Saint Pierre baptise le centurion Corneille, (détail) François Trevisani, 1709, Jesi, Pinacothèque municipale, dans Rosa Giorgi, Le Petit Livre des Saints, Larousse, Tolède 2006, p. 616-617.
Martyrologe Romain : Commémoraison de saint Corneille, le centurion que l’Apôtre saint Pierre baptisa à Césarée de Palestine, prémices de l’Église des nations. [1]
Le centurion de l'armée romaine en Palestine, Corneille (en grec : Κορνήλιος) est, dans la tradition chrétienne et les Actes des apôtres (Ac., 10. 1) le premier "gentil" à devenir disciple de Jésus-Christ. Il résidait à Césarée, capitale de la Judée romaine entre 30 et 60. Alors qu'il était en prière, un ange apparut en vision à Corneille l'informant que le "Seigneur a entendu sa prière" et l’invitait à faire venir chez lui Simon "que l'on surnomme Pierre", lequel se trouvait alors à Joppé (Ac 10:1-8). Les envoyés de Corneille allèrent rencontrer Pierre alors qu’il cherchait à comprendre la vision que lui-même avait reçue lui enjoignant de manger de la nourriture que, comme juif, il considérait impure (Ac 10:19-22). Répondant à l’invitation de Corneille, Pierre arriva le surlendemain à Césarée où il fut reçu cordialement par Corneille, sa famille et une grande assistance. Pierre comprit alors le sens de sa propre vision : il ne devait pas craindre d’avoir des contacts avec des étrangers (Ac 10:28) : "Dieu m'a montré qu'il ne faut dire d'aucun homme qu'il est souillé ou impur." Corneille l’invita : "tu as bien fait de venir. Maintenant nous sommes tous présents devant Dieu pour entendre tout ce qui t'a été prescrit par le Seigneur." (Ac 10:33). Pierre parla et reprit en bref la vie de Jésus (le kérygme) : de la Galilée à Jérusalem, sa crucifixion et sa résurrection. De cela, lui doit rendre témoignage. Cependant - c’est la nouveauté - il se rendit compte que Dieu était impartial : "En vérité, je me rends compte que Dieu ne fait point acception de personnes, mais qu'en toute nation celui qui le craint et pratique la justice lui est agréable." (Ac 10:34-35). Pierre n’eut pas fini de parler que l’Esprit-Saint descendit sur ceux qui écoutaient sa parole (une autre Pentecôte), à la stupeur des circoncis qui accompagnaient Pierre : "Ainsi jusque sur les nations païennes l’Esprit de Dieu s’est répandu !". Pierre en tira la conclusion : "peut-on refuser le baptême à ceux qui ont reçu l’Esprit Saint comme nous ?" (Ac 10:47). Ils furent tous baptisés "au nom de Jésus-Christ." (Ac 10 :48).
Corneille et les membres de sa famille sont les premiers païens à être admis à part entière dans la communauté chrétienne des premiers temps, jusque-là exclusivement juive. (Paul-Irénée Fransen, Pierre qui passait partout, in Aux origines du christianisme, éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. 252.) L’événement est si important, et révolutionnaire, que le livre des Actes des Apôtres lui consacre un chapitre entier (chapitre 10). Cet événement est présenté comme une œuvre de l'Esprit envoyé par Jésus de Nazareth pour continuer son œuvre, dans une nouvelle Pentecôte (François Brossier, Corneille, premier païen converti, in Aux origines du christianisme, éd. Gallimard/Le Monde de la Bible, 2000, p. 266) et non comme une initiative personnelle de Pierre. C'est d'ailleurs Dieu qui à travers un ange (Ac 10. 3) incite Corneille à aller rencontrer Pierre.
La réception de gentils dans la communauté chrétienne suscitera néanmoins d'âpres débats, Corneille, un "craignant-Dieu", n'étant pas "fils de la circoncision". Mais la décision de Pierre sera finalement avalisée (Ac 11, 18) par le Concile de Jérusalem (vers l’an 50) (Ac 15, 15-19) provoqué par les nouveaux chrétiens d’Antioche qui y envoient Paul et Barnabé (Ac 15, 1-35). Cette décision de Pierre d'ouvrir la communauté aux païens (Ac 15, 7-11), est confortée par des témoignages donnés par Paul et Barnabé. Jacques le Juste (ou le Mineur), chef de la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem, se range à leur avis (Ac 15, 13-21).
Dans son ouvrage monumental "L'Histoire de l'Église", Daniel-Rops précise : "les préceptes légaux juifs, qui ne relevaient que de la lettre, il fallait les surpasser, se rendre à l'esprit". "Ce païen de bonne volonté (Corneille), qui veut connaître le Christ, aux yeux de la Thora il est impur : c'est une souillure que de s'asseoir à sa table. Et cependant, ce que Dieu attend de Pierre, c'est qu'il l'accueille, le baptise, en fasse un chrétien. L'apôtre hésite, tant la décision à prendre l'inquiète. A ce moment se produit un phénomène surnaturel, une petite Pentecôte; le Saint-Esprit descend visiblement sur l'assistance, et, docile, s'engageant, sans peut-être pleinement s'en rendre compte, dans la voie qui sera celle du triomphe de l'Église, Pierre baptise Corneille, dépassant les observances juives, transcendant donc, d'un seul coup, la Loi." [2]
Autres saints militaires engagés dans l'armée romaine (non exhaustif) au calendrier : saint Victor, saint Georges, saint Sébastien, saint Martin de Tours, saint Ferréol, saints Serge et Bacchus, saint Maurice et ses compagnons.
Sources : (1) http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20131020&id=16851&fd=0 ; (2) DANIEL-ROPS, Histoire de l'Eglise du Christ, tome II Les Apôtres et les Martyrs, Librairie Arthème Fayard, Paris 1965, p. 41; (3) http://fr.wikipedia.org/wiki/Corneille_%28centurion%29