Ce qui suit est un extrait du livre "Tous les Banquiers des présidents : Les alliances cachées qui ont conduit à la puissance américaine" par Nomi Prins (publié le 8 avril 2014). Reproduit avec la permission de Nation Books. Nomi Prins est un ancien directeur général de Goldman Sachs.
Cet extrait du récent livre de Nomi Prins, Tous les banquiers des Présidents, qui traite de Woodrow Wilson et la collaboration de Jack Morgan pour financer les Alliés dans les premiers jours de la Guerre. En plus de sa rapidité, il fournit l'un des exemples les plus forts de la coopération étroite entre la présidence (américaine Ndlr.) et les plus hauts niveaux de la banque pour conduire les intérêts américains. |
Les milieu des années 1910 : des banquiers vont à la guerre
"La guerre doit être une formidable opportunité pour l'Amérique."
(Jack Morgan, Lettre personnelle au président Woodrow Wilson, le 4 Septembre 1914)
«... Le 28 Juin 1914, un nationaliste slave assassina, à Sarajevo, l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d'Autriche. Les lignes de bataille ont été établies. L'Autriche se positionne contre la Serbie. La Russie a annoncé le soutien à la Serbie contre l'Autriche, l'Allemagne a soutenu l'Autriche, et la France a soutenu la Russie. Des ordres de mobilisation militaires traversaient l'Europe. Les finances nationales et privées qui ont contribué à bâtir jusqu'à l'expédition et les arsenaux d'armes dans les dernières années du XIXe siècle et les premières années du XXe déborderaient dans la mortelle bataille.
Wilson savait exactement l'aide dont il avait besoin. Il invita Jack Morgan à un déjeuner à la Maison Blanche. Les médias ont éclaté avec des rumeurs au sujet de la rencontre. Etait-ce un signe des liens plus étroits avec les titans des trusts de l'argent ? Wilson était-il plus proche des banquiers qu'il n'y parut ? Dans les chuchotements de ces requêtes suspendues dans l'air chaud de l'été, à 12h30, dans l'après-midi du 2 Juillet 1914, Morgan émergea de la réunion pour faire face à un troupeau bourdonnant de journalistes. Génétiquement prédisposé à éviter l'attention, il expliqua simplement que la réunion fut "cordiale" et suggéra que les autres questions devaient être adressées au président.
Les besoins de Wilson et les intentions de Morgan devinrent bientôt claires. Le 28 juillet, l'Autriche déclara officiellement la guerre à la Serbie. Les puissances centrales (Allemagne, Empire austro-hongrois, Empire ottoman et Bulgarie) étaient en guerre contre la Triple Entente (France, Grande-Bretagne, et Russie). Alors que Wilson essaya de jongler avec transport entre la position de neutralité de l'Amérique et la mort tragique de sa femme, les marchés de change nationaux et étrangers furent saisis de peur et par la paralysie. Une autre panique semblait être la possibilité distincte si tôt après que la Réserve fédérale ait été établie pour éviter que de tels résultats adviennent dans le milieu du premier mandat de Wilson. Le président dut apaiser les marchés et préparer les finances du pays à un quelconque résultat des batailles européennes.
Ne voulant pas laisser le financement de la guerre au hasard, Wilson et Morgan jetèrent les bases de l'alliance de leurs puissances en marche. A la demande des fonctionnaires de haut rang du Département d'Etat, Morgan s'immergea immédiatement dans les questions de financement de la guerre. Le 10 août 1914, le secrétaire d'État William Jennings Bryan écrivit à Wilson que Morgan demandait s'il avait une objection à ce que sa banque fit des prêts au gouvernement français et à la Banque Rothschild (également destinés au gouvernement français). Bryan craignait qu'une approbation d'une telle extension de capital pût nuire à la position de neutralité que Wilson avait adoptée et, pire encore, favorisât d'autres demandes de prêts de pays moins alliés des Etats-Unis que la France, comme l'Allemagne ou l'Autriche. La Banque Morgan était seulement intéressée à aider les Alliés.
Bryan devait plus tard ce jour-là prendre la parole avec le partenaire principal de Morgan, Henry Davison. Bien que Morgan ait clairement fait savoir que l'argent prêté par son entreprise serait dépensé aux États-Unis, Bryan craignait que "si les prêts étrangers absorbaient notre argent empruntable cela pût affecter nos capacités de prêts au gouvernement si besoin." Ainsi, les décisions de prêt des banques privées pouvaient affecter non seulement le cours de la participation des gouvernements étrangers dans la guerre, mais aussi la santé financière du gouvernement des États-Unis pendant la guerre. Peu de choses avaient changé depuis le début du siècle lorsque les fonctions du gouvernement dépendaient de la disponibilité des prêts bancaires privés.
