Malgré sa bonne réputation, Charles Martel, vainqueur des Arabes à Poitiers, fut aussi un grand amateur des biens d'Eglise dont il s'emparait par personnes interposées, en nommant des abbés de monastères et des évêques qui partageaient avec lui les revenus ecclésiastiques. Pépin le Bref, son fils, voulut réformer cette manière de faire et il nomma comme évêque de Reims Abel, moine de l'abbaye de Lobbes en Belgique (diocèse de Liège).
Abel était d'origine écossaise ou irlandaise. On ignore les circonstances qui le déterminèrent à quitter son pays natal et dans quelle province il passa ses premières années. Peut-être était-il un de ces évêques missionnaires qui venaient encore alors, quoique en moindre nombre, évangéliser les peuples du nord des Gaules et de la Germanie. Cette conjecture parâit assez vraisemblable lorsqu’on considère ses relations avec saint Boniface, apôtre de la Germanie, le lieu où il se retira et le genre de vie qu’il embrassa quand il dut quitter son siège de Reims.
L'évêque destitué, Milon de Trèves, lui rendit la vie impossible d'autant que Pépin de Bref était fort occupé à guerroyer.
Au bout de trois ans, lassé, saint Abel se retira dans son monastère. Il donna à l'Eglise sa prière pour compenser ce qu'il ne pouvait lui donner par son ministère épiscopal.
Après avoir édifié ces religieux par l’éclat de ses vertus et procuré un très-grand bien aux âmes, il mourut paisiblement, le 5 août.
Au rapport des historiens, saint Abel était un homme doué de toutes les vertus, très-versé dans les saintes Écritures et dans d’autres sciences sacrées, un pasteur plein de sollicitude et d’activité, dont la sainteté est reconnue par une foule de témoignages. Son nom se trouve dans plusieurs anciens martyrologes. La dissertation du bollandiste Pinius sur sa vie a été reproduite par Ghesquiere, dans les Acta SS. Belgii, t. VI, p. 353.