La Syrie, berceau du christianisme est en danger. Les sanctuaires chrétiens, les églises sont profanés, des objets d'art et des icônes de renommée mondiale ont été volées ou détruites. On attend les réactions de Fabius...
Voix de la Russie 18h11. Syrie : les militants ont détruit l’ancien sanctuaire chrétien
Les militants ont détruit l'ancienne église chrétienne de Saints-Serge -et-Saint-Bacchus dans Maaloula, ses icônes de renommée mondiale étaient volées ou détruites.
Cet ancien bâtiment sacré au Moyen-Orient a été construit au début du IV siècle en l'honneur des chrétiens qui ont été exécutés pour leur foi. Récemment, il y avait un couvent, mais avec l'arrivée des militants du groupe terroriste Front al-Nusra le mois dernier, les nonnes ont pris refuge dans le monastère de Sainte Thècle, où elles se cachent avec 40 enfants orphelins des militants. Il est impossible à approcher de ce monastère en raison d’échange de tirs des snipers acharné, qui n'épargnent pas même les journalistes.
Un site internet en anglais "icom.museum" a lancé, à une date non-précisée, une alerte au sujet de possibles vols d'icônes et de pièces d'art ancien de Syrie :
"EMERGENCY RED LIST of syrian cultural objects at risk (LISTE ROUGE d'objets culturels syriens en danger)
IMPORTANT NOTE:
A Red List is NOT a list of actual stolen objects. The cultural goods depicted are of inventoried objects within the collections of recognised
institutions. They serve to illustrate the categories of cultural goods protected by legislation and most vulnerable to illicit traffic
Traduction : La liste Rouge n'est pas une liste d'objets volés réels. Les marchandises culturelles dépeintes ont d'objets en inventaire dans les collections d'institutions reconnues. Ils servent à illustrer les catégories de marchandises culturelles protégées selon la législation et les plus vulnérables au trafic illicite.
si vous suspectez qu'un objet originaire de Syrie a pu être volé, même pour une partie, et illégalement exporté, merci de contacter :
Directorate-General of Antiquities and Museums
(DGAM)
Rue Qasr el-Heir - Damascus - Syria
Tel: +963 11 22 54 811
Tel/Fax: +963 11 22 52 342
E-mail: dgam@dgam.gov.sy
International Council of Museums
(ICOM)
22, rue de Palestro - 75002 Paris - France
Tel: +33 1 47 34 05 00
Fax: +33 1 43 06 78 62
E-mail: illicit-traffic@icom.museum
Source en anglais (fichier Pdf) et images des pièces d'art : http://icom.museum/fileadmin/user_upload/images/Redlists/Syria/ERL_SYRIE_EN.pdf
(Merci à B. pour l'info)
Le trafic semble avoir déjà commencé: de nombreuses pièces ont deja quitté la Syrie
Irina Bokova, directrice générale de l'Unesco, a réuni, jeudi 29 août après-midi, au siège parisien de l'organisation onusienne, les experts mondiaux du patrimoine et du trafic d'œuvres d'art, Interpol et les douanes. Avec un objectif : faire le point sur les dégâts subis par le patrimoine culturel syrien dont six sites avaient été inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril, en juin – les vieux quartiers d'Alep, Damas, Bosra, Palmyre, le Krak des chevaliers, les villes mortes du Nord. "La protection du patrimoine est indissociable de la protection des populations, car le patrimoine véhicule les valeurs et les identités d'un peuple. Lors de la reconstruction, quand la paix revient, le patrimoine joue un rôle fondamental", a d'emblée rappelé Mme Bokova en exhortant à l'arrêt des destructions et des pillages.
Source: Le Monde 30.08.2103 http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/08/30/en-syrie-un-patrimoine-culturel-devaste_3468860_3246.html
Maaloula, berceau menacé du christianisme syrien
Mercredi 4 septembre, la région de Damas fut le théâtre d'une nouvelle intimidation des rebelles islamistes de Syrie envers la communauté chrétienne : lors d'une nouvelle attaque, des djihadistes et des rebelles ont pris d'assaut une entrée du village de Maaloula, située à 55 km au nord de la capitale. Les combats auraient fait dix-sept morts et plus d'une centaine de blessés, parmi les rebelles, et des dizaines de morts et de blessés dans les rangs des forces gouvernementales, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins à travers le pays.
L'attaque est survenue seulement quelques jours avant la fête de l'Éxaltation de la Croix, célébrée le 14 septembre. Ce village chrétien est l'un des rares lieux au monde où la langue du Christ, l'araméen, est encore parlée. Il doit, par ailleurs, sa renommée à ses refuges troglodytiques datant des premiers siècles de notre ère ; c'est d'ailleurs dans ces grottes que les premières messes ont été célébrées alors que les chrétiens étaient persécutés. Village de 5 000 âmes, la majorité de ses habitants chrétiens sont grecs catholiques. Cette attaque est une intimidation de taille, pour les 5 à 10 % de chrétiens recensés en Syrie : liés au régime du clan Al-Assad, ils sont, depuis le début du conflit, une minorité dont le sort inquiète.
Les premiers combats avaient débuté 4 septembre par une attaque-suicide attribuée au front Al-Nosra, contre une position de l'armée régulière à l'une des entrées du bourg. Ce front Al-Nosra, qui en appelle a un état islamique, était encore inconnu au début de la rébellion, au début 2011. Cette attaque a été authentifiée grâce à une vidéo postée en ligne par les rebelles. Sur ces images, apparaissent des insurgés parlant dans des talkies-walkies alors que le caméraman clame : « Dieu est le plus grand. Libération du barrage de Maaloula », aux côtés de plusieurs corps gisant sur le sol et également filmés.
