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Christ Roi

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 13:07

Le testament politique de Louis

Testament politique de Louis XVI : analyse d'Yves Marie Adeline (A.R)
  " Ne prononcez pas cette péroraison : Je veux les convaincre, non pas les attendrir. "

Et Mr de Sèze, avocat du Roi-martyr, jeta au panier la conclusion pathétique qu’il souhaitait donner à sa plaidoirie devant les Conventionnels. Oui, le roi voulait convaincre, pas attendrir.

Mais il a perdu ce combat. On décida sa mort, à une voix de majorité, celle de son cousin le duc d’Orléans, le prédécesseur des actuels princes d’Orléans : comte de Paris, duc de Vendôme, etc…


Et depuis ce temps, dans le meilleur des cas, Louis XVI vous attendrit. Mais il ne vous a pas convaincu. Le régime républicain à gagné cette ultime partie, capitale à ses yeux.  

Une partie capitale, parce que c’est sur ce socle, c’est sur cette tombe qui enferme le testament politique de Louis XVI (rédigé le 20 juin 1791, la veille de la "fuite à Varennes", à ne pas confondre avec le testament rédigé à la cour du Temple le 25 décembre 1792. Ndlr.), que repose sa solidité. Tant que vous ne connaîtrez pas ce testament, tant que vous aurez à l’esprit l’image mensongère que la république vous a donnée de Louis XVI, ce régime sera tranquille.

(Note de la rédaction du blogue: cet éditorial d'Yves Marie Adeline a été écrit en 2002 et figurait sur le premier site internet de l'Alliance Royale au moment où elle présenta ses candidats aux élections européennes de 2004; Le film "Louis XVI, le roi qui ne voulait pas être roi" passé sur FR2 le 29 novembre dernier, rétablit une partie de la Vérité sur ce grand Roi qui aima tant la France et ses Peuples; le texte suivant d'Yves Marie Adeline rétablit le reste de la Vérité qui manque encore au film. Les Français doivent enfin réaliser que tous nos rois jusqu'au dernier ont toujours voulu oeuvrer pour le bien commun et l'unité harmonieuse des peuples sous leurs juridictions et l'ont fait mieux que les 5 républiques)

C’est pourquoi, lorsque chaque année, le 21 janvier, jour de son supplice, des Français fidèles viennent comme en pèlerinage exprimer leur fidélité, leur piété filiale, c’est bien, c’est beau, c’est juste.

Et pourtant il y a toujours quelque chose qui me gêne ce jour-là : c’est le regard que la république porte sur ce geste annuel. Non pas, certes, un regard de bienveillance, ni de sympathie ; mais une sorte d'indulgence amusée: " Bah! laissez-les tranquilles, ils ne sont pas bien dangereux... ".

Et après tout, la République elle-même a rompu depuis longtemps avec sa haine de Louis XVI. Elle ne revendique plus son sang: c'est désormais inutile. Car elle a obtenu, et depuis longtemps, ce qu'elle cherchait à obtenir à tout prix. Et quand je dis: à tout prix, c'est le prix du sang et du mensonge qui, en s'agglomérant, ont constitué le ciment le plus solide de son régime.

Ce qu'elle voulait obtenir, c'est que tous les Français, royalistes ou non, aient dans leur esprit un portrait identique de Louis XVI: un portrait que la Révolution a dessiné à l'usage de tous.

Regardez-le bien, ce portrait: un homme bon sans doute, mais faible, irrésolu, qui n'était pas l'homme de la situation. Un homme bien gentil, mais qui incarne à merveille le mythe selon lequel la royauté était exténuée, expirante, surannée, vieillie, dépassée par une histoire nouvelle. Bref, une monarchie inadaptée aux nouveaux temps, et a fortiori à l'avenir.

Écoutez-moi bien: tant que ce portrait restera imprimé dans toutes les têtes, la République pourra respirer tranquille. A la limite, elle pourrait aujourd'hui accepter toutes les révisons de notre histoire, qu'elle a abondamment falsifiée depuis deux siècles. Toutes les révisions. Mais pas celle-là.

Oh, combien de fois ai-je lu, dans nos propres rangs, des ouvrages qui répondent inconsciemment à cette attente de la République?

Alors, vous vous dites fils de Saint Louis? Oui, ça ne la dérange pas.

Fils de Louis XIV? Mais oui, pourquoi pas?

Fils de Louis XVI? Ah non! Celui-là, c'est le dernier. Il ne doit pas exister une descendance politique de Louis XVI.

Chaque année donc, vous entendez le testament spirituel, pourrait-on dire, de Louis XVI. C'est bien. Mais il existe aussi une sorte de testament politique auquel personne, même parmi nous, ne fait attention... pour le plus grand bonheur de la République... Car c'est celui-là, c'est la seule chose que la République redoute par-dessus tout.

Et c'est de ce testament-là que je veux vous parler aujourd'hui.

Examinons, s'il vous plaît, le portrait mensonger que la République a dessiné pour nous " re "-présenter Louis XVI.

D'abord son aspect physique. J'ai été très frappé, en observant un jour une peinture datant de la Restauration, de constater que Louis XVI y était représenté de la même taille que les personnages qui l'entouraient. Cette peinture, pourtant, n'était pas l'œuvre d'un républicain. Mais l'infestation de la propagande républicaine avait déjà atteint son objectif. Alors que le Roi-martyr mesurait plus d'un mètre quatre-vingt-dix, que sa force musculaire était colossale. On raconte même qu'il jouait à tordre un fer à cheval pour amuser son fils, le Dauphin. Je ne sais si cela est vrai, mais ce témoignage exprime au moins l'étonnement de ses contemporains pour sa force naturelle.

Et que dire du mythe de Louis XVI en gros glouton? Souvenez-vous de ces listes de plats qu'il était censé ingurgiter à chaque repas sans défaillir. C'était oublier opportunément que Versailles était une immense machine administrative où l'on ne faisait pas ses courses au marché comme la ménagère. Alors, à table, on présentait au Roi une carte des plats, et il choisissait.
Imaginez que, dans deux siècles, de prétendus historiens écrivent que nous étions d'infatigables mangeurs, en exhibant comme preuve les cartes des plats disponibles dans nos restaurants! Eh oui, voilà comment la République refait l'histoire.

Plus récemment, j'ai vu un film qui le mettait en scène parmi d'autres personnages. Le comédien qui jouait le rôle affectait de zozoter, pour inspirer la moquerie au grand public! Jamais, bien sûr, le Roi n'a zozoté, jamais personne n'a jamais dit qu'il avait, comme on dit, un cheveu sur la langue. Mais c'est égal: l'important est de le rendre ridicule.

Ensuite, il y a le portrait intellectuel. Alors là, on atteint des sommets. Car après tout, le fait de zozoter n'est pas en soi un obstacle au talent! Prenons l'exemple de l'écrivain Émile Zola. Et remarquons d'ailleurs, au passage, que lorsqu'un comédien incarne cet auteur républicain, il ne zozote jamais... C'est amusant, n'est-ce pas? II semble que la vérité soit décidément insupportable à notre temps, jusque dans ses moindres détails.

Le portrait intellectuel de Louis XVI, tous ceux qui se souviennent de leurs années passées à l'école le connaissent: c'est celui d'un parfait imbécile. Sa seule passion, paraît-il, était de monter et démonter les serrures du Palais de Versailles. Il faudra attendre la fin du XX° siècle, avec les historiens Girault de Coursac, pour s'apercevoir que ceci est une légende, et que les passions intellectuelles du Roi sont plutôt la marine, la géographie, la découverte et l'exploration des terres encore inconnues.

Ah, la marine! Combien le Roi a-t-il dépensé d'efforts pour cela! Les défaites du règne précédent, qui nous avaient fait perdre les Indes et le Canada, n'avaient jamais été acceptées par le petit-fils du Bien-Aimé. II rêvait d'une revanche, non pas tant par vanité stérile que pour abattre la prépondérance anglaise sur les mers. Voilà qui explique la magnifique marine qu'il donna à la France. Notre longue histoire a toujours montré cette difficulté qu'éprouve la France à fournir simultanément deux efforts majeurs: la puissance terrestre et la puissance maritime. Depuis le Roi-Soleil, ni le Régent ni Louis XV n'étaient parvenus à ce qu'avait réussi Louis XVI. Pourquoi l'a-t-on oublié? Parce que c'est la République qui nous a instruits à l'école.

Dans le soulèvement américain, Louis XVI vit une première occasion de rééquilibrer le rapport des forces entre les deux nations sur les océans. Certes, il n'était pas envisageable, dans l'état des choses, de reprendre pied au Canada et aux Indes. Le prix qu'il fallut payer pour la seule indépendance américaine montre bien que la lutte pour la maîtrise des eaux eût été longue, et constituait l'un de ces grands desseins qui, lorsqu'ils réussissent, font l'avenir d'un grand pays.

La guerre fut coûteuse et l'entourage du Roi se découragea souvent. C'est Louis XVI qui s'obstina à aller jusqu'au bout. Aujourd'hui, la République, parlant au nom de la France, se vante volontiers de cette page d'histoire, parce que l'Amérique, non seulement est devenue la première puissance du monde, mais aussi représente la quintessence de l'État idéologique, déguisé sous ses parodies de religion héritées du Protestantisme. II apparaît que les deux républiques, française
et américaine, souhaitent maintenir sous une chape de silence le rôle du Roi de France dans cette affaire. A-t-on jamais traversé une Rue Louis XVI dans une ville des États-Unis? Mais après tout, le mépris dans lequel l'Amérique tient le Roi est bien réciproque, puisque Louis XVI se moquait bien sûr du tiers comme du quart des états d'âme de cette colonie anglaise: l'important, pour lui, était de saisir une bonne occasion d'affaiblir la puissance maritime de notre rivale.

La guerre fut coûteuse et l'opinion publique ne se passionna guère. De sorte que la Cour elle-même ne donna pas au pays l'exemple du patriotisme. Tandis que Marie-Antoinette refusait d'acheter le fameux Collier au motif qu'il valait mieux offrir un navire de plus à la France, les autres grands ne mesuraient pas l'enjeu que représentait notre aide aux Insurgés.

De plus, l'effort financier consenti par l'État était mal relayé par un système fiscal totalement inadapté aux dépenses d'une époque moderne. Il fallait donc une réforme, mais les privilégiés traînaient des pieds. Comment, alors, l'imposer? Nous y reviendrons.

Louis XVI gagna cette guerre, et la marine qu'il avait donnée à la France fut à la hauteur de sa tâche. S'il n'y avait pas eu la Révolution, que se serait-il passé? Il est difficile, bien sûr, de parler ainsi dans le vide. Mais le dessein du Roi ne laisse aucune doute sur ses intentions, et c'est là que ses vraies passions personnelles prennent tout leur sens. Il aurait multiplié les expéditions outre-mer, convaincu que l'avenir était là. Avec lui et après lui, la France aurait entamé plus tôt la constitution d'un empire colonial qui, peut-être, eût été plus important que celui que l'Angleterre put conquérir sans contrainte après l'écrasement de notre pays en 1815. Et qui sait même s'il n'aurait pas réussi à récupérer un jour nos anciennes possessions? Certes, les Français, qui se plaisent tellement dans leur pays de cocagne, n'ont jamais eu l'esprit colonial. Voilà encore une
incompréhension entre notre peuple et le plus savant de ses rois. Et, comme tous les savants, en particulier les savants scientifiques, Louis XVI répugnait aux longues explications.

Enfin, il y a le portrait politique du Roi. En quelques mots, il se résume à ceci: Louis XVI n'a rien compris à la Révolution, il a vu passer les événements de son regard hébété de gros bêta. En revanche, bien sûr, tout le monde autour de lui et partout ailleurs comprenait ce qui se passait. Sauf lui. Ah, s'il avait écouté ceux qui le conseillaient! Mais c'était un imbécile, vous dis-je. Il n'était pas l'homme de la situation. En définitive, il était la dernière incarnation d'un régime politique dépassé.

Avouons-le, mes amis, combien d'auteurs qui se voulaient ou se veulent royalistes ont répété ces fadaises républicaines, inconscients d'être infestés eux-mêmes par la propagande du camp qu'ils croyaient combattre? Au mieux, ils se résignaient à passer ce règne par pertes et profits, défendant la monarchie, mais pas celle de Louis XVI. Voilà pourquoi la République n'aura jamais peur de vous, tant que vous lui serez fidèles au moins sur ce point crucial.

