les riches ou d'oligarchie, gouvernement par quelques familles puissantes, pour le XIXe siècle; la Maçonnerie y est bourgeoise et capitaliste; elle a évincé l'ancienne noblesse et substitué son pouvoir économique à l'autorité royale. » (Alain Pascal, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 166.)

 

Lire : 1789 : Une aristocratie en chasse une autre, naissance de la bourgeoisie d'affaires et de l'Argent-Roi, la ploutocratie

 

« Au XIXe siècle, la vogue de l'occultisme a été relancée par Alphonse Louis Constant, pseudonyme d'Éliphas Lévi (1810-1875), a repris les œuvres de Rosenkreutz, Jacob Boehme, Swedenborg et Louis Claude Saint Martin (1743-1803), dit le Philosophe inconnu. Ces noms ne disent pas grand chose au profane, ce sont ceux des principaux adeptes de la théosophie, illuminisme moderne. Le successeur de Lévi est le Dr d'Encausse (1865-1916) plus connu sous le pseudonyme de Papus (...). En Angleterre, la magie théosophique a réuni dans l'Ordre de la Golden Dawn, entre autres Yeats et Aleister Crowley. En Allemagne, les Maçons du groupe Thulé. Nous ne connaissons pas exactement leurs liens avec la Société théosophique de Mme Blavatsky, avec la Fabian Society et Mme Bessant, mais nous n'ignorons pas que les philosophes et encyclopédistes Rose-Croix et les Illuminés du XVIIIe siècle se trouvent à l'origine du marxisme et de la révolution socialiste, et pour les dernières nommées, théosophie, martinisme, Golden Dawn, Thulé, derrière le Pacte Synarchique d'Empire, tentative d'exploitation du national-socialisme, idéologie d'origine rosicrucienne. Les sociétés secrètes qui se disent Rose-Croix ne sont donc pas uniquement des inspiratrices littéraires!

 

« (...) Pour le folklore, l'AMORC, Ancien et Mystique Ordre Rosicrucien, fondé au début du XXe siècle en Amérique, et ses diverses sectes contemporaines exploitant la crédulité d'ignares éblouis par les vieux relents de magie égyptienne.

 

« (...) Le monde, laïque et tolérant, par essence anti-catholique, a été fondé sur des modèles philosophiques issus d'une fiction littéraire, et (...) son sort est entre les mains des initiés aux diverses sociétés secrètes adeptes de la même philosophie. » (Alain Pascal, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 205-207.)

 

Les élucubrations sur l'origine "contractuelle" de l'État cherchent manifestement à justifier des points de vue politiques matériels arrêtés a priori, un pouvoir en réalité "en désaccord avec les principes de la droite raison et avec les intérêts du bien public. N'existera en somme plus qu'une seule souveraineté, celle de l'État civil moderne, entendez anti-chrétien.

 

C'est sans doute là l'évènement le plus significatif et le plus néfaste de ces trois derniers siècles en raison des conséquences que ces fictions mensongères ont pu entraîner dans nos vies et continuent d'entraîner dans la vie de chacun.

 

Nous pouvons et devons considérer l'irrationnel qui se trouve au cœur de ces concepts pensés comme des hypothèses méthodologiques simplement utiles (mais incohérentes), hypothèses devenues la grammaire de nos constitutions modernes. Ne sont-elles pas en elles-mêmes des punitions pour les péchés du peuple qui, selon S. Thomas d'Aquin, appellent des régimes tyranniques ? Comme il est dit dans le Livre de Job (XXX IV, 30): "Dieu fait régner l’homme hypocrite à cause des péchés du peuple..." (De RegnoDu royaume, écrit au Roi de Chypre, 1266, Editions Louis Vivès, 1857, p. 24.)

 

Avec l'utopie liberticide, où tous les débordements de violence de la part de ceux qui s'érigent en représentants du "contrat" sont permis, nous vivons donc en pleine idéologie, en plein mensonge. Bref, le règne du diable.

 

Et tous les "opposants", les "dissidents" nageront en sens inverse tant qu'ils n'auront pas compris cette donnée fondamentale. Le système jacobin de 1789 – la "Révolution"  en fournit le prêt-à-penser politico-"philosophique" type. Il s'agit d'une Pensée unique, en dehors de laquelle n'existe aucune liberté. Ce politique, théorisé au XVIIe siècle, est celui des trois derniers siècles. C'est le Politique naturaliste des loges maçonniques en dehors duquel il n'existe pas de "citoyenneté" et permet toutes les entorses aux "droits"...

 

La conséquence sociale en est aujourd'hui une uniformité idéologique sur toute la planète, une plongée dans le matérialisme le plus sinistre et le plus brutal, où l'industrie Pharma a pu faire passer des lois liberticides.

 

La pensée déviante est criminalisée, le "complotisme" fonctionnant aujourd'hui pour le régime politique moderne comme fonctionnait l'hérésie aux temps médiévaux...

 

« A compter de la Révolution française, (...) au plus tard à la chute du tsar de Russie, on aurait pu penser à un arrêt des oppressions dont on rendait les anciens régimes responsables, et à la fin de la violence politique puisque la mise en place de la Démocratie devait tout résoudre et que le nouveau régime devait assumer la liberté, la justice, la paix. Il n'en a rien été. (...) Les Temps modernes se caractérisent au contraire par la plus forte montée d'irrationnel (l'irrationnel a été revendiqué par le fascisme. Il sous-tend l'écologie [à la fois progressiste et réactionnaire!), est sous-jacent à la démagogie socialiste (faux rationalisme dont on a la preuve de l'échec), et marque aussi le religieux (retour du magique...) et le philosophique (l'absurde)] et la violence de l'histoire: les révolutions, l'émergence des systèmes politiques les plus oppressifs (le communisme, le fascisme), enfin et surtout par une série de génocides sans précédent. La guerre a été permanente, la liberté politique une exception, sinon un leurre. (...) Deux cent millions de morts pour le seul XXe siècle, la plupart dans les pays communistes avec la complicité silencieuse des médias occidentaux; des milliards de miséreux en errance, déracinés et mourants de faim; de nouvelles formes d'esclavage, à savoir la colonisation, l'immigration, l'exploitation par le capital, l'exploitation par l'État... Partout l'oppression et la violence sont le fait des armées, des États ou de l'argent. Le rapport du peuple au pou voir a empiré. » (Alain Pascal, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 171.)

 

En germe, nous avons le totalitarisme moderne où les libertés d'expression et de conscience sont abolies. 

 

Durant l'épisode Covid, il n'y avait soudainement plus de "liberté" pour les personnes récalcitrantes au récit officiel : café-assis-ou-debout, plages dynamiques, repas limités à 6 personnes (pas à 5, ni 7 mais 6), grands-parents laissés en cuisine pour le repas de Noël, fermeture des rayons sous-vêtements et jouets pour enfants mais clubs échangistes laissés ouverts, injections vaccinales "sûres et efficaces"..., etc. : pas de liberté en dehors des limites et des règles du jeu fixées par les "représentants", qui ne sont plus de bons pasteurs mais des loups déguisés en moutons. 

 

Gnose kabbaliste, le naturalisme opère ici comme une magie ; c'est littéralement un monisme métaphysique où la Création est confondue avec le Créateur, où le politique et le spirituel (d'ordre messianique) sont mélangés (il s'agit de revenir à un Paradis perdu...) Une utopie mortifère. C'est le grand mélange, la grande confusion, la grande inversion aussi ... qui, depuis deux mille ans, vise à éradiquer le christianisme, seul espace permettant la liberté de l'individu en lui substituant la "philosophie des droits de l'homme", nouvelle table de la Loi. Dieu renversé, l'homme mis à sa place. Comment s'étonner des conséquences ?

 

Cette magie diabolique ​​est basée sur trois mensonges :

- le mythe de l'âge d'or, le Bon sauvage

- la fiction de l'état de nature libre et égal et la thèse fausse et intéressée de l'origine contractuelle du pouvoir

- et l'idée de tolérance sortie tout droit de la philosophie de Locke. (Cf. Jean de VIGUERIE, Histoire et Dictionnaire du temps des Lumières 1715-1789, Bouquins Robert Laffont, Paris 1995, p. 120-125).

I - Le mythe de l'Âge d'Or dans l'état de nature

Pour les initiés, la Révolution est une ré-volution. C'est un retour à la religion cosmique supplantée par le christianisme, mais revenue avec la Renaissance plaçant l'homme et non plus Dieu au centre de l'univers, et qui sous-tend la philosophie moderne imposée par les loges, y compris la plus récente (nous vivons son aboutissement avec l'imposition du New Age et de l'écologie par les mondialistes). (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 131, 132).

 

Une conséquence du Mythe du Bon Sauvage est le relativisme religieux. (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 134).

 

La droite et la gauche dans ce système ne sont là que comme leurres, eux-mêmes inscrits dans le mensonge naturaliste et la prison jacobine. Tout autre système, comme celui du christianisme, est banni.

 

Tous les Etats modernes occidentaux sont fondés sur une image inversée du Jardin d'Eden qui fonde la "Démocratie" moderne et le "libéralisme". Et cette image inversée est diabolique : Dieu y est le mal des gnostiques et des "théosophes"; il est responsable du mal et a déchu l'homme qui est accusé à tort du péché originel. L"état de nature", état soit-disant "libéral" fonde les "droits" contre le Dieu de la tradition biblique. (Cf. Alain PASCAL, qui aborde ce sujet dans "Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes", 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 104.)

 

John Locke (1632-1704)

En Angleterre, John Locke est le philosophe du libéralisme politique anglo-saxon.

 

Il s'imprégna de l'esprit du nominalisme de Guillaume d'Ockam et quand il lit Descartes, il devient un fervent partisan de sa méthode. Élève de Boyle, John Locke est proche des Rose-Croix, voire l'un d'eux dès l'Université (il est probable qu'à Oxford il ait connu la 'médecine' des disciples de Paracelse et le Rose-Croix Ashmole a créé à Oxford un musée). Officiellement aussi c'est en tant que médecin que Locke a rencontré lord Ashley, comte de Shaftesbury, qui fait de lui son homme de confiance. Boyle, Ashmole, tous sont des initiés. Locke est calviniste, donc un ennemi du catholicisme. Quand les Stuarts reprennent le pouvoir avec Charles II (1660-1688), Locke, encore jeune (il a 28 ans) accepte la restauration Stuart, car il veut faire carrière. Il adhère ensuite au parti "libéral" whig, comme son protecteur Shaftesbury (1621-1683), qui, opportuniste servit successivement Cromwell et les puritains puis Charles II, dont il est le "conseiller", avant de le trahir et de rejoindre le parti whig. 

 

Bernard Chantebout_Droit constitutionnel et Science politique, 10e édition, Armand Colin, Paris 1991, p. 14

 

Les libéraux sont hostiles aux Stuarts, parce que bien que Charles II soit tolérant (il promulgue une Déclaration d'indulgence en 1672), il impose en 1673 l'Acte du Test qui confirme l'anglicanisme comme religion officielle, et cela est insupportable aux puritains, aux calvinistes et aux libéraux (si on peut les différencier), qui sont (ou plutôt se disent) des libres-penseurs. Après le mort de Shaftesbury en 1683, Locke part en Hollande où il vit cinq années jusqu'en 1688, où il "fit connaissance de deux membres influents de la secte des Remontrants" (THONNARD, p. 562), nom donné par les Hollandais aux Arminiens, les calvinistes libéraux (en opposition avec des calvinistes rigoristes). Nul ne sait si Locke est devenu arminien (secte qui érigeait la "tolérance" en véritable dogme), mais il est très proche de cette secte calviniste, et qui est l'une de celles qui seront réunies par la Grande Loge de Londres en 1717.

 

En Hollande, Locke est présenté (on ne sait par qui) à Guillaume d'Orange. Celui-ci est l'héritier d'une dynastie hostile au catholicisme (et que Descartes a servi en la personne du duc de Nassau), car il va se faire le héros du calvinisme dans sa guerre acharnée contre le catholicisme et Louis XIV. Il forme contre Louis XIV une coalition dont les Stuart ne font pas partie, puisque sous Jacques II (1685-1688), l'Angleterre est l'alliée de la France contre la Hollande. Locke trahit Jacques II en adoptant la cause orangiste. Il approuve ainsi la montée d'un prince demi-hollandais sur le trône d'Angleterre, grâce à la "Révolution" de 1688, la première de toutes, et déjà un complot de forces occultes anti-catholiques. (Elle est "libérale", donc de gauche, bien qu'au service de l'Argent (le parti Whig est la première gauche historique, indiquons-le aux naïfs qui croient encore que la gauche s'oppose à l'Argent.) Cette prise de pouvoir de l'Argent s'insère dans le complot Rose-Croix en Europe, puisqu'elle a été réalisée avec l'aide (et au bénéfice) des calvinistes et des sectes rosicruciennes (dont les libéraux, qui sont à l'époque quasiment une secte). Par la Révolution, "le protestantisme et le libéralisme whigs l'ont emporté sur le catholicisme à la Bossuet", écrit Jean-Jacques Chevalier dans Les grandes oeuvres politiques de Machiavel à nos jours (Armand Colin, 1968, p. 87.) N'est-ce pas pour ces raisons que l'histoire officielle dit cette Révolution "glorieuse" ?

 

Il y a peu de preuves des rapports entre les libéraux et les sociétés secrètes Rose-Croix, sauf un document de 1676, qui explique comment un club whig "la Cabale au Ruban Vert" dînait avec la Fraternité de la Rose-Croix, les adeptes hermétistes et les Maçons acceptés, tous ayant en commun leur "invisibilité". (Frances Yates, La Lumière des Rose-Croix, Celt, 1978, p. 247 in Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 397-401.)

 

Comme Hobbes, Locke part d'un État de nature, mais différent de l'enfer de Hobbes, car un Paradis perdu. Pour Locke, l'État de nature "est un état de parfaite liberté et aussi un état d'égalité" (CHEVALIER, Les Grandes Oeuvres politiques de Machiavel à nos jours, Armand Colin, 1968, p. 90.), lequel n'entraînerait pas la guerre de tous contre tous car il existerait un "contrat originel", qui serait le fait d'une "raison originelle" ! Locke nage en pleine utopie (on ne voit pas sur quelle base du réel il se base), mais sa théorie fumeuse a un avenir certain. L'affirmation rousseauiste, révolutionnaire et "droits de l'hommesque" que les hommes naissent libres et égaux.

 

Locke justifie le droit de propriété privée puisque grâce à elle, l'homme respecte naturellement la propriété de l'autre. Mais ce paradis a été perdu à cause de la société et il suffit de restituer à l'individu ses droits naturels pour rendre la société meilleure : Rousseau et les droits de l'homme sont en prémisses. Nulle part et en aucun lieu l'homme ne respecte la propriété de l'autre, sauf s'il y est contraint par une autorité supérieure ou par la peur de l'autre.

 

Partout l'homme se caractérise par son avidité sans limites. 

 

Dans une video YT, "Réponses aux grandes questions sur le loup", Jean-Michel Bertrand, cinéaste animalier, auteur et réalisateur du film "Vivre avec les loups", explique que "l'humain est le premier pilleur de la nature, le seul être capable de détruire et d'aller au-delà de ses besoins."

 

Mais alors que le gouvernement absolu (au sens de sans liens avec les puissants, les lobbys), permet précisément de défendre la propriété individuelle contre les grands, Locke tire de son utopie une conclusion politique, à savoir que "de là suit que le gouvernement absolu ne saurait être légitime". Si les individus sont naturellement libres et égaux, ils ont des droits antérieurement à la société. Ce qui - pratique - permet (au nom de ces "droits") toutes les violences politiques, tous les contrôles et toutes les dominations, tous les enrichissements au profit des puissants. Cette théorie a un aspect positif - une aspiration à la liberté et une dénonciation de l'oppression -, mais elle est fondée sur une pure utopie, dont les conséquences seront gravissimes, la Révolution, mais aussi le socialisme. (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 405-407.)

 

Fénelon (1651-1715)

En France, l'idée de l'âge d'or est commune à beaucoup d'auteurs, mais ce sont principalement Fénelon (1651-1715) et le chevalier de Ramsay (1693-1743), franc-maçon anglais (dans ses Voyages de Cyrus) qui l'ont lancée.

 

Ce mythe était païen (doctrine de Zoroastre, l'ancienne théologie égyptienne, l'orphisme, le pythagorisme).

 

Ramsay le mélange avec un messianisme qui n'a de chrétien que le nom. "Ramsay est le prophète d'un nouveau messianisme ... : "un jour le paradis terrestre reviendra." (in Jean de VIGUERIE, ibid., p. 121.)

 

"Pendant le siècle d'or, fait dire Ramsay à Pythagore, les habitants de la terre vivaient dans une innocence parfaite." Et dans la bouche d'un prêtre de l'ancienne Égypte, il met les paroles suivantes : "... La mort, la maladie, les crimes n'osaient approcher de ces lieux fortunés. ... Les hommes vivaient alors sans discorde, sans ambition, sans faste, dans une simplicité parfaite. ... L'état primitif de l'homme était bien différent de ce qu'il est aujourd'hui. ... Tout était soumis à l'ordre immuable de la raison; chacun portait la loi dans son coeur, et toutes les nations de l'univers n'étaient qu'une république de sages." (Voyage de Cyrus)

 

"Ni son paradis terrestre ni son retour du Messie ne paraissent ... orthodoxes. Son paradis terrestre ressemble peu à celui de la Bible, car il y fait habiter non un seul homme et une seule femme, mais l'humanité tout entière. ... Le Messie reviendra dans sa gloire pour détruire le mal physique et renouveler la face de la terre. ... Un jour le paradis terrestre reviendra." (Jean de VIGUERIE, ibid., p. 121). Un retour du messie sans la justice qui va avec dans le Nouveau Testament n'est pas chrétien. 

 

 

Chevalier de Ramsay (1693-1743)

Dans son Discours de 1736, Ramsay dit : "Tous les Grands Maîtres en Allemagne, en Angleterre, en Italie et ailleurs exhortent tous les Savants et tous les Artisans de la Confraternité de s'unir pour fournir les matériaux d'un Dictionnaire Universel des Arts libéraux et des Sciences utiles, la théologie et la politique seules exceptés (...) Par là on réunira les lumières de toutes les Nations dans un seul ouvrage." Les majuscules sont de l'auteur (texte reproduit par Marcy dans son Histoire du Grand Orient, p. 371) et le lecteur notera l'emploi du mot "lumières", non pas les connaissances scientifiques mais maçonniques.

 

Dans son Discours, Ramsay fait l'éloge de l'Angleterre et pour l'avenir, se tourne vers la France, la nation qui "deviendra le centre de l'Ordre" (ordre avec une majuscule.) Donc soit il y a un Ordre, soit des "Supérieurs inconnus", soit une "religion" commune. Voire les trois à la fois.

 

C'est ce que va réaliser l'Encyclopédie en France, après l'Angleterre et sur le "modèle anglais". Car Ramsay ajoute : "On a déjà commencé l'ouvrage à Londres.

Page de titre de la première édition du Zohar, Mantoue, 1558

 

Effectivement, au début du XVIIe siècle, l'anglais Francis Bacon (1561-1626) avait classifié les sciences en les opposant au christianisme (Bacon inversa la démarche de la scolastique en substituant l'expérimentation humaine à la Révélation divine, ce qu'il traduit sur le plan méthodologique par le recours à l'induction et non à la déduction. Il ne déduisait plus en fonction de la Vérité révélée, c'est-à-dire à  partir du Haut, mais il induisait à partir du bas, à partir de l'Homme.) Père du sensualisme, il fondait toute connaissance sur l'expérience (THONNARD, Précis d'Histoire de la Philosophie, Desclée 1937, p. 278.) Il n'y a plus de critère rationnel du Réel, car aucun sensualisme ne peut prétendre à l'objectivité : il est obligatoirement subjectiviste. Le sensualisme est le prototype de l'erreur épistémologique, car sans critère objectif du rationnel, ni du réel. Et les conséquences sont gigantesques, puisque HobbesLocke, Newton, l'école "écossaise" du XVIIIe siècle, jusqu'à Marx et ses successeurs (liste non exhaustive) seront les continuateurs de Bacon.

 

Bacon est un drôle de "rationaliste", car il se dit indépendant de toute religion (surtout du christianisme...), et il est secrètement panthéiste. En procédant à ses expériences "scientifiques", il prétend faire "la chasse de Pan", guidé par une sorte de "flair" scientifique (ce sont ses termes), investigation de la Nature qui précède l'induction. Une théosophie - pénétration de la Nature déifiée par des sciences occultes - précède sa méthode. Bacon se défie des idoles, mais Pan est une idole. Le panthéisme est son culte et la pansophie est une théosophie. Il n'y a rien de rationnel dans tout cela. C'est la démarche d'un théosophe, pas d'un scientifique.

 

Au XVIIe siècle, "de Bacon, le matérialisme parvient à travers Hobbes jusqu'à Locke." (Georges Politzer, La Philosophie et les Mythes, éd. Sociales, 1969, p. 101.)  (Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 117-127)

 

C'était une transposition sur la science du péché originel, et cette révolution épistémologique correspond aussi à la prétention kabbalistique, déjà reprise par la théosophie, que Bacon transforma en "méthode" avant Descartes. Or Bacon est Rose-Croix, un héritier de la 'Renaissance' et le père du sensualisme de Locke. La "République" de Bacon doit être placée sous l'égide d'une société secrète qui s'appelle ... la "Maison de Salomon", nouveau temple de Salomon que les Rose-Croix veulent édifier (c'est écrit dans leur légende). L'historien maçonnique Mellor, citant la Nouvelle Atlantide de Bacon, dit qu'une "Maison de Salomon" y étant le lieu de séjour d'une fraternité de philosophes, certains auteurs ont vu dans "la société en question un sénat rosicrucien, destiné à se muer en 1717 en la Grande Loge d'Angleterre" (Alex MELLOR, Dictionnaire de la franc-maçonnerie et des francs-maçons, Belfond 2005, p. 197.) La société se propose (déjà) de faire le "bonheur" des hommes en leur révélant les secrets de la nature." (BAYARD, La Spiritualité de la Rose-Croix, Dualpha, 2003, p. 98.) 

 

L'Encyclopédie fait l'éloge de la "Renaissance" dont elle invente et vulgarise le mythe. Nous sommes toujours dans la filiation rosicrucienne. C'est pour cela que les idées de l'Encyclopédie sont d'esprit rosicrucien : la notion cartésienne de la raison (celle de l'homme en-dehors de la Révélation et de la raison divine) y est appliquée à tous problèmes et l'autorité et la tradition y sont rejetées au nom du progrès.

 

D'origine rosicrucienne et maçonnique, l'Encylopédie s'inscrit dans la guerre des initiés orientaux contre l'Occident chrétien. C'est pour cela qu'elle va faire revivre les croyances archaïques du Talmud et du Zohar (lit. "Splendeur" ou "Radiance", œuvre fondamentale au XIIIe siècle de la littérature kabbalistique), c'est-à-dire l'ésotérisme antichrétien et anti-occidental. 

 

Le lien entre Maçonnerie, Encyclopédie et Lumières est donc établi. (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 363-364.)

 

Un autre tenant de l'âge d'or et du contrat en France est Jean-Jacques Rousseau.

 

"L"homme est né libre, et partout il est dans les fers" (Du Contrat social). En lisant Rousseau, on croit lire du Diderot, et au-delà du Locke. Pour ce philosophe rosicrucien, l''état de nature' était idyllique et il fallait restituer à l'homme ses droits naturels pour rendre la société meilleure. Les droits de l'homme étaient ainsi en prémisses dans Locke.

Au XVIe siècle, l'idée d'un état de liberté naturelle que l'homme aurait perdu pour tomber en servitude était déjà dans le Discours de la servitude volontaire de La Boétie, l'ami initiatique de Montaigne (Alain Pascal, Le Siècle de la Folie, p. 557). Dès son premier Discours sur les Sciences et les arts (1749), Rousseau affirme que l'homme est bon par nature et que la société et la civilisation le corrompent et l'éloignent de son bonheur primitif (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1755). Cette affirmation est aussi utopique que celle de Locke. Le Discours sur l'origine de l'inégalité publié en 1755 confirme et amplifie la thèse plus qu'in certaine du précédent Discours. 

 

Si l'auteur du Discours sur les sciences n'a pas étudié les sciences (ce qui le rend particulièrement incompétent pour en discourir!), ni la philosophie anglaise (ni Locke, ni Hobbes auquel il doit toutefois encore plus), il a puisé ses idées dans les livres de littérature venus d'Angleterre et par Diderot. Il y découvre les mythes de l'Éternel retour et du Paradis perdu (de John Milton) qui précèdent celui du Bon sauvage. Ces trois mythes fournissent le fond ésotérique de la croyance qu'en détruisant la société et le dogme chrétiens, l'homme redécouvrirait un paradis primordial... La philosophie de Rousseau n'est pas nouvelle. Car, si le mythe de l'Éternel retour est païen (on le trouve dans Platon et Aristote), celui du Paradis perdu et le fameux mythe du Bon sauvage sont rosicruciens, car dérivant du concept de l'"État de nature" des philosophes cartésiens anglais du XVIIe siècle, Hobbes, Locke, Daniel Defoe, l'auteur de Robinson Crusoé, qui écrira en 1726 une Histoire politique du diable, puis en 1727 un essai sur l'occultisme, le Système de magie). L'état de nature et le Bon sauvage s'accordent parfaitement au naturalisme des loges (des deux voies).

 

Contre Hobbes, qui décrit l’état de nature comme un état de guerre, Rousseau, comme Locke, fait de l’état pré-civilisationnel une époque de paix et défend le mythe mensonger du bon sauvage, être pur face à l’homme civilisé perverti. Il s'extasie sur le bonheur supposé de l'homme primitif, en décrivant sa position comme isolée, alors que l'homme primitif vivait en clan ou en tribu, et pas dans un paradis car il était souvent un esclave, confronté à la violence entre les clans et les tribus en quête de nourriture. Les sauvages des sociétés primitives peuvent être heureux, mais ils ne sont pas libres (ils vivent en tribu), ni bons (ils sont violents).

 

Dès les temps primitifs (et tout au long de l'Antiquité), les hommes ont réduit d'autres humains en esclavage ou les ont sacrifié pour éteindre la violence - c'est le sacrificiel archaïque décrit par René Girard. La civilisation chrétienne est la Civilisation avec un grand C, parce qu'elle a mis fin au sacrifice d'êtres humains. Ne serait-ce que sur ce plan du sacrificiel, la Civilisation chrétienne représente un immense progrès pour l'humanité, vis-à-vis des temps primitifs, mais aussi d'autres civilisations, n'en déplaise aux Rose-Croix (et à leurs héritiers maçons), mais également l'antiquité païenne qui était esclavagiste et sanguinaire, n'en déplaise aux "renaissants" et aux néo-païens modernes.

 

LireLes sacrifices humains en Grèce et à Rome

          Histoire et actualité du satanisme : Les évêques du Gabon contre les sacrifices humains

 

Et si le XVIIIe siècle n'avait pas la connaissance que nous avons désormais des temps primitifs, il avait reçu le témoignage des Espagnols sur la sauvagerie des Indiens lors de la conquête de l'Amérique.

 

"Pour Rousseau, l'homme primitif est heureux parce qu'il vit comme un animal et le civilisé est malheureux parce que la vie sociale a créé la pensée - d'où le fameux : 'l'homme qui médite est un animal dépravé' -, mais rien n'est plus faux. Jamais l'homme n'a été un animal sans pensée (sauf peut-être l'homme moderne...) et, dès les temps primitifs, l'homme a été confronté à la société et a dû penser pour assurer sa sécurité, notamment en endiguant la violence. (...) Son utopie du Bon sauvage va provoquer un retour à des temps archaïques." (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 485). Autrement dit, les temps modernes font renaître la violence la plus primitive.

 

La finalité de la résurgence de ces mythes est d'opposer l'"État de nature" des rosicruciens au dogme chrétien du péché originel et de la Chute. (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 476-477.)

 

"Le problème est que si un littérateur peut écrire n'importe quoi sans qu'un historien puisse le critiquer, Rousseau n'écrit pas un roman, mais une thèse, et pas n'importe laquelle, puisqu'on y trouve l'origine de l'affirmation de la Déclaration des droits de l'homme, selon laquelle tous les hommes naîtraient libres et égaux. Un égalitarisme entre les hommes étant une fiction, il n'est pas étonnant que la dite Déclaration ait entraîné un politique utopique, la Démocratie, et, les choses étant ce qu'elles sont, que ce régime soit dirigé par des forces occultes." (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 487.)

 

En discourant sur l'inégalité, Rousseau appelle à une société égalitariste (appel qui sera bientôt entendu par Weishaupt, le fondateur des Illuminés de Bavière). Il n'innove pas puisque les Ébionites, les Cathares, les Anabaptistes et autres sectes gnostiques ou protestantes avaient prôné un communisme de biens. La collectivisation de la propriété a été réalisée par ses héritiers socialistes, ce qui n'a pas mis fin aux inégalités sociales (un ouvrier enviait toujours la mercedes d'un apparatchik du Parti Communiste...) et encore moins à l'oppression politique... 

La recherche est celle du "paradis perdu du Rose-Croix (John) Milton(1608-1674) (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 316.) "Le poète John Milton est ... engagé en politique du même côté que le philosophe cartésien Hobbes dans le camp anti-catholique. Son Paradis perdu (1667) anticipe l'Etat de nature idyllique de Locke, paradis républicain (et cromwellien) perdu pour le rosicrucien Milton après le retour des Stuart..., dont le poème est ésotérique, puisque Milton croit en l'Éternel retour à un Eden peu chrétien, la République dirigée par la Maison de Salomon, le paradis des Rose-Croix... Où Milton parle sans cesse du Diable et lui montre la plus grande sympathie... Ainsi tous les rosicruciens se rejoignent. Léviathan est l'Etat idéal du 'poète' Milton et des 'frères ennemis' cartésiens Hobbes et Locke. Certains historiens présentent Milton comme un auteur chrétien, cependant il rejette la doctrine de la Trinité, à laquelle il préfère l'hérésie d'Arius, et n'admet pas la Création ex nihilo, à partir du néant: le monde de la matière comme le monde de l'esprit est une émanation éternelle de la substance divine (DURANT, Tome XXIII, p. 434.) Cette hérésie le rapproche du panthéisme de Spinoza et de Boehme. Hobbes, Locke et Newton : tous sont rosicruciens. (Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 418-419.) 

L'égalité en Christ chez S. Clément d'Alexandrie est la vertu qui pousse à l'"équité" et à la "justice" et non un état hypothétique de la nature humaine. 

 

« Tout ce que Moïse a dit sur la justice, Pythagore l'a résumé dans cette maxime symbolique :

 

''Ne saute point par-dessus la balance ;''

 

ce qui signifie : Aie soin de ne pas transgresser la loi de l'équité qui doit régner dans tous les partages, et sois fidèle aux réclamations de la justice.

 

''Qui unit les amis aux amis, les cités aux cités, les combattants aux combattants ? La justice. L'égalité est la loi naturelle des hommes. Le plus et le moins sont toujours en lutte ouverte ; de là sont nés les premiers ferments de la haine.''

 

Voilà pourquoi le Seigneur nous dit :

 

''Prenez mon joug, car il est doux et léger.''

 

Voit-il ses disciples se disputer entre eux les premières places, il leur recommande la simplicité et l'égalité, en les avertissant

 

''qu'il leur faut devenir comme de petits enfants.''

 

L'apôtre va se rapprocher du maitre :

 

''En Jésus-Christ, il n'y a plus d'esclave ou d'homme libre, de Grec ou de Juif; car l'homme que le Christ a créé en nous est nouveau, »

 

ennemi des querelles, exempt d'avarice, observateur d'une juste égalité, parce que

 

''l'envie, les rivalités et les soucis sont exclus du chœur des élus.'' » (S. Clément d'Alexandrie, Stromates, chapitre 5)

Le mythe de la liberté et de l'égalité dans l'état de nature

 

"Ce mythe est lié à l'État de nature des philosophes anglais. Les hommes y sont censés y vivre en parfaite égalité. Rousseau reprendra cette fantasmagorie." (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 316.)

 

D'Aguesseau_(1668-1751), Magistrat parlementaire gallican janséniste

L'idée d'égalité entre les hommes est soutenue par deux grands jurisconsultes, Jean Domat (mort en 1696) et Henri-François d'Aguesseau, son disciple, dans l'Essai sur l'état des personnes, celui-ci écrit que : "tous les hommes sont sortis égaux des mains de la nature, également libres, également nobles, tous enfants d'un même père et membre d'un même corps." Avec Voltaire l'égalité devient une idée à la mode.

 

Une telle pensée est profondément révolutionnaire. Elle est absolument contraire à la pensée traditionnelle et à l'opinion qui avait prévalu jusqu'alors. Le principe généralement admis avait toujours été non l'égalité, mais l'inégalité", affirme Jean de Viguerie (ibid., p. 122.) "L'explication la plus plausible est la transformation de l'anthropologie sous l'influence de la philosophie cartésienne. ("Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. ... cela témoigne que la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes." Discours de la Méthode).

 

Pour la philosophie traditionnelle (au contraire), l'âme ne se réduisait pas à la raison. Elle était beaucoup plus que la raison, elle était, selon l'expression scolastique, la 'forme' du corps, se trouvant étroitement associée à lui dans un 'composé substantiel'. Chaque forme était unique, chaque composé unique, chaque homme unique. On pouvait alors à la rigueur parler de similitude, mais parler d'égalité était absurde. La philosophie est très différente : l'âme y est réduite à la raison; elle n'y est rien d'autre que la res cogitans. Or, la raison étant chez tous les hommes, tous ayant la même raison, ils sont égaux. Dans la pensée traditionnelle, la nature humaine n'était qu'une norme, une règle posée par le Créateur, et à laquelle chacun devait se plier pour accomplir sa vocation propre. Elle était la même pour tous, mais elle n'était pas notre condition, chaque homme ayant sa condition, sa vocation propre (selon le bon ou le mauvais usage de son libre arbitre). Chez S. Thomas d'Aquin par exemple, la dignité de l'homme est subordonnée à l'élévation "de l'être vers les réalités divines" (Somme théologique, IIea-IIe, q. 175, a. 1 ad 2). Si l'homme est capax Dei, capable de connaître et d'aimer Dieu (S. Augustin, De Trinitate, XIV, 811), le péché l'en empêche. La dignité peut donc se perdre. C'est ce qu'exprime précisément le texte de l'offertoire (Dieu qui avez donné une dignité à la substance humaine de manière admirable et l'avez reformée de manière plus admirable encore...) : si Dieu a restauré, formé à nouveau (reformasti) la dignité de la "substance humaine", c'est parce qu'elle avait été perdue par le péché.

 

"Toutefois, mentionne Jean de Viguerie, il est permis de penser que cette idée n'aurait jamais pris de force et qu'elle n'aurait même jamais été exprimée sans le concours d'une pensée religieuse. Cette pensée religieuse est celle du jansénisme. Ce sont les jansénistes du XVIIe siècle qui, les premiers, ont parlé de l'égalité de nature. Et parmi eux, principalement Pascal et Nicole (Cf. Jean de VIGUERIE, ibid., p. 122.)

 

Pour Jean de Viguerie, d'Aguesseau, qui fait carrière au Parlement et devient chancelier sous la Régence Orléans, il est "le premier idéologue accédant au pouvoir." (p. 60)

 

"C'est ainsi que naît le projet de l'Encyclopédie, projet qui est autorisé en 1746 par le chancelier d'Aguesseau." (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 365.)

 

Le Ligou écrit (art. "Encyclopédie") : " L'Encyclopédie est-elle d'origine maçonnique ? Oui (...) L'Encyclopédie a-t-elle été soutenue par la Franc-maçonnerie ? Il est sûr que maints souscripteurs furent Francs-Maçons, il est sûr que la diffusion fut assurée par les loges et surtout par les chambres littéraires para-maçonniques (...). L'Encyclopédie fut-elle le support de l'idéologie et de synthèse du message des Lumières : oui, car elle fut œuvre de propagande et de combat." (Sic)

 

"En tout cas, l'Encyclopédie est très œcuménique. (...) La seule religion qui manque, c'est le catholicisme !" (A. PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 366-368.)

 

Diderot reprend tous les poncifs des ennemis héréditaires de la tradition chrétienne, et, comme les Rose-Croix avant lui, les masque sous un faux rationalisme en leur donnant une apparence scientifique sous laquelle il n'arrive pas à dissimuler la haine qu'il partage avec les Illuminés. Diderot ressemble beaucoup à un Rose-Croix. Il écrit dans l'Encyclopédie : ''l'homme est le terme unique d'où il faut partir et auquel il faut tout ramener." L'affirmation est Humaniste, mais ne dit pas de qui l'homme a pris la place. Diderot précise : "la pensée qu'il n'y a point de Dieu n'a jamais effrayé personne." Ainsi, comme les Rose-Croix (et comme le Serpent de la Genèse), Diderot veut libérer l'Homme de Dieu, et il met en doute son existence, ce que l'Encyclopédie ne fait pas pour ne pas choquer.

 

Diderot dévoile la vérité de l'Encyclopédie, qui n'est pas un ouvrage scientifique, car un fatras d'erreurs, de mensonges et de préjugés, qui n'aurait dû avoir aucun succès.

 

Exemples :

 

l'invention de "et pourtant, elle tourne" lors du procès Galilée, alors que celui-ci n'a jamais prononcé cette phrase. C'est une invention des Encyclopédistes dans la mesure où ce n'est pas parce qu'il affirmait que la Terre tournait autour du soleil que Galilée a été poursuivi, mais pour son entêtement dans ses hérésies et dans son attaque contre l'Écriture sainte. Il défend la thèse de Copernic (1473-1543), moine catholique (thèse défendue dès 1510), mais n'a pas le mérite d'en prouver la pertinence, puisque Kepler a déjà partiellement démontré en 1609 (dans son Astronomie nouvelle) que la terre tourne autour du Soleil. Or Galilée ne fit nul cas de cette découverte. (Dominique TASSOT, La Bible au risque de la Science, éd. F-X de Guibert, 1997, p. 38.) Comme d'autres, Galilée "s'était déclaré copernicien, mais lui non plus n'avait pas lu le livre de Copernic." (id.). Il n'a rien inventé. Il n'est pas poursuivi par l'Inquisition, comme on le lit parfois, Rome lui demande simplement en 1610 de cesser de professer le nouveau système tant qu'il n'aura pas totalement été démontré. En 1633, il est condamné, ni au bûcher ni à la prison, mais à abjurer ses hérésies naturalistes dans la ligne de l'hérésie empiriste d'Ockham, et non pas le système de Copernic, car ce système est, à cette date, admis comme hypothèse scientifique par la papauté. Pour Galilée, "l'autorité de la science l'emporte sur celle de l'Écriture car l'Écriture est, au fond, moins divine que la nature" (TASSOT, p. 51). C'était prétendre donner un fondement scientifique à la divinisation de la nature, hérésie panthéiste. Galilée n'est pas l'héritier de Copernic mais de Paracelse, Bruno, Campanella et autres Rose-Croix.  Dans l'incessante litanie anti-catholique, l'invention de la 'Terre qui tourne' tient une grande part, alors que Galilée n'a jamais prononcé cette phrase. Cette découverte scientifique a été l'hypothèse d'un chanoine catholique (Copernic) et l'Église ne s'est pas opposé à la discussion scientifique, mais a attendu les preuves, et surtout a interdit qu'on en tire des conséquences religieuses, ce que Galilée a fait et ce pourquoi il a été condamné." (Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 157.) "L'Église a toujours protégé la science. (...) Elle interdit qu'on élabore à partir de la découverte de Copernic un nouveau système religieux, un héliocentrisme religieux, assemblage de croyances cosmiques panthéistes (comme celui des adeptes du soleil égyptien où la vraie lumière ne viendrait plus de Dieu mais ... du soleil, le dieu égyptien qui avait "éclairé" Philon). Et elle a parfaitement raison. (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, p. 139-158.)

 

- Le mythe de la croyance en l'œuf cosmique, exemple de l'archaïsme de l'Encyclopédie, ce mythe est d'origine égyptienne. Il a été repris par les gnostiques et les initiés de la Renaissance, notamment dans la symbolique du cercle de Léonard de Vinci et de l'Île d'Utopie de Thomas More.

Ce mythe décrit le processus de création à partir d'un œuf primitif (ou primordial) qui contiendrait tout en puissance. La science n'a jamais prouvé l'existence d'un tel œuf. 

La réponse chrétienne est qu'il y a un Dieu Créateur de la vie, affirmation dogmatique mais qui demeure une hypothèse scientifique vraisemblable. Et de plus en plus : on sait désormais que l'œuf contient des messages génétiques, donc des informations, lesquelles, loin de prouver la non-existence d'un Dieu Créateur, font de plus en plus réfléchir sur le rapport entre la merveilleuse programmation de l'évolution de la matière et l'existence nécessaire d'un "programmateur", terme que les théologiens pourraient reprendre à des fins apologétiques.

(Cf. Voir notamment les études de Claude TRESMONTANT et de Dominique TASSOT. 

Voir aussi cet article de Science et Vie, intitulé "Existence de Dieu : les mathématiques ont enfin la réponse", publié le 5 avril 2023 : 

"Après quinze siècles de recherches menées par les plus grands penseurs, les mathématiques et l'informatique ont parlé : selon les règles de la logique, l'existence de Dieu est nécessaire ! (...) Christoph Benzmüller est le premier à pouvoir l’affirmer avec certitude : « Dieu, dans sa définition la plus répandue en métaphysique, existe nécessairement. On ne peut penser un monde dans lequel il n’existerait pas. » Cette assurance, ce chercheur de l’université de Berlin la tire des mathématiques, et de leur cœur même, la logique. Mieux : il la fonde sur la capacité de l’informatique à valider sans erreur possible les démonstrations. Parachevant des siècles de réflexions métaphysiques, son logiciel a vérifié la justesse de l’argument ontologique selon lequel l’existence de Dieu est nécessaire à tout système de pensée logique. Et l’ordinateur a parlé : « L’énoncé ‘Dieu existe’ est une proposition vraie au sens logique et mathématique."

‘’Cette démonstration prouve l’existence logico-mathématique d’une entité abstraite. (…) Le théorème n’affirme pas que Dieu existe réellement. Juste qu’il est irrationnel de dire qu’il n’existe pas. Ce qui, en soi, est déjà renversant…’’ (Sic)

Cf. https://www.science-et-vie.com/article-magazine/existence-de-dieu-les-mathematiques-ont-enfin-la-reponse

 

Car s'il n'y a pas de Dieu créateur, l'Être est nécessairement Un et éternel (monisme de l'Être où tout est Dieu et éternel). Deux croyances incompatibles avec le christianisme, et dont d'Holbach a dévoilé la source kabbalistique... Ce qui est une régression rationnelle dangereuse puisque la métaphysique du christianisme est dès lors la seule à offrir à l'homme une liberté possible, et une raison. Alors que "pour Diderot, l'individu n'existe pas, car "il n'y a qu'un seul grand individu, c'est LE TOUT...  L'individu se fond dans l'Être Un. L'affirmation n'est pas nouvelle : une telle phrase aurait pu être signée par Plotin, Rabelais, Hobbes, Leibniz, etc." (Cf. Alain Pascal, Le Siècle des Ténèbres, ibid., p. 377; 397-399.)

 

Il se peut qu'une troisième influence ait joué, celle de l'économisme, cette mentalité nouvelle très répandue selon laquelle la multiplication des échanges commerciaux doit faire le bonheur de l'espèce humaine. Or la relation qui fonde le commerce est une relation égalitaire, contrairement à l'ancienne relation féodale établie sur le don mutuel (et la confiance en la parole donnée). La relation commerciale était égalitaire parce qu'elle ne comportait pas de don. ... Et Montesquieu d'écrire : "Le commerce est la profession des gens égaux..." (Jean de VIGUERIE, ibid., p. 123.)

 

À l'appui des arguments en faveur de la tolérance des sectes protestantes lors de la "Réforme", on a utilisé au XVIe siècle, ce que nous pouvons appeler l'argument "économique". Dans les Pays-Bas, soit au début des troubles, soit après la formation des Provinces-Unies, quelques apologistes ont réclamé la tolérance des divers cultes pour des raisons commerciales. La liberté de commerce exigeait (...) que des interdits religieux ne vinssent pas troubler à tout moment l'activité des marchands et des artisans. En France et en Angleterre, des considérations du même genre ont été proposées. (Cf. Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd. Albin Michel, Paris 1994, p. 825.)

 

"Pendant la Révolution, les rois ont été replacés par les philosophes sur les jeux de cartes. (...) Certains sont des littérateurs, d'autres des économistes, ce qui ne saurait surprendre dès lors que la littérature et la philosophie anti-chrétiennes sont dépendantes de l'argent.

 

"En France, l'argent vient à l'époque d'Angleterre et les littérateurs-philosophes trouvent dans les loges créées par les Anglais les relations nécessaires à leur gloire et à leurs ressources. Outre le modèle maçonnique, le 'modèle anglais' est en quelque sorte une monnaie rendue aux pourvoyeurs de fonds. La philosophie des 'Lumières' est indissociable de l'argent.

 

"En Angleterre, Locke avait fait l'éloge du libéralisme politique, les décadents lockiens vont élaborer les théories du libéralisme économique. Cela nous concerne, puisque Locke est adulé en France et que la Révolution y substituera le pouvoir économique au politique. ... Les décadents lockiens (Berkeley, Hume et Smith), les principaux Encyclopédistes et philosophes des 'Lumières' sont initiés dans les loges. Tous sont amis au-delà des frontières, tous ennemis de la France catholique.

 

Au XIXe siècle, "avec Hume (1711-1776) et Smith (1723-1790), la philosophie lockienne va se placer au service de l'argent." (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, ibid.p.  337; 340; 347) Comme chez Locke, le philosophie de Hume vise à justifier le "libéralisme, qui est le politique au service de l'argent. ... Clairement (avec Adam Smith) un mode d'exploitation de l'homme par le capital. (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 347.) Et une nouvelle utopie : n'est-il pas irréaliste d'assurer comme le fait Adam Smith dans La Richesse des Nations (1776) que la loi de l'offre et de la demande réalisera spontanément l'organisation de la Société ?

 

Adam Smith n'aime ni l'État ni l'impôt qu'il exige modéré, cependant le résultat du libéralisme sera finalement l'exploitation de l'homme par l'État (en plus du capital), ce qui provoquera une incommensurable augmentation de l'impôt par rapport à la monarchie" (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 351-352.)

 

Lire

 

Sous Louis XVI, "les taxes représentent moins de 10% du travail des gens" (Sud Radio - Eric Anceau, Histoire mondiale des Impôts)

Des impôts dix fois supérieurs à ce qu'ils étaient avant 1789 !

 

Nous ne vivons pas dans une économie libérale, comme le répètent journellement les médias, mais dans un système qui allie l'exploitation par l'Argent et par l'État. (ce qu'avait prédit Berdiaev dès les années 1920).

Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 352

"La science économique moderne est illusoire ... parce que ses fondateurs sont des héritiers des philosophes cartésiens, dont l'épistémologie ne respecte pas la métaphysique (dualiste) du christianisme. C'est pour cela que la science économique moderne est une utopie (et un échec).

 

"Car le monisme est la métaphysique du libéralisme, puisque ses fondateurs, John Locke, David Hume et Adam Smith sont monistes en tant qu'idéalistes et naturalistes. (La connaissance du réel étant liée au dualisme métaphysique, la science économique moderne ne peut pas le dominer parce qu'elle est fondée sur la métaphysique moniste de philosophes matérialistes dont la connaissance est illusoire.)" (Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 353.)

II - La thèse fausse et intéressée de l'origine contractuelle du pouvoir

Hobbes (1588-1679), théoricien du despotisme démocratique, dans Le Leviathan (nom du diable... dans le Livre d'Isaïe 27) paru en 1651, expliquera qu'avant l'apparition du pouvoir politique, les hommes vivaient dans un état de nature, caractérisé par la pire des anarchies, chacun cherchant à opprimer les autres et à les dépouiller. Pour sortir de cette situation, ils ont conclu entre eux un contrat qui instituait un État garant de l'ordre, le Géant, ou Léviathan, état civil (entendez non chrétien), dont la figure est celle de Cromwell (grand massacreur de catholiques et probablement initié); despotisme que Voltaire voudra "éclairé" ! Le despotisme éclairé devient le pouvoir arbitraire de ceux qui ont été "illuminé" des lumières du diable

 

De "la populace" qui "a besoin du plus grand frein", Voltaire distinguera spontanément, pouvant se passer d'une religion, "une société de philosophes au-dessus du peuple" (déja le cas des "humanistes" florentins autour de Cosme de Médicis, dictateur et marchand d'esclaves). L'aspect caché de l'humanisme des Lumières masque un mépris de l'humain (Xavier MARTIN, Voltaire méconnu, DMM, 2006, p. 17.) Si bien que "le but des droits de l'homme" dans ce système, n'est pas la liberté, mais la soumission du peuple. L'homme qui aura des droits est l'Initié, lequel pourra dominer le vulgaire. Car l'ancêtre des Droits de l'homme pense qu'"au peuple sot et barbare, il faut un joug, un aiguillon et du foin" (sic), appel qui sera entendu par quelques despotes (Cf. Frédéric II de Prusse dit "le Grand" ou "l'Unique", un "Géant", roi de Prusse (1740-1786), franc-maçon initié en 1738 avant même son avènement en 1740, malade hystérique, infantile et capricieux sous la coupe de ses frères, dépeceur de la Pologne catholique ; Catherine II de Russie, usurpatrice d'origine allemande, qui après avoir épousé Pierre III le contraint à abdiquer, prend sa place et le fait probablement assassiner, entourée d'une cour de francs-maçons et d'illuminés ; et quelques démocrates), tous éclairés, c'est-à-dire francs-maçons ou "illuminés" (ou les deux). En faisant de Frédéric II le modèle du despote éclairé, Voltaire invente un mythe dont les conséquences seront terribles, puisque la Prusse jouera le rôle que l'on sait dans l'histoire du nationalisme allemand (et les loges, le rôle que l'on ne sait pas). Le but étant de déchristianiser la société, c'est en Prusse que naît le laïcisme avec Lessing (1729-1781, Diderot allemand et disciple du kabbaliste Spinoza). C'est dans cette Prusse laïciste que naîtra le nationalisme allemand moderne, fruit de la politique maçonnique dite des nationalités (né après que le révolutionnaire franc-maçon Napoléon ait détruit le Saint-Empire romain germanique), nationalisme qui sera antisémite, mais aussi anti-chrétien, et pour tout dire, diabolique. (Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, p. 438-443.)

 

Chez John Locke, "l'homme pris comme universel se voit reconnaître des droits naturels qui dérivent eux-mêmes de "lois naturelles" précédant la formation de tout groupe social. C'est pour justifier la Révolution (protestante) qui vient de chasser Jacques II (roi catholique) du trône d'Angleterre que Locke publie en 1690 ses deux traités sur le gouvernement civil.

 

Locke renverse le raisonnement de Hobbes (mais garde l'état de nature hypothétique) : "les hommes dans l'état de nature étaient relativement heureux et ils n'ont voulu instituer l'État que pour accéder à un bonheur plus complet. (...) Le contrat qu'ils ont voulu à cette fin a été passé par chacun d'eux avec le futur monarque, à charge pour celui-ci de respecter les libertés et la propriété de ses sujets. La violation du Pacte par le prince dispense ses sujets de lui obéir." (Cf. B. Chantebout, ibid., p. 14.) 

 

Le politique de Locke dissimule un naturalisme qu'il tient des Rose-Croix. À l'individualisme autoritaire de Hobbes, Locke oppose l'individualisme libéral, mais c'est toujours l'individualisme de la Renaissance : l'individu y est affirmé supérieur à Dieu. Le libéralisme annonce la Révolution (y compris socialiste) et l'utopie de la république mondiale (mondialisme). Tout vient de la métaphysique moniste sur laquelle est fondée l'utopie démocratique, liée aux croyances cachées des philosophes cartésiens., les mêmes que celles des 'Humanistes de la Renaissance, un refus de Dieu qui fait d'eux des naturalistes. Le monde moderne est construit sur leurs chimères. Locke rend le politique indépendant du divin, donc poursuit le politique du Diable de Hobbes.

 

"Locke est le 'frère ennemi' de Hobbes et s'inscrit aussi dans l'axe Londres-Amsterdam." (Alain PASCAL, Le Siècle des Rose-Croix, Pascal contre Descartes, La Conspiration des Philosophes, 2e tome, éd. Cimes, Paris 2018, p. 411.)

