Saint Christophe (Cristobal) Magallanes, prêtre mexicain, né le 30 juillet 1869, fut persécuté ainsi que vingt-quatre de ses compagnons suite à un décret ordonnant la fermeture des églises et l'arrestation des ministres du culte.(1)
Persécutés en haine du nom chrétien et de l’Église catholique et, pour avoir confessé leur foi dans le Christ Roi, saint Christophe Magallanes Jara, et ses 24 compagnons, prêtres et laïcs, martyrs du Mexique, reçurent la couronne du martyre.
Devenu prêtre en 1899, Cristóbal est missionnaire parmi les indigènes et très fervent envers la Vierge. Devant le bourreau qui allait le fusiller il eut la force de réconforter son camarade de martyre, le Père Agustín Caloca, en lui disant: "Reste tranquille, mon fils, seulement un moment et puis le ciel". Puis, en se tournant vers la troupe, il s'exclama: "Je meurs innocent et je demande à Dieu que mon sang serve pour l'union de mes frères mexicains."
Au Mexique, dès 1913, un décret d'un gouvernement socialiste ordonne la fermeture des églises et l'arrestation des prêtres. On interdit de dire "adios" ou "Si Dieu le veut" ("si Dios quiere"), de sonner les cloches, d'apprendre à prier aux enfants; on détruit les églises, expulse les congrégations religieuses, on met hors-la-loi les organisations professionnelles non gouvernementales, l'enregistrement des prêtres est rendu obligatoire.
En 1924-1928, président du Mexique, le général Plutarco Elias Calles, qui a juré de détruire la foi chrétienne, mène une politique anticléricale et provoque le soulèvement des "Cristeros" qui résistent (1926-1929). Ils affrontent les régiments du pouvoir, qui entrent à cheval dans les églises, profanent le Saint-Sacrement, et se déchaînent. Le soulèvement, formé essentiellement de paysans, concerne surtout la région du Centre-Ouest (Jalisco). “Ils s’avancent comme en pèlerinage”, mais sont accueillis par l’armée à coups de fusils et de mitrailleuses, et dispersés sans peine. A plusieurs reprises, ils sont battus en terrain découvert et le gouvernement ne s’inquiète pas, au contraire. Mais, à chaque fois ils se replient dans les montagnes et font de la "guerrilla". Ceux qui sont faits prisonniers sont exécutés par la troupe et ils meurent en criant : "Vive le Christ-Roi!" On les appelle "Cristeros" par dérision, mais ensuite, ils revendiquent ce nom. Parmi eux, il y a des prêtres, non engagés dans le mouvement armé, mais continuant à se prodiguer pacifiquement au soin des âmes. Certains seront béatifiés.
Dans ce cadre, l'intolérable oppression et la persécution déclenchée par le gouvernement contre les catholiques réveillèrent une véritable «Vendée mexicaine», disposée même au sacrifice en armes pour défendre le droit de citoyenneté qui revient à la vérité des choses et à cet humanisme authentique, que seule la perspective catholique sur la société et sur la politique garantit pour tous, c'est-à-dire pas seulement aux catholiques.
L'insurrection mexicaine prit un nom devenu - dans un cercle de savants qui n'ont pas renoncé à la mémoire vivante - célèbre. Elle s'appela «Cristiada» presque une croisade, et ses chevaliers de l'idéal, nobles va-nu-pieds, étaient les «Cristeros». C'était en effet ainsi qu'avec arrogance et pédanterie les ennemis les apostrophaient, estropiant les mots "Christos Reyes", c'est-à-dire «Christ-Roi», en d'autres termes ces gens qui persistaient à lutter et à succomber au cri de «Vive le Christ Roi». Du reste, les Cristeros se battaient en endossant l'uniforme du chapelet ou d'un grand crucifix autour du cou, tout comme leurs «ancêtres» de la Vendée. ... En somme, ce petit nom fut un drapeau; et même LE drapeau, l'emblème d'une conception différente de l'action politique et de l'organisation de société, qui s'opposait à celle de ceux qui les persécutaient. (2)
Ce mouvement de résistance, “le movimento cristero”, dure de 1926 à 1929. L’État comprend qu’il n’en viendra pas à bout. Quant à Pie XI, dès le début, il a condamné cette persécution, notamment avec l’encyclique “Iniquitates afflictusque” (1926). Mais pour sauver un minimum de liberté à l’Église, il est prêt, selon sa boutade, à “traiter avec le diable en personne”. Finalement, on aboutit aux accords (‘arreglia’) du 21 juin 1929. Les cloches sonnent à nouveau. Mais les cristeros se sentent oubliés. Les accords ont été traités sans eux. D’ailleurs, les lois anticléricales ne sont pas abrogées, mais leur application est seulement suspendue ; c’est un modus vivendi. Et de plus, la persécution reprend. Beaucoup de cristeros, qui ont rendu loyalement leurs armes par obéissance au Pape, sont alors assassinés. Pie XI proteste contre cette violation des accords par l’encyclique “Acerbo nimis” en 1932, mais il cherche à éviter la rupture avec le gouvernement. Quant à la "guerrilla", elle reprend (1932-1938) mais affaiblie, car l’épiscopat mène une politique d’apaisement et excommunie les catholiques qui reprennent le maquis. Rome et l’épiscopat voient sans doute sur le long terme, mais sur le coup, les cristeros, ne comprennent pas. Pourtant, ils se soumettent. A la veille de la guerre de 1939, une évolution se dessine ; des équipes beaucoup moins teintées de marxisme arrivent au pouvoir et les lois religieuses reçoivent une application plus souple. L’Église mexicaine se réorganise.