Mais nous, ce soir, essayons d'y voir plus clair. Le mythe veut que Louis XVI n'ai eu aucune pensée politique, aucun regard personnel sur les événements. Est-ce vrai? Et si ce n'est pas vrai, où trouver trace de cette pensée?

J'ai parlé des passions du Roi, en oubliant d'en citer une: la vénerie. Excellent cavalier, Louis XVI chassait le plus souvent possible: c'est ainsi qu'il dépensait une énergie qu'exigeait sa puissante carrure, pour remédier à l'inaction physique à laquelle le contraignait son travail.

Et tous ceux qui sont d'une famille de veneurs le savent: un grand chasseur aime à tenir scrupuleusement un journal de chasse, quitte à mentionner que, tel jour, il n'a pas chassé. Les faiseurs d'histoires stipendiés par la République ont saisi dans cette passion la matière d'un subterfuge extraordinaire: ils ont fait passer le carnet de chasse du Roi pour un journal intime!
Quelle aubaine! Ainsi, le jour de son mariage avec Marie-Antoinette, le Roi écrit: " Rien ". Et le 14 juillet, il écrit encore: " Rien ". Je me souviens de mon professeur d'histoire au collège, qui nous amusait avec cela. Quelle rigolade secouait alors notre classe! Quel imbécile que ce dernier des rois! C'est bien la preuve qu'il ne comprenait rien à rien, puisqu'il écrivait: " rien " le soir du 14 juillet!

Louis XVI n'a jamais tenu de journal intime ; mais alors, comment savoir s'il avait une réflexion personnelle sur la Révolution? Eh bien lisons ses annotations sur les rapports de ses ministres! Et lisons surtout ses lettres! Et l'on découvre avec stupéfaction une pensée propre, si peu ordinaire à cette époque que nous en sommes réduits aujourd'hui à n'admettre plus qu'une seule alternative: soit le Roi ne comprenait rien au moment où les autres comprenaient tout ; soit le Roi a tout compris tandis que les autres ne comprenaient rien.

Car la vérité est là, aveuglante, impossible à méconnaître pour celui qui a l'occasion de la voir en face. Louis XVI avait bel et bien une vision propre de la Révolution. Pour vous en faire une idée, je la diviserai en deux parties: qu'était-ce donc que cette révolution, et comment y répondre? Et d'abord, s'agissant de la question de savoir ce que signifiait cette révolution, la théorie du Roi s'articulait autour de trois méditations.

Il a médité l'histoire de son royaume, qui couvrait déjà treize siècles. Il revient sur ce qu'il appelle " l'histoire de ses aïeux ", qui n'est rien d'autre que celle de la France. C'est ainsi que le 18 novembre 1790, soit deux ans avant la proclamation de la République, mais déjà un an après le début des événements, il écrit au duc de Polignac: " Plusje inédite l'histoire de mes aïeux, plus je suis convaincu que nous sommes à la veille de la subversion la plus cruelle dans ses résultats. Il était si facile d'opérer le bien, lorsque moi-même j'allais au-devant de tout ce que le peuple pouvait raisonnablement ambitionner. Je n'ai dit moins rien à me reprocher " .

Ainsi, dès le début de la Révolution, Louis XVI voit dans ces bouleversements quelque chose d'à la fois énorme et inédit. Il sent tout de suite qu'il a affaire à un événement auquel aucun de ses aïeux n'a jamais eu à faire face.

Sa deuxième méditation se concentrait sur son rôle de roi, tel que l'entendait la tradition française treize fois séculaire, remontant au baptême de Clovis en 496. Il n'est pas un despote, et puisqu'il est convaincu qu'il n'a pas affaire à une simple fronde ou quelque chose qui y ressemblerait, il sait bien que la force ne saurait rien résoudre. nous reviendrons sur cette
extraordinaire prescience de Louis XVI. Alors, devant ces événements d'une nature particulière et nouvelle, quelle conduite faut-il tenir? son entourage lui parle d'employer la force en toutes circonstances, mais il ne partage pas ce point de vue, car il est persuadé, et le restera toujours, que rien ne peut plus arrêter le cours des choses. C'est dans cet état d'esprit méconnu qu'il se pose de telle sorte que, dans la chaleur des passions exacerbées, plus personne ne comprendra son attitude. Dès le mois de septembre 1789, il écrit à son frère le Comte d'Artois: "
Vous parlez de courage, de résistance aux projets des factieux, de volonté. Mon frère, vous n'êtes pas roi! Le Ciel, en me plaçant sur le trône, m'a donné un cœur sensible, les sentiments d'un bon père. Tous les Français sont mes enfants ; je suis le père commun de la grande famille confiée à mes soins. L'ingratitude, la hargne arment contre moi ; mais les yeux sont obscurcis, les esprits sont égarés, la tourmente révolutionnaire a tourné toutes les têtes ".

Notre cœur se serre en découvrant une telle grandeur d'âme, un sentiment aussi élevé de sa position, de sa mission sur Terre. D'ailleurs, remarquons que depuis Louis XVI, tous les rois détrônés se sont efforcés de suivre son exemple: ne pas répandre le sang du peuple. Même des monarques parvenus, comme le dernier souverain de Perse, par exemple, qui n'était jamais que le fils d'un officier usurpateur, se feront un honneur de se configurer au personnage emblématique du Roi-martyr. Il n'est pas un despote, et la couronne de France, il n'en est que le dépositaire après une longue suite d'aïeux qui en ont eu la garde. C'est pourquoi, pour rien au monde il n'accepterait de l'éclabousser du sang français. Réprimer, oui. Mais la Révolution à laquelle il est confronté est d'un autre ordre qu'une insoumission ordinaire. Et il va d'ailleurs expliquer sa vision des choses
dans d'autres lettres.

Cela fait l'objet de sa troisième méditation: sur l'empoisonnement général des esprits. Dans une lettre au Prince de Condé datant du 15 août 1791, il assure ne pas douter que l'élite de sa noblesse saurait mettre en pièces les bandes armées des Sans-Culottes. Mais après? Ilécrit: " Ils n'attendaient que la Constitution pour être parfaitement heureux; la retarder était à leurs yeux le plus grand des crimes, parce que tous les bonheurs devaient arriver avec elle: le temps leur apprendra combien ils se sont trompés. Mais leur erreur n'en est pas moins profonde: si l'on entreprenait aujourd'hui de la renverser, ils n'en conserveraient l'idée que comme celle du plus grand moyen de bonheur ; et lorsque les troupes qui l'auraient renversée seraient hors du Royaume, on pourrait avec cette chimère les remuer sans cesse, et le gouvernement se trouverait dans un système opposé à l'esprit public et salis moyens pour les contenir. On ne gouverne jamais une nation contre ses habitudes. Cette maxime est aussi vraie à Constantinople que dans une république: les habitudes actuelles de cette nation sont dans les droits de l'homme, tout insensés qu'ils sont. Une force immense ne pourrait la gouverner longtemps dans une opinion contraire " .

En lisant et en me répétant ces phrases datant de deux cents ans, j'en reviens toujours éberlué par l'incroyable intelligence de cette analyse. Incroyable, car à l'époque on n'avait pas comme aujourd'hui deux siècles d'expérience des révolutions pour permettre une approche correcte du phénomène révolutionnaire. Comment, par quelle grâce, sinon par une grâce d'état réservée à celui qui a reçu l'Onction de Reims, Louis XVI a-t-il pu toucher aussi juste? Car enfin! Reprenons l'étude de toutes les révolutions et de toutes les subversions qui ont suivi, et l'on retrouve mot à mot l'essentiel de cette analyse. Le Roi semble nous dire: je réprimerai, et après? Tant que le peuple n'aura pas été convaincu que la Constitution est une erreur, faudra-t-il maintenir derrière chacun de mes sujets un homme en armes? Et cet homme en armes, dans quel esprit est-il lui-même?

A ce stade de sa réflexion, le Roi va même jusqu'à poser au Prince de Condé cette question si pertinente: " D'ailleurs, cette noblesse d'émigration qui prétend me défendre, est-elle toute dans le même esprit? N'a-t-elle pas, elle aussi, ses partis contraires, ses opinions exclusives? ".

Autrement dit: vous qui prétendez être royalistes, l'êtes-vous vraiment? N'avez-vous pas vous-même succombé à cette tentation générale qui veut que l'on décide soi-même de ce qui convient ou qui ne convient pas au bon gouvernement des affaires publiques?

Oh, mes amis, prenons pour nous cette apostrophe extraordinairement clairvoyante de Louis XVI. Dressons en effet un bilan de deux siècles de royalisme, de doctrines diverses et l'engagements militants. N'avons-nous jamais procédé nous-mêmes de la même manière que les républicains? N'avons-nous jamais prétendu imposer à nos princes nos propres visions de la monarchie? Relisons nos livres, et sans qu'il soit nécessaire de citer ici certains auteurs, nous y découvrons souvent tout un programme de gouvernement préfabriqué, que le roi à venir serait bien avisé de mettre en pratique sans rechigner, faute de quoi on juge qu'il ne serait pas même bon qu'il monte sur le trône. Combien de fois ai-je lu ce genre de littérature, truffée de chartes, de systèmes préparés à l'avance et figés dans une gloire intellectuelle parfaitement dérisoire? Combien de fois ai-je lu ou entendu des discours tels qu'en définitive, on se demande qui devrait être le roi dans ce genre de monarchie: l'auteur des propos en question, ou le prince légitime. Mes amis, est-ce que j'invente en rappelant cela, ou suis-je dans le vrai?

Mais alors, quand on pense et agit de cette manière, de qui se moque-t-on, sinon du Roi lui-même? Ne sommes-nous pas à notre tour, fût-ce à notre corps défendant, des constitutionnels, dispersant ainsi gravement cet héritage de la monarchie française que Louis XVI a voulu sauver à n'importe quel prix, et entre autres au prix de sa vie?

A ceux qui lui reprochaient son attitude face à la Révolution, le Roi n'a jamais manqué de s'expliquer clairement. C'est d'ailleurs pour cela que vous ne le savez pas. Mais rien ne nous empêche, nous, d'essayer d'en savoir plus. Que disait-il? Reprenons la lettre au Prince de Condé que je citais tout à l’heure. Louis XVI y prévoyait que l'idéologie constitutionnelle ne pouvait être combattue efficacement, ou vaincue durablement, par le seul emploi des armes. Napoléon ne dira-t-il pas plus tard que l'esprit sera toujours vainqueur de l'épée? En outre, le Roi se rendait bien compte que ses défenseurs eux-mêmes étaient empoisonnés par la nouvelle idéologie. C'est en prenant acte de cette réalité incontournable qu'il écrivait: "J'ai vu que la guerre ne présentait d'autres avantages que des horreurs, et toujours de la discorde. J'ai donc cru qu'il fallait éloigner cette idée, et j'ai cru devoir essayer encore des seuls moyens qui me restaient: la réunion de ma volonté aux principes de la Constitution".

"Les seuls moyens qui me restaient"... Oui, le Roi savait qu'il n'en avait pas d'autres, et qu'en tout état de cause, il refuserait toujours d'être mêlé au bain de sang général qu'il redoutait. Et son attitude était d'autant plus méritoire que, avec sa clairvoyance habituelle, il savait à l'avance que la seule voie qui lui était ouverte était elle-même sans issue. Car il ajoutait: "Je sens toutes les difficultés de gouverner ainsi une grande nation, je dirais même que j'en sens 1'impossibilité ; mais l'obstacle que j'y aurais mis aurait porté la guerre que je voulais éviter, et aurait empêché le peuple de bien juger cette Constitution, parce qu'il n'aurait vit que mon opposition constante ". Toujours cette préoccupation majeure: son peuple est malade de ses idéologies, le salut n'est envisageable que lorsqu'il aura compris son erreur. Et Louis XVI concluait: " En adoptant ses idées, en les suivant de bonne foi, il connaîtra la cause de ses malheurs ; l'esprit public changera, et puisque sans ce changement on ne pouvait espérer que des convulsions nouvelles, je marcherai mieux vers lin meilleur ordre des choses par mon acceptation que par mon refus ".

Voilà quel était le programme politique de Louis XVI, et jamais il n'admettra s'être trompé sur ce point. La thèse officiellement enseignée depuis deux siècles prétend qu'il avait tord. Mais nous qui avons désormais l'expérience des révolutions, nous qui en connaissons le processus et la nature intime, posons-nous à nouveau cette question: qui avait raison?