 

La conséquence de ce primat de l'individu est que la société n'est plus qu'un moyen et un artifice du fait de sa création par une convention. Le "contrat" pourra légitimer tous les totalitarismes dès lors que "l'homme" est l'auteur du nouveau régime...

 

"Pour l'anglais Burke (au contraire), un des premiers objets de la société civile est que personne ne puisse être juge de sa propre personne. ... La force d'un individu n'est pas en soi suffisante pour qu'il puisse l'exercer seul. C'est pourquoi le droit à la sûreté ou celui de faire justice appartient à la société." (Dictionnaire des Droits de l’Homme, Sous la direction de Joël Andriantsimbazovina, Hélène Gaudin, Jean-Pierre Marguénaud, Stéphane Rials, Frédéric Sudre, Quadrige / Puf, Paris 2008, p. 614.)

 

Reprenant Locke, Montesquieu croit en un état de nature idyllique et qu'il y a une justice naturelle de l'homme primitif (utopie qui est aussi celle de Rousseau). Rien n'est plus irréaliste !

 

Chez Rousseau aussi dans son Contrat social en 1762, les hommes dans l'état de nature sont initialement heureux et libres; mais par suite du développement de l'inégalité, ... les individus ... se sont résolus à conclure, chacun avec tous les autres, un pacte par lequel ils s'engagent ... à se conformer à la 'volonté générale'...  

 

Ces raisonnements sur l'origine contractuelle de l'Etat cherchent surtout à justifier les points de vue politiques arrêtés a priori, reconnaît Bernard CHANTEBOUT (ibid., p. 15.), et dans le cas de l'Angleterre à justifier en réalité le nouveau régime protestant, anti catholique, issu de la Révolution de 1688. Leurs auteurs sont parfaitement conscients que le contrat social ou le pacte de sujétion n'a en réalité jamais eu de réalité historique et ne peut intervenir qu'à titre d'hypothèse logique pour fonder leurs démonstrations.

 

On postule qu'à l'origine les hommes étaient libres, ce qui est faux historiquement. Et que la création de l'État procède de la libre volonté des hommes est une pure invention.

 

L'Académicien Emile Faguet (1847-1916), auteur d'un "Le libéralisme" (1903) explique que l'homme n'a pas de droit (à sa naissance). L'enfant qui naît n'apporte pas de droits, mais seulement des besoins qu'on satisfait. Il récuse l'idée d'un contrat initial qui aurait fondé la société, tout comme l'idée de droits naturels.

 

L'homme est un "être engagé dans la société par sa nature même et ne vivant que par elle"; il est par nature un être social qui ne dispose d'aucun droit personnel avant le premier contrat qu'il signe : 

 

'''L’homme est né libre, et partout il est dans les fers.' Cet axiome, qui est à peu près aussi juste que le serait celui-ci : 'Le mouton est né carnivore et partout il mange de l’herbe', est, comme on sait, la première ligne du Contrat social, ouvrage destiné à prouver que l’homme est né libre, à montrer qu’il ne l’est nulle part, à assurer qu’il doit le redevenir et à organiser une société où il serait plus opprimé qu’en Turquie.

 

"(...) Je ne partirai point du tout du même principe; Pour moi l’homme est né en société, puisqu’on ne l’a jamais vu autrement qu’en société, pareillement aux fourmis et aux abeilles, et, comme né en société, il est né esclave, ou, tout au moins, très obéissant.

 

"Si haut qu’on remonte, on trouve des sociétés où un homme commande et où tous les autres obéissent, ce qui est, du reste, absolument nécessaire pour les besoins du défrichement, de la guerre contre les fauves et de la guerre contre les autres hommes.

 

"(...) Donc l’homme est né esclave, et le despotisme est la forme naturelle des sociétés humaines.''

 

(Émile FAGUET, Le Libéralisme, Société française d’Imprimerie et de Librairie, Paris 1903)

 

Emile Faguet tempère son propos par les devoirs, la charité et la considération qui incombent aux êtres humains afin de secourir le nouveau-né, de l'élever et de lui faire une place dans la société. Mais les devoirs ne sont pas des corrélats des droits, et c'est au nom de l'humanité qu'ils sont censés s'imposer aux êtres humains." (Dictionnaire des Droits de l’Homme, ibid., p. 616.)

James C. Scott, professeur émérite de science politique et d’anthropologie à l’université de Yale, auteur de Homo Domesticus, Une histoire profonde des premiers États (La Découverte, Poche, Paris 2021) démystifie le rôle progressiste attribué aux premiers États, ces ‘’formidables Leviathan'' vantés par l' histoire officielle. Il y a ‘’quelque chose de radicalement erroné dans la séquence historique telle qu’on la narre traditionnellement", écrit-il.

 

"Ce que nous savons au contraire aujourd’hui, c’est que les embryons d’État ont émergé en exploitant le module néolithique fondé sur les céréales et la main d’œuvre agricole comme base de contrôle et d’appropriation. (p. 47;49) ... Et "l’esclavage … était répandu chez les peuples américains autochtones avides de main-d’œuvre. Diverses formes de servitude étaient … connues au Moyen-Orient avant l’apparition des premiers États." Exit l'égalité de nature. … On ne saurait non plus "surévaluer la centralité de la servitudedans le développement de l’État." ... "Tous les premiers états d’Asie du sud-est étaient des États esclavagistes." (p. 188) 

 

L'auteur avance même que ‘’l’État est à l’origine un racket de protection mis en œuvre par une bande de voleurs qui l’a emporté sur les autres...’’ (p. 164) Le mythe de l'État Léviathan "protecteur" vole en éclat. 

 

‘’En fin de compte, les hommes font allégeance à l’individu ou au groupe d’individus qui ont les moyens ou l’audace de s’emparer du butin, des réserves de pain, des richesses, pour les redistribuer au peuple.’’ (D.H. LAWRENCE, préface au Grand Inquisiteur de Fiodor Dostroïevski, cité in James C. Scott, ibid., p.147.) 

 

L'auteur restitue ainsi toute la profondeur et l'extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère. "Cette fresque omnivore et iconoclaste révolutionne nos connaissances sur l'évolution de l'humanité et sur ce que Rousseau appelait " l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes."

 

‘’L’État d’Uruk est bien en place depuis 3200 ans av. J.-C. … ‘ère de la haute civilisation’ au Proche-Orient, … période pendant laquelle ‘il ne fait pas de doute que la Babylonie était le siège des entités politiques, économiques et sociales les plus complexes. (Hans J. NISSEN, The Early History of the Ancient Near East, 9000-2000 BC, Chicago, University of Chicago Press, 1988, p. 127.)

Et ‘’ce n’est pas un hasard si l’acte fondateur emblématique de l’instauration d’une entité politique sumérienne fut la construction des murailles de la ville. … Uruk a anticipé la forme-État qui allait être reproduite dans toute la Basse Mésopotamie par une vingtaine d’autres cités-États concurrentes de taille et de puissance similaires. … Vers la moitié du troisième millénaire, des villes importantes telles que Kish, Nippur, Isin, Lagash, Eridu et Ur... Et dans ces cités-États, "il existe de nombreux indices de l’existence de conflits armés fréquents entre entités politiques rivales en Basse Mésopotamie. ...Une armée victorieuse engrangeait butin et tribut. … La guerre, c’était l’incendie des récoltes, le pillage des greniers, la confiscation du bétail et des biens domestiques. (p. 154-155.)

 

Quand les murailles élevées contre le vol et le pillage engendrent l’État

 

‘’Le discours civilisationnel des États archaïques laissait souvent entendre, quand il ne l’affirmait pas expressément, que certains primitifs par chance ou par ingéniosité, avaient réussi à domestiquer les plantes et les animaux et à fonder des communautés sédentaires puis des villes et des États. Autrement dit, ils avaient abandonné leur mode de vie primitif en faveur de l’État et de la civilisation. … Nos connaissances historiques nous permettent désormais d’affirmer que ce récit est radicalement faux.

 

"[U]ne fois les États créés, il existait généralement autant de raisons de les fuir que de s’y intégrer. (…) Une fois établi, l’État engendrait aussi bien des défections que de l’assimilation. (…) Bon nombre – surtout les prisonniers et les esclaves – s’installaient dans les régions périphériques et adoptaient d’autres modes de subsistance. Ils devenaient de ce fait des barbares volontaires.

 

"(…) Le phénomène du primitivisme secondaire, (…) le ‘devenir barbare’ de groupes ‘civilisés’ fut bien plus fréquent que ne le suggère les grands récits civilisationnels. … Le retour à la barbarie pouvait fort bien être vécu comme un net progrès en terme de sécurité, de nutrition et d’ordre social. Devenir barbares, c’était souvent chercher à améliorer son sort. (Ce processus a été analysé en détail par de nombreux anthropologues – dont Pierre CLASTRES, ‘La Société contre l’État’, est sans doute le plus connu.)" (John C. Scott, in Homo Domesticus, Une histoire profonde des premiers États, La Découverte, Poche, Paris 2021, p. 259-261.)

 

‘’La présence de ressources fixes, concentrées, convoitées et vulnérables au pillage engendrait de toute évidence une puissante incitation à les défendre. … Dans l’épopée de Gilgamesh, le roi fondateur érige des murailles autour de la ville afin de protéger son peuple.’’ (p. 171)

 

En Chine, "la Grande Muraille … a été érigée tout autant dans le but de confiner les paysans contribuables à l’intérieur de l’Empire que dans celui de maintenir les barbares (nomades) à l’extérieur.

 

… Un spécialiste de la question soutient que ces murs … servaient soit à contenir des populations mobiles fuyant le contrôle de l’État, soit à se défendre contre des populations expulsées de force (Anne PORTER, Mobile Pastoralism and the formation of Near Eastern Civilization, Cambridge University Press, 2012, p. 324).

Quoiqu’il en soit, les murailles ‘’visaient à définir les limites du contrôle politique."

Et "l'exode des sujets de l’État antique était une réelle préoccupation des autorités.’’ (p. 171-172.)

 

En effet, ‘'la paysannerie … ne produisait pas automatiquement un excédent susceptible d’être approprié par les élites, mais … il fallait l’y contraindre. … Ce n’était que par le biais d’une forme ou d’une autre de travail forcé – corvées, réquisitions de céréales ou d’autres produits, servitudes pour dette, servage, asservissement collectif ou paiement d’un tribut, ainsi que diverses formes d’esclavage –, que pouvait se constituer un tel excédent’’ (p. 185-186.)

 

‘’LÉtat n’a pas inventé l’esclavage et la servitude ; ceux-ci sont observables dans un nombre considérable de société pré-étatiques...’’ (p. 211) Là encore nulle part on ne constate d'égalité de nature à la naissance parmi les nomades "primitifs" ni qu'il y ait dans ces groupes un bonheur inégalé de liberté.   

 

"On connaît la fameuse question de Moses FINLEY : ‘La civilisation grecque était-elle fondée sur le travail des esclaves ?’ (Economie et société en Grèce ancienne, 1953, rééd. La Découverte / Poche, Paris 2007), à laquelle il répondait par un ‘oui’ retentissant et bien documenté.

 

‘’Comme le signale M. I. FINLEY : ‘Le monde d’avant les Grecs, le monde des Sumériens, des Babyloniens, des Égyptiens et des Assyriens, était, en un sens très profond, un monde sans hommes libres.’ (p. 188-190.)

 

De même, ‘’l’État n’a pas plus inventé la guerre qu’il n’a inventé l’esclavage, mais il a considérablement renforcé ces institutions en en faisant des rouages essentiels de son fonctionnement...’’ (p. 233.)

 

Les premiers États n'ont donc pas "libéré" l'homme de l'esclavage des sociétés pré-étatiques

Dans les sociétés pré-étatiques, dans un état de nature pré-étatique, nulle part l'homme naît "libre et égal". 

Les groupes pré-étatiques ne sont pas exempts de coercition, de violence, de conflit, ni d’esclavage.

Parmi les philosophes de l'Etat moderne, Hegel (1770-1831) critique le mythe de l’état de nature : il aborde la question de l'état de nature dans le deuxième chapitre de "la Raison dans l'histoire", où il critique ceux qui prétendent que dans cet état hypothétique, l'homme serait libre, et que c'est dans l’État qu'il viendrait restreindre sa liberté originaire. Hegel critique ‘’cette idée de l'état de nature, [qui] est une des formes nébuleuses comme en produit la théorie, une fiction’' (Georg Willhelm Friedrich Hegel, La raison dans l'histoire introduction à la philosophie de l'histoire, Pocket, 2012).

 

Hegel soutient que, de manière primaire, sans la médiation de l'éducation, les hommes sont violents et injustes ; l'instinct naturel ne trouve pas de bornes et peut se déchaîner. Ainsi, si la nature fait périr parfois les hommes par des cataclysmes imprévus et des maladies redoutables, l’homme souffre davantage de l’homme que de la nature. Les guerres, les massacres, l’asservissement et les exploitations des hommes, sont légions dans l’histoire. 

 

Mais si pour Hegel, les premières civilisations ont conçu la liberté comme celle d'un seul homme, le tyran (c'est l'âge du despotisme oriental), apparaît ensuite la culture gréco-romaine, aristocratique : quelques hommes sont libres. Avec le christianisme surgit la conscience que tout homme est libre en son for intérieur. Cependant, cette liberté formelle n'implique pas l'abolition du servage et des privilèges. Et ce ne serait qu'avec l'institution de l'État de droit que la liberté deviendrait enfin effective. Ce texte apparaît comme une justification a posteriori de l'impérialisme occidental, et comme un monument d'européano-centrisme. (Cf. Babelio, La Raison dans l'histoire)

Pour Étienne de la Boetie (1530 - 1563), par conditionnement le peuple ("Nous sommes donc nés libres et avec affection de défendre cette franchise.") se complairait, hélas, dans une attitude passive, une posture victimaire. Il aime donc être infantilisé et, d'une manière générale, tous les artifices qui lui permettent de masquer sa propre responsabilité. Chez La Boétie, en effet, le peuple n'est pas une entité faible qui doit être plainte d'être sous le joug d'un pouvoir fort, tyrannique, mais le premier coupable de ses maux.  Cf. https://twitter.com/Stephane_Poli/status/1764380940422217834?t=OIcwI_Tt_1jy8Ed0qA1mHw&s=09

 

Un point de vue original sur la thèse de La Boétie consiste à renverser son raisonnement : le doux bercement du peuple dans le conte pour enfants du peuple libre et de l'homme né libre, lui ôte psychologiquement toute idée de défense ou de conquête de cette liberté, l'infantilise et le deresponsabilise.

Pour Jean-William Lapierre dans ‘’Essai sur le fondement du pouvoir politique’’ (Publication de la faculté d’Aix-en-Provence 1968), ‘’le pouvoir politique est la fonction sociale qui consiste à prendre des décisions pour l’ensemble de la société globale (ou société civile) et à en assurer l’exécution par l’autorité souveraine et la suprématie de la puissance publique’’ (p. 81), ‘’ ce qui rend possible aux sociétés humaines de durer à travers l’histoire, de se transformer sans se dissoudre, de s’ouvrir et de s’élargir sans éclater, de se restructurer et se déstructurer sans se désintégrer’’ (p. 643), la relation politique commandement/obéissance (p. 44) implique une idéologie de la légitimité, l’homme étant habité d’un désir inapaisable, sans limite, il a des besoins toujours nouveaux et pour satisfaire ceux-ci, il est capable de se donner les moyens adéquats, il est capable de désirer toujours plus et toujours autre chose. D’où la présence du pouvoir politique comme mode de régulation nécessaire.

 

Or, la doctrine du catholicisme offre précisément des limites psychologiques et religieuses au désir inapaisable de l'homme en lui présentant, comme un bien en vue de son salut - une liberté à acquérir - des méthodes pour vivre une vie bien disciplinée. En le soumettant au respect spirituel des commandements, l'Église permet au pouvoir institué, à mesure que l'homme s'auto-discipline, de diminuer sa violence étatique. Ceci n'arrange pas les tenants du "contrat" et autres totalitaires avides de pouvoir, de domination et de contrôle (qui sont aussi les caractéristiques propres du diable...). Les "philosophies" modernes excitent le désir en offrant des déclarations de droits matérialistes où l'on ne voit pas très bien où s'arrête l'avidité, ni ce qui pourrait l'arrêter. Hormis un corpus législatif toujours plus envahissant dans nos sociétés, le système du pouvoir y est inadapté, parce que ignorant de la nature humaine. Le fait d'empiler des milliers de codes législatifs les uns sur les autres ne changera pas cette réalité ni la nature humaine. 

 

"Armée pareillement de l'idée de sa souveraineté, la multitude se laissera facilement aller à la sédition et aux troubles, et le frein du devoir et de la conscience n'existant plus, il ne reste plus rien que la force, la force qui est bien faible à elle seule pour contenir les passions populaires", écrit en 1888 Léon XIII dans "Libertas".

 

Cette inadaptation du politique moderne à réguler le désir de l'homme pose la question de sa légitimité d'autant plus que ses tenants n'arrêtent pas de donner des leçons de morale à la terre entière, cherchent à l'imposer partout, alors même que le système naturaliste lui-même (la Démocratie moderne) dévie en démagogie, dictature, ploutocratie, oligarchie et totalitarisme et que la société sombre dans la violence la plus primitive. Un tel système n'est pas un bienfait mais une malédiction.

 

Tocqueville (1805-1859) évoquant le XIIIème siècle, l'âge d'or de la France, avait bien vu le problème et y avait apporté la seule solution efficace : 

 

 

«Dans les siècles de foi on place le but final de la vie après la vie. Les hommes de ces temps-là s'accoutument à réprimer mille petits désirs passagers pour mieux arriver à satisfaire ce grand et permanent désir qui les tourmentent; lorsqu'ils veulent s'occuper des choses de la terre, ces habitudes se retrouvent. Ils fixent volontiers à leurs actions d'ici-bas un but général et certain, vers lequel tous leurs efforts se dirigent. Ils ont des desseins arrêtés qu'ils ne se lassent point de poursuivre. Ceci explique pourquoi les peuples religieux ont souvent accompli des choses si durables.

 

Il se trouvait qu'en s'occupant de l'autre monde, ils avaient rencontré le grand secret de réussir en celui-ci.»

 

(Tocqueville, cité dans Mgr H. Delassus, La Mission posthume de la Bienheureuse Jeanne d’Arc, Le Règne social de Notre-Seigneur-Jésus-Christ, 1921, ESR - Deus Regnat )

 

Lorsque les révolutionnaires ont fait 'du passé table rase', c'est-à-dire ont rompu avec la tradition européenne du christianisme, ils espéraient "libérer" l'humanité des oppressions et lui épargner les violences. Le système politique moderne, la démocratie, devait assurer la liberté, la justice et la paix.

(...) Or il n'en a rien été. (...) Dans les faits, la démocratie n'a jamais existé. Elle n'est qu'un système sordide d'exploitation par le capital, par l'État, désormais par les deux réunis.

(...) Les temps modernes sont les plus violents de l'histoire de l'humanité. Jamais il n'y a eu autant de morts, dans l'absolu et même en proportion des êtres vivants.

(...) La civilisation retourne à la barbarie. Parce que les fondements philosophiques sont coupés du sacré.

Alain PASCAL, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd ; des Cimes, Paris 2013, p. 287-290.

III - La troisième idée des littérateurs-philosophes : la tolérance sauf pour les catholiques

La troisième idée semble indépendante des deux premières, mais ne l'est pas, car il y a un obstacle à ce retour idyllique (de l'Âge d'or): le catholicisme. 

 

Tel Hobbes avec Cromwell, John Locke justifie son choix par ses oeuvres. En 1690, il publie Essai sur le gouvernement civil - (sic) titre qui rappelle l'État civil de Hobbes (dont il n'est pas totalement l'adversaire) -, essai qui fait de lui le théoricien toujours adulé du "libéralisme". Un gouvernement "civil" veut dire un gouvernement non chrétien, plus précisément un gouvernement anti-catholique, donc un gouvernement en apparence tolérant, mais en réalité intolérant puisque excluant toute religion qui se prétendrait la Vérité (comme le catholicisme), ce qu'exigeait aussi le "Leviathan" de Hobbes.

 

Déjà "au temps de la Réforme (au XVIe siècle), les luthériens et les calvinistes chercheront à supprimer le culte catholique, sous prétexte que la messe est une idolâtrie. En Angleterre au XVIIe siècle, le puritain (Rose-Croix) John Milton(1608-1674) (avec son Paradis perdu), et d'autres avec lui, chercheront encore par ce même grief la persécution des catholiques." (Cf. Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd Albin Michel, Paris, 1994, p. 44.)

 

Les faits eux-mêmes se chargent donc de contredire le récit officiel.

 

Les calvinistes en Angleterre, comme aux Pays-Bas, excluent le catholicisme de la tolérance. Aux Pays-Bas, les Orange avaient poursuivi les catholiques, et accessoirement les avaient spoliés de leurs biens, églises et monastères... La même intolérance intéressée s'est abattu sur l'Angleterre.

 

Au temps de la "grande rénovation", il faut écarter le catholicisme de la tolérance.

 

Locke le pensait déjà, Voltaire le fera.

 

Et entre les deux, Montesquieu sert de trait d'union.

 

Avec l'Esprit des Lois, le 'droit naturel' (lisez naturaliste) est substitué au droit divin, donc un politique profane à un Sacré – c'est le plus grand bouleversement de l'Histoire –, avec Voltaire, le matérialisme et le naturalisme inhérent au déisme maçonnique écartent le Dieu chrétien du politique.

 

C'est la Révolution et avec elle l'apostasie. Le diable prend le pouvoir et va se rengorger de sang humain. C'est sur le plan métaphysique ... le retour du monisme et l'éviction subséquente des rois chrétiens.  Montesquieu n'est pas le pire, mais il ouvre la voie aux pires, aux Encyclopédistes, à Diderot, Voltaire et Rousseau.

 

Montesquieu représente les milieux parlementaires qui voulant s'émanciper du roi, prétendent représenter la nation alors qu'ils ne représentent que leurs propres intérêts. Il fait partie des nobles qui sont le jouet des loges contre la monarchie française. Il fréquente dès les années 1720 les "milieux anglo-maçonniques de Bordeaux" (Ligou, art. "Montesquieu"), puis à partir de 1722 le club de l'Entresol à Paris, club proche des loges, une "antichambre humaniste", antichambre maçonnique. Il se rend à Londres pour s'y faire initier en 1730. Il est initié dans une loge anglaise, la Horn Tavern de Westminster, loge hanovrienne et anti-française, puis il devient le représentant de la Grande Loge de Londres en France. En récompense, il est coopté la même année 1730 à la Royal Society. En 1732, il crée la Loge anglaise de Bordeaux, et en 1735, assiste à l'initiation du comte de Saint-Florentin, le secrétaire d'État de Louis XV (qui devient un agent de l'Angleterre), en présence de Désaguliers (qui a succédé à Newton comme maître d'oeuvre Rose-Croix). Montesquieu est un espion anglais.

 

Montesquieu est le grand héritier de la philosophie politique de Locke en France, dont sa haine du droit divin, donc de Dieu. L'histoire a fourni la preuve que rien de ce qu'il a écrit ne s'est réalisé, sinon à l'envers, puisque le politique profane a été le pire de l'Histoire. Montesquieu n'a pas le génie (du mal) de son prédécesseur. Il est admiratif d'un "modèle anglais" qui fait le malheur du peuple en Angleterre. Il ne change pas d'avis après sa visite de l'Angleterre, il a persisté dans l'utopie malgré les réalités anglaises. Louis Jugnet écrit : "Montesquieu ... n'aperçut rien des iniquités sociales alors plus frappantes pourtant qu'en France, et de beaucoup." (Doctrines philosophiques et systèmes politiques, Chiré 2013, p. 74)

 

Et s'il a fréquenté des maçons Rose-Croix, comme c'est probable, il est leur complice. Car à Londres, dans cette ville "libérale", le peuple est miséreux et brimé et les catholiques sont mis à mort. Jean-Jacques Chevalier lui reproche d'être "fermé à la métaphysique et à la théologie", mais aussi "mal à l'aise sur le terrain tout abstrait du fondement de la société et du droit." (.J.-J. Chevalier, Les Grandes Oeuvres politiques de Machiavel à nos jours, Armand Colin, 1968, p. 107.)

 

Dans l'Esprit des Lois, Montesquieu élabore un  projet de Constitution pour la France, cependant ce n'est pas la France qui l'intéresse, c'est le monde. Il appelle à une République, qui renversera la monarchie, puis deviendra mondiale. Ce maçon hanovrien répond ainsi au souhait du "jacobite" Ramsay. Montesquieu n'a que faire de la France, il est cosmopolite. Pour lui, il ne s'agit pas seulement de "libérer" la France de la monarchie, mais de construire un gouvernement mondial. C'est la transcription en droit constitutionnel des Constitutions d'Anderson mais aussi du Discours de Ramsay. Et puisque la liberté individuelle ne peut venir que de Dieu, la Constitution de la République particulière puis mondiale sera égalitariste : pour Montesquieu, la diversité est un désordre (héritage de Hobbes). Il cherche un ordre qu'il dit "nouveau" et qui se substituerait à l'Ordre de Dieu (le créateur de la diversité). Montesquieu recherche l'Esprit des lois, Esprit avec une majuscule, qui n'est pas celui de Dieu, mais celui des initiés aux cultes du Cosmos. L'Église ne s'y est pas trompée, puisque l'Esprit des lois a été mis à l'index.

 

Montesquieu se dit conservateur, cependant met en cause l'ordre social chrétien. Il nie un droit divin qui fait du roi le protecteur de la liberté (et non son adversaire), et sans le droit divin, le politique appelle logiquement un despotisme. C'est la dérive inéluctable de l'individualisme de la Renaissance. Il se dit monarchiste et il entend fonder la liberté en limitant le pouvoir royal, mais il y a une limite à la limitation, ne pas mettre en cause la sacralité du pouvoir royal.

 

Quand Montesquieu meurt, son éloge est fait par l'Encyclopédiste d'Alembert qui dit que Montesquieu a rempli ses devoirs envers "l'Être éternel". L'Histoire de la littérature française (Bordas 1972) précise : "qui n'était pas nécessairement le Dieu des Chrétiens" (p. 323). C'est l'Être Suprême, le Grand Architecte de la "Nature éternelle" vénérée par les initiés. Et d'Alembert le savait.

 

N'ayant aucune idée de métaphysique, Montesquieu établit des rapports entre des vérités qu'il pense relatives et en conclut que "l'esprit de modération doit être celui du législateur; le bien politique comme le bien moral se trouve toujours entre deux limites." C'est une illusion. Erasme l'a transmise à ceux qui se disent modérés et s'étonnent des drames qu'ils provoquent à ne pas choisir entre la Vérité et les erreurs. Non, les religions ne sont ni égales ni relatives ..., et par suite, la raison Humaniste n'est pas apte à construire le politique, car il y faut un fondement métaphysique, le dualisme de l'Être. Combien de massacres encore avant que les législateurs modernes comprennent que seul l'Esprit de Vérité peut produire une loi juste ?

 

Conclusion logique d'Alain PASCAL :

 

''Avec Montesquieu, les Temps modernes sont annoncés. Dieu est expulsé du politique, qui tombe entre les mains du Prince de ce monde, ce qui explique l'effroyable échec de la Révolution moderne, la montée de la folie et de l'irrationnel, la violence sanguinaire, et la soumission de l'Humanité au despotisme cosmopolite des forces occultes. Telle est la sanction (juste) de l'apostasie. L'échec moderne est religieux(Cf. Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 316-332.)

 

Et désormais, la dégénérescence menace l'humanité entière; les conditions sont réunies pour que le monde explose.

 

Lire aussi :

 

Le vide nihiliste et la civilisation destructrice sont le leg de l'hérésie moderne.

Conclusion

 

Le Réel est violent, la vie est une lutte, la liberté se conquière.

Depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu'à présent, le royaume des cieux est emporté de force, et les violents s'en emparent.

Evangile selon S. Matthieu 11, 12 6 - Bible Catholique Crampon 1923

La civilisation retourne à la barbarie, parce que les fondements philosophiques sont coupés du sacré, qui est le seul et vrai Réel à respecter, si l'on peut dire !

 

"Rappelons, puisque les livres d'histoire ne le font plus, qu'il existe DEUX conceptions de la vie en société, et non pas une (le soit disant "état de nature"). La première conception, dite 'sacrée' ordonne l'espace et les rapports humains avec la Tradition; la seconde, dite 'profane' fonde ses règles sur des 'Idées'. Philosophiquement parlant l'idéalisme pose le primat de la pensée sur son objet, c'est-à-dire le Réel ("je pense donc je suis" de Descartes : comme si des êtres humains qui ne pensaient pas n'étaient pas !) ; la scolastique médiévale pose le primat du Réel sur la pensée.

 

L'existence de Dieu est une certitude, désormais affirmée par la scienceet "il est irrationnel de dire qu'il n'existe pas!" (Cf. L'article de Science et vie "Existence de Dieu : les mathématiques ont enfin la réponse", publié le 5 avril 2023 : "Après quinze siècles de recherches menées par les plus grands penseurs, les mathématiques et l'informatique ont parlé : selon les règles de la logique, l'existence de Dieu est nécessaire".) De nouveau le "Crois pour comprendre" de S. Augustin passe en premier dans la méthode de la connaissance, y compris en science, et le "comprends pour croire" revient en second.

 

De même, plus une société est profane, plus elle est violente. Les sociologues commencent à l'admettre aussi. Les théologiens le savent depuis longtemps !

 

(...) Les temps modernes se caractérisent par la plus forte montée d'irrationnel et de violence dans l'histoire. (...) Tant que l'Homme croira à l'imposture moderniste, rien n'arrêtera la violence née de l'utopie éternellement, inévitablement démentie." (Alain PASCAL, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd ; des Cimes, Paris 2013, p. 288.290.)

 

Sur la fiction, les fantasmagories et les élucubrations des "Lumières" fictives du XVIIIe siècle, le meilleur moyen de préparer le retour d'un régime politique réaliste est donc de réaffirmer la Vérité divine, la théorie traditionnelle de l'origine du pouvoir qui se trouve en Dieu et en Sa Révélation, et non dans les "Idées" (car depuis la Chute originelle, l'homme n'est ni heureux ni libre ni égal par nature). Le contrat est un conte pour enfants. Personne n'a donné son accord pour être dirigé par qui que ce soit ni dans une monarchie ni dans une république. 

 

Il faut donc sortir de la matrice inversée des mensonges historiques et religieux libéraux, accepter la réalité sur la nature humaine déchue et la grâce divine de la Rédemption en Christ. 

 

Après trois siècles d'observation du Réel, en effet, la seule question qui mérite d'être posée est celle-ci : Devenus intolérants au nom de la tolérance, corrompus au nom de la morale, irrationnels au nom de la raison, fanatiques au nom du laïcisme, nos états modernes sont-ils légitimes ?

 

Alain Pascal répond parfaitement :

L'échec moderne est religieux, il faut que quelques contemporains en prennent conscience pour que la Vérité survive et revive.

Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 332.)

La Bible nous enseigne qu’il est illusoire et vain d’essayer d’améliorer nous-mêmes notre vieille nature (Cf. Ephésiens 2:8-9); la solution de Dieu est de nous appeler à nous repentir, de nous identifier à son Fils mort et ressuscité, et de faire de nous, par la foi, "une nouvelle création" en Christ.

Jésus répondit : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. »

Jean 3,5

Car "tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ Jésus. C’est lui que Dieu a destiné comme moyen d’expiation pour ceux qui auraient foi en son sang, afin de montrer sa justice." (Romains 3:23-25).

Le rempart de la censure est (...) illusoire. (...) Les interdits n'ont jamais endigué les débordements : seule une réflexion consciente le peut. C'est en vain que les forces occultes cachent à nos contemporains la vérité; leur imposture va apparaître au grand jour.

Alain PASCAL, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd ; des Cimes, Paris 2013, p. 288

La fiction diabolique anti-christique fondant la démocratie moderne, et son antidote

Cf. Voir :

 

- Alain PASCAL, Le Siècle des Ténèbres, Vers la Révolution maçonnique en France, La Conspiration des philosophes, 3e tome, éd. Cimes, Paris 2019, p. 104

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8 février 2024 4 08 /02 /février /2024 10:53
Pourquoi Maurice Barrès a-t-il préparé les jeunes gens à crever dans les tranchées ?
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24 janvier 2024 3 24 /01 /janvier /2024 20:37

On peut dire que de même qu'existe un suffrage étroitement autorisé et contrôlé pour coller au "contrat social" (en dehors duquel toute liste ne serait pas autorisée et donc la liberté du suffrage n'existe pas), il existe pareillement une opposition contrôlée (et donc la liberté syndicale ou d'association est une fiction), dont la psychoclinicienne Ariane Bilheran fait une remarquable analyse :

L'opposition contrôlée ou "le syndicat jaune"

 

La mise en place de la dystopie covidienne a entraîné de profondes ruptures au sein de nos sociétés. 

 

Des groupes se sont formés pour résister au règne de l’absurde et à la dictature sanitaire, de nouveaux médias ont émergé, et aussi, bien entendu, des leaders d’opinion et des figures charismatiques. Croira-t-on que le pouvoir qui a mis en place un système aussi inique et abusif soit resté les bras croisés face à cette contestation? Les récents remous qui agitent la sphère de l’opposition témoignent au contraire d’un travail de sape et de subversion efficace, qui doit être étudié en soi comme l’une des composantes de la dérive totalitaire en cours. Voici donc un aperçu des stratégies et des procédés.

 

Lorsqu’un pouvoir enclenche une guerre contre sa population, pour faire passer en force des mesures impopulaires et/ou divers projets tyranniques, il sait qu’une frange politisée (au sens de l’engagement politique au sens noble), certes minime mais solide, risque de réagir. Il anticipe et canalise donc cette colère en fabriquant « sa » résistance, produit de la même ingénierie et de la même ardeur avec lesquelles il s’emploie à manipuler la population. Notons que les mêmes méthodes sont appliquées dans les entreprises, lors de la création du « syndicat jaune » dont la fonction sera d’être au service, non pas des travailleurs, mais des patrons.

 
 

Ainsi, comment un pouvoir anticipe-t-il une résistance et la contrôle de l’intérieur jusqu’à la neutraliser puis la dissoudre ? Il est d’usage de parler d’opposition contrôlée (que j’appellerai ici « syndicat jaune ») mais encore faut-il revenir sur les techniques employées.

 
 
 

Cette opposition de façade est créée « dès le départ ». Ce point est essentiel. Elle a plusieurs fonctions. Tout d’abord, orienter et concentrer le plus possible les mécontentements à un seul endroit, tenu par ce même pouvoir derrière le ou les chefs du syndicat jaune. Cette agglomération permettra ensuite de diriger ces colères vers des revendications qui ne sont pas dangereuses pour le pouvoir et d’engager sur des actions non périlleuses, qui détournent l’attention de celles qui le sont. Par exemple, le syndicat jaune se battra pour l’heure de pause ou le menu du repas à la cantine, plutôt que contre le plan de licenciement. Les sujets qui fâchent sont occultés et l’attention est détournée. Enfin, il s’agit de cartographier les opposants, ceci afin d’obtenir l’intégralité des noms, et identifier les plus problématiques parmi eux, tant en force et dangerosité qu’en puissance de caractère et intégrité, dans l’intention de les neutraliser à terme.

 

 

Profilage

 
 

Qui sont les acteurs de cette «résistance autorisée» au service du pouvoir? Il y a en première ligne les acteurs conscients, les espions et les chefs du syndicat jaune. Ces derniers sont des agents recrutés, choisis, préalablement formés, scrupuleusement entraînés, redoutablement conseillés, et évidemment, grassement rémunérés. Commençons par les chefs visibles, qui sont diablement intelligents, cultivés, et ont donc tous les talents pour remplir cette mission.

 
 
 

Leur profil doit paraître irréprochable: aptitude à se dévouer à la cause de la résistance, image destinée à attirer une forte sympathie, voire une idolâtrie qui permettra de créer une nouvelle secte, dans le but d’évincer, avec l’aide des fanatiques envoûtés, les autres leaders intègres une fois que le mot d’ordre en sera donné, ou encore de créer une illusion telle que, lorsque les faits et gestes des leaders du syndicat jaune commenceront à être révélés, personne ne puisse y croire.

 
 
 
Les deux stratégies
 
 
 

Une stratégie de communication sera mise en place pour que la population identifie aisément quels sont les chefs qu’il convient de suivre. Par exemple, ils peuvent être propulsés dans certains médias du pouvoir comme était des leaders de la résistance, avec deux techniques. La première sera le passage très médiatisé dans un organe de communication du pouvoir, néanmoins présenté à la masse comme un média d’opposition, ce qui ne résistera pas à l’analyse des soutiens financiers: qui paie l’orchestre paie la musique.

 
 
 

La deuxième consiste à médiatiser les chefs infiltrés comme des leaders infréquentables, par exemple, avec des articles à charge, une visibilité à la télévision, etc. et même, à faire croire à des représailles sur eux (censure, convocations, etc.). Le film avec ses acteurs, son scénario et ses péripéties doit être, surtout, parfaitement crédible. L’essentiel est que l’ensemble soit amplement médiatisé et que les agents puissent être facilement et rapidement identifiés comme les nouveaux chefs de la résistance. En couvrant ces deux aspects, on est assez certain d’attirer la majorité des mécontents: ceux qui croient ce que les médias officiels leur disent, et ceux qui ne les croient plus mais croient encore aux médias officiels ou aux médias désormais intronisés dans cette résistance manipulée. Ce constat du mode de propulsion des chefs du syndicat jaune est aussi valable pour les médias et groupes (associations, etc.) qui vont remplir le rôle de pseudo-opposants au pouvoir, et être investis de cette mission.

 

Pendant ce temps, et dans la réalité, les véritables opposants (chefs, porte-parole, groupes et médias) sont l’objet d’une savante stratégie d’invisibilisation et de censure, que ce soit dans les médias officiels du pouvoir ou dans les médias apparents de l’opposition au pouvoir. À une nuance près: si l’on a besoin de se servir de leur image pour une caution d’intégrité ou de crédibilité, ils peuvent être instrumentalisés un certain temps. On les effacera de l’échiquier plus tard, lorsque cet «argument d’autorité» n’aura plus d’intérêt.

 
 

 

Cf. Source et suite : https://www.arianebilheran.com/post/l-opposition-contr%C3%B4l%C3%A9e-ou-le-syndicat-jaune-antipresse-425

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24 janvier 2024 3 24 /01 /janvier /2024 00:00
Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 62.

Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 1, 2011, p. 62.

Rien n'est plus fort que la douceur ; rien n'est plus doux que la vraie force.

St François de Sales

François de Sales naquit au château de Sales, en Savoie, en 1567. Issu d’une vieille famille aristocratique du duché de Savoie, il choisit le chemin de la foi. Consacrant sa vie à Dieu, il renonça à tous ses titres de noblesse. Le futur saint était l'aîné de six frères et sœurs.

 

Lors de son baptême, il reçut le prénom de "François" en vénération pour François d'Assise.

 

Après ses premières années d'études, on l'envoya au collège des jésuites à Paris.

 

François aimait aller prier devant l'image de Notre-Dame de Bonne-Délivrance, dans l'église aujourd'hui détruite de Saint-Étienne des Grès à Paris; ce fut là qu'il fit voeu de chasteté, et qu'il recouvra miraculeusement la paix de son âme, troublée par une horrible tentation de désespoir. En souvenir sera érigée en 1692 une chapelle Saint-François-de-Sales dans cette église (l'une des plus anciennes églises de Paris, fondée par Saint Denis, qui, malheureusement, sera détruite par les vandales révolutionnaires en 1792).

 

Après avoir fait son droit à Padoue, François embrassa l'état ecclésiastique. [1]

Saint François de Sales, évêque et Docteur de l'Eglise (+1622) Nommer ce saint, c'est personnifier la vertu de douceur ; il fut le saint aimable par excellence et, sous ce rapport particulièrement, le parfait imitateur de Celui qui a dit : "Apprenez de Moi que Je suis doux et humble de cœur." [2]

 

"Écartant le rigorisme desséchant d'une certaine Église, ce grand maître fut, comme d'aucuns l'ont dit, le 'saint de la douceur de Dieu', indulgent à l'égard de la faiblesse humaine, en un temps où le Dieu des chrétiens était encore le Dieu de l'Ancien Testament." [3]

 

Jeune homme, il mena la vie des anges. Prêtre, il se montra digne émule des plus grands apôtres, par ses travaux et par les innombrables conversions qu'il opéra parmi les protestants. Évêque, il fut le rempart de la foi, le père de son peuple, le docteur de la piété chrétienne, un Pontife incomparable. 

 

"On disait communément, écrit sainte Jeanne de Chantal, qu'il n'y avait pas de meilleur moyen de gagner sa faveur que de lui faire du mal, et que c'était la seule vengeance qu'il sût exercer." -- "Il avait un cœur tout à fait innocent, dit la même sainte ; jamais il ne fit aucun acte par malice ou amertume de cœur. Jamais on n'a vu un cœur si doux, si humble, si débonnaire, si gracieux et si affable qu'était le sien."

 

Les armes de François de Sales étaient celles de l'amour. C'est d'ailleurs l'une de ses devises : 

 

Rien par force, tout par amour.

François de Sales incarna de façon exemplaire, au cours d'une existence souvent harassante, les plus hautes vertus évangéliques au point d'être appelé le Docteur de l'amour. [4]
 

 

Reconstituons le contexte historique quelques années avant la prise de fonction de François. Berne, en Suisse, qui s'était déclaré pour la Réforme en 1528, dépêcha plusieurs "évangélistes" à Genève en 1530 (tels que Ami Perrin, Malbuisson, Clauder Roger et surtout Farel). La religieuse Jeanne de Jussie, du couvent de Sainte-Claire, relata ainsi les troubles qui secouèrent Genève à partir de l'arrivée des troupes et des "évangélistes" bernois : "Et le jour de Monsieur Saint François (d'Assise), un mardi [1530], à dix heures du matin, arrivèrent à Morges les fourriers des Suisses pour prendre logis pour l'armée. Le mercredi, jeudi et vendredi, arrivèrent les troupes des deux cantons de Berne et Fribourg, audit Morges, et firent de grands maux... ils commencèrent à piller, dérober, à fourrager les pauvres gens, et ne laissèrent blé, vin, chair ni meubles par les maisons et châteaux des nobles, et puis brûlèrent tout, qui ne fut pas petite perte... Non contents encore, ces hérétiques rompirent la sacristie et toutes les armoires... et prirent tous les ornements qu'ils trouvèrent et emportèrent tout avec l'horloge du couvent, toutes les couvertures et linges des frères, tellement qu'il ne resta chose aucune... Et tous les prêtres [catholiques] qu'ils trouvaient portant longue robe la leur ôtaient, les dépouillaient et battaient, à toutes les images qu'ils trouvaient tant en plate peinture (fresque) qu'en tableaux, ils leurs crevaient les yeux avec la pointe de leurs piques et épées, et crachaient contre... ils brûlèrent tous les livres, tant de la chanterie qu'autres..."

 

"Le lundi, environ midi [1530], l'armée entra dedans Genève, poursuit soeur Jeanne de Jussie; ils menaient dix-neuf grosses pièces d'artillerie... Les luthériens se firent ouvrir l'église cathédrale Saint-Pierre. Le prédicateur Guillaume Farel se mit en chaire et prêchait en langue allemande. Ses auditeurs sautaient par-dessus les autels comme chèvres et bêtes brutes... Ces chiens abattirent l'autel de l'Oratoire et mirent en pièces la verrière où était en peinture l'image de monsieur Saint Antoine... Ils rompirent aussi une belle croix de pierre... et au couvent des Augustins rompirent plusieurs belles images, et au couvent des Jacobins rompirent de belles croix de pierre...

 

Au mois d'août 1532, les hérétiques firent descendre les cloches du prieuré de Saint-Victor, et puis abattre jusqu'au fondement tout le monastère. En ce même mois, le jour de la Décollation de Saint Jean Baptiste, ils abattirent une petite et fort jolie église de Saint Laurent, et fut aussi abattue l'église de Madame Sainte Marguerite... 

 

L'an 1534,... la veille de Pentecôte, à dix heures de nuit, les hérétiques [luthériens] coupèrent les têtes à six images [statues] devant la porte des Cordeliers, puis les jetèrent dans les puits de Sainte-Claire. Le jour de la Saint-Denis fut découverte [le toit démonté] l'église paroissiale de Saint-Léger hors la ville, et puis entièrement rasée et abattue, et tous les autels rompus et mis en pièces. [5]

 

(En 1535) Expulsion des soeurs de Sainte-Claire. Le dimanche dans les octaves de la Visitation vinrent les syndics [réformés]... Le syndic ordonna à la mère abbesse d'ouvrir les portes (les Soeurs de Ste Claire ou Clarisses appartenaient à un ordre cloîtré). [L]es soeurs s'étant assemblées, Farel les harangua, ... vantant le mariage, la liberté. La mère abbesse l'arrêta mais fut expulsée. Le jour de monsieur saint Barthélémy, vinrent grandes compagnies tous en armes et bien embâtonnées [bien armés] et de toutes sortes d'armes.... ils vinrent heurter à la grande porte du couvent Sainte-Claire. La porte une fois ouverte, le chef de la troupe ordonna aux soeurs 'de par messieurs de la ville que plus ne dites aucun office, haut ni lus, et de ne plus ouïr la messe'. Il fut convenu entre la mère abbesse et le syndic que les soeurs quitteraient le couvent sans rien emporter... Le syndic promit de les conduire à la porte de la ville, sous bonne garde. La sortie se fit alors tant bien que mal, car plusieurs des soeurs étaient âgées et malades. ... Parties de Genève à cinq heures du matin, elles arrivèrent à Saint-Julien en fin de journée, où elles purent prendre du repos, avant de rejoindre Annecy, où le duc de Savoie leur avait fait préparer un couvent.

 

Le 5 août [1535], il (Farel) prêcha à Saint-Dominique et le 8 à Saint-Pierre. Après chacun de ses prêches, la foule de ses partisans abattit les statues et les croix, renversa les autels et les tabernacles, brûla les reliques et jeta les cendres au vent. [6]

Pierre de la Baume, le dernier évêque résidant avait quitté Genève le 1er octobre 1535, après que les syndics eurent publié un décret (le 27 août) par lequel ils ordonnaient 'que tous les citoyens et habitants eussent à embrasser la religion protestante, abolissant entièrement et absolument celle de la catholique'".

 

La théocratie genevoise

"Le 3 avril 1536, il fut donné un mois aux prêtres catholiques pour qu'ils se convertissent et, en attendant, il leur fut interdit de 'se mêler de dire la messe, de baptiser, confesser, épouser [marier]'. Le 5 avril, pareille défense fut faite aux chanoines. Enfin, le 21 mai 1536, 'le peuple réuni en Conseil général, adhérait unanimement à la Réforme religieuse'. En juin 1536, le Conseil abolit la célébration des fêtes, à l'exception du dimanche. Genève était une ville protestante".[7] La ville, dont l'évêque a été chassé, est devenue une république.

 

Le 2 novembre 1536, le bailli de Lausanne, jugeant que les réformés l'avaient emporté, se mit à la tête d'une troupe d'archers et fit le tour des paroisses du lausannois, 'parcourant les campagnes, rasant les chapelles, renversant les autels et abattant les croix... aux cris de 'À bas les papistes'". [8]

 

Appelé à Genève en 1536, Calvin en fut banni deux ans après, mais il y fut rappelé en 1540. Il exercera alors l'influence la plus absolue, faisant reconnaître comme loi d'État un formulaire réglant les principaux articles de foi. "De lourdes amendes punirent les catholiques qui restaient chez eux au lieu d'aller au prêche; harassés, traqués, les fidèles se lassèrent, beaucoup se soumirent pour avoir la paix. La Réforme, assez vite, régna en maître dans le Chablais." [9]

 

Fondateur de la théocratie genevoise, Calvin forge toute la future démocratie européenne. Du fer antique : l'Ancien Testament - la Loi, il forge une nouvelle Jérusalem terrestre. Calvin confond simplement la nouvelle Sion avec l'ancien Sinaï. Il ne voit pas ou ne veut pas voir la loi nouvelle de l'Évangile par rapport à l'Ancien Testament, à la Loi. "La fin de la loi est le Christ", dit l'apôtre Paul (Rom 10:4); "La fin du Christ, c'est la Loi", aurait pu dire Calvin.

"Composé de pasteurs et de laïcs (les "Anciens"), un consistoire est notamment chargé de la surveillance de la vie privée des citoyens. Jeux, spectacles, bals, chansons et tavernes sont interdits, toute infraction morale (adultère, violence, impiété) étant considérée comme un crime." [10]

 

"La profession de foi de 1536 doit être jurée par les habitants. [...] Pour Luther, la volonté humaine ne pouvait que faire le mal, pour Calvin, elle ne veut que le mal et sa responsabilité est entière.

[...] Dieu prédestine au salut (Traité de la prédestination, 1552).

Calvin fait exiler ses contradicteurs, l'humaniste Castellion, en 1544, le pasteur Bolsec, qui rejetait la prédestination, en 1551." [11]

 

Le 12 novembre 1537, le Conseil ordonne à tous ceux qui avaient refusé de jurer la Réformation [accepter le formulaire] de quitter la ville.

 

"Calvin inféode l'Église à l'État" : "Les seigneurs sont des dieux. Le peuple est Satan". Il "fait de l'État le serviteur et l'instrument de l'Église. À Genève il proscrit les jeux et le théâtre, impose l'assistance aux sermons, détermine les prénoms permis, règle la coupe des habits. [...] Les huguenots (de l'allemand eidgenosse, lié par serment), les huguenots de religion se transforment en huguenots d'État. [...] [L]'Église calviniste devient une coalition d'idées et d'intérêts, un parti et une armée." [12]

 

"Tous doivent prêter serment au nouveau Credo; ceux qui y manqueraient seront chassés de la ville; car, [...] l'Église, 'Cité de Dieu', et l'État, 'Cité des hommes', dans l'action, ne font qu'un, aux yeux de Calvin. Être ou ne pas être dans l'Église signifie être ou ne pas être dans l'État. Les dizenniers, ou hommes du guet, font irruption dans les maisons et traînent le peuple, par groupe de dix, à la prestation de serment.

"Plusieurs Eidgnots firent remarquer, en se gaussant, que Farel et Calvin 'qui étaient venus pour faire triompher le libre examen [la liberté de conscience] l'étouffaient à la première manifestation de dissidence'. Quelques-uns d'entre eux allèrent jusqu'à se moquer des 'deux papes qui étaient apparus pour ressusciter la lettre et qui l'emprisonnaient après la lutte de Lausanne.' Très vite ces propos se répandirent dans Genève, et firent rire, le peuple ne tarda pas à appeler leurs auteurs des libertins (car ils défendaient la liberté de penser), et le surnom leur resta ; injure qui devait bientôt se propager et dont on allait flétrir tout individu qui jouerait aux dés, qui n'aurait point éteint sa lumière après le signal du couvre-feu, qui boirait pendant les offices, danserait le dimanche, critiquerait les actes du syndic, ou garderait une image [pieuse] au logis.' (J.M. Aulin)." [13]

 

Après la théocratie de l'Ancien Testament, ici, à Genève, se manifeste à nouveau non pas un homme sacré, mais un peuple sacré; le but de l'État et de l'Église devient non plus la sainteté individuelle, mais la sainteté commune. 'Vous êtes un genre élu, une sainteté royale, un peuple saint.' (I P 2:9), dit Calvin aux Genevois. La ville grouille de limiers, dénommés 'Gardiens', dont l'oeil, tel 'l'oeil qui voit tout', pénètre partout (Ordonnances Ecclésiastiques de 1541). On ne juge pas seulement les actes, mais aussi les pensées et les sentiments. Toute tentative, même la plus secrète, de s'élever contre le 'Règne de Dieu', est soumise, en tant que 'trahison envers l'État', aux plus féroces châtiments de la loi: au fer et au feu. Tout le peuple genevois deviendra une sorte de Prisonnier de Chillon, et la Théocratie de Calvin - une ténébreuse prison souterraine dans l'azurée lumière du Léman." [14]

 

Calvin va plus loin que Luther : le salut est offert aux uns, refusé aux autres (Traité sur la Prédestination, 1552). En outre, la volonté humaine est totalement corrompue et l'homme ne peut sortir de cette corruption par aucune oeuvre. Seule la foi peut le sauver. "Ainsi, ... du plus profond pessimisme, le calvinisme débouche sur un certain orgueil, celui d'appartenir à une élite, d'être une sorte de nouveau peuple élu, donc d'être investi d'une mission de régénération du monde.

