Michèle Alliot-Marie a annoncé ce soir sa démission du gouvernement Fillon suite à la révélation d'affaires familiales immobilières en Tunisie avec un proche des Ben Ali.
Ce genre d'affaires immobilières et/ou autres avantages étant pratique courante au sein de l'oligarchie (lire: Dominique Strauss-Kahn et son "ami" Ben Ali), la Ministre des Affaires étrangères n'a été en cette circonstance que le fusible qui a sauté. C'est tout le gouvernement en bloc qui devrait être démissionné. La France a vendu des armes militaires et du matériel de police (grenades, boucliers et tenues) à la dictature tunisienne au moment où le peuple tunisien se libérait de son oligarchie (Europe 1, Grenades : la France avait donné son accord), par la voix de sa ministre des Affaires étrangères, elle a offert le "savoir-faire" républicain français pour "régler des situations sécuritaires de ce type"... (tout un programme quand on connait les occasions où la république a su montré son "savoir-faire": toutes révoltes populaires ou parisiennes réprimées au canon et au fusil, en 1793-94, 1797 parce que le peuple parisien avait mal voté - il avait voté royaliste -, 1849, 1870, 1945, 1962...). La démission du fusible Michèle Alliot-Marie ne doit pas nous tromper. Tout ceci montre assez la nécessité de stopper ici aussi en France les oligarques qui corrompent les institutions sous couvert de "démocratie" en faisant leurs petites affaires sur notre dos. Rétrospective.
Le 11 janvier 2001 à l'Assemblée nationale, trois jours avant la chute de Ben Ali et alors que la révolution tunisienne prend de l'ampleur, Michèle Alliot-Marie réagit en proposant que « le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, permette de régler des situations sécuritaires de ce type » (Compte-rendu de la séance du 11 janvier 2001 - Assemblée nationale). Une grande partie de la presse française analyse sa proposition comme un soutien au régime de Ben Ali.
Elle est critiquée par des parlementaires de gauche et des journalistes français, et certains demandent sa démission. Michèle Alliot-Marie affirme que ses propos ont été sortis de leur contexte.
Début février 2011, le Premier sinistre François Fillon admet que Michèle Alliot-Marie, en tant que ministre des Affaires étrangères, avait autorisé la livraison de grenades lacrymogènes à la police tunisienne (Europe 1 Grenades: la France avait donné son accord), autorisation qu'elle a rendue définitive le 12 janvier. Mais les douanes françaises retardent la livraison en demandant une confirmation. La livraison est finalement annulée par la ministre le 18 janvier, quatre jours après la fuite de Ben Ali.
Fin janvier, Le Canard enchaîné (Le Canard enchaîné du 26/01/2011) révèle que Michèle Alliot-Marie a passé ses vacances de fin d’année 2010 en Tunisie, alors que les manifestations étaient en cours depuis plusieurs semaines. L'hebdomadaire dévoile ensuite, dans ses éditions successives, une série de détails sur ces vacances qui alimentent une controverse : Michèle Alliot-Marie, son compagnon Patrick Ollier, et ses parents ont effectué un puis deux trajets (Tunis / Tabarka et une excursion à Tozeur dans le Sud tunisien ) dans le jet privé d'Aziz Miled (Le Canard enchaîné 25 février 2009, p.2 ; d'après le « Who's Who »), un homme en affaires avec des proches de Ben Ali ; les parents de Michèle Alliot-Marie ont conclu avec lui une acquisition immobilière (Le Monde Les parents d'Alliot-Marie ont fait affaire avec Aziz Miled en Tunisie, édition du 27 février 2011).
Ces faits, ainsi que les explications partielles et contradictoires de la ministre, sont compris par certains observateurs comme révélateurs d'une proximité de Michèle Alliot-Marie avec l'ancien régime tunisien. Mediapart révèle que MAM a bien eu, au cours de ses vacances, une brève conversation téléphonique avec le président Ben Ali (L'Express, Tunisie: les mensonges d'Alliot-Marie, 16/02/2011). Le nouveau ministre tunisien des Affaires étrangères, Ahmed Ounaies, prend la défense de sa collègue française, mais cela lui est si vivement reproché en Tunisie qu'il est contraint à la démission.
Face à cette accumulation, Michèle Alliot-Marie dénonce une « campagne indigne » menée contre elle (RTL.fr du 17/02/2011).
Rappelons que le père de Michèle Alliot-Marie, Bernard Marie, maire de Biarritz de 1977 à 1991 était "initié", qu'il s'est rendu avec sa fille, fin décembre 2010, en Tunisie pour y conclure une transaction immobilière avec l'homme d'affaires Aziz Miled, l'achat de parts dans une société civile immobilière (Le Monde, Voyage en Tunisie : la défense de Michèle Alliot-Marie s'effondre, 16 février 2011), et que le "compagnon" de la "catholique" divorcée Michèle Alliot-Marie, Patrick Ollier, est... franc-maçon. (1)
(1) http://www.lepoint.fr/actualites-politique/les-francs-macons-de-sarkozy/917/0/324920; http://bellaciao.org/fr/spip.php?article84275
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- Tunisie : Dominique Strauss-Kahn et son "ami" Ben Ali
- Nouvelle manifestation à Tunis contre l'ex-RCD Mohammed Ghannouchi