A ses contemporains qui stigmatisaient sa prétendue faiblesse, parce qu'ils analysaient la Révolution avec moins de pertinence que leur maître, Louis XVI disait: " J'avoue que ces reproches m'affectent moins que les malheurs du peuple, et mon cœur se soulève en pensant aux horreurs dont je serais la cause " . Ce qui signifie que le Roi-martyr était convaincu que, sous les coups révolutionnaires, son sacre avait perdu sa force politique, mais qu'il le revêtait encore d'une seule et dernière qualité: celle d'être le père du peuple, le père de toute la famille française. Que ceux qui n'ont jamais éprouvé aucun sentiment paternel continuent à penser comme la République veut qu'ils pensent. Les autres me comprendront.

Méditons encore cette phrase: " J'ai donc préféré la paix à la guerre, parce qu'elle m'a paru à la fois plans vertueuse et plus utile: je fines suis réuni ail peuple, parce que c'était le seul moyen de le ramener ; et entre deux systèmes, j'ai préféré celui qui ne m'accusait ni devant mon peuple, ni devant ma conscience ".

Encore et toujours ce dernier souci du Roi, qui est de rester fidèle au dernier devoir qu'il peut remplir, un devoir moral. " Du moins, je n'ai rien à me reprocher " , écrivait-il. Oh non, Sire, vous n'avez rien à vous reprocher. Dans cette épouvantable tragédie qui a fini par vous emporter, vous avez été d'une probité et d'un courage sans exemple ; vous avez été le modèle de tous les rois, selon ce plan mystérieux de la Providence qui dispose que, depuis le Baptême de Clovis, la monarchie française soit regardée comme le modèle de toutes les monarchies. Un jour viendra où le monde vous rendra l'hommage qui vous est dû, pour avoir été un grand roi méconnu, dont la lumière commence à peine à poindre devant les yeux de notre génération. Un jour viendra aussi, où l'Église d'ici-bas reconnaîtra vos vertus exemplaires, et vous élèvera sur nos autels. Car enfin, qui peut le nier? vous étiez également un saint...

Nous parlons d'un testament politique de Louis XVI. Il me reste à vous en dévoiler le sommet.

Nous avons vu comment le Roi a profondément médité sur les événements auxquels il a dû faire face. C'est alors qu'il lance une bouteille à la mer, pour l'avenir, pour préserver l'avenir, pour empêcher que les vrais principes de la monarchie française ne soient emportés, eux aussi, par la tourmente révolutionnaire, par ces deux siècles de régime constitutionnel ou républicain. En fait, dès le commencement de la Révolution, le 12 octobre 1789, il a fait quelque chose 'extraordinaire, qu'il faut absolument que vous sachiez, et que la République ne veut à aucun prix que vous sachiez.

II écrit au roi d'Espagne, Charles IV, une lettre qui revêt pour nous la plus haute importance. Car en vérité, ce n'est pas au roi d'Espagne qu'il s'adresse, mais au chef de la branche cadette de sa maison. On sait en effet que depuis la victoire de Louis XIV dans la guerre de succession d'Espagne, des princes français de la famille royale règnent désormais sur le trône de Charles-Quint. Voici donc ce qu'écrit Louis XVI:
"
Je dois à tries enfants, je dois à tria famille et à toute ma maison de ne pouvoir laisser avilir entre tries mains la dignité royale qu'une longue suite de siècles a confirmée dans tria dynastie... J'ai choisi votre majesté comme chef de la seconde branche pour déposer entre vos mains la protestation solennelle que j'élève contre toits les actes contraires à l'autorité royale qui m'ont été arrachés par la force depuis le 15 juillet de cette année".

Est-ce que vous mesurez bien l'importance de ce document? Dès les premiers mois de la Révolution, et bien qu'il ait choisi de se laisser entraîner par le courant constitutionnel plutôt que de verser le sang de son peuple, le Roi-martyr délie à l'avance les princes de son sang de tous les engagements compromettants qu'il a dû faire et qu'il devra faire encore. Autrement dit, quand on lit cela et qu'on le met en face de ce que nous lisions tout à l’heure, on comprend qu'il ait voulu dire: la voie que j'ai suivie n'engage que moi, elle ne saurait obliger mes successeurs, elle ne traduit qu'un pis-aller, certainement pas une fidélité aux principes immémoriaux de notre monarchie. La constitution, ce n'est pas la monarchie française, et le Roi tient à transmettre ce message à ses cadets, pour le cas où la coutume successorale, un jour, viendrait à les saisir.

Et puis il s'est produit ce qui se produit dans l'histoire naturelle de toutes les familles: la branche aînée s'est éteinte avec le Comte de Chambord et le principe se déposa sur cette branche cadette devenue l'aînée. Or voilà, mes amis, voilà l'héritage politique qui repose désormais entre les mains du chef actuel de la famille royale. Ce n'est pas l'héritage de Charles X, ni de Louis XVIII, ce n'est pas le produit bâtard issu d'un accouplement adultère entre la royauté et la constitution, non! c'est la royauté instituée, c'est le sacre de Reims, c'est la monarchie que Jeanne d'Arc avait sauvée ; Jeanne qui rappelait que le Christ est le premier roi de France, et le roi terrestre son second.

Ces principes fondateurs, le Comte de Chambord nous les transmettra à son tour, quand il refusera de monter sur un trône de pacotille, quand il refusera de jouer la comédie d'une monarchie de carnaval, otage de l'esprit révolutionnaire, constitutionnel, républicain. C'est pourquoi il disait: " Ma personne n'est rien, c'est mon principe qui est tout ". Oh, comme nous lui sommes redevables, à lui aussi, d'avoir gardé intact le trésor des rois légitimes! J'ai souvent dit que ce fut sa manière à lui de régner, en conservant le dépôt sacré, en transmettant ce qu'il avait reçu: telle fut la mission sur terre d'Henri V.

Mais ce qu'il avait reçu venait-il directement de son aïeul Charles X? Non, certes non. Oh, bien sûr, Charles X, celui-là même qui, lorsqu'il n'était que le Comte d'Artois, reprochait tant à son frère aîné de ne pas combattre la Révolution par les armes, Charles X n'était certes pas un partisan du régime constitutionnel. Mais il fallait bien faire avec, puisque la formule lui était imposée. Toutefois, et peut-être justement parce qu'il avait trop bien vu ce qui découlait de cet accouplement, aggravé encore par l'expérience de l'usurpation orléaniste, Henri V avait puisé plus haut les principes de son refus du drapeau révolutionnaire, et de tout ce qui en découlait politiquement. Ces principes-là, qu'il fallait garder intacts, c'est Louis XVI qui fut le dernier à les incarner. Et il est attachant de voir comment, passant d'un prince incompris à un autre prince également incompris, l'héritage de Clovis et de Clotilde, de Saint Rémi, de Saint Louis et de Sainte Jeanne, cet héritage brille encore, qui dans la nuit de nos constitutions nous montre le chemin du salut.

Voilà donc, le testament de Louis XVI, auquel il est de notre devoir, une fois que nous avons pu en prendre connaissance, de lui être fidèle. Car il ne suffit pas que vous vous disiez fils de Saint Louis ou de Louis XIV. La Providence vous a donné un dernier roi différent des autres, et dont le sort abominable fut aussi différent des autres: c'est de lui que vous tenez votre héritage. Et si la République vous a menti sur lui, si elle vous empêché de le connaître, c'était précisément pour que vous méprisiez votre héritage, et par là même, que vous méprisiez sans le vouloir tous les autres qui précédaient. Car une race qui finissait sous la figure méprisable ou dérisoire de Louis XVI ne pouvait pas être une bonne race.

Voilà notre héritage et certes, à notre époque des nouveaux rois fainéants, il n'est pas facile de défendre et illustrer devant le monde ce principe que l'idéologie moderne a si totalement vaincu. Pendant longtemps, d'ailleurs, nos théories royalistes n'eussent pas même songé à revendiquer autre chose qu'une restauration sur le modèle de Louis XVIII. Pendant longtemps, le testament de Louis XVI fut non seulement un testament inconnu, mais un testament impossible: lui seul avait su mesurer les conséquences de l'intrusion de l'esprit constitutionnel dans l'édifice monarchique ; lui seul avait compris qu'en définitive, une monarchie constitutionnelle n'était plus la monarchie française de Reims, modèle des monarchies chrétiennes. Mais puisque cet esprit délétère avait empoisonné jusqu'à son entourage, jusqu'à ceux qui se croyaient sincèrement contre-révolutionnaires, que pouvait-il faire? Quand il décida toutefois d'accompagner le mouvement constitutionnel, pour les raisons pacifiques que l'on sait, il réussit à tenir trois ans avant de sombrer. Son frère le Comte d'Artois, le futur Charles X qui conseillait d'être inébranlable, tiendra trois jours en 1830. Il n'est pas inutile de remettre quelquefois les choses en perspective pour mesurer la vraie taille des uns et des autres.

Longtemps, l'héritage de Louis XVI fut impossible: soit que nous étions nous-mêmes infectés par l'esprit constitutionnel, soit que nous ne disposions pas de l'outil doctrinal nécessaire pour formaliser intellectuellement la différence essentielle entre l'institution et la constitution. S'il n'est qu'une chose que j'aurais faite parmi mes compagnons du combat royaliste, c'est d'avoir théorisé cette différence, mais je n'ai rien inventé en faisant cela: je n'ai fait qu'expliquer un principe profondément original et fondateur de la monarchie française, ce principe même que Louis XVI a sauvé, et transmis à sa famille. Ce même principe qu'Henri V a sauvé une seconde fois en refusant de régner plus bas encore que Louis XVIII,au niveau d'un Louis-Philippe.

Toutefois, les triomphes théoriques sont une chose, l'engagement politique dans la réalité de tous les jours est encore autre chose. Je n'oublie pas que l'état d'esprit qui doit être le nôtre est difficile à maintenir, comme un cap que le marin doit garder dans la tempête. Notre engagement est exigeant, parfois douloureux. Et je sais que certains parmi nous seront tentés d'abandonner leur cause: j'en ai connu, par exemple pour qui les lambris dorés des palais républicains valaient bien un reniement.

C'est pour cela, c'est contre l'esprit du monde qu'il nous est demandé plus que jamais d'être nobles. Non pas d'avoir le panache du désespoir: réservez les baroud d'honneur à ceux qui sont vaincus. Nous, au contraire, il nous est demandé de se battre intelligemment, prudemment, mais de toujours se battre: car tant qu'un homme se bat, il n'est pas vaincu.

Il nous est demandé d'être noble: je n'ai pas dit " aristocrate " , qui n'est pas la même chose, et qui renvoie au classement social anglais, ou bien traduit la perte progressive du sens de la noblesse en France dans les siècles les plus modernes de la monarchie, où l'on pouvait acheter des charges anoblissantes. Non! Et je ne circonscris pas non plus cette exigence d'aujourd'hui à un ordre ancien subsistant. L'homme noble dont je parle est aujourd'hui celui .que chacun reconnaît spontanément comme tel, et qui combat en gardant toujours dans son cœur les trois vertus théologales: foi, espérance, et charité. Car l'ennemi d'aujourd'hui peut devenir le frère de demain.

Et si votre pire ennemi: le désespoir vous prend, si le spectacle du monde qui vous entoure vous appelle à baisser les bras, songez précisément à ce monde hostile, et demandez-vous s'il existe une autre raison de vivre que de combattre encore et toujours. Encore une fois, je ne parle pas d'un combat désespéré, contre des moulins à vent, d'un combat dérisoire de Don Quichotte. Non, je parle d'un combat mené pour vaincre.

Vaincre, oui! Oh, tant de choses et tant d'hommes vous persuaderont que votre combat est sans issue. Et pourtant... C'est vrai, nous œuvrons dans le noir, encore que ce soit moins vrai aujourd'hui qu'hier. Mais n'oubliez jamais ce mot éternel de Charette: à l'officier républicain qui l'arrêtait, et qui criait du fond de son cœur: " Ah, Monsieur, que d'héroïsme perdu! " , le Chevalier vendéen répondit: " Monsieur, rien ne se perd. Jamais ".

Il disait aussi: " Nous sommes la jeunesse dit monde " . Et c'était vrai! vous êtes la jeunesse du monde, précisément parce que vous êtes des héritiers: la semence est en vous!

Alors, venez, fils de Louis XVI, venez chercher votre héritage, l'héritage de Reims, de Clovis et de Clotilde, auquel un régime hideux voudrait vous voir renoncer! Venez, jeunesse du monde, allons chercher notre héritage, et que l'âme limpide de Louis XVI éclaire nos pas.