[...] La marque calviniste, même si elle déborde le milieu protestant, est présente dans la manie moderne de tout remettre en question, dans l'interventionnisme moralisateur à propos de tout, [...] dans ce besoin de décerner des bons et des mauvais points aux quatre coins du monde, dans ces discours politiques qui prennent souvent le ton du prêche. [...] Les conformismes qui pullulent aujourd'hui, dont celui du 'politiquement correct', voire du 'sexuellement correct', ne sont pas étrangers à l'influence protestante dans les milieux de la politique ou de l'édition", résume A. Richardt. [15] 

 

De 1541 à 1546 seulement, 76 citoyens sont bannis, et 58 genevois sont envoyés au bûcher par Calvin. [16] Ce qui fait quasiment une personne de la ville envoyée au bûcher tous les mois en cinq ans.

 

Les prisons étaient pleines de délinquants. Aimé Richardt, donne des "exemples de la tyrannie mesquine qu'exerçaient les ministres protestants" à Genève. "C'est ainsi que, en date du 20 mai 1537, nous trouvons : 'Une épouse étant sortie dimanche dernier avec les cheveux plus abattus [plus tombant sur les épaules] qu'il ne se doit faire, ce qui est un mauvais exemple et contraire à ce qu'on évangélise, on fait mettre en prison la maîtresse, les dames qui l'ont menée et celle qui l'a coiffée.'

 

Un autre jour, on saisit à un pauvre diable un jeu de cartes. 'Que va-t-on faire du coupable? Le mettre en prison?' La peine eût été trop douce aux yeux de Calvin. On le condamna donc à être exposé au pilori, son jeu de cartes autour du cou."

[...] Les rieurs ne manquèrent pas de protester... L'un demandait 'où le Saint-Esprit avait marqué dans l'Écriture la forme des coiffures des femmes?'. ... Un autre voulait savoir si la barbe de bouc que portait Farel ressemblait à celle d'Aaron !" [17]

 

Dmitri Mèrejkovski donne d'autres exemples de cette tyrannie : 

- un marchand fort connu, fut condamné à mort pour fornication; il monta sur l'échafaud en remerciant Dieu de ce qu'il allait être exécuté "suivant les lois sévères, mais impartiales de sa patrie";

- Le libertin athée Jacques Gruet fut le premier à être décapité le 26 juillet 1547, après avoir été torturé matin et soir, pendant un long mois, du 28 juin au 25 juillet. Sa tête fut clouée au pilori sur le Champel pendant de longs jours. La flamme des bûchers s'éleva.

Lors de la peste de 1543 à Genève, on brûla quinze sorcières; les sorciers, on les châtiait avec 'une plus grande sévérité' : après des tortures inouïes, on les écartelait ! Plusieurs s'étranglaient dans leur cachot pour échapper à la question.

On brûla également le médecin et ses deux aides de l'hôpital des pestiférés. Le 'Règne de Dieu' à Genève équivalut au règne du diable à Munster.

[...] En novembre 1545, les pasteurs de Genève faisant jeter au feu une de leurs fournées de sorcières, Calvin requit les Conseils de la ville, de 'commander aux officiers de la dicte terre de faire légitime inquisition contre telles hérégies, afin de extyrper telle rasse de la dicte terre.'" [18]

 

En 1555. Deux bateliers, les frères Comparet furent soumis à la question et condamnés à mort. "Je suis certainement persuadé que ce n'est pas sans un spécial jugement de Dieu qu'ils ont tous deux subi, en dehors du verdict des juges, un long tourment sous la main du bourreau" (le fer ayant glissé sur leurs vertèbres). Après l'exécution, les corps des deux frères, suivant la sentence, furent écartelés et l'une des quatre parties de chaque corps, fut clouée au pilori, devant la porte Cornavin, afin que quiconque pénétrait dans la ville sût ce qu'il en coûtait de ne pas se soumettre à la parole de Dieu ou à celle de Calvin.

 

Le 15 septembre 1555, sur le Champel, fut mis à mort ce même Berthelier qui, trois ans auparavant, presque à la veille de l'affaire Servet, avait causé un soulèvement des plus dangereux pour Calvin. Debout au pied de la chaire où prêchait Calvin, des indicateurs observaient la manière dont les gens l'écoutaient.

 

Deux personnes furent arrêtées parce qu'elles sourirent quand quelqu'un tomba, endormi, de son banc; deux autres, parce qu'elles avaient prisé.

 

On jeta en prison celui qui avait dit : "Il ne faut pas croire que l'Église soient pendue à la ceinture de maître Calvin!" On faillit brûler une vieille femme comme sorcière parce qu'elle avait regardé Calvin trop fixement.

 

Calvin est le maître à penser de la cité. "Je vous défends d'obéir au pape, répète-t-il, mais je veux que vous obéissiez à Calvin."

 

Une jeune femme fut condamnée à l'exil perpétuel parce qu'elle avait prononcé en sortant de l'Église : "Il nous suffit bien ce que Jésus-Christ a prêché !" 

 

Deux enfants, qui avaient mangé pour deux florins de gâteaux sur le parvis de l'église, furent fouettés des verges. On était jeté en prison pour la lecture de Amadis; pour le port de chaussures à la mode et de manches à gigots; pour trop bien tresser la chevelure, ce dont Dieu se trouvait 'grandement offensé'; pour un coup d'oeil de travers; pour avoir dansé ou avoir simplement regardé d'autres le faire. Plusieurs personnes qui avaient ri pendant un de ses prêches (de Calvin) furent jetées en prison.." [19] 

 

Le 3 juin 1555. "Ami Perrin fut condamné (ainsi que ceux des libertins qui s'étaient enfuis avec lui, Philibert Berthelier, Michalet, Vernat) par contumace, à avoir 'le poing du bras droit duquel il a intenté aux bâtons syndicaux coupé.' Il sera ensuite décapité puis 'la tête et le dit poing seront cloués au gibet et les corps mis en quatre quartiers (Annales Calviniani, O.C., 21, p. 608)."

 

"Les deux Comparet [...] qui, après avoir eu les têtes décapitées, furent mis en quartiers et les quartiers pendus chacun à une potence, aux quatre coins des franchises de la ville, et la tête d'un chacun d'eux avec l'un des quartiers. [...] L'on ne fit que couper les têtes à (François-Daniel) Berthelier et au Bastard [Claude Genève] sans les écarteler; la tête de Berthelier et son corps demeurèrent au gibet, aussi fut le corps du Bastard, mais sa tête fut clouée à un chevron sur la muraille du Mollard." [20]

 

L'épisode le plus connu de ces dérèglements meurtriers est celui de Michel Servet. Ce médecin aragonais professait publiquement que Dieu n'était pas trinitaire. Ignorant le ressort intime du régime de la ville-église, il eut l'audace d'en discuter avec le maître qui l'envoya brûler en 1555.

 

En 1594, le jeune François de Sales s'écriera :

C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut la recouvrer... il faut [les] renverser par des prières ardentes et livrer l'assaut par la charité fraternelle. [21]

Saint François de Sales, évêque et Docteur de l'Église († 1622)

Et dans son Introduction à la vie dévôte (III 23), en 1608, il dira : "Qui a gagné le cœur de l’homme a gagné tout l’homme."

Et "Bénis les coeurs tendres, car ils ne se briseront jamais."

"La mesure de l'amour est l'amour sans mesure."

 "L'amour ne nous trouvant pas égaux, il nous égale ; ne nous trouvant pas unis, il nous unit." (Traité sur l'amour de Dieu, 1616) 

 

Luther et Calvin "demandent" une Réforme extérieure. Saint François de Sales et l'Église catholique répondent par une Réforme intérieure.

En 1602, n'ayant rien dit dans ses sermons contre le calvinisme, François écrira encore : "Voyez-vous, ce sermon-là [sur le Dernier jugement] qui ne fut point fait contre l'hérésie respirait néanmoins contre l'hérésie, car Dieu me donna lors cet esprit en faveur des âmes. Depuis, j'ai toujours dit que qui prêche avec amour prêche assez contre les hérétiques, quoiqu'il ne dise un seul mot de dispute contre eux![22]

 

Le règlement de vie intérieure et de vie extérieure

 

En 1591, il avait rédigé sur les conseils de son confesseur, un 'règlement de vie intérieure et de vie extérieure', dont il observera l'esprit jusqu'à sa mort. Ce règlement est divisé en quatre parties:

l'exercice de préparation, qui consiste à "se prescrire au début de chaque journée l'acte mêlé de réflexions et de prières". François le jugeait indispensable, écrivant : "la prescription est comme un fourrier [préparateur] à toutes nos actions... Je la préférerais toujours à toute autre chose ..."

Fixer les exercices de piété qui doivent ponctuer la journée d'un étudiant chrétien en commençant la journée par une action de grâce "avec ces paroles du Psalmiste royal, David : Dès l'aube, vous serez le sujet de ma méditation."

Le repos spirituel ou l'"exercice du sommeil". "Comme le corps a besoin de prendre son sommeil pour délasser et soulager ses membres travaillés [fatigués], de même est-il nécessaire que l'âme ait quelque temps pour sommeiller et se reposer entre les chastes bras de son céleste Époux, afin de restaurer par ce moyen les forces et la vigueur de ses puissances spirituelles...."

Règles pour les conversations et rencontres. Cette dernière partie du règlement de vie intérieure cherche "à établir la liaison entre la vie du monde et la perfection chrétienne." C'est un thème que François reprendra dans son Introduction à la Vie dévôte (1608), l'une des œuvres majeures de la littérature Chrétienne. François établit la manière dont il entend régler ses relations avec ses semblables : "Je ne mépriserai jamais ni ne montrerai signe de fuir totalement la rencontre de quelque personne que ce soit... Surtout je serai soigneux de ne mordre, piquer, de me moquer d'aucun... J'honorerai particulièrement chacun, j'observerai la modestie, je parlerai peu et bon..." [23]

 

 

Charité en actes et bonnes oeuves : La foi mise en application

 

Saint François de Sales mettait en application ce qu'il prêchait. Évêque, il recommandera, une fois pour toutes, à ses domestiques, de prendre garde à ne renvoyer aucune personne qui demandait à lui parler... "Il recevait toujours chacun avec un visage doux et gracieux... quand ceux de sa maison, pour le détourner de tant recevoir, lui parlaient des rusticités et des insipidités d'autrui, il répliquait : et nous, que sommes-nous? Mgr de Sales recevra en cachettes les pauvres honteux, et nourrira beaucoup de personnes qui n'osaient mendier leur pain (Ier Procès, t. II et t. III, art. 46 et 27).

 

Ces activités charitables terminées; François prenait plaisir à se promener dans sa ville, s'arrêtant ça et là pour donner quelques pièces aux pauvres. Il s'arrêtait pour visiter les malades et des infirmes, puis se rendait à l'hôpital, où il donnait sa bénédiction aux plus proches de l'agonie. Après cela, il allait à la cathédrale pour y entendre des confessions, et s'en revenait paisiblement à sa maison. Encore quelques audiences, quelques lettres, et c'est enfin le recueillement du soir, suivi d'une légère collation, dont il s'abstenait le vendredi et le samedi. Puis François de Sales disait son chapelet à la Vierge Marie, "ne se couchant jamais, fût-il onze heures, minuit, qu'il n'eût satisfait à cette obligation à laquelle il employait une heure de temps" (1er Procès, t. II, art. 33) [24]

 

Le mercredi 14 septembre 1594, en la fête de l'Exaltation de la Sainte Croix, accompagné de son cousin Louis de Sales, François se mit en route pour la forteresse des Allinges, où il avait l'intention de s'installer dans un premier temps. Partout la route était "bordée de débris de calvaires épars dans les haies; des potences élevées à la place des croix; l'église de Boringe, l'église d'Avully démolies de fond en comble, l'église de Bons, transformée en un temple calviniste; l'église de Saint-Didier, celle de Fessy, celle de Lully, abandonnées, les portes grandes ouvertes, les voûtes crevées.. Les autels renversés, tous les presbytères en ruines. Plus un son de cloche nulle part... Et les gens du pays qui voyaient passer ces deux voyageurs en soutane, harassés, couverts de poussière, leur jetaient des regards de haine..." [25] Très vite, devant l'ampleur de la tâche, les deux cousins se partagèrent le travail : Louis évangélisera, avec la colline d'Allinges, les paroisses qui l'avoisinent... François concentrera ses efforts sur Thonon, centre de l'erreur. [26] 

Resté seul, il décida de prêcher presque tous les jours de la semaine, développant les vérités rejetées par les hérétiques, telles que l'origine divine de l'Église catholique, la réalité de l'Eucharistie et de la Messe. Peu à peu son auditoire s'accrut pour atteindre une douzaine, tous anciens catholiques devenus calvinistes par la force des choses.

La réaction des autorités réformées ne se fit pas attendre. Les principaux de Thonon [les chefs calvinistes] ayant assemblé leur conseil, se sont jurés que ni eux ni le peuple n'assisteraient jamais aux prédications catholiques... Loin de se décourager, François proposa de "rétablir la célébration du Saint Sacrifice [la Messe] le plus tôt qu'il pourra, afin que l'homme ennemi voie que, par ses artifices, il nous donne du courage au lieu de nous l'enlever." [27]

La besogne est rude, "les gens ont peur, le prêtre papiste est à l'index, et l'oeil de Genève surveille tout." [28]

 

 

Le 8 janvier 1595, François fut attaqué par un homme qui s'"est promis de le tuer et de porter sa tête à Genève"; miraculeusement, le mousquet de l'assassin fit long feu et l'homme s'enfuit.

Une autre atteinte se produisit un soir de février 1595. Accompagné de trois autres personnes, François remontait paisiblement vers la forteresse des Allinges lorsque deux hommes surgirent d'un buisson, et s'avancèrent vers lui, l'épée à la main. Sans perdre son sang-froid, le pieux missionnaire alla à eux et leur parla. Stupéfaits, les assaillants lui dirent qu'on les avait payés pour le tuer..., puis ils s'enfuirent. [29]

 

En juin 1595, l'abjuration de Poncet fit enrager les calvinistes, qui, selon Favre, étaient allés jusqu'à prétendre que "le prêtre papiste était un magicien qui veillait la nuit pour pratiquer des sortilèges sur la personne du converti". Les choses s'envenimèrent très vite, au point qu'un huguenot affirma par serment public avoir vu François au sabbat, dont il portait la marque, et dans les assemblées nocturnes des sorciers. Ce bruit courut tellement qu'on ne parlait que de tuer et de brûler les papistes... [30]

Dans le même temps, François inaugure une série de prédications sur l'Eucharistie, s'attaquant de front aux thèses des protestants (Luther rejetait la Transsubstantiation, n'admettant qu'une consubstantiation; Zwingli n'admettait qu'une présence figurative, et Calvin niait toute présence du Christ dans l'hostie).

En décembre 1595, le petit troupeau dépasse largement la centaine ! Mgr Trochu écrit : "Il y avait maintenant [à la fin 1595], dans la partie protestante de Chablais, environ 300 catholiques, dont 200 avaient été gagnés, un par un, en l'espace de quinze mois".[31]

"Le Chablais comptait 15 catholiques à Thonon en 1594. Ils sont plus de 25 000 en 1600." [32]

 

Cette situation déplaisait fort aux syndics [conseillers municipaux] de Thonon. Constatant que les tentatives de harassement du missionnaire (jets de pierre, insultes, accusations de sorcellerie...) avaient échoué, ils décidèrent de se tourner vers le pasteur calviniste Viret, en lui demandant de convaincre François d'erreurs doctrinales au cours d'une dispute publique. Viret occupait le poste de ministre à Thonon depuis plus de sept ans, "pour les gens du peuple, il était réputé grand savant, et il se drapait habilement dans cette légende"....  Viret battit le rappel des ministres du Chablais et du pays de Vaud, les appelant à son aide. Ils tombèrent d'accord pour proposer à François une conférence publique pensant que se sentant seul contre tous, il refuserait le combat. François accepta la rencontre. Cette réunion eut lieu en présence d'Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, président du consistoire de Thonon, mais les pasteurs ne parvinrent pas à une entente. Il y eut "autant d'opinions que de têtes" [33]

 

Au jour et au lieu fixés, il y eut une foule... toute la ville de Thonon s'assembla. La foule attendit, puis commença à s'agiter; François, paisible, souriant, attendit aussi... Tout à coup, un homme, un seul, apparut : c'était Viret qui, confus, tint au peuple le discours suivant : "Mes collègues de Chablais et de Vaud, tout comme moi, étaient véritablement prêts à la dispute, mais après avoir mûrement considéré [réfléchi], ils ne jugent pas à propos de commencer une chose de si grandes importance sans le consentement et expresse permission de Son Altesse [le duc de Savoie], de peur que cette entreprise n'apporte plutôt du dommage que du profit, autant à un parti qu'à l'autre". Ébahie par cette dérobade, la foule hua le malheureux pasteur, pendant que François et plusieurs de ses amis riaient à gorge déployée ! Puis, le missionnaire restant seul maître du terrain, "prit en témoin tous les assistants qu'il ne tenait pas à lui que la dispute ne se fît".

 

Conséquence directe de la dérobade de Viret ? ....Un évènement de la plus haute importance se produisit le 19 février 1596. Ce jour-là, en l'église de Thonon, Antoine de Saint-Michel, seigneur d'Avully, issu d'une vieille famille genevoise, président du Consistoire réformé, "un des plus savants et opiniâtres calvinistes de la province", confesse publiquement la foi catholique ! Il abjura le 26 août à Turin, en présence du nonce. Mis au courant, le pape Clément VIII lui adressa le 20 septembre un bref personnel de félicitations. [34]

 

En décembre 1596, François prit l'audacieuse décision de célébrer les trois messes de Noël dans l'église saint Hippolyte de Thonon, qui était devenue un temple protestant, et où François n'avait obtenu que le droit de prêcher. "Sonner la messe à Saint-Hippolyte après soixante ans de silence ! François savait que ce serait frapper un grand coup. La messe, symbole du papisme, la messe que Luther et Calvin ont rejetée, la messe dans leur temple, ce serait pour les protestants [de Thonon] le suprême scandale. Les syndics, en effet, se récrièrent; des bagarres éclatèrent, mais François tint bon... et mit lui-même "la main à la pâte" pour "parer l'église le mieux qui lui fût possible d'images, de tapis, de cierges, et de lampes". Les Visitandines ajoutent qu'"il fut trois jours et trois nuits sans dormir et presque sans manger". Et c'est ainsi, qu'au coeur de la Thonon protestante, François de Sales "à la minuit de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, célébra le très saint sacrifice de la messe." [35] En janvier 1597, François reçut du duc de Savoie, Charles-Emmanuel, l'autorisation de dire les messes en public, et rétablit par conséquent la messe à Thonon.

Le 9 avril 1597, le successeur de Calvin à Genève (1564), le protestant Théodore de Bèze accepta de rencontrer saint François de Sales, qui s'était réfugié à Annecy. Lors de son entrevue avec lui, François lui posa trois questions :

 

La première question

 

Après les amabilités d’usage, François, avec un sens aigu de l’essentiel, pose une question très courte

Monsieur, peut-on faire son salut en l’Église romaine ?

Bèze voit tout de suite la difficulté : si l’Église catholique assure le salut de ses fidèles, pourquoi s’en séparer ? Il suffisait de l’améliorer par le dedans, comme avaient déjà fait tous les saints réformateurs depuis des siècles (saint Grégoire VII, saint François d’Assise, saint Dominique, sainte Catherine de Sienne, etc.) et comme avait aussi fait le concile de Trente. Mais si le salut est impossible dans l’Église romaine, quelle autre société religieuse a donc donné le Christ aux hommes et assuré leur salut, avant le protestantisme ? Théodore de Bèze demande à se retirer pour réfléchir. Après une longue réflexion, il revient pour répondre : "Vous m’avez demandé si l’on pouvait faire son salut dans l’Église romaine. Certes je vous réponds affirmativement ; il est ainsi sans doute, et on ne peut nier avec vérité qu’elle ne soit la Mère-Église." [36]

 

Les pasteurs calvinistes Rotan et Morlas avaient été obligés de faire la même réponse au roi Henri IV, qui leur avait posé la même question, quatre ans plus tôt.

 

Deuxième question

 

Nouvelle question de François de Sales :

Puisqu’il en est ainsi et que le salut éternel est en l’Église romaine, pourquoi avez-vous planté cette prétendue Réforme, prenons l’exemple en France, avec tant de guerres, de saccagements, de ruines, d’embrasements, de séditions, de rapines, de meurtres, de destructions de temples et autres maux, qui sont innombrables ?

Réponse de Théodore de Bèze, après un long silence : "Je ne veux point nier que vous ne fassiez votre salut en votre religion. Mais il y a ce malheur que vous embrouillez les âmes de trop de cérémonies et difficultés ; car vous dites que les bonnes œuvres sont nécessaires au salut, qui toutefois ne sont que de bienséance. D’où arrivent plusieurs maux : les peuples, croyant à cette nécessité des bonnes œuvres par vos prédications et ne le faisant pas, ils se damnent misérablement parce qu’ils contreviennent à leur conscience. C’est pourquoi, afin de remédier à ces maux, nous avons tâché d’établir notre religion, en laquelle le chemin du ciel est rendu facile aux fidèles, ayant jeté ce fondement que la foi sauve sans les œuvres, que les bonnes œuvres ne sont point de la nécessité du salut, mais seulement, comme je vous ai déjà dit, de bienséance."

 

Conclusion et troisième question

 

François réplique alors :

Vous ne prenez pas garde qu’en rejetant les bonnes œuvres, vous tombez en des labyrinthes desquels vous aurez peine de sortir ! Pouvez-vous ignorer la raison pour laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ, en l’évangile de saint Matthieu, enseignant à ses Apôtres ce qu’il voulait qu’ils crussent du dernier Jugement, ne fait point de mention des péchés commis, mais dit tant seulement qu’il condamnera les mauvais parce qu’ils n’auront pas fait les bonnes œuvres. Voici ces paroles : « Allez, maudits, au feu éternel, qui est préparé au diable et à ses anges ; car j’ai eu faim, et vous ne m’avez point donné à manger… » Et le reste. (Mt 25:42-43) 

Voyez-vous que pour avoir manqué aux bonnes œuvres s’ensuit la damnation éternelle. Si elles n’étaient que de bienséance, comme vous dites, pensez-vous que ceux qui ne les auraient pas faites fussent punis d’une peine si rigoureuse ?

Quant à moi j’attends votre solution à cette difficulté, ou bien que vous soyez d’un même sentiment avec moi.

Théodore de Bèze ne put rien répondre. [37] 

Bèze se tut pendant un moment, puis "il se laissa aller à proférer des paroles indignes d'un philosophe" (on ignore ce que furent ces paroles indignes), précise Aimé Richardt. [38]

Intolérant, ce protestant fit une honteuse apologie du supplice de Michel Servet (un hérétique qui après avoir écrit en 1531 un livre "Des erreurs dans la doctrine de la Trinité", où il niait la consubstantialité du Fils au Père, fut condamné à être brûlé vif avec son livre, au lieu de Champel, le 27 octobre 1553). Or, dans un traité écrit à l'occasion du supplice de Servet, un certain Martin Bellius, avait en effet prôné la tolérance envers les hérétiques. Contre ce livre qu'il appelait un 'blasphème', Bèze écrivit une réfutation qu'il intitula Anti-Bellius. Il commença par réclamer du duc de Wurtemberg, auquel était dédié la dissertation de Bellius, une punition exemplaire de l'auteur. Puis il fit la théorie de l'extermination de tous les hérétiques : '... vaut mieux avoir un tyran, voire bien cruel, que d'avoir une licence telle que chacun fasse à sa fantaisie.'" [39] L'étonnant est qu'aussi bien Farel, qui conduisit Servet au bûcher, que Calvin avaient été eux-mêmes accusés de la même erreur une vingtaine d'années auparavant... En 1903, sur le Champel sera érigé un "monument expiatoire" au lieu même où fut brûlé Servet, avec l'inscription : "Fils respectueux et reconnaissants de Calvin... mais condamnant une erreur qui fut celle de son siècle... nous avons élevé ce monument expiatoire."[40] Ce qui veut dire que Servet fut brûlé "par erreur".

Relatant son entrevue avec Théodore de Bèze au pape Clément VIII, François lui écrivit : " Enfin [à la fin de notre entretien] je me retirai après avoir tenté tous les moyens de lui arracher l'aveu de sa pensée... alors je compris que je venais d'aborder un coeur de pierre, jusqu'ici inébranlable... je veux dire un coeur vieilli dans le mal." [41]

Devançant le rigorisme janséniste qui n'était pas encore paru, François de Sales conseilla une religieuse, la mère abbesse Angélique, qu'il rencontra le 5 avril 1619 et avec laquelle il entretint une correspondance nourrie. Il s'efforça souvent de tempérer les ardeurs de celle-ci, écrivant par exemple : "Manger peu, travailler beaucoup, avoir beaucoup de tracas d'esprit et refuser le dormir au corps, c'est vouloir tirer beaucoup de service d'un cheval qui est efflanqué, et sans le faire repaître... Ne vous chargez pas trop de veille et d'austérité..." Ou bien encore : "L'humilité, la simplicité de coeur... et la soumission d'esprit sont les solides fondements de la vie religieuse..., j'aimerais mieux que les cloîtres fussent remplis de tous les vices que du péché d'orgueil et de vanité..." Hélas, s'écrie l'abbé Fuzet, à la douce et riante figure de François de Sales... va succéder le sombre Saint-Cyran (ami de Jansénius, "d'extérieur humble et de coeur orgueilleux", écrit Aimé Richardt, il défendit le jansénisme), qui imposera à Angélique "une direction de crainte et de tremblement, une théologie de terreur, et un mysticisme obscur et exubérant". [42]

Le Saint patron des journalistes et des écrivains

 

On a dit, écrit Mgr Trochu, "si saint Paul revenait de nos jours, il se ferait journaliste. Or, c'est François de Sales qui, le premier en date, va le devenir. Il inaugure l'apostolat par la presse."

Il semble que cette vocation lui a été inspirée par Charles de Charmoisy [43] qui lui aurait conseillé de rédiger des articles destinés à remplacer les sermons, puis de les faire distribuer dans les foyers hérétiques. Ainsi, au lieu de prêcher pour une poignée de catholiques, il toucherait des centaines, voire des milliers de lecteurs. Convaincu, François se mit à la tâche: le 25 janvier 1595 parut une Épître à Messieurs de Thonon. Il réunira ces écrits dans un voulume qui sera publié sous le titre Controverses. Il fit imprimer ses écrits, comme le décrivent les Visitandines (Année sainte, manuscrit, p. 7) : "Chaque semaine, ce bon pasteur [François] envoya à Chambéry pour imprimer une nouvelle feuille qu'il faisait distribuer ensuite dans les maisons de Thonon et dans celles de la compagnie". Son ami, le sénateur Favre, s'occupait de la correction et de l'édition, ainsi que de l'expédition de ces feuilles volantes. Ces périodiques sont considérés aujourd'hui comme les premiers journaux catholiques au monde. 

Parmi ces Controverses, on trouve cette mise en garde aux Réformés : "Premièrement, Messieurs, vos devanciers et vous aussi, avez fait une faute inexcusable quand vous prêtates l'oreille à ceux qui s'étaient séparés de l'Église." (tels Luther, Zwingli, Calvin...)

"Vous dites que le peuple dévôt vous a appelés, mais quel peuple ? Car ou il était catholique, ou il ne l'était pas : s'il était catholique, comment vous eût-il appelés et envoyés prêcher ce qu'il ne croyait pas ?.... Quand Luther commença, qui l'appela ? Il n'y avait encore point de peuple qui pensait aux opinions qu'il a soutenues...."

Il s'en prend ensuite à ces pasteurs qui prétendent que chacun peut lire et interpréter les Écritures. "Mais ne serait-ce pas tout brouiller de permettre à chacun de dire ce que bon lui semblerait ? Il se faut ranger à l'Écriture, en laquelle on ne retrouvera jamais que les peuples aient pouvoir de se donner des pasteurs et prédicateurs."  [44]

Saint François de Sales, évêque et Docteur de l'Église († 1622)

Le résultat est là. Et quand en 1598, l'évêque vient examiner la tâche accomplie, il constate que la quasi-totalité des Chablaisiens ont réintégré la bergerie catholique. François a alors trente-deux ans. Sa mission du Chablais l'a rendu célèbre. [45]

 

Le 8 décembre 1602, François de Sales est ordonné évêque de Genève à Thorens par Mgr Vespasien Gribaldi, archevêque émérite de Vienne, et métropolitain de Genève. Nouvel évêque, il décide d'instituer le catéchisme afin de diffuser, de faire connaître et comprendre la foi catholique aux croyants de son diocèse. Ses fidèles l’appellent "l'aimable Christ de Genève". [46] Dans la petite ville qu'est alors Annecy - puisque Genève est aux mains de Théodore de Bèze -, il vit modestement, à la façon d'un moine plus que d'un dignitaire.

En 1603, François recommandait : "Dieu seul soit votre repos et consolation!" (Lettre à Mademoiselle de Soulfour, 16 janvier 1603: Œuvres complètes, XII, p. 163, cité in Lettre du pape Jean-Paul II, pour les 400 ans de l’ordination épiscopale de saint François de Sales, 23 novembre 2002).

En 1606, dans la querelle sur la prédestination "entre le molinisme (jésuites qui attaquaient la prédestination comme entachée de protestantisme), qui semble faire la part trop grande à l'homme, et le thomisme (dominicains qui ripostèrent en attaquant les jésuites de pélagianisme), qui centre tout sur Dieu, ... il suffisait, comme le dira Bossuet, 'de tenir les deux bouts de la chaîne", ce qu'avait conseillé de faire saint François de Sales [47], qui "fut consulté par Rome (vers la fin de 1606). Hélas, sa réponse est perdue. Charles-Auguste de Sales nous en donne une idée en écrivant : 'Il répondit son sentiment de la même façon qu'il l'a traité en son livre Traité de l'Amour de Dieu (L III, chap. V) :

Dieu a voulu premièrement, d'une vraie volonté, qu'encore après le péché d'Adam, tous les hommes fussent sauvés; mais en une façon et par des moyens convenables à la condition de leur nature douée du libre arbitre [liberté]; c'est-à-dire, il voulut le salut de tous ceux qui voudraient contribuer par leur consentement aux grâces et faveurs qu'il leur préparait, offrirait et départirait à cette intention. Or, entre ces faveurs, il voulut que la vocation [l'appel à la foi et à la vie chrétienne] fût la première et qu'elle fût tellement [assortie] à notre liberté que nous la puissions accepter ou rejeter à notre gré. [48]

C'est au cours de l'année 1608 que l'évêque de Genève, François de Sales, âgé de 41 ans et prêtre depuis 15 ans, écrivit son œuvre la plus connue, l'Introduction à la vie dévote. Pour François de Sales et ses contemporains, la dévotion désignait, grosso modo, ce que nous appelons aujourd'hui la vie spirituelle, considérée dans sa réalisation la plus authentique, et la plus fervente.

 

Saint Thomas d'Aquin définit la dévotion comme "un acte de la vertu de religion, dont le propre est de relier l'homme à Dieu."

 

Sa doctrine spirituelle est simple : 1. viser à plaire à Dieu et non aux hommes. - 2. Rien par contrainte, tout par amour. - 3. Ne rien demander, ne rien refuser. - 4.  Aller de l'intérieur à l'extérieur. - 5. Aller "tout bellement". 6. Avec douce diligence. 7. Ne penser qu'à aujourd'hui. 8. Recommencer chaque jour. 9. Profiter de toutes les occasions. - 10. Se guérir de ses imperfections. - 11. Vivre paisiblement. 12. Vivre joyeux. 13. Vivre en esprit de liberté.

 

Les éditions du Cerf ont publié en 2019 une très utile "Introduction à la vie dévote, mise en français contemporain", Collection Spiritualité LeXio. On trouvera le texte original de l'Introduction à la vie dévote dans Saint François de Sales, Oeuvres, Paris, Galimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1969, avec l'orthographe modernisée.

 

 

Le langage et le style utilisés étaient très simples pour l'époque, sans citations latines ni grecques, permettant une lecture beaucoup plus large que les traités spirituels qui existaient alors. L'ouvrage était destiné à des laïcs ne se destinant pas à la vie religieuse, et avait pour principal but de montrer qu'il était possible de mener une vie sainte tout en vivant dans le monde. Les vies des saints, et particulièrement de ceux qui ont vécu dans le monde, sont souvent prises comme exemple. Ce livre eut très vite un énorme succès : il fut réimprimé plus de quarante fois du vivant de François de Sales ; le roi de France Henri IV lui-même le lut et la reine Marie de Médicis en offrit un exemplaire "orné de diamants", au roi d'Angleterre.

 

Comment expliquer l'énorme succès que connut l'Introduction à la Vie dévôte (plusieurs centaines d'éditions) ?

 

"[L]'austérité de tels textes tels que le Combat spirituel ou l'Imitation de Jésus-Christ, [...] réservaient 'l'amour de Dieu à une élite contemplative' (André Ravier). Tout autre était cette Introduction à la Vie dévote que Vaugelas appellera 'le livre nécessaire', le livre en qui les gens qui vivent en la presse du monde reconnaîtront leur livre, parce qu'il a 'rendu la dévotion sociable'." [49] 

 

Il ose dire qu'on peut être chrétien sans être austère ni faire des oraisons prolongées, qu'on peut atteindre la perfection sans être du clergé mais en pratiquant son devoir d'état et en acceptant sa condition de vie qu'on soit "soldat, artisan, prince ou simplement marié'. Il répond à l'inquiétude qui habite tout chrétien de son temps : "Que notre âme soit en clarté, en ténèbres, en goût, en dégoût, il faut pourtant qu'à jamais la pointe de notre coeur qui est notre boussole, tende à l'amour de Dieu". [50] Le jeune Louis XIII se nourrira de la spiritualité de la Vie dévote de François de Sales qu'il se fera lire. [51]

 

Lorsque en 1607, François exposa ainsi la situation de son diocèse au pape Clément VIII, il écrivit : "Il y a douze ans, dans soixante-quatre paroisses voisines de Genève [les paroisses du Chablais] et pour ainsi parler, sous ses murs, l'hérésie occupait les chaires [les églises], elle avait tout envahi; à la religion catholique, il ne restait [rien]. Or, aujourd'hui, dans la même région, l'Église étend de toutes parts ses rameaux, avec des poussées si vigoureuses que l'hérésie n'y a plus de place. Jadis on avait peine à convoquer cent catholiques entre toutes les paroisses réunies : aujourd'hui on n'y verrait pas cent hérétiques....'" [52] 

 

"Il convertit, dit-on, plus de soixante-douze mille hérétiques, dont un assez grand nombre appartenaient aux classes élevées." [53]

 

 

"Ravissements, visions, lectures des âmes, parfums mystérieux, le saint vit des phénomènes incroyables. ses pénitents qui viennent à lui, il affirme voir 'clairement dans leur coeur comme au travers d'un cristal.' Il obtient la guérison de Jeanne de Chantal par la prière adressée à saint Charles Borromée (+1584) qu'il aime tant." [54]

 

 

Le dimanche 6 juin 1610, François de Sales fonde à Annecy avec Ste Jeanne de Chantal l’Ordre de la Visitation de Sainte-Marie, ordre monastique féminin de droit pontifical, initialement établi dans une modeste "maison de la Galerie". La cave de cet immeuble, conservée, a été aménagée en oratoire et de nombreux pèlerins viennent aujourd'hui encore visiter le berceau de cet ordre, dont les membres sont couramment appelées les "visitandines". En souvenir du jour où la Vierge Marie, enceinte du Christ s'en alla aider sa cousine Élisabeth âgée et enceinte de Jean-Baptiste, les religieuses auraient pour tâche principale de visiter les malades et les pauvres et de les réconforter.

En 1616, François publie le "Traité de l'Amour de Dieu". Son idée était d'écrire un livre sur la manière d'aimer Dieu dans l'observation des Dix commandements, en révélant aux âmes, "clairement et simplement les beaux secrets de l'amour de Dieu". [55] Cette publication sera suivie de l'édition post-mortem de ses Entretiens spirituels, en 1629.

L'aube de l'amour

Ô Jésus ! Que c'est un plaisir délicieux de voir l'amour céleste, qui est le soleil des vertus, quand petit à petit, par des progrès qui insensiblement se rendent sensibles, il va déployant sa clarté sur une âme, et ne cesse point qu'il ne l'ait toute couverte de la splendeur de sa présence, lui donnant enfin la parfaite beauté de son jour ! Ô que cette aube est gaie, belle, aimable et agréable ! Mais pourtant il est vrai que, ou l'aube n'est pas jour, ou si elle est jour, c'est plutôt l'enfance du jour que le jour même. Et de même, sans doute, ces mouvements d'amour, qui précèdent l'acte de la foi, requis à notre justification, ou ils ne sont pas amour à proprement parler, ou ils sont un amour commençant et imparfait, ce sont les premiers bourgeons verdoyants, que l'âme

aint François de Sales, Traité de l'Amour de Dieu, II, 13

Le démon vaincu par le missionnaire du Chablais

 

"[S]i nous en croyons les biographes, il (S. François) délivra plus de quatre cents démoniaques du pouvoir de Satan. (Abbé Édouard, Un nouveau docteur de l'Église, saint François de Sales, Paris, Éd. Jules Vic, 1878, p. 43.) [56] 

 

"Dans son Traité de l'Amour de Dieu, François rapporte le terrible aveu que fit le démon : 'Je suis ce malheureux privé d'amour.'

 

"[...] 'Seul le diable est incapable d'amour!', écrit S. François (Traité de l'Amour de Dieu, VI, 14). [...] N'avez-vous pas remarqué l'air triste et patibulaire qu'affichent ceux qui s'adonnent à la violence et à la haine ?

"[...] Saint François nous a fait remarquer [...] que les démons sont pris d'effroi au contact du crucifix et à l'énonciation du nom de Jésus. [...] La croix est l'instrument de notre rédemption, l'emblème de la victoire du Christ, le don de la vraie vie; en fait, elle est tout ce que les démons ne pourront jamais aimer et posséder." [57]

 

"À certaines mauvaises langues qui accusaient le saint évêque d'accomplir des miracles avec ostentation, il donna cette réponse : "Ces bonnes gens n'ont-ils pas pris garde que la femme a dit son Pater et que Dieu l'a exaucée, la délivrant d'un si grand mal, afin qu'elle ne fût plus induite en tentation par le démon qui la possédait ? Si nous avions soin de le dire (le Notre Père) selon l'esprit et l'intention de Jésus-Christ, nous y trouverions le remède de tous nos maux. Et même, ajouta-t-il en souriant [pour répondre à ses détracteurs], je trouve le remède à ces attaques, en disant : 'Seigneur, pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.'"

 

"[...] Le Notre Père est une vraie prière d'exorcisme: ce sont les paroles mêmes de Jésus, paroles de libération, de l'unique Libérateur et Sauveur du monde. Il ne suffit pas de la réciter machinalement; mais il faut croire de toutes ses forces en la puissance libératrice de la prière de Jésus ! 

 

"[...] Souvent, un Pater prié avec foi se révèle bien plus efficace que de nombreuses et longues prières de délivrance !" [58]

 

Terrassé par un attaque d'apoplexie, Saint François de Sales mourut à Lyon le 28 décembre 1622, le jour des saints Innocents. Avant sa mort, il eut la joie de voir douze monastère de la Visitation se crééer et prospérer : Lyon, en 1615; Moulins, en 1616; Grenoble et Bourges, en 1618; Paris, en 1619; Montferrand, Nevers et Orléans, en 1620; Dijon, Bellay et Saint-Étienne en 1622. [59]

 

Alité, malade, quelques heures avant sa mort, saint François de Sales reçut la visite du vicaire général de Lyon, Ménard, qui l'interrogea alors : "Eh ! Monseigneur, que pensez-vous de la foi catholique ? Ne seriez-vous point huguenot ?... Oh ! Oh ! répondit François, Dieu m'en garde !" Puis, un religieux lui demanda : "Eh ! quoi, Monseigneur, vous voulez donc laisser vos filles de la Visitation orphelines ?" François lui répondit : "Celui qui a commencé, parfera, parfera, parfera [y pourvoiera]. [60] Alors qu'on le portait sur son lit, Mgr de Sales dit : Il se fait fait tard et le jour baisse... Jésus Maria !" Son agonie dura deux heures, sans qu'il prononce d'autres paroles et il rendit l'âme sur les huit heures du soir. Il était âgé de cinquante-cinq ans, quatre mois et sept jours, et était évêque-prince de Genève depuis vingt ans et vingt jours."

 

Le 24 janvier 1623, ses restes ont été transportés à Annecy et portés à la vénération des fidèles dans la basilique de la Visitation où l'on signale des guérisons miraculeuses; par la suite, le docteur de l'Église fut enterré dans l'édifice sacré qui porte son nom dans le centre-ville. Son coeur est toujours incorrompu, il est vénéré à Trévise dans le Monastère de la Visitation. [61]

 

"Selon de très nombreux témoignages il semble que saint François de Sales ait accompli plus de miracles après sa mort que durant sa vie terrestre. On a relevé, en effet, une telle profusion de miracles survenus devant son tombeau, qu'il n'a jamais été possible de tous les connaître ni de les comptabiliser !" [62]

 

Un premier miracle

 

Le vendredi 28 avril 1623, une fillette de huit ans (Françoise-Angélique de la Pesse) qui tentait de cueillir des fleurs sur une rive du Thieu (affluent du Lac d'Annecy), glissa et tomba dans l'eau, le courant l'emporta. Un certain Jean-Louis Daurillac, après plusieurs plongées, finit par remonter le petit corps et le déposa sur la rive. Un seul cri s'éleva alors des spectateurs atterrés : "Elle est morte ! ". Seule la mère invoqua François de Sales : Sa fille ! ... Il lui rendra sa fille !... Étant resté près de trois heures dans le fond de la rivière, le pauvre petit corps est froid. Un docteur (le docteur Grandis) l'examine et déclare que la fillette est morte. Il la recouvre d'un drap. Or, alors que des amies de la mère éplorée soulèvent ce drap pour dire un dernier adieu à Françoise-Angélique, l'enfant ouvre les yeux et joint les mains. "J'ai bien dormi", dit-elle. Miracle ! Miracle ! , s'écrient les dames; à ces cris, Mme de la Pesse accourt, enlace sa fille en éclatant en sanglots, alors que l'enfant s'étonne "que dans la maison on rie et pleure à la fois". Bientôt, a écrit la mère de Chaugy, les miracles que le Tout-Puissant opérait par l'intercession de son serviteur furent "si fréquents qu'on avait peine d'en tenir le compte". [63]

 

François disait : 

Je fais le signe puissant de la croix. Par ce signe puissant j'enchaîne le démon, je disperse toute terreur.

Le procès en béatification de François de Sales est ouvert par le Saint-Siège dès 1626. Il est déclaré bienheureux en 1661, saint en 1665, et est fêté le 24 janvier. 

Il est élevé à la dignité de Docteur de l'Église par le pape Pie IX, en 1877. 

 

À l'occasion du 400e anniversaire de la naissance de S. François de Sales, dans sa lettre Sabaudiae Gemma, Paul VI affirma que S. François de Sales fut "l'une des plus grandes figures de l'Église et de l'Histoire", "le protecteur des journalistes et des publicistes parce qu'il rédigea lui-même une première publication périodique. Nous pouvons qualifier d''œcuménique' ce saint qui écrivit les controverses afin de raisonner clairement et aimablement avec les calvinistes de son temps. Il fut un maître de spiritualité qui enseigna la perfection chrétienne pour tous les états de vie. Il fut sous ces aspects un précurseur du IIe concile œcuménique du Vatican. Ses grands idéaux sont toujours d'actualité." (Lettre apostolique Sabaudiae Gemma, 29 janvier 1967). 

 

À l’occasion des 400 ans de l’ordination épiscopale de saint François de Sales, Jean-Paul II rappela que "celui que le roi Henri IV appelait de manière élogieuse 'le phénix des Évêques', parce que, disait-il, 'c’est un oiseau rare sur la terre', après avoir renoncé aux fastes de Paris et aux propositions du roi de lui donner un siège épiscopal de renom, devint le pasteur et l’évangélisateur inlassable de sa terre savoyarde, qu’il aimait par-dessus tout, car, avouait-il, 'je suis Savoyard de toutes façons, de naissance et d’obligation'. 

 

Docteur de l’amour divin, François de Sales n’eut de cesse que les fidèles accueillent l’amour de Dieu, pour en vivre en plénitude, tournant leur cœur vers Dieu et s’unissant à Lui (cf. Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, IV, p. 40 ss). C’est ainsi que, sous sa conduite, de nombreux chrétiens marchèrent dans la voie de la sainteté; il leur montra que tous sont appelés à vivre une intense vie spirituelle, quelles que soient leur situation et leur profession, car "l’Église est un jardin diapré de fleurs infinies, il y en faut donc de diverses grandeurs, de diverses couleurs, de diverses odeurs, et, en somme, de différentes perfections. Que toutes ont leur prix, leur grâce et leur émail, et toutes, en l’assemblage de leurs variétés, font une très agréable perfection de beauté" (Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, IV, p. 111).

La perfection consiste à être conforme au Fils de Dieu, en se laissant conduire par l’Esprit Saint, dans une parfaite obéissance (cf. Traité de l’amour de Dieu: Œuvres complètes, XI, 15, V, pp. 291 ss): "Le parfait abandon entre les mains du Père céleste et la parfaite indifférence en ce qui regarde la divine volonté sont la quintessence de la vie spirituelle […]. Tout le retard dans notre perfection provient seulement du manque d’abandon, et il est sûrement vrai qu’il convient de commencer, de continuer et d’achever la vie spirituelle à partir de là, à l’imitation du Sauveur qui a réalisé cela avec une extraordinaire perfection, au début, durant et à la fin de sa vie" (Sermon pour le Vendredi Saint, 1622: Œuvres complètes, X, p. 389)."

Dans cette lettre, Jean-Paul II invitait "les pasteurs et les fidèles à se laisser enseigner par son exemple et par ses écrits, qui demeurent d'une grande actualité". (Zenit.org)

Vierge à l'Enfant avec saint François de Sales, Carlo Maratta, 1691, Forli, Pinacoteca Civica, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 57.

Vierge à l'Enfant avec saint François de Sales, Carlo Maratta, 1691, Forli, Pinacoteca Civica, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 57.

Citons quelques paroles de François lui-même :

 

"Soyez, disait-il, le plus doux que vous pourrez, et souvenez-vous que l'on prend plus de mouches avec une cuillerée de miel qu'avec cent barils de vinaigre. S'il faut donner en quelque excès, que ce soit du côté de la douceur."

 

"Je le veux tant aimer, ce cher prochain, je le veux tant aimer ! Il a plu à Dieu de faire ainsi mon cœur ! Oh ! Quand est-ce que nous serons tout détrempés en douceur et en charité !"

 

"Ayons toujours les yeux sur Jésus crucifié ; marchons à son service avec confiance, simplicité et sagesse. Il sera le protecteur de notre réputation, et s'il permet qu'elle nous soit enlevée, ce sera pour que nous jouissions de sa sainte humilité."

 

"Comme le dit le Docteur angélique, le meilleur moyen pour aimer Dieu, c'est de connaître ses bienfaits. (...) Si nous nous rappelons ce que nous avons fait lorsque Dieu n'était pas avec nous, nous devrons bien reconnaître que ce que nous faisons quand il est avec nous ne vient pas de nous."

 

"Ne cherchez pas à vouloir opposer la vertu contraire à la tentation que vous éprouvez, car ce serait encore discuter avec elle. Dirigez plutôt votre coeur vers Jésus-Christ, et dans un élan d'amour embrassez ses pieds sacrés. C'est le meilleur moyen de vaincre l'ennemi, aussi bien dans les grandes que dans les petites tentations."

 

"L'un des meilleurs usages que nous puissions faire de la douceur, c'est de l'appliquer à nous-mêmes, en ne nous étonnant jamais de nos imperfections. (....) Il faut pourtant nous garder de toute aigreur, de tout dépit, de toute colère. Il en est beaucoup qui pour s'être trop énervés, s'énervent encore d'avoir été énervés, ont du dépit d'en avoir eu, sont en colère de l'avoir été. Par là ils tiennent leurs coeurs dans un mécontentement permanent. (...) Ainsi lorsque notre coeur aura commis quelque faute, reprenons-le avec douceur et patience, avec plus de compassion que de passion, en l'encourageant à se réformer. Le repentir qu'il en concevra sera bien plus profond."

 

"Il nous faut garder une continuelle et inaltérable égalité de coeur."

 

"Pour recevoir la grâce de Dieu en nos coeurs, il faut qu'ils soient vides de notre propre gloire. (...) Ainsi l'humilité repousse Satan. Elle nous fait garder les grâces et les dons du Saint-Esprit. C'est la raison pour laquelle Notre-Seigneur, Sa Mère et tous les saints, entre toutes les vertus morales, ont aimé et honoré l'humilité plus que toutes les autres."

 

"Ne vous permettez jamais de vous mettre en colère ; n'ouvrez jamais la porte de votre cœur à cette passion sous quelque prétexte que ce soit."

 

"On fait toujours assez vite ce qu'on fait bien. Les bourdons font toujours plus de bruit et sont plus pressés que les abeilles, mais ils ne font que de la cire et pas de miel ; de même ceux qui se pressent avec une inquiétude ardente et une sollicitude bruyante, ne font jamais ni beaucoup ni bien."

 

 

PRATIQUE. Soyez doux : un zèle amer ne produit que du mal. 

 

Soyez en paix.

N’attendez pas avec peur les changements de la vie ;
regardez-les plutôt avec l'espoir qu'à mesure qu'ils se présenteront,
Dieu, à qui vous appartenez, vous guidera en toute sécurité à travers toutes choses ; et quand vous ne pourrez pas le supporter, Dieu vous portera dans ses bras.
Ne craignez pas ce qui peut arriver demain ; le même Père compréhensif qui prend soin de vous aujourd’hui prendra soin de vous alors et chaque jour.
Soit il vous protégera de la souffrance, soit il vous donnera une force sans faille pour la supporter. Soyez en paix et mettez de côté toutes pensées et imaginations anxieuses.

