Saint Cyrille (v. 315 - 387) naquit en 315 ap. J.-C. à Jérusalem, (1) au sein d’une famille chrétienne d’artisans de souche paysanne. Il reçut une éducation solide où entrèrent l’astronomie, l’anatomie et la géographie dont il fera référence dans ses "Catéchèses" ; il reçut aussi une bonne initiation aux Écritures et aux Pères de l’Église dont il fera la base de son enseignement.
Cyrille reçut l'onction sacerdotale vers l'an 345, et dès lors il se dévoua tout entier, corps et âme, à la conversion des païens et à l'instruction des catéchumènes. On accourait à ses catéchismes, de Jérusalem et de toutes les villes voisines.
La gloire de saint Cyrille est d'avoir été l'ami et le défenseur de S. Athanase († 373) et du dogme chrétien contre les hérétiques. Trois fois exilé de Jérusalem pour avoir défendu contre les ariens la foi en la divinité du Christ, trois fois rétabli sur son siège, il restera comme l'un des beaux modèles de la fermeté pastorale. Le concile de Constantinople (381) le confirma à la tête de l'Eglise de Jérusalem.
Plusieurs faits merveilleux favorisèrent son apostolat et l'aidèrent à convertir les païens.
La première année de son épiscopat fut marquée par l’apparition de la Croix glorieuse à Jérusalem:
"En ces jours mêmes de la sainte Pentecôte (7 mai 351), aux nones de mai, vers la troisième heure, une croix lumineuse gigantesque apparut dans le ciel, au-dessus du saint Golgotha (calvaire), s'étendant jusqu'à la montagne des Oliviers. Elle ne fut pas seulement aperçue par une ou deux personnes mais se montra, fort nettement, à la population entière de la cité. Elle ne disparut pas rapidement comme on pourrait le supposer, à la façon d'un rêve fugace. Elle demeura visible pendant plusieurs heures, estompant par son éclat, les rayons du soleil. Assurément, elle aurait été éclipsée et dissimulée par eux, si elle n'avait offert aux spectateurs un éclat plus puissant que celui du soleil. Ainsi, tous les habitants de Jérusalem se précipitèrent brusquement dans la sainte église, saisis d'une crainte mêlée de joie au spectacle de cette vision céleste. Ils se jetèrent tous dans notre église, non seulement les chrétiens mais les païens étrangers, de passage à Jérusalem. Tous, d'une seule voix, firent monter des louanges sonores vers le Christ Jésus, notre Seigneur, le Fils unique engendré de Dieu, auteur de ces merveilles." (Lettre de saint Cyrille de Jérusalem à l’empereur Constance, 351).
Dix ans plus tard, Julien l'Apostat (360-363), voulait faire mentir la prophétie évangélique qui annonçait la destruction du Temple (Mt 24,2), il entreprit de le rebâtir ; mais Cyrille prédit les châtiments de Dieu ; il ne se firent pas attendre, des tourbillons de flammes sortirent de terre et dévorèrent les ouvriers. Une multitude d'infidèles se convertirent.(2)
Edward Gibbon, dont la plume hostile au christianisme grince sous la vérité dans son Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain (publié en anglais de 1776 à 1788) apporte ces précisions sur l'évènement :
"Parmi les amis de l'empereur, [...] la première place était assignée par Julien lui-même au savant et vertueux Alypius. [...] Ce ministre, à qui Julien communiquait sans réserve ses fantaisies les plus légères et ses desseins les plus graves, fut chargé de rebâtir le temple de Jérusalem et de lui rendre sa beauté primitive. Alypius demanda et obtint un ordre qui enjoignait au gouverneur de la Palestine de lui donner tous les secours possibles. Au signal donné par leur puissant libérateur, les Juifs accoururent de toutes les provinces de l'Empire sur la montagne sainte et leur triomphe insolent alarma et irrita les chrétiens qui se trouvaient à Jérusalem. Le désir de reconstruire le temple a toujours été, depuis sa destruction, la passion dominante des enfants d'Israël. [...] Mais dans cette occasion, les efforts réunis du pouvoir et de l'enthousiasme demeurèrent infructueux et l'emplacement du temple juif, occupé aujourd'hui par une mosquée musulmane (la mosquée d'Omar qui couvre tout le terrain de l'ancien temple des Juifs), présenta toujours l'édifiant spectacle de la ruine et de la désolation. [...] Des contemporains dont le témoignage est d'ailleurs imposant attestent, avec quelques différences dans leur récit, que des tourbillons de vent et de feu renversèrent et dispersèrent les nouveaux fondements du temple. Cet