Yves-Marie Adeline  

 

Yves Marie Adeline est le Fondateur en 2002 de l'ALLIANCE ROYALE, président jusqu'en 2008, il a démissionné pour raisons familiales et professionnelles, il a été remplacé par l'ancien député- Maire Pierre Bernard à la tête du Parti Royaliste; Yves Marie Adeline est toujours président honoraire de l'Alliance Royale.

 

Source : Alliance royale Nivernais-Berry : http://www.allianceroyalenievre.com/article-le-testament-politique-de-louis-xvi-analyse-d-yves-marie-adeline-91796540.html via http://www.democratie-royale.org/article-testament-politique-de-louis-xvi-analyse-d-yves-marie-adeline-a-r-91879557.html

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 14:22

onfray.jpg


Docteur en philosophie, Michel Onfray, matérialiste, hédoniste et fervent athée, a créé une « Université populaire »  à  Caen dans laquelle il donne des cours de contre-histoire de la philosophie. Dans une série de questions posées par les auditeurs de l'amphithéâtre de Caen dans le cadre « des ultras des lumières  » la Révolution française fut abordée, ce à quoi Michel Onfray a répondu qu'elle était une révolution bourgeoise, qui n'a fait que faire naître de nouveaux privilèges et qui aurait bien pu être évitée si les conditions climatiques avaient été différentes. En somme, elle n'était pas si justifiée que cela. Il s'est ensuite livré à une critique de la volonté générale chez Rousseau.

 

A la question de savoir si la monarchie n'était pas, en fin de compte, un régime bien meilleur que la république. Voici un résumé de la réponse de Michel Onfray :

 

Les violations envers les droits de l'homme sont en effet aujourd'hui le fait de républiques plutôt que de monarchies. D'ailleurs la plupart des régimes dictatoriaux ou totalitaires étaient des républiques. Les monarchies constitutionnelles actuelles ont donc sans doute des leçons à nous donner, notamment en Europe. Je ne suis pas contre la monarchie, au contraire, je pense qu'elle est bonne mais à condition qu'elle fonctionne bien, c'est-à-dire qu'elle représente bien l'essence de la nation en la personne du roi (ne dit-on pas "le roi est mort, vive le roi" ? Il est la tradition, la continuité).

 

Le problème c'est qu'il ne faut pas que cette monarchie vive en prenant sur l'argent de ses citoyens, qu'il n'y ait pas d'abus de pouvoir. Mais pour moi, l'un des plus grands héros politiques de l'époque est Juan Carlos : il aurait pu abuser de son pouvoir, mais il n'en a rien fait. Il a fait beaucoup plus que la plupart des républicains.

 

Il faudrait que la république fasse une critique interne aujourd'hui, une critique républicaine.

 

[...] La République peut d'ailleurs être monarchiste, au sens de la "res publica" : c'est la chose publique. Rousseau disait que "la monarchie est une république" en effet. En fait, ce qui a tout fait basculer est Varennes. À l'époque tout le monde était monarchiste, même Robespierre. L'alternative se trouvait entre une monarchie de droit divin et une monarchie constitutionnelle en fait. Après Varennes tout change, tout bascule, la confiance n'est plus : Condorcet peut alors inventer la République.

 

Il faudrait donc réfléchir à ce qu'est la République, car aujourd'hui elle n'est pas du tout républicaine ("res publica"). D'ailleurs je crois qu'on est en train d'y réfléchir à nouveau.

 

Source : http://forum.royaliste.org/viewtopic.php?f=35&t=4697 via http://www.democratie-royale.org/article-michel-onfray-je-ne-suis-pas-contre-la-monarchie-aucontraire-je-pense-qu-elle-est-bonne-88602537.html

 

Note de Christroi. Rappelons que "Varennes" est un complot antiroyaliste monté par le franc-maçon Lafayette pour faire fuir Louis XVI, l'arrêter au lieu convenu, le décrédibiliser et le juger. Source: Mémoires pour servir à l'Histoire du jacobinisme de l'Abbé Barruel.

 

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- Michel Onfray sur la décadence de l'Europe depuis la Révolution

- La volonté générale et l'asservissement de la liberté

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12 novembre 2011 6 12 /11 /novembre /2011 08:56

Un article intéressant publié sur le site "24heuresactu" et intitulé "Vive l’abstention en 2012 !" rejoint ce que nous disions en février 2007 dans notre article "1789 : Une aristocratie en chasse une autre, naissance de la bourgeoisie d'affaires et de l'Argent-Roi, la ploutocratie ". L'erreur de l'auteur de cet article est de penser que la démocratie existe quelque part - dans les nuées sans doute comme le père Noël ! - et qu'il faudrait l'instaurer contre l'oligarchie en place... C'est bien imaginé, il est toujours bon de se donner un ersatz et de rêver de réinstaurer ce qui n'a jamais existé ! On se rassure ainsi à bon compte. Mais on sait qu'hormis en Suisse aujourd'hui avec la démocratie directe referendaire (et encore vu le niveau d'imprégnation de l'argent dans tous les partis, il n'est pas certain qu'aucun lien ne lie ces partis avec d'obscures officines), la démocratie n'a existé nulle part dans le monde, même à Athènes...

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Les systèmes politiques actuels, que nous nommerons dorénavant « oligarchies déguisées », car ils poussent la majorité à conférer les pouvoirs dans les mains d’une minorité, sans contrôle, tout en faisant croire qu’ils sont démocratiques, ont été savamment réfléchis. Mais ils n’ont pas été réfléchis pour le bien commun. Au cours du 18ème siècle de multiples facteurs ont mis en avant une volonté de progrès dans plusieurs parties du monde. Le progrès est synonyme de liberté. Seulement voilà, les révolutions qui ont abouties à la chute de systèmes politiques monarchiques (ou oligarchiques, sans la participation des citoyens à choisir les membres de l’oligarchie) ont été menées ou récupérées, comme c’est très souvent le cas, par un petit nombre de personnes, plus puissantes (économiquement ou politiquement) ou plus libre de s’investir. Les constitutions des nouveaux systèmes politiques ont été créées par des personnes qui avaient des intérêts particuliers (économiques). Ainsi il a fallu réfléchir à une manière de contenter la population avide de liberté tout en s’assurant de la continuité des privilèges économiques et politiques. La « démocratie représentative » est ce qu’il leur fallait.

La « démocratie représentative » est une expression qui est apparue au cours du 19ème siècle. Lors de la mise en place des oligarchies légitimées par une participation minimale des citoyens, personne ne parlait de démocratie, puisque ceux qui s’intéressaient à l’étude des systèmes politiques savaient la différence fondamentale entre ces nouveaux régimes et la démocratie véritable à l’image de la démocratie athénienne. C’est avec la sortie du livre « De la démocratie en Amérique », en 1835 par Alexis de Tocqueville qu’on assimile les « oligarchies déguisées » à la démocratie. Un gros problème qui n’arrange pas les choses: on nomme dorénavant la défaillance (oligarchie déguisée) par son contraire et par la solution: la démocratie. De fait, la plupart des gens pensent que nous vivons en démocratie.

Le système de l’oligarchie déguisée (démocratie représentative), a de nombreux avantages pour que l’oligarchie déjà formée (nobles et bourgeois) lors de la révolution subsiste et continue à se développer dans le temps:

-Le semblant de pouvoir accordé aux citoyens va faire taire la plupart des personnes réclamant la démocratie, car le matraquage médiatique persuade que le vote est fait pour changer les choses et donner le pouvoir au peuple.

-La création de partis politiques va permettre l’apparition de lignes de pensée qui vont s’imposer sur les élus. Les élus, s’ils veulent bénéficier des avantages liés à l’appartenance à un parti ( avantages quant à la communication, à l’organisation, au réseau..) doivent taire leurs revendications personnelles en désaccord avec la ligne du parti.

-La délégation du pouvoir à une minorité permet et encourage l’ignorance de la population sur certains sujets, comme les débats n’ont lieu qu’entre les dirigeants (parlementaires et gouvernement), les citoyens n’ont pas besoin d’avoir accès ou de se voir diffuser des études ou rapports sur tous les sujets. La connaissance des citoyens est freinée, et cela fait l’affaire de l’oligarchie.

-La convergence des puissants de l’économie, de la politique et des médias permettent le développement d’une pensée unique et la marginalisation de toute alternative.

-Le système fait voter pour des personnes et non pour des idées, – et encore moins pour des idées séparément – cela pousse les citoyens à faire des choix en terme de priorité, et d’entrer souvent en contradiction sur certains points entre leurs propres opinions et celles du candidats pour lequel ils vont voter. Cela permet à l’oligarchie de faire passer en bloc tout un tas d’idées.

-Les systèmes actuels, face à l’impuissance légale des citoyens, oblige ces derniers à faire des actes (manifestations, occupations, grèves) pénibles et contre-productifs pour se faire entendre (sans aucune assurance d’écoute ). Les oppositions sont donc contenues et freinées par la pénibilité et l’illégalité de l’acte.

Le système comporte aussi de nombreuses défaillances qui peuvent nuire à sa propre survie:

-L’élite qui se voit accorder les tout-pouvoirs vit très confortablement grâce à la décision qu’elle a prise: les citoyens vont financer le train de vie des décideurs. Cet abu crée un sentiment de rejet de la part des citoyens et favorise la critique du système.

-Le système politique représentatif est fondé sur le concept de la majorité, mais celle-ci n’est souvent pas atteinte lors des élections. Ainsi si on fait un calcul fiable et complet, en 2007 Sarkozy a été élu par moins de 41% de la population pouvant voter.

-L’absence de contre-pouvoir légal (les partis principaux ne forment pas des contre-pouvoirs puisqu’ils ont en majorité les mêmes intérêts) permet le développement et la mise en place de processus pouvant découler sur des crises graves (écologique, économique, sociale, morale).

-La polarisation du pouvoir amplifie la possibilité de choix non réfléchis et de conflits d’intérêts. S’en suit une instabilité du système lui-même. Si le système politique actuel est le fruit d’un long combat, c’est bien celui du combat que mène la classe capitaliste (depuis le 18ème siècle est liée à la classe politique), pour conserver leurs provilèges.

L’oligarchie nous a « accordé » le « droit » de vote, c’est un leurre dont il ne faut pas se contenter. Nous réclamions le bras, ils nous ont donné le doigt, et sous l’argument que le doigt c’est déjà bien, certains participent au cirque électoral alors qu’il est là pour contenir le progrès. Les médias et l’éducation y sont pour beaucoup: nous devons arriver à ne plus voter, car voter c’est quelque part légitimer leur système, une fausse démocratie.

 

Source: http://24heuresactu.com/2011/11/10/vive-labstention-en-2012/

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- 1789 : Une aristocratie en chasse une autre, naissance de la bourgeoisie d'affaires et de l'Argent-Roi, la ploutocratie

- 14 juillet 1789 : La Révolution dite "française"

- La démocratie n'a jamais existé 

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15 août 2011 1 15 /08 /août /2011 19:54

Les droits de l'homme ont remplacé le droit naturel : gravissime erreur comme nous l'explique Stéphane Piolenc.

 

 

Seconde partie : http://www.dailymotion.com/video/xj0dqa_droits-de-l-homme-droit-naturel-ecologie-deuxieme-partie_news

 

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 19:19
Pacem in terris, Jean XXIII 11 avril 1963 :

Dieu, fondement objectif de l'ordre moral

37
L'ordre propre aux communautés humaines est d'essence morale. En effet, c'est un ordre qui a pour base la vérité, qui se réalise dans la justice, qui demande à être vivifié par l'amour et qui trouve dans la liberté un équilibre sans cesse rétabli et toujours plus humain.

38
Cet ordre moral - universel, absolu et immuable dans ses principes - a son fondement objectif dans le vrai Dieu transcendant et personnel, Vérité première et Souverain Bien, source la plus profonde de vitalité pour une société ordonnée, féconde et conforme à la dignité des personnes qui la composent. (Radio message de Noël 1942). Saint Thomas d'Aquin s'exprime clairement à ce sujet: "La volonté humaine a pour règle et pour mesure de son degré de bonté la raison de l'homme; celle-ci tient son autorité de la loi éternelle, qui n'est autre que la raison divine... Ainsi, c'est bien clair, la bonté du vouloir humain dépend bien plus de la loi éternelle que de la raison humaine". I-II, 19,4

La volonté n'est valable que fondée sur la raison humaine. La raison humaine ne tire pas son autorité d'elle-même, mais de la loi éternelle, soit la raison divine. L'ordre moral trouve son fondement dans la vérité et non dans les raisonnements arbitraires. Le scepticisme ou relativisme moral ne peut fonder l'ordre moral social.
 