St François De Sales

Sources :

(1) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 29 ; (2) L'Evangile au quotidien ; (3) Jean-Christian PETITFILS, Louis XIII, Perrin, Lonrai 2008, p. 264 ; (4) Wikipedia ; (5) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réforme, François-Xavier de Guibert, Paris 2013, p. 18-21 ; (6) Aimé RICHARDT, Calvin, François-Xavier de Guibert, Clamecy 2009, p. 76-78 ; (7) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 15 et 21 ; (8) RUCHAT, t. VI, p. 334 ; (9) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 76 ; (10) Jean SÉVILLIA, Historiquement correct, Pour en finir avec le passé unique, Perrin, Saint-Amand-Montrond 2003, p. 104 ; (11) Bartolomé BENNASSAR, Jean JACQUART, Le XVIe siècle, Armand Colin Poche, Paris 2013, p. 154-158 ; (12) Pierre GAXOTTE, de l'Académie française, Histoire des Français, Flammarion, Saint-Amand, 1972, p. 374; 377 ; (13) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 91 ; (14) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, Traduit du russe par Constantin Andronikoff, Nrf, Gallimard, Paris 1942, p. 19; 91-92; 113; 117- 118; 124-125 ; (15) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 8; 223-234 ; (16) Yves-Marie ADELINE, Histoire mondial edes idées politiques, Ellipses, Paris 2007, p. 254 ; (17) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 102-103 ; (18) Jean DUMONT, L'Église au risque de l'histoire, préface de Pierre CHAUNU de l'Institut, Éditions de Paris, 2002, p. 579 ; (19) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, ibid, p.  118;157-158; 167; 176 ; (20) Aimé RICHARDT, Calvin, ibid., p. 180-181 ; (21) François ANGELIER, Saint François de Sales, Pygmalion, Paris, 1997, p. 100, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 23 ; (22) Oeuvres, t. VII, p. 73, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 131 ; (23) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 52-53 ; (24) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 206 ; (25) Cité in Charles-Auguste DE SALES, Histoire du Bienheureux François de Sales, Lyon 1634, p. 81, cité in Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 79 ; (26) Mgr TROCHU, Saint François de Sales, Lyon, 1955, p. 324, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 82 ; (27) Cité par André RAVIER, François de Sales, Nouvelle Cité, 2009, p. 77 ; (28) Mgr TROCHU, ibid., p. 333 ; (29) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 84 ; (30) Cité par Mgr TROCHU, Vie de Saint François de Salesibid., p. 372, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 90 ; (31) Mgr TROCHU, ibib, p. 393, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 92 ; (32) Samuel Pruvot, Nos Ancêtres les Saints, Petite histoire de la France missionnaire, Cerf, Paris 2017, p. 90-91 ; (33) Dom Jean de Saint-François, La Vie du bienheureux Messire François de Sales, 1624, p. 90, cité in, Aimé RICHARDT, ibid., p. 95 ; (34) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 95 ; (35) Charles-Auguste de SALES, ibid., p. 128, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 99 ; (36) Selon Aimé Richardt, qui rapporte cette discussion (p. 101-102), "on connaît l'essentiel des propos échangés par les deux hommes grâce surtout aux relations de Charles-Auguste de SALES, ibid., p. 130-134 ; (37) d'après Mgr Francis TROCHU, Vie de Saint François de Sales, t. 1, p. 462-465, Dominicains d'Avrillé ; (38) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 102 ; (39) Jean GUIRAUD, Histoire partiale, Histoire vraie, tome II, Moyen-Âge, Renaissance, Réfome, Quatrième édition, Gabriel Beauchesnes & Cie Éditeurs, Paris 1912 ; (40) Dimitri MEREJKOVSKI, Calvin, ibid., p. 153-154 ; (41) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 103 ; (42) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 215-216 ; (43) Mgr PICARD, La Mission de Saint François de Sales en Chablay, p. 86, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., 85 ; (44) Les Controverses, édition d'Annecy, p. 21-27, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 87 ; (45) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, La Réforme catholique, Librairie Arthème Fayard, Éditions Bernard Grasset, Paris 1965, p. 357-358 ; (46) Marguerite & Roger Isnard, Nouvel almanach du Comté de Nice, Serre Éditeur, 2006, p. 31 ; (47) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome VI, ibid., p. 324 ; (48) S. François de Sales, cité par André RAVIER, op. cit., p. 183, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 175 ; (49) Mère de CHAUGY, 2e Procès, t. IV, p. 791, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 186 ; (50) Des Premiers Martyrs à nos jours, Saints et Saintes de France, Hatier, Renens, 1988, p. 79 ; (51) Jean-Christian PETITFILS, ibib., p. 150 ; (52) Oeuvres, op. cit., t. XIII, p. 237, cité in, A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 143 ; (53) Mgr Paul GUERIN, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Argenté-sur-Plessis 2003p. 61 ; (54) Patrick SBALCHIERO, Enquête sur les miracles dans l'Eglise catholique, Artège, Paris 2019, p. 261 ; (55) Mgr TROCHU, op. cit., t. II, p. 471, cité in A. RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 197 ; (56) Abbé EDOUARD, cité dans Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, Éditions de l'Émmanuel, Dijon 2009, p. 36 ; (57) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid.,, p. 22-23 ; (58) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid., p. 100-101; et 113 ; (59) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 196 ; (60) Charles-Auguste de SALES, op. cit., p. 576, cité in A. RICHARDT, ibid., p. 231 ; (61) Un évêque modèle : Saint François de Sales, Corrispondenza Romana ; (62) Gilles JEANGUENIN, Saint François de Sales, Son Combat contre le démon, ibid., p. 102 ; (63) Aimé RICHARDT, Saint François de Sales et la Contre-Réformeibid., p. 234.

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20 janvier 2024 6 20 /01 /janvier /2024 20:52
21 janvier 1793 : C'est l'histoire de l'une des plus grandes injustices que la France ait connues

 

C'est l'histoire de l'une des plus grandes injustices que la France ait connues, l'histoire d'un Roi qui ne voulait que le bonheur de son peuple.

 

A peine sacré, il abolit la torture et fait relâcher des milliers de prisonniers. Louis XVI rend visite aux pauvres, et fait rénover les hôpitaux. Soucieux de la justice et des peuples, Louis XVI vole au secours de l'Amérique pour lui donner la liberté.

 

Père de famille exemplaire, il enseigne à son fils qu'un Roi se doit de penser uniquement au bonheur de son peuple. Mais la guerre a coûté plus de deux milliards de livres, les caisses sont vides. Louis XVI convoque les Etats généraux pour réaliser l'égalité fiscale. La Bastille est prise, les quelques gardes infirmes sont massacrés, le gouverneur est décapité, premiers signes d'une tyrannie totalitaire et pour Louis XVI une destinée de saint martyr. Louis XVI ne reverra jamais plus Versailles. Il ne reverra plus jamais sa femme car il sera assassiné à l'aide d'un procès truqué.

Il est mort le 21 janvier 1793. Son fils sera battu à mort au nom de la "liberté" et des droits de l'homme, sa femme Marie-Antoinette sera guillotinée.

 

Honorons sa mémoire afin que sa mort n'ait pas été inutile.

Chaque année au mois de janvier, les royalistes français rendent hommage au roi Louis XVI.

 

Les réformes de Louis XVI

 

Louis XVI décida de soulager son peuple en le dispensant du "droit de joyeux avènement", impôt perçu à chaque changement de règne.

 

Louis XVI créa le corps des pompiers. Il autorisa l'installation de pompes à feu, pour approvisionner Paris en eau de manière régulière.

 

Louis XVI créa un mont-de-piété à Paris pour décourager l'usure, et venir en aide aux petites gens.

 

Louis XVI aida l'oeuvre de l'Abbé de l'Epée, pour l'éducation des "Sourds-muets sans fortune", auxquels il fit enseigner un langage par signes de son invention. Le roi lui versa une pension de 6000 livres sur sa propre cassette, contre l'avis de l'archevêché qui soupçonnait cet homme de jansénisme.

 

Louis XVI dota l'oeuvre de Valentin Hauÿ pour les aveugles.

 

Louis XVI donna aux femmes mariées et aux mineurs de toucher eux-mêmes leurs pensions sans demander l'autorisation de leur mari ou tuteur.

 

Louis XVI ordonna aux hôpitaux militaires de traiter les blessés ennemis "comme les propres sujets du roi", 90 ans avant la première convention de Genève.

 

Louis XVI fit abolir le droit de servage, le droit de suite et la mainmorte (qui dans la pratique n'existait plus dans la majorité des terres depuis trois siècles). [1]

 

Louis XVI ordonna l'abolition de la question préparatoire et préalable (torture).

 

Louis XVI accorda le premier le droit de vote aux femmes dans le cadre de l'élection des députés de l'Assemblée aux États-généraux.

 

Louis XVI permit aux femmes d'accéder à toutes les maîtrises.

 

Louis XVI finança tous les aménagements de l'Hôtel-Dieu pour que chaque malade ait son propre lit individuel.

 

Louis XVI employa le premier l'expression justice sociale.

 

Louis XVI fonda un hôpital pour les enfants atteints de maladies contagieuses, aujourd'hui nommé Hôpital des Enfants-Malades.

 

Louis XVI créa le musée des Sciences et Techniques, futur centre national des Arts et Métiers.

 

Louis XVI fonda l'école des Mines.

 

Louis XVI finança sur ses propres fonds les expériences d'aérostation des frères Montgolfier.

 

Louis XVI finança également les expériences de Jouffroy d'Abbans pour l'adaptation de la machine à vapeur à la navigation.

 

Louis XVI exempta les Juifs du péage corporel et autres droits humiliants, fit construire les synagogues de Nancy et de Lunéville et permit aux Juifs l'accès à toutes les maîtrises dans tout le ressort du parlement de Nancy.

 

Louis XVI accorda des pensions de retraite à tous ceux qui exerçaient une profession maritime.

 

Louis XVI demanda l'établissement annuel de la balance du commerce.

 

Louis XVI accorda l'état-civil aux protestants et aux juifs (édit de Versailles, 1787).

 

Louis XVI ressuscitant 144 corporations se justifia ainsi devant Turgot : "En faisant cette création nous voulons donner aux ouvriers les moyens de défense, nous voulons qu'ils puissent jouir en commun, de leur intelligence qui est le bien le plus précieux de l'homme."

 

14 juillet 1789 : La Révolution dite "française"Louis XVI tenta une réforme fiscale d'égalité de tous devant l'impôt [Cf. La Subvention territoriale (1786), refusée par les parlementaires depuis un siècle... "dixième" en 1710 ... "vingtième" en 1750 ... Source: Jean-Louis Harouel, La pré-Révolution 1788-1789 in Les révolutions françaises, Sous la Direction de Frédéric Bluche et Stéphane Rials, Fayard, Mesnil-sur-l'Estrée 1989].

 

 

Durant la Révolution dite française, en 1791, la bourgeoisie d'affaire voltairienne supprima les corporations au nom du libéralisme. C'est le début de la misère sociale qui culminera tout au long du XIXe siècle. 

 

"La Révolution aura fait reculer la législation sociale de trois quarts de siècle". René Sédillot), installé le règne sans frein de la bourgeoisie capitaliste (sous couvert de "liberté et d'égalité". ... La liberté de l'enrichissement par l'égalité dans la pauvreté. ... Cf. L'impasse des droits de l'homme), la naissance du prolétariat.

 

Louis XVI était devenu un obstacle aux projets de la bourgeoisie capitaliste, qui le fit donc assassiner le 21 janvier 1793, sur l'actuelle Place de la Concorde à Paris.

 

La mort du Roi, c'est : un procès inique truqué qui déshonore la justice, la rupture avec 1300 ans d'histoire de France, le point de départ de tous les totalitarismes

 

(Cf. "La première logique totalitaire apparaît sous la Révolution française". Stéphane Courtois).

Je meurs innocent de tous les crimes qu'on m'impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort; je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe pas sur la France.

Louis XVI

 

Notes

 

[1] "Les caractères de l'ancienne servitude ont progressivement disparu (sous l'Ancien Régime). Il ne reste plus guère, en quelques régions, que des sujets soumis à la mainmorte." C'est-à-dire des gens qui ne peuvent transmettre leurs biens à d'autres qu'à leurs enfants. La mainmorte décline aux XVIIe et XVIIIe siècle, mais reste en certaines régions (Bourgogne) une arme aux mains du seigneur. (Guy Cabourdin, Georges Viard, Lexique historique de la France d'Ancien Régime, Armand Collin, 3e éd., Paris 1998, p. 303 et p. 206.)

 

***

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15 janvier 2024 1 15 /01 /janvier /2024 00:00
Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Né vers 436 à Laon dans l'actuel département département de l'Aisne (Hauts-de-France), forteresse imprenable construite par les Romains et ancien promontoire sacré des druides (Laudunum ou Lugdunum, provenant du dieu Lau ou Lug, divinité celtique du Vème siècle avant J.C), Rémi illustre l'église des Gaules par son savoir, son éloquence, sa sainteté et ses miracles.

 

L'histoire de sainte Clotilde nous a appris comment le roi des Francs, Clovis, son époux, se tourna vers le Dieu des chrétiens à la bataille de Tolbiac, et remporta la victoire. Ce fut saint Rémi, né en 438 à Cerny-en-Laonnois, près de Laon, du comte Émile de Laon (Emilius) et de sainte Céline (Célinie), dans la bonne société gallo-romaine, qui acheva d'instruire le prince.

 

Selon la tradition, ce qui rendait les parents de Rémi surtout recommandables, c'était leur zèle pour la pratique des vertus chrétiennes. Ils furent très attentifs au choix de ceux qu'ils chargèrent de l'éducation de leur fils; aussi Dieu bénit leurs soins, et, dès l'âge de vingt-deux ans, Rémi s'était acquis une telle réputation de science et de vertu, qu'on crut pouvoir passer par-dessus les règles ordinaires en l'élevant - malgré sa jeunesse - sur le siège de Reims, à vingt-deux ans. Un épiscopat de soixante-dix ans, et une suite non interrompue de grandes actions ont rendu son nom célèbre ! Évêque de Reims, Rémi géra avec application son diocèse, mettant en application ce qu'il prêchait dès 486 à Clovis, secourant les pauvres et les pèlerins, protégeant les veuves, nourrissant les orphelins, rachetant les captifs, affranchissant de nombreux esclaves, et jouant un rôle de médiateur auprès des barbares.

 

Par exemple, dans la célèbre lettre qu'il adresse à Clovis en 482, lors de l'accession au pouvoir du roi à la mort de son père Childéric, Rémi recommande : 

Une grande nouvelle est venue jusqu'à nous : vous avez hérité du gouvernement de la Belgique seconde. Rien d'étonnant à ce que tu sois à tes débuts ce que tes parents ont toujours été. À ce poste dominant, et si élevé, où t'a porté ton mérite et ton active humilité. Tu dois avant tout veiller à ce que le Seigneur ne te retire pas sa faveur.

[...] Soulage les habitants de ta province, réconforte les affligés, veille sur les veuves, nourris les orphelins - fais mieux, instruis-les -.

[...] Que ton Palais reste ouvert à tous, pour que personne ne s'afflige d'être tenu à l'écart. Tu détiens de ton père quelque richesses : tu t'en serviras pour délivrer les captifs et les délier du joug de la servitude. Que celui qui paraît devant vous ne se sente pas étranger.

M.C. ISAÏA, Rémi de Reims, Mémoire d'un saint, histoire d'une église, Cerf, Paris 2010, p. 777.

L'histoire du retour des vases sacrés (vases de Soissons), sans doute des vases de Reims, qui avaient été volés puis rendus à Rémi, témoigne des bonnes relations qui existaient entre lui et le roi Clovis.

Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Le baptême de Clovis

 

La nuit avant son baptême, Rémi alla chercher le roi, la reine et leur suite dans le palais; il les conduisit à l'église, où il leur fit un éloquent discours sur les grands mystères de la religion chrétienne et la vanité des faux dieux. Le Saint prédit à Clovis et à Clotilde les grandeurs futures des rois de France, s'ils restaient fidèles à Dieu et à l'Église. (Cf. Testament de S. Remi)

Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Quand fut venu le moment du baptême le 25 décembre 496, avec 3.000 de ses guerriers francs, Rémi dit au roi :

 

"Courbe la tête, fier Sicambre ; adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré."

 

 

Au moment de faire l'onction du Saint Chrême, le pontife, s'apercevant que l'huile manquait, leva les yeux au Ciel et pria Dieu d'y pourvoir. Tout à coup, un ange descendit d'en haut, portant une fiole pleine d'un baume miraculeux ; le saint prélat la prit, et fit l'onction sur le front du prince. Cette fiole, appelée dans l'histoire la "sainte Ampoule", exista jusqu'en 1793, époque où elle fut brisée par les révolutionnaires.

Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Outre l'onction du baptême, saint Rémi avait conféré au roi Clovis l'onction royale. Deux sœurs du roi, trois mille seigneurs, une foule de soldats, de femmes et d'enfants furent baptisés le même jour.  

 

Rémi envoya ce message à Clovis :

Secourez les malheureux, protégez les veuves, nourrisez les orphelins... Que votre tribunal reste ouvert à tous et que personne n'en sorte triste ! Toutes les richesses de vos ancêtres, vous les emploierez à la libération des captifs et au rachat des esclaves. Admis en votre palais, que nul ne s'y sente étranger ! Plaisantez avec les jeunes, délibérez avec les vieillards !

Missel du Dimanche 2019, Nouvelle traduction liturgique, Année C, Artège Bayard, Lonrai 2018, p. 157-158.

Le saint évêque aurait rendu la vue à deux aveugles, conjuré d'un seul geste de sa main un incendie allumé par les démons et qui menaçait d'embraser toute la ville de Reims.

 

Sa sollicitude allait aux plus humbles créatures de Dieu, tels ces moineaux qui venaient familièrement picorer dans sa main les miettes de son repas.

Saint Rémi, archevêque de Reims, Apôtre des Francs (438-533)

Saint Rémi s'éteignit, âgé de quatre-vingt-seize ans, l'an 533. La basilique rémoise où il fut enseveli passa dès le milieu du VIe siècle sous son vocable. Dès lors Rémi fut vénéré comme principal patron de la ville de Reims : en 546, les habitants, pour écarter une épidémie de peste venant de Germanie, avaient porté en procession la pièce de tissu (palla) recouvrant le tombeau du saint évêque. Sa réputation de thaumaturge assura le développement de son culte  dans les régions voisines, en Lorraine, où le village natal de Jeanne d'Arc porte son nom (Domrémy), et en Alsace (Eschau), mais aussi en Provence (Saint-Rémi-de-Provence) et dans les régions alpestres du Trentin, du Tyrol et de la Bavière. Une première Vie de Saint Rémi fut rédigée peu après sa mort. Avant que cette biographie primitive disparût - ce qui advint très tôt -, Grégoire de Tours put s'en inspirer dans les chapitres de son Histoire des Francs.

 

Il est l'un des cinq patrons catholiques de France, avec S. Martin, S. Denis, Ste Jeanne d'Arc et Ste Thérèse de Lisieux.


Dans le diocèse de Reims, il est fêté le 1er octobre conformément à une tradition locale qui remonte à la fin du VIe siècle.

Tombeau de Saint Remi dans la basilique Saint Remi à Reims (Marne - Champagne-Ardennes)

Tombeau de Saint Remi dans la basilique Saint Remi à Reims (Marne - Champagne-Ardennes)

En mémoire du baptême de Clovis, les évêques de Reims ont été depuis en possession d'un droit de sacrer les rois de France.

Sources : (1) (2), (3) Vie des Saints pour tous les jours de l'année avec une pratique de piété pour chaque jour et des instructions sur les fêtes mobiles, Alfred Mame et Fils éditeurs, Tours 1867, p. 276; (4) Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, p. 1022-1026.

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11 janvier 2024 4 11 /01 /janvier /2024 19:50

De Joshua Charles, ancien protestant converti :

Les écrits des Pères de l'Église regorgent d'histoires de rencontres démoniaques.

 

Parfois, il s'agit de prêtres catholiques qui combattent directement les anciens "dieux". D'autres fois, ce sont des reliques de saints qui les angoissent. D'autres fois, il s'agit de découvertes sanglantes de corps et de sacrifices dans des labyrinthes situés sous des temples païens, découverts à l'occasion de la conversion de certains lieux à la foi catholique.

 

Je commencerai bientôt à partager certaines de ces histoires, avec toutes les citations afin que vous puissiez les lire vous-même. Elles sont fascinantes et souvent inspirantes.

 

En passant, une grande partie de ce que je pensais être "païen" en tant que protestant – des choses comme les reliques et la vénération des saints – étaient en fait des choses que les païens détestaient, qui ont fait tomber le paganisme et qui étaient vitales dans la lutte CONTRE le démoniaque. C'était très choquant. Non seulement j’avais fait partie de la mauvaise "équipe", pour ainsi dire. Mais j’ai rejeté certains des outils les plus puissants que le Christ nous a donnés pour combattre les démons – tout en croyant que je le faisais en son nom !

 

Louez Dieu pour sa délivrance de mes erreurs.

 

Pourquoi vais-je partager davantage de ces histoires ? Parce que les gens se posent des questions légitimes sur le phénomène OVNI, son rapport avec le démoniaque, etc.

 

Comme je l'ai déjà dit à maintes reprises, je crois que tout cela est probablement lié au fait que celui qui restreint cesse de restreindre (2 Thess. 2), que l'homme fort revient avec plus de démons (Évangiles), que Satan est délié (Apoc. 20), etc. Nous y reviendrons plus tard. Il s'agit d'un vaste sujet qui demande beaucoup de temps pour être déballé, mais je pense qu'il donne un sens remarquable à l'Écriture, à la tradition et à une grande partie de l'histoire.

 

En bref, les anciens "dieux" païens sont réels : ce sont des démons, des anges qui ont rejoint Lucifer dans sa rébellion contre Dieu. Ce sont de véritables entités spirituelles qui cherchent à entraîner avec elles autant d’âmes que possible en enfer. Ils savent que tel est leur destin, et la misère aime la compagnie.

 

Avant l’arrivée du Messie, la grande majorité de l’humanité les adorait, sans savoir ce qu’il en était. Puis le Fils de Dieu s'est incarné, a fondé l'Église catholique et a supplanté les vieux mystères païens par les mystères catholiques (sacrements). L'Église du Christ a reçu un pouvoir sur les démoniaques d'une manière nouvelle et sans précédent. Ils n’ont pas été totalement vaincus – cela reste leur condamnation définitive à l’enfer au Jour du Jugement. Mais ils étaient très retenus. Alors que beaucoup les adorent depuis le premier siècle, le témoignage du Christ, le message de l’Évangile et la puissance de ses sacrements se sont désormais étendus pratiquement aux quatre coins du monde. Le monde est donc désormais sans excuse.

 

Mais maintenant, la retenue qui retenait le démoniaque s’affaiblit. Ce processus se déroule sans doute depuis des siècles, mais il semble s’être vraiment accéléré au cours du siècle dernier – et encore plus au cours des dernières années. Je crois que beaucoup de gens le ressentent intuitivement. D'où leurs questions.

 

Ce sujet est très profond. Je ne prétends pas le comprendre complètement. Je ne pense certainement pas que les gens devraient interagir avec, étudier ou se laisser prendre à la myriade de tromperies qui semblent se préparer à propos de ces entités.

 

Au contraire, je pense qu'il est tout à fait possible que le temps soit compté. Même si le temps du monde n'est pas court, notre propre temps est souvent plus court que nous ne le pensons. Les gens doivent rentrer chez eux dans l’Église catholique, se joindre au bon combat pour sa foi et son honneur, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, et se rendre compte que lorsque le flot du châtiment terrestre final de Dieu viendra, elle sera la seule arche de salut contre l’assaut.

 

"Et vous savez ce qui le retient maintenant afin qu'il puisse être révélé en son temps. Car le mystère de l’iniquité est déjà à l’œuvre ; seul celui qui le retient maintenant le fera jusqu'à ce qu'il soit hors du chemin…. La venue de l'injuste par l'activité de Satan se fera avec toute puissance et avec de prétendus signes et prodiges, et avec toute mauvaise tromperie pour ceux qui vont périr parce qu’ils ont refusé d’aimer la vérité et ainsi d’être sauvés. C’est pourquoi Dieu envoie sur eux une puissance d'égarement…" (2 Thess. 2,11)

 

 

Les écrits des Pères de l'Église regorgent d'histoires de rencontres démoniaques, incluant des prêtres catholiques combattant directement les anciens "dieux"
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11 janvier 2024 4 11 /01 /janvier /2024 19:42

Le marxisme est en fin de compte une idéologie
contre la famille.

Mgr Athanasius Schneider

https://english.katholisch.de/artikel/50230-pope-marxists-and-christians-have-a-common-mission

https://english.katholisch.de/artikel/50230-pope-marxists-and-christians-have-a-common-mission

Les marxiste et les chrétiens ont une mission commune, contre la corruption et pour faire respecter l'état de droit, a déclaré François. 

 

Cf. https://english.katholisch.de/artikel/50230-pope-marxists-and-christians-have-a-common-mission

https://twitter.com/EdwardPentin/status/1745223034175140104?t=3j-GZ2_7f7kbA5mMAfUesA&s=19

Commentaire du blog Christ Roi.

 

Pendant plus d'un siècle et demi, dix papes successifs ont nié que le catholicisme, d'une part, et le marxisme ou les doctrines apparentées, d'autre part, puissent avoir une "mission commune" :

 

"L'indicible doctrine du communisme, comme on l'appelle, [est] une doctrine très opposée à la loi naturelle elle-même" (Pie IX, Qui Pluribus)

 

"Il n'y a rien de commun entre la démocratie sociale et la démocratie chrétienne. Elles diffèrent l'une de l'autre autant que la secte du socialisme diffère de la profession du christianisme" (Léon XIII, Graves de Communi Re).

 

"L'audace et la frivolité des hommes qui se disent catholiques et qui rêvent de remodeler la société... et d'établir sur la terre, au-delà de l'Eglise catholique, "le règne de l'amour et de la justice"... Simple construction verbale et chimérique où l'on verra briller pêle-mêle, dans une séduisante confusion, les mots Liberté, Justice, Fraternité, Amour, Egalité, exaltation humaine, le tout reposant sur une dignité humaine mal comprise... Oui, on peut vraiment dire que le Sillon [mouvement fondé en 1898 par Marc Sangnier, visant à rapprocher le catholicisme et la république], les yeux fixés sur une chimère, entraîne le socialisme dans son sillage..." (Pie X, Notre Charge Apostolique)

 

“Nous n'avons pas l'intention de répéter ici les arguments qui exposent clairement les erreurs du socialisme et des doctrines similaires. Notre prédécesseur, Léon XIII, l'a fait très sagement dans des encycliques vraiment mémorables ; et vous, Vénérables Frères, vous veillerez avec le plus grand soin à ce que ces graves préceptes ne soient jamais oubliés." (Benedict XV, Ad Beatissimi Apostolorum)

 

“Le socialisme, s'il reste vraiment socialiste, même après avoir cédé à la vérité et à la justice sur les points que nous avons mentionnés, ne peut être concilié avec les enseignements de l'Église catholique parce que sa conception de la société elle-même est tout à fait étrangère à la vérité chrétienne... Socialisme religieux, socialisme chrétien, sont des termes contradictoires ; personne ne peut être à la fois un bon catholique et un vrai socialiste” (Pius XI, Quadragesimo Anno)

 

“Le communisme est intrinsèquement mauvais et aucun de ceux qui veulent sauver la civilisation chrétienne ne peut collaborer avec lui dans quelque entreprise que ce soit” (Pie XI, Divini Redemptoris)

 

“L'Église a condamné les différentes formes de socialisme marxiste ; elle les condamne encore aujourd'hui, car c'est son droit et son devoir permanents de préserver les hommes des arguments fallacieux et de l'influence subversive qui mettent en péril leur salut éternel.” (Pie XII, Evangelii Praecones)

 

"Le pape Pie XI a encore souligné l'opposition fondamentale entre le communisme et le christianisme, et a précisé qu'aucun catholique ne pouvait souscrire à un socialisme même modéré." (Jean XXIII, Mater et Magistra).

 

"Trop souvent, les chrétiens attirés par le socialisme tendent à l'idéaliser en des termes qui, en dehors de toute autre chose, sont très généraux : volonté de justice, de solidarité et d'égalité. Ils refusent de reconnaître les limites des mouvements socialistes historiques, qui restent conditionnés par les idéologies dont ils sont issus." (Paul VI, Octogesima Adveniens).

 

"L'erreur fondamentale du socialisme est de nature anthropologique... Le désir sincère d'être du côté des opprimés et de ne pas être coupé du cours de l'histoire a conduit de nombreux croyants à rechercher de diverses manières un compromis impossible entre le marxisme et le christianisme." (Jean-Paul II, Centesimus Annus).

 

"Une objection a été soulevée à l'encontre de l'activité caritative de l'Eglise, développée ensuite avec une insistance particulière par le marxisme : les pauvres, dit-on, n'ont pas besoin de charité mais de justice... Le marxisme a vu dans la révolution mondiale et ses préliminaires la panacée pour le problème social... L'activité caritative chrétienne doit être indépendante des partis et des idéologies. Elle n'est pas un moyen de changer le monde idéologiquement, et elle n'est pas au service de stratagèmes mondains... [Le marxisme] est vraiment une philosophie inhumaine. Les personnes du présent sont sacrifiées au moloch de l'avenir" (Benoît XVI, Deus Caritas Est)

Source

https://twitter.com/FeserEdward/status/1745362327569146318?t=UUOMehijri_WJkUdI_8EhA&s=19

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6 janvier 2024 6 06 /01 /janvier /2024 18:07

Il s’agit d’un commentaire très inspirant et éclairant de la part du Père de l’Église, saint Jean Chrysostome. Il compare et oppose le mode de vie païen, considéré comme "décontracté", avec le mode de vie catholique, considéré comme un "programme d’austérité".

 

Combien peu d’entre nous voient la Foi de cette façon ! C’est pourtant ce qui a converti le monde.

 

La foi catholique, lorsqu’elle est fidèlement enseignée et vécue, attire ceux qui recherchent véritablement la vérité. Pour ce faire, il ne propose pas le chemin large des platitudes tièdes, mais le chemin étroit de la Croix.

 

"Pourquoi est-ce que je dis qu’il [le Christ] a réussi à faire cela ? Il a réussi à persuader tant de nations d’hommes de poursuivre la vraie doctrine, non seulement en ce qui concerne la vie présente mais aussi la vie au-delà.

 

"Il réussit à convaincre ces hommes de démolir leurs lois ancestrales, d'arracher leurs anciennes coutumes, aussi anciennes et profondément enracinées, et de planter à leur place d'autres voies, qui les conduisirent de la vie facile à son propre programme d'austérité.

 

"Et il y est parvenu alors que le monde entier lui faisait la guerre, qu'on se moquait de lui et qu'on le forçait à endurer la mort la plus honteuse de la croix."

 

Saint Jean Chrysostome, "Démonstration contre les païens" (Ch. 1, § 8)

 

Art : Johann Evangelist Holzer, « Victoire du christianisme sur le paganisme » (1739)

 

Joshua Charles

***

Ils nous parlaient du progrès, de la paix perpétuelle, du confort définitif pour toute l'humanité. Mais, la vie sur cette planète, ce n'est pas çà.

La vie ne peut être tranquille et confortable depuis la naissance jusqu'à la mort - ou bien elle ressemblerait à la mort.

Pierre Drieu la Rochelle, Les Chiens de paille

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30 décembre 2023 6 30 /12 /décembre /2023 07:43

J'ai commencé à lire il y a quelques mois un Père de l'Église moins connu, saint Nicétas de Remesiana, un évêque qui vivait en Dacie. Il vécut au milieu des années 300 et mourut en 414. Je lisais son « Explication du Credo », et encore une fois, comme tous les autres Pères de l'Église que j'ai lus à ce sujet, il est très clair sur le fait que le terme « catholique » – tant dans le credo qu'ailleurs – n'est PAS un terme généralisé pour tous ceux qui prétendent être chrétiens ou « faire confiance en Jésus » (quoi que cela signifie), mais uniquement ceux qui croient à la foi catholique et font partie de l’Église catholique (une foi, un culte, un gouvernement).

 

Ceux qui prétendaient être « chrétiens », a-t-il dit, mais ne croyaient pas à la foi catholique ou n’appartenaient pas à la communion catholique visible, n’étaient pas inclus dans « l’Église catholique » du credo.

 

En tant que protestant, j'étais très confus par notre utilisation occasionnelle et entièrement interne du terme « catholique » si/quand nous prononcions le credo.

 

Lorsque je demandais pourquoi nous utilisions ce terme – puisque nous ne faisions clairement pas partie de l’Église catholique – l’explication constante que j’ai reçue était précisément ce que les Pères REJETENT à maintes reprises dans leurs explications du credo.

 

Quand vous lisez les anciens chrétiens, vous voyez que le terme « catholique » n’a JAMAIS été utilisé comme le prétendent de nombreux protestants. C’est l’un des faits qui ont tant contribué à me convertir à la foi catholique.

 

Les tentatives protestantes de redéfinir le sens du mot « catholique » n’étaient pas nouvelles, mais elles avaient également été utilisées par d’anciens hérétiques.

 

Les explications cohérentes des Pères sur le terme « catholique » ne pouvaient s'appliquer qu'à une société visible et universelle avec une foi, un culte et un gouvernement communs.

 

Nous n’avions rien de tel en tant que protestants.

 

En effet, j’ai constamment vu (et je continue de voir) pratiquement toutes les théologies protestantes tenter de justifier une définition de « l’Église » qui est autre chose qu’une société visible et universelle avec une foi, un culte et un gouvernement communs.

 

C'est le contraire de ce qu'enseignaient les Pères.

 

Voici ce que dit saint Nicétas dans son ouvrage « Expliquer le Credo » (§10) :

 

« Après la confession de la Sainte Trinité, vous professez votre foi en la Sainte Église catholique.

L'Église est simplement la communauté de tous les saints. Tous ceux qui depuis le commencement du monde ont été, sont ou seront justifiés – qu'il s'agisse de patriarches, comme Abraham, Isaac et Jacob, ou de prophètes, d'apôtres ou de martyrs, ou de tout autre – constituent une seule Église, parce qu'ils sont sanctifiés par une seule foi et un seul mode de vie, marqués par un seul Esprit, transformés en un seul corps dont le chef, comme on nous le dit, est Christ...

Vous devez donc croire que dans cette Église unique vous êtes rassemblés dans la communion des saints.

Vous devez savoir qu’elle est la seule Église catholique établie dans le monde entier, et avec elle vous devez rester en communion inébranlable.

Il existe en effet d'autres soi-disant « églises » avec lesquelles vous ne pouvez avoir aucune communion : par exemple celles des Manichéens, des Cataphrygiens, des Marcionites et d'autres hérétiques et schismatiques. Ces « églises » ont cessé d’être saintes, parce qu’elles ont été trompées par les doctrines du Diable, les incitant à croire et à se comporter différemment de ce que le Christ a commandé et de la tradition des Apôtres»

Joshua Charles

https://x.com/JoshuaTCharles/status/1740870873085808926?s=20

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17 décembre 2023 7 17 /12 /décembre /2023 15:41

Il s’agit d’une observation fascinante et d’une troublante pertinence de la part de l’historien païen romain Ammianus Marcellinus, qui a écrit une histoire de l’Empire romain dans les années 380 après JC.

 

Dans cette section, il affirme que l’empereur Julien "l’Apostat" (361-363), dans sa tentative de faire revivre le paganisme, a encouragé les chrétiens à avoir une approche "vivre et laisser vivre" les uns avec les autres sur la vraie doctrine.

 

Sa stratégie, selon Ammien, était d'encourager la "liberté" parmi les chrétiens afin d'accroître leurs luttes intestines, ce qui, espérait-il, les empêcherait de s'unir contre lui dans ses tentatives de restauration du paganisme.

 

Cela vous semble familier?

 

"Mais quand ses craintes [de Julien] furent terminées, et qu’il vit que le temps était venu où il pouvait faire ce qu’il voulait, il révéla les secrets de son cœur et, par des décrets clairs et formels, ordonna que les temples [païens] soient ouverts, que les victimes soient amenées sur les autels et que le culte des dieux soit rétabli.

 

Et afin d'ajouter à l'efficacité de ces ordonnances, il convoqua au palais les évêques des chrétiens, qui avaient des opinions opposées, et le peuple, qui était également en désaccord, et leur conseilla poliment de mettre de côté leurs divergences, et chacun sans crainte et sans opposition d'observer ses propres croyances.

 

Sur ce point, il a pris une position ferme, afin que, à mesure que cette liberté aggraverait leurs dissensions, il puisse ensuite n’avoir aucune crainte d’une population unie, sachant comme il l'a vu par expérience, qu'aucune bête sauvage n’est aussi ennemie de l’humanité que la plupart des chrétiens dans leur haine mortelle les uns des autres.''

 

Ammianus Marcellinus, 'L'Histoire' (Livre 22, Ch. 5) (vers 380 après JC)

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26 novembre 2023 7 26 /11 /novembre /2023 01:00
Solennité du Christ Roi de l'univers

Source Video : Gloria.tv

 

La fête du Christ Roi a été instituée en 1925 par le Pape Pie XI, avec l'encyclique "Quas Primas". Le Pape déclara qu'avec cette fête "c'est désormais à notre tour de pourvoir aux nécessités des temps présents, d'apporter un remède efficace à la peste qui a corrompu la société humaine, le laïcisme."

 

Pie XI faisait précéder la Toussaint par la fête du Christ Roi afin de montrer que la foi catholique vécue dans la Cité devait emprunter les chemins de sanctification suivis par les saints. Durant ces années au Mexique les "Cristeros" persécutés par le gouvernement franc-maçon se battaient pour la liberté religieuse et mouraient en criant "Viva Cristo Rey" ("Vive le Christ Roi").

 

Aujourd'hui, l'Église fête la solennité du Christ Roi le dernier dimanche de l'année liturgique pour montrer que le Christ est le "commencement et la fin" (Ap 1,8), le Maître du temps et de l'Histoire.

 

Cette fête est la conséquence liturgique de la conception théologique scotiste du XIVe siècle (ordre franciscain) reconnaissant au Christ une place suréminente dans l'œuvre de la Création et de la Rédemption. Celui que S. Jean dans l'Apocalypse appelle "l'Alpha et l'Oméga, le Principe et la Fin" (Ap 1,8), est la cause, le chef et l'achèvement de toute la Création spirituelle et sensible.

 

Solennité du Christ Roi de l'univers

Soyez attentifs, vous qui êtes mon peuple ; et vous, les nations, prêtez-moi l’oreille ! Car de moi sortira la loi, mon droit sera la lumière des peuples ! Soudain, je rendrai proche ma justice, mon salut va paraître, et mon bras gouvernera les peuples.

Livre d'Isaïe 51, 4-5

Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s'est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ;

il s'est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d'Israël ; la terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu.

… il vient pour gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture.

Psaume 97

Un royaume spirituel, et non matériel

 

Mgr Louis-Édouard Pie (1815-1880), évêque de Poitiers, cardinal et prélat antilibéral du XIXe siècle, a expliqué la doctrine intégrale de la Royauté de Jésus-Christ.

 

La parole du Christ "Mon Royaume n'est pas de ce monde" (Jn 18,36) est souvent interprétée d'une manière erronée par les libéraux qui vivent comme si le royaume de Dieu ne devait déjà pas s'exercer sur cette terre. Cette parole de Jésus à Pilate indique simplement que la royauté du Christ vient d'en haut, et non de ce monde. Son pouvoir tire son origine du Ciel et non d'ici-bas. Elle va avec 'Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu D’EN haut' (Jn 19,11).

Saint Paul précise : "comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel" (1 Co 15,48). 

La royauté du Christ s'exerce sur toutes les réalités d'ici-bas, tout ayant été fait "en" lui, "par" lui et "pour" lui (Colossiens 1,16). "Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin." (Lc 1,33) "Car en lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité" (Colossiens 2,9). 

 

Devant Pilate, Jésus affirma catégoriquement sa royauté, répondant à sa question : "Alors tu es roi ?", "Tu le dis, je suis roi" (Jn 18, 37). Royaume donc pas de ce monde, car il ne vient pas des hommes, mais de Dieu seul.

 

Le royaume messianique est à la fois présent et futur. Il est les deux à la fois. L'Église est le royaume du Christ déjà présent.

 

"Qu'il ne puisse s'agir seulement d'une communauté future d'ordre eschatologique, c'est ce qu'il est aisé de conclure de la parabole de l'ivraie, où le champ qui nous est décrit (le monde) contient simultanément de l'ivraie et du bon grain : 'en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson (la fin du monde), je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier” (Mt 13,24-30); d'autres paraboles comme celle du filet (Mt 13, 47-48), des talents (Mt 25- 14-30), des dix vierges (Mt 25, 1-13), du grain de sénevé dans sa croissance (Mt 13,32).

Toute cette prédication du Christ était en continuité avec celle des prophètes (de l'AT) qui annonçaient aussi un royaume social. Elle reprend leurs termes et leur comparaisons. (Le pasteur et le troupeau de Mich 2,12; Ezech 34; la vigne de Is 5, 1-17; 27, 1-5; la parabole du cèdre dans Ezechiel 17,23, qui a des traits communs avec celle du grain de sénevé de Matthieu 13, 32. (...) La communauté chrétienne (...) [à] l'opposé de la 'Jérusalem actuelle', terrestre et nationale, (...) est la 'Jérusalem d'en-haut' (1 Co 10, 18), céleste et spirituelle (Ga 4, 25-26). (Joseph Lecler, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd Albin Michel, Paris, 1994, p. 54.)

 

"Depuis le Christ, il y a donc désormais sur terre – ce qui ne s'était jamais vu auparavant, ni chez les Juifs, ni chez les païens – deux ordres de souveraineté : une souveraineté temporelle autonome, avec ses lois, sa police, son droit de contrainte physique sur les malfaiteurs sociaux; et une souveraineté spirituelle autonome, ordonnée au salut des hommes, avec ses lois et sa discipline, mais pourvue seulement de moyens spirituels. (Cf. Joseph Lecler, L'Église et la souveraineté de l'État, Paris, 1946, p. 20.)

 

"Royaume ... déjà présent sur cette terre", mais dans le mystère - le Concile Vatican II le rappelle dans la constitution pastorale "Gaudium et spes" (n°39) - il parviendra à sa pleine perfection à la fin des temps avec la venue du Seigneur, Juge suprême et Roi, pour juger les vivants et les morts (Mt 25, 31 ss).

 

Le Christ a maintes fois décrit l'Église comme un royaume de Dieu visible et social. Les paraboles le comparent à un champ ensemencé (Mt 13,24); à une vigne pour la culture de laquelle le père de famille loue les ouvriers (Mt 20, 1-2; 21, 33-35); à un troupeau dont il est le pasteur (Jn 10); à un grain de sénevé qui devient un arbuste (Mt 13, 32); à un plan de vigne dont il est le cep et les disciples les rameaux (Jn 15, 1-8); à une famille où sous la direction du maître travaillent de nombreux serviteurs (Mt 25, 14-30; 24, 45-51); à une exploitation agricole qu'administre un intendant (Lc 16, 1-8.)

 

Si l'Église était fondamentalement "invisible", alors les chrétiens ne sauraient rien de leur religion depuis l'époque des apôtres. L'expression "pas de ce monde" ne signifie donc pas que le royaume du Christ est invisible. Cela signifie qu'il est établi et soutenu par Dieu comme aucun royaume terrestre ne l'est. Dieu n'a fait aucune des promesses qu'il a faites à son Église à quelqu'un d'autre ou quelque chose d'autre.

 

Si vous regardez les prophéties de l'Ancien Testament sur le royaume messianique, vous voyez encore qu'elles parlent de rois qui viennent dans le royaume et apportent leurs trésors.

 

Jésus, lui-même, dit : "Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre." (Mt 28,18). Cela inclut les pouvoirs temporels qui détiennent l'épée au nom de la justice terrestre (Rom. 13), ainsi que la prêtrise, qui détient les clés afin d'enseigner avec autorité aux nations à observer tout ce que le Christ a ordonné, à savoir les dogmes de la foi et la loi morale (le premier et le deuxième grand commandement). Les rois, les princes, les présidents, les premiers ministres, etc., qui reconnaissent la foi catholique, en tant que laïcs, placés sous l'autorité spirituelle du sacerdoce catholique, sont chargés du bien commun temporel de la communauté. Et en ce qui concerne le dogme et la morale, ils sont sous l'autorité des prêtres de Dieu.

 

Le fait que le Royaume du Christ ne soit pas de ce monde signifie simplement ce qui suit :

(1) Il est établi par Dieu grâce à un sacrifice de soi, par amour de la part de Dieu incarné, plutôt que (comme la plupart des autres royaumes) par le sacrifice d'autrui par haine de la part d'hommes violents ;

(2) Il durera éternellement, contrairement aux royaumes fondés par les hommes ; et

(3) Il persistera et triomphera même lorsque ses affaires temporelles subiront une catastrophe, comme l'Église l'a fait à de nombreuses reprises, et le fera particulièrement sous le règne de l'Antichrist.

 

Nous ignorons simplement le temps de l’achèvement de la terre et de l’humanité et il ne nous appartient pas de le connaître (Ac 1,7); mais, nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle terre où régnera la justice (2 Co 5, 2 ; 2 P 3, 13) et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme (1 Co 2, 9 ; Ap 21, 4-5). Alors, la mort vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ, et ce qui fut semé dans la faiblesse et la corruption revêtira l’incorruptibilité (1 Co 15, 42.53). La charité et ses œuvres demeureront (1 Co 13, 8 ; 3, 14) et toute cette création que Dieu a faite pour l’homme sera délivrée de l’esclavage de la vanité. L’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller : le corps de la nouvelle famille humaine y grandit, qui offre déjà quelque ébauche du siècle à venir. C’est pourquoi, s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le Royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine. (Gs 39)

 

 

Il s'agit d'un royaume d'amour, un royaume spirituel, et non matériel, pour ceux qui sont nés de l'eau et de l'esprit. (Jn 3,5), sont devenus des créatures nouvelles (Ga 6,15) et qui persévèrent ici-bas dans la communion avec Dieu jusqu'à sa mort (Mc 13,13), naissance  à la vraie vie, à la vie de Dieu (Jn 14, 1-3) Un Royaume où "tous les hommes sont appelés à faire partie du peuple de Dieu (CEC n°831)".

 

Le Seigneur est doux et humble de cœur, et que Son règne social ne s'impose pas par la force, mais par "l'esprit". 

 

Lorsque le chrétien reconnaît le Christ "roi", cela signifie qu'il reconnaît au Christ la royauté sur lui-même, c'est-à-dire qu'il ne garde rien pour lui mais donne tout au Christ. 

 

"Le Royaume de Jésus est avant tout un royaume spirituel qui s'établit par la puissance divine et non par la force matérielle des armes. [Ainsi, lorsque Jésus est livré par Judas et arrêté à la demande du grand prêtre Caïphe, "l’un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille. Alors Jésus lui dit : 'Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père ? Il mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges'" (Mt 26: 51-53). "Les armes de notre combat ne sont pas charnelles" (2 Co 10,4); nous ne combattons pas avec les moyens de la chair (2 Co 10,3). La panoplie du chrétien ne comporte aucune armure, aucun équipement matériel. Les Chrétiens ont bien un glaive, mais c'est le casque du salut et le glaive de l'Esprit (Ep 6,17)] Mais il ne résulte aucunement de ces enseignements, que le Christ ne veuille pas régner socialement, c'est-à-dire imposer ses lois aux souverains et aux nations." (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, O.M.C., Lecteur émérite en théologie, Editions Saint-Rémi, p. 30.) 

Une prophétie tirée du livre du prophète Isaïe dans l'Ancien Testament, précise par exemple : "Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ; aux nations, il proclamera le droit." La prophétie d'Isaïe poursuit à propos du Messie : "Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, il ne fera pas entendre sa voix au-dehors. Il ne brisera pas le roseau qui fléchit, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il proclamera le droit en vérité. Il ne faiblira pas, il ne fléchira pas, jusqu’à ce qu’il établisse le droit sur la terre, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses lois. Ainsi parle Dieu, le Seigneur, qui crée les cieux et les déploie, qui affermit la terre et ce qu’elle produit ; il donne le souffle au peuple qui l’habite, et l’esprit à ceux qui la parcourent." (Is 42, 1-5.

 

Au XVIe siècle, contre ceux qui avait imposé la religion protestante par la force à Genève en 1535-1536 et en avait chassé l'évêque catholique, saint François de Sales dont la devise était, "Rien par force, tout par amour", dit en 1594 : "C'est par la charité qu'il faut ébranler les murs de Genève, par la charité qu'il faut la recouvrer... il faut [les] renverser par des prières ardentes et livrer l'assaut par la charité fraternelle". 

 

 

"Ne voyons surtout pas dans le règne social du Christ une confusion du temporel et du spirituel. Le monde antique, païen ou juif, opère cette confusion, et l'empereur Constantin conservera une vision païenne du pouvoir où le Prince Souverain Pontife intervient dans les affaires religieuses (césarisme). De très bonne heure, c'est l'Occident pourtant qui admit la dualité des pouvoirs temporel (séculier) et spirituel (religieux) : "Duo quippe sunt potestates", en effet il y a deux pouvoirs, écrit le pape Gélase Ier à l'empereur Anastase au Ve siècle en 494 pour le réprimander de cette tendance des empereurs à vouloir dire la doctrine et décider pour l'Église.

 

"Saint Augustin au Ve siècle distingue "les deux cités" (temporel et spirituel). La "réforme grégorienne" au XIe siècle corrigera ce défaut de l'empiètement des rois et des empereurs (Voir un peu plus bas). C'est le Christ qui distingue le temporel du spirituel : 'Rendez à César ce qui appartient à César' (Mc 12,17; Mt 22,21, Lc 20,25).

Mais si Jésus affirme sa royauté spirituelle, le monde, lui, n'a pas droit à l'indifférence religieuse : "Je suis la lumière du monde" (Jn 8,12) (Gérard BEDEL, Le Cardinal Pie, Un défenseur des droits de Dieu, Clovis Diffusion, Suresnes 2015, p. 61). En Lituanie, en 2009, la laïcité n'empêche pas la Royauté sociale du Christ. Simplement, la distinction ne veut pas dire séparation. Rendre à César ce qui est à César ne dispense pas César de rendre à Dieu ce qui est à Dieu.

Il y a une "saine laïcité" (Pie XII) et selon S. Jean-Paul II une "saine collaboration" (Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion 2005, p.145-146)

 

"Dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus, et n'est pas le Dieu des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu, dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est finalement dire que Christ n'est pas divin..., dire que l'Église est juge de la morale privée et n'a rien à voir avec la morale publique, c'est dire finalement qu'elle n'est pas divine." (Cardinal Pie).

En substituant la philosophie à la religion, le profane au Sacré, la thèse libérale moderne prétend fonder un contrat social indépendant de toute société extérieure à l'État. Dans ce système, tout vient de l'État et tout revient à l'État. Mais cette thèse qui prétend que l'État doit être purement laïque est une exagération de la parole du Christ et aboutit à rendre tout à César. "C'est-à-dire encore que, sous prétexte d'échapper à la théocratie imaginaire de l'Église, il faut acclamer une autre théocratie aussi absolue qu'elle est illégitime, la théocratie de César, chef et arbitre de la religion, oracle suprême de la doctrine et du droit..." (Cardinal Pie, Homélie sur le Panégyrique de saint Emilien, Nantes, 8 novembre 1859, III, p. 511-518 cité in Gérard Bedel, Le Cardinal Pie, ibid., p. 65-66.) Le pape Pie IX (1846-1878), a ainsi pu légitimement dénoncer un défaut majeur de l'État moderne, en ce qu'il se proclame "origine et source de tout droit", qui prétend jouir "d'un droit qui n'est circonscrit par aucune limite." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 91.) 

 

La royauté de Jésus n'a rien à voir avec nos images habituelles des rois.

 

L'Évangile (Mt 21,1 - 9, Mc 11,1 - 10, Lc 19, 28 - 40) raconte qu'à proximité de la fête de la Pâque juive, Jésus décida de faire une entrée solennelle à Jérusalem (Rameaux). Il organisa son entrée en envoyant deux disciples chercher un ânon. Il entra à Jérusalem sur une monture pour se manifester publiquement comme le Messie que les juifs attendaient. C'est une monture modeste comme l'avait annoncé le prophète pour montrer le caractère humble et pacifique de son règne.

 

"Il est le Roi des cœurs, à cause de son inconcevable charité qui surpasse toute compréhension humaine (Eph 3:19) et à cause de sa douceur et de sa bonté qui attirent à lui tous les cœurs: car dans tout le genre humain il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais personne pour être aimé comme le Christ Jésus." (Quas Primas 4) 

 

Sur la Croix, alors que deux malfaiteurs étaient crucifiés avec lui, le peuple restait là à observer, les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : "Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu !" Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant :"Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !" Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : "Celui-ci est le roi des Juifs." L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : "N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !" Mais l’autre lui fit de vifs reproches : "Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal." Et il disait : "Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume." Jésus lui déclara : "Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis." (Lc 23,35-40)

 

"Il est venu tout réconcilier, faisant la paix par le sang de sa croix (Col. 1:20); C’est lui, le Christ, qui est notre paix ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres par le moyen de la croix; en sa personne il a tué la haine (Ephésiens 2,14-16); il n'est pas venu pour être servi, mais pour servir (Mt 20:28).

 

"Que le plus grand parmi vous se comporte comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert... Moi je suis au milieu de vous comme le serviteur." (Lc 22,26-27); maître de toutes créatures, il a donné lui-même l'exemple de l'humilité et a fait de l'humilité, jointe au précepte de la charité, sa loi principale; il a dit encore: Mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. (Mt 11,30)" (Quas Primas 15). Il n'existe de salut en aucun autre; aucun autre nom ici-bas n'a été donné aux hommes qu'il leur faille invoquer pour être sauvés (Ac 4:12).

 

De la lignée de David, choisi par Dieu et marqué par l'onction royale, Il est le pasteur et le roi qui refait l'unité du peuple. Ce royaume, Saint Paul en parle non pas comme d'un monde étranger, d'un au-delà, mais comme une réalité déjà présente dans laquelle nous sommes déjà introduits par le Christ et avec lui. Jésus a tout réconcilié par le sang de sa croix. Ce royaume est déjà commencé, malgré les violences et les ténèbres qui enserrent notre monde. (Col. 1, 13-20)

 

Prétendre que le Christ ne doit pas régner sur les sociétés revient à dire que le Christ serait mort en vain sur la Croix et que ses lois n'auraient pas à être suivies par les souverains et les nations. "Dire que Jésus-Christ est le Dieu des individus et des familles, et n'est pas le Dieu des peuples et des sociétés, c'est dire qu'il n'est pas Dieu. Dire que le christianisme est la loi de l'homme individuel et n'est pas la loi de l'homme collectif, c'est dire que le christianisme n'est pas divin. [...] C'est le droit de Dieu de commander aux états comme aux individus. Ce n'est pas pour autre chose que N.-S. est venu sur la terre." (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, ibid., p. 43-44; 73).