Wilson n'allait pas refuser la demande de Morgan. Il approuvea le prêt de 100 millions de dollars pour financer les besoins de la guerre de la République française. La décision reflètait le passé, mais il y avait aussi des conséquences pour l'avenir des alliances politico-financière et leurs applications à la guerre. Pendant la guerre franco-allemande de 1870, le grand-père de Jack, JS Morgan, avait soulevé 50 millions de dollars d'obligations françaises à travers son bureau de Londres après que le gouvernement français n'ait pas réussi à vendre ses titres à des banquiers de Londres pour lever des fonds. L'opération nétait pas seulement rentable, elle permettait aussi à Morgan et son entreprise de se faire apprécier par le gouvernement français.
Mis à part les opinions personnelles de Jack Morgan contre l'Allemagne et l'héritage des décisions de son grand-père, la Banque Morgan entretenait des relations étroites avec les gouvernements britannique et français en vertu de son entreprise-Morgan soeur, Grenfell & Company, la prestigieuse banque d'affaires à Londres; et Morgan, Harjes & Company à Paris. La banque, comme un pays, suivit la guerre le long des lignes de ses alliances financières passées, au point même d'entreprises antagonistes qui souhaitaient participer à des prêts français pendant les périodes de combats acharnés.
Deux semaines après le discours de Wilson, le 19 août, armé du poids de l'argument de la guerre, Jack Morgan prit sur lui d'aborder Wilson au sujet de ses préoccupations nationales. "Cette guerre ... a jeté une tension énorme et soudaine sur les marchés monétaires américains", écrivit Morgan. "Elle a augmenté la tendance déjà prononcée des titulaires européens de titres américains à les vendre pour quelque prix qu'ils pussent en obtenir pour eux, et l'investisseur américain a obtenu de pouvoir soulager les investisseurs européens de leurs titres par degrés comme il put." Les tensions de marché ont été exacerbées du fait que les investisseurs européens vendaient des titres. C'était là un problème dont la seule solution nécessaire était la mise à disposition de davantage de prêts. Mais il y avait autre chose, avec des répercussions nationales plus durables répercutant la part de l'intérêt de Morgan dans l'acier américain.
Morgan fit valoir que plutôt que d'encourager les investisseurs à se sentir en sécurité, la Commission du gouvernement au Commerce international, formée pour régler l'industrie nationale en 1887, faisait l'opposé en limitant des taux(tarifs) de frêt de chemin de fer orientaux et en examinant les entreprises de chemin de fer. Dans l'esprit de Morgan, la guerre n'était certainement pas un temps pour améliorer les règlements contre les entreprises. Et si les titres de chemin de fer diminuaient en valeur relative pour les prêts garantis, les banques ne seraient pas en mesure de prêter assez pour faire la différence. Tout le système de crédit pourrait geler.
Comme Morgan a en outre averti que la "Grande dépréciation de la valeur de ces titres" "rejetterait les prêts bancaires garantis par eux" et conduirait à un "grand trou dans les fonds de la banque, qui interférerait avec le lancement de la nouvelle Réserve fédérale du système, et produirait des conditions de panique." Il a conclu que la guerre "devrait être une formidable opportunité pour l'Amérique", mais pas "aussi longtemps que le pays était sous l'impression de peur dans lequel il était maintenant." Percevant ces graves menaces, Morgan était devenu le premier banquier qui révéla que le crédit, la Réserve fédérale, les grandes banques, l'économie américaine, et la guerre étaient inextricablement liés. Wilson le savait que trop.
Morgan était particulièrement préoccupé par l'Acte antitrust de Clayton, que le Congrès envisageait de renforcer ave les restrictions contre les monopoles et les pratiques anticoncurrentielles définies dans le l'Acte Antitrust de Sherman 1890. Ayant été adopté par le Sénat, le projet de loi fut envoyé à une commission de la conférence. Dut-il passer dans sa forme actuelle, le libertaire Morgan croyait qu'il démontrerait que "le Gouvernement des Etats-Unis ne propose pas de permettre aux entreprises de conduire leurs activités normale sans interférence."