 
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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 08:55

Du point de vue du Christ-Roi, on ne peut pas cautionner une rencontre politique qui affiche l'image d'une sainte royaliste et légitimiste, sainte Jeanne d'Arc, tout en laïcisant son message, et en supprimant ce qui est catholique (les points non-négociables). Ce n'est pas logique. (1)

 

L'attitude du Front national, lors de cette rencontre soit-disant "traditionnelle" du 1er mai, "fête de sainte Jeanne d'Arc" (alors que l'Eglise catholique ne fête sainte Jeanne d'Arc que le dernier dimanche de mai...), attitude consistant à se servir de la Pucelle d'Orléans, qui délivra Orléans, sacra Charles VII et sauva la France en criant : "Vive le Christ qui est roi de France", s'assimile à une tromperie délibérée (en conscience... ce qui est très grave).

 

 Alors de deux choses l'une, soit le Front national persiste dans le refus des points non-négociables de la Doctrine Sociale de l'Eglise (D.S.E.), et il faudra effectivement en tirer la conséquence, soit il se recentre sur cette D.S.E. et notamment sur la doctrine classique du pouvoir (lois de Dieu et lois morales supérieures à la loi civile et non l'inverse...) et on pourra le soutenir. Cela ne peut être les deux à la fois. 

 

Une idéologie présentant en effet l'Etat ou la "nation" comme norme supérieure aux lois de Dieu et aux lois morales, en plus d'être une idolâtrie, n'est pas une politique au service du bien commun, c'est un absolutisme et une tyrannie. Cet absolutisme étatique ou national qui fut celui des révolutionnaires de 1789 ou de 1917... (avec son lot de crimes de masses et de génocides), irrigue encore toute la vie politique actuelle. Il est temps d'en finir !

 

Rappelons qu'en 1988, Jean-Marie Le Pen réalisa une percée historique en obtenant 14,4% des voix; pour peser sur le second tour et faire une démonstration de force, il décida d'organiser une grande manifestation le 1er mai 1988, en présentant ce regroupement comme la célébration de la "fête du travail et de Jeanne d'Arc". Les fêtes de Jeanne d'Arc ont lieu chaque année à Orléans le 8 mai (8 mai 1429, jour de la délivrance de la ville), l'Eglise catholique, qui a béatifié Jeanne d'Arc en 1909, fête la Sainte Jeanne d'Arc le 30 mai ou le dernier dimanche de mai.

 

Alors pourquoi Le Pen a-t-il choisi le 1er mai ? Ce choix répond tout simplement à des considérations politiques : il souhaitait récupérer le mythe et avoir la plus large audience possible, c'est la raison pour laquelle il organisa la première manifestation le 1er mai 1988, c'est-à-dire entre les deux tours de l'élection présidentielle. En toute logique, il aurait du commémorer Jeanne d'Arc le 8 mai, mais cela tombait après le deuxième tour de l'élection présidentielle. Et voilà comment le Front national a instauré son traditionnel défilé en l'honneur de Jeanne d'Arc chaque "1er mai". (2)

 

Notes:

 

(1) Lire "Défilé du 1er mai : le discours de Marine Le Pen" sur Nationspresse.infos

(2) http://www.politique.net/2007050104-le-pen-et-le-1er-mai-jeanne-d-arc-et-l-extreme-droite.htm

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- Charles VII, vainqueur de la Guerre de Cent Ans (1337-1453)

- "Nous sommes appelés à rendre nos choix conformes aux lois subtiles inscrites par le Créateur dans l'univers" (Benoît XVI)

- Benoît XVI corrige l'héritage des "Lumières" et de la "nation" conçue comme "unité de référence"

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19 juin 2010 6 19 /06 /juin /2010 14:46
Le féminisme dernier avatar de l'égalitarisme (2ème partie)
Stéphane Blanchonnet analyse le féminisme : "dernier avatar de l'égalitarisme".
Merci à Reconquista.
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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 11:00

Lors de son discours que le pape Benoît XVI a adressé ce jeudi après-midi aux responsables religieux qu’il a rencontrés à Nazareth, dont figuraient parmi eux des responsables chrétiens, musulmans, juifs et druzes, le Saint-Père a expliqué : "La paix durable a sa source dans la reconnaissance que le monde, en dernière analyse, ne nous appartient pas, mais qu’il est plutôt l’horizon à l’intérieur duquel nous sommes invités à participer à l’amour de Dieu et à lui apporter notre coopération pour guider le monde et l’histoire sous son inspiration. Nous ne pouvons pas agir avec le monde selon notre bon plaisir ; mais, plutôt, nous sommes appelés à rendre nos choix conformes aux lois subtiles mais néanmoins perceptibles inscrites par le Créateur dans l’univers [loi naturelle] et à mettre nos actions en accord avec la bonté divine qui imprègne tout le monde créé.
Représentant différentes traditions religieuses, vous partagez le désir de contribuer au mieux-être de la société, rendant ainsi témoignage aux valeurs spirituelles et religieuses qui sont un soutien pour la vie publique. Je peux vous assurer de l’engagement de l’Église catholique à s’unir à vous dans cette noble entreprise. Avec les hommes et les femmes de bonne volonté, elle cherchera à faire en sorte que la lumière de la vérité, de la paix et de la bonté continue à briller depuis la Galilée, conduisant ainsi les peuples de toute la planète à rechercher tout ce qui peut favoriser l’unité de la famille humaine. Que Dieu vous bénisse tous !"

Add. La Commission théologique internationale, dont le Président est le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, vient de publier les résultats de son travail, mis à l'ordre du jour en 2004 par le Pape Jean Paul II et le cardinal Ratzinger, sur la loi morale naturelle.

Le document est publié en France par les éditions du Cerf (mai 2009) et est intitulé : "Commission théologique internationale. A la recherche d'une éthique universelle. Nouveau regard sur la loi naturelle". Avec une courte préface de Mgr Roland Minnerath, archevêque de Dijon et une longue postface du thomiste Serge-Thomas Bonino o.p.

Via
Le Forum catholique

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17 avril 2009 5 17 /04 /avril /2009 07:03

Dans le document Liberté et Vérité (1999), Benoît XVI, alors cardinal, fait une critique des "Lumières". Il constate leur échec au XXe siècle dans le "plus grand système d'esclavage des temps modernes" que fut ce "mouvement de libération" qu'a été le communisme, à côté du national-socialisme (p. 85). Mais il ne répudie pas "l'héritage des Lumières en tant que tel et en totalité", il propose d'en corriger le cours sur trois points :

1- Corriger la Liberté conçue sans normes, "une conception fausse".

2- Corriger le mythe progressiste d'un ordre idéal des choses à atteindre, un ordre "qui n'existera jamais". Les concepts qui l'accompagent tels que 'changement' et 'révolution' doivent eux aussi être démythifiés. La transformation du monde est un mythe. (Ex: la France d'après de Nicolas Nagy-Bocsa Sarkozy!... Nouveau totalitarisme républicain à méditer...)

3- Corriger le rêve de "l'autonomie absolue de la raison et de son autosuffisance". La raison humaine a besoin de s'appuyer sur les grandes traditions éthiques et religieuses de l'humanité qui coïncident avec le Décalogue, cette idée que Dieu a de la vérité de l'homme "dans lequel le bien de tous et la liberté sont indissolublement liés". "Même l'éthique philosophique ne peut être complètement autonome. Elle ne peut renoncer à l'idée de Dieu, ni à l'idée d'une vérité de l'être ayant un caractère éthique. S'il n'y a pas de vérité de l'homme, alors l'homme n'a pas de liberté. Seule la vérité rend libre.

Dans cet important document, titre original Freiheit und Wahrheit, Benoît XVI fait également une critique de la nation conçue comme "unité de référence". Avis aux "nationalistes" (sic) républicains qui considèrent qu'au-dessus de la nation il n'y a rien.

"Pendant l'ère des Etats-nations, on partait du principe que la nation était l'unité de référence, que son bien commun était aussi le juste critère de la liberté commune. Les évènements de notre siècle ont suffisamment montré qu'on ne pouvait se contenter de ce point de vue. Saint Augustin dit à ce propos qu'un Etat qui ne se détermine que par rapport à ses intérêts communs, et non à la justice elle-même, n'est pas structurellement différent d'une bande de brigands bien organisée, qui ne fait rien d'autre que considérer son bien propre indépendamment de celui des autres. Si nous considérons l'époque coloniale et les dégâts qu'elle a laissé derrière elle dans le monde, nous voyons bien que des Etats, aussi ordonnés et civilisés soient-ils, se rapprochent effectivement des bandes de brigands lorsqu'ils ne pensent pas au bien en soi, mais seulement à leur bien propre. La liberté ainsi garantie a donc en elle-même quelque chose de la liberté du brigand.

... Le critère du droit véritable ne peut donc être que le bien du tout, le bien en soi. C'est à partir de là que hans Jonas a proposé le concept de responsabilité comme concept central de l'éthique (H. Jonas, Le principe responsabilité, Ed. du Cerf, 1991). Cela signifie que la liberté, pour être bien comprise, doit toujours être pensée en rapport avec la responsabilité."

(Cardinal Joseph Ratzinger, Liberté et vérité, in Communio n° XXIV, mars-avril 1999, p. 95-96, fichier Pdf).

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23 décembre 2008 2 23 /12 /décembre /2008 09:20

Le Figaro Afp, 22/12/2088

Le pape pape Benoît XVI a plaidé le 22 décembre pour "une écologie de l'Homme" fondée sur le respect de la distinction entre hommes et femmes, prenant avec vigueur le contre-pied de la théorie du "genre" [Ndlr. "Gender" en anglais] qui risque selon lui de conduire le genre humain à "l'autodestruction".

La théorie du genre, qui a pris naissance aux Etats-Unis avant de gagner les sciences sociales en Europe, établit une distinction entre l'appartenance sexuelle et le rôle assigné par la société aux individus selon leur sexe, ainsi qu'entre l'identité biologique et la façon dont elle est vécue par chacun [Ndlr. On ne serait pas biologiquement déterminé... Ce qui laisse à chacun la possibilité de choisir. Caroline Fourest est une représentante des "gender studies" "pro choix"]
Les mouvements homosexuels et transsexuels ont été des vecteurs de la diffusion de cette théorie vivement combattue par l'Eglise catholique.

Le pape a dénoncé "ce que l'on désigne communément par le terme +gender+ qui se traduit en définitive par l'émancipation de l'homme de la création et de son créateur".
Il a souligné que lorsque l'Eglise catholique prend la défense de la Création, oeuvre de Dieu, "elle ne doit pas seulement défendre la terre, l'eau et l'air (...) mais aussi protéger l'homme contre sa propre destruction".

Benoît XVI a consacré à ce thème un large passage de son traditionnel discours de fin d'année devant la Curie, le gouvernement de l'Eglise catholique rassemblée dans la somptueuse salle Clémentine du palais apostolique au Vatican pour entendre le bilan qu'il a tiré de l'année 2008.

Alors que la préoccupation écologique se généralise à travers le monde, le pape a souligné que "si les forêts tropicales méritent notre protection, l'homme (...) ne la mérite pas moins".

"Une écologie de l'homme, justement comprise, est nécessaire", a-t-il estimé, ajoutant que "parler de la nature de l'être humain comme homme et femme et demander que cet ordre de la création soit respecté ne relève pas d'une métaphysique dépassée".

"L'homme veut se faire seul et disposer seul de ce qui le concerne, mais en agissant ainsi il vit contre la vérité, il vit contre son créateur", a-t-il déclaré.

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7 décembre 2008 7 07 /12 /décembre /2008 09:46

ROME, Vendredi 5 décembre 2008 (ZENIT.org) - L’Eglise ne fait pas de politique lorsqu’elle accomplit sa mission de défendre la dignité de la personne, a déclaré Benoît XVI dans son discours au nouvel ambassadeur d’Argentine près le Saint-Siège qui lui a présenté ce vendredi ses lettres de créance.

[L]e pape a expliqué que « dans l’exercice de la mission qui lui est propre, l’Eglise cherche à tout moment à promouvoir la dignité de la personne et à l’élever de manière intégrale pour le bien de tous ».

« Sans prétendre se transformer en un sujet politique, l’Eglise aspire, avec l’indépendance de son autorité morale, à coopérer fidèlement et ouvertement avec tous les responsables de l’ordre temporel au noble dessein de parvenir à une civilisation de justice, de paix, de réconciliation, de solidarité et de ces autres normes que l’on ne pourra jamais abolir ni laisser à la merci de consensus partisans, car elles sont gravées dans le cœur humain et répondent à la vérité », a expliqué Benoît XVI.