 

Devant Pilate lui demandant s'il était roi, Jésus répondit : "Tu l'as dit, je suis roi. Si je suis né et si je suis venu dans le monde, c'est pour rendre témoignage à la vérité; quiconque est de la vérité, écoute ma voix." (Jn, 18:37).

 

Le titulus crucis, titre de la Croix que Pilate fit placer au-dessus de la tête du Christ lors de sa crucifixion est "Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm" (INRI), "Jésus de Nazareth, Roi des Juifs" (Jn 19, 19). L'inscription était en trois langues, en hébreu, en grec et en latin (Jn 19,20).

 

Le grand moyen de promouvoir ce règne, c'est la prière qui vivifie l'action et obtient du Ciel le succès que nos seuls efforts ne sauraient procurer. (La Royauté sociale de N.S. Jésus-Christ, d'après le Cardinal Pie, P. Théotime de Saint-Just, ibid., p. 86.)

 

Se manifestant aux Onze pendant qu'ils étaient à table, Jésus ressuscité leur dit : "Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création." (Mc 16,15). En montant au Ciel, lors de son Ascension, Jésus adressa encore ces paroles explicites à ses disciples : "Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre", leur commandant : "Allez donc: de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps." (Mt 28:18-19). "Garder" ce qu'Il a prescrit, "tout pouvoir" lui ayant été donné, "au ciel et sur la terre", sont les termes qu'emploie Jésus. Il y a un devoir d'évangéliser les nations sur la terre, c'est-à-dire d'apprendre aux nations, et à leurs souverains, à "garder" les enseignements du Christ. 

A Lui seul soit le gouvernement

 

La louange et la joie

 

Jusqu'à l'accomplissement des temps. Amen !

 

Les jours meilleurs arrivent !

 

Les bons temps arrivent !

 

Par le rachat du Sang du Christ !

 

Maintien dans la joie

 

Félicitations !

 

Et bonne fortune !

 

La Paix du Christ vient

 

Le Règne du Chrits arrive

 

Rendons grâce à Dieu. Amen.

 

La Grande guerre prouve la vanité de l'optimisme des "Lumières". Cherchant à rétablir la distinction des deux pouvoirs temporel et spirituel, opposant une "laïcité saine" à la "laïcité anticléricale", et constatant l'échec du système libéral moderne, cet athéisme public où tout vient de César et revient à César, et où une modernité crée des rapports sociaux injustes, méprise l'autorité spirituelle et conduit au "suicide de l'Europe civilisée" via des idées politiques autoritaires ou totalitaires, suite au conflit mondial de 1914, le pape Pie XI (1922-1939) instaure en 1925 la fête et la théologie du Christ-Roi comme remède. 

21. Les Etats, à leur tour, apprendront par la célébration annuelle de cette fête que les gouvernants et les magistrats ont l'obligation, aussi bien que les particuliers, de rendre au Christ un culte public et d'obéir à ses lois. Les chefs de la société civile se rappelleront, de leur côté, le dernier jugement, où le Christ accusera ceux qui l'ont expulsé de la vie publique, mais aussi ceux qui l'ont dédaigneusement mis de côté ou ignoré, et punira de pareils outrages par les châtiments les plus terribles."

(
Pie XI, Lettre encyclique Quas Primas instituant la fête du Christ-Roi, § 21., 1925)


La Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ (Cardinal Pie)
 
P. THEOTIME DE SAINT JUST O.M.C.
LECTEUR EMERITE EN THEOLOGIE
LA ROYAUTÉ SOCIALE DE N. S. JESUS-CHRIST D’APRÈS LE CARDINAL PIE

 

Image du Christ, Roi des Nations; extrait de la magnifique tenture de l'Apocalyspe exposée au chateau d'Angers, rescapée des destructions de la Révolution dite française.(Merci aux divers responsables qui ont permis la mise en valeur de ce trésor)
Image du Christ, Roi des Nations; extrait de la magnifique tenture de l'Apocalyspe exposée au chateau d'Angers, rescapée des destructions de la Révolution dite française.(Merci aux divers responsables qui ont permis la mise en valeur de ce trésor)

 

{Editions de Chiré BP 1 86190 Chiré en Montreuil 05 49 51 83 04 /
Editions Sainte jeanne d'Arc les Guillots 18260 Villegenon 02 48 73 74 22 }


«JESUS-CHRIST EST LA PIERRE ANGULAIRE DE TOUT L'EDIFICE SOCIAL. LUI DE MOINS, TOUT S'EBRANLE, TOUT SE DIVISE, TOUT PERIT...»

«METTEZ DONC AU CŒUR DE NOS CONTEMPORAINS, AU COEUR DE NOS HOMMES PUBLICS, CETTE CONVICTION PROFONDE QU'ILS NE POURRONT RIEN POUR LE RAFFERMISSEMENT DE LA PATRIE ET DE SES LIBERTES, TANT QU'ILS NE LUI DONNERONT PAS POUR BASE LA PIERRE QUI A ETE POSEE PAR LA MAIN DIVINE : PETRA AUTEM ERAT CHRISTUS ».

«JESUS-CHRIST, C'EST LA PIERRE ANGULAIRE DE NOTRE PAYS, LA RECAPITULATION DE NOTRE PAYS, LE SOMMAIRE DE NOTRE HISTOIRE, JESUS-CHRIST, C'EST TOUT NOTRE AVENIR... » (CARDINAL PIE : ŒUVRES , V, 333 ; VIII, 54 ; X, 493).

"Les Pères de l'Église élaborent un 'hellénisme chrétien' qui est un véritable miracle de l'histoire humaine', comme le dit le cardinal Daniélou (L'Église des premiers temps, Seuil, 1985, p. 137). La formule est excellente.

 

"L'hellénisme chrétien à l'origine de la civilisation occidentale aurait pu avec le temps inscrire l'histoire dans le dessein de Dieu, sans la Révolution évidemment, c'est-à-dire sans la Renaissance, donc sans les ésotéristes chrétiens, et surtout sans le mouvement ésotérique qui va transmettre la pensée hellénistique aux initiés de la Renaissance et de la Révolution, ces deux défaites de l'Occident chrétien.

 

"[...] Saint Augustin a latinisé la culture grecque, ce qui permet à l'augustinisme d'atteindre à l'universel." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 116; 233)

 

On a pu reprocher les empiétements de l'Église sur le pouvoir temporel des rois. Ceux-ci ont une explication historique simple : des empereurs de la Rome tardive ont prétendu intervenir dans la vie de la jeune Église chrétienne en nommant les évêques, en imposant des papes, en convoquant des conciles, en légiférant en matière de discipline ecclésiastique, en intervenant dans les débats doctrinaux. 

Les rois capétiens, les rois d'Angleterre, les empereurs du Saint empire romain germanique furent ainsi nombreux à intervenir dans la vie de l'Église, en désignant des évêques, légiférant en matière de discipline ecclésiastique. (Source: Dictionnaire du Moyen-Âge, sous la direction de Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink, Quadrige, Puf, 2002, p. 242).

 

Or, l'Église est seule maîtresse de sa morale et de son dogme (Cf. Saint Athanase, Saint Ambroise, Saint Jean Chrysostome, Saint Augustin). 

 

L'idée (venant de sectes protestantes) selon laquelle l'empereur Constantin (310-337) et les empereurs suivants auraient modifié la foi chrétienne dans un sens "païen" est facilement réfutable si vous lisez simplement les Pères de l'Église de cette époque. Ils luttaient constamment pour la foi catholique contre la pression impériale et la persécution. Et ils ont gagné :

 

"Après la conversion de l'Empire, (...) dès Constantin (...) l''évêque du dehors' (l'empereur) qui convoquait les conciles, s'engagea résolument dans les querelles religieuses. (...) Cette politique religieuse des empereurs allait peser lourdement sur les destinées de la chrétienté. (...) Dan son Histoire des Ariens, Athanase reproduit (...) la réponse de ses collègues occidentaux (Hilaire de Poitiers, Osius) à l'empereur, lors du concile de Milan (355). S'adressant au Pères, Constance (337-361) les pressait de signer la déposition du patriarche d'Alexandrie, champion de l'orthodoxie nicéenne (catholique).

 

"(...) 'Ils (les Pères) remontrèrent à l'empereur, écrit Athanase, que l'autorité n'était pas à lui, que Dieu la lui avait donnée... Ils lui conseillèrent de ne pas introduire la confusion dans les choses ecclésiastiques, de ne pas introduire le pouvoir civil dans la constitution de l'Eglise.'

 

"(...) Osius de Cordoue, écrivait dans le même sens, et avec plus de vigueur (356) : 'Il nous est ordonné de rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Il ne nous est pas permis de nous attribuer l'autorité impériale. Vous n'avez aussi aucun pouvoir dans le ministère des saints choses.' (Historia arianorum 40)

 

"(...) Gélase (492-496) s'inquiétait fort de l'action impériale en faveur de l'hérésie monophysite. (...) Dans le De anathematis vinculo (494) il montre pourquoi le pouvoir royal a perdu ses attributions religieuses depuis l'avènement du Christ :

 

"Avant l'avènement du Christ, (...) il y eut des hommes qui furent réellement prêtres et rois tout ensemble, tel Melchisédech, comme nous le raconte l'histoire sainte. Le diable en a fait autant avec les siens, lui qui s'efforce de revendiquer tyranniquement pour lui les honneurs dus au seul Dieu : c'est ainsi que les empereurs païens ont été appelés également grands pontifes. Mais depuis qu'a paru le véritable prêtre et roi, l'empereur ne s'est plus attribué désormais le titre de pontife et le prêtre n'a plus revendiqué la dignité royale.

 

"Ainsi (...) depuis l'Incarnation, seul le Christ peut être prêtre et roi. (...) Il explique pourquoi le Christ a séparé ces deux dignités et établi le dualisme du temporel et du spirituel : (...) le pouvoir  spirituel se tient éloigné des embûches du monde et, combattant pour Dieu, ne s'immisce pas dans les affaires du siècle, tandis qu'à son tour le pouvoir séculier se garde bien de prendre la direction des affaires divines. À rester ainsi modestement à sa place, chaque puissance évite de s'enorgueillir en accaparant pour elle toute l'autorité et elle acquiert une compétence plus grande dans les fonctions qui lui sont propres'."

 

(Source: Joseph LECLER, Histoire de la tolérance au siècle de la Réforme, 1955, rééd. Albin Michel, Paris 1994, p. 77-81.)

 

Au IXe siècle, l'évêque Jean d'Orléans , poète à la Cour de Charlemagne, écrit: 

 

''Tous les hommes fidèles doivent savoir que l’Église universelle est le Corps du Christ ; que son Chef n'est autre que Christ ; que deux pouvoirs régnant s'y distinguent : à savoir, celui des prêtres et celui des rois ; et aussi que le pouvoir des prêtres est d'autant plus excellent que ce sont eux qui doivent rendre compte à Dieu même des rois.'' (Jean d'Orléans, évêque, Le métier de roi, ch. 1, v. 800 ap. J.-C.)

 

« Les siècles de la féodalité, longtemps définis comme des siècles de fer', correspondent en réalité au moment du "décollage" européen ». (Jean-Louis BIGET, Préface dans Florian MAZEL, 888-1180 Féodalités, Histoire de France, sous la direction de Joël Cornette, Folio, Gallimard, Trebaseleghe, Italie 2019, p. 10.) 

 

Voici donc comment l'Église s'est dégagée de l'ingérence et de l'influence des empereurs et des rois, ce qui a permis le développement inédit dans l'histoire d'une civilisation originale, distinguant le temporel du spirituel, le laïque du religieux, la civilisation occidentale :

 

Dans les sociétés païennes antiques, "ignorant des raisons de sa présence en ce monde, l'homme subissait totalement un destin qui lui était imposé par la volonté divine. Cette volonté s'exprimant au travers des prêtres (païens) qui étaient chargés de la servir, le pouvoir clérical (païen) était sans limite et pesait considérablement sur la direction de la cité jusqu'à se confondre avec elle. Pharaon, roi, dictateur ou tyran, les dirigeants antiques portaient en eux une partie de la vie divine. Ils étaient moitié fils de dieux ou de déesses, divinisés de leur vivant, tant on était convaincu que le pouvoir, même politique, échappait à la volonté de l'homme qui n'avait aucune prise sur sa destinée. L'État était une communauté religieuse, le roi un pontife, le magistrat un prêtre, la loi une formule sainte." (Fustel de Coulanges, La cité antique, Hachette 1967, p. 457).

Cette confusion totale du politique et du religieux, l'Empire romain, par l'intermédiaire d'Octave Auguste, le premier empereur, la portera à son sommet, en réalisant la fusion du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel en sa personne.

"César, à cette époque, était le grand pontife, le chef et le principal organe de la religion romaine; il était le gardien et l'interprète des croyances, il tenait dans ses mains le culte et le dogme. Sa personne même était sacrée et divine" (Fustel de Coulanges, Ibid., p. 461.).

 

Or, "le christianisme n'est pas intégré au système étatique. Il ne s'accommode pas d'un mode politique, il en dénonce les travers et les injustices. Selon Jacques Ellul, même, ''le message du christ est forcément subversif à l'égard de tous les ordres sociaux, politiques, économiques, moraux et religieux.''

 

Le christianisme introduit une distinction inédite entre religion et politique. L'évêque Ossius de Cordoue (257-359) est de ceux qui veulent tenir l'État à distance dans les questions doctrinales  : 'Ne vous mêlez pas des affaires religieuses et ne donnez pas d'ordres à ce sujet : [...] Dieu a mis la royauté dans vos mains et nous a chargés des affaires de son Église.' [...] Les pouvoirs politiques et religieux doivent donc collaborer, bien qu'ils soient distincts." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je ?, 4e édition, Paris 2018, p. 22.)

 

Distinction (les "deux cités" de Saint Augustin) et coordination (des deux pouvoirs) est la double vérité sur laquelle s'appuie l'Église depuis Saint Augustin (Cf. Jacques CHEVALIER, De saint Augustin à saint Thomas d'Aquin: Histoire de la pensée, Préface de Serge-Thomas Bonino, Collection Philosophie européenne dirigée par Henri Hude, Editions Universitaires, vol. 3, 1992, p. 70.)

 

"Augustin conçut son ouvrage La Cité de Dieu, achevé vers 426, comme une démonstration de la compatibilité entre l'Empire et la foi. Il n'y a qu'une seule cité de Dieu, mais elle offre deux faces, l'une est terrestre, l'autre céleste, la seconde se révélant au fur et à mesure que la première s'efface. La cité de Dieu est à la fois l'Église réalisée, le ciel à venir et la communauté terrestre avec sa législation, gouvernée par le Christ. Mais cette conception mystique de l'Église laissait une liberté d'intervention concrète au profit des pouvoirs séculiers. [...] Le pape cherchait à préserver la liberté de l'Église romaine face aux empiétements impériaux, tout en reconnaissant la légitimité de l'autorité temporelle." (L'Église en procès, La Réponse des historiens, sous la direction de Jean Sévillia, Tallandier, Le Figaro, Paris 2019, p. 73.)

 

Une tradition impériale de convocation des conciles d'évêques initiée par Constantin à Nicée en 325, Théodose Ier à Constantinople en 381, Théodose II à Constantinople en 449, poursuivie en Occident par certains rois de France, comme Clovis le 10 juillet 511 à Orléans, Clotaire II à Paris en 614, Pépin le Bref à Compiègne en 757, Charlemagne à Tours et Mayence en 813, Philippe le Bel en 1312 au concile de Vienne..., en Orient par les empereurs byzantins, comme Justinien II en 692 au concile in Trullo, le IIe concile de Nicée en 787, et les empereurs germaniques, comme Frédéric Barberousse au concile de Pavie en 1160, et Sigismond au concile de Constance en 1414), voyait les conciles de l'Église convoqués par les rois

L’Église catholique romaine est la seule Église qui n’est ni une Église nationale, ni une Église d’État, ni une secte fondée par un homme ; c'est la seule Église au monde qui maintient et affirme le principe de l'unité sociale universelle contre l'égoïsme individuel et le particularisme national ; c'est la seule Église qui maintient et affirme la liberté du pouvoir spirituel contre l'absolutisme de l'État ; en un mot, c’est la seule église contre laquelle les portes de l’Hadès n’ont pas prévalu.

Vladimir Soloviev,"L'Église russe et la papauté" (1889)

 

Grégoire VII, Pape

 

Mille ans après sa fondation par le Seigneur à la Pentecôte, où saint Pierre prit la parole, la papauté est devenue presque malgré elle, de manière accidentelle, un pouvoir impliqué dans les querelles de ce monde (Les disciples du Christ ne sont pas DU monde, mais ils sont DANS le monde. Jn 17,14-18). Outre, le choix des évêques ou la convocation des conciles, "l'empereur germanique passait par-dessus le peuple romain et les notables pour nommer directement les papes

 

Le pape Saint Grégoire VII, l'un des plus grands Papes, fut au XIe siècle l'homme providentiel qui combattit tous les grands abus de cette époque. Sa "réforme grégorienne" régla les empiétements des empereurs d'Allemagne, c'est-à-dire un pouvoir politique trop envahissant, la vente des dignités ecclésiastiques (simonie), la contagion des mauvaises moeurs du clergé et dans le peuple. 

 

En 1122, le compromis du concordat de Worms, le premier de l'histoire, régla le problème: désormais, l'évêque serait élu librement par le clergé en présence de l'empereur ou de son représentant. En France, des procédures analogues furent mises en place pour l'élection des évêques.

L'Église n'a jamais enseigné la confusion des deux pouvoirs, ni l'absorption du temporel par le spirituel (théocratie), ni l'absorption du spirituel par le temporel (césarisme, gallicanisme, églises nationales), parce que ce sont des erreurs régulièrement condamnées par le Saint-Siège.

On adressait déjà cet absurde reproche (d'absorption du temporel) au pape Boniface VIII, qui, dans sa Bulle Unam, sanctam, définit contre les légistes courtisans de Philippe le Bel, déjà gallicans, la subordination (qui n'est pas absorption) de la puissance temporelle à la puissance spirituelle. "Il enseigne, disait-on, que le pape peut disposer des couronnes selon son bon plaisir..." - "Il y a quarante ans que j'étudie le doit, répondait le saint Pontife dans le Consistoire de 1303, et je sais apparemment qu'il y a deux puissances... Comment peut-on croire qu'une telle folie me soit venue à l'esprit?" (Boniface VIII, cité dans Mgr Gaume, Le dogme de l'infaillibilité.)

 

En réaction aux empiétements des pouvoirs temporels, la papauté au "Moyen-Âge" a cherché à affirmer "sa liberté tout en ouvrant la porte à une autonomie du politique, de la société, qui se serait développée grâce à cette séparation." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 17.)

"La réforme grégorienne va [...] en fait bien au-delà de la simple 'liberté' ou de la volonté de dégager les Églises des jeux politiques et de la corruption. La papauté grégorienne, veut rompre avec l'association organique des empereurs avec leurs évêques. Ce faisant, la réforme grégorienne commence à poser en des termes nouveaux la question des rapports entre pouvoir laïc et pouvoir religieux. Elle amorce à terme une forme de séparation avec les pouvoirs politiques et une laïcisation de ces derniers." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 135, 146-150.) "La réforme grégorienne fut une révolution qui agita l'Église durant un siècle et remit totalement en causes ses rapports avec le système politique. [...] Ainsi, bien avant la séparation de 1905, le principe de l'autonomie des pouvoirs séculier et spirituel était acquis, et ce en raison de l'insistance de la papauté." (L'Église en procès, La Réponse des historiens, sous la direction de Jean SÉVILLIA, Tallandier, Le Figaro, Paris 2019, p. 80.)

 

Les ordres monastiques de Cluny (Xe siècle) puis de Citeaux (Cisterciens) diffusent les principes de la réforme du clergé et d'obéissance à l'Église romaine. (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 48.)

 

"(En Occident) Pour l'essentiel, c'est aux moines que l'on doit la transmission de l'héritage antique. [...] Le monachisme s'est répandu en Occident dès le IVe siècle, après que saint Martin a fondé le premier monastère d'Occident à Ligugé." (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, ibid., p. 37.)

Mais avant les moines, les philosophes et apologistes chrétiens (Justin, Clément d'Alexandrie, Origène) ont, eux aussi, contribué à amarrer l'héritage antique des progrès de la raison des philosophes grecs au christianisme, permettant une nouvelle civilisation "à condition de rejeter les rituels des initiés. La religion chrétienne est une digue qui protège la rationalité du dogme", à condition, également, de rejeter cet archaïsme du monisme de l'Être de l'Antiquité païenne, qui confondant le Créateur et les créatures, a pu donner lieu à des interprétations mythologiques régressives, ésotérico-magiques, irrationnelles et marchandes. (Lire Alain PASCAL sur ce sujet dans La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris, p. 139-140; 145-150.)

 

Au IIe siècle à Alexandrie, Clément enseigne de 190 à 202 dans le Didascalé (école philosophique chrétienne, sur le modèle des écoles d'Athènes) que Dieu donne à l'esprit humain les moyens de parvenir à la vérité. Élève de Clément, Origène († 254) assume dans le christianisme l'héritage de la rhétorique et de la philosophie antiques, en intégrant la philosophie platonicienne dans la théologie chrétienne.  (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, ibid., p. 23-24.)

 

"La science et la philosophie grecque n'ont jamais quitté les monastères en Occident. Les œuvres philosophiques de l'Antiquité étaient connues dans les monastères occidentaux, car la culture grecque était présente dans la synthèse augustinienne et la langue grecque restait pratiquée." (Alain PASCAL, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. des Cimes, 2e éd. revue et commentée, Paris 2015, p. 72.)

 

Le premier humanisme est chrétien. "Il consiste à faire revivre les humanités anciennes pour les christianiser et ne date pas du XVe siècle car il a été constant pendant les temps féodaux (avec les moines augustiniens, Alcuin (735-804), Gerbert (945-1003), le pape de l'an mil, Pétrarque (1304-1374) sous certains aspects, et bien sûr Nicolas V (1397-1455)" (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de la La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 106.) Surnommé le "pape humaniste", Nicolas V (1447-1455) a connu à Florence, dans l'entourage de Cosme de Médicis, Leonardo Bruni, Niccolo Niccoli et Ambrogio Traversari. Parvenu au trône de saint Pierre, il réalise l'un de ses projets en fondant la Bibliothèque vaticane.

 

"C'est du moyen-âge que sortent directement les doctrines philosophiques et scientifiques sous lesquelles on prétend l'accabler [...]. Il faut donc reléguer dans le domaines des légendes l'histoire d'une 'Renaissance' de la pensée succédant à des siècles de sommeil, d'obscurité et d'erreur..." (Étienne GILSON, La philosophie au Moyen-Âge, p. 761)

 

L'Europe a dominé le monde dès l'époque dite 'obscure' du "Moyen-Âge". L'explication première réside dans la foi des Européens en la raison, dans l'engagement manifeste de l'Église sur la voie d'une théologie rationnelle débarrassée des rituels magiques antiques (scolastique XIe-XIVe siècle), qui a rendu possibles les progrès... Et ce pourquoi les "initiés" de tous les temps l'ont haïe et l'ont combattue, car elle mettait fin à leur commerce et leur domination sur le monde.

 

"En différenciant l'Être de Dieu et l'Être du monde, elle (la scolastique) a offert un fondement métaphysique à la raison et à la liberté. [...] En étant une personne, [...] l'homme n'agit pas par nécessité ou contingence (comme tout ce qui est uniquement interne au cosmos), il est libre et responsable (y compris du Mal, c'est la sanction de la liberté).

[...] La philosophie moderne est stupide – c'est le mot – quand elle dit  que l'homme est rationnel parce qu'il a rejeté Dieu et qu'elle prône une liberté individuelle parce que la raison humaine ne peut venir que de Dieu et que la liberté est impossible à l'individu, puisqu'il est interne au cosmos. Pour preuve, l'homme moderne ne comprend plus rien, il est fou, et de moins en moins libre (il n'y a que les victimes du communisme qui s'en aperçoivent...) [...] Le monisme métaphysique est donc la cause de l'échec moderne. [...] En  régressant à avant la scolastique, la philosophie moderne ne peut pas être nouvelle, elle est nécessairement régressive. [...] Et pour cause, elle régresse à la gnose et à la kabbale.

 

"La scolastique est un immense progrès parce qu'elle a sanctifié la philosophie ancienne (qui aspirait à libérer l'homme des croyances irrationnelles des relations cosmiques antiques en accordant à l'humain la faculté rationnelle et la liberté individuelle, mais avait échoué car elle avait persisté dans le monisme de l'Être, parce que c'était la seule conception de l'époque, ou parce que les premiers philosophes, s'ils avaient peut-être eu l'échos de la Genèse [...] n'en avaient pas compris la métaphysique) en la refondant sur le dualisme métaphysique" (Un Dieu créateur et un monde créé non confondus dans l'Un antique)." (Alain PASCAL, Les Sources occultes de la philosophie moderne, De la Gnose à la théosophie, tome 1 de La Conspiration des philosophes, éd. des Cimes, Paris 2017, p. 109-111.)

 

Ainsi, au XVIIe siècle, le cardinal Richelieu, énumérant "les principes dont le gouvernement, remis en sa bonne forme, doit s'inspirer", explique que puisque "'l'homme est souverainement raisonnable, il doit souverainement faire régner sa raison [...], l'autorité contraint à l'obéissance, mais la raison y persuade.' Cette croyance en la souveraineté de la raison est contraire à la doctrine protestante. Selon Luther, le péché originel a absolument corrompu la raison et l'a rendue totalement impuissante. Selon S. Thomas d'Aquin et la majorité des scolastiques, le péché originel a seulement affaibli la raison, mais l'a laissée capable d'atteindre le vrai et le bien. Pour les catholiques et pour Richelieu, la raison reste notre meilleur instrument." (Roland MOUSNIER, L'Homme rouge ou la vie du cardinal Richelieu, Bouquins, Robert Laffont, Paris 1992, p. 752.)

 

"En Occident, sept disciplines sont étudiées dans les monastères. Ce sont les arts libéraux. La grammaire, la rhétorique et la dialectique constituent le 'Trivium', les trois premières 'voies'. À leur suite, l'arithmétique, la musique, la géométrie et l'astronomie constituent les autre 'voies' des arts mathématiques, le 'Quadrivium'. On peut trouver une ébauche des arts libéraux dans Saint Augustin, mais leur origine est antérieure au christianisme et absolument païenne. Leur première énonciation aux Temps féodaux est due à un écrivain latin du Ve siècle, Capella (360? - 428?), qui [...] condense les arts libéraux dans une 'sorte d'encyclopédie', dont le tire est Le Satyricon ou Les Noces de Mercure et de la philologie... Selon Bréhier (La philosophie du Moyen-Âge, Albin Michel, 1949), les arts libéraux ont été 'christianisés' au VIe siècle par Cassiodore (né v. 468).

"[...] Cassiodore écrit v. 540 les manuels des arts libéraux que les moines vont utiliser pendant plusieurs siècles." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 254-255.)

 

Entre le Ve siècle et le IXe siècle, Boèce (480-524), philosophe romain chrétien contemporain de Clovis, répand les œuvres d'Aristote en Occident. Son travail a été la source antique principale de la philosophie médiévale avant le XIIIe siècle. Son traité Logica vetus (logique ancienne) comprend entre autres ses traductions latines de l'Organon (Analytiques I et II), des Catégories, des Topiques, et De l'Interprétation d'Aristote, qu'il a transmis en Occident avant que soient connus les commentaires d'Averroès, philosophe andalou (1126-1198) au XIIIe siècle.

 

"La période n'est pas celle de 'l'infélicité des Goths', le long tunnel d'ignorance déploré par Rabelais et les humanistes. La convergence culturelle des élites 'barbares' et des élites gallo-romaines a permis leur fusion rapide. Au Ve et VIe siècles, aucune régression ne se discerne dans la culture des laïcs ni dans l'usage de l'écrit.

 

Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX le disent clairement :

 

"[...] Monastères et églises jouent un rôle positif dans la conservation des œuvres antiques.

 

"[...] La période du Ve au IXe siècle ne correspond donc nullement au degré zéro de la culture. Tout au contraire, elle assume un rôle primordial dans la transmission d'une grande part de la littérature latine à l'Occident des temps futurs.

 

"[...] À bien y regarder, on est donc amené à reconsidérer l'idée d'un déclin de cette noblesse sénatoriale dans la Gaule du Ve siècle en raison de l'hégémonie des chefs barbares. En vérité, la plupart des grandes familles ont maintenu leur position, entretenu un style de vie antique et participé à la transmission de la culture écrite." (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 481-888, Histoire de France, Sous la direction de Joël Cornette, Folio Histoire, 2019, p. 19 et 40.)

 

"À partir du VIe siècle, les monastères occidentaux appliquent la Règle de S. Benoît (v. 440-547), le fondateur du monastère du Mont Cassin, proclamé récemment par l'Église 'Père de l'Europe et Patron de l'Occident, titres mérités. [...] La Règle bénédictine, rédigée en latin, s'inspire de celle de S. Basile, Père de l'Église et défenseur de Nicée, et accroît la lumière augustinienne. La Règle bénédictine oblige les moines à la fois au travail manuel et à la lecture. Par elle, les moines deviennent ainsi des artistes – ils ornent les Écritures des plus belles enluminures É, des constructeurs et des érudits. Cette maîtrise des arts et cette permanence de la culture ne permettent pas (là encore) d'accuser d''obscurantisme' les monastères bénédictins." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 256.)

 

"Dès les premiers temps, les Pères de l'Église ont enseigné que la raison était le don suprême de Dieu et le moyen d'accroître progressivement leur compréhension des Écritures et de la Révélation. En conséquence, le christianisme s'est trouvé orienté vers l'avenir, tandis que les autres grandes religions affirmaient la supériorité du passé. 

"... Comme l'enseigne Tertullien au IIe siècle : 'La raison est une chose qui vient de Dieu, pour autant qu'il n'y a rien que Dieu, qui a fait toute chose, n'ait pas fourni, disposé, ordonné par la raison, rien qu'il n'ait voulu comme devant être appréhendé et compris par la raison.' (De la Repentance, ch. I). Dans le même état d'esprit, Clément d'Alexandrie énonçait au IIe siècle une mise en garde : 'Ne croyez pas que nous disons que ces choses sont reçues seulement par la foi, mais aussi qu'elles doivent être affirmées par la raison. Car en vérité il n'est pas avisé de confier ces choses à la simple foi sans la raison, étant donné qu'assurément la vérité ne peut exister sans raison.' (Les reconnaissances de Clément : Livre II, ch. 69). (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 7, 22-23.)

 

Saint Augustin ne faisait qu'exprimer l'opinion générale lorsqu'il soutenait que la raison était indispensable à la foi  :  'Veuille le Ciel que Dieu ne haïsse pas en nous ce par quoi il nous a faits supérieurs aux animaux ! Veuille le Ciel que nous ne croyions pas de telle façon que nous n'acceptions pas ou ne cherchions pas de raisons, puisque nous ne pourrions même pas croire si nous ne possédions pas d'âmes rationnelles.' Saint Augustin reconnaissait que 'la foi doit précéder la raison et purifier le cœur et le rendre propre à recevoir et endurer la grande lumière de la raison'. Puis il ajoutait que, bien qu'il soit nécessaire 'que la foi précède la raison dans certains domaines de grande conséquence qui ne peuvent pas encore être compris, assurément la minuscule portion de raison qui nous persuade de ceci doit précéder la foi.' (In David C. Lindberg et Ronald L. Numbers, Gods and Nature : Historical Essays on the Encounter Between Christianity ans Science, Berkeley University of California Press, 1986, 27-28.) Les théologiens scolastiques avaient bien davantage foi dans la raison que la plupart des philosophes ne sont prêts à en avoir aujourd'hui. (R. W. Southern, Medieval Humanisme and Other Studies, Harper Torchbooks, New Yord, 1970, 49). (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 23.)

 

"Les moines augustiniens continuent d'étudier les philosophes grecs, Claudien Mamert en fournit la première preuve. Le latin est la langue occidentale, mais dire que la culture grecque reviendra en Occident avec la 'Renaissance italienne' est un mensonge. [...] Dire que les moines en Occident ignorent la culture grecque est un des mensonges historiques qui sert d'alibi à la Franc-Maçonnerie pour opposer à un imaginaire 'obscurantiste' des monastères la pseudo-'science' de la Renaissance." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 232.)

 

"Autre clerc lumineux, le pape Saint Grégoire le Grand (v. 540-606). [...] On peut dire qu'à leur manière Saint Benoît et Saint Grégoire perpétuent l'union de la raison et du cœur de l'augustinisme. Ils sont fidèles à la tradition de l'Occident chrétien, pour lequel le Vrai, idéal de la raison, est une valeur au même titre que le Beau, idéal du cœur. Le Vrai et le Beau véhiculent le Bien. Un chrétien de la tradition aime la Vérité et la Beauté qui rapprochent de Dieu, redoute le mensonge et la laideur qui sont des attributs du diable, usurpateur du vrai et du beau.

 

"[...] On peut dire qu'à partir du VIe siècle, par l'augustinisme, la Règle bénédictine et la réforme grégorienne, la lumière éclaire les monastère d'Occident, refuges de la culture et des arts en cette période de chaos due aux invasions." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, La Pré-kabbale, Éd. de l'Æncre, Paris 1999, p. 256-257.)

 

"La lumière de la tradition chrétienne éclaire la Renaissance carolingienne

"Alcuin (735-804) dirige l'École du palais à Aix-la-Chapelle et celle de Tours. Sous son autorité, des écoles sont fondées dans toute l'Europe. [...] Alcuin [...] reste un augustinien. [...] L'École du Palais copie les manuscrits des auteurs latins, qui, par les monastères atteindront les grands classiques français. Alcuin inscrit pour plusieurs siècles la culture de l'Occident dans la catholicité. Les Germains découvrent la culture antique grâce aux chrétiens. Cette culture est christianisée et transmise par les moines aux poètes et littérateurs futurs. La littérature des Temps féodaux est même si riche de culture antique qu'il est mensonger de parler de Renaissance littéraire au XVe siècle.

"[...] La Renaissance carolingienne réussit la réconciliation de l'Orient et de l'Occident dans une admirable synthèse qui s'inscrit dans la suite de l'augustinisme (développement chrétien de Platon, nécessité de la grâce pour le salut, conciliation entre foi et raison, connaissance naturelle de Dieu, négativité du mal). Elle est [...] comme l'augustinisme, un magnifique fruit de la Raison occidentale. [...]  Elle éclaire le passé grec par la Lumière de la tradition chrétienne, l'augustinisme." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 97.)

Au Xe siècle, le savant Gerbert d'Aurillac (950-1003), Pape sous le nom de Sylvestre II. "Ses préoccupations sont celles d'un humaniste, il achète à grand prix des livres dans tous les pays", écrit Émile Bréhier, dans La Philosophie au Moyen-Âge (Albin Michel, 1949, p. 79), c'est-à-dire qu'il étudie les humanités anciennes et se préoccupe du sort des humains (il ne peut pas être Humaniste au sens du XVIe siècle, qui substitue l'Homme à Dieu)... En même temps que Gerbert et en relation avec lui, un autre moine savant, Abbon (945-1004) travaille "à la restauration des sciences", précise Béhier (p. 81).

"L'Occident chrétien  va connaître un apogée intellectuel à partir du XIe siècle. (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 120-121.)

 

Du début du XIe siècle à la fin du XIIe siècle, la scolastique primitive débute avec la figure d'Anselme de Cantorbéry (1033-1109) et l'école de Chartres. Les œuvres d'Aristote marquées par l'influence de Platon sont copiées par Jacques de Venise († 1147) et traduites du grec au latin par Albert le Grand (1193-1206), maître dominicain de Thomas d'Aquin, qui les introduit dans les universités, en même temps que les traités scientifiques grecs.

 

Saint Thomas d'Aquin formule l'aristotélisme chrétien en appliquant à la théologie les méthodes et les exigences du raisonnement philosophique. L'engagement chrétien en faveur de la raison culmine avec sa Somme théologique, publiée à Paris à la fin du XIIIe siècle. Il avançait que dans la mesure où l'entendement des humains n'est pas suffisant pour percevoir directement l'essence des choses, il leur est nécessaire de cheminer vers la connaissance pas à pas, au moyen de la raison. Il prônait ainsi l'utilisation de la philosophie, particulièrement des principes de la logique, dans une tentative d'élaboration de la théologie. 

Alexandre de Hales (1180-1245) surnommé le "Docteur irréfragable", Robert Grossetête (1175-1253) à Lincoln, un des représentants de la Première Renaissance, et Roger Bacon (1214-1294) à Oxford (Angleterre), surnommés le "Docteur admirable", davantage portés vers l'expérience que vers la spéculation pure, identifient quelques erreurs commises par Aristote à propos des phénomènes naturels, ce qui ne les empêche nullement de reconnaître l'importance de la philosophie d'Aristote. 

La scolastique tardive du XIVe siècle est représentée par la figure de Jean Duns Scot (1266-1308), à Oxford, Paris et Cologne, le "docteur subtil" qui donne une priorité à la volonté (d'où l'étiquette de "volontarisme") devant les autres facultés comme l'intelligence intellectualiste ou la charité.

Les apports du christianisme

 

Imparfaite, mais néanmoins grande, la civilisation de la chrétienté formée par l’Église catholique est une civilisation dont nous pouvons et devons être fiers. Aucune n’a produit autant de fruits dans tous les domaines de la vie.

Les œuvres du Christ ne reculent pas, mais elles progressent.

Saint Bonaventure

‘’(Le christianisme) leva sur le monde, avec l’étendard du Calvaire, le vrai drapeau de la réforme. Il attaqua l’orgueil par l’humilité, il attaqua la cupidité (passion immodérée de la richesse) par la pauvreté, il attaqua le sensualisme par la mortification, il opposa à la concupiscence qui précipitait toutes les décadences la sainteté qui allait susciter tous les Progrès … Et … le monde se trouva replacé sur cette route royale où depuis deux mille ans il remonte avec Jésus-Christ. ... Le christianisme a réformé et fait progresser le monde parce qu'il a attaqué résolument la concupiscence (Concupiscentia carnis, concupiscence de la chair ou sensualisme, péché originel, l'âme qui s'incline sous l'empire du corps, la prépondérance désordonnée de la vie des sens sur la vie de l'esprit) : au contraire, toutes les réformes qui reculent devant elle, réforme religieuse, politique ou sociale, échouent fatalement, et conduisent aux décadences sous le drapeau du Progrès. ... (En effet), ... ce qu'il y a de plus effrayant dans ... ces tendances de notre temps, c'est d'entendre vanter comme élément et principe de Progrès, ce mal profond (le sensualisme) qui dévore le Progrès.’’ (Joseph FELIX, Le Progrès par le christianisme 1857, Conférences de Notre-Dame de Paris, Forgotten Books, p. 87-88; 103; 145.)

 

"Le christianisme irrigue toutes les constructions sociales, il est le modèle d’explication des sociétés, des cultures et du système de pensée occidental dans ses structures conceptuelles. Il se présente comme la constituante essentielle de l’histoire des civilisations et des hommes. Cette assertion, indéniable aujourd’hui et scientifiquement acquise..." (Bénédicte Sère, Histoire générale du christianisme. Volume I : Des origines au xve siècle, dir. Jean-Robert Armogathe, Pascal Montaubin, Michel-Yves Perrin, Revue de l’histoire des religions [En ligne], 1 | 2012, mis en ligne le 04 avril 2012. URL : http://journals.openedition.org/rhr/7840 )

 

Tout ce qui caractérise l'Europe est dû au christianisme

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"Le catholicisme est ... la plus tolérante de toutes les religions, puisque la seule qui ne différencie pas le statut du croyant et du non-croyant.

 

"(...) Sans l'Incarnation de Jésus, ni la reconnaissance d'une destinée personnelle, ni la liberté accordée à tous les hommes égaux devant Dieu, ni la domination rationnelle de l'homme sur la nature ne sont concevables. Berdiaev (1874-1948) a démontré que, par la suite de l'Incarnation christique, toute la part traditionnellement magique de la nature était abolie, ce qui permettait l'étude scientifique de la nature, par démystifcation. Ce n'est pas (...)  le cas du judaïsme (ni de l'islam qui prône et vit une théocratie, la soumission du temporel au spirituel). Le judaïsme  envisage toujours un destin collectif, n'accorde pas le même statut au juif et au goy, et ne s'est pas clairement départi de l'ancienne cosmologie (...), notamment dans son ésotérisme kabbalistique.

 

"Incidences politiques évidentes : la Démocratie est d'origine chrétienne, (...) Comme dans le christianisme pour lequel chaque homme est égal devant Dieu, dans la Démocratie chaque citoyen est égal devant la loi (qu'il ne le soit pas dans les faits n'est pas du domaine religieux). (Alain Pascal, La Trahison des initiés, 3e édition revue et corrigée, éd. Cimes, Paris 2013, p. 221; 229.)

 

Par exemple : "aucune nation, aucune démocratie ne peut écrire sa propre histoire sans reconnaître à la France une dette ou une influence directe." a pu écrire Théodore ZELDIN, dans "Histoire des passions françaises, 1848-1945" (tome 5, Points Histoire, Paris-Mesnil 1981, p. 446.) à propos de la France, Fille aînée de l'Eglise.

 

Le self-government rural ou la "démocratie" et des élections à la pluralité des voix dans chaque village était un usage courant sous l'"Ancien Régime". (Frantz FUNCK-BRENTANO, La Société sous l'Ancien Régime, Flammarion, Lagny 1934, p. 33-35.)

 

"Les rois du vieux temps laissaient se gouverner leurs sujets à l'abri de leur autorité souveraine. [...] Dallington va jusqu'à définir la France sous le gouvernement de ses princes, 'une vaste démocratie'." (Frantz FUNCK-BRENTANO, L'Ancien Régime, Les Grandes études Historiques, Librairie Arthème Fayard, Paris 1926, p. 525-526.)

 

Le parlement local était élu par la population locale. Chaque grande ville élisait ses dirigeants, désignés parfois sous le terme d'échevin. (Pierre GAXOTTE, La Révolution française, Nouvelle édition établie par Jean Tulard, Éditions Complexe, Bruxelles 1988, p. 9-10.) Mais, "dans certaines provinces, les sujets du roi pouvait naître, vivre et mourir sans avoir directement affaire à l’Etat." (Michel ANTOINE, Louis XV, Fayard, 1989).

 

Sous "l'Ancien Régime", "le principe des libertés nationales était posé dans cette maxime fondamentale de l'Etat français : Lex fit consensu populi et constitutione regis. "Consentement de la nation et décret du prince", voilà l'antique formule du pouvoir législatif en France, depuis l'établissement de la monarchie." (Mgr FREPPEL, La Révolution française, Autour du centenaire de 1789, Paris: A. Roger et F. Chernoviz, 1889, p. 33.)

 

"L'enseignement était obligatoire et gratuit. [...] Au cours de son livre L'École sous la Révolution, V. Pierre constate qu'il y avait en 1789 des écoles dans chaque paroisse 'et presque dans chaque hameau'." (Frantz-FUNCK-BRENTANO, La Société sous l'Ancien Régime, Flammarion, Lagny 1934, pp. 50-51.)

La liberté et l'égalité sont des principes monarchiques français qui ont été dévoyés par l'oligarchie républicaine.  

 

"Dans le régime démocratique, [...] (e)n théorie, le nouveau citoyen se voit reconnaître un pouvoir de contribuer à la formation des décisions. [...] Mais en réalité, il a moins de prise sur la décision qu'il n'en a jamais eu (Voir Patrice Gueniffey, Le Nombre et la raison, La Révolution française et les élections, éd. de l'EHESS, Paris 1993, p. 208-213). En effet, la participation démocratique [...], constitue une double fiction dont l'effet est de transférer le pouvoir théoriquement possédé par les individus à une oligarchie composée de professionnels de la politique. Cette oligarchie trie les problèmes et définit les termes dans lesquels ils peuvent être résolus, médiation indispensable pour transmuer la poussière des volontés individuelles en 'volonté collective'." (Patrice Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaireFayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 206-210.)

 

"L'État de nos jours est plus directif que sous l'Ancien Régime. [...] La plus libérale des démocraties actuelles est bien plus absolue que la monarchie dite 'absolue'... En effet, l’autorité étatique y est beaucoup plus à même d’imposer sa volonté." (Jean-Louis Harouel, L’esprit des institutions d’Ancien Régime, Le miracle capétien, Perrin, 1987).

 

"Les théoriciens chrétiens proposaient depuis longtemps des théories sur la nature de l'égalité et sur les droits de l'individu. Le travail ultérieur de théoriciens politiques 'laïques' tels que John Locke a été explicitement fondé sur des axiomes égalitaires posés par les penseurs religieux." (Jeremy Waldron, God, Locke, and Equality, Cambridge University Press, 2002, cité in Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 11). 

 

"Beaucoup expriment également de l'admiration pour les œuvres de John Locke au XVIIe siècle comme étant une source majeure de la théorie démocratique moderne, apparemment sans se rendre compte le moins du monde que Locke fonda explicitement toute sa thèse sur les doctrines chrétiennes concernant l'égalité morale." (Jeremy Waldron, ibid.cité in Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, ibid., p. 119.)

 

Ainsi, ‘’le christianisme n'est pas seulement une foi, c'est une foi qui a baptisé une civilisation : celle de la dignité des hommes, de la liberté, de la responsabilité, de l'égalité. Détruisez le christianisme et vous aurez détruit cette civilisation. Reléguez la foi chrétienne au rôle d'un récit et vous aurez perdu notre fondement. Et notre identité aussi : car si les autres vous frappent parce que vous êtes juif et chrétien et que vous ne donnez aucun poids à cet être, alors les autres sont quelqu'un et vous n'êtes personne, n'ayant rien à défendre. C'est la leçon, très personnelle, que j'ai tirée de la tragédie du 11 septembre et que j'ai renforcée lors de mes rencontres avec Ratzinger. Il avait de la lucidité et du courage,’’ a pu ainsi expliqué le sénateur libéral italien, philosophe et universitaire, Marcello Pera, qui a rencontré à plusieurs reprises Benoît XVI après avoir lu le livre de Joseph Ratzinger, "Foi, Vérité, Tolérance".

 

Rappelons les progrès scientifiques et moraux dus au christianisme. Le christianisme est directement responsable des percées intellectuelles, politiques, scientifiques et économiques les plus significatives du dernier millénaire; la théologie chrétienne en est la source même. "Les autres grandes religions ont mis l'accent sur le mystère, l'obéissance, l'introspection ou la répétition. Seul le christianisme s'est ouvert à la logique et à la pensée déductive comme moyens d'accès aux lumières, à la liberté et au progrès. Au Ve siècle déjà, saint Augustin célébrait le progrès théologique et "l'invention exubérante". Les valeurs qui nous sont les plus chères aujourd'hui - le progrès scientifique, le règne de la démocratie, la liberté des échanges et de la circulation des hommes et des idées - doivent largement leur universalité au christianisme vu comme une tradition grandiose dont nous sommes tous les héritiers", écrit Rodney STARK dans son ouvrage "Le triomphe de la raison : pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, traduction de Gérard Hocmard, Paris, Presses de la Renaissance, 2007.) 

 

"Non seulement la science et la religion étaient compatibles, mais elles étaient inséparables : l'essor de la science a été le fait de penseurs chrétiens profondément religieux. (Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison, Pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme, Éditions Presses de la Renaissance, Paris 2007, p. 30.) 

 

Ceux qui participèrent aux grands progrès des XVI et XVIIe siècles, Newton, Kepler, et Galilée ont perçu leurs travaux comme étant 'au service' de la théologie. Ils considéraient la Création elle-même comme un livre qu'il fallait lire et comprendre. (David Lyle Jeffrey, By Things Seen : Reference and Recognition in Medieval Tought, Ottawa Université of Ottawa Press, 1979, 14). René Descartes justifiait sa recherche des 'lois' naturelles par le fait que de telles lois doivent nécessairement exister puisque Dieu est parfait et qu''il agit de manière aussi constante et immuable que possible', à la rare exception des miracles. (Œuvres, Livre VIII, ch. 61.)

 

Au VIIe siècle, les sacrifices humains en Europe étaient encore pratiqués dans certaines régions païennes comme la Frise où les enfants étaient "noyés dans la mer par la marée montante afin d'apaiser la colère des dieux" (Geneviève BÜHRER-THIERRY, Charles MERIAUX, La France avant la France 471-888, Histoire de France, Sous la direction de Joël Cornette, Folio Histoire, 2019, p. 276); en Suède où les habitants de l'île de Gotland sacrifiaient leurs enfants, en Norvège où on jetait les enfants sur des lances, en Islande où des êtres humains étaient jetés dans des fosses sacrificielles (blotgrafar, des puits à offrandes); en Suède encore à Uppsala où tous les neuf ans, des hommes étaient sacrifiés pendus dans un bois près du temple, ou noyés dans une source (Stéphane COVIAUX, La fin du Monde Viking, Passés Composés, Paris 2019, p. 158); au Danemark au Xe siècle, où l'archéologie témoigne de l'existence de sites dédiés aux sacrifices rituels, y compris humains, à Tisso, près de la grande halle, ou à Trelleborg. 

Ces sacrifices humains réalisés dans l'espoir de se concilier les dieux Odin, Thor et Freya, parce que leur sang avait davantage de prix, avaient disparu au XIIIe siècle dans la "Chrétienté", et au XVIe siècle dans le monde, en Amérique latine. "Ils ne cesseront définitivement qu'une fois le christianisme bien implanté." (Jean RENAUD, Les vikings, vérités et légendes, Perrin, 2019, p. 294-302.)

 

L'infanticide et l'exposition des enfants. L'anthropologue Laila Williamson note que "l'infanticide a été pratiqué sur tous les continents et par des gens de tous niveaux de complexité culturelle, des chasseurs-cueilleurs aux grandes civilisations, y compris nos propres ancêtres. Plutôt que d'être une exception, il a donc été la règle. (Laila Williamson, Infanticide: an anthropological analysis, in Kohl, Marvin (ed.). Infanticide and the Value of Life, NY: Prometheus Books, 1978, pp. 61–75.)

Une méthode d'infanticide fréquente dans l'Europe et l'Asie anciennes consistait simplement à abandonner le nourrisson , le laissant mourir par exposition (c'est-à-dire par Hypothermie, faim, soif ou attaque animale). [John Eastburn Boswell, "Exposition et oblation: l'abandon des enfants et la famille antique et médiévale". Revue historique américaine, 1984.]

Les Grecs historiques considéraient la pratique du sacrifice des adultes et des enfants comme barbare [26], cependant, l'exposition des nouveau-nés était largement pratiquée dans la Grèce antique , elle était même préconisée par Aristote dans le cas de la déformation congénitale - "Quant à l'exposition des enfants, qu'il y ait une loi interdisant à un enfant déformé de vivre. » [PM Dunn, "Aristotle (384–322 bc): philosopher and scientist of ancient Greece, 2006] En Grèce, la décision d'exposer un enfant appartenait généralement au père, bien qu'à Sparte, la décision ait été prise par un groupe d'anciens.

Cette pratique était également répandue dans la Rome antique. Selon la mythologie, Romulus et Remus , deux fils jumeaux du dieu de la guerre Mars, ont survécu au quasi-infanticide après avoir été jetés dans le Tibre. Selon le mythe, ils ont été élevés par des loups et ont ensuite fondé la ville de Rome.

Philon a été le premier philosophe à se prononcer contre. [The Special Laws. Cambridge: Harvard University Press. III, XX.117, Volume VII, pp. 118, 551, 549.] Une lettre d'un citoyen romain à sa sœur ou à une femme enceinte de son mari [Greg Woolf (2007). Ancient civilizations: the illustrated guide to belief, mythology, and art. Barnes & Noble. p. 386.], datant du 1er av. J.-C., montre la nature décontractée avec laquelle l'infanticide était souvent considéré.

Dans certaines périodes de l'histoire romaine, il était traditionnel qu'un nouveau-né soit amené au pater familias , le patriarche de la famille, qui déciderait alors si l'enfant devait être gardé et élevé, ou laissé mourir par exposition. [John Crossan, The Essential Jesus: Original Sayings and Earliest Images, p. 151, Castle, 1994, 1998] Les Douze Tables de droit romain l'ont obligé à mettre à mort un enfant visiblement déformé. Les pratiques concurrentes d' esclavage et d'infanticide ont contribué au «bruit de fond» des crises de la République.