Des vestiges antiques et sacrés
Le village est aussi un lieu spirituel et de pèlerinage important : il abrite notamment un monastère grec orthodoxe de Mar Takla construit autour de la grotte et du tombeau de sainte Thècle (fêtée le 24 septembre). Les chrétiens, une minorité en Syrie, avaient déjà été visés le 15 août dernier, jour de l'Assomption, une fête particulièrement célébrée par les communautés chrétiennes d'Orient. L'attaque des rebelles venus d'un village sunnite voisin avait visé le barrage d'un village chrétien du Wadi al Nasara (la « vallée des chrétiens »).
Onze personnes avaient été tuées au cours des attaques de rebelles contre les villages alaouites du littoral. Récemment, la tension est montée entre Al-Nosra et la rébellion dite modérée de l’Armée syrienne libre (ASL), en raison des multiplications des exactions des jihadistes. Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'OSDH, s'est confié à l'AFP : « Les troupes du régime sont entrées dans Maaloula mais les rebelles y ont envoyé des renforts et ont pu prendre le contrôle de tout le village après de violents combats dans la nuit. Les soldats se sont ensuite repliés aux confins de la localité. »
Frédéric Pichon, un historien spécialiste de la Syrie et du Moyen-Orient, a publié en 2010 une thèse sur le site de Maaloula, où il a lui-même vécu, intitulée : Maaloula (XIXe-XXIe siècles). Du vieux avec du neuf. Le chercheur s'y est intéressé d'abord par conviction politique, comme il le souligne dans sa thèse : « Mon premier séjour à Maaloula date de mars 2002. À Beyrouth où je résidais dans le cadre d'un contrat de coopération civile, un ami chrétien m'avait un jour montré un vieux numéro de l'Orient-Express qui présentait le village comme le dernier refuge des valeurs et traditions “montagnardes” et, fait extraordinaire, le dernier lieu au monde où était encore parlé un dialecte araméen présenté comme la “langue du Christ”. Travaillant dans un milieu chrétien et sensible aux problématiques du christianisme oriental, vivement intéressé par la Syrie voisine, à une époque où le pays exerçait encore une tutelle politique sur le Liban, c'est en tant que curieux que Maaloula m'a attiré de prime abord. De nombreux séjours dans ledit village, à titre de visiteur, voire de touriste, une bonne connaissance de l'arabe dialectal et mon statut d'homme marié père de famille m'ont permis, jusqu'en 2004, d'y recueillir de nombreuses impressions, d'y nouer des amitiés solides et d'être assez vite introduit au sein des institutions ecclésiastiques, notamment catholiques. À ce stade, ma connaissance de Maaloula précéda tout projet universitaire et c'est avec les yeux d'un Occidental ordinaire que l'identité maaloulienne se présenta d'abord à moi. » C'est ainsi que Frédéric Pichon débuta sa thèse sur Maaloula, même si au départ son « directeur de recherche était plutôt sceptique », note-t-il.
Un dialecte tombé en désuétude
Ce qu'il découvre d'abord, c'est que la langue araméenne qui fait la renommée du village n'y est pas vraiment utilisée : « Les chrétiens de Maaloula appartiennent tous, qu'ils soient catholiques (melkites ou grecs catholiques) ou orthodoxes (ou grecs orthodoxes), à la tradition byzantine, c'est-à-dire à une tradition chrétienne qui utilise depuis longtemps l'arabe – et non plus le syriaque – dans sa liturgie. »
De même, il ajoute que d'un « point de vue onomastique, aucune trace de la langue araméenne ne subsiste ni dans les patronymes, ni même dans les prénoms des habitants du village. On m'avait vendu l'araméen, la langue du Christ mais il ne se parle presque plus : tout au plus l'entend-on au hasard des conversations dans les ruelles étroites du pittoresque village. L'exode rural, l'instruction publique et les profondes transformations sociales ont fait tomber en désuétude un dialecte qui, aux yeux des habitants eux-mêmes, n'avait plus guère d'intérêt depuis longtemps. »
Enfin, selon Frédérique Pichon, les chrétiens de Maaloula ne sont pas les seuls à parler l'araméen. Selon lui, dans cette même chaîne du Qalamoun, certains villages voisins, tous musulmans, parlaient encore ce dialecte au début du XIXe siècle, et « il s'est maintenu de façon même plus tenace dans deux localités voisines où l'islam constitue la religion exclusive des habitants », précise-t-il.
La Syrie constitue le berceau du christianisme primitif avec Jérusalem.
Les chrétiens furent un élément important de la société syrienne à partir du second siècle. Si de multiples textes témoignent des progrès de la christianisation dès le début de notre ère en Syrie, les témoignages archéologiques ne remontent guère qu'à l'aube du IV° siècle. En effet, au début, il est impossible de distinguer, au vu de la seule extériorisation matérielle, les chrétiens des non-chrétiens, alors que les juifs laissent davantage de traces identifiables. C'est à Jérusalem que se crée la première communauté chrétienne. C'est à Antioche (de nos jours en Turquie) que le nom de "chrétiens" est donné pour la première fois aux disciples de Jésus. Ce sont les villes de Syrie qui abritent les premières communautés hors de Jérusalem: Césarée, Antioche, Damas...
Source: http://terres.bibliques.pagesperso-orange.fr/syrie_tb/syrie.htm