En ce sens, a-t-il poursuivi, « la présence de Dieu aussi bien dans la conscience de chaque homme que dans le domaine public est un soutien ferme pour le respect des droits fondamentaux de la personne et l’édification d’une société fondée sur ces droits ».

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7 décembre 2008 7 07 /12 /décembre /2008 09:18

ROME, Vendredi 5 décembre 2008 (ZENIT.org) - Benoît XVI a écrit une lettre au philosophe et sénateur italien Marcello Pera pour le remercier de la contribution apportée par son dernier livre, où il montre que la base du libéralisme se trouve dans la relation de la personne avec Dieu.

... « Dans une logique indéniable, reconnaît le pape dans sa lettre, vous montrez que le libéralisme perd sa base et se détruit lui-même s’il abandonne ce fondement ».

« Votre analyse sur ce que peuvent être l’Europe et une Constitution européenne où l’Europe ne se transformerait pas en une réalité cosmopolite, mais trouverait, à partir de son fondement chrétien libéral, sa propre identité est d’une importance capitale », ajoute-t-il.

L’œuvre du philosophe, souligne-t-il, « explique très clairement qu’un dialogue interreligieux au sens strict du terme est impossible, alors que le dialogue entre les cultures, qui approfondit les conséquences culturelles de la décision religieuse de fond, se révèle beaucoup plus urgent ».

« Alors que dans le premier cas un vrai dialogue n’est pas possible sans mettre entre parenthèses sa propre foi, il faut affronter dans le débat public les conséquences culturelles des décisions religieuses de fond », explique-t-il.

Selon Benoît XVI, Marcello Pera « montre que le libéralisme, sans cesser d’être un libéralisme mais au contraire, pour être fidèle à soi-même, peut renvoyer à une doctrine du bien, en particulier à la doctrine chrétienne qui lui est congénère, offrant ainsi vraiment une contribution au dépassement de la crise ».

Dans un entretien accordé à Radio Vatican le 28 novembre, Marcello Pera a confié ses espoirs que Benoît XVI aide le libéralisme à trouver ses racines. « Ce n’est pas un hasard, ce pape est le pape du dialogue interculturel, autrement dit de ce dialogue qui doit mettre en évidence quels sont les droits fondamentaux de l’homme qui doivent être acceptés par tous », ajoute-t-il.

Le philosophe italien a aussi expliqué les motifs pour lesquels le libéralisme est parfois devenu antichrétien.

« Pour ce qui est de l’Europe en particulier, il y a une explication historique, a-t-il souligné. ...« Certains Etats nationaux, l’Italie et la France, se sont ... constitués comme Etats-nations en s’opposant, en entrant en conflit avec l’Eglise catholique ».

«... [S]i nous passons de l’anticléricalisme à l’antichristianisme, ce qui équivaudrait à une apostasie du christianisme, nous perdons les qualités mêmes, les vérités mêmes, les fondements mêmes de ces libertés et de ces droits sur lesquels se fondent nos Etats libéraux ». [C'est ce que disait il y a plus de deux siècles, en 1791, le libéral et contre-révolutionnaire britannique Edmund Burke dans ses Réflexions sur la Révolution française contre les soit-disant "libéraux" de France tournant le dos et écrasant toutes les gloires qui ont fait la France... Comme l'écrivait Charles Maurras: "le libéralisme supprime en fait toutes les libertés. Libéralisme égale despotisme"]

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6 décembre 2008 6 06 /12 /décembre /2008 00:01

Discours à la Commission théologique internationale

ROME, Vendredi 5 décembre 2008
(ZENIT.org) - Le pape Benoît XVI
estime qu'il faut redécouvrir la valeur de la loi morale naturelle pour pouvoir jeter les bases d'une véritable éthique universelle.

Le Catéchisme de l'Eglise catholique explique au n. 1954 que « la loi naturelle exprime le sens moral originel qui permet à l'homme de discerner par la raison ce que sont le bien et le mal, la vérité et le mensonge ».

Le n. 1957 ajoute : « Présente dans le cœur de chaque homme et établie par la raison, la loi naturelle est universelle en ses préceptes et son autorité s'étend à tous les hommes. Elle exprime la dignité de la personne et détermine la base de ses droits et de ses devoirs fondamentaux ».

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8 août 2008 5 08 /08 /août /2008 11:10

[L]'universalime catholique n'a rien à voir avec l'universalisme que sous-tendent les immortels principes de 1789. Il n'est pas fondé sur une certaine idée de l'homme qui exclut toute humanité qui n'est pas elle. Il est fondé sur l'effort personnel (le Samaritain pense les plaies avec de l'huile et du vin et il donne deux deniers à l'aubergiste pour qu'il s'occupe du blessé), sur l'émotion (notre Samaritain est "ému de miséricorde"). Le Samaritain est présenté comme un modèle au-delà de toutes les différences idéologiques (sur la haine idéologique entre les Juifs et les Samaritain, cf. Eccli 50, 27-28).
En 1793, par exemple, Reynald Secher l'a démontré clairement, plusieurs fois réédité jamais réfuté, c'est au nom de l'idéologie, c'est au nom d'une certaine idée de l'homme révolutionnaire que l'on a systématiquement organisé le massacre des "brigands" et des "brigandes" vendéens et vendéennes, considérés comme participant d'un sang impur, comme dit la chanson, un sang tout juste bon à abreuver nos sillons. Les colonnes infernales du général Tureau avaient pour mission de ne pas laisser âme qui vive dans ce pays. Le mot d'ordre était l'extermination. L'humanisme idéologique peut facilement devenir exterminateur, s'il considère que l'on s'écarte de l'idée que l'on se fait de l'homme.
C'est je crois le message ultime de la parabole du Bon Samaritain, lorsque le Christ nous enseigne que l'important ce n'est pas de désigner qui est mon prochain (selon l'idée qu'on s'en fait), mais de se faire soi-même le prochain de l'individu en difficulté.
Suite Blog de l'abbé Guillaume de Tanoüarn

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30 janvier 2008 3 30 /01 /janvier /2008 11:55

Dans un article du Figaro du 29/01/2008, une tribune est donnée au franc-maçon Jean-Michel Quillardet, grand maître du Grand Orient de France et au père dominicain Philippe Verdin, sur le thème de la "laïcité" républicaine. Le franc-maçon explique que la religion est "l'opium du peuple" en reprenant le mot du communiste Karl Marx... 

Le père Verdin répond que le discours de Sarkozy s'insère au contraire dans une aspiration du peuple à 60, 70% pour une autre conception de la laïcité, plus ouverte sur le fait religieux.Le président serait "au diapason des Français". Ce qui est une certitude dans ce monde déboussolé. "« L'homme ne vit pas simplement de pain », disent les Evangiles. On imagine mal Nicolas Sarkozy et les curés de 2008 vouloir embrigader qui que ce soit. Mais de quoi vit-on aujourd'hui, et quelle est l'espérance ? Des dizaines de millions de gens sont morts au cours du dernier siècle à cause des idéologies sans Dieu. Elles se sont effondrées. Que reste-t-il ? 60 à 70 % de nos concitoyens estiment que les questions religieuses les intéressent, ou les font vivre. Il est légitime que le président de la République s'en soucie. C'est un problème de fond. Les religions sont essentielles, elles structurent et contribuent au lien social."

Quillardet réplique :"Votre foi vous appartient, elle est votre jardin secret."

"Une spiritualité sans Dieu !" rétorque le père Verdin. "Il faudra que vous m'expliquiez ce curieux concept. Quand vous dites que la religion est uniquement un « jardin secret », je le récuse. Elle concerne mille domaines de la vie sociale. En outre, la laïcité à la française est spécifique. Nos voisins européens vivent très bien sans cette laïcité timorée."

Le père Verdin aurait pu tout aussi bien expliquer que la "laïcité" républicaine est l'opium de peuple... "[L]e retour du religieux. Que cela plaise ou non aux francs-maçons, c'est un fait. L'une des passions de Jean-Paul II comme de Benoît XVI est l'articulation de la foi et de la raison, dans la tradition de saint Augustin. C'est cela, le grand défi. Beaucoup de Français qui n'ont pas obligatoirement grandi dans une éducation chrétienne, juive, ou musulmane, tout d'un coup y reviennent. Pourquoi ? Parce que l'interprétation de la philosophie des Lumières s'est épuisée."

Quillardet se défend en disant: "la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte, tout en garantissant l'exercice de ceux-ci dans le cadre de la liberté de conscience." Le père aurait pu lui répondre en lui parlant de la confiscation des biens du clergé en 1906..., l'obligation pour le clergé de se constituer en "associations cultuelles" (ce qu'elle a toujours refusé): où est la liberté religieuse prônée par les "républicains"? 

Aujourd'hui, les pharisiens de la république sentent le terrain s'effondrer sous leurs pieds du fait de l'islamisation qui les dépasse. La république souhaite conserver le terrain, elle prône une "laïcité ouverte" et propose à nouveau les "associations cultuelles" afin de financer la construction des mosquées et garder ainsi la mainmise sur les religions. De fait l'Eglise de France serait un peu plus marginalisée... Ce qui n'est pas "laïcité", mais césarisme gnostique de droit occulte relativiste à but de déchristianisation de la France...

 

Le franc-maçon Quillardet l'avoue dans cet article du Figaro, en ces termes: "La laïcité n'a nul besoin d'adjectif dans la mesure où elle est au-dessus." Au-dessus des religions..., elle les dirige comme une déesse tutélaire... La laïcité dans ce pays n'est donc qu'un prétexte pour décatholiciser la France, l'islamisation un moyen pour parvenir à ce but.

Comme remède dans un monde en perte de repères - l'équerre et le compas relativistes ayant détruit la boussole - qui ne parvient pas (plus) à créer du lien social, je propose que l'on reconnaisse le christianisme comme religion historique de notre pays. Ce n'est pas la "laïcité" qui est "au-dessus", n'en déplaise aux francs-maçons, c'est le christianisme. La croix dans une salle de classe est par exemple la meilleure garantie de la laïcité entendue comme distinction du temporel et du spirituel (qui n'existe dans aucune autre civilisation), et donc le christianisme est le meilleur garant des droits de l'homme et de la démocratie. Après libre à chacun de croire ou non..., d'être adepte d'une idole ou pas... Mais la France est chrétienne. Le christianisme est au-dessus, la Constitution de notre nation depuis 496. Pour reprendre la formule "Je suis royaliste parce que catholique", tout authentique patriote nationaliste doit se dire catholique parce que nationaliste ! Et inversement, un catholique doit se dire patriote parce que catholique. Toutes les religions ne se valent pas. Ne serait-ce déjà que pour une seule bonne raison : le catholicisme a construit la France ! Pas l'islam !  Il mérite à ce titre de (re)devenir religion d'Etat. 

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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 08:39

« Ses fondements sont sur les montagnes saintes ; le Seigneur chérit les portes de Sion » (Ps 86,1-2)… « Vous êtes les concitoyens des saints, vous faites partie de la maison de Dieu. Vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondation les apôtres et les prophètes, et la pierre angulaire c’est le Christ Jésus lui-même » (Ep 2,19-20)… Le Christ, pierre angulaire, et les montagnes, c'est-à-dire les apôtres et les grands prophètes qui portent tout l'ensemble de la cité, forment une sorte d'édifice vivant. Cet édifice vivant a une voix qui retentit maintenant dans vos coeurs. C'est Dieu, ouvrier habile, qui se sert de mon langage afin de vous presser de prendre place dans cette construction : comme autant de pierres taillées aux quatre côtés égaux…

 

Source : Evangile au quotidien



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10 mars 2007 6 10 /03 /mars /2007 15:33

"Les nouveaux docteurs ne cessent de se vanter de leur esprit de tolérance. Mais il n'y a guère de mérite à tolérer toutes les opinions quand on pense qu'il n'en est aucune qui soit digne d'estime" (Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution de France, Pluriel Histoire, paris 2004, p. 191).

 

"La tolérance assure à toutes les religions une protection respectueuse et attachent de l'importance à tous les dogmes religieux, mais à des degrés différents (ibid., p. 191) : la tolérance ne doit pas entraîner l'égalité religieuse, encore moins une persécution de la religion de l'Etat. Ce n'est pas en témoignant d'une égale indifférence à toute chose qu'on fait preuve de son indulgence ou de son impartialité..., c'est tout en affirmant leurs préférences qu'ils se montrent tolérants à l'égard de ceux qui ne font pas la même choix" (p. 191-192). 