L'infanticide est devenu une infraction capitale en droit romain en 374 après JC , mais les contrevenants étaient rarement, sinon jamais, poursuivis. [Samuel X. Radbill, 1974, "A history of child abuse and infanticide", in Steinmetz, Suzanne K. and Murray A. Straus (ed.). Violence in the Family. NY: Dodd, Mead & Co, pp. 173–179.]

La première maison d'enfant trouvé en Europe a été établie à Milan en 787 en raison du nombre élevé d'infanticides et de naissances hors mariage. L' hôpital du Saint-Esprit à Rome a été fondé par le pape Innocent III parce que les femmes jetaient leurs enfants dans le Tibre. [Richard Trexler, (1973). "Infanticide in Florence: new sources and first results". History of Childhood Quarterly. 1: 99.]

Contrairement à d'autres régions européennes, au Moyen Âge, la mère allemande avait le droit d'exposer le nouveau-né. [C.W. Westrup (1944). Introduction to Roman Law. London: Oxford University Press. p. 249.]

Au Haut Moyen Âge, l'abandon d'enfants non désirés a finalement éclipsé l'infanticide. Les enfants non désirés étaient laissés à la porte de l'église ou de l'abbaye, et le clergé était supposé prendre soin de leur éducation. Cette pratique a donné naissance aux premiers orphelinats. (Josiah Cox Russell, 1958, Late Ancient and Medieval Population, pp. 13-17.]

Le judaïsme interdisait l'infanticide. Tacite a enregistré que les Juifs "considèrent comme un crime de tuer tout enfant né tard". [Tacitus (1931). The Histories. London: William Heinemann. Volume II, 183.] Josephus , dont les travaux donnent un aperçu important du judaïsme du 1er siècle, a écrit que Dieu "interdit aux femmes de provoquer l'avortement de ce qui est engendré, ou de le détruire par la suite". [Josephus (1976). The Works of Flavius Josephus, "Against Apion". Cambridge: Harvard University Press. pp. II.25, p. 597.]

Dans les tribus païennes germaniques, John Boswell écrit que les enfants indésirables étaient exposés, généralement dans la forêt. "C'était la coutume des païens [teutoniques], que s'ils voulaient tuer un fils ou une fille, ils seraient tués avant d'avoir reçu de la nourriture." [Boswell, John (1988). The Kindness of Strangers. NY: Vintage Books.] Habituellement, les enfants nés hors mariage étaient disposés de cette façon.

Dans son Temps préhistoriques très influent, John Lubbock a décrit des os brûlés indiquant la pratique du sacrifice d'enfants dans la Grande-Bretagne païenne. [John Lubbock (1865). Pre-historic Times, as Illustrated by Ancient Remains, and the Manners and Customs of Modern Savages. London: Williams and Norgate. p. 176.]

Le dernier canto, Marjatan poika (Fils de Marjatta) de l'épopée nationale finlandaise Kalevala décrit un infanticide supposé. Väinämöinen ordonne que l'enfant bâtard de Marjatta se noie dans le marais.

Le Íslendingabók , une source principale pour la première histoire de l'Islande , raconte que lors de la conversion de l'Islande au christianisme en 1000, il a été prévu - afin de rendre la transition plus agréable pour les païens - que "les anciennes lois autorisant l'exposition des nouveau-nés resterait en vigueur". Cependant, cette disposition - comme d'autres concessions faites à l'époque aux païens - fut abolie quelques années plus tard.

Ce sont les principes chrétiens sur lesquels la civilisation occidentale a été fondée qui ont d'abord interdit, puis empêché pendant si longtemps et pendant tant de siècles le meurtre d'enfants. 

 

"Le christianisme a libéré les femmes." (Jacques Le Goff).

 

"Le christianisme est la religion qui valorise le plus le féminin, car la femme [...] y est l'égale de l'homme pour le salut. Il n'y a plus 'ni homme, ni femme', écrit Saint Paul (Ga 3,28).

 

"Par rapport au passé, le christianisme offre [...] une nouvelle dignité à la femme par un mariage qui met fin à la polygamie orientale et lui accorde le droit à l'amour. La femme n'est plus un objet de plaisir." (Alain PASCAL, La Guerre des Gnoses, Les ésotérismes contre la tradition chrétienne, tome 2, Islam et Kabbale contre l’Occident chrétien, éd. Cimes, 2e éd. revue et augmentée, Paris 2015, p. 213.)

 

De même, le consentement dans le mariage est une révolution introduite avec l'institution du mariage chrétien qui revenait sur la pratique du mariage forcé hérité du droit romain où la femme romaine est une mineure, sous la coupe du pater familias, père de famille, puis du mari. Voici quelques lignes de Jacques Le Goff sur ce sujet :

 

À l'instar des nombreuses saintes qui furent persécuter et martyres pour avoir exercé leur liberté de consentement, comme sainte Thècle au Ier siècle, sainte Agathe au IIIe siècle, ou encore sainte Agnès au début du IVe siècle, "voyez [...] la réflexion qu'a menée l'Église sur [...] le mariage, afin d'aboutir à cette institution typiquement chrétienne formalisée par le IVe siècle concile de Latran en 1215, [...] un acte qui ne peut avoir lieu qu'avec l'accord plein et entier des deux adultes concernés (consentement). [...] Le mariage est impossible sans l'accord [...] de l'épouse : la femme ne peut pas être mariée contre son gré, elle doit avoir dit oui. (Michel SOT, La Genèse du mariage chrétien, L'Histoire n°63, pp. 60-65).

 

"[...] C'est une de mes idées favorites, confortée par le progrès des études historiques : le Moyen-Âge, [...] a été aussi et surtout un moment décisif dans la modernisation de l'Occident." (Jacques LE GOFF, L'histoire n° 245, cité dans La Véritable Histoire des Femmes, De l'Antiquité à nos Jours, Présenté par Yannick RIPA, L'Histoire, Nouveau Monde Éditions, Paris 2019, pp. 67-82.)

 

"À l'ère moderne, les découvertes scientifiques, l'essor du commerce [...] auraient achevé d'installer en Occident un mouvement de liberté et de progrès, à opposer à la stagnation des autres mondes, islamique, chinois, indien." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 15.)

 

Le christianisme a permis le "décollage européen" au "Moyen-Âge", le progrès économique, le progrès scientifique, technologique et matériel, et le progrès moral, dans la mesure où la papauté a travaillé à l'autonomie des pouvoirs temporel et spirituel ("réforme grégorienne" au XIe siècle), ce qui n'existe dans aucune autre ère de civilisation. (CfJean-Louis HAROUEL, Le Vrai génie du christianisme, Laïcité, Liberté, Développement, éditions Jean-Cyrille Godefroy, Clamecy 2012 ; Rodney STARK, Faux témoignages, Pour en finir avec les préjugés anticatholiques, Salvator, Paris 2019.)

 

"L'une des incantations républicaines consiste à faire croire que la République a apporté l'égalité entre les citoyens. ... [J]e ne suis pas certain que les inégalités aient été plus criantes sous Louis XVI que sous notre république. Précisément parce que l'institution de la noblesse, cet ordre prestigieux auquel toute famille désireuse de se hisser dans la société rêvait d'accéder, empêchait par là même qu'elles continuent à s'enrichir interminablement (il était interdit à la noblesse de s'enrichir; l'honneur interdisait à la noblesse de sortir du rôle qui lui était dévolu, la noblesse pouvait se perdre par déchéance à la suite d'une condamnation infamante, ou par dérogeance, lorsqu'un noble était convaincu d'avoir exercé un métier roturier ou un trafic quelconque). Un Bill Gates était inimaginable à l'époque, ces fortunes qui dépassent la richesse de nombreuses nations n'existaient pas. [...] Rien de plus politique que d'arrêter, par un moyen aussi puissant que volontaire, par le motif de l'honneur, l'accroissement immodéré des richesses dans les mêmes mains. Ainsi l'institution de la noblesse empêchait-elle la constitution de fortunes insensées, aberrantes, outrancières, et ce n'est pas le moindre paradoxe que de voir dans l'ancienne monarchie un monde mieux armé pour prévenir ces aberrations. [...] Malgré l'évidence..., on continue de nous représenter la société sous l'Ancien Régime comme monde inégalitaire. Il l'était, sans aucun doute. Comme toute société. Il n'existe pas de société égalitaire. La société communiste, qui s'est imposée au prix d'une terreur jamais vue dans l'histoire, n'a pas réussi le pari de l'égalité, au contraire: elle a connu un éventail des revenus plus large que nos sociétés d'Europe occidentale. Il est d'ailleurs amusant de constater que la gauche, et plus généralement la république, aggrave, toujours les inégalités plutôt qu'elles ne les réduit. Par exemple, sous le septennat de Valery Giscard d'Estaing, l'éventail des revenus était moins large que sous son successeur François Mittérand. ... Aujourd'hui, ... [l]a moitié du patrimoine national (50%) est détenue par 10% des ménages. Et 40% des Français n'ont aucun patrimoine. 40% des Français sans patrimoine: ce chiffre était le même en 1800, au lendemain de la Révolution." (Yves-Marie ADELINE, Le Royalisme en question (1792-2002), Perspectives pour le XXIe siècle, Préface de Vladimir Volkoff, Postface de Jean Raspail, L'Âge d'Homme - Editions de Paris, Libres Mobiles, 2e édition corrigée, Paris 2002, p. 96-97). 

Au Ve siècle, avec nos premiers rois de France, la tradition royale était, sur les conseils de saint Rémi, qui baptisa Clovis, de soulager les habitants du pays, de réconforter les affligés, de veiller sur les veuves, de nourrir les orphelins (M.C. ISAÏA, Rémi de Reims, Mémoire d'un saint, histoire d'une église, Cerf, Paris 2010, p. 777), et pour ceux que la Providence avait particulièrement dotés de donner le plus largement possible aux pauvres. À l'instar de l'amour du prochain, la charité publique, commandée par la foi, et librement consentie, n'était pas (encore...) imposée par l'État. "Protège les Pauvres, ils te protégeront", tel était l'enseignement de Philippe Auguste à Saint-Louis.

 

La charité publique. C'est surtout sous la direction des évêques, protecteurs des faibles et des malheureux, que se développa le mouvement charitable; ils créèrent les Hôtels-Dieu que l'on retrouve à l'ombre de toutes les cathédrales. Dans la plupart des pays d'Europe, les maladreries étaient sous la juridiction directe des évêques. La dîme servait à alimenter la charité paroissiale, pendant plus de 1200 ans, le budget de l'Église fut en même temps celui de l'assistance et de la charité publiques. (Jean GUIRAUD, Histoire partiale histoire vraie, tome III, L'Ancien Régime, 5° édition, Gabriel Beauchesne & Cie Editeurs, Paris 1914, p. 210.)  

 

"Les principes consolants et la morale bienfaisante du christianisme, ses doctrines démocratiques et libérales, devaient concilier aux prêtres qui les enseignaient le respect et l’amour des peuples ; l’organisation de l’Église, sa hiérarchie, sa discipline, la tenue de ses conciles généraux et particuliers, la richesse de ses revenus et de ses aumônes, lui assuraient un ascendant considérable dans la société." Ainsi s’exprime l’historien Benjamin GUÉRARD, dans sa préface du Cartulaire de l’église Notre-Dame de Paris, publié en 1850. Guérard était loin d’être un "clérical" ; mais ses recherches et sa science approfondie du Moyen Age, étudié par lui aux sources, l’ont amené à tracer du rôle de l’Église dans la civilisation française et dans la conquête des droits et des libertés des citoyens un tableau d’une grande largeur de vues d’un grand intérêt. Le clergé n’eut une si grande influence sur les masses comme sur les individus que parce qu’il se montra d’abord et resta populaire dans la meilleure et la plus sympathique acception de ce mot, tant profané depuis, écrit Charles BARTHÉLEMY dans Erreurs et mensonges historiques ; c’est dans l’Église et par les actes du clergé, non moins que par sa voix, que furent promulgués et mis en pratique les grands principes de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

 

Croix et Calvaire du Cher

L’asile, d’après la loi de l’empereur Théodose le Jeune (23 mars 431), comprenait non seulement l’intérieur du temple, mais encore toute l’enceinte du lieu sacré, dans laquelle étaient situés les maisons, les galeries, les bains, les jardins et les cours qui en dépendaient.

 

Le droit d’asile dans les églises fut confirmé par les rois des Francs et par les conciles.

 

Ceux qui se réfugiaient dans les asiles étaient placés sous la protection de l’évêque, devenu pour ainsi dire responsable des violences qui leur seraient faites. Les voleurs, les adultères, les homicides même n’en pouvaient être extraits, et ne devaient être remis aux personnes qui les poursuivaient qu’après que celles-ci avaient juré sur l’Évangile qu’elles ne leur feraient subir ni la mort, ni aucune mutilation. L’esclave réfugié n’était rendu à son maître qu’autant que celui-ci faisait serment de lui pardonner.

 

Les revenus ecclésiastiques étaient divisés en quatre parts. La première seule appartenait à l’évêque, la seconde était pour son clergé, la troisième pour les pauvres de l’Église, et la quatrième pour l’entretien des édifices consacrés au culte.

 

"Partout la part du pauvre était réservée dans les revenus ecclésiastiques, et lorsqu’elle ne suffisait pas, elle devait être accrue des autres fonds dont le clergé avait la disposition. Nourrir tous les indigents et secourir tous les malheureux, telle était la mission de l’Église, qui, pour la remplir, dut quelquefois se dépouiller de ses biens et mettre en gage jusqu’aux objets les plus précieux du culte", explique Guérard. Une des plus belles œuvres, à cette époque ; une des plus méritoires et qui atteste le mieux de sa charité, c’est celle du rachat des captifs. Les sommes que le clergé y consacrait, d’après l’injonction expresse des conciles, étaient souvent très considérables ; il lui était même permis, pour satisfaire à cette obligation, de mettre en gage jusqu’aux vases sacrés des églises.

Aussi, dans ces siècles de fer, où les populations étaient emmenées captives comme des troupeaux à la suite des armées et partagées comme un butin entre les soldats, on voit les évêques épuiser leurs trésors pour les délivrer des liens de l’esclavage.

Saint Épiphane, évêque de Pavie, délivre, en 494, dans les Gaules, par ses instances auprès du roi Gondebaud ou à prix d’argent, plus de six mille Italiens que les Bourguignons retenaient en captivité.

Le prêtre saint Eptade, originaire d’Autun, rachète plusieurs milliers d’Italiens et de Gaulois emmenés pareillement en esclavage par les Bourguignons, et ensuite une foule de captifs que les Francs de l’armée de Clovis avaient faits dans leur guerre contre les Visigoths.

En 510, saint Césaire, évêque d’Arles, distribue des vêtements et des vivres à une immense multitude de prisonniers francs et gaulois tombés au pouvoir des Goths, et les rachète ensuite avec le trésor de son église, que son prédécesseur Éonius avait amassé. Puis, ayant reçu de Théodoric, roi des Ostrogoths, trois cents sous d’or avec un plat d’argent du poids d’environ soixante livres, il vend le plat, achète la liberté des captifs dispersés dans l’Italie, et leur procure des chevaux ou des chars pour les ramener dans leurs foyers.

Dans le siècle suivant, saint Éloi rachetait les prisonniers saxons et les affranchissait devant le roi.

 

La fin de l'esclavage. Lors de la chute de Rome (476), l'esclavage était répandu partout en Europe; à la "Renaissance", il avait disparu partout en Europe. Le règne du Christ, le premier, a permis l'abolition de l'esclavage, bien avant que les États modernes ne portent de nouvelles législations d'abolition.

 

Benjamin Guérard nous révèle encore que "[...] l’Église, [...] en prenant à sa charge et pour ainsi dire chez elle les veuves, les orphelins et généralement tous les malheureux, ne pouvait manquer de les avoir dans sa dépendance ; mais ce qui devait surtout lui gagner le cœur de ses nombreux sujets, c’est qu’au lieu d’être humiliée ou embarrassée de leur cortège, elle s’en faisait honneur et proclamait que les pauvres étaient ses trésors. D'où l'expression médiévale "Nos Seigneurs les pauvres".

 

"Elle (l’Église) couvrait aussi de sa protection les affranchis, et frappait d’excommunication le seigneur et le magistrat qui opprimaient l’homme faible ou sans défense. Lorsque des veuves ou des orphelins étaient appelés en justice, l’évêque ou son délégué les assistait à la cour du comte et empêchait qu’on ne leur fît aucun tort. L’archidiacre ou le prévôt des églises devait visiter tous les dimanches les prisonniers et subvenir à leurs besoins avec le trésor de la maison épiscopale. Aux trois grandes fêtes de l’année, savoir : à Noël, à Pâques et à la Pentecôte, les évêques faisaient ouvrir les prisons aux malheureux qu’elles renfermaient.

 

"Ne perdons pas de vue que les institutions qui, dans les temps modernes, et principalement de nos jours, ont agité les peuples, les touchaient alors fort médiocrement et leur étaient non seulement indifférentes, mais encore incommodes, onéreuses, antipathiques. On préférait de beaucoup l’assemblée des fidèles à celle des scabins (échevins, magistrats) ou des hommes d’armes ; on fuyait les plaids et les champs de mars ou de mai pour accourir aux temples ; on était bien plus puni d’être privé dans l’église de son rang, de la participation aux offrandes, aux eulogies, à la communion, que du droit de porter les armes et de juger ; en un mot, on tenait bien plus à l’exercice de ses droits religieux qu’à celui de ses droits politiques, parce que l’État religieux était bien supérieur à l’état politique, et que, hors de l’Église, tous les devoirs et tous les droits de l’homme étaient à peu près méconnus", écrit l’historien Guérard.

 

Reprenant en 1877 ces propos de Guérard, Charles Barthélemy estime : "[...] où M. Guérard nous semble avoir le mieux compris et proclamé le grand rôle de l’Église dans la revendication des droits de l’homme, c’est dans cette page que lui a été dictée le spectacle des utopies dangereuses de 1848 :

 

"Ce qu’aucun gouvernement ne ferait aujourd’hui qu’en courant le risque de bouleverser la société, l’Église le faisait tous les jours dans le Moyen Age, sans la compromettre, et même en la rendant plus tranquille et plus stable. Quelle monarchie, quelle république pourrait, par exemple, proclamer impunément ce dangereux droit au travail qui paraît menacer notre civilisation ? Eh bien, l’Église osait plus encore. Des deux grandes classes dans lesquelles la population fut de tout temps divisée, savoir, les riches et les pauvres, l’Église ne craignait pas de se charger de la dernière. Elle mettait dans son lot tous ceux qui n’avaient rien, et s’inquiétant peu pour elle de leur nombre ni de leur exigence, elle leur disait que ses biens étaient à eux ; elle les installait chez elle ; elle s’obligeait à les nourrir et réglait leur part, sans craindre qu’ils n’en fussent bientôt plus contents et qu’ils ne voulussent à la fin tout avoir. Effectivement, malgré le danger de tels principes, le clergé sut rester riche au milieu de ces misérables et faire respecter par eux ses richesses et son autorité... Ce qui favorisait le plus le respect de l’Église, ce qui constituait véritablement sa force, c’était la foi de ses peuples ; et cet article de sa constitution : Beati qui lugent [Heureux ceux qui pleurent], ne les consolait pas moins que sa charité."

 

De son côté, l’historien et géographe Théophile-Sébastien LAVALLÉE (1804-1867) écrit dans son Histoire des Français : "La monarchie de l’Église fut le commencement de la liberté ; elle n’avait rien d’étroit et de personnel ; elle fut le plus beau triomphe de l’intelligence sur la matière, et eut la plus grande influence sur la révolution plébéienne qui enfanta les communes et les républiques du Moyen Age."

 

Puis (Barthélemy ) de citer un autre souverain, le roi saint Louis prodiguant quelques recommandations à son fils appelé à régner : "Cher fils, s’il advient que tu viennes à régner, pourvois que tu sois juste ; et si quelque querelle, mue entre riche et pauvre, vient devant toi, soutiens plus le pauvre que le riche, et quand tu entendras la vérité, ce fais-leur droit. Surtout, garde les bonnes villes et les coutumes de ton royaume dans l’état et la franchise où tes devanciers les ont gardées, et tiens-les en faveur et amour. »

 

Charles Barthélemy, regrettant d’avoir dû brossé trop rapidement un tableau des 'droits de l’homme au Moyen Age' (dans Erreurs et mensonges historiques, tome 8) conclut en citant le "publiciste et peu clérical" mais éminent historien, journaliste et homme politique Louis Blanc, député sous la IIIe République, s’exprimant ainsi au sujet des corporations d’ouvriers au Moyen Age : "La fraternité fut l’origine des communautés de marchands et d’artisans. Une passion qui n’est plus aujourd'hui dans les mœurs et dans les choses publiques rapprochait alors les conditions et les hommes : c’est la charité. L’Église était le centre de tout ; et quand la cloche de Notre-Dame sonnait l’Angelus, les métiers cessaient de battre. Le législateur chrétien avait défendu aux taverniers de jamais hausser le prix des gros vins, comme une boisson du menu peuple ; et les marchands n’avaient qu’après tous les autres habitants la permission d’acheter des vivres sur le marché, afin que le pauvre pût avoir sa part à meilleur prix. C’est ainsi que l’esprit de charité avait pénétré au fond de cette société naïve qui voyait saint Louis venir s’asseoir à côté d’Etienne Boileau, quand le prévôt des marchands rendait la justice." (Source: Droits de l’homme au Moyen Age, ou de l’action sociale du clergé. France pittoresque)

Aujourd'hui, selon un article du Figaro du 21/01/2014, "près de la moitié des richesses mondiales est détenue par 1% de la population". En 1789, la liberté & l'égalité ont été proclamées ensemble. "La démocratie fondée sur la conviction que le corps politique est le produit des volontés de chacun, et portant jusqu'à l'incandescence l'idée d'une création de l'homme par lui-même, est vouée à étendre sans cesse les droits des individus. Elle contraint les hommes à vivre dans un monde d'individus inégaux, alors même qu'elle a posé en principe leur égalité. Elle se condamne donc à rendre sans cesse moins tolérable l'écart entre les promesses [...], les espérances qu'elle suscite et les accomplissements qu'elle offre." (Préface de Mona OZOUF dans François Furet, La Révolution française, Quarto Gallimard, Malesherbes 2007, p. XXI.) Dans ce système, dit de "progrès", l'égalité des uns présuppose l'inégalité économique et sociale des autres; la charité publique et l'amour du prochain sont imposés par l'État. Une belle réussite du marché, mais une impasse totale pour les principes de 1789.

 

Le dualisme créé par la papauté depuis le Ve siècle (lettre de 494 de Gélase Ier à l'empereur Anastase) et amélioré par Grégoire VII (réforme grégorienne) ne sera fondamentalement remis en question que treize siècles plus tard, sous les "Lumières" et le "despotisme éclairé" de souverains comme l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche (1740-1780) et l'empereur Joseph II (1741-1790) - "joséphisme" - où les évêques seront désormais nommés sans contrôle du pape, la carte des diocèses et des paroisses modifiée par décret, les séminaristes placés sous tutelle de l'État (Yves BRULEY, Histoire du Catholicisme, Que Sais-je, 4e édition, Paris 2018, p. 85), et par les révolutionnaires français qui imposeront la "constitution civile du clergé" du 12 juillet 1790 sans aucune concertation avec la papauté. "Les religieux deviendront des fonctionnaires de l'État" et "les évêques seront consacrés sans intervention du pape." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté d'Occident, Gallimard, Folio Inédit Histoire 2019, p. 337-338.) La "nation" déclarée souveraine s'arroge le droit d'intervenir seule dans l'organisation du culte. 

 

En 1905, la loi dite de "séparation de l'Église et de l'État", mise en oeuvre par l'obédience maçonnique du "Grand Orient" dit "de France", consacrera non le règne de la laïcité, mais le règne de César en réactualisant le monisme antique de confusion des deux pouvoirs, le temporel (républicain) et le religieux (franc-maçonnique). Et bien vite après César, le règne du marché... 

"Après sa naissance en Angleterre en 1717, la franc-maçonnerie a essaimé très rapidement, dans les trente ou quarante années, dans toute l'Europe; en France, on trouve une première Loge anglo-saxonne 'Amitié et Fraternité' à Dunkerque. La première 'Grande Loge française' est créée en 1738." (Serge ABAD-GALLARDO, conférence L'incompatibilité d'être franc-maçon et catholique, du 18 septembre 2018.) 

Les pouvoirs laïcs ont leur autonomie, de la même manière que le corps a son autonomie par rapport à l'âme; mais c'est quand même l'âme qui doit fournir ses règles de comportement au corps et le contrôler. En ce sens, le règne du Christ ne propose pas une théocratie : ni le pape ni l'Église ne prétend se substituer aux pouvoirs laïcs.

À ce titre, après un siècle de laïcisme où un même personnel politique temporel et spirituel dicte la loi d'une manière opaque, une nouvelle loi de séparation de la franc-maçonnerie et de l'État est urgente, pour consacrer une "saine et légitime laïcité" telle que définie par Pie XII (le terme a été expliqué par Jean-Paul II, dans Mémoire et identité, Le testament politique et spirituel du pape, Flammarion, Mayenne 2005, p. 145-146.)

Et le signe de la Croix, lui-même, pourrait (re)devenir ce symbole du salut qu'il a toujours été partout et à toutes les époques, le symbole même d'une histoire et d'une laïcité sainement comprises !

 

La nouveauté du Concile Vatican II en question :

 

Thomas Tanase, dans son Histoire de la papauté, écrit :

Paradoxalement au XXe siècle, c'est la papauté elle-même qui reviendra sur mille ans de maturité de la réforme grégorienne, avec "un concile très occidental, dont le tempo sera donné par un épiscopat nord-européen, pour ne pas dire carolingien", [...] qui "voit arriver à maturité [...] la nouvelle théologie très critique envers l'incapacité du monde curial romain à se rendre compte des défis posés par l'areligiosité du monde contemporain".

Ce concile "adopte le 21 novembre 1964 la constitution Lumen gentium, qui pose les principes fondamentaux de ce que sera l'enseignement du concile."

Après la Révolution française, face à des institutions qui avaient découronné le Christ, l'Église avait cherché à conserver une légitime autonomie, particulièrement sous les pontificats de Léon XII (1823-1829), Pie VIII (1829-1830), Grégoire XVI (1831-1846) et Pie IX (1846-1878). Mais à  partir du pontificat de Léon XIII (1878-1903), elle a commencé à demander aux catholiques de s'engager dans les institutions modernes et à voter pour peser de tout leur poids dans les institutions afin de faire modifier les lois de laïcisation (encyclique Au milieu des sollicitudes, 1892, doctrine qualifiée à l'époque de "ralliement" à la république.) 

Le concile Vatican II, cherchant à s'ouvrir au monde, consacre l'engagement des laïcs dans la vie politique et les institutions modernes. Mais l'engagement des laïcs doit, aussi, se réaliser dans la vie de l'Église elle-même, "[c]omme tous ses fidèles ont été régénérés par le Saint-Esprit, ils sont tous appelés à un 'sacerdoce commun'

"En d'autres termes, écrit Thomas Tanase, cette constitution [Lumen gentium] cherche à revenir sur la séparation entre clercs et laïcs progressivement montée en puissance depuis la réforme grégorienne, pour affirmer au contraire la participation de tous dans un rapport d'égalité à la vie de l'Église.[LG tend à confondre la fonction sacerdotale du prêtre avec le ''sacerdoce commun'' des laïcs (LG 10) ''participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ'' (LG 31), dans un rapport d'égalité à la vie de l'Église (LG 34). La Constitution Sacrosanctum Concilium 14 déclare également : ''La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, 'race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté'". 

En conséquence, n'importe quel laïc aux idées subversives sur les sujets moraux comme la famille, le mariage, le divorce, la contraception, l'avortement, et d'autres sujets, peut entrer dans une paroisse et la démolir de l'intérieur, à la demande même de l'Église.

"L’égalité de conditions entre clercs et fidèles, ne s’avère-t-elle pas piégée ? demande Marguerite Champeaux-Rousselot qui fait remarquer que dans les évangiles, ''Jésus ne s’est pas présenté comme prêtre, n’a pas cherché à former des prêtres ni des prêtresses ni à nommer prêtres ou prêtresses ses disciples rapprochés. (…) L’Évangile appelle chacun et chacune à être toujours plus fils et fille de leur Père, Dieu. C’est un… titre !' Ce titre fait de chaque baptisé le frère de tous les autres, il permet l’exercice de fonctions différentes sans en sacer-dotaliser (sacraliser) aucune.''] 

 

"[...] La constitution Gaudium et spes, qui définit la place de l'Eglise dans le monde, [...] reprend les principes de Pacem in terris. [...] Tout sur terre doit être ordonné à l'homme comme à son centre et à son sommet.''

"[...] L'encyclique Populorum progressio de 1967 complétera Gaudium et spes, avec ... un idéal ecclésial fait désormais d'engagements, de mobilisations et de participation de tous." (Thomas TANASE, Histoire de la papauté, ibid., p. 422- 431.)

 

L'engagement politique n'est pas la panacée, ni ce qu'on demande en priorité à l'Église.

Et une question demeure. En confondant clercs et laïcs ("la participation des laïcs au sacerdoce commun et au culte" de LG 34) en associant étroitement au temporel tous les croyants à la vie politique (LG 36), en liant désormais plus étroitement le sort des chrétiens à celui des empires, en demandant que les laïcs s'engagent résolument pour un modèle global et universel qui sert de base au nouvel ordre international, bien plus, en revenant sur mille ans de fine distinction des clercs et des laïcs, comment le laïque peut-il désormais respecter un ordre spirituel s'il est lui-même clerc et laïque ?

 

Le désintérêt des croyants dans la pratique religieuse vient sans doute de cette désacralisation de la fonction sacerdotale, ce relâchement dans la distinction des deux sphères temporelle et spirituelle, tant au plan religieux qu'au plan politique.

 

Dans First Things, le 27 octobre 2023 , le cardinal Müller a déclaré que "L'Église n'est pas une démocratie". "Nous sommes confrontés à un programme mondialiste d'un monde sans Dieu, dans lequel une élite au pouvoir se proclame créatrice d'un monde nouveau et souveraine des masses privées de leurs droits. Ce programme et cette élite ne peuvent être contrés par une "église sans Christ", qui abandonne la Parole de Dieu dans l'Écriture et la Tradition comme principe directeur de l'action, de la pensée et de la prière chrétiennes (Dei Verbum).

Bien que le pape ait maintenant accordé le 'droit de vote' à certains laïcs lors du Synode sur la synodalité (2023), ni eux ni les évêques ne sont en mesure de 'voter' sur la foi.

Dans un État qui se consacre uniquement au bien commun temporel de tous ses citoyens et qui est régi par une constitution démocratique, le peuple est appelé à juste titre le souverain. Dans l'Église, qui est fondée par Dieu pour le salut éternel de l'humanité, c'est Dieu lui-même qui est le souverain.

Formulé théologiquement : Le Fils incarné de Dieu, le Bon Berger qui donne sa vie pour le troupeau de Dieu, est le chef de toute l'Église. Il guide et gouverne par l'intermédiaire des bergers et des enseignants qu'il a choisis. Cela ne se fait pas, comme en politique, par des hommes exerçant un pouvoir sur les hommes, mais par la prédication de la Parole et les sacrements que le Christ a confié à ses apôtres et à leurs successeurs pour qu'ils les administrent (2 Co 5.18-20).

Le fait que l'Église ne soit pas et ne puisse pas devenir une démocratie n'est pas le résultat d'une mentalité autocratique persistante. Il est dû au fait que l'Église n'est pas du tout un État ou une organisation créée par l'homme.

L'essence de l'Église ne peut être saisie par les catégories sociologiques de la raison naturelle, mais seulement à la lumière de la foi que l'Esprit Saint opère en nous.

L'Église, en tant que communauté de foi, d'espérance et de charité, doit son existence à la volonté salvatrice de Dieu, qui appelle les hommes et en fait son peuple, au milieu duquel il habite lui-même (Col. 2:9). La souveraineté de Dieu repose sur sa toute-puissance et son amour, qu'il offre sans avoir à craindre ses créatures comme concurrentes (contrairement au mythe païen de Prométhée).''

 

Le plus grand service que l'Église puisse rendre à la civilisation à l'heure actuelle est de garder son héritage intact et de ne pas permettre que son témoignage soit obscurci comme instrument des pouvoirs et de la politique laïques.

Christopher Dawson, Au-delà de la politique, 1939

Solennité du Christ Roi de l'univers
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24 octobre 2023 2 24 /10 /octobre /2023 00:00
Saint Florentin, moine (VIIe siècle)

Au VIIe siècle, Saint Florentin, fils d'un Roi d'Écosse qui avait traversé les mers on ne sait comment, gardait humblement les porcs tout en multipliant miracles et guérisons à Bonnet (Lorraine).[1]

Selon sa légende, il aurait traversé la mer sur une croix. [2]

Dès le Moyen-Âge, ce village était devenu un lieu de pèlerinage très fréquenté et recommandé en cas de troubles mentaux: passer sous le gisant de Saint Florentin qui se trouve à l'intérieur de l'Église était et reste encore, parait-il très efficace!

L'ancien village a été abandonné par ses habitants qui l'ont rebâti là où il est actuellement, autour de la sépulture du saint.

Il avait souhaité être enterré sur la colline qui dominait son village.

Vingt-et-une des peintures murales de l'Église racontent cette vie légendaire.

Sources : 1, 2

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2 septembre 2023 6 02 /09 /septembre /2023 14:20

En ce 2 septembre où nous commémorons les Bienheureux Martyrs de Septembre 1792 (1300 morts), voici un autre article au sujet de la Révolution non spontanée de 1789 et le complot anglo-genevois :

Il y a deux histoires: l'histoire officielle, menteuse, puis l'histoire secrète, où sont les véritables causes des évènements.

Honoré de BALZAC, in Pierre DOUAT, Tout ce que vous auriez voulu savoir sur la France et qu'on vous a caché toujours caché, éd. Marsan, 2015, p. 9

Lorsque tout tremble devant le tyran, l'historien paraît, chargé de la vengeance des peuples.

Chateaubriand, in Pierre DOUAT, Tout ce que vous auriez voulu savoir sur la France et qu'on vous a caché toujours caché, éd. Marsan, 2015, p. 5

Dans‘’Histoire secrète de la Révolution française’’ (Amazon, Brétigny-sur-Orge 2022), Pierre DOUAT écrit que ‘’La Fayette et Bailly s’accordaient pour reconnaître que le parti de la violence (sous la Révolution) semblait dirigé par une main cachée que le temps jusqu’ici n’a pu faire connaître.’’

 

Robespierre a découvert l’origine de ce ‘’parti de la violence’’, qu'il qualifia de "système de terreur" de "listes odieuses", qu'il dénonça à l’assemblée, sans en donner les noms, imprudence qui le fit condamner la nuit même, arrêter et décapiter le lendemain.

 

Dans un contexte où ‘’l’essentiel de la puissance économique d’un pays tenait à son commerce avec ses colonies’’, Pierre Douat fait remonter l'origine des évènements à la guerre à la France que nous livrait l’Angleterre depuis le règne de Louis XIV où ‘’l’Angleterre entreprit de financer des conflits continentaux pour occuper la France, de manière à l’empêcher de concentrer ses efforts sur ses colonies.''

 

"Plus tard, sous Louis XV, c’est cette stratégie de diversion qui nous fit perdre l’Inde et le Canada. […] Malheureusement pour les Anglais, la perte des Etats-Unis les rabaissa en dessous de la France qui inondait l’Europe du produit de ses îles sucrières.‘’

 

À cette guerre économique, l’auteur évoque la ‘’vengeance des Genevois’’, ou ‘’complot anglo-genevois’’ qui, selon lui, fut à l’origine du ‘parti de la violence’’ dans la Révolution ‘’française’’ afin de discréditer le gouvernement révolutionnaire.

Le complot anglo-genevois contre la France (1789-1792)

L'auteur fait remonter la constitution de ce parti à 1782 après que Louis XVI ait réprimé "une révolution protestante déclenchée à Genève", et proscrit les agitateurs qui l’avaient déclenchée. Ces derniers s’adressèrent alors au gouvernement anglais, lui demandant de les aider à se ‘venger’ de la France. (HAVARD L II, p. 35, KARMIN, p. 117 ; POUGET 1-5 ; MALLET DU PAN,T. II, 69, BAILLY 33-34, SEGUR T. II, 199-201 in Histoire secrète de la Révolution française, p. 11, 103.)

 

[D'après Albin Thourel et JP Saint-Ours, Histoire de Genève, p.330-31, les réfugiés à Londres avaient nom Dentand, Flournois, VIEUSSEUX, CLAVIERE (beau-père du précédent), DUROVERAY, GRENUS, D. CHAUVET, J. JANOT, G. RINGLER, JJ BRUSSE-LAMOTHE, JA THUILLIER, Esaïe GASC, JL SCHRAIDEL. D'après Friedrich Bulau (in Personnages énigmatiques 1861, p. 335) on comptait DUMONT, Chauvet, MARAT (déjà initié à la Loge KING'S HEAD SERVARD de l'Orient de Londres, le 15 juillet 1774) et MELLY (parent de Du Roveray).]

 

''Le Premier ministre britannique, Lord SHELBURNE marquis de Lansdowne (1782-1783), accepta leur proposition et leur offrit une subvention de 50000 £. Lord Grenville, futur Premier ministre britannique (1806-1807), s’associa à eux. Trois d’entre eux, Clavière [banquier protestant calviniste né en 1735, homme d'affaires, et spéculateur, défenseur de Rousseau et de la 'liberté d'expression', mort par suicide le 8 décembre 1793], Jacques-Antoine Du Roveray (1747-1814) et Francis d’Ivernois (1757-1842) reçurent un accueil chaleureux en Angleterre où le Premier ministre William Pitt (1783-1801) pour des raisons autres (l'expédition en Amérique) partageait leur haine de la France.]

Ils adoptèrent la nationalité irlandaise et prêtèrent serment de fidélité au roi d’Angleterre. 

 

Ces Genevois qui étaient pensionnés par le gouvernement anglais depuis 1782, représentèrent la part d'influence britannique sur Mirabeau qui comptait beaucoup sur le soutien de l'Angleterre pour l'accomplissement des réformesDu Roveray, fut donc en même temps et par la suite un agent d'influence officieux du gouvernement britannique y compris à Paris pendant la Révolution française, sous couvert de servir les intérêts du ministère français. Beaucoup d'historiens ont ignoré (faute de lire les correspondances en anglais) ou dénié pour des raisons d'aveuglement idéologique ce fait incontestable, notamment Edouard Benetruy dans sa belle compilation orientée de documents passionnants, qui sont essentiellement des Mémoires ou des justifications des suisses (Dumont, Romilly, d'Yvernois et autres Suisses pensionnés de l'Angleterre depuis 1782). De nombreuses correspondances ministérielles entre les ministres et ambassadeurs de Pitt établissent ce fait.]

 

Tous trois furent enrôlés dans le cercle Bowood, dirigé par Shelburne, et qui réunissait toute l’intelligentsia britannique. Clavière se mit en contact avec trois espions anglais, Keith, Herries et Duplain. Puis, il se mit en affaires avec la Banque Boyd, principale agence de financement de l’espionnage anglais.

 

‘’Le réseau terroriste du 14 juillet

 

‘’Trois d’entre eux furent envoyés en France pour une ‘mission non officielle’ (Voir Otto KARMIN, Sir Francis d'Ivernois, 1757-1842: sa vie, son oeuvre et son temps, Bader/Mongenet, Genève 1920, p. 122, 156-157. Voir aussi Albert GOODWIN, The Friends of Liberty, Hutchinson, 1979, p. 104-105)

 

‘’D’Ivernois qui était conseiller auprès du gouvernement anglais, resta seul à Londres et fut chargé de la propagande anti-française, pendant que Clavière, Du Roveray et Dumont (un autre genevois du cercle Bowood) s’installèrent à Paris (Elizabeth SPARROWSecret Services : British agents in France 1792-1815, The Boydell Press, Woodbridge 1999, p. 33). Pour plus de discrétion, ils s’assurèrent le services de repris de justice tels Brissot, Mirabeau ou Pellenc, qui ne pouvaient rien leur refuser.

 

Agissant toujours par personnes interposées, leurs discours subversifs étaient publiés sous les noms d’emprunt de Mirabeau et de Brissot (Voir DUMONT, p. 172 ; WHATMORE, p. 1 ; BÉNÉTRUY, p. 477-479.) Clavière connaissait déjà Mirabeau qu’il avait rencontré à Neufchatel, juste après sa révolution ratée. Tout le génie de nos agitateurs genevois fut employé à donner à Mirabeau l’apparence d’un champion de la démocratie.

 

[…] D’Ivernois, Dumont et Du Roveray touchaient du gouvernement anglais une pension de 300£. Quant à Clavière, il pratiquait la spéculation baissière qui lui permettait à la fois de ruiner l’appareil d’État français, et d’en tirer un profit financier. Pour corrompre Mirabeau, Clavière l’entraîna dans ses spéculations, tant et si bien que Mirabeau le surnomma ‘son maître en finances’ [Clavière avait été initié à la stratégie baissière, qui lui permettait de tirer un profit financier des désordres qu’il occasionnait à Paris : la méthode de la ‘vente à découvert’, consistait à vendre une valeur que l’on ne détient pas, mais qu’on se met en mesure de détenir le jour où sa livraison est prévue. Lorsque le cours baissait, ce procédé lui permettait de payer moins cher que le prix qu’il l’avait vendue précédemment. L’astuce pour Clavière consistait à repérer des actions surévaluées, et à financer des pamphlets écrits par des journalistes dans le besoin, tels Mirabeau et Brissot (qu’il fit sortir de prison). Ces pamphlets avaient pour but d’influencer le marché à la baisse : les critiques les plus véhémentes étaient proférées dans le double but d’acheter ces actions à bas prix, et de décrédibiliser le gouvernement. Clavière agissait de façon concertée avec deux autres baissiers, l’anglais Panchaud, et le hollandais Cazenove. Tous trois concentrèrent cette activité sur des compagnies d’état : la Caisse d’escompte, la Compagnie des Eaux, la Banque St Charles et la Compagnie des Indes. Mirabeau fut entraîné lui aussi dans les spéculations de Clavière qu’il appelait son ‘maître en finances’. Devenu spéculateur sur les malheurs publics, Clavière partageait les intérêts de l’Angleterre. Presque tout ce qu’il fera pendant son ministère sera dirigé contre les intérêts français (DARNTON TRENDS, p. 54 ; WHATMORE p. 1-26 ; BOUCHARY, p. 43-80, FAY p. 136 ; SOULAVIE V 5 p. 301 ; MIRABEAU V. 4 p. 180 ; MONITEUR T 18 p. 144)]

 

‘’Tout ce petit monde se réunissait dans la propriété de Clavière à Suresnes. […] L’alliance de ces intrigants avec le formidable tribun qu’était Mirabeau, fut redoutable. Rien ne leur résista.

 

‘’La réforme de Calonne (d’égalité devant l’impôt. Ndlr.), seule capable d’éviter au roi les frais d’une révolution, fut mise en échec par Clavière : il chargea Mirabeau de publier un pamphlet accusant Calonne de favoriser l’agiotage et d’en tirer un profit personnel, ce qui ruina totalement sa crédibilité et fit échouer son projet.

‘’Un autre ministre, Loménie de Brienne prit aussitôt la relève et reprit l’essentiel de la réforme à son compte. Mais, Clavière ne lâchant rien, chargea Brissot de publier un autre pamphlet mensonger, dans lequel il disait qu’il n’y avait pas de déficit, que le gouvernement mentait pour imposer sa nouvelle réforme fiscale, et que la convocation des États généraux prouverait tout cela. Du coup, pour ne pas avoir à payer le nouvel impôt, la noblesse elle-même exigea la convocation des États généraux. Le premier pamphlet s’appelait ‘Dénonciation sur l’agiotage’. Il était signé Mirabeau mais inspiré par Clavière, et accusait le gouvernement ne la personne de Calonne, de favoriser les spéculations frauduleuses. Il eut pour effet de discréditer ce dernier et de faire échouer sa réforme sur la Subvention territoriale [Brissot, Mémoires T 2 p. 29 ; DUMONT p. 31, 147, 297-298 ; FAY, p. 81-83 ; COLLING 104, MIRABEAU V 4 p. 279, 8, 36, 50, 57, 59 ; SOULAVIE V 5 p. 302 ; Vie publique 31 ; Peltier DOMINE p. 39.] Le second pamphlet s’appelait ‘Point de banqueroute ou Lettre d’un Créancier de l’État sur l’impossibilité de la banqueroute nationale’. Il était signé Brissot, mais inspiré par Clavière. Il expliquait qu’il n’y avait pas de déficit, que le gouvernement mentait pour imposer ses réformes fiscales, que la convocation des États généraux prouverait tout cela, et que les réformes fiscales devaient être refusées, ce qui arriva (Brissot, Point de Banqueroute, p. 32-34).] Cette action décisive fit incontestablement de Clavière le véritable déclencheur de la Révolution. Brissot ayant fait échouer la réforme, fut mis sous le coup d’une lettre de cachet, et dut fuir à Londres pour éviter d’être embastillé. Quant à Clavière, qui avait tout manigancé, il resta indemne de toute accusation. Clavière tenait Brissot qui lui devait tout depuis que celui-ci l’avait fait sortir de prison en réglant toutes ses dettes. [BÉNÉTRUY p. 134]

 

Peur et panique instrumentalisées. La stratégie du choc du peuple déjà à l'oeuvre !

 

‘’[Le 12 juillet 1789] Afin de créer la panique, on fit croire à tous que le nouveau gouvernement allait proclamer la banqueroute. Toute la bourgeoisie créancière de l’État paniquée, fit bloc derrière l’assemblée, prête à tout renverser pour éviter la faillite. [La majeure partie des investisseurs parisiens était créanciers de l’État et vivaient dans la hantise de la banqueroute royale. … D’après Rivarol, ‘les capitalistes par qui la révolution a commencé n’étaient pas difficiles en constitution ; et ils auraient donné les mains à tout, pourvu qu’on les payât… Qu’on essayât une révolution pour les payer ; que tout fut renversé pourvu qu’on les payât. … C’est ce vil intérêt qui a soulevé Paris : car le patriotisme, ce prétexte éternel des parisiens, n’a été la raison que de quelques bourgeois qui n’entendaient pas l’état de la question. Soixante mille capitalistes et la fourmilière des agioteurs l’ont décidée (la Révolution), en se dévoyant à l’Assemblée nationale du jour où elle mit les dettes du gouvernement sous la sauvegarde de l’honneur et de la loyauté française.’ (Rivarol, Mémoires, Baudouin, Paris 1824,p. 186, 235.)

Le 14 juillet 1789, lorsque la fausse nouvelle de la banqueroute royale fut diffusée dans tout Paris, Isaac Panchaud, principal conseiller de Necker et premier décideur à la Caisse d’escompte (ancêtre de la Banque de France) était la seule personne à pouvoir démentir cette rumeur, mais il mourut de façon providentielle le jour même.]

 

‘’Stanislas Maillard, l’agent de Clavière, entraîna les bandes affamées des faubourgs jusqu’à la prison de la Bastille. [L’émeute du 14 juillet fut déclenchée de façon bien concertée : Des attroupements populaires furent créés par une augmentation artificielle du prix du pain : 20000 sacs de farine commandés par Necker pour Paris furent bloqués à Londres par William Pitt (Mirabeau, Courrier p. 28-30 ; BLACK p. 336-338.) Lorsque le prix du pain augmenta, on fit courir le bruit que le roi l’accaparait pour nourrir ses armées qui encerclaient Paris. Camille Desmoulins, secrétaire de Mirabeau, annonça que les armées royales préparaient un massacre, et appela le peuple aux armes. Pour obliger le duc d’Orléans à se compromettre avec les émeutiers, son buste fut promené à la tête de la foule (CHATELET I, p. 182, 183, 191.) Le lendemain, pour créer la panique dans la bourgeoisie, la bourse fut fermée par les agents de change, et les bruits de banqueroute furent répandus. Parmi les émeutiers, on retrouve cinq agents de Clavière : son agent de change Stanislas Maillard eut le rôle principal : il reçut l’acte de reddition de la Bastille et obtint la garde du gouverneur. Les quatre autres furent Legendre, Santerre et son beau-frère Panis, accompagné de son ami Sergent (THIERS p. 265 ; BLANC, Les Hommes, p. 16, 231 ; Site internet de la mairie du XIe arrondissement ; MAYEUR) Maillard laissa décapiter le gouverneur par Jourdan, ‘coupe-têtes’ qui était probablement son complice et qu’il entraîna plus tard à Avignon pour y commettre d’autres atrocités. … L’idée de détruire la Bastille était de Clavière : il l’avait déjà suggérée deux ans plus tôt dans sa ‘Lettre à un créancier de l’État’ pour ‘mettre fin aux arrestations arbitraires’.] … La forteresse (de la Bastille) fut prise, des têtes furent promenées sur des piques. … De toute évidence, ces violences ne furent pas organisées par la bourgeoisie parisienne, puisqu’elle-même en fut tellement effrayée, qu’elle décida enfin à créer cette Garde nationale tant souhaitée par nos agitateurs genevois. Les complices de Clavière l’organisèrent sur le modèle de la milice anglaise. De nombreux banquiers s’y engagèrent avec leur personnel… [Les 60000 électeurs de Paris constituèrent cette milice bourgeoise. Les banquiers Boscary, Perrégaux, Delessert, Prévoteau et Coindre s’y engagèrent avec leur personnel (La Révolution française, Albert Mathiez, 26 juillet 1789).]

 

Pierre DOUAT explique (p. 25) que :

 

‘’Le but final des genevois était de provoquer la fuite du roi à l’étranger pour obtenir sa destitution, exactement comme c’était arrivé en Angleterre à Jacques II, qui en fuyant en France avait perdu tous ses droits à la couronne. […] La régence aurait été confiée au duc d’Orléans, réputé très anglophile, et Mirabeau aurait obtenu un ministère.

‘’À partir de 1789, ce fut Du Roveray qui écrivit les discours de Mirabeau, tant et si bien que ce dernier l’appela ‘son maître en révolution’. Du Roveray avait été pris en flagrant délit et dénoncé publiquement comme ‘pensionné du roi d’Angleterre’, en pleine assemblée nationale, alors qu’il transmettait des notes à Mirabeau à la tribune. [SOULAVIE V 5 p. 301 ; DUMONT p. 57-58.] Pellenc servait d’informateur aux genevois, et Lord Elgin, espion de Pitt, les conseillait [Olivier BLANC, La Corruption sous la Terreur, R. Laffont, Paris 1992, p. 74 ; DE LA MARLE p. 59, 205 ; Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline, Bruxelles 1832, p. 73-74, 96, 102, 106, 172-173 ; Michael DUREY, William Wickham, master spy : The Secret war against the french revolution, Taylor, New Yord 2009, p. 35-36 ; Elizabeth SPARROW, Secret Services : British agents in France 1792-1815, The Boydell Press, Woodbridge 1999, p. 37-51.].

 

‘’Le même stratagème qu’à la Bastille fut utilisé dans les campagnes où l’on souleva les paysans en répandant le bruit que des bandes armées payées par les seigneurs, allaient brûler les récoltes. ["Grande peur"]

‘’Les villageois une fois rassemblés, ne voyant rien venir, assaillirent à leur tour les châteaux pour exiger l’abolition des droits féodaux. … Sous prétexte de contenir ces paysans, la même ‘garde nationale’ fut crée dans les provinces, ce qui était le véritable but de l’opération [Ces rassemblements populaires organisés de façon concertée dans tout le pays sont très bien décrits dans les mémoires de la marquise de la Tour du Pin (p. 194-195.)]

 

‘’À la fin du mois de septembre (1789), un nouveau complot fut organisé. Pour obliger le roi à fuir, il fut décidé de l’attaquer directement dans son château à Versailles. [CHATELET I, p. 19-20, 91, 215-216.]

‘’Malgré l'abondance des grains en Angleterre, la chambre des Communes refusa d'autoriser l'exportation des blés à Paris où régnait déjà la disette.

‘’En France, les blés destinés à la capitale furent accaparés par la banque Turnbull & Forbes. [Emile DARD, Le général Choderlos de Laclos, Perrin, Paris 1905, p. 190; Olivier BLANC, La corruption sous la Terreur, Paris, Robert Laffont, coll. Les hommes et l'histoire, 1992, p. 84.]

