Décidément, les pays peuvent se jouxter tout en ne se ressemblant pas. L’Espagne et la France, par exemple. Brétigny-sur-Orge et Saint-Jacques-de-Compostelle, pour être plus précis. Là aussi, ce mercredi soir, une autre tragédie ferroviaire aura causé, au dernier décompte, 77 morts et on ne sait combien de blessés.
À rebours de ce qui se passe chez nous, la mobilisation générale. Les secours qui affluent, les populations locales qui font ce qu’elles peuvent pour prêter main-forte aux secouristes, aux pompiers, aux ambulanciers, aux forces de l’ordre. Il y a même de braves gens qui se mobilisent afin de faire don de leur sang.
Comme si l’esprit de saint Jacques veillait sur les lieux du drame, tandis que le pape François appelle à prier pour les morts, leurs proches, leurs familles.
Et chez nous, donc… Ce qu’il serait injurieux de nommer une « jacquerie », tant il est vrai que le rapport est ténu, voire inexistant, entre nos paysans de jadis qui avaient parfois de bonnes raisons de se révolter, et ces hordes de crétins gavés de subventions municipales et de sous-culture, qui sont allés détrousser des cadavres et des mourants…
Contrairement à ce que les plus hautes autorités de l’État ont prétendu, « pillage » il y a bel et bien eu, même si Éric Lallement, procureur de la République d’Évry, chargé de l’affaire, se refuse à employer le mot, jugeant qu’il ne recouvre aucun « terme juridique ». Pourquoi pas. Il n’empêche que quatre suspects sont toujours en cavale. Que les caméras de surveillance démontrent qu’ils sont arrivés sur les lieux du drame les mains vides, pour ensuite en repartir, les mêmes mains chargées de valises.
À propos d’Évry, la ville dont Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, fut longtemps le maire… On sait désormais quelles sont ses priorités en matière de lutte contre la délinquance. Ainsi, ce mercredi dernier (24 juillet, NdCR.), par une étrange mais éclairante concomitance des faits, a-t-il dissous l’Œuvre française, mouvement créé par Pierre Sidos en 1968, ainsi que les Jeunesses nationalistes, sa branche « jeune ».
Que les choses soient claires : on peut goûter ou non les idées de Pierre Sidos, juger son action politique pertinente ou pas. Mais nous sommes là dans le strict délit d’opinion. En effet, quels délits pénaux reprocher à ce groupuscule, dont la seule activité visible consiste à défiler, une fois l’an, le 1er mai, à la fête de Jeanne d’Arc ?
Au contraire de la mouvance « antifa », on n’a jamais vu les militants de l’Œuvre française venir troubler l’ordre public en tentant de perturber les réunions de ses adversaires politiques. On ne les a jamais vus non plus faire le coup de poing contre tel ou tel sur la voie publique. Ah si… Une photo tournant sur Internet jusqu’à plus soif… Celle d’Alexandre Gabriac, patron des Jeunesses nationalistes en question. Avec bras tendu et brassard nazi ; photo qui lui a d’ailleurs valu une exclusion en bonne et due forme du Front national. Et alors ? À ce titre, il faudrait aussi dissoudre la famille des Windsor, ce qui pourrait faire désordre en ces temps d’heureux événement, sachant que le prince Harry, lui aussi, au cours d’une soirée manifestement fort avinée, fut photographié en semblable posture…
Manuel Valls, qui se vante de son ascendance espagnole, ce qui est bien son droit et ce qui est tout à fait honorable, donne un piteux spectacle de ses priorités sécuritaires. Il est vrai qu’en France, passé six heures du soir et surtout dans des villes telles que Brétigny-sur-Orge, on n’ose plus sortir acheter le pain de peur de se faire agresser par ces hordes de nazis qui, la chose est bien connue, font régner la terreur dans les « quartiers ». Et dire que c’est ça, l’homme politique le plus populaire de France, à en croire les sondages…
Source: http://www.bvoltaire.fr/nicolasgauthier/securite-les-etranges-priorites-de-manuel-valls,31673