Patronne des couples, des chastes, des victimes de viols et des scouts.
La fête de ce jour nous rappelle un des plus touchants et des plus beaux triomphes de la foi chrétienne ; elle nous montre une faible enfant sacrifiant, pour l'amour de Jésus-Christ tout ce que le monde a de plus séduisant : noblesse, fortune, jeunesse, beauté, plaisirs, honneurs.
Son nom, d'origine grecque, signifie "pure, chaste".
Agnès, enfant de l'une des plus nobles familles de Rome, se consacre au Seigneur dès l'âge de dix ans. Elle a à peine treize ans quand un jeune homme païen, fils du préfet de Rome, la demande en mariage, lui promettant mille richesses ; mais Agnès prétend être promise à un noble encore plus riche. Elle lui fait cette belle réponse :
"Depuis longtemps je suis fiancée à un Époux céleste et invisible ; mon cœur est tout à Lui, je Lui serai fidèle jusqu'à la mort. En L'aimant, je suis chaste ; en L'approchant, je suis pure ; en Le possédant, je suis vierge. Celui à qui je suis fiancée, c'est le Christ que servent les Anges, le Christ dont la beauté fait pâlir l'éclat des astres. C'est à Lui, à Lui seul, que je garde ma foi."
Peu après, à douze ans, la noble enfant est traduite comme chrétienne devant le préfet de Rome, dont elle avait rebuté le fils ; elle persévère dans son refus, disant : "Je n'aurai jamais d'autre Époux que Jésus-Christ." Le tyran veut la contraindre d'offrir de l'encens aux idoles, mais sa main ne se lève que pour faire le signe de la Croix.
Supplice affreux pour elle : le préfet la fait conduire toute nue à travers Rome, jusqu'à un lupanar pour être violée par le fils du préfet. Tous assistent à ce prodige incroyable: alors qu'on veut l'approcher, elle crie : "Je ne crains rien, mon Époux Jésus, saura garder mon corps et mon âme !" À cet instant, ses cheveux croissent soudain et couvrent son corps dénudé, une lumière l'environne et elle voit son ange à ses côtés. Le jeune homme qui veut l'approcher est foudroyé à l'instant. Compatissante et pardonnant, Agnès le relève et le rassure. Et nouveau prodige, le jeune homme changé par la grâce, se déclare chrétien.
Agnès est jetée sur un bûcher ardent, mais le feu n'atteint pas sa chair : les flammes la respectent et forment comme une tente autour d'elle et au-dessus de sa tête.
Pour en finir, le juge la condamne à avoir la tête tranchée. Le bourreau tremble ; Agnès l'encourage : "Frappez, dit-elle, frappez sans crainte, pour me rendre plus tôt à Celui que j'aime ; détruisez ce corps qui, malgré moi, a plu à des yeux mortels." Le bourreau frappe enfin, et l'âme d'Agnès s'envole au Ciel.
Lorsque le martyre d'Agnès fut consommé, ses restes furent recueillis et portés dans une villa de la famille, non loin de la voie Nomentane ; on a cru retrouver cette villa dans le monastère de Sainte-Agnès-hors-les-Murs.

Quand la paix fut donnée à l'Église, les malades affluèrent au tombeau d'Agnès. Constance, qu'on a dite fille de Constantin le Grand fut guérie par l'intercession de sainte Agnès.
Au tombeau de cette sainte, le pape Libère (352-366) fit mettre des tables de marbre, sur l'une de ces tables; saint Damase, 37e évêque de Rome (366-384) inscrivit les louanges d'Agnès et y mentionna le nom de Constance. Cette princesse avait, en 321, résolu d'élever une basilique sur le tombeau : ce fut Sainte-Agnès-hors-les-Murs.
Ses attributs sont l'agneau et la palme. Elle est vénérée universellement.

Vers 410, mit la basilique et son cimetière sous la juridiction du prêtre titulaire de Saint-Vital.
Les récits du V° siècle font allusion à la conservation du corps sous l'autel majeur de Sainte-Agnès-hors-les-Murs. Il y eut des réparations, sous Symmaque, Honorius Ier ; des dévastations par les Lombards en 755, puis des réparations sous Adrien Ier, en 773.
Près de la basilique se trouvait un monastère de religieuses basiliennes grecques auxquelles Léon III fit des dons magnifiques pour l'ornementation de l'église. En somme, jusqu'au IXe siècle, les reliques de sainte Agnès restèrent intactes dans le tombeau où l'on avait placé aussi le corps de sainte Émérentienne (23 janvier) ; sous Pascal Ier (817-824), les religieuses grecques furent remplacées par des bénédictines ; le corps de sainte Émérentienne fut tiré du tombeau, son chef resta à la basilique de la voie Nomentane, mais sans être placé sous l'autel. Le corps de sainte Agnès resta dans le tombeau, sous l'autel majeur ; le chef en fut détaché pour être porté dans la chapelle du palais pontifical du Latran, appelée Sancta sanctorum. En 877, Jean VIII pouvait emporter dans ses voyages le chef de sainte Agnès ; de là, diverses translations et repositions pendant les XIVe et XVIe siècles. Il était dans un reliquaire donné par Honorius III, on en a fait une reconnaissance en 1903.
Quant au corps de sainte Agnès, la reconnaissance qui en fut faite l'an 1605 en constate la présence à Sainte-Agnès-hors-les-Murs.
Une pratique annuelle observée dans cette basilique a quelque rapport symbolique avec la sainte elle-même. Chaque année, après la messe solennelle du 21 janvier, l'abbé de Saint-Pierre-ès-Liens bénit deux agneaux qui ont été donnés à titre de redevance au chapitre de Saint-Jean-de-Latran ; les chanoines de ce chapitre desservent maintenant la basilique de Sainte-Agnès-hors-les-Murs ; ils offrent au pape ces deux agneaux bénits dont le soin est confié aux religieuses du couvent de Saint-Laurent in Panisperna ; elles en recueillent et tissent la laine pour la confection des palliums.
Outre la basilique de Sainte-Agnès-hors-les-Murs, Rome possédait plusieurs églises construites en l'honneur de sainte Agnès dont deux ont disparu : celle du Transtevere et S. Agnese ad duo furna ; en revanche, il existe encore, place Navonne, S. Agnese in Agone, à l'endroit même où s'élevaient les arcades du stade de Domitien, là où la tradition latine place l'exposition et le supplice de sainte Agnès.
À Paris, au début du XIIIe siècle, sainte Agnès possédait une chapelle, près des Halles, qui fut plus tard érigée en église paroissiale sous le vocable de Saint-Eustache où Augustin de Saint-Aubin dessina la châsse de sainte Agnès, telle qu'il la voyait, vers 1779, dans le recueil de Stockholm. Lepautre sculpta une sainte Agnès sur le banc d'oeuvre.
PROTECTRICE : Des vierges, des fiancées (elle est fiancée au Christ) et des jardiniers (parce que la virginité est symbolisée par un jardin clos, l'hortus conclusus).