‘’ On fit courir le bruit qu'une émeute se préparait... Mirabeau ne cessait de répéter à son ami le comte de La mark que 'le roi et la reine allaient périr et que la populace allait battre leurs cadavres', sachant très bien que ces propos seraient rapportés à la Cour. [Mirabeau, Correspondance, p. 112]

‘’Un associé de Mirabeau nommé Gorsas, publia un pamphlet mensonger accusant les gardes du roi d'avoir piétiné la cocarde tricolore lors d'un banquet. [PELTIER, Domine salvum fac regem, p. 39 ; Mirabeau, Vie publique, p. 31]

‘’Mirabeau prit la parole à l'Assemblée, et accusa la reine d'être personnellement responsable de cette 'orgie sacrilège'. [CHATELET I, p. 242-243, 265, II, p. 11; 11; Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline Bruxelles, 1832, p. 141]

‘’… Clavière et Du Roveray furent aperçus en train de chauffer la foule et de distribuer de l’argent [CHATELET I p. 148 ; HAVARD, p. 48-49]

‘’On paya des émeutiers pour les inciter à aller ‘assassiner la reine et les gardes royaux’. [CHATELET I, p. 133, 166, 174, 224]

‘’Le 5 octobre (1789), Stanislas Maillard, toujours lui, conduisit la foule affamée à Versailles [CHATELET I, p. 60, 99, 113, 114, 133, 134.]

‘’Les portes du château furent forcées, deux gardes royaux furent décapités, et leurs têtes promenées sur des piques. La foule envahissait les appartements royaux, mais le roi ne prenant toujours pas la fuite, La Fayette fut obligé d’intervenir avec sa ‘garde nationale’. La reine fut sauvée de justesse, et pour calmer le peuple, elle fut reconduite à Paris sous bonne garde avec la famille royale. Le duc d’Orléans essaya de se dégager de l’affaire [Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline Bruxelles, 1832, p. 139 ; CHATELET p. 91]. Mais, rendu responsable de tout, il fut aussitôt exilé à Londres. Louis XVI apprit plus tard par l’ambassadeur d’Espagne, que c’était l’ambassade d’Angleterre qui avait financé l’émeute.

"… Le complot anglo-genevois fut publiquement dénoncé dans le pamphlet du journaliste Peltier, ‘Domine salvum fac regem’, puis dans le journal royaliste ‘Les Actes des Apôtres’ : les noms de Mirabeau et de ses complices genevois y étaient cités. [Pour la dénonciation du complot anglo-genevois, voir GOODWIN, p. 105.)]

 

‘’[…] Enfin, Reibaz, autre complice de Clavière, fit introduire l’assignat, monnaie de papier virtuelle, qui assurera la ruine de notre économie.

‘’…Ainsi se clôtura ce qu’on pourrait appeler la première révolution, qui consacrait l’avènement d’une nouvelle noblesse, celle de l’argent.’’ (Pierre DOUAT, Histoire secrète de la Révolution française, Amazon, Brétigny-sur-Orge 2022, p. 33.)

...‘’Mais le plan de William Pitt n’était pas encore totalement accompli. Désireux d’en finir avec Louis XVI, il finança sa fuite à l’étranger pour mieux le compromettre [À la note 49 Pierre Douat précise que : "le projet de provoquer la fuite du roi à l'étranger n'était pas nouveau : on sait qu'une première tentative avait eu lieu lors de la prise de la Bastille.

‘’Clavière et Du Roveray avaient organisé avec Mirabeau une deuxième émeute à destination de Versailles le 31 août 1789, mais qui fut dispersée dans Paris par la Garde nationale. Le meneur était un certain marquis de Saint Hurugue, arrivé récemment de Londres, qui sera réutilisé plus tard par les agents de Pitt (CHATELET I, p. 91; DUMONT, p. 139; DARD p. 185). Une troisième émeute plus sanglante eut lieu le 5 octobre 1789. Le but était d'obliger le roi à fuir et d'offrir la régence au duc d'Orléans. Gorsas, complice de Clavière, publia un pamphlet mensonger accusant les gardes du roi d'avoir piétiné la cocarde tricolore. Mirabeau accusa la reine d'être à l'origine de cette profanation (PELTIER, Domine, p. 39; MIRABEAU, Vie publique, p. 31; CHATELET I, p. 242-243, 265, II, p. 11; DUMONT, p. 141) Pour créer les attroupements, les blés en provenance de Londres furent accaparés (BLANC, La Corruption p. 84; DARR, p. 190, 226; STAEL 126, 134, 136, 142, CHATELET I, p. 15-16, 41, 68, 235, 258). Du Roveray et Clavière furent aperçus distribuant de l'argent aux émeutiers (CHATELET I, p. 148, HAVARD, p. 48-49). Mirabeau fut aperçu en train de soudoyer les troupes royales, puis on le vit côtoyer les émeutiers  (MALOUET; MARICOURT, p. 174,175.) On incita les femmes à aller égorger la reine, et de l'argent fut distribué (CHATELET I, p. 19; MARCOURT p. 145] Les principaux meneurs furent Stanislas Maillard, Nicolas Renier, Buirette Verrières et Fournier l'Américain, tous agents de Clavière (CHATELET I, p. 60, 99, 113, 134, 137, 138, 207; L. BLANC, Histoire V, 6, p. 416; FOURNIER p. 27-35; THIERS p. 265; BOUCHARY, p. 98; CHATELET I p. 13-17, 60; Olivier BLANC, La corruption sous la Terreur, Paris, Robert Laffont, coll. Les hommes et l'histoire, 1992, p. 11-12, 61; DESMOULINS, Histoire p. 9-18; DE LA MARLE p. 649-650.) Ici aussi Louis XVI ne prit pas la fuite, et le duc d'Orléans fut accusé et dut s'exiler à Londres. Le roi apprit de l'ambassadeur d'Espagne que Dorset, ambassadeur britannique, avait financé cette émeute. Louis XVI protesta officiellement, et Dorset reconnut avoir reçu cet argent de négociants anglais et l'avoir distribué à des négociants français. Il prétendit 'ignorer l'emploi qu'on avait pu en faire', et fut remplacé peu après, ce qui est presque un aveu de culpabilité (MARICOURT p. 174-175.)

"La menace ayant échoué, on essaya la persuasion. Mirabeau, l'homme de Clavière, proposa au roi d'organiser sa fuite vers la frontière pour reprendre le pouvoir, mais Louis XVI s'y refusa (DUMONT p. 162-169).

[4e tentative : Le 28 février 1791, Paris se réveille au son des rumeurs. On raconte partout dans la capitale que les royalistes vont organiser une "Saint-Barthélemy" des patriotes. Il y a bien une conspiration mais pas celle que le peuple croit. Ndlr."Une nouvelle tentative fut organisée lors de la conspiration des chevaliers du poignard : Dossonville, espion avéré de l'Angleterre, chercha à emmener le roi avec quelques dizaines de partisans, pendant que Santerre, agent de Clavière, faisait diversion à Vincennes pour distraire La Fayette et sa Garde nationale [Un plan astucieusement mené puisqu’il fit sortir le général de Lafayette et la Garde nationale de sa caserne afin qu’il rejoigne Vincennes. Ndlr.]; mais Louis XVI [qui refusait de faire couler le sang. Ndlr.] refusa à nouveau de partir (Elizabeth SPARROW, Secret, p. 63, 132-134; THIERS p. 265; Olivier BLANC, Les hommes, p. 125). La cinquième tentative fut la bonne"]

 

(5e tentative quatre mois plus tard) : ‘’De Fersen, ambassadeur de Suède, réussit à convaincre la reine de fuir. L’opération avait été financée par Quintin Craufurd, agent secret de Lord Malmesburry, nouvel ambassadeur d’Angleterre. Craufurd n'hésita pas à utiliser sa propre maîtresse Mrs Sullivan pour manipuler de Fersen qui devint son amant. L’opération fut un succès : le roi fut arrêté à Varennes, ramené de force à Paris, et les parisiens ne tardèrent pas à demander sa destitution. [Elizabeth SPARROW, Secret Services : British agents in France 1792-1815, The Boydell Press, Woodbridge 1999, p. 36 ; Jacques DE LAUNAY, Histoire de la Diplomatie secrète 1789-1914, La Rencontre, 1965, p. 115-119 ; Encyclopedia Britannica 11th ed. Vol 7, SI. 6, Q. Crawfurd ; Voir aussi Etienne DUMONT, Souvenirs sur Mirabeau et sur les deux premières assemblées législatives, Meline Bruxelles, 1832, p. 239.]

‘’La fuite à l’étranger était un piège. Ce fut l’évènement qui abattit définitivement la monarchie : le roi fut désormais suspect de ‘trahison’.

 

‘’Pour pousser les partisans de la destitution à une action violente, des provocateurs à la solde de l’étranger déclenchèrent la fusillade du Champ de Mars : les partisans de la destitution furent mitraillés par la garde nationale... Dès lors, le peuple en colère était fin prêt pour ‘renverser son roi’. Pour cette fusillade, Brissot, l’homme de Clavière, rameuta le peuple à l’aide de son journal, et rédigea la pétition qui demandait la destitution du roi [STAËL p. 217].

‘’D’après Staël, l’Angleterre aurait financé les meneurs par l’intermédiaire de Brissot. [Staël p. 217-218 ; RICKER p. 189]

‘’De nombreux étrangers furent aperçus lors du rassemblement, distribuant de l’argent aux émeutiers. L’agent anglais Rotondo fut arrêté pour avoir distribué de l’argent et avoir incité à l’émeute [POUGET p. 106, 134 ; CABET V 2, p. 358, 370 ; CONSEIL p. 388.]

‘’Un agent de Clavière, nommé Fournier l’Américain, se mêla à la foule avec sa bande. Ils décapitèrent et promenèrent les têtes de deux innocents. … Fournier tira à bout portant sur LaFayette [CABET V 2, p. 365, 370-373, 379-381 ; MATHIEZ, Les Grandes p. 115-128.]

‘’Santerre, Sergent, Stanislas Maillard, agents de Clavière, ainsi qu’un espion anglais nommé Duplain, étaient aussi à la fête [THIERS p. 265 ; DOUAT note 507 ; BOUCHARY p. 98 ; Lettre anglaise, Feller, vol. 11, p. 273 ; ROLAND, tome I p. 408, 410 ; TOURZEL, p. 367-369 ; DUMAS p. 360-400 ; FOURNIER p. 48-50,53.]

‘’… La loi martiale avait été votée grâce à Duroveray...

‘’Clavière avait donc des intelligences à la fois dans le camp des émeutiers et dans celui de la répression…

‘’Au Champ de Mars, … les Gardes nationaux qu’on avait pris la peine d’enivrer auparavant, tirèrent sans sommation dans la foule, tuant plusieurs dizaines de manifestants. ... Parmi les douze personnes arrêtées ce jour-là, on remarquera Rotondo, Fournier l’Américain et Buirette Verrières, tous agents de Clavière.

‘’L’Angleterre et la Prusse s’étaient probablement entendus pour renverser le régime.

‘’En fait d’intimider le peuple, le résultat de ce massacre fut au contraire d’exciter la fureur populaire contre les partisans du roi.

‘’La fusillade du Champ de Mars préparait le 10 aôut, elle n’avait pas d’autre but..."

 

‘’Robespierre contre William Pitt

 

Pierre Douat avance que ‘’Robespierre organisa l'émeute (du 10 août) [qui vit le Massacre des Tuileries, l'arrivée au pouvoir de la Commune insurrectionnelle, l'emprisonnement de Louis XVI, l'abolition de la monarchie et la proclamation de la république le 21 septembre 1792]

 

Les "idées révolutionnaires commençaient à gagner l'Irlande et l'Angleterre, menaçant la couronne anglaise. Pitt débordé [...] s'engagea dans une politique de guerre totale avec la France. Voulant dégoûter son peuple'' de la révolution ''française'', il décida d'encourager le terrorisme...

 

"Un plan bien organisé’’

"Stanislas Maillard, l'agent de Clavière, organisa lui-même les massacres de Septembre [1792] où plus de 1200 prisonniers parisiens furent égorgés.

"Contrairement à certaines affirmations, les massacres de septembre ne durent rien à une prétendue fureur populaire, mais découlèrent d'un plan bien organisé, puisqu'une circulaire du comité de surveillance fut signée en haut lieu pour étendre ces massacres à la France entière [Alexandre TUETEY, Répertoire général des sources manuscrites de l'histoire de Paris pendant la Révolution française, Assemblée législative, Paris 1900, T. 5, p. 57.] Sur la copie du document, on trouve parmi les signataires, trois espions anglais : Jourdeuil, Deforgues et Duplain [Olivier BLANC, Les Espions de la Révolution et de l’Empire, Éditions Perrin, Paris, 1995, p. 92; La Corruption p. 64.] Ce furent précisément les deux derniers qui accueillirent au comité Jean-Paul Marat, membre dune loge anglaise qui avait vécu plusieurs années à Londres où il était retourné quelques mois avant les massacres. Il a donc pu être influencé. Un dénommé Sergent, marié à une anglaise, et ami de Panis, lui-même beau-frère de l'agent anglais Santerre. Un troisième signataire nommé Duffort, obéissait aux deux premiers [TUETEY V, p. IX]. Tous ces signataires étaient sous influence anglaise. Un dernier nommé Guermeur de son vrai nom Royou, était probablement aussi un agent subversif puisque son propre frère fut arrêté pour avoir incité à la répression après la fusillade du Champ de Mars. Il rédigeait 'L'Ami du Roi', un journal royaliste d'une extrême violence : les deux frères incitaient donc à la violence dans les deux camps opposés.’’ [Louis MORTIMER-TERNAUX, Histoire de la Terreur 1792-1794, Levy, Paris 1863, V 4, p. 456.]

[Pierre DOUAT, Histoire secrète de la Révolution française, Amazon, Brétigny-sur-Orge 2022, p. 40, et note 56 p. 126.]

 

"Les massacres de septembre découlèrent d'un plan bien orchestré."

 

Le Premier ministre britannique William Pitt décida d'encourager le terrorisme.

 

Tandis que "pour mettre la vie du roi en danger", "Pitt et le roi de Prusse publièrent le 'manifeste de Brunswick', véritable provocation dans laquelle les puissances de la coalition menaçaient Paris d'extermination en cas d''atteinte à la souveraineté royale, les Tuileries furent attaquées le 10 août 1792 et les Gardes suisses massacrés (dans une insurrection bien orchestrée elle aussi. Ndlr.), ses affidés organisèrent les massacres de septembre.

 

"Gorsas, complice de Clavière, se chargea d'échauffer les esprits, annonçant dans son journal que Brunswick allait piller Paris et supplicier ses habitants, hommes, femmes et enfants. ... L'après-midi du 2 septembre, le canon tonna pour donner le signal. Stanislas Maillard alias 'Tape dur', homme de main de Clavière, accompagné de ses 68 comparses, entraîna vers les prisons les éléments les plus violents des faubourgs en leur promettant de l'argent [BOUCHARY 98; MORTIMER, vol. 3 p. 484, 490, 525-530; TWETEY T 5 p. 39; HUE 123.]

[Pierre DOUAT, Tout ce que vous auriez voulu savoir sur la France et qu'on vous a caché toujours caché, éd. Marsan, 2015, p. 16-17, et note 30 p. 279]

 

‘’Une proposition écrite fut envoyée au duc d'Orléans pour lui offrir la couronne qui la refusa.

 

‘’Et le 22 septembre, la république fut proclamée. 

Clavière avait réussi à s'installer au pouvoir avec les Girondins, et occupait le poste de ministre des finances... Il payait Reibaz qui transmettait à Pitt tous les secrets du cabinet, pendant que Du Roveray, en poste à l'ambassade de Londres, trahissait la France en envoyant de faux rapports à son ministre.

 

Pitt cherchait à ruiner notre économie en l'inondant de faux assignats, Clavière ruina leur crédibilité en en émettant pour plus de 7 milliards (au lieu de 2 prévus).

‘’L'assignat perdit 65% de sa valeur sous son ministère. Sous couvert de lutte contre leur contrefaçon, il fit au contraire tout pour la favoriser. Une fabrique de faux assignats fut établie juste à côté de chez lui à Suresnes. Puis Clavière fit fondre toute l'argenterie des hôtels des monnaies qui provenait du pillage des églises, et qui finira déporter à l'étranger. Il organisa de gigantesques détournements de fonds publics qu'il fit passer ... en Angleterre, grâce à deux de ses complices, Claude Baroud, et le baron de Batz.

‘’L'Angleterre convoitait nos colonies sucrières, l'action militante de Clavière et de Brissot incitera nos planteurs à y accueillir les Anglais !

‘’Puis Clavière rétablira la prime d'encouragement au commerce des Noirs, qui fut en grande partie reversée aux Anglais. Il facilitera la prise de nos vaisseaux par les Anglais en envoyant des royalistes assurer la sécurité de nos ports.

 

La trahison de nos généraux fut achetée par l'Angleterre, et notre armée fut vaincue. Robespierre n'eut alors aucun mal à renverser ces Girondins fauteurs de guerre mais incapables d'arrêter l'envahisseur. Il remplaça les transfuges qui dirigeaient notre armée par des ''patriotes'' : à la surprise générale, les troupes anglo-autrichiennes furent à leur tour vaincues...

‘’Pitt finançait les insurrections royalistes de la Vendée, mais il fit toujours en sorte que celles-ci échouent... Son objectif n'était pas de restaurer la monarchie, mais d'aggraver nos troubles intérieurs. Il infiltra nos factions les plus extrêmes pour créer l'anarchie dans le pays.‘’

 

À la chute des Girondins, Clavière fut arrêté parce que soupçonné d'être un agent de l'étranger. Néanmoins, il continue de bénéficier d'une mystérieuse protection et ne figure pas au procès pour trahison intenté contre Brissot et ses complices. Il reste en liberté surveillée, et continue d'assurer ses fonctions. Clavière ne parla jamais et fut retrouvé 'suicidé' à la veillé de son procès. Son épouse subit le même sort. Tous ses documents financiers postérieurs à 1788 disparurent opportunément. Du Roveray lui aussi fut dénoncé comme agent de l'Angleterre, et dut s'enfuir à Londres. Puis, il repartir en Suisse pour reprendre ses activités d'espionnage au service de William Pitt. Ses papiers furent saisis mais disparurent opportunément, ainsi que ceux d'Ivernois. [Olivier BLANC, Les Espions de la Révolution et de l’Empire, Éditions Perrin, Paris, 1995p. 35; KARMIN p. 252, 360.]

Le complot anglais démasqué

 

En juin 1793 (six mois après l'exécution de Louis XVI), le complot anglais fut publiquement découvert : la correspondance d'un espion britannique avait été interceptée prouvant que William Pitt payait des espions pour organiser des violences sur notre territoire.

 

‘’La fameuse Lettre anglaise fut traduite en français et affichée à l'assemblée nationale : de nombreux noms y étaient cités, et chacun put se convaincre de la réalité du complot.

 

‘’Dès lors, une véritable paranoïa s'empara de nos élites, et chacun vit en son adversaire politique un espion de Pitt et de Cobourg.[Lettre anglaise, texte et nouvelle traduction, 4 août 1793, Paris, Boston public library]

 

‘’Une autre lettre saisie dans les papiers de Danton montra que le Foreign Office avait payé des espions pour inciter notre gouvernement à proclamer le régime de la 'Terreur'. La lettre écrite 8 jours après la proclamation de la Terreur demandait au banquier Perrégaux de récompenser trois agents secrets pour les 'services essentiels qu'ils avaient rendu, en soufflant le feu et en portant les jacobins au paroxysme de la fureur.' [Les trois agents étaient désignés par leurs initiales, qui étaient les mêmes que celles de de Merville (de M), Michel Chemin Deforgue (M. C. D.), deux agents de Pitt proches de Barère et de Danton. Le troisième, désigné par (WT) pouvait être l'espion anglais Wentworth, amant de Sophie Demailly, elle-même espionne anglaise et maîtresse de Barère (Olivier BLANC, Les Hommes de Londres, histoire secrète de la Terreur, Éditions Albin Michel, Paris 1989, p. 38, 42, 61, 63, 71-73; Les Espions de la Révolution et de l’Empire, Éditions Perrin, Paris, 1995, p. 50,51; Henri POUGET DE SAINT-ANDRÉ, Les Auteurs cachés de la Révolution française, éd. Perrin, Paris 1923, p. 231-232; Jean BOUCHARY, Les manieurs d'argent à Paris à la fin du XVIIIe siècle, Rivière, Paris 1939, vol. 3 p. 38; Louis-Gabriel MICHAUD, Biographie Universelle Ancienne et Moderne, Paris, 1837 V. 62 p. 313; Elizabeth SPARROW, Secret Service, The Boydell Press, Woodbridge, 1999, p. 92, 219).

"Francis Drake, ambassadeur d'Angleterre, écrira plus tard à son ministère "Quand Deforgue était ministre (des affaires étrangères), nous avions un moyen sûr de rectifier ses rapports par nos intelligences dans son bureau intime; nous n'avons pas encore le même avantage avec son successeur''.

"Dans une autre lettre datée du 2 septembre, Drake décrit Deforgue comme 'cachant ses véritables intentions sous l'aspect d'un jacobinisme des plus exagérés'.

"Deforgue comptait parmi les signataires de la circulaire des massacres de Septembre, et on imagine l'influence néfaste qu'il a pu avoir sur Barère, sur Danton, et peut-être même sur Robespierre (CLAPHAM 67)]

"Cette lettre ne sera découverte que plus tard, lors de l'arrestation de Danton. [Elle sera confirmée le 27 janvier 1795 à la Chambre des Lords, lorsque le duc de Bedford déclarera 'Nos efforts ont assurément beaucoup contribué à établir le régime de la Terreur dans ce pays.' Bedford ne sera pas contredit par ses interlocuteurs (Louis PORTIEZ, Influence du Gouvernement anglais sur la Révolution française, p. IV, p. 167; POUGET DE SAINT-ANDRÉ, Les Auteurs cachés de la Révolution française, éd. Perrin, Paris 1923, p. 247.)]

 

''Ignorant tout cela Robespierre en sera la première victime, et adhèrera au régime de la Terreur, parce qu'il avait réservé aux traîtres et ennemis de la Nation. La vérité lui apparut plus tard, en lisant un manifeste de la coalition qui décrivait nos révolutionnaires tels 'un ramassis de brigands en révolte contre Dieu'.

 

''Voulant réhabiliter la Révolution, Robespierre élimina les 'exagérés', mit fin à la déchristianisation, et appela à un retour à la modération. [Las Cases dit qu'à Sainte Hélène, Napoléon affirma avoir lu des lettres de Robespierre dans lesquelles il blâmait les atrocités et les horreurs de la Convention. Cambacérès lui avait affirmé que peu avant sa chute, Robespierre avait prononcé un discours magnifique dans lequel il prônait un retour à la modération, mais le discours ne fut pas inséré dans le Moniteur, et toute trace écrite en fut supprimée par ses adversaires (LAS CASES p. 424-425.)]

 

La situation devenait périlleuse pour l'Angleterre, et Pitt n'eut d'autre choix que de renverser ce nouveau gouvernement qui le menaçait. Ses agents entraineront les ennemis de Robespierre dans une politique d'extermination aveugle, qu'ils attribueront à tort à ce dernier : l'agent anglais Dossonville (1753-1832), nommé par Clavière, organisera des faux complots et fera exécuter des centaines d'innocents : 1285 têtes tomberont en deux mois. Cette période sera appelée Grande Terreur.

 

"Pour brouiller Robespierre avec l'assemblée, une fausse liste de proscription de 30 députés fut publiée qui lui fut attribuée. [Recruté par Clavière, l'espion anglais Dossonville était commissaire de police au comité de Sûreté générale (SPARROW, Secret p. 63, 132, 134; Olivier BLANC, La Corruption p. 13; DE JOUVENEL p. 58). Il profita de l'absence de Robespierre pour organiser des exécutions de masse afin de les lui attribuer : Dossonville créait des complots imaginaires, de concert avec Barère et les autres membres du Comité, tous ennemis de Robespierre. Des listes de noms étaient préparées à l'avance et certains prisonniers surnommés 'moutons' étaient sommés de témoigner contre eux sous peine d'être eux-mêmes exécutés : un prisonnier nommé Foignet témoigna de ce qu'il entendit d'un certain Armand, homme de main de Dossonville : 'Tu n'as pas d'autre moyen de te sauver que d'en faire guillotiner un grand nombre; invente une conspiration". 'Dossonville et Dulac venaient tous les 2 ou 3 jours rendre visite à Armand... Ils méditaient de nouvelles conspirations'. Tout ceci fut confirmé par Ferrière-Sauvebeuf, lui-même victime de ce chantage (E. J. J. FOIGNET, Mémoires d'un prisonnier de la Maison d'arrêt des Anglaises, Maret, 1795, p. 19, 20; Olivier BLANC, Les Hommes de Londres, histoire secrète de la Terreur, Éditions Albin Michel, Paris 1989, p. 152-153) Lenôtre confirme qu'Armand, ancien faussaire, était l'agent de Dossonville. Joachim Vilate, ancien juré du tribunal révolutionnaire et témoin visuel, confirme lui aussi les accusations : 'Barère avait à Clichy, une maison de plaisance ... où les Vadier, les Vouland (membres du Comité de Surêté générale) inventaient avec lui des conspirations que la guillotine devait anéantir.' ... Le 29 août 1794, Lecointre porta publiquement les mêmes accusations contre Barère, Vadier et Vouland. D'après lui, ces derniers profitèrent de l'éloignement de Robespierre pour faire exécuter 1285 personnes pendant les 45 jours que dura son absence. Durant cette période, Robespierre ne signa que douze arrêtés, dont un sel était en rapport avec le régime de la Terreur. (Laurent LECOINTRE, Les Crimes de sept membres des anciens comités de salut public et de sûreté générale ou Dénonciation formelle à la Convention nationale, contre Billaud-Varennes, Barère, Collot-d'Herbois, Vadier, Vouland, Amar et David, suivie de pièces justificatives, indication d'autres pièces originales existantes dans les comités, preuves et témoins indiqués à l'appui des faits, Maret, 1795, p. 245.) Dossonville qui agissait dans l'ombre avait accumulé une telle somme de documents compromettants, qu'il en avait pris l'ascendant sur tous ses supérieurs : d'après le comte Dufort, 'jamais député, satrape, vice-roi n'avait eu de plus amples pouvoirs.' Ceux de Robespierre, eux, étaient limités : il était membre du Comité de salut public qui était en rivalité constante avec le Comité de sûreté générale et n'avait aucune autorité sur lui. Même au sein du Comité de salut public, Robespierre était minoritaire (J.N. DUFORT DE CHEVERNY, Mémoires sur les règnes de Louis XV, Louis XVI et sur la Révolution, t. 2 p. 308). Une fausse liste de proscription contenant 30 députés fut diffusée et attribuée à tort à Robespierre. Dans son dernier discours, ce dernier voulut dénoncer le complot anglais : 'Est-il vrai qu'on ait colporté des listes odieuses où l'on désignait comme victimes certains membres de la Convention et qu'on prétendait être l'ouvrage du Comité de salut public et le mien ? ... Oui les faits sont constants ... Pourtant des actes d'oppression avaient été multipliés pour étendre le système de terreur et de calomnie. Des agents impurs prodiguaient les arrestations injustes. Pour moi je frémis quand je songe que des ennemis de la révolution, que d'anciens professeurs de royalisme, que des ex-nobles, des émigrés peut-être se sont tout à coup faits révolutionnaires et transformés en commis du Comité de sûreté générale... Il serait assez étrange que nous eussions la bonté de payer des espions de Londres ou de Vienne pour faire la police.' L'allusion à Dossonville, ancien royaliste devenu agent anglais est manifeste. Plus loin, il dit : 'Nous sommes instruits qu'ils sont payés par les ennemis de la Révolution pour déshonorer le gouvernement révolutionnaire... Quand les victimes se plaignent, ils s'excusent en leur disant : c'est Robespierre qui le veut'. À la fin du discours, Robespierre expliquera toute l'architecture du complot : 'Il existe une conspiration contre la liberté publique; elle doit sa force à une coalition criminelle qui intrigue au sein même de la Convention. Cette coalition a des complices dans le Comité de sûreté générale et dans les bureaux de ce comité qu'ils dominent. Les ennemis de la République ont opposé ce comité au Comité de salut public, et ont constitué ainsi deux gouvernements, et des membres du Comité de salut public entrent dans ce complot.'

''Après avoir proféré ces terribles accusations, Robespierre fut incapable de donner des noms et c'est ce qui le perdit. Fouché, l'agent double, passa sa journée et sa nuit à visiter tous les députés en disant à chacun 'c'est demain que vous périrez s'il ne périt.' [Elizabeth SPARROW 1926-2016, Secret service under Pitt's Administrations 1792-1806, The Historical Association, 1998, p. 291; Olivier BLANC, Les Espions de la Révolution et de l'Empire, Perrin, Paris 1995, p. 27; Marcel POLLITZER, Le Règne des Financiers : Samuel Bernard, J. Law, G.J. Ouvrard, Nouvelles éditions latines, Paris 1978, p. 207).]

 

‘’Robespierre dénonça le complot anglais dans son dernier discours, mais il commit l'erreur de ne pas citer de noms. Du coup, tous ceux qui avaient quelque chose à se reprocher se crurent menacés, et par instinct de survie, décidèrent de sa chute. Il sera exécuté sans procès, avec 100 de ses partisans, et deviendra pour la postérité le bouc émissaire de la Révolution.

 

‘’On voit donc que la thèse du complot anglo-genevois est parfaitement étayée.

 

"[...] William Pitt aura ainsi atteint le double but de ruiner notre commerce colonial et d'aliéner certaines de nos élites au parti de l'étranger.

"Cette rupture dans notre société perdure hélas encore aujourd'hui.

 

Pierre DOUAT conclut : 

"Il est pour le moins étrange qu'en 200 ans d'historiographie, presqu'aucun historien n'évoque le complot anglais, alors que de nombreux mémorialistes en ont parlé, que Robespierre lui-même l'évoquait dans ses discours, et que les preuves écrites du complot furent publiquement exposées au sein même de l'assemblée nationale....'' (Histoire secrète de la Révolution française, p. 54)

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30 août 2023 3 30 /08 /août /2023 12:33
"Grande Russie" : le Pape François provoque une tempête dans les médias occidentaux

LE PAPE FRANÇOIS PROVOQUE UNE TEMPÊTE INTERNATIONALE

 

Le pape a déclaré aux jeunes catholiques russes:

 

"N'oubliez pas votre hérédité. Vous êtes les héritiers de la grande Russie - la grande Russie des saints, des rois, la grande Russie de Pierre le Grand, de Catherine II, le grand empire russe, cultivé, tellement de culture, donc beaucoup d'humanité. Vous êtes les héritiers de la grande mère Russie". (1)

 

Selon Gloria Tv ce 30 août, ‘’les amis oligarques de François l'attaquent soudainement (vidéo)’’

 

 

Le 25 août, lors d'un échange vidéo avec Saint-Pétersbourg, où se tenait la rencontre de la jeunesse catholique russe, François a demandé aux jeunes catholiques russes d'être des "artisans de la paix" et des "bâtisseurs de ponts".

 

"N'oubliez pas votre héritage. Vous êtes les héritiers de la grande Russie - celle des saints, des rois, de Pierre le Grand, de Catherine II (une Allemande), le grand Empire russe, cultivé, avec tant de culture et d'humanité. Vous êtes les héritiers de la grande Mère Russie", a déclaré François. La grande majorité des catholiques de Russie sont d'origine polonaise ou lituanienne.

 

Les médias des oligarques occidentaux ont utilisé les remarques de François pour provoquer un tollé.

 

L'archevêque ukrainien Sviatoslav Shevchuk a déclaré que les paroles de François avaient provoqué "une grande douleur et une grande inquiétude".

 

Le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni, a tenté de désamorcer la controverse en déclarant le 29 août que François voulait encourager les jeunes à préserver ce qu'il y a de positif dans le grand héritage culturel de la Russie et "certainement pas à exalter des logiques impérialistes et des figures dirigeantes".

 

La spéculation veut que François rencontre le patriarche orthodoxe russe Kirill à Moscou à son retour de Mongolie la semaine prochaine.

 

Ukrainiens et les Polonais ne veulent entendre parler ni de Pierre Ier ni de Catherine II. 

 

Citer la Grande Mère Russie et l’héritage de Pierre Ier et Catherine II, les deux grands tsars du XVIIIe siècle, est perçu par les Polonais et les Ukrainiens comme un affront. Pour les Ukrainiens, les deux empereurs sont des occupants brutaux. Pour les Polonais, Catherine II est la tsarine qui a mis fin à leur indépendance.

 

Les propos du pape François suscitent en revanche l’enthousiasme du Kremlin (dont le porte-parole Dmitri Peskov a exprimé hier sa gratitude au Saint-Père. 

 

 

En 2014, après le coup d'Etat de Maïdan à Kiev, huit oblasts (provinces) d’Ukraine de l'Est ont tenté avec le soutien de la Russie de se séparer de l’Ukraine. Deux seulement réussirent à proclamer leur république, Louhansk et Donetsk. Dans les six autres, dont Odessa, la tentative a échoué. Les huit oblasts auraient constitué une entité étatique qui, à Moscou et dans les autorités locales, avait été baptisée le 24 mai 2014 Novorossija (Nouvelle Russie). C'est le nom que Catherine II donna à ces provinces lorsqu'elles furent finalement annexées par l'Empire russe en 1764. Elles furent organisées sous un gouvernorat militaire (le quatrième gouverneur était le célèbre comte Grigori Potemkine), en raison du conflit imminent avec l'Empire Ottoman. La Novorossiya du XVIIIe siècle comprenait tous les oblasts actuellement occupés par les Russes, plus Odessa et même la Moldavie actuelle. Poutine n’a jamais caché son objectif de "reconquérir" cette région. À Odessa en revanche, les Ukrainiens (pro-Kiev) ont démoli en mai dernier la statue de Catherine II, désormais considérée comme un odieux symbole de l'occupation.

 

En 2022, avant de lancer son "Opération militaire spéciale" en Ukraine (en Russie, il est toujours interdit de parler de guerre ou d'invasion), Poutine a prononcé un discours dans lequel il a souligné précisément l'héritage de Pierre le Grand et de Catherine II. Les deux empereurs, l’un régnant entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, l’autre dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, occupèrent tous les territoires de l’Ukraine actuelle. Pierre Ier le Grand a conquis la région de la mer d'Azov lors de sa campagne contre les Ottomans (1695-96). Il infligea ensuite une défaite décisive aux Suédois à Poltava, également dans l'actuelle Ukraine, le 8 juillet 1709, un événement historique que les Russes considèrent encore comme fondateur.

Catherine II acheva la conquête entre 1764 et 1783 lorsque le "khanat" de Crimée fut occupé.

C'est la tsarine qui fonda toutes les villes aujourd'hui impliquées dans le conflit : Alexandrovsk (actuelle Zaporizhzhia), Jekaterinoslav (actuelle Dnipro), Kherson, Marioupol, Sébastopol, Simferopol, Mikolaiv et Odessa.

C’est pour cette raison que la propagande de Poutine insiste sur l’idée selon laquelle l’Ukraine est en réalité un territoire russe et n’a pas sa propre histoire indépendante. (3)

 

Nouvelle-Russie, Oblasts revendiqués par la Nouvelle-Russie

 

 

L’activisme papal frise la crise diplomatique avec Kiev

 

Le porte-parole du ministre ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko, a sévèrement attaqué les propos du pape, les qualifiant de "propagande impérialiste".

 

C'est ce passage du discours de François qui n'a pas été bienvenu à Kiev :

 

"N'oubliez jamais votre héritage. Vous êtes les héritiers de la grande Russie : la grande Russie des saints, des dirigeants, la grande Russie de Pierre Ier, de Catherine II, cet empire – grand, éclairé, [Pays] d'une grande culture et d'une grande humanité. N’abandonnez jamais cet héritage, vous êtes les héritiers de la grande Mère Russie, avancez. Et merci. Merci pour votre façon d'être, pour votre façon d'être russe."

 

Moscou, au contraire, a salué les propos de François par l'intermédiaire du porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov.

 

Novorrosiya-Nouvelle-Russie historique

 

François se prépare pour la prochaine visite apostolique qui aura lieu dans la Mongolie voisine, à partir du 31 août. (4)

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19 août 2023 6 19 /08 /août /2023 12:21

Pourquoi les enfants américains deviennent fous

 

Les États-Unis sont confrontés à une augmentation alarmante des maladies mentales chez les enfants et les adolescents. Le système de santé américain ne dispose pas des ressources nécessaires pour faire face à cette augmentation.

 

Cette information dramatique fait l'objet d'une déclaration commune de trois organisations de santé américaines : American Pediatric Academy, American College of Emergency Physicians et Association of Emergency Nurses.

 

Source : https://emergencyphysicians.org/press-releases/2023/8-16-23-emergency-physicians-emergency-nurses-and-pediatricians-call-for-strategies-to-improve-care-for-children-adolescents-seeking-urgent-help-for-mental-behavioral-health-concerns

[…]

 

Parmi les troubles mentaux chez les enfants et les adolescents, un rôle de plus en plus important est joué par l'encouragement systématique des enfants et des adolescents à assumer une "identité de genre" différente de leur sexe biologique.

 

Plus de 50 % des enfants et des jeunes transgenres aux États-Unis ont "sérieusement" envisagé de se suicider au cours de l'année écoulée en raison de "l'aggravation de la crise de la santé mentale chez les jeunes LGBT".

 

https://www.theguardian.com/us-news/2022/dec/16/us-trans-non-binary-youth-suicide-mental-health

 

Pourquoi les enfants américains deviennent fous ?
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14 août 2023 1 14 /08 /août /2023 13:05
Saint Antonio Primaldo et ses compagnons Martyrs d'Otrante

Saint Antonio Primaldo et ses compagnons Martyrs d'Otrante

Fêtés le 14 août.

Savez-vous quel a été le dernier acte du pontificat de Benoît XVI, qui a précédé de quelques minutes l’annonce de sa renonciation ? La décision de canoniser les 813 martyrs d’Otrante, massacrés par les Turcs en 1453. Leur histoire singulière est impressionnante.

 

En 1453, les Ottomans prennent Constantinople et depuis, face à une chrétienté plus occupée de ses querelles que du péril commun, ils avancent en Méditerranée, puis en Adriatique et dans les Balkans. En cette année 1480, le sultan Mehmet II s’est fixé un objectif : la conquête de l’Italie et la prise de Rome. À vues humaines, c’est tout à fait envisageable mais très peu, en Europe, s’en préoccupent. Début juillet, le pacha de Valona, Gehdit Ahmed, donne le coup d’envoi de cette campagne et fait voile, à la tête d’une flotte de plus de 150 navires vers Otrante, ville la plus orientale d’Italie. Le 28 juillet, il jette l’ancre sous les remparts et commence à bombarder la cité.

 

 

Tous les hommes de plus de 15 ans

La disproportion des forces en présence est si criante que, la nuit suivante, la garnison locale, formée de mercenaires, profite de l’obscurité pour fuir, abandonnant les habitants. Cette désertion doit entraîner la capitulation immédiate d’Otrante mais la population ne s’y résout pas, électrisée par un vieux tailleur, Antonio Pezzulo Primaldo, forte personnalité qui sait relever le courage de ses concitoyens et leur démontre la lâcheté, d’ailleurs vaine car les Turcs ne les épargneraient pas, de se rendre. Mieux vaut résister à tout prix, ce qui laissera au roi de Naples, leur souverain, le temps de les secourir. Il n’est pas sûr que les Otrantais croient à l’arrivée de renforts mais ils ont le sens de l’honneur et savent, de toute façon, qu’ils n’auront le choix, si la ville tombe, qu’entre la mort ou la conversion à l’islam. Dans l’impossibilité de défendre la ville, ils décident de se replier sur la citadelle.

 

Tous les hommes de plus de quinze ans sont massacrés, les femmes et les enfants voués à l’esclavage.

 

D’ordinaire, la population d’Otrante s’élève à 6.000 âmes, mais le débarquement a semé la panique dans les environs et beaucoup de gens ont voulu se mettre à l’abri en ville. Combien sont-ils ? Entre 12 et 20.0000. C’est trop et quand les Turcs, le 29 juillet, s’emparent d’Otrante, ils y trouvent de nombreux malheureux qui n’ont pu gagner la forteresse. Tous les hommes de plus de quinze ans sont massacrés, les femmes et les enfants voués à l’esclavage. Ce spectacle n’incite évidemment pas les réfugiés de la citadelle à se rendre et ils vont résister autant que faire se pourra, malgré les bombes, le manque de nourriture et d’eau, la chaleur, l’angoisse qui monte. Enragé de cet entêtement, Gedit Ahmed Pacha promet de le leur faire payer très cher et incite son traducteur, un prêtre calabrais apostat converti à l’islam nommé Jean, à promettre à ses compatriotes sa clémence en cas de reddition et d’abandon du christianisme. Ce discours soulève le dégoût des gens d’Otrante. Le siège continue.

 

« Nous préférons mourir mille fois »

Enfin, le 11 août, l’artillerie turque, qui concentre ses tirs sur les points faibles des remparts, réussit à y ouvrir des brèches suffisantes pour permettre aux janissaires d’entrer. La citadelle investie, c’est la panique totale que le vieil évêque, Mgr Stefano Agricoli, escorté de ses prêtres, parvient à canaliser en entraînant ses ouailles vers la cathédrale. Quitte à mourir, mieux vaut que ce soit au pied de la croix. La plupart des fuyards n’auront pas le temps de l’atteindre. À travers les rues, les Turcs se livrent à un effroyable massacre, épargnant 5.000 enfants et jeunes femmes destinés aux marchés aux esclaves. L’on parlera d’au moins 12.000 tués au cours de l’assaut. Ils seront 813, chiffre officiellement retenu par l’Église lors de l’enquête sur la réalité du martyre, à atteindre la cathédrale, où les Turcs entrent sur leurs pas.

 

Ils s’emparent de l’évêque, du commandant de la milice bourgeoise, Francesco Largo, qui, abandonné par les troupes royales, a assumé seul la défense d’Otrante, et les mettent à mort avec des raffinements de cruauté. Largo est scié vivant en deux, Mgr Agricoli lentement dépecé vif à coups de cimeterres. Ce spectacle atroce n’a rien de gratuit. Il s’agit de frapper d’épouvante leurs compagnons qui, privés de leurs chefs militaire et spirituel, pourraient se montrer plus accommodants. Jean, le prêtre apostat, se lance dans un discours mielleux, interrompu net par le vieil Antonio Primaldo qui, se tournant vers ses compagnons, déclare :

 

Mes frères, nous venons de combattre pour notre patrie, nos maîtres, notre vie d’ici-bas. Le temps est venu pour nous de nous préoccuper du salut de nos âmes. Notre Seigneur est mort pour nous sur la croix, il convient qu’à notre tour, nous mourions pour Lui. Restons donc fermes et constants dans notre foi ; confessons que Jésus-Christ est notre Seigneur et Dieu et que nous préférons mourir mille fois, de n’importe quelle mort, plutôt que Le renier et nous faire turcs. Car, par cette mort terrestre, nous obtiendrons la vie éternelle et la couronne du martyre.

 

La tête tranchée, il se relève

À ces mots, tous s’écrient qu’ils préfèrent endurer mille morts, même les pires, plutôt qu’abjurer le catholicisme. Le 14 août, les 813 confesseurs de la foi, enfermés dans la cathédrale, profanée et transformée en écurie, sont extraits de leur prison et conduits, attachés les uns aux autres en une longue file, jusqu’au Col de la Minerve. Le long du chemin, le pacha a rassemblé leurs épouses et enfants, afin qu’ils incitent, par leurs supplications et leurs larmes, leurs frères, pères, maris à abjurer, sauvant leur vie et rachetant la liberté des leurs, car l’Islam interdit de réduire en esclavage la famille d’un musulman. Toujours soutenus par Primaldo, les hommes restent sourds à ces plaintes et marchent vers le lieu du supplice sans trembler. Pour faire taire le tailleur, ordre est donné de le décapiter le premier.

 

Antonio, la tête tranchée, se relève comme si de rien n’était et reste debout, dominant la scène sanglante qui l’entoure.

 

Se produit alors l’impensable, dont témoigneront la main sur l’Évangile quatre survivants de la tuerie : Antonio, la tête tranchée, se relève comme si de rien n’était et reste debout, dominant la scène sanglante qui l’entoure. Tous les efforts déployés pour faire tomber ce cadavre resteront vains. Le martyr ne se couchera dans la mort qu’après que son dernier compagnon de supplice ait rendu l’âme. Ce dernier compagnon ne sera pas un habitant d’Otrante mais l’un des soldats turcs transformés en bourreau qui, touché par la grâce, bouleversé par le courage des martyrs, tombera à genoux et confessera qu’il n’est d’autre vrai Dieu que Celui des chrétiens. Pour cet effroyable blasphème, cet homme, que les chroniques nomment Bersabei, sera aussitôt empalé.

 

L’échec des Turcs et la gloire des martyrs

Le massacre terminé, les vainqueurs se retirent, convaincus de bientôt prendre Naples et Rome. Ils se trompent. Si le roi de Naples a dû, faute de moyens, renoncer à secourir Otrante, la résistance désespérée de la ville, et les deux semaines gagnées par ses défenseurs, ont permis de réunir assez de troupes pour interdire aux Turcs d’aller plus loin. Gedit Ahmed Pacha ne conquerra pas l’Italie. En octobre 1481, il devra, menacé par la contre-attaque napolitaine, abandonner Otrante et se retirer.

 

Il sera alors possible de recueillir les restes des martyrs, déposés dans l’église bâtie à l’endroit de leur supplice, Santa Maria dei Martiri, dans l’église Santa Catarina de Formiello à Naples, et dans la cathédrale d’Otrante, où leurs reliques, exposées aux regards, emplissent sept gigantesques armoires. Lorsque s’ouvrira, très vite, la procédure de béatification, fait inusité et hommage à son héroïsme, ce ne sera pas, comme le veut l’usage, le nom de l’ecclésiastique le plus important du groupe de martyrs, Mgr Agricoli, qui figurera en tête de liste mais celui du vieux tailleur ; de sorte que l’on parle d’Antonio Primaldo et de ses compagnons. Il l’a bien mérité. Leur canonisation, en dépit d’un nombre impressionnant de miracles attribués à leur intercession, attendra 2012, lorsque la guérison d’une religieuse atteinte d’un cancer en phase terminale convaincra Benoît XVI d’oublier toute prudence diplomatique afin d’offrir les martyrs d’Otrante en exemple aux chrétiens victimes de persécutions islamiques.

Source : Anne Bernet 

https://fr.aleteia.org/2023/08/07/massacres-par-les-turcs-canonises-par-benoit-xvi-les-glorieux-martyrs-dotrante/

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14 août 2023 1 14 /08 /août /2023 00:00
Saints Martyrs (800) d'Otrante (†14 août 1480)

Les Saints Martyrs d'Otrante (province de Lecce dans les Pouilles, en Italie) sont les 800 habitants de cette ville du Salento tués le 14 août 1480 par les Turcs conduits par Gedik Ahmed Pacha pour avoir refusé de se convertir à l'islam après la chute de leur ville.

 

 

Le 28 juillet 1480, une armée turque, venant de Valona (ville portuaire d'Albanie), forte de 90 galères, 40 galiotes et 20 autres navires (18.000 soldats au total) se présenta sous les murs d'Otrante.

 

La ville résista de toutes ses forces aux attaques, mais sa population composée seulement de 6.000 habitants ne put s'opposer longtemps au bombardement de l'artillerie turque. En définitive, le 29 juillet la garnison et tous les habitants abandonnèrent le bourg aux mains des Turcs en se retirant dans la citadelle tandis que ceux-ci commencèrent leur razzia, même dans les habitations avoisinantes.

 

Quand Gedik Ahmed Pacha demanda aux défenseurs de se rendre, ceux-ci refusèrent, et l'artillerie turque reprit le bombardement. Le 11 août, après 15 jours de siège, Gedik Ahmed Pacha donna l'ordre de l'attaque finale et réussit à enfoncer les défenses et à prendre le château.

 

Un terrible massacre s'ensuivit. Tous les hommes de plus de quinze ans furent tués et les femmes et les enfants réduits en esclavage. Selon certains rapports historiques, les tués furent 12.000 et les personnes réduites en esclavage 5.000, mais la taille de la ville ne semble pas confirmer ces estimations.

 

Les rescapés et le clergé s'étaient réfugiés à l'intérieur de la cathédrale afin de prier avec l'archevêque Stefano Agricoli. Gedik Ahmed Pacha leur ordonna de renier leur foi chrétienne, recevant un refus net, il pénétra avec ses hommes dans la cathédrale et les fit prisonniers. Ils furent tous tués et l'église fut transformée en étable à chevaux.

 

L'assassinat du vieil archevêque Stefano Agricoli fut particulièrement barbare, alors qu'il incitait les mourants à s'en remettre à Dieu, il fut décapité, dépecé à coups de cimeterres, sa tête fut embrochée sur une pique et portée par les rues de la ville. Le commandant de la garnison Francesco Largo fut scié vivant. L'un des premiers à être exécuté fut le tailleur Antonio Pezzulla, dit le Primaldo qui, à la tête des Otrantins, le 12 août 1480, avait refusé la conversion à l'Islam. Le 14 août Ahmed fit attacher le reste des survivants et les fit traîner au col de la Minerva. Là il en fit décapiter au moins 800 en obligeant leurs proches à assister à l'exécution.

 

Les chroniques rapportent que, pendant le massacre, un Turc nommé Bersabei, impressionné par la façon dont les Otrantins mouraient pour leur foi, se convertit à la religion chrétienne et il fut empalé par ses compagnons d'armes.

Toutes les personnes massacrées furent reconnues martyrs de l'Église et vénérés comme bienheureux martyrs d'Otrante. La plus grande partie de leurs ossements se trouve dans sept grandes armoires en bois dans la chapelle des Martyrs bâtie dans l'abside droite de la cathédrale d'Otrante. Sur le col de la Minerve fut construite une petite église qui leur fut dédiée, Sainte Marie des Martyrs.

 

Treize mois après, Otrante fut reconquise par les Aragonais.

 

Le 13 octobre 1481, les corps des Otrantins massacrés furent trouvés indemnes par Alphonse d'Aragon et furent transférés à la Cathédrale des Bienheureux Martyrs d'Otrante.

 

À partir de 1485, une partie des restes des martyrs fut transférée à Naples et reposa dans l'église de Sainte-Catherine à Formiello. Ils furent déposés sous l'autel de la Madone du Rosaire (qui commémore la victoire définitive des troupes chrétiennes sur les Ottomans lors de la bataille de Lepante en 1571). Par la suite les restes furent déposés dans la chapelle des reliques, consacrée par le pape Benoît XIII, depuis 1901, ils se trouvaient sous l'autel.

 

Une reconnaissance canonique effectuée entre 2002 et 2003, en a confirmé l'authenticité.

Les reliques des martyrs sont vénérées dans de nombreux lieux des Pouilles, à Venise et en Espagne.

 

Un procès en canonisation commencé en 1539 se termina le 14 décembre 1771, quand le pape

 

Clément XIV déclara bienheureux les 800 victimes du col de la Minerve et en autorisa le culte. Depuis ils sont les protecteurs d'Otrante.

 

En vue d'une possible canonisation à la demande du diocèse d'Otrante, le procès a été récemment rouvert et a confirmé les conclusions du précédent.

 

Le 6 juillet 2007, le pape Benoît XVI publie un décret dans lequel il reconnaît le martyre d'Antonio Primaldo et de ses concitoyens tués pour haine envers la foi. Il en annonce la canonisation en consistoire le 11 février 2013.

 

Les 800 Martyrs d’Otrante ont été proclamés Saints (première canonisation du Pape) le 12 mai 2013, sur la Place Saint-Pierre à Rome, par le Saint Père François.

 

Sources : (1); (2); (3)

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12 août 2023 6 12 /08 /août /2023 16:40

Taux, taxe et taxation, le sens des mots a changé. Hier le peuple manifestait pour exiger la taxation que les roi lui accordaient et que les Lumières, puis la Révolution ont interdite.

Retour sur une pratique qui concernait le pain du peuple.

 

C'était à Tokyo le 17 juillet 2023, à l'invitation du Cercle d'études royales.

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9 août 2023 3 09 /08 /août /2023 13:55
Source: https://www.lefigaro.fr/actualite-france/darmanin-annonce-engager-la-dissolution-de-l-organisation-civitas-20230807

Source: https://www.lefigaro.fr/actualite-france/darmanin-annonce-engager-la-dissolution-de-l-organisation-civitas-20230807

Le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin a annoncé engager la dissolution de l'organisation Civitas. Cette décision intervient après le discours "antisémite" de Pierre Hillard sur «la naturalisation des Juifs en 1791».

