Si les chrétiens étaient d'accord avec les valeurs du monde, il n'y aurait pas de martyrs... et pas d'Église.
Gaulois, dont le père était de Narbonne et la mère, de Milan, Sébastien fut cher à Dioclétien pour sa noblesse et sa bravoure. Il naît à Narbonne vers 260 ap. J.-C. de parents chrétiens. Adulte, il choisit de devenir archer dans une des nombreuses compagnies romaines. Il devint capitaine.
Chef de la première cohorte, il assistait les chrétiens, dont il partageait la foi en secret. Il encourageait par ses exhortations ceux qui chancelaient. De ce nombre furent Marc et Marcellin, deux jeunes patriciens, arrêtés comme chrétiens. Leurs parents, leurs amis les conjuraient d'éviter la mort en reniant leur foi; saint Sébastien, qui les visitait souvent, soutint leur courage, et convertit leurs pères, leurs mères, leurs femmes, leurs enfants et beaucoup d'autres païens.
Impressionnée par les paroles de Sébastien, une femme muette nommée Zoé s'approche du militaire, qui lui rend alors la parole. Ce miracle impressionne grandement les témoins de la scène, qui se convertissent ensuite en nombre, ce qui donne lieu à de nouvelles guérisons.
La nouvelle de ces événements ne tarde pas à se répandre et arrive bientôt jusqu'à Chromace, préfet de la ville de Rome. Atteint d'une maladie grave, celui-ci sollicite l'aide de Sébastien et du prêtre Polycarpe, qui promettent de le guérir s'il permet la destruction d'un grand nombre d'idoles. Ce n'est cependant qu'après que Chromace a renoncé à s'adonner à la divination qu'il retrouve la santé, non sans qu'un ange soit apparu dans son palais. Ce nouveau miracle amène la conversion de 4 000 personnes, issues de la maison du préfet.
Ces faits furent dénoncés à Dioclétien: il ordonna d'attacher Sébastien à un poteau et de cribler son corps de flèches. Ce genre de supplice était sans doute militaire. Sébastien fut laissé pour mort. Une sainte femme, Irène, le fit enlever, pendant la nuit, pour l'ensevelir; mais il fut retrouvé vivant. Elle le fit soigner chez elle et il se rétablit. Dès qu'il fut en état de sortir, le 20 janvier 290 il vint se mettre sur le passage de l'empereur, qui se rendait au temple; celui-ci fut d'abord terrifié de cette apparition. Le martyr lui reprocha de persécuter des sujets fidèles qui le servaient loyalement et priaient pour lui. Dioclétien passa de la stupéfaction à la fureur contre le jeune officier; il le fit battre de verges jusqu'à ce qu'il expirât sous les coups; puis il ordonna de le jeter dans un cloaque (cloaca maxima) "pour que les chrétiens" n'en fassent pas un martyre. Une pieuse chrétienne, Lucine, fit retirer son corps qui fut enseveli dans les catacombes, au lieu où s'éleva plus tard la magnifique église de Saint-Sébastien.
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En 680, une peste frappa Rome. Le fléau cessa après qu'une procession se fut rendue à l'église de Saint-Pierre-aux-Liens avec des reliques de Sébastien (Paul Diacre, Historia Langonardorum, VI, 5); invoqué à Pavie dans les mêmes circonstances, il obtint le même miracle.
Les flèches demeurent à l'origine d'autres vocations du saint : elles justifient que les archers, les arquebusiers et les soldats l'aient adopté comme patron; il est aussi invoqué par les tailleurs de pierre, les tapissiers, les artisans des métaux, les jardiniers et les pompiers.
Sources : (1) Mgr Paul Guérin, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Editions D.F.T., Argentré-du-Plessis 2003 ; (2) Dictionnaire des saints et Grands témoins du christianisme, Sous la direction de Jean-Robert ARMOGATHE et André VAUCHEZ, CNRS Éditions, Paris 2019, p. 1071