évènement a été décrit par saint Ambroise, évêque de Milan (epist., 40), dans une lettre à l'empereur Théodose [...] ; par l'éloquent saint Chrysostome (Adversus Judaeos et Gentes, t. II), qui pouvait en appeler aux souvenirs des vieillards de son église d'Antioche; et par saint Grégoire de Naziance, qui publia une relation du miracle avant la fin de la même année. Le dernier déclare hardiment que les infidèles ne contestaient pas cet évènement surnaturel; et quelque étrange que paraisse son assertion, elle est confirmée par le témoignage irrécusable d'Ammien Marcellin (Ammien XXXIII, 1). Ce guerrier philosophe, qui aimait les vertus de son maître sans adopter ses préjugés, a raconté, dans l'histoire judicieuse et pleine de candeur qu'il nous a donnée de son temps, les obstacles extraordinaires qui arrêtèrent le rétablissement du temple de Jérusalem. 'Tandis qu'Alypius, dit-il, aidé du gouverneur de la province, pressait les travaux avec ardeur, de redoutables globes de feu sortirent du milieu des fondements; ils éclatèrent fréquemment sur les ouvriers; ils les blessèrent, ils leur rendirent quelquefois le terrain inaccessible; et ce feu vainqueur continuant à s'élancer avec opiniâtreté sur les travailleurs, comme s'il eût été résolu à les éloigner, on abandonna l'entreprise.' Une pareille autorité devrait satisfaire le croyant et étonner l''incrédule; mais le philosophe demandera de plus le témoignage authentique d'un spectateur intelligent et impartial." (3)
Le Dictionnaire des Apologistes involontaires, le Catholicisme triomphant par ses propres adversaires, de C.-F. CHEVÉ, donne cette traduction du même passage d'Ammien Marcellin sur l'événement : "D'effroyables tourbillons de flammes, qui sortaient par des élancements continuels des endroits contigus aux fondements, brûlèrent les ouvriers et rendirent la place inaccessible; enfin, cet élément persistant toujours, avec une sorte d'opiniâtreté à repousser les ouvriers, on fut obligé d'abandonner l'entreprise." (Ammien MARCELLIN, XXIII, 1.) (4)
L'édit impérial de Valens (367) prescrivit un nouveau bannissement qui dura onze ans. Lorsque Cyrille rejoignit son diocèse (378), il le retrouvera délabré. Bien que recru d'épreuves, il reprit sa tâche de réformateur souple et tenace. En 382, à la session complémentaire du premier concile œcuménique de Constantinople, les Pères, unanimes, adressèrent une "lettre au pape Damase", véritable et touchant éloge : "Nous portons à votre connaissance que l'évêque de l'église de Jérusalem est le révérend et grand ami de Dieu Cyrille, lequel fut ordonné canoniquement par les épiscopes de sa province et soutint en divers lieux de nombreux combats anti-ariens."
Quatre ans plus tard, profondément attristé par les divisions de l'Église, Cyrille mourut le 18 mars 386.
Il nous reste de lui vingt-trois instructions familières sur l'ensemble des vérités chrétiennes, le symbole de la foi et les sacrements.
Ces instructions sont une de ses gloires les plus pures, car c'est un arsenal où l'apologiste chrétien trouve, même aujourd'hui, des armes puissantes et invincibles. Nous y voyons en particulier, que l'usage de faire le signe de la Croix était connu dès les premiers siècles.
"Ne rougissez pas, disait-il, de la Croix de Jésus-Christ; imprimez-la sur votre front, afin que les démons, apercevant l'étendard du Roi, s'enfuient en tremblant. Faites ce signe, et quand vous mangez, et quand vous buvez, et quand vous êtes debout ou assis, quand vous vous couchez, quand vous vous levez et quand vous marchez; en un mot, faites-le dans toutes vos actions."
Cyrille est révéré comme saint tant par les orthodoxes que par les catholiques.
En 1883, il est proclamé Docteur de l'Église par le pape Léon XIII.(5)
Le Christ a eu Ses mains très pures, Ses pieds, percés par les clous, et Il a souffert. Et c’est à moi, sans que j’aie souffert ou peiné, qu’Il donne le Salut en me communiquant le fruit de Ses souffrances.
Sources : 1 ; 2 ; 3 Edward Gibbon, Histoire du Déclin et de la Chute de l'Empire romain, Rome de 96 à 582, 1788, éd. Robert Laffont, Malesherbes 1983, p. 651-652 ; 4 Dictionnaire des Apologistes involontaires, le Catholicisme triomphant par ses propres adversaires, de Charles-François CHEVÉ, Abbé MIGNE Éditeur Ateliers Catholiques Rue d'Amboise, au Petit-Montrouge Paris 1853, tome 1, p. 1427 ; 5 Wikipedia