Dimanche à Pontmain (Mayenne), lors des universités d'été de Civitas, l'essayiste Pierre Hillard a déclaré:

 

«Vous avez eu un événement en septembre 1791, la naturalisation des Juifs». «Avant 1789, un Juif, un musulman, un bouddhiste ne pouvaient pas devenir Français. Pourquoi ? Parce que c'étaient des hérétiques», avait-il poursuivi avant d'ajouter: «La naturalisation de Juifs en 1791 ouvre la porte à l’immigration». Pierre Hillard avait alors estimé qu'il «faudrait peut-être retrouver la situation d'avant 1789». (Fin de citation) 

Ce que dit Hillard est faux. Le décret de 1791 donne la citoyenneté avec tous les droits aux Juifs: cela ne veut pas dire qu'ils n'étaient pas français auparavant.

Sous l'Ancien Régime en effet, le principe d'essence féodale est celui de la naissance dans le Royaume. Un juif ou un protestant né en France était ipso facto réputé naturel français (régnicole), il était simplement frappé d'incapacités légales (mariage, succession, emplois publics) car non catholique.

Le juif français était théoriquement soumis à l'expulsion du fait de l'édit de 1306 de Philippe le Bel. Ils étaient tolérés sur le territoire jusqu'au XVIIIe siècle. 

L'édit de Versailles signé par Louis XVI le 7 novembre 1787 accorde l'état civil aux non catholiques de France (droits de mariage, succession), protestants et Juifs. Mais le statut de "sujet français" sous l'Ancien Régime est acquis par la naissance dans le royaume (c’est le sens de l’expression "sujet naturel") ; le critère de la filiation ne s’impose que secondairement à partir des guerres "de religion" seulement.

L'édit de Versailles (1787) voulu par le roi Louis XVI permit aux Français non catholiques de bénéficier d'un statut juridique et de l'état civil sans devoir se convertir au catholicisme.

Le roi voulait une intégration très progressive des juifs à la nation française. Le processus avait débuté dès 1784 avec les lettres patentes. Tout cela fut balayé par la Révolution, et les acteurs du processus (Louis XVI et Malesherbes) furent décapités. (Cf. Abbé Joseph Lémann, L'Entrée des Israélites dans la société française, Éd. Altitude, 2020)

 

Après la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 donnant les mêmes droits à tous, en 1804 ce sera le code Napoléon qui fera prévaloir le principe de la filiation (ce que l’on appellera plus tard "droit du sang") pour définir le "Français". 

 

La loi relative aux Juifs, donnée à Paris le 13 novembre 1791, [...] révoque tous ajournements réserves et exceptions insérés dans le précédents décrets relativement aux individus juifs qui prêteront le serment civique. (https://www.mahj.org/fr/decouvrir-collections-betsalel/loi-relative-aux-juifs-donnee-paris-le-13-novembre-1791-revoque-tous )

 

"La loi relative aux Juifs donnée à Paris le 13 novembre 1791" est publiée par Louis XVI comme "Loi du Royaume". Elle stipule que "Louis, par la grâce de Dieu et par la loi constitutionnelle de l'Etat, Roi des Français", "l'assemblée nationale a décrété (le 27 septembre 1791) et Nous voulons et ordonnons ce qui suit : [...] les conditions nécessaires pour être 'citoyen français' et pour devenir citoyen actif sont fixées par la Constitution, et que tout homme qui réunit les dites conditions, prête le serment civique et s'engage à remplir tous les devoirs que la Constitution impose, a droit à tous les avantages qu'elle assure. Révoque tous ajournements, réserves et exceptions insérés dans les précédents décrets relativement aux individus Juifs qui prêteront le serment civique, qui sera regardé comme une renonciation à tous les privilèges et exceptions introduits précédemment en leur faveur." (Fin de citation, Annexe 5 in Philippe Bourdrel, Histoire des Juifs de France, Albin Michel, Paris 1974, p. 562.) 

 

"Toute l'histoire juive, depuis l'arrivée de Jacob en Égypte jusqu'à nos jours, a été avec des hauts et des bas (notamment le 'creux' du XIXe siècle français), celle d'une résistance à l'assimilation." (Alain GUICHARD, Les Juifs, éd. Bernard Grasset, Paris 1971, p. 21)

"[...] (À la Révolution) Il y eut "des notes discordantes. On cite le cas de Juifs qui furent loin de se réjouir de leur émancipation, notamment dans le Comtat Venaissin. Il y en eut même à ne pas vouloir abandonner leurs signes distinctifs, en particulier le chapeau jaune des Juifs contadins." (Alain GUICHARD, Les Juifs, ibid., note 16, p. 197.) 

 

La conception révolutionnaire fait de l’appartenance à la nation non pas un héritage (droit du sol, héritage), mais le résultat d’un acte volontaire, d’une adhésion à un projet politique, le projet révolutionnaire, soumis à "serment civique" que manifeste le choix de résider en France et le serment. On vient de le voir, certains Juifs n'étaient pas favorables à cette "assimilation" forcée contre serment qui les forçait à renoncer à tous les privilèges et exceptions précédemment introduits en leur faveur.

 

Le "citoyen français" devient celui qui a choisi de vivre sous les lois que s’est donnée la nation française. On ne s’intéresse plus qu’à l’adhésion au nationalisme idéologique, jacobin, dont Jean de Viguerie nous a brossé l’histoire et les méfaits dans Les Deux Patries

 

Sous l’Ancien Régime, la qualité de sujet "Français" n’est pas définie de manière positive par des droits et des devoirs civils, serment civique ou autres, mais se construit par opposition aux incapacités légales. Le statut juridique du régnicole ou  naturel français se définit en creux à partir des incapacités juridiques qui touchent certains français (principalement : pouvoir se marier, l’impossibilité théorique d’exercer des offices royaux depuis le début du XIVe siècle; l’impossibilité théorique de tenir des bénéfices ecclésiastiques dans le royaume depuis 1432; l’incapacité successorale : l’impossibilité de transmettre ses biens après son décès, tout comme de recevoir des successions; la menace d’être soumis à des taxes spécifiques dans certaines villes, ou dans tout le royaume.)

 

Le terme d’étranger avant le XIXe siècle est particulièrement ambigu. Il oscille entre une acception traditionnelle : celui qui ne vient pas de la ville, de la paroisse, de la province… et une autre plus moderne : celui qui vient d’un autre État, est sujet d’une autre souveraineté. Pour une grande majorité des Français d’Ancien Régime, l’étranger reste celui qui vient d’un autre lieu à l’intérieur même du royaume. Parfois, l'étranger était celui qui venait de l'autre côté de la rivière, du village d'à côté. Ce  qui crée une confusion durable entre les deux acceptions du vocable « étranger », alors que la plupart des autres langues européennes usent de termes différents pour désigner les deux catégories auxquelles elles renvoient.

Étymologiquement, le terme « régnicole » désigne l’habitant (incola) du royaume (regni) : c’est dans ce sens que l’emploient les juristes et la chancellerie royale. Par définition, le régnicole est sujet du roi, la naissance dans le royaume valant serment d’allégeance au monarque ; un étranger peut devenir régnicole en s’installant définitivement dans le royaume, et devenir sujet du roi en obtenant des lettres de naturalité qui valent transfert d’allégeance vers le souverain français. [Par exemple, en 1782, le juif allemand de Lorraine Beer Isaac Beer obtint de Louis XVI ses "lettres de naturalité", "lui assurant des droits de citoyen", in Philippe Bourdrel, Histoire des Juifs de France, Albin Michel, Paris 1974, p. 103.]


À l’inverse, il est aussi possible de perdre sa qualité de régnicole. Au XVIIe siècle, Cette perte n’est pas une sanction mais découle d’un choix, du renoncement volontaire du sujet souhaitant s'installer définitivement en dehors du royaume : en se mariant à l'étranger, en y acquérant des offices et en se faisant naturaliser. C'est à partir de 1669, sous Louis XIV, que la perte de qualité de régnicole prend une dimension punitive en devenant une déchéance (selon l'article de Jean Christophe Gaven "La déchéance avant la nationalité. Archéologie d’une déchéance de citoyenneté", 2017) afin de limiter en partie l'émigration protestante.

Le naturel français sous l'Ancien Régime est celui que sa naissance dans le royaume rend ipso facto sujet du roi, en dehors par conséquent de tout caractère ethnique ou linguistique : en 1515, ce principe d’essence féodale est consacré par la jurisprudence du parlement de Paris ; il n’a jamais été remis en cause durant tout l’Ancien Régime.

1791 ne donne pas la "naturalisation" aux Juifs qui l'avaient déjà auparavant (sans en avoir tous les droits) car nés sur le sol de France; 1791 la leur donne à la condition qu'ils prêtent un serment civique. Ce qui n'était pas le cas sous le temps des rois, ce qui montre que 1791 leur a retiré ce que les rois leur donnaient librement. Donc l'immigration actuelle n'a rien à voir avec la naturalisation, ou pas, des Juifs.

 

Conclusion. Si on suit le raisonnement de Pierre Hillard, autant remonter plus loin que 1791 et dire que c'est la royauté médiévale féodale catholique, de droit divin, française, qui faisait des Juifs nés sur le sol du Royaume des "français", et pas le décret de 1791 ! Et donc ce serait de la faute des rois si il y a aujourd'hui de l'immigration en France ?! Le problème est que l'histoire officielle a tellement falsifié l'histoire et voulu noircir l'"Ancien Régime", que plus personne n'y comprend rien et arrange la réalité historique à sa propre sauce. Pierre Hillard fait un tel raccourci que l'on croirait lire une dissertation simplifiée de lycéen. La réduction de Pierre Hillard est nuisible, elle porte préjudice à tout le monde, républicains, monarchistes, relativement à notre foi et notre histoire.

Source :
https://www.histoire-immigration.fr/exposition-permanente/glossaire-sujets-et-etrangers-sous-l-ancien-regime#10

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30 juillet 2023 7 30 /07 /juillet /2023 08:52

Parmi les pierres angulaires du gallicanisme figurait l'idée que le souverain devait contrôler les nominations des évêques. Une idée erronée, répandue partout et depuis des siècles, que le bienheureux Rosmini a incluse parmi les "cinq fléaux" de l'Église.

Contre les tentations du gallicanisme

Aujourd'hui, il nous semble que l'on parle de choses lointaines quand on évoque le gallicanisme. En fait c'est une tendance qui remonte loin dans les siècles, déjà à l'époque carolingienne on voit des tendances autonomistes dans l'Église de France. Une accentuation de ces tendances s'est produite naturellement pendant la période avignonnaise, lorsque les papes eux-mêmes ne résidaient plus à Rome et étaient d'origine française.

 

Puis, le 7 juillet 1438, Charles VII publie la Pramatique Sanction, par laquelle il revendique les droits sur l'Église de France. S'il est vrai que cette disposition a été supprimée sous Léon X (1513-1521), il est également vrai que les tendances autonomistes du côté français se sont toujours poursuivies et que les aspirations à une certaine indépendance temporelle, mais aussi spirituelle, étaient très fortes.

 

Un instrument de ces politiques autonomistes fut celui du conciliarisme, l'idée selon laquelle le Concile œcuménique aurait une autorité supérieure à celle du Pape. Le 6 avril 1415, cette idée fut solennellement déclarée au Concile de Constance, en l'absence du pape, avec le décret Haec sancta. En fin de compte, un renversement de la doctrine catholique. Selon l'idée conciliaire, un concile pourrait approuver des documents qui contredisent la volonté du Pape, le gardien suprême de la Tradition.

 

Au fil des siècles, d'autres tendances proches du gallicanisme se sont également répandues, comme le joséphinisme, avec lequel Joseph II de Habsbourg laissait présager une forte ingérence du pouvoir civil dans la vie de l'Église ; et, encore une fois, le fébronianisme dans l'évêque Febronio (Fébronius) espérait l'indépendance des Églises nationales.

 

En France, des tendances autonomistes se mêlaient au jansénisme, une autre hérésie solennellement condamnée par Pie VI dans la bulle Auctorem fideide de 1794 et qui en Italie avait produit le soi-disant Synode de Pistoia (1786). Dans ce document, Pie VI condamnait cette affirmation comme hérétique : "En outre, la proposition qui établit 'd'être le premier ministre pontife romain' ; ainsi expliqué, que le Pontife romain ne reçoit pas du Christ en la personne du bienheureux Pierre, mais de l'Église le pouvoir de ministère, qu'il a dans l'Église universelle comme successeur de Pierre, véritable Vicaire du Christ et Chef de toute Église". Bien que le gallicanisme ait semblé reculer à l'époque napoléonienne, cela ne s'est pas passé ainsi et même le Concile Vatican I a dû s'exprimer sur la question.

 

L'une des pierres angulaires du gallicanisme concerne la nomination des évêques. Evidemment, s'il contrôle la nomination des évêques, le pouvoir civil contrôle l'Église locale qui devient de facto, sinon de jure indépendant de Rome. Rappelons-nous que la structure hiérarchique de l'Église n'est pas un caprice de l'histoire, mais elle a été voulue par le Seigneur Jésus-Christ lui-même qui a confié l'Église à Pierre. Ce n'est pas un hasard si ce passage de l'Ecriture Sainte est parmi les plus délégitimés par les protestants.

Lire :  

 

La primauté de Pierre et de ses successeurs voulue par le Christ

 

Cela ne signifie pas que les papes peuvent faire ce qu'ils veulent, car ils sont de toute façon liés par l'autorité divine qui se manifeste dans le respect de ce qui est contenu dans l'Écriture et la Tradition.

 

Antonio Rosmini, en 1846, a publié Des cinq plaies de la Sainte Église. Le quatrième fléau concerne précisément le contrôle du pouvoir laïc sur la nomination des évêques. Entre autres choses, Rosmini affirmait : "À cette époque où le pouvoir laïc grandissait dans son entreprise constante d'invasion des élections, et avec elles la liberté de l'Église, c'est-à-dire au IXe siècle (et au siècle suivant, l'usurpation atteint son point culminant); une étape de cette invasion progressive est d'exiger que l'élection n'ait lieu que si les princes en ont demandé et obtenu l'autorisation". Ces paroles de Rosmini doivent être lues attentivement car elles nous disent que la tendance du pouvoir civil à s'immiscer dans la nomination des évêques est une manière de saper la constitution hiérarchique de l'Église. Cette tendance a aussi des versions que l'on pourrait qualifier de "douces", déjà bien décrites par le Bienheureux Rosmini, pour lesquelles le Pontife se limiterait pratiquement "pour le bien de l'Église locale" à approuver ce qui a déjà été décidé par l'autorité civile, donnant pratiquement une autorisation indirecte: ainsi la liberté ecclésiastique est pratiquement annulée.

 

Il est vrai que l'Église catholique est parfois contrainte de faire des compromis avec certains régimes politiques. Mais jusqu'à quel point ? Certainement pas sur ses principes fondamentaux. Si le compromis devait affecter la constitution hiérarchique de l'Église, divinement établie, le bien des fidèles pourrait-il se faire ? Alors peut-être que la mesure la plus appropriée pour les fidèles serait celle de type "japonais", c'est-à-dire celle des catholiques japonais qui lors des persécutions - qui ont commencé au XVIe siècle et se sont poursuivies au cours des siècles suivants - ont choisi la clandestinité. Ce n'était certes pas la meilleure situation pour l'Église, mais entre l'oppression du pouvoir politique et une Église défigurée vient un moment où il faut "se réfugier dans les bois" (Ernst Jünger) et continuer son combat spirituel par d'autres moyens.

Source: https://lanuovabq.it/it/contro-le-tentazioni-del-gallicanesimo

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27 juin 2023 2 27 /06 /juin /2023 10:35

Extraits :

 

"Bonjour à tous. Dans cette nouvelle video nous allons parler de Descartes. De René Descartes, tout le monde connaît le cogito ergo sum, le 'Je pense, donc je suis', que Descartes formulera de différentes façons.

Par ex : il dira, 'Je doute, donc je suis.'

Cela, tout le monde connaît, mais peu de personnes savent qu'il n'est pas de Descartes, il est déjà bien plus clairement exprimé par Aristote.

Et si l'on doit rechercher une formule à peu près identique, bien que cela soit l'idée qui importe et pas la formule, nous avons Saint Augustin. Descartes dit 'etiam sum si me fallit', 'aussi je suis si l'on me trompe' (Descartes, Méditations II). C'est une différente façon d'énoncer son âme principe qu'il donne à un autre endroit, et en fait Saint Augustin avait dit 'Si fallor, sum', 'si je me trompe, je suis'. (S. Augustin, Cité de Dieu XI, 26). Donc l'idée est déjà chez Aristote, elle est à peu près énoncée de la même façon par S. Augustin. Et notamment aussi si l'on veut le même 'Je pense, donc je suis', on a Gómez Pereira (1500-1567) qui, cent ans avant Descartes, dit : 'Je pense connaître quelque chose, or tout ce qui pense est, donc je suis.' (G. Pereira, De Immortalitate Animæ, p. 277) 

 

Or pourquoi j'insiste sur cela ? Et bien parce que Descartes a mis à la poubelle tous ses prédécesseurs, qui avaient déjà fait le travail !

 

Voilà ce que dit Descartes : 

 

'De ceux qui ont commencé par l'ancienne philosophie, que d'autant ils qu'ils ont plus étudié, d'autant ils ont coutume d'être moins propres à bien apprendre la vraie.' (Descartes, Les Principes de la philosophie, Préface)

 

Donc, là, ce qu'il nous dit, c'est que S. Thomas d'Aquin, etc., il faut le mettre à la poubelle parce que de toutes façons plus on l'étudie moins on est propres à étudier la philosophie. Que l'on ne soit pas d'accord en tout avec ses prédécesseurs, cela se comprend et S. Thomas n'a pas été d'accord en tout avec ses prédécesseurs, mais qu'on les mette comme cela à la poubelle... Or, en réalité, que voit-on ? Chez S. Thomas d'Aquin, par exemple dans le De Veritate, le cogito est beaucoup mieux exprimé ! Il reprend Aristote, mais il ne s'en cache pas ! 

 

Et chez Descartes il y a deux choses. Soit c'est bien, mais cela n'est pas nouveau, c'était déjà chez ses prédécesseurs. Soit c'est nouveau mais ce n'est pas bien. Et en fait, Descartes cela ne sert à rien ! Ne perdez pas votre temps avec Descartes ! Et nous allons voir cela.

 

Nous allons commencer par nous demander si Descartes a bien compris son principe ? Il y a les partisans du Cogito déduction et les partisans du Cogito intuition.

 

Les partisans du Cogito déduction disent que Descartes a compris son Cogito comme une déduction lorsqu'il dit 'Je doute, je doute de tout, etc., mais il y a une chose dont je ne puis plus douter c'est que je doute. Si je doute c'est donc que je pense, et si je pense c'est donc que je suis. Les donc sont chez Descartes et l'on serait là en fait dans un syllogisme, mais très souvent l'on n'énonce pas la majeure du syllogisme. Et là, pour Descartes, cela aurait été : 

 

Maj. Tout ce qui pense est

Min. Or je pense

Clsn. Donc je suis

 

Si Descartes a ainsi compris son Cogito, dans une déduction, et bien sa conclusion 'je suis', est une conclusion, ce n'est plus un premier principe. Le premier principe serait la majeure : 'tout ce qui pense est'. Et à la limite, la mineur aussi serait un premier principe, mais la conclusion n'est pas le premier principe.

 

Un autre problème qu'on soulevé les partisans du Cogito déduction est que l'on serait dans un cercle vicieux de la pensée. C'est-à-dire que normalement, dans un syllogisme, vous ne devez pas retrouver en acte la conclusion. Donc la conclusion 'Je suis' ne doit pas se retrouver dans les prémisses, l'on ne doit pas la retrouver dans la majeure ou dans la mineure ! Et quand la mineure dit 'je pense', elle affirme 'je' et 'je' cela veut dire que l'on affirme déjà sa propre existence. Le 'je pense', ce serait en fait 'je suis pensant (Cogito)'. Il y aurait déjà le 'Je suis' dans le 'je'. Le 'je' est essentiellement ontologique.

 

Ce qui est sûr, c'est que si le Cogito est déduction, le 'je pense, donc je suis' n'est pas le premier principe, le premier principe c'est 'Tout ce qui pense est'.

 

Les partisans du Cogito intuition disent que Descartes a compris ce Cogito, comme un premier principe indémontrable et donc qui ne résulte pas d'une déduction. Ici, attention, le mot intuition ce n'est pas 'j'ai l'intuition que demain il va pleuvoir, j'en suis pas sûr'. Ce n'est pas cela. L'intuition, c'est l'intuition des premiers principes et c'est la certitude des premiers principes qui est à la base de toutes les sciences, les vraies sciences. Parce que pour Aristote, etc., l'histoire n'est pas une pré-science, c'est une quasi science, tout comme la science physico-expérimentale, ce que l'on appelle la physique d'aujourd'hui. Ce n'est pas une vraie science, c'est une quasi science. Mais j'en parlerai dans une prochaine video.

 

L'argument fort pour dire que son Cogito est intuition, c'est que Descartes lui-même dira que ce n'est pas déductif c'est intuitif. Cependant les partisans du Cogito déduction disent non, non, c'est bien une déduction, quoi qu'en disent Descartes ! C'est exprimé comme cela, il y a un donc, etc. Or, effectivement, il y a un autre passage dans lequel Descartes écrit : 'de cela même que je pensais à douter de la vérité des autres choses, IL SUIVAIT très évidemment et très certainement QUE J'ÉTAIS'. Donc ils disent que si cela suit, on est bien dans une déduction : cela suit ! On n'est pas dans un premier principe.

 

Alors qu'en est-il au juste ? Et bien il y a eu des livres écrits par les partisans des deux côtés. Mais peu importe qu'il l'ait entendu dans un sens ou dans un autre, cela prouve au minimum une chose, c'est qu'il s'est mal exprimé ! C'est le minimum. Alors que ses prédécesseurs, par exemple, Saint Thomas d'Aquin s'était beaucoup mieux exprimé, lorsqu'il dit : 'Personne ne peut pas penser avec assentiment qu'il n'existe pas, en effet, dans l'acte de penser, il perçoit qu'il existe !' Ici c'est beaucoup plus clair, parce qu'il n'y a pas de donc et il n'y a pas de risque de confusion avec une déduction, etc.

 

Voilà, Descartes au minimum n'a pas été clair et pour lui c'est une tache forte. Parce que s'il peut arriver à tout le monde de ne pas être clair dans un ouvrage, etc., là le problème c'est que c'est le premier principe qui n'a pas été clair, celui sur lequel repose toute sa 'connaissance' de la philosophie !

 

Et puis Descartes n'était pas le premier à formuler cette idée, il y avait tout un travail des prédécesseurs qui avait été fait auparavant, mais Descartes l'a mis à la poubelle avec le plus grand dédain, comme quelque chose de dangereux ! Or si il avait écouté ses prédécesseurs, s'il s'était basé sur ses prédécesseurs, cela ne serait pas arrivé et aujourd'hui on n'aurait pas des ouvrages entiers des deux côtés pour dire 'non, c'est déductif', 'non, c'est intuitif, etc.' !

 

Maintenant, le plus gros problème avec ce principe (Cogito, ergo sum), c'est que Descartes a voulu en faire la base de toute la connaissance humaine. Et cela est un très gros problème parce que chez Saint Thomas, tout comme chez Aristote, nous avons une connaissance qui est stellaire, qui repose sur divers principes, ils acceptent tous les principes qui sont certains d'une certitude absolue. Par exemple, ils acceptent que 2 + 2 = 4. Ils acceptent 'Nemo dat quod non habet, personne ne peut donner ce qu'il n'a pas'. 

 

Le problème de Descartes, est que lui n'accepte qu'un seul principe à la base de toute la connaissance. C'est le 'Je pense, donc je suis'. Il dira par exemple ... qu'il y en a qui commettent des erreurs en mathématiques. Mais c'est parce que l'on ne pénètre pas les termes du calcul. Tout cela a été très bien expliqué chez S. Thomas, etc., et donc le 'Je pense, donc je suis', pourquoi ne pas en douter aussi sous prétexte qu'il y en a qui se tromper en philosophie ?

 

Il y en a qui se trompent en mathématiques, c'est vrai, mais il y en a aussi qui se trompent en philosophie !

 

Donc il dit deux et trois, je ne suis pas sûr du résultat [''Il se peut faire qu'il (Dieu) ait voulu que je me trompe toutes les fois que je fais l'addition de deux et de trois". Première Méditation], parce que il y en a qui se trompent. Mais pourquoi alors il est sûr du 'Je pense, donc je suis' ? Parce que c'est un premier principe me direz-vous ? Oui mais deux et deux font quatre c'est aussi un premier principe évident que l'on ne peut pas démontrer à partir d'un principe antérieur, si vous voulez.

 

À la limite chez les thomistes, s'il y a un premier principe c'est le principe de non contradiction. Mais même cela, Descartes n'en veut pas ! Il ne le veut pas comme premier principe. Et il donne diverses raisons à divers endroits. Par exemple il dira parce que ce n'est pas pratique. Mais la philosophie n'est pas faite pour être pratique. On ne connaît pas la philosophie dans le but d'agir, on connaît la philosophie dans le but de connaître. C'est une connaissance pour connaître et non pas une connaissance pour agir. En mathématiques c'est connaître pour connaître et de même en philosophie c'est connaître pour connaître.

 

Mais il y a d'autres principes premiers chez les thomistes. Par exemple : les faits ne précèdent pas la cause. Tous ces principes certains, ils les prennent. Ils ont raison parce que dans une science, toutes certitudes va fonder la science. C'est important, sinon l'on ampute la connaissance de toute une partie de la connaissance.

 

Et cela c'est le problème de Descartes, parce que Descartes n'est pas un sceptique comme certains l'ont dit, parce qu'il ne remet pas en cause toute la connaissance humaine, comme les sceptiques, il part du premier principe 'Je pense, donc je suis'. Mais, en réalité, il ampute le champ de la connaissance humaine, et c'est une grande amputation parce qu'il ne part que d'un seul principe.

 

Et donc quelque part, Descartes est plus dangereux que les sceptiques, parce que les sceptiques disent que l'on ne peut rien connaître, mais si vous voulez, l'intelligence humaine a besoin de connaître, elle a besoin de savoir, et donc dire que nous ne savons rien, l'intelligence peut difficilement s'y résoudre. Alors que Descartes apporte un peu, il va faire des adeptes parce que oui on peut connaître, par contre il ressert le champ de la connaissance humaine de façon extrême.

 

Donc, en conclusion du Cogito, il n'est pas sûr que Descartes l'ait compris convenablement. En tous les cas, il l'a très mal énoncé ! Et vouloir en faire le seul pilier de la connaissance humaine est une très grave erreur.

 

Et du reste, s'il y en a qui nient le principe de non-contradiction ou le principe du deux et deux font quatre, il y en a beaucoup plus qui nie le principe de Descartes ! Parce que si vous prenez par exemple les bouddhistes qui sont environ 600 000 dans le monde, pour eux, il n'y a pas de subsistance de soi, le je est une illusion. D'où le yoga, exercice physique et mental pour prendre connaissance que nous ne sommes pas. Or, comme le dit S. Thomas d'Aquin, 'personne ne peut penser avec un sentiment qu'il n'existe pas'. Ce n'est que dans un second temps que l'on peut le nier, mais au moment même où l'on pense, l'on s'aperçoit forcément que l'on est. Et ce n'est pas parce que beaucoup de personnes le nient que cela le prouve. Car il y a beaucoup de vérités philosophiques qui sont niées pour des raisons morales. En effet, c'est bien pratique de dire que l'on n'existe pas, parce que si l'on n'existe pas, le péché n'existe plus non plus. Ou c'est pas nous qui le commettons, c'est Brahmā, etc. (ou une autre âme dans le cadre de la réincarnation... Ndlr.). Parce que les Hindous ne sont pas clairs non plus avec le je. Ils admettent un je mais il y a le panthéisme, donc je n'est pas en réalité mon je. C'est un jeu panthéiste. Et ce n'est pas sûr qu'ils entendent le Cogito comme Descartes, ou comme Saint Thomas d'Aquin ou Aristote ! Ils l'entendent certainement d'une autre façon et les Hindouistes, c'est un milliard. Donc il y a 1,5 milliards de personnes sur la planète qui ne sont pas vraiment d'accord avec le Cogito.

 

Au niveau philosophique, Descartes est volontariste, il pense que Dieu peut faire les contradictoires. Vous avez le droit d'être volontariste en théologie, l'Eglise n'a jamais condamné cette position qui est par exemple celle des Scotistes qui n'ont jamais été condamnés. Mais, c'est faux philosophiquement, pas parce que Dieu ne le pourrait pas faire les contradictoires comme une entorse à son infinie puissance, mais parce que cela ne veut rien dire, cela ne rime à rien. Et cela avait déjà été dit avant lui. Les premiers principes de la science doivent être tenus avec certitude absolue, pas d'une certitude morale. Sinon tout le reste de la science devient du probable.

 

Conclusion

 

Descartes il y a des choses bien, mais qui ne sont pas nouvelles et sont déjà chez ses prédécesseurs. Et il y a des choses nouvelles qui sont catastrophiques parce que Descartes nous a amenés à un scepticisme par sa manie de contester les premiers principes, que l'on peut voir ensuite chez ses successeurs. Et maintenant n'importe qui peut contester n'importe quel premier principe parce qu'il y a ce doute méthodique mais qui ne rime à rien parce qu'il n'est pas plus légitime de douter qu'un carré à quatre côtés plutôt que le 'Je pense donc je suis', pas plus légitime.

Même sa pensée fausse, on retrouve beaucoup de sa pensée fausse chez Gómez Pereira. Et certains ont accusé Descartes d'avoir repris Gómez Pereira.

Descartes a eu un mauvais enseignement d'Aristote et de S. Thomas d'Aquin. Apparemment il ne savait pas ce qu'était le thomisme. Il a eu un enseignement thomiste, mais qui était soit-disant thomiste. Et ce qu'il pense réfuter du thomisme n'est pas dans le thomisme. Et cela est très courant encore aujourd'hui de voir des gens cracher sur Aristote ou S. Thomas, non pas parce qu'ils n'ont pas été clairs, mais parce que cela demande des pré requis qui n'ont pas été assimilés. 

 

(Fin de citation)

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19 mars 2023 7 19 /03 /mars /2023 09:53

Le statisticien Pierre Chaillot, dans son livre sorti le mois dernier, met en lumière de manière systématique et irréfutable l’imposture covid, la fausse hécatombe, la fausse saturation des services hospitaliers, le renouvellement de l'"arnaque" de la grippe H1N1 (2009) et de sa "vaccination".

 

‘’En 2009 a eu lieu la 'première pandémie' du XXIe siècle. ... Tous les ingrédients de ce qui s'est révélé être une ARNAQUE monumentale devraient réapparaître aujourd'hui dans nos mémoires pour mieux nous faire comprendre ce que nous vivons. Après cet épisode, en 2010, le Sénat a publié un rapport d'enquête parlementaire [ https://www.senat.fr/rap/r09-685-1/r09-685-1.html ] permettant d'expliquer les mauvaises décisions qui avaient été prises. Nous y retrouvons la critique des modèles mathématiques utilisés, farfelus et alarmistes, les conflits d'intérêts entre les scientifiques des plateaux de télévision, l'OMS et les laboratoires pharmaceutiques, le tout ayant abouti à une campagne vaccinale aussi chère qu'inefficace.

 

"... La pandémie H1N1 (en 2009. Ndlr) est née d'un désir catastrophiste qui aurait pu accoucher de nombreux morts statistiques et d'une vaccination massive sans l'intervention (innocente) des professionnels de santé : on leur a dit que c'était un virus de grippe, ils l'ont soigné ! Tss... Personne ne leur avait dit qu'il fallait laisser leurs patients à risque aggraver leur état à domicile (comme avec le covid en 2020. Ndlr.)

 

"Le désir de pandémie a été nourri par des politiques assujettis à leurs cabinets de conseil, par des laboratoires pharmaceutiques voulant rentabiliser leurs investissements, par des scientifiques désirant voir leurs compétences promues, par des médias arrimés aux agences de presse et aux communiqués de presse des personnes influentes. 

 

"Tout ce petit monde fonctionnait déjà en 2009... Il carbure plein pot depuis 2020.

 

"Écrire un nouveau rapport parlementaire ? Le plus simple serait de reprendre celui concernant le H1N1, en changeant le nom de la maladie !

 

"L’arnaque totale de la grippe H1N1 de 2009 a été la première tentative du XXIe siècle de création d’une panique générale pour rafler la mise. … Cette arnaque a … eu lieu sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Roselyne Bachelot, ancienne déléguée médicale au sein du laboratoire ICI Pharma (aujourd’hui AstraZeneca) de 1969 à 1976 … a lancé les achats massifs de vaccins (94 millions de doses commandées) qui ont en écrasante majorité fini à la poubelle (6 millions de doses réellement utilisées). Le coût estimé de cette gabegie est de 660 millions d’euros.

 

‘’… À l’époque de la grippe H1N1, la vaccination de masse avait été elle aussi présentée comme l’unique outil à disposition mais la campagne s’était soldée par un démenti magistral : seulement 5 % de la population s’était fait vacciner. Dix ans plus tard, nous avons les mêmes ingrédients, les mêmes protagonistes qui reproduisent le même schéma mais ont visiblement tiré les leçons de 2009 : ils ont été plus violents, ils ont joué sur les peurs et la sidération en imposant le confinement strict de mars-avril, ils ont bénéficié de la désorganisation en cours du système de soins et l’ont considérablement aggravée, ils ont interdit (une première!) la prescription de médicaments qui semblaient efficaces, interdit le recours aux médecins généralistes, ils ont terrorisé les gens avec l’obligation du port du masque – qui fait croire que l’autre est dangereux et risque de nous tuer en respirant… Ils ont enfin organisé un contrôle permanent des individus sous le prétexte de les protéger.’’ (Pierre CHAILLOT, Covid-19 Ce que révèlent les chiffres officiels, Mortalité, tests, vaccins, hôpitaux, la vérité émerge, L’Artilleur, 2023, p. 409, 424-425, 455.)

 

Lire : Pierre Chaillot (Covid-19, ce que révèlent les chiffres officiels) « Pas la première fois que l’OMS est responsable d’une panique mondiale ayant permis un enrichissement démesuré de ses financeurs » [Interview]

 

https://www.breizh-info.com/2023/03/09/216513/pierre-chaillot-covid-19-ce-que-revelent-les-chiffres-officiels-pas-la-premiere-fois-que-loms-est-responsable-dune-panique-mondiale-ayant-permis-un-enrichissement-demesure/

"Covid 19 : ce que révèlent les chiffres officiels", sur Cnews la vérité émerge 

Lire aussi : https://www.francesoir.fr/videos-l-entretien-essentiel/covid-19-ce-que-revelent-les-chiffres-officiels-pierre-chaillot

"Ces rapports (ATIH) ... indiquent que l'épidémie de Covid n'a en réalité mobilisé que 2% des lits d'hôpitaux et 5% des lits dans les services de réanimation pendant l'année 2020.

 

Lire : "En 2020 seulement 2% des hospitalisations étaient liées au Covid, 5% en Réa" (Rapport ATIH - C-News - LCP) - "La peur a été instrumentalisée"

 

... Ces rapports montrent ... que, toujours en 2020, l'hôpital public a accueilli au final moins de patients qu'en 2019...

 

La panique générale a surtout abouti à un renoncement aux soins et à des déprogrammations de soins qui ont eu des conséquences dramatiques sur la santé de nos concitoyens. ... les hôpitaux n'auraient jamais été saturés si le gouvernement n'avait pas empêché les quelque 100 000 mécecins généralustes (et certains spécialistes) de soigner les malades en amont. [Pour plus de détails, v. L. MUCHIELLI, La Doxa du Covid, tome 1 : Peur, santé, corruption et démocratie, Bastia, éd. Éoliennes, 2022, ainsi que L. MUCHIELLI, La Doxa du Covid, tome 2 : Enquête sur la gestion politico-sanitaire de la crise, Bastia, éd. Éoliennes, 2022 (troisième partie)] 

 

... Ce diktat (le refus de soin) est probablement la faute la plus grave de toutes... Concrètement, il s'est traduit dans la volonté de décrédibiliser toutes les propositions thérapeutiques ayant émergé - et il n'y a pas eu que celles de l'IHU de Marseille - pour faire croire que 'rien ne marche contre le SARS-COV-2. Et par la suite de charger le Conseil de l'Ordre des médecins (plutôt un conseil des médecins aux ordres) de pourchasser celles et ceux qui ont dérogé à cette consigne en s'efforçant au contraire de soigner les malades [L. MUCCHIELLI, "Il n'y a pas de démocratie sanitaire quand les professionnels de de terrain sont à ce point méprisés", Alternative santé, 22 décembre 2020]. En retour, la consigne officielle était de rester chez soi, de prendre du paracétamol... et d'attendre que ça passe.'' (Pierre CHAILLOT, Covid-19 Ce que révèlent les chiffres officiels, ibid., p. 16-18.)

 

"Ce rapport de l'ATIH a été vite enterré et, surtout, un second rapport de la même agence, concernant l'activité totale des hospitalisations en 2020, a été passé sous silence [ https://www.atih.sante.fr/sites/default/files/public/content/4144/aah_2020_analyse_mco.pdf ] Celui-ci montre que, non seulement l'activité Covid-19 à l'hôpital a été très éloignée de l'image véhiculée par les médias, mais qu'en outre, l'hôpital français n'a jamais été autant sous-estimé qu'en 2020.

 

"... En 2020, le nombre de séjours avec passage en soins critiques, a diminué de 5,9% par rapport à 2019 (Figure 33.) Du fait des déprogrammation et de la non-prise en charge de patients, les soins critiques ont également été sous-utilisés. ... La désorganisation du soin a pénalisé les Français qui ont été moins soignés que les autres années." (Pierre CHAILLOT, Covid-19 Ce que révèlent les chiffres officiels, ibid., p. 92; 103)

 

"Le fait que 2020 ait finalement été une année de faible mortalité au regard des dix dernières années devrait alors mettre un terme à toute panique entourant la Covid-19.

 

"... La mortalité de l'année 2020 est au niveau de l'année 2015. 2020 est la septième année la moins mortelle de toute l'histoire de la France. La mortalité de 2021 est au niveau de celle de 2018, soit la troisième année la moins mortelle de toute l'histoire de France.

 

"... 2020 n'a donc pas été une année où l'on est mort jeune, ni une année où il y a eu beaucoup de décès au regard des autres années. C'est l'une des années de plus faible mortalité dans toute l'histoire de notre pays...

 

"... Les années 2019 à 2021 forment la période triennale la moins mortelle de toute l'histoire de France. 

 

"... Le nombre de malades diagnostiqués Covid-19- par le Réseau Sentinelles (Figure 36) en France métropolitaine en une semaine n'a jamais atteint 150 pour 100 000 habitants. Par comparaison, pendant l'hiver 2014-2015, le nombre de malades de la grippe a atteint plus de 830 pour 100 000 habitants, près de six fois plus."

 

"De nombreux patients sont probablement décédés non pas à cause du caractère exceptionnel de la maladie, mais à cause du caractère exceptionnel de la situation : pas de prise en charge précoce et pas de traitement, par exemple antibiotique."

 

(Fin de citation)

 

(Pierre CHAILLOT, Covid-19 Ce que révèlent les chiffres officiels, ibid., p. 40; 59;65; 70; 110; 233.)

SOURCE

 

Pierre CHAILLOT, Covid-19 Ce que révèlent les chiffres officiels, Mortalité, tests, vaccins, hôpitaux, la vérité émerge, L’Artilleur, 2023, Préface de Laurent MUCCHIELLI, Directeur de recherche au CNRS, Postface de Laurent TOUBIANA, épidémiologiste et chercheur à l'INSERM.

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23 février 2023 4 23 /02 /février /2023 11:57

Tout ce qu’il y a dans le monde – la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse –, tout cela ne vient pas du Père, mais du monde.

1 Jn 2,16

Tout ce qui est au monde est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie.

Blaise Pascal

Chacun est tenté par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit.

1 Jc 1,14

Prise dans cette acception éminemment chrétienne et biblique, la concupiscence n'est pas pas autre que le foyer des passions humaines : ce sont les passions elles-mêmes, mais les passions en tant qu'elles deviennent leur fin et poussent au désordre; les passions retournées contre leur but. Voilà l'hydre perpétuellement vivante qui ruine vos vertus et dévore votre progrès; hydre terrible, déchaînée sur le monde par le péché originel, qui en retournant contre leur but les passions données à l'homme pour le conduire à Dieu, jeta au sein de l'humanité cet antagonisme persévérant au vrai Progrès humain.

Joseph FELIX, Le Progrès par le christianisme 1857, Conférences de Notre-Dame de Paris, Forgotten Books, p. 60-51

 

Adam et Ève au Paradis Terrestre, par Johann Wenzel Peter (1745–1829)

 

 

Comme Jésus, l'homme peut être tenté par le démon, par sa propre concupiscence le plus souvent, et nous devons faire usage de notre liberté pour répondre vraiment à l'amour de Dieu, en enfants de Dieu.

 

Or '’l’idéal du bonheur proposé par les Lumières s’oppose à celui qui est solidement en place qui est celui du bonheur chrétien (la tempérance) qui disqualifie le modèle hédoniste (jouisseur et concupiscent) et privilégie la perspective de l’au-delà." (Xavier Martin)

 

L'historien Xavier Martin, professeur émérite de l'histoire du droit, Université d'Angers, décrypte le matérialisme des Lumières :

EXTRAIT de la conférence :

 

Jouir de soi-même’, la dite formule est spécialement harmonisée au génie propre d’un Rousseau, qui en fait grande consommation.

 

‘’L’idéal du bonheur proposé par les Lumières s’oppose à celui qui est solidement en place qui est celui du bonheur chrétien qui disqualifie le modèle hédoniste et privilégie la perspective de l’au-delà.

 

Le révolutionnaire Brissot pose en principe que l’‘on ne jouit que par les sens.’

 

Diderot : ‘Il n’y a qu’un devoir c’est d’être heureux.’

 

Et Voltaire écrit : ‘Jouir de la vie tant qu’on la tient. Car tout le reste est folie.’

 

Mirabeau père : ‘Notre bonheur est notre premier devoir.’

 

Et aussi Sieyès : ‘L’homme est fait pour jouir.’

 

D’Holbach : ‘Jouis, voilà ce que la nature t’ordonne, consent que d’autres jouissent, mets-les à portée de jouir.’

 

Et Chamfort : ‘Jouis et fais choisir, voilà je crois toute la morale.’

 

Ou Sonancour : ‘Jouis, il n’est pas d’autre sagesse; fais jouir il n’est pas d’autre vertu.’

 

N‘est-ce pas assez clair ? On est moins ici dans une perspective de droits subjectifs que dans le devoir, les impératifs, l’impériosité.

 

Mettre ses semblables à la portée de jouir : message bien reçu par Mirabeau fils. ‘Le code social, affirme-t-il en 1776 doit être fondé sur les sensations et par là-même n’a d’autre objet que les jouissances (ce sont ses mots), leur distribution, leur arrangement, leur reproduction et leur multiplication.’

 

Consonant écho chez Condorcet: ‘Principal bienfait du libéralisme, il augmente, dit-il, la masse des jouissances.

 

En un mot, société, satiété, c’est désormais tout un !

 

Cette logique affirmée d’un devoir d’être heureux ici-bas inclut bientôt l’obligation, paradoxale, d’un résultat. Elle se transmet en une logique totalitaire, consubstantielle aux utopies, celle du bonheur obligatoire. Logique totalitaire, qui la Terreur venue, viendra jusqu’à traquer l’expression des visages !

 

Selon un témoin, quand passe en mission un conventionnel, je cite : ‘la tristesse se répand dans tous les coeurs et la gaieté sur tous les visages.’

 

Pour l’abbé Morlaix, quoique ‘philosophe’, un comité de surveillance va fignoler cette question piège : ‘pourquoi étais-tu gai avant le 10 Août 1792, deux ans plus tôt, et triste après ?’ 

 

Le devoir d’être heureux invoqué par Diderot et consorts, est devenu entre-temps, tyrannique, et vital : car on l’a compris, la mine allongée peut bien vous hisser en un tour de main jusqu’au bonheur obligatoire de l’échafaud...’’

(Xavier Martin)

 

Souce video : https://gloria.tv/post/QcbDcYjhAUJm3yaeTCtiHWHd8#1185

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17 février 2023 5 17 /02 /février /2023 09:47

Le niveau de vie des Français s’effondre relativement à celui de leurs voisins.

https://atlantico.fr/article/decryptage/le-niveau-de-vie-des-francais-s-effondre-relativement-a-celui-de-leurs-voisins-et-voila-les-responsables-pouvoir-d-achat-france-zone-euro-pib-par-habitants-union-europeenne-effondrement-industriel-christian-saint-etienne

https://atlantico.fr/article/decryptage/le-niveau-de-vie-des-francais-s-effondre-relativement-a-celui-de-leurs-voisins-et-voila-les-responsables-pouvoir-d-achat-france-zone-euro-pib-par-habitants-union-europeenne-effondrement-industriel-christian-saint-etienne

L’indicateur le plus neutre est le PIB par habitant tel que publié par Eurostat en niveau réel. C’est d’ailleurs cohérent avec la forte baisse du PIB relatif de la France par rapport à l’Allemagne et l’effondrement industriel de la France depuis 25 ans explique cette forte baisse du revenu français. La tendance au déclin relatif de la France est un peu générale vis-à-vis de tous les pays développés, y compris les Etats-Unis, mais c’est particulièrement notable vis-à-vis de l’Europe du Nord, alors que nous partageons la même monnaie. Jusqu’en 2021, on observait une baisse du niveau de vie des Italiens et des Espagnols. Et depuis un an, la France baisse plus que ces deux pays, les Italiens ayant gardé une industrie puissante et les Espagnols ayant une part de l’industrie manufacturière dans le PIB supérieure à la France.

 

La France n’a rien à vendre à l’international, ou presque. [...]

 

C’est un phénomène très particulier lié ultra majoritairement au fait que le taux d’imposition sur les sociétés est à 12,5 % en Irlande, alors qu’il est à 25 % en France et entre 19 et 25% en Europe. Toutes les GAFAM ont basé leur siège social à Dublin et les ventes de ces sociétés sont comptabilisées comme vendues par l’Irlande, ce qui conduit à surévaluer massivement le PIB Irlandais.

 

Quelles sont les responsabilités politiques de la situation française actuelle ? 

 

[...] Au milieu des années 1990, et plus précisément vers 1995-1997, les élites français politiques, économiques, sociologiques et médiatiques se sont convaincues que nous entrions dans un monde post-industriel, post-travail. L’essentiel de l’activité tournerait autour des services et la production de biens serait secondaire.

[...] Or, et nous le savons depuis plusieurs années maintenant, nous sommes dans un monde hyper-industriel avec une nouvelle révolution industrielle, liée à l’informatique. Cela mène à l’émergence des GAFAM aux Etats-Unis et à l’absence d’équivalent en France.

[...] [L]a nouvelle baisse des impôts de production prévue pour 2023-2024 est intervenue trop tard.

 

[...]  La seule solution sérieuse, c’est de continuer de baisser les impôts de production, éventuellement les impôts sur les sociétés, et réinvestir dans l’industrialisation, ce qu’Emmanuel Macron ne fait pas. Ainsi, sans stratégie de réindustrialisation, la situation ne fait que se dégrader. Cela fait bientôt 30 ans que le paradigme post-travail gouverne la France et la plombe. [...] Tant qu’on ne réindustrialisera pas sérieusement, on continuera d’être dans la situation qui est la nôtre, c’est à dire celle d’un déficit public et extérieur colossal.

 

[...] Les économistes officiels ont une seule obsession : la lutte contre les inégalités, alors même que nous sommes détenteurs du record du monde de la dépense publique, ce qui ne les émeut pas.

 

Comment expliquer cet affaiblissement du pays ? Avons-nous cédé à une certaine pression de la gauche ?

Selon moi, cela remonte encore plus loin. Jean-Jacques Rousseau a causé des dégâts considérables avec cette idée du Contrat Social notamment. Il explique qu’en laissant les autonomies individuelles se développer, des conflits en résulteront. C’est par cela qu’il développe la notion de volonté générale. Il est à la base des analyses, avec Hegel, qui vont conduire au Marxisme et au Léninisme, c’est à dire que quelques-uns doivent décider pour les autres... [C'est-à-dire une oligarchie née en 1792 et qui se perpétue dans ces principes rousseauistes étatistes jusqu'à aujourd'hui. "Jusqu'au bout, les hommes de la Révolution auront refusé de faire des électeurs, même au second degré, les arbitres de la dévolution du pouvoir..." (François Furet, préface in Patrice Gueniffey, Le Nombre et la Raison, La Révolution française et les élections, préface de François Furet, Editions de l'Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales, Paris 1993, p. XI.). En 1789, "[...] (e)n théorie, le nouveau citoyen se voit reconnaître un pouvoir de contribuer à la formation des décisions, ... Mais en réalité, il a moins de prise sur la décision qu'il n'en a jamais eu (Voir P. Gueniffey, Le Nombre et la raison, p. 208-213). En effet, la participation démocratique transfère le pouvoir théoriquement possédé par les individus à une oligarchie composée de professionnels de la politique. Cette oligarchie trie les problèmes et définit les termes dans lesquels ils peuvent être résolus, médiation indispensable pour transmuer la poussière des volontés individuelles en 'volonté collective'. La toute-puissance de la 'machine', ou du parti, est la réalité de la liberté du citoyen moderne. [...] [L]e pouvoir réel se trouve entre les mains du 'cercle intérieur'. [...] [L]e peuple est réellement dépossédé de son pouvoir au profit du parti indispensable au fonctionnement de la démocratie. [...] [L]e mensonge: la dictature d'une minorité prétendant énoncer la Volonté générale au nom du peuple mais à la place du peuple." (Patrice Gueniffey, La Politique de la Terreur, Essai sur la violence révolutionnaire, Fayard 2000, réed. Tel Gallimard, Mesnil-sur-l'Estrée 2003, p. 206-207). NdCR.]

 

C’est un sous-jacent majeur dans la pensée politique française. Au XXème siècle, les deux guerres vont également laisser des traces. Nous avons gagné la Première Guerre mondiale, mais au lourd prix de la perte de 15% des hommes de 18 à 35 ans, ce qui affaiblira terriblement le pays. Enfin, la débâcle de 1940 a beaucoup joué sur la perte de confiance de la France et sur sa projection dans le monde. En somme, nous avons une histoire très mouvementée, marquée par le socialisme redistributif et l’idée que le marxisme-léninisme doit décider pour les autres. Tout cela produit un certain univers culturel qui émet notamment l’idée qui suffit de taxer les riches pour réduire le déficit public, sans même comprendre que 80% de la fortune des riches est de la fortune papier. On se retrouve donc dans un contexte culturel et politique qui conduit à un déficit public permanent. 

 

[NdCR. "Le socialisme [...] découle du libéralisme..." Antoine Blanc de Saint-Bonnet, La Légitimité.]

[...] Quelles sont les responsabilités « extérieures » à la France dans cet affaissement du niveau de vie de Français ? 

 

[...] Nous ne pouvons donc pas nous permettre indéfiniment d’avoir des déficits publics et commerciaux, sans quoi nous pourrions avoir un jour une crise de notre balance courante. Il faut donc que les Français se réveillent et se remettent au travail.

 

Du fait de l’affaiblissement Français et de la désindustrialisation, le pouvoir politique européen est passé de la France à l’Allemagne. [...] Avant cela, lorsqu’elle était encore en position de leader en Europe, de 1950 à 2010, elle menait ce qu’on peut appeler une « politique européenne en Europe », c’est à dire une politique bénéfique pour l’ensemble des pays européens. Quand ce leadership est passé de la France à l’Allemagne, ces derniers menaient une « politique allemande en Europe », qui était uniquement favorable à leurs propres intérêts. Ils ont une dent contre la France et ne se gênent pas pour écraser les Français à la moindre occasion. Tout cela conduit à une perte de vitesse de la France. Nous sommes aujourd’hui marginalisés et nous nous retrouvons dans une situation déplorable, avec une dette publique qui augmente massivement. Il va falloir mener des ajustements massifs mais les Français n’y sont pas préparés. De plus, nous sommes depuis 20 ans dans une situation où les élites françaises considèrent l’industrie comme une activité du passé, sans comprendre que sans une industrie puissante il n’est pas possible de peser sur les plans économiques, politiques et stratégiques au niveau européen et mondial.

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