Ses parents qui habitent Corbie en Picardie, ne peuvent avoir d'enfants. Mais sa mère, qui prie S. Nicolas, est un jour enceinte. Elle a soixante ans. Heureuse de cette naissance qui a eu lieu le 13 janvier 1381, elle appelle sa fille Nicolette (devenu en diminutif Colette.) Elle est élevée dans la crainte de Dieu et la pratique des vertus chrétiennes.
Colette est si petite que tout le monde se moque d'elle. On l'appelle "la naine". A quatorze ans, elle se rend à Notre-Dame-de-Berbières, haut lieu de pélerinage, et prie ainsi: "Hélas, sire, s'il vous plaît-il que je demeure aussi petite!". Et, dit la narration, "incontinent, l'oraison terminée, elle trouva qu'elle était creuche (accrue) et qu'elle était plus grande au retourner qu'elle n'avait été au venir". Depuis, les petites filles de Picardie chantent : "Sainte Colette, tire-moi les jambettes, rends-moi sage et parfaite". [1]
Colette s'est fait une solitude de la maison paternelle, vivant retirée dans une petite chambre, où elle partage son temps entre la prière et le travail des mains. Alarmée du péril auquel l'exposait sa beauté, elle prie Dieu de la lui ôter; et elle devient si maigre et si pâle, qu'elle est à peine reconnaissable.
Devenue orpheline à dix-huit ans, Colette se sépare de ses biens au profit des pauvres et fait plusieurs essais de vie religieuse. Elle obtient du père Abbé d'un monastère voisin, la possibilité d'entrer chez les béguines d'Amiens malgré son âge; elle n'y reste qu'un an jugeant leur vie trop douce. Même déception chez les bénédictines, puis chez les clarisses. Son père spirituel est franciscain et comprend son désir d'austérité. Il la fait entrer dans le Tiers-Ordre de Saint François comme recluse à Corbie où elle reste quatre ans entiers, dans une cellule étroite, chargée d'un cilice et de chaînes de fer, et s'abandonnant à toutes les austérités de la pénitence. [2] Là, elle doute de ses révélations intérieures et devient aveugle jusqu'à ce qu'elle consente à répondre à un appel de Dieu à réformer le Second Ordre de Saint François, les Clarisses. Après avoir reconnu en effet, par plusieurs inspirations, que la volonté de Dieu était qu'elle travaille aussi au salut des autres, elle obtient de rencontrer le pape Benoît XIII qui réside alors en Avignon. Ce pape était un "antipape d'Avignon" du Grand Schisme qui déchirait alors l'Occident. Mais son sens spirituel était réel et profond. Il reçut la profession religieuse de sainte Colette dans la règle de Sainte Claire et la nomme abbesse de tous les monastères qu'elle sera amenée à fonder ou réformer. Si Colette s'adressa à Benoît XIII, c'est que, dans l'incertitude sur l'obédience à laquelle il fallait se rattacher, elle suivit la France entière, qui avait reconnu le pape d'Avignon ; mais dès les décisions connues du concile de Pise (1409), elle fit ratifier par Alexandre V, l'élu du concile, les faveurs reçues précédemment de Benoît XIII. [3]
Au total dix-sept Couvents furent fondés de 1410 à 1447 et d'autres réformés : Besançon (1410), Auxonne (1412), Poligny (1415-1417), Seurre (1421-1423), Decize (1419), Moulins (14221-1425), Aigueperse (1422-1425), Le Puy-en-Velay (1425-1432), Vevey (1422-1425), Orbe (1426-1427), Montbéliard (1430), Lézignan-Corbières (avant 1431), Castres (avant 1443), Béziers (avant 1443), Heidelberg (1438), Pont-à-Mousson (1431-1447), Hesdin (1437-1440), Amiens (1442-1444), Gand (1437-1442). [5]
Colette aime dire : "La vraie sagesse se soumet à Jésus et à la Vierge sa douce Mère". [6]
Tandis qu'elle vivait recluse à Corbie, Colette reçut des visions de saint François d'Assise. Un jour, elle vit François qui la présentait à Dieu comme la réformatrice de son ordre. [7]
L'Evangile au quotidien ; (7) Evangélisation http://nouvl.evangelisation.free.fr/leblanc_colette_de_corbie.htm ; (8) Le Petit Livre des Saints, Éditions du Chêne, tome 2, 2011, p. 48.