Les pauvres cristeros resteront longtemps oubliés, officiellement, même par la hiérarchie catholique. La béatification de 1992 est venue les remettre en lumière. Beaucoup mouraient en criant aussi « Vive le Pape ! » et « Vive Notre-Dame de Guadalupe ! » Aussi, lors de leur canonisation qui a suivi en l’an 2000, Jean-Paul II a-t-il pu déclarer: "Le peuple mexicain s'est toujours distingué par son grand amour pour Dieu, la Vierge, l'Église et le Pape." Le pape Benoît XVI procède à la béatification d’un nouveau groupe en 2005. Ainsi les cristeros entrent-ils glorieusement dans l’histoire de l’Église, et l’histoire tout court ! (3)
Vingt-deux des martyrs dont on fait mémoire aujourd'hui étaient des prêtres diocésains, comme Christophe Magallanes, et trois d'entre eux étaient des jeunes de l'action catholique. L'un d'eux, Manuel Morales, âgé de 28 ans, était marié et père de trois petits enfants. Avant d'être fusillé, il s'exclama: "Je meurs, mais Dieu ne meurt pas, il aura soin de ma femme et de mes enfants".
Cristóbal Magallanes est béatifié le 22 novembre 1992 et canonisé le 21 mai 2000 à Rome par Jean Paul II. Fête le 21 mai.
Le 21 mai au martyrologe romain: Mémoire des saints Christophe Magallanès, prêtre, et de ses compagnons: les saints Romain Adame, Rodrigue Aguilar, Jules Alvarez, Louis Batis Sainz, Augustin Caloca, Matthieu Correa, Atila Cruz, Michel de la Mora, Pierre Esqueda Ramirez, Marguerite Flores, Joseph Isabel Flores, David Galvan, Pierre Maldonado, Jésus Mendez, Justin Orona, Sabas Reyes, Joseph-Marie Robles, Turibio Romo, Janvier Sanchez Delgadillo, Tranquillin Ubiarco et David Uribe, prêtres; Emmanuel Morales, Sauveur Lara Puente et David Roldan Lara, laïcs., martyrs, qui de 1926 à 1928, dans différentes régions du Mexique, furent persécutés en haine du nom chrétien et de l’Église catholique et, pour avoir confessé leur foi dans le Christ Roi, reçurent la couronne du martyre.
Le 25 mai au martyrologe romain: À Catatlan, au pays de Guadalajara au Mexique, en 1927, la passion de saint Christophe Magallanès et Augustin Caloca, prêtres et martyrs, victimes de la persécution religieuse en ce pays. Prêtres dans la même paroisse, ils furent fusillés ensemble. Leur mémoire est célébrée le 21 mai avec celle de leurs compagnons.
Martyrologe romain (4)
Sources:
(2) http://benoit-et-moi.fr/2012-I/0455009fcb0e2340d/0455009fef0f5c913.html
(3) http://www.abbaye-saint-benoit.ch/hagiographie/fiches/fg024.htm
(4) http://nominis.cef.fr/contenus/saint/10187/Saints-Crist%F3bal-Magallanes-et-ses-24-compagnons.html