Wilson prit les préoccupations de Morgan au sérieux. Il savait que la dernière chose que les Etats-Unis avaient besoin était un effondrement du crédit. Pour éviter une telle crise et apaiser les banquiers, il était déjà en train de réécrire l'Acte antitrust Clayton, mais il ne put l'admettre à Morgan. Wilson calculait qu'il devait y rester quelques domaines meilleurs de négociation à la main. Bien que les deux firent valoir leur interprétation du projet de loi, un drapeau blanc vola entre Wall Street et Washington pour le moment. De telles périodes de troubles appelaient les alliés à ne pas être dans le conflit, les relations entre le président et les banquiers, et des relations amicales devaient également promouvoir la puissance mondiale des deux parties.
En général, la guerre signifiait que la bonne volonté étendue des banquiers aux affaires du président continue, incluant les protocoles de prêt. Un 15 octobre 1914, des nouvelles d'un rapport proclamaient, que les "banquiers américains devaient consentir des prêts aux nations en guerre." C'était une décision du gouvernement poussé par le contingent de la banque qui se répercuterait dans toute la guerre et par la suite, tracerait des lignes claires de la concurrence entre les diverses puissances de Wall Street. Bien que la Banque Morgan pro-Alliés ait sollicité la coopération des Britanniques, par exemple, la National City Bank a mis en place des succursales internationales à travers l'Europe et la Russie à concourir pour la future puissance financière, entraînant un désaccord entre deux des trois plus grandes banques de New York qui ont financé la guerre. En partie, ce désaccord a eut un rapport avec le changement de direction de ces entreprises.
L'ami de Jack Morgan, James Stillman, à la tête de la National City Bank avait des idées sur la guerre qui reflètaient de près celles de Morgan : si la guerre présentait de nombreuses possibilités d'extension, les anciens liens avec les banques britanniques et françaises devaient être respectées dans le processus, leurs pays devant être pris en charge sans équivoque. Le Numéro deux de Stillman, né dans le Midwest, Frank Vanderlip, qui nourrissait une rancune contre l'établissement bancaire de l'Est et était en froid avec Wilson depuis sa campagne présidentielle ne partageait pas les mêmes loyautés. Il était moins préoccupé que son patron supérieur et les partenaires de Morgan sur l'issue de la guerre et était ouvertement opposé à toute intervention américaine jusqu'en 1916, ce par quoi les relations germano-américaines furent plus ouvertement débattues. Il n'a pas non plus soutenu les demandes britanniques pour que la National City Bank révoquât ses relations avec les banques allemandes, auxquelles Stillman répondit que dans la victoire, les Britanniques se rappelleraient quelles banques les a aidés.
Ainsi, à la fin de 1914, ce fut la National City Bank qui ouvrit une ligne de crédit de 5 millions de dollars pour la Russie en échange de la désignation de l'agent d'achat russe pour les fournitures de guerre aux États-Unis. La Banque Morgan resta fidèle à sa position pro-Alliés et choisit de ne pas s'impliquer dans ces transactions, tandis que Vanderlip était plus attaché à rechercher le renforcement de la position de la National City Bank qu'apporterait pour tout le monde l'après-guerre.
Stillman a été moins intéressé par le financement concernant la guerre que Vanderlip, qui a cru qu'il augmenterait la position de la banque aussi bien que le niveau mondial de l'Amérique. Pour lui, il était important d'aller de l'avant en Amérique latine et dans d'autres pays sous-développés, tandis que les puissances financières européennes étaient occupés avec leur guerre. Que Stillman ait pris une partie de ce conseil à cœur permit à la National City Bank de couvrir beaucoup de terrain après-guerre, et pas seulement par rapport aux banques européennes, mais aussi par rapport à la Banque Morgan. Comme Vanderlip l'écrit à Stillman en décembre 1915, "Nous sommes vraiment en train de devenir une banque mondiale dans un sens très large, et je suis parfaitement convaincu que la voie est ouverte pour nous de devenir la plus puissante, l'institution financière mondiale la plus profonde qui n'ait jamais été." Un point de vue de Vanderlip qui agaça la Stillman en raison d'accords de collaboration passés de Stillman avec la Banque Morgan. Mais il a aussi froissé Morgan et Lamont d'une manière qui aurait une énorme répercussion pour la paix après-guerre. »
Source: http://www.zerohedge.com/news/2014-06-23/all-presidents-bankers-mid-1910s-bankers-go-war
. 150e anniversaire - De Gettysburg à Goldman Sachs : D'un monde libre à un monde communiste