La visite de Nicolas Sarkozy au Vatican a suscité de nombreux commentaires politiques pendant le week-end, notamment à gauche, où les critiques se sont surtout concentrées sur le fait que le chef de l'Etat ait fait le signe de la croix à plusieurs reprises.
M. Sarkozy a été reçu vendredi par le pape Benoît XVI lors d'une visite au Vatican destinée entre autre à enterrer la polémique sur la situation des Roms en France, qui avait créé un malaise entre la France et le Saint-Siège. Après l'audience papale, au cours d'un "moment de prière", selon les termes du Vatican, rebaptisé "moment de recueillement" par l'Elysée, il s'est signé à plusieurs reprises et a récité le Notre Père.
L'ancien numéro un dU PS, François Hollande, y a vu un "manquement au principe de laïcité". "Qu'il aille voir le pape fait partie des responsabilités qui sont les siennes", a-t-il dit dimanche. "Sur le fait qu'il fasse des prières, en tant que croyant, il en a la liberté. Mais là-bas, il n'y était pas en tant qu'individu, en tant que croyant, il y était en tant que chef d'Etat d'une république laïque".
Très attaché à la laïcité, le PRG juge "inacceptable" ce mélange entre vie publique et vie privée. "Outrepassant une fois de plus ses fonctions, (M. Sarkozy) alimente dangereusement la montée des communautarismes et des divisions de toutes sortes", a ajouté le Parti Radical de gauche, qui appelle à "la vigilance" voire "des actions publiques pour faire respecter la laïcité comme la fraternité et l'égalité".
L'ex-Premier ministre socialiste Laurent Fabius s'est dit persuadé que l'objectif recherché par le chef de l'Etat ne serait pas atteint: "Il ne faut pas prendre les catholiques français pour des sots". "Il y a une faute commise par le président de la République à l'égard des Roms. Cette faute est une faute morale. Ce n'est pas n'importe quel signe de croix, même effectué au Vatican, même télévisé, qui fera oublier cette faute-là", a-t-il déclaré.
Même analyse de la patronne des Verts, Cécile Duflot, ancienne de la Jeunesse ouvrière chrétienne: "C'est de la comédie, on est dans le Grand Guignol quasiment, et je crois que ni les catholiques, ni les chrétiens ne peuvent être dupes". "On imagine les conseillers du président de la République, les pieds sur le bureau, disant, +oh là là, on a un problème avec les cathos, il faudrait que tu ailles voir le pape+", a-t-elle ironisé, jugeant par ailleurs "inélégant vis-à-vis du pape de l'instrumentaliser".
Les deux frères ennemis de l'UMP, Xavier Bertrand et Jean-François Copé, ont volé au secours de Nicolas Sarkozy.
"Ecoutez, moi, quand je rentre dans une église, je me signe deux fois. En entrant et en sortant. Et si j'étais président de la République, je ferais de la même façon, je ferais la même chose", a affirmé le secrétaire général de l'UMP.
"Ce qui a été dit par un certain nombre de responsables du parti socialiste est dérisoire (...) Cet anti-sarkozysme qu'il nourrissent eux-mêmes, je pense qu'il se retournera contre eux", a-t-il déclaré.
Quant au patron des députés UMP [Ndlr. J.-F. Copé], s'il ne ferait pas comme le chef de l'Etat dans la basilique Saint-Pierre car il n'est "pas de foi catholique" ni "religieux", il a jugé les reproches du PS "désolants" et "une nouvelle fois très en dessous de la ceinture".
Il a toutefois fait entendre sa différence d'approche de tels dossiers en disant n'avoir "jamais pensé que les catholiques étaient spécialement plus à droite qu'à gauche". "Moi j'ai toujours été réservé sur le découpage en tranches des électorats. Le communautarisme, je n'y crois pas", a-t-il déclaré.
Nous attendons les commentaires du Front national et de Marine Le Pen en particulier quant au discours du chef de l'Etat à l'ambassade de France près le Saint-Siège où, au sujet de la "laïcité", il parle de "distinction du spirituel et du temporel" et non de "séparation", l'Eglise ne pouvant être "indifférente aux problèmes de la société à laquelle elle appartient en tant qu'institution..." et la politique ne pouvant "être indifférente au fait religieux" car "il n'y a pas de religion sans responsabilité sociale, ni de politique sans morale".
Add. 13 octobre 20:30. Marine Le Pen invitée de Radio courtoisie - qui réitère ses déclarations sur la laïcité qui confinerait la religion dans la sphère privée - n'a manifestement pas compris ce qu'est la laïcité (à partir de 42:08) : "la laïcité qui respecte la religion mais qui repousse la religion dans la sphère privée et n'entend pas la laisser déborder dans la sphère publique" (Fin de citation). Ca se passe de commentaire... C'est l'exact inverse de ce qu'est la laïcité parfaitement décrite par Nicolas Sarkozy dans son discours qui distingue bien comme Marine Le Pen, le temporel du spirituel mais qui permet au spirituel de développer son action bienfaisante dans la vie publique (et pas simplement la vie privée comme le dit Marine Le Pen), parce que dit-il institution appartenant à la société et qu'"il n'y a pas de religion sans responsabilité sociale, ni de politique sans morale". Cette position de Marine Le Pen sur la laïcité doit d'ailleurs être un point de divergence avec la position de Bruno Gollnisch. Nous attendons également les déclarations de Bruno Gollnisch à ce sujet.
Add. 18 octobre 19:45. Bruno Gollnisch contredit Marine Le Pen : " Non, la religion n'est pas qu'une affaire d'ordre privé".
Nouvelles de France : On dit que certaines différences doctrinales apparaissent entre Marine Le Pen et vous. Par exemple sur la laïcité, sur l'avortement, les valeurs républicaines...
Bruno Gollnisch : Pour pouvoir apprécier ces différences, il faudrait que Marine précise ses positions. En ce qui me concerne, les choses sont claires: L'identité de la France ne se réduit pas à sa devise républicaine. Elle inclut aussi la richesse et la diversité du patrimoine de nos provinces.
S'agissant de la loi Veil, elle a amplement fait la preuve de son échec, elle doit donc être remplacée.
La laïcité bien comprise n'est qu'une forme de tolérance, dans une société qui n'est plus homogène sur le plan spirituel, par laquelle l'Etat s'abstient d'intervenir en matière religieuse pour éviter des affrontements dans la société civile. Elle ne fournit pas de raison de vivre, elle n'est pas en soi une "valeur". Elle est la juste distinction du spirituel et du temporel : ni une confusion ni une séparation absolue.
Marine Le Pen a plusieurs fois répété que la laïcité consistait à confiner la religion à la sphère privée, êtes-vous d'accord ?
Non, la religion n'est pas qu'une affaire d'ordre privé. Source: http://www.nouvelles-de-france.fr/article.php?cat=12&id=202&titre=Bruno_Gollnisch_:_
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