"Je pense que tout gouvernement national, conscient de sa mission et de ses responsabilités, a le devoir de posséder une censure, comme il possède une police. On ne va pas supprimer la police sous prétexte qu'il y a des honnêtes gens, et qu'ils sont la majorité. Car si l'on supprimait la police, tout le monde sait que les honnêtes gens seraient bien vite victimes des criminels (et des criminels il y en aura toujours).

"Il en est de même de la censure. A partir du moment où n'importe qui peut écrire n'importe quoi, n'importe comment, dans n'importe quel journal, la société qui le tolère déclenche le processus de sa propre décadence et court, tôt ou tard, à sa ruine.

"Les partisans bien intentionnés de la liberté de la presse semblent partir du principe qu'il n'y a que des journalistes honnêtes, qui n'écrivent que pour des lecteurs intelligents. Ils oublient ou ils ne veulent pas reconnaître qu'il y a (et il y aura toujours) des journalistes de mauvaise foi, dont le but délibéré, le rôle, ou la mission, est précisément de déformer la vérité, et qui sont lus par une masse de lecteurs ignares (tout au moins politiquement), prêts à accepter comme parole d'Evangile toutes les déformations de la vérité...

"En toute sincérité, je pense que la censure doit exister, aussi large, aussi clairvoyante, aussi tolérante que possible, mais elle doit exister. Car je ne vois pas d'autes solutions pratique pour mettre les pourrisseurs professionnels hors d'état de nuire.

"Des médecins, qui ne s'occupent pas du corps, on exige de longues études, des examens, des concours. Mais les journalistes qui exercent leur action sur les esprits et sur les âmes, on n'exige rien du tout. N'importe qui peut s'emparer d'une plume et gratter du papier...

"Si la formation des enfants et de la jeunesse, ce qu'on appelle l'Education nationale, est assurée, orientée, réglementée, contrôlée et sanctionnée par l'Etat..., comment peut-on admettre que l'information - qui est la formation des citoyens en général - puisse être entièrement libre et anarchique ?"

(Jean Haupt, "Le Procès de la démocratie", Cahiers Découverte, Lisbonne 1971).

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10 mars 2007 6 10 /03 /mars /2007 14:20

S'il y a bien une liberté à inventer, ou à restaurer c'est bien la liberté des peuples à durer dans leur être (importance de l'identité dans les débats actuels...) Cette liberté existe pour tous les peuples de la planète, sauf le Français... qui, seul au monde, devrait accepter d'être submergé démographiquement, d'être substitué dans sa population, insulté dans son propre pays. Cette profonde injustice, ce deux poids deux mesures dans le traitement du racisme, risque à terme d'amener de violentes réactions.

L'autre liberté à restaurer serait la liberté de ne pas se laisser vomir dessus, dans son propre pays. Cette liberté n'est-elle d'ailleurs pas inscrite dans la déclaration des Droits de l'homme qui stipule (art. 4) que "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme N'A DE BORNES QUE CELLES QUI ASSURENT AUX AUTRES MEMBRES DE LA SOCIETE LA JOUISSANCE DE CES MÊMES DROITS"....  Les révolutionnaires finirent donc par l'admettre eux-mêmes - et ainsi se contredisant totalement avec la liberté d'expression ou de penser par exemple -, le paradoxe de la liberté est qu'elle ne peut exister sans sa limitation ("bornes"). L'autorité et la censure viennent au secours de la liberté.

En fait, le trait majeur de la "démocratie" "française" est sa profonde hypocrisie, mais aussi une fantastique imposture, une incroyable illusion : partant de l'abstraction individualiste et égalitaire, l'autosuffisance individuelle (l'individu-Roi et souverain), elle est incapable d'organiser une véritable représentation des intérêts présents dans la nation et qu'elle tend AU CONTRAIRE, pour conserver le pouvoir, à démembrer la nation (on le voit aujourd'hui : les faits donnent raison aux principes traditionnels), en la divisant, en la décomposant, subvertissant la Société en opposant les individus et les classes, la réduisant à un conglomérat d'unités artificielles et communautaires, le tout devant s'exprimer dans le cadre des institutions "démocratiques"... La démocratie "moderne" est nocive parce qu'elle détruit la communauté nationale, elle démembre la nation : c'est l'absolutisation ou universalisation de la liberté politique. En absolutisant les revendications individualistes et d'autonomie (un homme un vote), l'individualisme-roi détruit les moeurs et la Société qui a permis l'amélioration de sa condition (échec actuel complet de la démocratie, dans tous les domaines, déclin, décadence et destruction de la Société). Inversement, et paradoxalement, l'ordre politique de l'Europe classique (monarchies, "éclairées" par des élites parlementaires ou non...), permet en fait une approximation meilleure de la volonté générale que la domination pure et simple d'une Assemblée dite "représentative".

En voulant garantir les "droits de l'Homme", les "démocrates" Révolutionnaires raisonnèrent comme si la situation des hommes dans leur condition "naturelle" était préférable à celle dont ils jouissent dans l'état civil : il est donc logique qu'ils aient cherché à recréer dans les corps politiques les déchirements et les divisions qui caractérisent en fait "l'état de nature".... Inversement, si on veut réellement garantir les droits de l'homme (et donc par exemple les libertés publiques, la liberté de penser, etc....), si l'on veut garantir la sécurité (le droit de tout peuple à durer dans son être, la "Souveraineté nationale"...), il faut, avant de faire des grandes déclarations, d'abord créer un ordre politique qui, si libéral soit-il..., ne peut exister qu'au prix d'une LIMITATION de la liberté, au travers, nécessairement, d'un Etat "autoritaire". La Monarchie traditionnelle française est cet ordre politique.

"Un des premiers objets de la société civile, est que personne ne soit juge dans sa propre cause. Chaque membre de la société renonce au premier droit fondamental de l'homme naturel, celui de juger par lui-même, et de défendre son propre droit: il abdique le droit d'être son propre gouverneur. ... Les hommes ne peuvent jouir à la fois des droits de l'état de nature [uncivil] et de ceux de la société civile. Pour obtenir justice, l'individu renonce au droit de la déterminer... Et pour s'assurer d'une certain degré de liberté, il s'en déssaisit en totalité pour en confier la garde à d'autres instances" (Edmund Burke, Réflexions sur la Révolution de France, Pluriel Histoire, Paris 2004, p. XVI).

Les liens, les limitations créés par la civilisation sont précisément la condition de la sécurité et de la liberté de l'homme et d'une société et, au-delà, de l'amélioration de l'humanité. Dès lors, dans le "contrat social" tel que le conçoit Burke, il est impossible que "chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant...." (J.J. Rousseau, Du contrat social, liv. I, ch. VI). C'est par là que les Révolutionnaires se contredisent (contradiction-polarité entre la liberté et la société civile) et que Burke est le plus éloigné de la pensée des Constituants de 1789, dont la doctrine de la loi "expression de la volonté générale" hérite de Rousseau... L'opposition entre "liberté" et "pouvoir-limitation" interdit de considérer la participation aux affaires publiques comme un droit fondamental, puisque les droits de l'homme, sa sécurité, sa liberté, ne peuvent être réellement garantis que par une LIMITATION de sa liberté politique, et qu'a contrario, le droit du citoyen à participer aux affaires publiques entraîne mécaniquement le démembrement de la nation (jeu incessant des minorités contre les majorités). Pour reprendre une phrase de Jean Haupt, la démocratie est donc "contraire à la fois aux intérêts légitimes des citoyens et aux intérêts supérieurs de la nation" (Jean Haupt, Le Procès de la démocratie, Cahiers Découvertes - Lisbonne 1971, p. 15). Mais ne nous méprenons pas, il n'est pas question pour nous de ressusciter subitement le passé médiéval ou même l'Ancien Régime, mais simplement de préserver dans les conditions de la "modernité" les anciennes règles de vie, les principes traditionnels de gouvernement qui s'opposaient tous à la l'absolutisation de la liberté politique, à l'individualisme-roi. La "modernité" devra conserver un lien vivant avec le monde traditionnel qui lui a permis de naître, ou bien la Société disparaîtra, sous l'effet des principes absurdes et contradictoires de la Révolution, disloquée, par l'anarchie produite par les illusions de l'autosuffisance individuelle, ou par le despotisme de la loi qui aura voulu compensé l'absolutisation de la liberté. Ou bien mourra-t-elle des deux ?...

Les Réflexions sur la Révolution française d'Edmund Burke sont un des apports les plus célèbres à la pensée conservatrice et contrerévolutionnaire et, au-delà, à la critique de philosophie politique dite "moderne" héritée des dites "Lumières". Elle constitue une des critiques les plus profondes de la Révolution, et surtout, une attaque d'un type inédit contre ce qui, dans l'Esprit des Lumières, avait pu préparer 1789.

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2 mars 2007 5 02 /03 /mars /2007 11:37

Contrairement à ce qu'avance les évêques de France et des curés inconscients, la société n'a pas vocation à accueillir indéfiniment des vagues successives d'immigration sans aucune limitation. Après avoir présenté la doctrine de l'Eglise sur la peine de mort, voici la (vraie) position de l'Eglise sur l'immigration dans son Catéchisme (article 2241).

"Les nations mieux pourvues sont tenues d'accueillir autant que faire se peut l'étranger en quête de sécurité et des ressources vitales qu'il ne peut trouver dans son pays d'origine." (Catéchisme de l'Eglise catholique, Mame Plon 1992, article 2241, p 560).

Le texte précise : "Les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont elles ont la charge subordonner l'exercice du droit d'immigration à diverses conditions juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l'égard du pays d' adoption. L'immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine matériel et spirituel de son pays d'accueil, d'obéir à ses lois et de contribuer à ses charges."

Donc le catéchisme indique deux limites à l'immigration : la capacité d'accueil se trouve dans le mot "autant que faire se peut" et la limitation de l'immigration dès lors que le pays d'adoption connaît des difficultés à assimiler les immigrés. C'est le "respect des migrants à l'égard du pays d'adoption".

Or, "la France est-elle en mesure de recevoir des vagues d'étrangers supplémentaires ? En 2005, Richard Castera, inspecteur général de l'administration, se voit confier par le ministre de l'Intérieur une mission d'évaluation des "capacités d'accueil de la France et ses besoins". En 2006, il rend un rapport d'étape dans lequel il estime que la France doit prendre acte du fait que ses capacités d'accueil ne lui permettent pas d'intégrer dans de bonnes conditions le flux migratoire qu'elle admet chaque année. Conclusion : "La France n'a pas plus les moyens, dans l'état actuel de son économie, d'accueillir des immigrés" (Le Monde, 18 mars 2006, cité in Jean Sévillia, Moralement correct, Recherche valeurs désespérément,  Perrin 2007, p. 156).

Ce constat se borne à l'aspect économique de la question : avec 5 millions de chômeurs, la France ne peut plus accueillir toute la misère du monde. A soi seul, l'aspect économique justifierait, au nom du bien commun, une politique de réduction de l'immigration. Mais il y a aussi d'autres aspects qui justifieraient une telle réduction : l'aspect démographique, l'immigration massive chaque année entraîne une substitution de population; l'aspect culturel : l'introduction durable de cultures différentes de celle du pays d'accueil entraîne progressivement une disparition de la culture dominante. Ces quelques aspects, économique, démographique, culturel, justifient largement une politique de limitation de l'immigration dans les pays d'accueil, sous peine de submersion et de disparition.

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1 janvier 2007 1 01 /01 /janvier /2007 16:05

(Via dici.org, thomatique)

On l’accusa alors de faire de la politique ;

et Dieu sait si ce n’est pas un crime bien au contraire, de faire la politique de Jésus-Christ et de susciter des hommes politiques qui utilisent tous les moyens légitimes, même légaux, pour chasser de la cité les ennemis de Notre Seigneur Jésus-Christ !1

les faits parlent d’eux mêmes :

ce que la monarchie française n’avait pas réussi à faire, la démocratie l’a réalisé : cinq révolutions sanglantes (1789, 1830, 1848, 1870, 1945), quatre invasions étrangères (1815, 1870, 1914, 1940), deux spoliations de l’Eglise, bannissements des ordres religieux, suppressions des écoles catholiques, et laïcisations des institutions (1789 et 1901), etc...

Pourtant, diront certains, le pape Léon XIII demanda le "ralliement" des catholiques français au régime républicain3 (ce qui, entre parenthèses, provoqua une catastrophe politique et religieuse). D’autres critiquent du reste cet acte de Léon XIII en le qualifiant, ainsi que son auteur, de libéral. - Je ne crois pas que Léon XIII fût un libéral, ni, encore moins, un démocrate. Non : il crut simplement susciter une bonne combinaison politique pour le bien de la religion en France ; mais il est clair qu’il oubliait l’origine et la constitution irrémédiablement libérales, maçonniques et anti-catholiques de la démocratie française.

L’idéologie démocratique
Issue du postulat libéral de l’individu-roi, l’idéologie démocratique se construit ensuite logiquement : les individus passent à l’état social par un pacte conventionnel : le contrat social, qui est, dit Rousseau, une "aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté" . De là viennent :
— la nécessaire souveraineté populaire : le peuple est nécessairement souverain, il ne tient son pouvoir que de lui-même, et il le garde même après qu’il ait élu ses gouvernants.
— l’illégitimité de tout régime qui n’a pas pour base la souveraineté populaire ou dont les gouvernants assurent recevoir leur pouvoir de Dieu.
De là par conséquent, en pratique
— la lutte pour l’établissement universel de la démocratie.
— la "croisade des démocraties" (dernier exemple en date : la "croisade de la démocratie et de la Liberté en Irak" selon les mots de Bush au début de la IIe guerre d'Irak) contre tout régime qui fait référence à l’autorité divine, qualifié alors de régime" sacral" ," absolutiste" . A cet égard, le traité de Versailles de 1919, qui supprimait les dernières monarchies vraiment chrétiennes, fut une victoire libérale, précisément maçonnique4.
— le règne politique des majorités, qui sont censées exprimer la sacro-sainte et infaillible volonté générale.
J’aime à répéter à l’occasion, face à ce démocratisme qui pénètre maintenant l’Eglise par la collégialité, j’aime à dire que la majorité ne fait pas la vérité : et hors de la vérité et de la vraie justice envers Dieu et le prochain, que peut-on construire de solide ?

Condamnation de l’idéologie démocratique par les papes
Les papes n’ont cessé de condamner cette idéologie démocratique. Léon XIII l’a fait ex professo dans son encyclique Diuturnum dont je vous ai déjà parlé ;

" Bon nombre de nos contemporains, marchant sur les traces de ceux qui, au siècle dernier, se sont décerné le titre de philosophes, prétendent que tout pouvoir vient du peuple ; que, par suite, l’autorité n’appartient pas en propre à ceux qui l’exercent, mais à titre de mandat populaire, et sous cette réserve que la volonté du peuple peut toujours retirer à ses mandataires la puissance qu’elle leur a déléguée.
C’est en quoi les catholiques se séparent de ces nouveaux maîtres ; ils vont chercher en Dieu le droit de commander et le font dériver de là comme de sa source naturelle et de son nécessaire principe.
Toutefois, il importe de remarquer ici que, s’il s’agit de désigner ceux qui doivent gouverner la chose publique, cette désignation pourra dans certains cas être laissée au choix et aux préférences du grand nombre, sans que la doctrine catholique y fasse le moindre obstacle. Ce choix, en effet, détermine la personne du souverain, il ne confère pas les droits de la souveraineté ; ce n’est pas l’autorité que l’on constitue, on décide par qui elle devra être exercée"5.

Donc, toute autorité vient de Dieu, même en démocratie !
Toute autorité vient de Dieu. Cette vérité est une vérité révélée et Léon XIII s’applique à l’établir solidement par l’Écriture Sainte, la tradition des Pères, et enfin par la raison : une autorité émanée du peuple seul n’aurait pas la force d’obliger en conscience sous peine de péché6.

"Il n’est pas un homme qui ait en soi ou de soi ce qu’il faut pour enchaîner par un lien de conscience le libre vouloir de ses semblables, Dieu seul, en tant que créateur et législateur universel, possède une telle puissance ; ceux qui l’exercent ont besoin de la recevoir de lui et de l’exercer en son nom"7.

Enfin Léon XIII s’attache à montrer la fausseté du contrat social de Rousseau, qui est la base de l’idéologie démocratique contemporaine.

L’Église ne condamne pas le régime démocratique
Ce que je veux vous montrer maintenant, c’est que toute démocratie n’est pas libérale. Il y a l’idéologie démocratique, et il y a le régime démocratique ; si l’Église condamne l’idéologie, elle ne condamne pas le régime, c’est-à-dire la participation du peuple au pouvoir.
Déjà saint Thomas justifie la légitimité du régime démocratique

"Que tous aient une certaine part au gouvernement, par là est en effet conservée la paix du peuple, et tous aiment une telle organisation et veillent à la conserver, comme dit Aristote au livre II de sa Politique"8.

Sans préférer la démocratie, le Docteur commun estime que concrètement le meilleur régime politique est une monarchie dans laquelle tous les citoyens ont une certaine part au pouvoir, par exemple en élisant ceux qui gouvernent sous le monarque : c’est, dit saint Thomas, "un régime qui bien allie la monarchie, l’aristocratie et la démocratie"9.
La monarchie française d’Ancien Régime, comme beaucoup d’autres, était plus ou moins de ce type quoi qu’en disent les libéraux : il existait alors, entre le monarque et la multitude des sujets, tout un ordre et une hiérarchie de multiples corps intermédiaires, qui faisaient valoir en haut lieu leurs avis compétents.
L’Eglise catholique, quant à elle, ne marque pas de préférence pour tel ou tel régime ; elle admet que les peuples choisissent la forme de gouvernement la plus adaptée à leur génie propre et aux circonstances

"Rien n’empêche que l’Eglise n’approuve le gouvernement d’un seul ou celui de plusieurs, pourvu que le gouvernement soit juste et ordonné au bien commun. C’est pourquoi, si la justice est sauve, il n’est point interdit aux peuples de se donner telle ou telle forme politique qui s’adaptera mieux à leur génie propre ou à leurs traditions et à leurs coutumes"10.

Qu’est-ce qu’une démocratie non libérale ?
J’avoue qu’une démocratie non libérale est une espèce rare, aujourd’hui disparue, mais elle n’est quand même pas tout à fait une chimère : comme le prouve la république du Christ-Roi, celle de l’Equateur de Garcia Moreno au siècle dernier.
Voici les traits caractéristiques d’une démocratie non libérale
1. Principe premier. Le principe de la souveraineté populaire d’abord : il se limite au régime démocratique, et respecte la légitimité de la monarchie. Ensuite, il est radicalement différent de celui de la démocratie rousseauiste : le pouvoir réside dans le peuple, soit ; mais ni originellement ni définitivement : c’est donc de Dieu que le pouvoir vient au peuple ; de Dieu auteur de la nature sociale de l’homme, et non des individus-rois. Et une fois que des gouvernants sont élus par le peuple, ce dernier ne conserve pas l’exercice de la souveraineté11.
— Première conséquence : ce n’est pas une multitude amorphe d’individus qui gouverne, mais le peuple en corps constitués ses chefs de familles (qui pourront légiférer directement dans de très petits Etats, comme celui d’Appenzell en Suisse), ses paysans et commerçants, industriels et ouvriers, grands et petits propriétaires, militaires et magistrats, religieux, prêtres et évêques, c’est, dit
Mgr de Ségur," la nation avec toutes ses forces vives, constituée en une représentation sérieuse et capable par ses vrais représentants d’exprimer ses vœux, d’exercer librement ses droits"12. Pie XII à son tour distingue bien le peuple et la masse :

"Peuple et multitude amorphe, ou, comme on a coutume de dire," masse" , sont deux concepts différents. Le peuple vit et se meut de sa vie propre ; la masse est en elle-même inerte, et elle ne peut être mue que de l’extérieur. Le peuple vit de la plénitude de la vie des hommes qui le composent, dont chacun, à la place et de la manière qui lui est propre, est une personne consciente de ses propres responsabilités et de ses propres convictions. La masse, au contraire, attend l’impulsion du dehors, jouet facile entre les mains de quiconque en exploite les instincts et les impressions, prompte à suivre tour à tour, aujourd’hui ce drapeau et demain cet autre"13.

— Deuxième conséquence : des gouvernants élus, même si on les appelle, comme le fait saint Thomas," vicaires de la multitude" , le sont seulement en ce sens qu’ils font pour elle ce qu’elle ne peut pas faire elle-même, à savoir gouverner. Mais le pouvoir leur vient de Dieu" de qui toute paternité au ciel et sur la terre tire son nom" (Eph. 3. 15). Les gouvernants sont donc responsables de leurs actes d’abord devant Dieu dont ils sont les ministres, et ensuite seulement devant le peuple, pour le bien commun duquel ils gouvernent.
2. Deuxième principe : Les droits de Dieu (et ceux de son Eglise, dans une nation catholique) sont posés comme le fondement de la constitution. Le décalogue est donc
l’inspirateur de toute la législation.
Première conséquence : la "volonté générale" est nulle si elle va contre les droits de Dieu. La majorité ne "fait" pas la vérité, elle doit se maintenir dans la vérité, sous peine d’une perversion de la démocratie. Pie XII souligne avec raison le danger, inhérent au régime démocratique, et contre lequel la constitution doit réagir : le danger de dépersonnalisation, de massification et de manipulation de la multitude par des groupes de pression et des majorités artificielles.
Seconde conséquence : la démocratie n’est pas laïque, mais ouvertement chrétienne et catholique. Elle se conforme à la doctrine sociale de l’Eglise concernant la propriété privée, le principe de subsidiarité, et l’éducation laissée au soin de l’Eglise et des parents, etc...

Je me résume : la démocratie, non moins que tout autre régime, doit réaliser le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ. La démocratie doit quand même avoir un Roi : Jésus-Christ.

1. Ce n’est pas parce que les évêques gauchistes font de la politique socialiste ou communiste, que l’Eglise devrait s’abstenir de faire de la politique ! L’Eglise a un pouvoir, sans doute indirect, mais réel sur le domaine temporel et sur la vie de la cité. Le règne social de N.S.J.C. est une préoccupation essentielle de l’Eglise.  

2. Quotidien et mouvement politique dirigés par Charles Maurras L’Action Française luttait, sur des bases naturelles saines, contre le démocratisme libéral. On l’accusa faussement de naturalisme. Le Pape Pie XI, trompé, condamna L’Action Française. Son successeur, Pie XII devait lever cette sanction. Mais le mal était fait : 1926 marque en France une étape décisive dans “ l’occupation ” de l’Eglise par la fraction libérale, dite a catholique libérale ”.

3. Cf. Encyclique Au milieu des sollicitudes, du 16 février 1892, aux évêques et fidèles de France.

4. Cf. H. Le Caron, Le plan de domination mondiale de la contre-église, p. 22.

5. PIN. 94.

6. Elle pourrait bien contraindre par la menace des peines, mais ce n’est pas ainsi, dira Jean XXIII dans Pacem in Terris, que l’on suscite la recherche par chacun du bien commun ! L’autorité est avant tout une force morale.

7. Diuturnum, PIN. 96.

8. I II, 105, I.

9. Ibid.

10. Léon XIII, Encyclique Diuturnum, PIN. 94.

11.Cf. Diuturnum, citée plus haut et également Mgr de Ségur, La Révolution, p. 73.

12. Op. cit. p. 73.

13. Radio-message de Noël, 24 décembre 1944.

 

 

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26 décembre 2006 2 26 /12 /décembre /2006 18:17

- Les libéraux disent : "Pas de Politique!"

- L'Eglise catholique répond : « La politique est la première des charités car elle vise au bien du plus grand nombre » (Pie XI)

* « Les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la «politique», à savoir à l'action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun. […] Quant au bien commun, il comprend l'ensemble des conditions de vie sociale qui permettent aux hommes, aux familles et aux groupements de s'accomplir plus complètement et plus facilement»
Jean-Paul II, EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE CHRISTIFIDELES LAICI DE SA SAINTETE LE PAPE JEAN-PAUL II SUR LA VOCATION ET LA MISSION DES LAÏCS DANS L'EGLISE ET DANS LE MONDE, 30 décembre 1988, paragraphe 42.

* « La charité doit animer l’existence entière des fidèles laïcs et donc aussi leur activité politique, vécue comme charité sociale» Benoît XVI.

* « La justice est le but et donc aussi la mesure intrinsèque de toute politique. Le politique est plus qu’une simple technique pour la définition des ordonnancements publics : son origine et sa finalité se trouvent précisément dans la justice, et cela est de nature éthique»
Benoît XVI, Deus caritas est, paragraphe 28.

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